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Silence sur le plateau.
- On fait silence sur le plateau.
- Scène 1, prise 10, clap.
Action.
Joel Levison, j'écoute.
Non, désolée. Il n'est pas là.
Puis-je prendre un message ?
- Oui, je le lui dirai.
- Sandy, ne dites pas ça.
Il est soit en ligne, soit en réunion.
Il est toujours là.
- Qui était-ce ?
- Un certain Larry Levy ?
On en parle
dans la presse spécialisée ?
Le courrier n'est pas là.
- Allez-y tout de suite !
- Oui, madame.
Je veux que la presse soit là
avant qu'il arrive.
Griffin. Griffin, bonjour.
Adam Simon. On a rendez-vous
la semaine prochaine,
- mais des tas de...
- On n'a pas rendez-vous.
Je voulais que
vous en ayez une idée, pour...
Je suis trop pris pour écouter.
Imaginez ça. Une planète
dans le futur lointain, 2 étoiles.
- On a les vedettes ?
- Des disques solaires.
Parlez-en
à Bonnie Sherow.
Les films d'aujourd'hui sont
comme MTV. Coupe, coupe...
Le 1er plan de La Soif du mal
de Welles durait 6 minutes 30.
Six minutes et demie ?
Trois ou 4 en tous cas. Il donne
le ton du film en un travelling.
Mon père était le machiniste.
Et Absolute Beginners ? Il y avait
aussi un plan extraordinaire.
- Je ne connais pas.
- Julien Temple. Un film anglais.
- Bonjour.
- On parle de films américains.
Orson Welles était un maître.
- Je peux avoir un San Pellegrino ?
- J'ai du Calistoga.
- Buck, ça va ?
- Bien, et toi ?
Bien.
- Tu as un truc ?
- Oui. Voilà.
- Le Lauréat, la suite.
- Bon, bon.
Les trois acteurs principaux
sont encore parmi nous.
Dustin Hoffman, Anne Bancroft,
Katharine Ross,
25 ans plus ***,
et les personnages aussi.
Ben, Elaine et Mme Robinson.
Ben et Elaine sont encore mariés.
Ils vivent dans une vieille maison
effrayante en Californie du Nord,
et Mme Robinson vit avec eux.
Sa mère âgée a eu une attaque...
- Elle a une attaque ?
- Elle ne peut pas parler.
- Ça sera marrant ?
- Drôle, oui.
Sombre, étrange et drôle,
avec une attaque.
- Bon.
- Pas une attaque.
- Peut-être autre chose.
- Bon, continue.
Elle est à l'étage du dessus
et elle écoute tout ce qui se passe.
Ils ont une fille
qui vient d'avoir son diplôme.
- Du sang neuf.
- Vingt-deux, 23 ans.
- Une Julia Roberts.
- Julia Roberts.
- Excusez-moi.
- Oui ?
- Ces manuscrits ?
- C'est pour Bonnie Sherow.
Demandez à la Sécurité
comment Adam Simon a pu entrer.
- Je veux le savoir.
- Adam Simon ? D'accord.
- Julia Roberts rentre.
- Oui, vas-y.
Leur fille, la lauréate.
- Elle amène...
- La nouvelle lauréate.
Griffin a adoré.
Il veut qu'on en parle.
Un groupe d'humains a survécu,
plusieurs générations après.
Sans aucune histoire,
aucune connaissance technologique.
Ça fait trop.
Vous pouvez écrire ça ?
Il ne s'agit pas de mots, mais
d'images à visualiser.
- Mon Dieu !
- Mince, alors.
Jimmy ? Jimmy, ça va ?
- Que s'est-il passé ?
- En vingt-cinq mots ?
- Ça va ?
- Je m'appelle Jimmy Chase.
Ça va ? Ouvre les yeux.
Tu vas bien ?
Il est arrivé soudain,
a foncé contre l'auto.
TON HOLLYWOOD EST MORT
Oui, ça va.
- Hé ! C'est Adam Simon !
- Ça va, petit ? J'avais rendez-vous.
- Ça va ?
- C'était bien.
- Oui.
- C'est sûr que ça va ?
Rebecca De Mornay.
En fait, bien plus belle qu'elle.
- En fait, on...
- Non.
- Je ne suis pas Rebecca De Mornay.
- Une sosie.
Merci beaucoup.
- Où est le bureau de Joel Levison ?
- M. Levison, le président du studio ?
Très émouvant.
Ça vous déchire le cœur.
C'est la zone où on donne ou non
le feu vert à ce genre de films.
Juste là. On aura 17 étages,
si on peut.
On continuera à utiliser les produits
Sony. Domo arigato à ces produits.
S'il vous faut de la compagnie
pour manger du sashimi,
donnez-moi un coup de fil...
- Levison est là.
- Écrivez-le.
Je veux savoir si vous le voyez.
- Brave fille.
- Les embouteillages à Malibu.
- Bonjour, Joel.
- Bonjour, Celia.
- Sandy, veillez garer L'auto.
- D'accord.
- Bonjour, Marty.
- Bonjour, Joel.
Bonjour.
- Que font ces Japonais ?
- Alors, des têtes vont tomber ?
La banque nous presse.
Le fils d'Harvey Goldman vient.
Ça ne me plaît pas.
Reggie Goldman est une mauviette.
Tu plaisantes !
Il y a des changements
qui se produisent, ici.
C'est toujours pareil.
C'est arrivé à Paramount il y a 3 ans.
Columbia traverse ça en ce moment.
Il paraît qu'on va remplacer Griffin.
Griffin ? Pas possible ! Par qui ?
- Berg, Kirkpatrick. Ou Larry Levy.
- Oui.
Je veux savoir pourquoi
la sécurité est si relâchée.
Je vous appelle plus ***.
J'ai un rendez-vous.
- Écoutez. Allez-y.
- Bon, d'accord.
Une star de la télé va en safari
en Afrique.
Une star de la télé
dans un long métrage ?
Une star de la télé,
jouée par une star du ciné.
- Une star du ciné joue le rôle.
- Goldie, Julia, Michelle,
- Bette, Lily.
- Dolly Parton.
- Dolly.
- Elle serait très bien.
- J'aime Goldie.
- Goldie.
- Goldie va en Afrique.
- On la connaît.
- Super. Goldie va en Afrique.
- Goldie va en Afrique.
- Elle y est vénérée.
- Vénérée ?
- Trouvée par une tribu...
- Oui ?
De petites personnes. Mais elle...
La tribu la trouve
et la vénère. Mais alors...
Les Dieux sont tombés sur la tête,
mais avec la star au lieu du coca.
Tout à fait. Out of Africa
rencontre Pretty Woman.
Il faut qu'elle décide
si elle reste avec sa série télé
ou si elle sauve cette tribu africaine.
Ça pourrait être un homme.
- Le bureau de Griffin Mill ?
- Juste ici.
- Martin Scorsese ?
- Non. Mais je connais Harvey Keitel.
Je sais bien.
J'adore Les Nerfs à vif.
- Mon vieux a bossé pour Hitchcock.
- Oui ?
La corde. Un chef-d'œuvre.
L'intrigue n'était pas bonne.
Il a tout tourné sans coupures.
Je dé*** toutes ces coupures.
Oui ? Et Bertolucci alors,
et son grand travelling,
- avec Winger dans Un Thé au Sahara ?
- Pas vu.
- La Soif du mal, de Welles...
- J'étais là depuis 8 h. C'est vrai !
C'est moi qui t'ai eu ce boulot.
Tu étais avec qui ?
- J'y étais avec Alan Rudolph.
- Que faisais-tu avec Alan Rudolph ?
Il m'a invitée pour un café.
Il m'a dit son idée.
- Que dire ?
- Mon assistante
- évite les scénaristes.
- Je ne faisais qu'écouter son idée.
- Il doit te la donner.
- Ta proposition ?
La politique te fait peur ?
La politique, non.
La politique radicale, oui.
- Et la "politicienne" aussi.
- Une politique poliment radicale.
- C'est drôle ?
- C'est drôle.
- Un truc politique drôle.
- Et un polar.
- C'en est un ?
- En même temps.
Quelle est l'intrigue ?
Il me faut Bruce Willis.
Je peux lui en parler.
Il s'agit d'un sénateur.
Un méchant sénateur au départ.
Il voyage partout
aux frais de la princesse.
- Comme ce Sununu faisait.
- Un polar drôle, cynique, politique ?
Oui, avec du cœur au bon moment.
Mais bon. Il a un accident.
- Un accident ?
- Oui, il devient extralucide.
- Comme un voyant.
- Je vois.
Donc un polar drôle, extralucide,
politique, avec du cœur.
Avec du cœur. Un hybride de Ghost
et Un Crime dans la tête.
- Continue. J'écoute.
- Il lit les pensées des gens,
et découvre que l'esprit du président
est tout vide.
TON HOLLYWOOD EST MORT
JE TE HAIS, CONNARD !
- Vous désirez ?
- Une bière.
- On n'en a pas.
- Bon, du vin. Du vin rouge, alors.
Quelqu'un meurt à la fin. C'est
la coutume dans les polars politiques.
- Griffin Mill.
- Je sais. Passez-le-moi.
C'est intéressant, Jim.
- C'est de la part de qui ?
- Je voudrais parler à Griffin Mill.
Il est en réunion.
- Il vous rappellera.
- Je te rappelle.
- Merci.
- Excusez-moi ?
- Il me rappellera ?
- Mes pastilles ?
Combien de fois
j'ai entendu ça ?
- Qui êtes-vous ?
- S'il ne me rappelle pas...
- Je l'ai lu.
- Qui c'était ?
Il ne l'a pas dit.
- Il ne l'a pas dit ?
- Mais la distribution ?
L'héroïne est une artiste
de cirque de 50 ans.
- Une avaleuse de feu.
- Passe-moi le commentaire.
On déjeune
avec Aaron Camp ?
- À quelle heure ?
- Je l'ai pour 13 h.
- Sale journée ?
- Il a la crampe de l'auteur.
HIGHLY DANGEROUS
à avoir, garder ou HAÏR !
Une réunion avec Harders
et Frank South cet après-midi.
- Quelle heure ? J'y serai.
- 15 h.
Mettez-les dans l'ordinateur.
- D'accord.
- Merci.
- Je t'accompagne.
- Je vais voir Levison.
Je te verrai là-bas.
Salade César, eau minérale.
- Ce sera prêt.
- Merci.
- Bonnie, puis-je...
- Il va falloir prendre le temps.
- Vers 17 h ? Merci, Sandy.
- Au revoir.
Salut, Sandy, Celia.
Vous ne pouvez pas. Il est en réunion.
On en trouve treize
à la douzaine, non ?
- C'est bon, Celia.
- Vous la connaissez ?
Griffin,
je te présente Reg Goldman.
- Tu connais son père, Harvey.
- Bien sûr. Bonjour, Reg.
- Enchanté.
- De la banque de Boston.
- Reg est là pour deux semaines.
- Super.
- Affaires ou vacances ?
- Les deux, j'espère.
Reg pense faire
de la production, Griffin.
Tiens ?
Oui. C'est mieux que de bosser, non ?
Mais j'aime jouer au tennis.
Vous y jouez ?
Au tennis ? Non...
- Trop occupé...
- Je demandais à Walter.
Vous connaissez Meg Ryan ?
Elle sort avec quelqu'un ?
Oui, Reg. Elle est mariée.
Merde.
Et Winona Ryder ?
C'est vrai que
Walter est le plus qualifié.
Walter a tous les numéros.
- Autre chose ?
- Non. Tu es trop occupé.
Je veux ce numéro, putain !
Je veux ce numéro.
Mince ! Celle-là, ici ?
Elle a fait des trucs ?
Celia.
Griffin, ne posez pas de questions.
Comme "Vous ne savez rien"
ou : "Mieux vaut ne pas le savoir" ?
N'en posez pas, simplement.
Si vous vous en faites pour
Reggie Goldman, oubliez ça.
Mais soyez sympa.
Il a beaucoup d'argent.
Je ne m'en fais pas
pour Reggie Goldman.
- Pour Larry Levy.
- Larry Levy ?
Larry Levy est chez Fox, non ?
Allons, Celia !
Sandy, un appel pour Celia,
ligne 1.
- Je dois chercher du boulot ?
- Celia, vous êtes là ?
Le bureau de Joel Levison.
Brad. Oui. Quoi ?
Non, on n'a pas pu signer
Anjelica Huston.
Elle est prise pendant 2 ans.
Oui, une histoire de fantômes,
mais pas comme Ghost.
- Alors...
- On devrait...
On doit y aller,
- mais je comprends très bien.
- Vies surnaturelles. Du surnaturel.
Joel. Griffin Mill.
- Un ami de Jennifer.
- Non, non.
- Griffin Mill ?
- Oui.
- C'est vrai ?
- Très heureux.
- Un de vos fans.
- J'ai la même.
- Oui ?
- M. Mill, comment allez-vous ?
- Bien. Et vous, Natalie ?
- Bien. Prenez place.
Où est Bonnie ?
- Tu as commandé ?
- Je suis choquée.
- Salut, Griffin.
- Salut.
- Salut, mon pote.
- Ça va ?
On déjeune avec l'ennemi.
Arrête !
C'est quoi ces bruits
sur Larry Levy ?
Larry Levy ? S'il avait
une cervelle, il serait dangereux.
Aaron dit qu'il vient au studio.
Aaron dit ça ? Pourquoi
tu croirais ce qu'il dit ?
C'est la façon dont il l'a dit.
L'autorité avec laquelle il l'a dit.
Il est là avec...
- Qui ?
- Anjelica Huston et John Cusack.
- Levy ?
- Ouais.
Il est dépassé.
Ils vont se noyer, là-bas.
C'est le petit prodige chez Fox,
ces jours-ci.
Tu as lu le truc sur lui
dans Variety ?
- La double page ?
- Deux pages.
- Oui.
- Anjelica. Griffin Mill.
- Bonjour.
- Enchanté.
- Moi aussi.
- Très belle.
Salut, Johnny.
Griffin Mill, un de vos fans.
- Vous irez à Telluride ?
- On ira sans doute à Park City.
- Super. On s'y verra.
- D'accord.
Quoi de neuf avec Glass Box ?
On peut parler d'autre chose
que d'Hollywood ?
- Oui.
- On est cultivés.
- Oui.
- D'accord, Griffin.
- Je te rappelle.
- D'accord.
JE T'AI DIT MON IDÉE
ET TU DEVAIS ME RAPPELER. ALORS ?
- Vous ne devriez pas en parler ?
- De quoi ?
Ces cartes. Cinq en deux semaines.
- Sept, en fait.
- Parlez-en à la Sécurité.
Je vais dire quoi
à Walter Stuckel ?
"Quelqu'un m'envoie
des lettres empoisonnées
et je voudrais que tu m'aides
à me ridiculiser davantage
à présent que je suis en terrain
glissant." Non, je passe.
Elles viennent d'un scénariste.
- Lequel ?
- À vous de choisir.
- Rien d'autre ?
- Si, votre avocat a appelé.
- Une soirée chez lui.
- Tirez-moi de là. Une projection.
Pas cet avocat. *** Mellen.
- ***. À quelle heure ?
- Cocktail à 19h30.
Dîner à 20 h. Accompagné.
- Bonnie Sherow est là.
- Encore un scénario d'amitié virile.
Qu'elle entre. La voilà.
Griffin, on peut aller
aux sources ce week-end ?
Je veux un massage,
et me plonger dans
une baignoire d'eau minérale,
avec des margaritas
administrées en intraveineuse.
Une soirée chez *** Mellen.
Tu viens ?
- Des stars du ciné, des gros pontes.
- Et de la ***.
D'accord.
Ça sera assez tôt.
On ira chez moi, après.
- On pourra ?
- Oui.
Brokaw a l'air
de n'avoir aucune mémoire.
Ted Koppel est décontracté,
il fonce et s'accroche.
Il n'est pas facilement désarçonné.
- Tu t'en souviens ?
- Bien sûr.
Bonjour. Comment allez-vous ?
- Marlee, voici Bonnie Sherow.
- Bonsoir.
- Elle a lu Tales of Fury.
- Ça va ?
- J'ai adoré. J'ai lu votre scénario.
- Super.
Merveilleux.
Et vous êtes parfaite pour Ariel.
- Merci.
- Pour le rôle aussi.
Oui. On va faire quelques
changements au 3e acte.
- Juste...
- Faites un rendez-vous.
Oui.
- Oui.
- Certainement.
- Oui.
- Vous avez mon numéro ?
- Certainement.
- Pour la semaine prochaine.
- Excusez-moi.
- Oui.
Je dois saluer des gens.
On ne parle pas
de changements ici.
- Désolée.
- Bon.
C'est gentil d'être venu.
- Vous êtes très en beauté.
- Merci.
- Tu connais Bonnie Sherow.
- Bien sûr.
Ça va ?
Très heureux. TriStar, non ?
- Attention.
- Elle est au studio.
C'est ce que je voulais dire.
Apportez à M. Mill un martini.
- Bunny, et vous ?
- Plutôt une Ramlösa.
- Un martini.
- D'accord.
Pour moi, les 2. Rod Steiger est là.
Tu ne veux pas lui parler
du projet Rudolph ?
Il n'est pas très chaud. Mais essaie
de le lui faire lire au moins.
- Bon.
- Aussi Harry Belafonte est ici.
- Harry ?
- Je l'adore.
- Je l'adore.
- Viens dire bonjour. Harry, voici
- Griffin Mill et Bunny.
- Enchanté.
- Enchanté.
- Bonsoir.
- Bonnie Sherow.
- Elle craque pour vous.
Je suis une de vos fans.
Je vous ai vu au Prix
Nelson Mandela du courage.
Le type de S. O. S. Fantômes ?
Tu sais, le méchant du film.
Je cale. C'était pas...
J'ai reçu cette...
J'ai reçu une carte postale.
Du genre harcèlement.
Tu sais bien...
Non. Raconte-moi.
De quoi tu parles ?
Un scénariste
que j'ai dû éconduire.
Allez donc manger un peu.
- Bonne idée.
- De bons trucs.
- Dans quelques minutes.
- On s'enivre.
- Tu as les mains froides.
- Gelées.
Vous en voulez un ?
- Je ne crois pas.
- Celui-là, ici.
Pas des menaces ?
Tu parles de menaces ?
Non.
Oui. Je ne sais pas.
Il est en pé***.
Les auteurs, tu t'y connais.
Tu es le directeur des scénaristes,
pas vrai ?
Tu me proposes un rêve ?
Ta façon de dire ça
me montre
- que tu n'es pas très chaud.
- Ça dépend du rêve, Jeff.
Levy est ici.
- Les gens-là. D'accord ?
- ***. Que fait-il ici ?
- Goldblum ? C'est un ami.
- Non, Larry Levy.
- Il est venu avec Sally. Un ami.
- Et mon boulot ?
Tu sais, Larry Levy,
est partout où je suis.
- Il me provoque.
- Larry Levy monte.
On fait ça, quand on monte.
On est provocant.
Tu fais pareil. Tu es à la hauteur.
Ne t'en fais pas.
Alors, les rumeurs sont vraies ?
- Elles les sont toujours.
- Je suis le dernier à les connaître.
Le dernier à les croire.
Je te l'ai déjà dit.
Je suis viré ?
Pas viré, mais pense à avoir
un colocataire.
Relax ! Tu peux t'en sortir,
le tourner à ton avantage.
- Excusez-moi.
- Larry ?
***. Désolé de débarquer ainsi.
- Tu connais tout le monde ?
- D'ici peu, oui.
Tu connaîtras tout le monde.
Une bonne assemblée.
Super fête, ***.
Vous avez trouvé à manger ?
- On allait...
- Pas encore.
Écoute un peu ça.
"Il lui soulève la robe.
Elle l'embrasse.
Il met la main dans sa culotte.
Elle lui saisit les épaules.
Il fait glisser sa robe.
Il se frotte à son large ventre doux.
Il fait glisser la culotte sur ses genoux.
Elle défaille de passion.
Elle se cambre,
il l'allonge dans la carriole.
Les chevaux hennissent.
On dirait qu'ils ressentent
sa passion.
La caméra filme
les naseaux du cheval,
alors que la carriole commence
à trembler." Mon Dieu !
Tu peux croire que Steve
a recommandé le scénario ?
Selon lui, ils le veulent,
à Universal.
- Ils vont se l'arracher.
- J'ai entendu une idée. Pas mal.
- Mais ça coince sur un point.
- C'est mon boulot. Dis.
New York, Avenue Madison.
Grosse boîte de publicité.
Le directeur fait une présentation
pour un client potentiel.
Celui-ci lui promet de le rappeler.
- Ça doit être dans la pub ?
- Pas le problème.
Le directeur attend
l'appel du client qui doit lui dire
ce qu'il pense de l'idée,
s'il a cette affaire ou non.
Mais le client ne rappelle pas.
Alors, le directeur
est si en rogne, si frustré,
qu'il en devient obsédé.
Il décide de rendre fou le client.
- Que fait-il ?
- Il lui envoie des cartes menaçantes.
C'est pas important.
Voilà le problème.
Combien de temps
le directeur peut harceler le client
avant de devenir dangereux ?
- Ça doit être dans la pub ?
- Combien de temps ?
Bon, si c'était moi...
- Un mois ?
- Trois mois.
Non. Plutôt cinq mois.
- Pour être dangereux, cinq.
- C'est ce que je pensais.
- Qui est l'auteur ?
- J'en sais rien.
Tu ne connais pas l'auteur
qui t'a proposé l'idée ?
Je ne connais pas son nom.
Ce sont deux jeunes.
Des auteurs pour la télé.
On va se coucher ?
Je suis en train de me rider.
- À demain après-midi.
- Parfait.
Burt. Larry Levy.
Vous m'avez oublié,
j'espère, ou
vous ne m'en voulez plus.
- Je travaillais pour Kastner, alors.
- D'accord.
- Au revoir.
- Au revoir.
- Qui c'est ?
- Un cadre de chez Fox.
- Avant ce petit déjeuner.
- Oui.
- M. Mill. Bienvenue chez Geoffrey.
- Bonjour, Susan. Je suis avec Joel.
Salut, Burt. Griffin Mill.
- Très heureux.
- Très heureux.
Griffin. Heureux de vous voir.
Au revoir.
- Un connard.
- Et exceptionnel, oui.
En fait, pas exceptionnel.
Il y en a des tas comme lui.
- Ils se reproduisent.
- Tu perds ton doigté.
Tes rendez-vous sont trop proches.
Il n'a pas fini son petit déjeuner.
- Il avait mangé. Un lève-tôt.
- Oui.
- Tu es allé chez Mellen hier.
- Vous nettoyez ça ? Oui.
- Il va bien ?
- Une bouteille de Vittel.
Il va bien.
Tu es parti tôt. Pourquoi ?
On devait bosser sur la fête du musée.
Je ne travaillerai pas pour Larry Levy.
Je ne te le demande pas.
Mes ordres viennent de toi.
Si c'est de Larry Levy, je démissionne.
Tu ne peux pas.
Je ne te laisserai pas.
Tu as un an et demi sur ton contrat.
Je te poursuivrai si tu ne viens pas
tous les jours, et avec le sourire.
Pourquoi Levy ?
Il était disponible. Il est bon
avec le matériau, toi, les scénaristes.
On est une équipe.
C'est un nouvel équipier, c'est tout.
- Il peut nous aider à faire mieux.
- C'est un verre à vin.
Je peux avoir mon eau
dans un verre à eau ?
Alors ?
Il faut que j'y pense, Joel.
Je veux la réponse cet après-midi.
Il faut que j'aille à Palmdale.
Le réalisateur de La Pièce isolée
fait suer Lily.
Je rentrerai vers 17 h.
- Appelle après 17 h.
- Je t'appellerai.
J'ai dit : "Tu n'as pas été...
Tu n'as pas assez péri."
Alors, il s'accroche encore.
- Griffin.
- Oui.
- La 2. Je vous passe Joel Levison ?
- Non. Je le rappelle.
Je lui dis
que vous le rappellerez ?
- Oui.
- À vos ordres.
Je veux savoir ce qu'il dira.
AU NOM DE TOUS LES AUTEURS
JE VAIS TE TUER !
- Comment c'est arrivé ici ?
- Par courrier.
Ça n'a pas été affranchi.
Ça a été livré.
Pas à moi. C'est venu avec
le courrier. Jimmy ?
Tu es au courant ?
Qui l'a livré ? D'où ça vient ?
Du service du courrier ?
Comment c'est arrivé
dans le fichu service.
Renseigne-toi et dis-le-moi.
- D'accord.
- Accompagnez-le.
- Que moi, j'aille au courrier ?
- Oui. Allez au courrier.
Tant que vous y êtes, je voudrais
les révisions de La Pièce isolée.
Sur papier blanc, sans couleurs.
- Et trouvez comment c'est venu.
- Oui, monsieur.
- Vous répondrez au téléphone ?
- Oui, je peux y répondre, Jan.
Fils de pute. Cinq mois.
Un, deux, trois, quatre, cinq. Avril.
"Vus. Richard Fielder, David Lucas,
Adam Silverstein,
Bill Lindstrom, David Kahane,
Sandra Potenza."
JOHN GARFIELD ET THE DEAD END KIDS
ILS ONT FAIT DE MOI UN CRIMINEL
Reçus.
Reçus. Non rappelés.
Bill Lindstrom, encore.
Nancy Franklin. Pas une femme.
C'est pas une femme. David Kahane.
Allez ! Trie tout ça. Allez !
Liste d'appels
Allons ! Kahane, Kahane, Kahane.
Lindstrom. Lindstrom. Renseignements.
Lindstrom. Disney, planification stratégique.
Ça ne peut pas être lui.
Et le nom de l'autre type ?
Kahane. Kahane. J-K.
"Kalchime.
Kahane".
Pas produit. Je te tiens !
- Allô ?
- Oui. David Kahane s'il vous plaît.
David ?
Dave ?
Allô. Désolée, j'avais oublié.
Il est sorti.
- Je vois.
- Qui est à l'appareil ?
Griffin Mill.
- L'homme mort.
- Que venez-vous de dire ?
- Je serais un homme mort ?
- Rien du tout.
Le surnom de David pour vous.
Je vois. Un surnom marrant.
Je suppose que votre mari
ne m'aime pas beaucoup.
Je n'ai pas de mari.
David ne m'aime pas beaucoup,
je suppose.
David est allé au cinéma.
Quand rentrera-t-il ?
À la fin du film, je suppose.
Et vous êtes ?
- June.
- June...
C'est parti.
Vous voulez savoir mon nom.
Vous ne pourrez pas
le prononcer.
- Je veux essayer.
- Gudmundsdottir.
Goodmanzdaughter.
- Gudmundsdottir.
- Gudmundsdottir.
- C'était comment ?
- Vous êtes très bon.
Merci.
Que disent les gens, d'habitude ?
Vous ne pouvez pas savoir. Ça va
de Goodogzwater à Goulashwallop.
Vous êtes anglaise ?
Oui. Non, pas vraiment.
Vous ne venez pas
d'où ça, à peu près ?
Vous voulez la version longue
ou le résumé ?
- La longue.
- Vous ne la croirez pas.
Le résumé est l'Islande.
L'Islande.
On vient de l'Islande ? Je croyais
que c'était un bloc de glace.
C'est très vert, en fait.
Oui ? Comme le Groenland ?
Non. Le Groenland est glacé.
L'Islande est très verte.
Ils ont changé les noms pour tromper
les Vikings, voleurs de femmes.
C'est clair.
Non. C'est bleu clair.
- Tout rouge.
- Non, non.
- Pas de rouge.
- Vous êtes peintre.
Comment le savez-vous ?
Quel film David est-il allé voir ?
Il est allé au Rialto, à Pasadena.
Il y va toujours.
Quelle séance ?
Le Voleur de bicyclette, je crois.
Un bon film. Vous l'avez vu ?
Non, je ne vais pas au cinéma.
Non ? Pourquoi ?
La vie est trop courte.
Il faut que je raccroche, maintenant.
David Kahane.
Non, tu confonds, mec.
- Ça ne t'a pas plu ?
- Un film étranger.
David Kahane. Griffin Mill.
Griffin Mill. Oui ?
Superbe film, hein ?
Ça rafraîchit de voir ça, après
tous ces films de flics,
et tous les trucs qu'on fait.
On devrait faire un remake.
- Avec une fin heureuse, pour vous.
- Non. On le laisserait pur.
C'est ça.
Vous voulez l'écrire ?
- Ne m'allumez pas.
- Je ne vous allume pas.
- Je vous ai dit que je vous rappellerai.
- Oui. Il y a six mois.
- Vous avez oublié.
- Vous étiez en colère.
- Peut-être.
- Vous voulez en parler ?
- D'accord, oui.
- Super.
Le studio nous offre un verre.
Je préfère un lieu où le maître
d'hôtel n'est pas à votre botte.
- Il y a un bar plus bas.
- Allons-y.
Quelque chose attend.
Vous êtes allé au Japon ?
Oui, j'y suis allé pour repérer
les extérieurs pour Steven Spielberg.
J'y ai vécu une année.
- Les études à l'étranger.
- Super.
J'aurais bien aimé faire ça.
J'y pense beaucoup.
Je ne l'oublierai jamais.
Vous devriez écrire sur ça.
Je l'ai fait. Vous vous en souvenez ?
De quoi ?
Mon idée d'un étudiant américain
qui va au Japon.
C'était ma proposition.
Vous deviez y répondre.
Vous ne vous en souvenez pas, hein ?
Bien sûr que si.
Vous ne m'avez pas rappelé.
Écoutez.
J'étais un connard.
Ça fait partie du boulot.
J'en suis désolé. C'est vrai.
Je sais que vous étiez en colère.
Je vous revaudrai ça.
Je suis là pour ça.
Vous aurez une proposition, David.
Pas la garantie que je ferai le film,
mais je vous donnerai une chance.
On arrête cette merde de cartes
postales. D'accord ?
Je suis là pour dire
que je veux repartir à zéro.
Amis.
- Va te faire foutre, Mill. Tu mens.
- Tu vas trop loin, David.
Tu n'es pas venu voir
Le Voleur de bicyclette.
Tu es arrivé 5 minutes
avant la fin du film.
Tu as avez failli t'étaler sur mon pied.
Tu as appelé chez moi ?
Tu connais la reine de glace ?
Elle te plairait. Elle te ressemble.
Trop de cœur.
Tu es sur ma liste, mon pote.
Rien ne pourra changer ça.
À la prochaine bobine, connard.
LE VOLEUR DE BICYCLETTE
On a un beau bateau,
le directeur de studio.
C'est moi, l'auteur.
Tu veux acheter mon scénario ?
Je te l'ai dit.
Viens au studio.
- On s'arrangera.
- Je demande qui ?
Larry Levy ?
Pourquoi Larry Levy ?
- Comment le sais-tu ?
- Il faut lire la presse.
C'est dans le New York Times.
Il arrive. Tu pars.
Tu ne signes plus rien.
Ils l'ont dit.
- C'est déjà du réchauffé.
- Attends un peu.
Je peux emprunter ton portable ?
Salut. Larry Levy.
Oui, Larry. Ici David Kahane.
Écoute, Larry,
devine qui fait des promesses
à des scénaristes pour faire
des films, et dans les parkings ?
Tu sais quoi ?
Ce con de directeur
essaie de profiter de moi.
Tu réalises
que ce type est intenable ?
Moi, j'ai hâte de dire au monde
que quand Griffin Mill
ne s'en sort pas au boulot,
il va à Pasadena,
pour se battre avec des scénaristes !
Dis à Larry Levy de m'appeler.
Il paraît qu'il va
faire des films sérieux,
au studio pour changer.
Oublions tout ça.
Arrête le bordel des cartes.
- J'écris pas de cartes !
- Oublie ça !
- Des scénarios !
- On a tort !
Non, tu as tort, mon pote.
Tu es dépassé.
C'est pourquoi tu paumes ton poste.
Et tu vas faire quoi ?
Je peux écrire. Mais toi ?
J'ai dit d'oublier tout ça.
Merde.
Mill, ça va ? Tu vas bien ?
Tu vas garder ça pour toi !
Tu vas garder ça pour toi.
Kahane ?
Ce qui est intéressant,
c'est qui écrit la nouvelle fin ?
Comme la fin de Liaison fatale ?
- Le public.
- Dans ce cas...
Plus d'un million de scénaristes.
Le public l'a écrite.
Mais qu'aurait-il fait
si on avait laissé la fin originale ?
- On l'ignore.
- On l'ignore.
On sait que
ça a fait 300 millions de recettes
avec la fin choisie
lors de la projection test.
Larry, tu ne connais pas
mon assistante, Whitney Gersh.
- Non, c'est exact.
- Très heureuse.
- Tu fais quoi ?
- Et ton film ?
- Testé la semaine passée.
- Ça marche bien.
- Très bien ?
- Notre 1er test.
Excusez-moi, Walter.
Joel, Griffin n'est pas là, mais
on devrait commencer la réunion.
D'accord, Celia. Merci.
Tu te rappelles Mort à l'arrivée ?
Bien sûr.
Eddie O'Brien et Pam Britton.
Disney a fait le remake en 87 ou 88.
On a ici cette même situation.
On se tient à carreau, Walter.
Une honte de gâcher le film.
C'est un super film.
- Avec cette intrigue.
- Le gâcher ?
- Pourquoi donc ?
- C'est intéressant qu'on n'ait plus
- le temps de voir de films.
- Griffin, vous êtes en retard.
- Ils sont dehors.
- Vous devriez essayer.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un scénario de Todd Smith.
Il faut leur donner
le genre de films qu'ils veulent,
pas ce que ces auteurs
veulent leur donner.
Je sais que vous passez
du temps avec les scénaristes.
- Je vous présente tous mes regrets.
- Excusez-moi.
- Bonjour. Pardon, je suis en retard.
- Ça, tu peux le dire.
- Jan, je peux vous parler ?
- Oui.
Deux minutes à votre bureau
seront assez.
Griffin, tu as loupé la cérémonie
de bienvenue. Tu connais Larry Levy.
Bien sûr. Salut, Larry.
- Salut.
- Larry a pu quitter la Fox
plus tôt que prévu
et est venu se joindre à nous ce matin.
Super. Alors, commençons.
- Larry disait quelque chose.
- Non. Je tuais
le temps en attendant Griffin.
Finis donc. Que disais-tu ?
Que je n'ai encore jamais
rencontré un auteur
qui puisse changer l'eau en vin.
On a tendance à les traiter ainsi.
- Dès que vous avez fini.
- Pas à ce studio.
Un million, un million et demi
pour ces scénarios.
C'est dingue.
Je crois qu'on peut éviter ça.
Quand avez-vous acheté
un billet pour voir un film ?
- En payant avec votre propre fric ?
- Hier soir.
Pasadena. Le Voleur de bicyclette.
- Tu es allé le voir ?
- J'adore ce film. Un superbe film.
Un film d'art. Ça ne compte pas.
On parle de films "de ciné".
Arrêtez un peu.
Je dis juste qu'on peut
économiser beaucoup d'argent
si on trouve
ces histoires nous-mêmes.
Et elles viennent d'où ?
De partout.
Peu importe. De partout.
Le journal. Choisis un article.
D'accord.
"Les immigrants s'opposent
aux coupures sur l'éducation."
L'esprit surmonte l'adversité.
Horatio Alger dans le barrio.
Avec Jimmy Smits, on a un sexy
Envers et contre tous.
- Au suivant. Allez !
- Larry, ce n'est pas mon domaine.
Marty, ça ne fait rien. Essaie.
Tu n'as rien à perdre.
Bon.
"Un éboulement fait 60 victimes
dans un bidonville du Chili."
C'est bon. On triomphe
de la tragédie. Un film de John Boorman.
On ajoute une fin heureuse,
et ça s'écrit tout seul.
- Bon. Passe-moi le journal.
- Je suis sceptique, Lar.
Essaie voir.
"Les bons du trésor à la baisse."
Un cadavre
sur le parking d'un cinéma
- Bon.
- James Bon, c'est Connery.
Marrant. Oliver Stone
ne t'écoutait pas.
- On en serait où ?
- On n'aurait pas eu
- à regarder Wall Street.
- Marty, combien a fait Wall Street ?
- Soixante-dix, 75, ou 80.
- Quatre-vingt millions, des Oscars.
- Bon.
- C'est pas mal.
Larry a bien démontré son point
de vue. Continuons.
Griffin, tu nous tiens au courant
du projet de Taylor Hackford ?
Griffin ?
Oui.
Je pensais à l'intéressant
concept d'éliminer l'auteur
du processus artistique.
On se débarrasse des acteurs,
des réalisateurs, et on est sur la voie.
Bonjour, Walter.
- Fais comme chez toi.
- M. Mill.
Tu étais assez en retard
ce matin, il paraît.
- Ça va ?
- Ça va bien.
Merci de ce souci.
Que puis-je faire pour toi, Walter ?
Tu n'es pas venu
me proposer un scénario !
C'est exactement ce que je viens faire.
Une bonne intrigue. Un auteur.
En quelque sorte. David Kahane.
David Kahane.
- Qui est David Kahane ?
- Tu l'as rencontré.
J'en rencontre des tas.
Cet auteur que tu as rencontré
a été tué hier soir
- derrière le Rialto, à Pasadena.
- Tué ?
Si on y pense, Pasadena,
c'est un bon endroit pour mourir.
Alors, l'intrigue ?
En vingt-cinq mots maximum ?
Bon. Directeur appelle auteur.
Copine dit que l'auteur est au ciné.
Le directeur y va, voit auteur
boit avec auteur. Auteur est frappé
et meurt dans 10 cm d'eau sale.
Le directeur est dans la merde.
Qu'en penses-tu ?
Ça a plus de 25 mots
et c'est bidon.
La police de Pasadena ne le pense pas.
Ils ont un gros rapport.
Tu as vu Kahane au Rialto.
Tu t'es bourré avec lui.
Il est parti avant toi.
Personne ne l'a revu vivant,
si ce n'est toi, peut-être.
Pourquoi le nies-tu ?
Qu'en pense la police ?
Que c'est une attaque
qui a mal tourné. Tu sais,
avec une fenêtre brisée.
Il a surpris quelqu'un
qui lui prenait sa radio.
Il s'est battu, et a été tué.
Je ne l'ai pas tué, Walter,
mais je suis allé le voir.
J'ai dit le contraire, je sais.
- Pourquoi me mentir à moi ?
- Eh bien,
je ne suis pas dans une bonne phase.
Tu ne connais pas les rumeurs ?
Je vais être viré.
Il ne me faut plus
qu'une autre controverse !
C'est pas le moment, Walter.
Écoute.
Je suis totalement responsable
de la sécurité du studio.
C'est donc mon boulot
de m'occuper des directeurs
même s'ils sont soupçonnés,
dira-t-on, de meurtre,
quand les bénéfices sont en baisse
et que la société est vulnérable.
C'est mon boulot de garder ça
très, très secret !
Tu veux m'aider ?
- Bien sûr.
- Alors, cesse de mentir.
- Tu l'as vu combien de fois ?
- Une.
- Sans compter hier soir ?
- C'est ça.
Pourquoi es-tu allé
le voir à Pasadena ?
Il avait une idée qui m'intéressait.
Sa copine.
C'est une amie à toi aussi,
je suppose. Pense vite !
Walter, qu'est-ce que c'est ?
Pourquoi tu fais ça ?
Un interrogatoire.
Attends de voir celui de la police.
Ils seront moins polis !
- Viens avec moi !
- On dirait quelqu'un de coupable.
Tu ne l'es pas, pas vrai ?
Je ne suis pas un assassin.
Mauvaises nouvelles ?
- Quoi ?
- Le fax. Des mauvaises nouvelles ?
Non.
La routine habituelle.
Le système hollywoodien
n'a pas tué David Kahane.
Ni les films de 98 millions,
les acteurs payés 12 millions.
Pas même le contrat d'un million
que David Kahane n'a jamais eu.
Non, on pourrait accuser Hollywood
d'agression avec intention meurtrière.
Car la société est responsable
de ce meurtre particulier.
C'est vers la société qu'on se tourne
pour obtenir justice pour ce crime.
Car pendant la nuit, quelqu'un
a tué David Kahane, et cette personne
en portera la culpabilité.
Si David était parmi nous,
je sais en mon cœur ce qu'il dirait :
"Arrête tes conneries, Phil.
Qu'as-tu appris dans tout ça ?
Tu as appris quelque chose ?"
Je répondrais :
"Oui, David. J'ai beaucoup appris.
On est là. On prend le relai."
Et quand on vendra un scénario
pour un million de dollars,
quand on coincera
un producteur de merde, on dira :
"C'est pour toi, David Kahane."
David écrivait une chose, le jour
de sa mort. Je voudrais vous la lire.
"Obscurité. Un chien galeux aboie.
Les poubelles sont ouvertes,
des sans-abris cherchent de quoi bouffer.
La sonnerie d'un pauvre
réveil retentit.
Intérieur. Chambre de refuge. Matin.
Un travelling traverse
la pièce crasseuse.
La lumière perce
des stores vénitiens jaunâtres.
Des mites dansent dans le rayon.
Travelling sur le sol.
La moquette élimée.
On s'arrête sur un vieux soulier.
C'est vide."
Il n'a pas été plus loin.
La dernière chose qu'il ait écrite.
Au revoir, Dave.
Fondu au noir.
Merci.
Qui êtes-vous ? Pas un auteur.
Non. Je suis Griffin Mill.
- On a parlé le soir où David...
- Bleu clair, tout bleu. Oui.
Vous aviez raison.
- Quoi ?
- C'était tout rouge.
Oui.
Vous êtes le seul que je connaisse.
Toutes mes condoléances pour David.
Il avait
du talent.
Vous le croyez vraiment ?
Je soupçonnais qu'il avait
une absence totale de talent.
C'est gentil de dire ça.
- C'est gentil d'être venu, aussi.
- Je l'ai fait.
C'est sans doute moi
qui l'ai vu vivant en dernier.
Oui. La police me l'a dit.
- Mais pas le dernier, sûrement.
- Non.
C'est une période horrible pour vous.
Puis-je faire quelque chose ?
Non, vraiment.
Je ne me sens pas mal.
Comme quand mes parents sont morts.
Je n'ai rien senti du tout.
Ils étaient juste partis.
C'est que vous n'avez pas réalisé.
- C'était il y a longtemps.
- Non, je parle de David.
Mon Dieu !
Ces gens. Je ne me plais pas ici.
Ils s'attendent à ce que je sois
en deuil, et je ne peux pas leur parler.
David n'est plus,
et je suis déjà ailleurs.
- Vous pouvez me raccompagner ?
- Quoi ?
Vous pouvez me raccompagner ?
Bien sûr. Je suis là.
C'est très intéressant. Ça me plaît.
- Vous voulez un verre ?
- Non, merci.
Vous exposez où ?
Dans quelle galerie ?
- Qui vous représente ?
- Personne.
Je ne peux pas
les vendre ainsi, pas finies.
Un biscuit ?
Non, merci. Ce n'est pas fini ?
Non, c'est ce que je fais pour moi.
Ce que je ressens.
Vous posez bien des questions.
Comme la police.
Ils ne font que poser des questions.
- Ils m'ont bien interrogée sur vous.
- Oui ?
Depuis combien de temps
on se connaissait, si vous étiez déjà venu.
Je suppose qu'ils doivent
poser ces questions.
Je ne vois pas pourquoi.
Car c'est ce que fait la police.
- Je peux vous poser une question ?
- Bien sûr.
Pourquoi était-ce si important
de voir David ?
Pourquoi cette urgence ?
Il m'a proposé un film
il y a quelques mois et...
- Celui du Japon ?
- Oui, du Japon.
Ça m'a plu mais ça avait besoin
de boulot, surtout la fin.
J'étais à mon bureau ce jour-là,
et j'ai vu soudain
comment changer la fin.
Qu'est-ce que c'était ?
- Quoi ?
- Votre idée pour la fin ?
Vers le haut.
- "Le haut" ?
- Le haut.
- Ça veut dire quoi ?
- Pas au 3e dessous. Le ton.
Heureuse plutôt que triste,
pleine d'espoir, pas déprimée.
- Que pensiez-vous de sa fin ?
- Je ne l'ai pas lue.
- Vous ne l'avez pas lue ?
- Non.
Je n'aime pas lire.
- Vous aimez les livres ?
- J'aime les mots,
et les lettres,
mais je ne suis pas folle
des phrases complètes.
Qu'en a-t-il pensé ?
Il m'a planté là. Je ne crois pas
que David m'aimait beaucoup.
Il n'aimait pas les fins heureuses.
Mettez votre visage ici.
Super.
Que faites-vous ?
Vous n'allez pas me peindre ?
Vous serez peut-être dans un tableau.
Je voulais en faire un
sur un héros islandais.
Un voleur, fait de feu.
- Ça pourrait ne pas vous plaire.
- Pourquoi ?
Vous faites du cinéma,
et au cinéma, les voleurs
ne peuvent pas être des héros.
Mais on a une longue tradition
de gangsters au cinéma.
Mais il faut toujours
qu'ils souffrent pour leurs crimes.
On doit payer pour nos crimes, non ?
Je ne sais pas. Savoir qu'on a commis
un crime est assez douloureux.
Si on ne souffre pas, ce n'était
peut-être pas un crime, après tout.
Mais qu'est-ce que ça peut faire ?
Ça n'a rien à voir
avec la réalité des choses.
Vous ne croyez pas vraiment cela.
J'ignore ce que je crois, M. Mill.
C'est ce que je ressens.
Vous savez ce que vous êtes,
June "avec votre nom de famille" ?
Une anarchiste pragmatique.
- C'est ce que je suis ?
- C'est ça.
Je n'en étais pas sûre.
Je peux le soulever ? Oui ?
- C'est lourd.
- Mille cinquante grammes.
Oui ? Regardez ça.
Je voudrais remercier ma mère,
sa mère,
et le père de sa mère,
qui fut...
- Bonjour.
- Bonjour.
Inspecteur Susan Avery.
- Enchantée.
- Bonjour.
- Ma coéquipière.
- Willa Broom.
Enchanté. Entrons là.
C'est la première visite
d'un studio pour l'inspecteur.
- C'est vrai ?
- À part la visite d'Universal.
Quand ma famille vient me voir,
on y va toujours.
Si souvent, que j'ai
l'impression de pouvoir réaliser.
Vous serez meilleure
que les diplômés
à qui on file des caméras,
de nos jours.
J'aurais dû appeler
en entendant parler de sa mort.
- Parler ?
- En le lisant.
Pourquoi ne pas le faire ?
Walter m'a posé cette question.
Je n'avais pour réponse
que je n'y ai pas pensé.
- Comment saviez-vous où il était ?
- Sa femme m'a dit qu'il voulait
- voir Le Voleur de Bicyclette.
- Petite amie.
Petite amie.
Je ne les connaissais pas.
J'étais énervé.
J'ai pensé aller voir le film.
S'il y était, j'allais lui
parler d'un boulot pour lui.
Vous y êtes allé,
vous l'avez vu, et...
On est allés prendre un verre
dans un bar japonais.
C'était un décor incroyable.
Comme si on était à Tokyo.
Il est parti avant vous.
Pourquoi pas ensemble ?
Le décor était incroyable.
Ça me plaisait bien.
Mais pas trop longtemps ?
Ils ont arrêté de chanter. C'était
alors un simple bar. Je ne bois pas.
- Vous avez bu avec lui.
- Pour faire pareil.
- Vous sortiez ensemble ?
- Non.
- Vous êtes allé chez lui ?
- Non.
- Des choses personnelles sur lui ?
- Non.
Griffin. Il va falloir
que tu retournes au boulot.
- Une chose vous tracasse ?
- Eh bien...
Je dois vous demander
si vous l'avez vu au parking après ?
Non. Je me suis garé dans la rue.
J'ai une Range Rover.
Je préfère qu'elle soit visible.
En pleine rue,
on ne défonce pas.
Vous gareriez une bagnole
merdique au parking ?
Si j'avais ça,
je serais peut-être mort.
Je crois que vous avez
trop de pot pour ça.
Merci.
- Bon.
- Allez-y.
- Soixante-trois, prise 3.
- Attendez.
Allez-y.
Action.
Non, putain, Peterson,
tu m'écoutes.
Je ne suis pas né d'hier.
Je flaire que cette situation pue.
Ça pue la Compagnie.
Oui, Peterson, la CIA de merde.
- Tu connais ?
- Lily comprend.
Une opération que
ces petits malins merdent...
Tu ne piges pas
ce qu'il veut faire.
- C'est ça.
- C'est dur de t'écouter
si tu ne piges pas.
- Tu la fermes un peu ?
- Va te faire voir.
On ne peut rien voir.
Faut couper.
Ma robe s'est prise là.
- C'est pas vrai.
- C'est pas ma faute.
- Il me plaît. Super.
- Scotty Glenn ?
- C'est quelle eau ?
- Un cow-boy.
- FBI, prêtre, pompier...
- Une Volvic ?
- Action.
- Non, putain...
La police est venue te voir
pour cet auteur mort ?
Qui c'était, ce type ?
Il s'appelait David Kahane.
Connais pas.
On l'a engagé pour un truc ?
J'y songeais.
Il m'a proposé un truc.
Je suis allé lui en parler.
- Je n'ai pas à supporter ça.
- Mince !
Pauvre bougre. Il va percer. Un jeune
Noir veut son fric pour du crack.
Pardon.
Je ne voulais pas te critiquer,
mais je dois
avoir cette conversation.
- Tu me causes ?
- Les flics t'importunent encore ?
- Action.
- Non. Je ne crois pas.
Laisse faire Stuckel. Il leur filera
des billets pour une projection
où ils seront à deux rangs
de Michelle Pfeiffer. Ils te lâcheront.
- Griffin ?
- Oui.
Un certain Joe Gillis a appelé
pour que vous le rencontriez
au St. James Club
vers 22 h sur le patio.
- Vous le connaissez ?
- Non.
- Il a dit le contraire.
- Quelqu'un connaît Joe Gillis ?
Le personnage de William Holden
dans Boulevard du crépuscule.
L'auteur qui est tué
par la vedette.
- Gloria Swanson.
- Superbe film.
On fait ça à ma façon.
Moi, je pense que...
Ce type-là ! La semaine passée
il était Charles Foster Kane.
Et avant, il était Rhett Butler.
Ils pensent que je tuerais
la sœur de mon mari ?
Tu compares les recettes, Bonnie ?
J'étais amoureuse de lui.
Griffin ?
- Griffin.
- Malcolm McDowell.
- Ça va ?
- Très heureux.
La prochaine fois
que tu dis du mal de moi,
aie le courage de le faire devant moi.
Vous êtes tous pareils.
- Ça vous plaît ?
- C'est merveilleux.
Et votre carrière aussi ?
Qu'y a-t-il, Tom ?
Une catastrophe. Ça se passe
dans La Porte du paradis de Cimino.
- Ça finit.
- On s'inquiète pour votre carrière.
Un acteur,
que je ne nommerai pas.
Là où j'habite, je sais
ce que les gens pensent.
- C'est le Montana.
- Ce sera la fin.
- Ce fut la fin de Cimino.
- Excusez-moi.
Griffin Mill.
- Salut. Andy Civella.
- Andy. Ça va ?
Il y a Andie MacDowell, là-bas.
Tu la connais ? Un canon.
- Viens la rencontrer.
- Toujours à New York ?
Je ne déménage pas.
Je suis allergique au bonheur.
- Andie, Griffin Mill.
- Salut, Andie.
- Ça va ?
- On a le même nom.
- Les enfants ?
- Andie a la cervelle,
- moi, j'ai le look.
- Très bien. Merci.
Les génies se connaissent.
Tom Oakley.
- Bien sûr. Ça va ?
- Oui. Salut, Tom.
Marrant. Je viens de tomber
sur Malcolm McDowell.
- C'est vrai ?
- Roddy McDowall
est lié à un cousin
de mon beau-frère.
Et moi, je ne le suis
ni à l'un ni à l'autre.
Si j'écris, je réalise.
Tes trois derniers étaient des navets.
- Un est rentré dans ses fonds.
- Navets !
- Merci pour le verre.
- Le pire du tas.
- Je dois partir.
- Vous partez, Andie ?
- On y va.
- On vous accompagne à L'auto.
- C'est bon. Pas de soucis.
- Attendez. Griffin.
On veut t'offrir un verre.
- Désolé.
- Un seul verre.
- Un rendez-vous d'affaires.
- On aurait dû
- parler d'Habeas Corpus.
- Il est occupé.
- Personne ne m'attend ?
- Personne n'a demandé.
J'attends quelqu'un.
Je serai près de la piscine.
Mais il va nous rappeler, hein Griffin ?
- Griffin.
- Andie ?
- Pardon, Griffin.
- Mince, Andy. C'est toi.
- Bien sûr.
- Je ne peux pas te laisser.
- J'ai rendez-vous.
- Oui, avec moi.
- On a une grosse affaire.
- Toi ? Toi ?
- Pourquoi pas ?
- Andy, tu crois que c'est drôle ?
- C'est foutrement drôle ?
- Tu parles de quoi ?
Elle ferait une super Nora.
J'aimerais écrire
une Maison de poupée pour elle.
Tu connais Tom Oakley ?
Oui.
- Tu ne m'as pas appelé ?
- Je ne t'ai pas appelé.
Pardon. Désolé.
J'ai vraiment rendez-vous.
Je ne peux pas écouter
de proposition.
- Appelez demain.
- Non, pas demain.
Une réunion à Paramount.
- Et une à Universal.
- Félicitations.
Si tu ne l'entends pas,
tu la rates.
- Tant pis, alors.
- Juste 20 secondes.
- Quand ton ami vient...
- Quel ami ? Qui ?
Celui que tu dois voir ici.
Vingt-cinq mots maximum.
Tout à fait. Tom, tu...
Non, assieds-toi là, Tom. Vas-y.
Le procureur
à un dilemme moral.
- Tom. Enfin !
- Bon. D'accord.
On commence sur la plus grosse
prison de Californie.
La nuit, la pluie.
Une limousine traverse le portail
dépasse les manifestants
qui tiennent une chandelle.
Les chandelles sous les parapluies.
On dirait des lanternes japonaises.
C'est bien. Je n'ai jamais vu ça.
Bon.
Une manifestante, une femme noire,
se lance devant la limousine.
Les phares l'éclairent comme un esprit.
Ses yeux plongent
dans ceux du seul passager.
Le moment entre eux
est dévastateur.
Le procureur et elle, la mère
de celui qu'on va exécuter.
Tu es bon. Je te l'avais dit.
- Continuez.
- D'accord.
Il croit en la peine de mort.
L'exécution est dure. Un Noir,
19 ans, coupable sans nul doute.
On est la plus grande démocratie,
et 36% des condamnés
à mort sont noirs.
- Des Noirs pauvres.
- Plus. Plus.
Il jure que la prochaine
personne qu'il condamnera
sera maligne, riche et blanche.
- Toi, moi, un autre.
- Ça accroche, hein ?
- En beauté. Au vif du sujet, Tom.
- Bon. D'accord.
On coupe du procureur
à un quartier de banlieue résidentiel.
Un couple se dispute.
Il part en rogne, monte en auto.
La même nuit pluvieuse.
L'auto quitte la route
et tombe dans le ravin.
Le corps est emporté.
Quand la police examine L'auto,
on voit que les freins
ont été sabotés.
C'est un meurtre. Le procureur
décide d'y aller à fond.
Il veut mener la femme
à la chambre à gaz.
Il tombe amoureux de la femme.
Bien sûr, mais il la condamne
au gaz quand même.
Puis il découvre que le mari est en vie,
qu'il a simulé sa mort.
Le procureur fonce dans la prison,
dans le couloir de la mort,
mais il arrive trop ***.
Les boules de gaz ont été lâchées.
Elle est morte.
Je vous le dis.
Pas un œil ne reste sec dans la salle.
- Elle est morte ?
- Elle est morte.
Elle est morte.
Car c'est la réalité.
L'innocent meurt.
- Qui est le procureur ?
- Personne.
- Personne ?
- "Un projet sans stars."
- On se jette à fond là-dedans.
- Des comédiens de scène inconnus,
peut-être des Anglais,
comme Machin.
- Pourquoi ?
- Pourquoi ?
Parce que ce film
est bien trop important
pour être noyé
par des personnalités.
C'est bon pour les films d'action,
mais celui-là est spécial.
On veut des personnes vraies.
Pas des gens
avec des notions préconçues.
- Qu'ils voient un procureur.
- Bruce Willis.
Ni Bruce Willis, ni Kevin Costner.
C'est une femme innocente
qui lutte pour sa vie.
- Julia Roberts.
- Si on l'a.
- Bien sûr qu'on l'aura.
- Franchement,
quand j'y pense,
ce n'est pas un film américain.
- Non ?
- Non. Pas de stars.
Pas de fin heureuse de rigueur.
Pas de Schwarzenegger, de braquages,
de terroristes.
Un film dur. Une tragédie dans
laquelle une femme innocente meurt.
Pourquoi ? Parce que ça arrive.
Habeas Corpus.
C'est son titre.
"Produisez le corps."
Qu'en dis-tu ? Oui ou non ?
C'était plus de 25 mots.
Oui, mais c'est génial.
Quel est le verdict, Griffin ?
M. Mill, pour vous.
J'AI DIT DE VENIR SEUL
- Qui vous l'a donné ?
- C'était à la réception.
Qu'est-ce que c'est ?
Salutations de...
LA VALLÉE DE LA MORT
C'est...
De la personne que je devais voir.
Il ne viendra pas.
On a une chance ? Griffin.
Une idée intéressante.
Appelez-moi au studio.
- Ouais !
- Une scène
du Château de l'araignée
a cette texture.
- Tom. Dis "Merci".
- Si tu veux... Bon.
- Pas de fin hollywoodienne.
- Tom, "Merci". Dis-le.
Mince !
REGARDE SOUS
TON IMPERMÉABLE
N'OUVRE PAS AVANT NOËL !
Va te faire foutre ! Auteur de merde !
Tu as essayé de me tuer !
Bordel !
Mince ! Vous m'avez fait si peur !
Que faites-vous ici ?
Vous m'avez bien effrayée. Entrez.
Entrez.
Qu'y a-t-il ? Vous avez l'air mal.
Qu'y a-t-il ?
Asseyez-vous. Je vous verse un verre.
Que s'est-il passé ?
Ce n'est pas trop *** ?
- Non.
- Désolé.
Ce n'est pas trop ***. Non.
- J'ignore l'heure qu'il est.
- Qu'y a-t-il ?
Que peignez-vous ? C'est moi ?
Oui. C'est vous.
Vous voyez ?
Il y a des serpents en Islande ?
Des serpents ? Je ne crois pas.
Vous avez peur des serpents ?
Je n'en sais rien.
Je n'en ai pas vu de près.
Ils me filent une peur bleue.
- Je vous le remplis.
- Je ne bois pas d'habitude.
Quelque chose est arrivé ce soir.
Oui, mais...
Il y a autre chose
que je dois vous dire.
Ce n'est pas facile pour moi.
Oui ?
Et si je retournais à mon travail,
et que vous me parliez
quand vous en avez envie ?
Je suis passé très près de la mort.
Je ne pouvais penser qu'à vous.
Je ne vous connais même pas.
Vous m'êtes venue à l'esprit,
et je ne pouvais...
Je ne pouvais penser à rien d'autre.
Le premier soir
où on s'est parlé au téléphone ?
Je me tenais derrière ces fenêtres.
Je vous regardais et...
C'était si excitant,
si nouveau et
étrange.
Je ne peux vous chasser de mon esprit.
Vous me faites l'amour ?
Oui, je suppose que oui.
Je suppose que oui.
Je veux vous faire l'amour.
C'est trop tôt.
C'est trop tôt, n'est-ce pas ?
Bizarre comment les choses se passent.
David était là,
puis il est parti.
Vous êtes arrivé.
C'est peut-être la circonstance,
mais je crois
que j'irai n'importe où avec vous,
si vous le demandez.
On ne peut pas presser les choses.
On ne peut pas plus les presser
que les arrêter.
Vous feriez mieux de partir.
Je crois que je vais pleurer.
Vous feriez mieux de partir, vite.
Je suis désolé.
Non, ne le soyez pas.
Rentrez chez vous
et dormez un peu,
et appelez-moi.
Demain.
Invitez-moi à un vrai rendez-vous.
J'aimerais bien.
Jan ?
- Jan !
- Oui ?
Appelez Larry Levy.
- Il n'est pas arrivé.
- Essayez sa voiture.
Il n'est pas chez Fox ?
Avant. Plus maintenant.
Je lui ai proposé un truc
il y a quelques mois. Il a détesté.
- Oui, Griffin.
- Oui.
J'ai là Tom Oakley
et Andy Civella.
Je ne te dérangerais pas
sans être sûr
que tu dois les entendre.
- Salut, les gars.
- Salut, Larry.
L'autre voix que tu entendras
aura un accent anglais.
Tom Oakley. Je suis Andy Civella.
Salut, Andy. Je connais Tom.
Ça va, Tom ?
Très bien, Larry. Et toi ?
Bien. C'est quoi ton film ?
On ouvre devant San Quentin.
Il fait nuit.
Il pleut.
Une limousine traverse le portail,
dépasse le groupe des manifestants
qui tiennent des chandelles
qui brillent sous les parapluies.
On dirait des lanternes japonaises.
Une manifestante, une femme noire,
se lance devant la limousine.
Ses yeux plongent
dans ceux du seul passager.
Le moment entre eux est
dévastateur, incroyablement puissant.
Pas de stars, de Schwarzenegger,
de fin hollywoodienne,
de poursuites en voitures.
Il s'agit d'une tragédie américaine
où meurt une femme innocente.
Car cela arrive. C'est la réalité.
Enlève le haut-parleur, Griffin.
Oui ?
Je sais pas. L'intrigue est en béton,
mais ce baratin de "pas de stars" ?
Un petit tuyau, Larry. Levison
a pris les rênes pour deux films.
Ils ont fait 300 millions,
sans stars.
Il va adorer l'idée.
Ça lui rappellera sa jeunesse.
Son ancienne devise ?
Pas de stars, juste du talent.
D'autres sont sur ce coup ?
Je ne crois pas. Non.
On devrait signer.
Demain peut être trop ***.
On parle à Levison ?
Oui, je l'appelle.
Quand rentreras-tu ?
- Après les Alcooliques Anonymes.
- Larry !
J'ignorais que tu avais
un problème d'alcool.
Eh bien,
pas vraiment, mais c'est là qu'on fait
les affaires, de nos jours. À plus.
Tom, c'était une sacrée présentation.
Bien joué. Tu as convaincu Larry.
Super. Quand le saura-t-on ?
Rentrez chez vous,
mettez du champagne au frais.
J'aurai la réponse ce soir.
- Jan, entrez.
- Vos voies sont mystérieuses,
- mais ça me plaît. Ça me plaît.
- Bon.
Levy a compris ? Pas de stars ?
Oui, ça l'a particulièrement
intéressé.
- Pas de fin hollywoodienne ?
- C'est ça.
Ils ont l'air contents.
Ils ont une idée à la con
sans aucun 2e acte.
Si je ne l'avais pas entendue,
je ne l'aurais pas crue.
Larry Levy a aimé
parce que c'est une tête de nœud.
Levy va convaincre Levison,
et je laisserai à Levison
l'idée de génie
que Larry
me retire ce projet.
Vous feriez ça ?
C'est que Levison a hâte
de se mettre avec Levy.
Cette idée merdique
va leur sauter à la gueule.
J'interviendrai pour sauver la mise.
- Il score.
- Oui !
Trois points.
Un tir superbe.
Elle reçoit l'extrême onction.
Il découvre que le mari
a mis en scène sa mort.
Elle est innocente. Il fonce
dans la prison. Trop ***.
Le gaz a été lâché. Elle est morte.
Il a fait tuer la femme qu'il aime.
- Qui sont les stars ?
- Pas de stars, juste du talent.
Pas de stars ?
La fin est à la con. Déprimante.
Ça filera le cafard au public.
Déprimant ? Joel,
et Tendres Passions ?
Love Story ? Potins de femmes ?
E. T. a fait combien, Marty ?
Trois cent dix-neuf millions.
Tout le public était en larmes.
- Déprimant ? Non.
- Oui, mais...
D'habitude, je suis d'accord,
mais c'est différent.
Il s'agit de prendre un risque.
De lancer les dés.
Si le sept tombe, bingo !
C'est un Oscar.
- Ils baisent ?
- Qui ?
Le procureur et la femme.
Ils baisent ?
Avec ces cellules, ces chambres à gaz,
il nous faut du sexe dans le film.
Bien sûr.
On en aura. Pas de problème.
Bon. Qui va surveiller ce truc ?
Larry, le sujet te branche.
Tu veux t'en occuper ?
Le projet a été trouvé par Griffin.
- Bonnie.
- Je ne veux pas marcher
sur les plates-bandes
de Griffin si c'est son projet.
- On doit écrire...
- Bonnie, c'est à moi de décider.
Ça me convient.
Je suis débordé, d'ailleurs.
Larry, il est à toi.
Vise dans le mille.
Gagne un Oscar pour l'équipe.
- J'ai autre chose pour toi.
- Oui ?
- New York, demain.
- Oui ?
Le livre de Tom Wolfe
au Sherry-Netherlands.
- Fais une offre.
- Envoie Bonnie.
Si c'est un film,
qu'elle offre un million.
- Moi ?
- Un million ? C'est élevé, non ?
- C'est Tom Wolfe. Pourquoi pas ?
- Oui ?
Je suis rédactrice,
pas vice-présidente.
- Tu ne veux pas le devenir ?
- Bonnie. Fais tes valises.
- Félicitations.
- Oui ?
Je n'avais jamais entendu
un exposé si bon.
- Tu peux refuser la responsabilité.
- Non, j'irai.
Je veux être de votre troupe.
Je suis ravi que vous en soyez.
- Merci du soutien.
- Bonnie va partir. Moi, je suis là.
Whitney, viens !
Frank, Marty. Vous entrez ?
- Un mot ?
- J'ai une réunion.
- Que se passe-t-il ?
- Comment ça ?
Tu files comme ça
ton projet à Larry Levy ?
Je pensais que Larry avait
une bonne saisie
- du style du film.
- La seule chose que Levy
saisisse est sa bite.
Et tu le sais.
Je ne peux pas tout faire.
Si Larry peut faire ce film,
autant l'utiliser.
- On y gagne tous.
- Tu me mens ?
- Je ne te mens pas.
- Si. Griffin, je te connais.
Je te connais.
Tu me fais marcher...
- Habeas Corpus, Griffin.
- Habeas Corpus.
Habeas Corpus.
Tu me fais marcher
comme un de tes auteurs.
Tu fais que Levison m'y envoie ?
C'est quoi, ça ?
- Pour te débarrasser de moi ?
- Moi, de toi ?
J'essaie de t'aider.
Tu cartonnes à New York,
Levison doit te faire vice-présidente.
Bonnie, ça ne va pas ?
Tu as peur du succès ?
- Tu en vois une autre ?
- C'est de ça qu'il s'agit ?
- Pas que ça.
- Mince !
C'est plein de choses.
Ta manière d'agir.
Il se passe un truc.
Je veux savoir quoi.
- C'est pas vrai.
- Tu ne...
Tu ne me regardes pas
quand tu me parles.
Regarde-moi droit dans les yeux,
et dis-le-moi.
Pas de baratin. Il y en a une autre ?
Non.
Bon voyage.
La une de ce soir est occupée
par la lettre G, préférée à Hollywood.
Le plus glorieux gala glamour
de la ville.
C'est le bottin mondain des stars.
Pas besoin de pièce d'identité. Les noms
suffisent.
Leeza Gibbons, en direct.
Et si on tirait un coup
de canon sur Sunset Boulevard,
on ne blesserait aucune célébrité.
Car toutes sont ici,
à se côtoyer, à faire de grands
discours dans cette salle.
Les novateurs, les fonceurs.
Dans les coulisses et à l'écran.
Il n'y a que Cher
pour porter un rouge flamboyant
alors que l'invitation
reçue par ces élus
réclame le noir et blanc.
- Bonsoir.
- Bonsoir, Teri. Très heureux.
- June Gudmundsdottir.
- Bonsoir.
- Teri Garr. Buck Henry.
- Bonsoir.
L'occasion, ce soir,
est aussi importante
que la présence des stars.
Le studio célèbre pour le slogan
"Le cinéma, plus que jamais",
fait don au musée de 25 films
classiques en noir et blanc.
Ils pourront donc dire : "Le cinéma,
plus que jamais, pour toujours."
Merci.
Il est merveilleux de voir
tant de visages connus, amicaux.
Vous le savez, le Musée d'art de L.A.
Nous est particulièrement cher.
Surtout leur section ciné...
Leur section de cinéma.
On est ravis de pouvoir
faire cette donation.
Je voudrais maintenant présenter
l'homme à l'origine de cette idée.
Griffin Mill. S'il te plaît.
Merci, Joel.
Un autre verre pour toi.
J'aimerais présenter mes remerciements
aux bienfaiteurs
du Musée de Los Angeles.
Vous avez depuis longtemps
considéré l'art du cinéma
comme une forme artistique sérieuse
et importante pour la communauté.
Bien des gens dans ce pays,
à travers le monde,
considèrent depuis trop longtemps
que le cinéma est un spectacle populaire
plus qu'un art sérieux.
Je crains que la grande majorité
de la presse soutiennent cette attitude.
On veut des films
qui puissent durer.
On veut les films
des nouveaux John Huston,
Orson Welles, Frank Capra.
Nous, et les autres studios, avons
la responsabilité envers le public
de préserver l'art du cinéma.
C'est notre mandat principal.
Le cinéma est un art,
maintenant, plus que jamais.
Merci.
Griffin, un sacré boulot.
Je n'aurais pas fait mieux.
Je saurai vite toutes vos répliques.
- On s'amuse bien ?
- Moi, beaucoup.
L'ennemi des scénaristes
Je te rappellerai !
Oui.
Moi aussi.
C'est l'ami d'un ami ?
- Pardon.
- Votre rencontre ?
Notre rencontre ?
À un enterrement. Oui.
- C'est vrai ? Un enterrement ?
- Oui. Excusez-nous.
Steve. Steve, il est avec la fille de qui ?
Sérieusement, je...
- Avec son cousin.
- Elle lui ressemble.
Il a dit que c'était
la fille de quelqu'un.
- La fille de qui ?
- Non. Je n'en sais rien.
- Ne fais pas une scène.
- Tu t'y prends mal.
C'est parti.
C'était bien.
C'est ce que j'appelle un vrai rendez-vous.
Je peux entrer ?
Eh bien...
- Eh bien...
- Pas ce soir.
- Non, pas ce soir.
- Mais bientôt.
Très bientôt.
- Et le Mexique ?
- Le Mexique ?
En terrain neutre. Acapulco.
Je n'y suis jamais allée.
On ira.
- C'est ce qu'on fait ?
- Tout à fait.
- Alors, faisons-le.
- On ira ce week-end.
C'est vrai ?
- Il me faut un passeport ?
- Oui.
M. Mill, inspecteur DeLongpre,
Police de Pasadena.
Oui, je vous reconnais.
Vous vous êtes bien amusé,
hier soir ?
Non. Je ne suis pas censé
m'amuser pendant mon travail.
Bon. Que voulez-vous,
inspecteur DeLongpre ?
- Que vous veniez au poste.
- Pourquoi ?
- Pour voir des photos.
- Des photos ?
Des photos du fichier.
Comme dans les films.
Des photos du fichier. D'accord.
- Suivez-moi à Pasadena.
- À Pasadena.
- À Pasadena.
- Bon.
Attachez votre ceinture de sécurité.
- Allons-y.
- Non !
- Lâchez-la !
- Silence.
- Je veux mon bébé.
- Où est son bébé ?
- Lâchez-moi !
- Non.
- M. Mill.
- Comment allez-vous ?
Ravie de vous revoir.
C'est M. Mill.
- Ravi de vous revoir.
- Il fait des films. Asseyez-vous.
Où va-t-il, bordel ?
Excusez-moi. M. Mill.
Pas ici.
Le bureau du lieutenant.
- Asseyez-vous. Ici.
- Pardon.
Bon.
Willa.
- Tu pourrais ?
- Pardon.
Ton bureau. Merci.
Asseyez-vous, M. Mill.
Avant de commencer, je voudrais...
Paul est allé voir un film hier.
Il en était enchanté.
Comment ça s'appelle ?
La femme devient un poulet
à la fin. C'était quoi ?
- La Monstrueuse parade.
- Oui.
- Vous l'avez vu ?
- Tod Browning. Oui.
"Elle est des nôtres.
Elle est des nôtres."
Il répétait ça.
Il n'arrêtait pas.
Il a adoré. J'ai trouvé ça passionnant.
Willa. Excusez-moi.
Tu n'as pas vu les tampons
qui étaient là ?
- Je ne les trouve pas.
- Je ne les ai pas pris.
Qui les a pris ? Lui ?
- J'en sais rien. Pas moi.
- Qui ?
- Pas moi.
- Vous voyez un peu ? Zut !
Une piste dans l'affaire ?
Pourquoi dites-vous ça ?
Sinon, pourquoi
m'auriez-vous fait venir ici ?
Pourquoi, c'est sûr.
Paul.
Paul, pourquoi on a fait venir
M. Mill, aujourd'hui ?
- Pour regarder des photos.
- Willa.
Les photos ?
Si vous vous en souvenez,
que portiez-vous ce soir-là ?
Je portais un costume croisé,
je crois.
Ça ira. Qu'y a-t-il ?
- M. Mill, vous êtes nerveux.
- Je le ramasse.
Non. Elle est là pour ça.
C'est bon. Asseyez-vous.
- Pardon.
- Pas de problème.
Bon.
Regardez ces messieurs.
- Où étaient-ils ?
- Ici.
Elle les a trouvés. Tu as raison.
Attends un peu. Non.
Ce sont pas les miens.
Ceux-ci sont minces.
C'est à toi.
Oui, les vôtres sont géants.
J'utilise les géants.
Ceux-ci ne sont pas à moi.
En plus, je t'aide.
Vous avez vu ce type
le soir du meurtre ?
Pardon.
Non. Vous me mettez
dans une position terrible.
Je ne veux pas faire
arrêter un innocent.
On est à Pasadena.
On n'arrête pas les innocents.
À L.A., oui. Ils vous cognent,
et après, ils vous arrêtent.
Nous, on fait pas ça.
Vous vous rappelez ?
Il s'appelait comment ?
On l'a filmé.
- King.
- Oui, King.
C'était un innocent.
- Vous avez un témoin ?
- Je ne peux pas répondre.
Soit vous en avez un, soit ce sont
des suspects d'affaires semblables.
M. Mill, vous avez fait
l'école de la police ?
Non. On fait un film qui s'appelle
La Pièce isolée. Scott Glenn joue
- un inspecteur comme vous.
- Une femme noire ?
- Non.
- Pas de dinde.
- Avec Lily Tomlin Je connais.
- Ma comparaison n'était pas
basée sur la race, le genre.
En parlant de ça,
vous êtes sorti avec June...
Elle s'appelle comment ?
Gudmundsdottir.
Quoi ? Comment ça s'écrit ?
G-U-D-M-U-N-D-S-D-O-T-T-l-R.
C'était utile.
Vous êtes sorti avec June...
- Gudmundsdottir.
- Oui. Elle.
- Hier soir ?
- Oui.
Vous la connaissez
depuis longtemps ?
Non, je lui ai parlé
la nuit où Kahane a été tué.
- Et pas avant ça ?
- Non.
On s'est parlé au téléphone.
On a parlé,
et ça s'est enchaîné ainsi.
Vous la baisez ?
- C'est quoi, cette question ?
- Directe. Vous l'avez baisée ?
Je n'y répondrai pas
sans un avocat présent.
Et même alors,
je n'y répondrai pas.
Demandez à votre ami.
Il me suit partout.
- Il doit le savoir.
- Bon.
Paul, M. Mill a-t-il
baisé June Hudmuuhunta ?
Je ne l'ai pas vu.
- Vous vous en tirez bien.
- Qu'insinuez-vous ?
Je pose une question directe.
Vous l'avez baisée ?
Je n'y répondrai pas
sans un avocat.
- Pourquoi vous vous énervez ainsi ?
- Vous êtes grossière.
Alors, pardon.
C'est un peu tôt pour qu'elle batifole
dans les rues avec vous.
Je suis son ami, Mlle Avery.
Appelez-la donc.
Elle vous dira l'horreur qu'elle a vécu
et comment on est devenus amis.
On est en Iran, bordel ?
L'État exige combien de temps
et avec qui on doit porter le deuil ?
Ou vous exigez que June Gudmundsdottir
obéisse à des règles de conduite
réservées aux femmes ?
De qui vous vous foutez ?
C'est que...
- Je veux un avocat.
- C'est trop.
- "Elle est des nôtres."
- Il peut pas dire le nom !
"Elle est des nôtres. Des nôtres."
Faut que tu te trouves
un bon avocat.
J'ai pris un verre avec lui, Walter.
C'est tout.
Si tu y es allé avec l'intention
de tuer, c'est la chambre à gaz.
J'y suis allé avec l'intention de l'engager.
C'est ce que tu dis.
- Les frères Schecter sont là.
- Griffin.
Griffin. Ne nous fais pas attendre.
Qui est-ce ?
- L'agent de voyage a confirmé.
- Il m'a pris le téléphone.
- L'agent de voyage ?
- Je vais à Puerto Vallarta.
- Tu quittes le pays ?
- Pour le week-end.
C'est un risque.
Pourquoi ?
Car Larry Levy peut
envahir mon bureau en 3 jours.
- C'est ce que pense Walter.
- Vous savez quelque chose ?
Tu es fortiche.
Je dors bien.
- Tu devrais diriger un studio.
- Parles-en.
Walter, ce fut super.
Griffin. On en a marre
de tout proposer.
On veut un contrat d'exclusivité.
Nos 3 films ont fait combien ?
- 105 millions.
- D'autres font mieux.
On ne dépasse pas le budget.
- Il n'écoute pas. Essayons Columbia.
- On y est allés.
Oui. Qu'ont-ils dit ?
- Bonnie.
- Salut, Bon.
J'ai eu le livre de Tom Wolfe.
Félicitations.
Fais qu'il nous offre un contrat.
On veut un toit.
On est fatigués de toujours démarcher.
Je croyais que ça vous plaisait.
On a changé d'avis.
Je vous rappellerai.
Levison a dit
que tu partais demain.
Pour le week-end.
Tu y vas avec quelqu'un
qui s'appelle June Machin ?
Oui.
Tu l'as amenée là où il y avait
des centaines de mes plus proches amis.
Une veuve récente.
Tu n'étais pas là. Je l'ai invitée.
Et tu l'emmènes
au Mexique pour le week-end.
Filons vite.
Mama et papa se disputent.
Que votre avocat m'appelle.
- Vous avez un contrat.
- Oui !
Filons avant qu'il change d'avis.
On a des témoins.
Bon voyage.
"M" LE PIRE DES CRIMES !
La zone blanche est réservée
à la descente des passagers.
Stationnement interdit.
Interdiction de laisser son véhicule.
Respectez les consignes de sécurité.
Tous les véhicules
seront immédiatement remorqués.
Pour votre sécurité...
- Tu as ton passeport ?
- Oui.
Tu sais un truc marrant ?
J'ai oublié le mien.
- Il faut retourner.
- C'est trop bête.
- On va louper l'avion.
- Pas d'autre aujourd'hui.
C'est pas vrai !
Ça ira.
J'ai une meilleure idée.
- Et le désert ?
- Je n'y suis jamais allée.
Tu ne connais pas ?
Je connais une cachette
à Desert Hot Springs.
On y va. C'est à deux heures.
Je connais les gens. Je les appelle.
On se cache ?
Oui. On se cache.
On se cache de tout le monde.
Tu aimeras.
Ça te rappellera l'Islande.
Bonsoir, M. M. Tout est réservé.
Villa Capone. Vous savez où c'est.
- Oui. Merci, Walter.
- Pas de quoi.
UN SEUL VÉHICULE
À LA FOIS
Regarde.
L'eau est fumante.
Elle sort de terre ainsi.
Il n'y a pas beaucoup de monde.
Tout est réservé, en fait.
Il y a 50 chambres, 100 personnes.
Où sont-elles ?
Elles se cachent.
Monsieur ?
Deux eaux de source Banning.
Tout de suite, M. M.
Ce genre d'endroits existe vraiment ?
Seulement dans les films.
Parle-moi des films que tu fais.
Pourquoi ?
Je veux savoir ce que tu fais.
J'écoute des histoires et je décide
si ça ferait un bon film ou pas.
Je reçois 125 appels par jour.
Et si je n'en ai que 100,
c'est que je fais mal mon boulot.
Tous ceux qui appellent
ne veulent qu'une chose.
Que je leur dise oui
et que je fasse leur film.
Si je dis : "Oui, je le fais",
ils pensent qu'en un an,
ce sera eux et Jack Nicholson
sur les pistes d'Aspen.
C'est ce qu'ils pensent.
Le problème est que
je peux dire oui... Mon studio
peut dire oui 12 fois par an.
Et tous, on écoute près
de 50000 histoires par an.
Alors, c'est dur.
Parfois, je ne suis pas sympa,
et je me fais des ennemis.
C'est ce que j'étais pour David.
Un ennemi.
Son film était un des 12 ?
Non.
Pourquoi ?
Il lui manquait certains éléments
nécessaires pour le succès.
Quels éléments ?
Du suspense, du rire, de la violence.
De l'espoir, du cœur.
De la nudité, du sexe.
Une fin heureuse.
Surtout la fin heureuse.
Et la réalité ?
Tu ne viens pas d'Islande ?
J'ai dit ça ?
Mets-moi dans la source
chaude pour voir si je fonds.
Je t'aime.
Je sais.
Je veux que tu saches une chose.
- Je t'aime. Je le sais.
- Je dois te le dire.
C'est tout ce qu'il me faut.
Rien ne peut changer ça.
June.
- La mort de David.
- Non.
C'est le passé.
Non. C'est une autre vie.
Je dois te le dire.
Il faut que tu le saches.
Non. Ne parle plus. Non.
- J'étais responsable.
- Je t'aime.
- C'était de ma faute.
- Ne dis rien...
Arrête. Arrête. Je t'aime.
M. M ?
M. M, pardon de vous déranger.
Un appel
qui semble important.
- De qui ?
- Un certain *** Mellen.
Il dit être votre avocat.
Comment m'as-tu trouvé ?
Allons, Griff. À qui crois-tu parler ?
Oui. Que se passe-t-il ?
- Levison est viré.
- Viré ?
Il a six heures
pour nettoyer son bureau.
- Le remplaçant ?
- Ça n'a pas été décidé.
On sait que Reggie Goldman
est rentré avec une chtouille.
- Suis-je en position de...
- Je ne veux pas parler du studio.
Pourquoi tu ne m'as parlé
de l'affaire Kahane ?
Kahane.
J'ai essayé, ***, mais...
Tu n'as pas bien essayé.
Sois au poste de police
de Pasadena dans 4 heures.
À Pasadena ? Pourquoi ?
Une connerie d'alignement.
Ils ont un témoin.
Je t'ai trouvé un type.
Il s'appelle Gar Girard.
Un as du droit criminel.
Il est dur, intraitable.
Tu ne parles à personne d'autre.
Vas-y tout de suite.
- J'y serai.
- Griffin, ça va être dur.
Bonne chance.
Merci.
M. Mill, le studio s'inquiète
de la publicité que ça peut créer.
Je m'occupe de la presse,
la police, le juge, le témoin.
M. Mill. Merci d'être venu
sans protester.
C'est votre intérêt.
Vous dormez avec ce costume ?
Éloignez-vous d'elle.
C'est l'ennemie.
- Suivez-moi.
- Susan, merci pour le Mint.
Vous vous en souvenez !
M. Mill, Gar Girard.
Je vous représente.
*** Mellen m'a appelé.
Voilà la situation.
Ils ont un témoin.
Vous serez dans l'alignement.
Si on refuse, ils vous arrêtent.
Si on vous identifie,
je vous libère sous caution.
Le témoin habite
de l'autre côté du parking.
Même si elle fait
une identification positive,
il faisait très noir, ce soir-là.
Quand j'en aurai fini avec elle,
le monde aura une nouvelle
norme légale pour la cécité.
C'est comme à la télévision.
Excusez-moi, Susan. Bonne chance.
Vous pouvez les voir.
Eux ne peuvent pas vous voir.
- Bien.
- Dites la vérité.
Je le ferai. Je l'ai vu clairement.
Ce n'est pas un problème.
Bon, Allen. Vas-y.
Numéro 1, avancez.
Faites un quart de tour à droite.
- Des lunettes de vue ?
- Vous ne pouvez pas.
- Bon.
- C'est très dur.
- Oui. Je sais.
- Numéro 2, un pas en avant.
- Je ne veux pas choisir le mauvais.
- Surtout pas.
Prenez votre temps.
Je sais.
L'un d'eux vous semble familier ?
Faites un quart de tour à gauche.
- Tournez-vous.
- Prenez votre temps.
Retournez en position.
Numéro 3, un pas.
- Ce n'est pas facile.
- Je sais bien.
- Ça ne l'est jamais.
- J'essaie.
Oui. Prenez votre temps.
- Je l'ai vu clairement.
- Tournez-vous.
Faites un quart de tour à gauche.
- Reculez...
- Non. Je ne sais pas.
- Eh bien.
- Concentrez-vous.
- Regardez-les bien.
- Non. Je l'ai fait. Je le fais.
Je peux revoir
- le numéro 3 ?
- Appelez le numéro 3.
- Attendez un peu.
- Puis-je...
- Elle peut dire son numéro ?
- Excusez-moi.
- Elle veut peut-être le revoir.
- Numéro 5, faites un pas en avant.
- Écoutez...
- Excusez-moi.
Numéro 5.
Susan, elle peut demander
celui qui l'intéresse.
- Vous avez raison.
- Non, l'autre.
- Celui-là.
- Le numéro 5.
- Par son numéro.
- Lequel ?
- Pas le numéro 6.
- Pas le numéro 6.
- Et le numéro 5 ?
- Trois.
- Trois.
- Comment ça, le numéro 3 ?
- Elle peut le demander.
- Une petite seconde.
Vous voulez quel numéro ?
Lui ! C'est lui.
Je le jure sur la tombe de ma mère.
Numéro 3.
C'est concluant, Mlle Avery.
- Le numéro 3.
- Le numéro 3.
- Sur sa tombe.
- Oui.
- Le numéro 3 ?
- Je crois qu'on l'a entendu.
- Oui, je le crois aussi.
- Doug, fais-les sortir.
- Numéro 3, merci.
- Du calme. Vous êtes assise.
- Une chose personnelle ?
- Oui.
Où votre mère est-elle enterrée ?
- On s'en va.
- On sort de ce sauna.
J'ignore qui a parlé à ce témoin,
mais elle a bouclé mon affaire.
- Vous avez du bol.
- Mince ! Pas de rampe.
On ne peut pas se fier aux témoins.
Témoins à charge,
Marlene Dietrich, Tyrone Power ?
Vous êtes libre.
Pas de témoin, pas de crime.
Cette Avery croit que
tu as échappé à la justice.
Tout le monde le croit, M. Mill.
Un an plus ***
Notre Père, qui es aux cieux,
bénis sois-Tu.
Que Ton royaume se fasse,
sur la Terre comme aux cieux.
Donne-nous notre pain quotidien,
et pardonne nos péchés...
Tu as fait un superbe film.
Il est parfait.
C'est l'heure de l'Oscar, Larry.
- Quoi ?
- C'est trop ***. Vite.
Il faut que j'ouvre.
Vite.
- Hé !
- Reculez !
Tu es en retard.
Les embouteillages, ça craint.
C'est merveilleux.
- Le public va adorer.
- Tu l'as trahi.
Tu l'as laissé te trahir ?
Et la vérité ? Et la réalité ?
Et le test de l'ancienne fin
à Canoga Park ?
Le public a détesté.
On l'a refaite. Tout le monde adore.
Ça, c'est la réalité.
Votre fin faisait vraie.
Vous l'avez éliminée.
Qui est-ce ? Elle connaît
le monde des adultes ?
Bonnie ! Bon Dieu. Bon Dieu.
Ça va faire un tabac.
On est là pour ça.
Ça n'avait pas à finir ainsi.
- Je veux que tu partes.
- Bien dit, Larry.
J'irai voir ton supérieur, Larry.
Bonnie, tu es virée.
Va te faire foutre.
La grossièreté n'ajoute rien
à notre boulot.
La campagne.
Deux points.
Celia, c'est important.
Je dois lui parler.
- Bonnie. Il est occupé.
- Je t'en prie.
- Non.
- C'est moi, Bonnie.
- On est amies.
- Tu ne comprends pas.
- Je suis aussi mon boulot.
- Je t'en prie.
Chérie. D'accord.
Je vais essayer.
Trois points.
- Superbe tir.
- Walter, arrêtez ces bêtises.
Griffin, c'est Bonnie.
Elle est là.
Superbe tir.
Levy l'a virée ?
Oui, monsieur. Il a dû le faire.
Je ne peux pas la voir maintenant.
J'ai promis de rentrer tôt.
Je la rappellerai.
Walter, retire ton pied
de ce putain de canapé.
Allez le lui dire.
- Ne quittez pas.
- Griffin. Griffin.
Il faut que je te parle.
- Je t'en prie !
- C'est important.
- Griffin, on peut parler ?
- Tu t'en sortiras. Je le sais.
- Larry Levy. C'est important.
- Tu survivras.
Mettez-le sur le siège avant.
Dans une minute,
passez-le dans la voiture.
Le cinéma,
maintenant plus que jamais !
- Oui ?
- Griffin, Larry Levy est en ligne.
Larry, la projection ?
Comment était ma fin ?
Merveilleuse.
Ça a marché du tonnerre.
- C'est pour ça que t'es le chef.
- Arrête avec la lèche, Larry.
- Ça ne peut pas attendre ?
- Je ne crois pas.
J'ai un auteur que tu dois écouter.
On devrait le faire. Une superbe idée.
- Il s'appelle comment ?
- Je le mets sur haut-parleur.
Tu te souviens de moi ?
Je suis le connard
qui faisait des cartes.
- Toi ?
- Oui, c'est ça.
Le roi du suspense.
Tu te souviens de moi ?
Tu ne t'es plus manifesté.
J'étais occupé à écrire un scénario.
- J'étais inspiré.
- Dis-le-lui.
Tu vas adorer, Griffin. C'est super.
Une histoire hollywoodienne, Griff.
Un suspense.
Un producteur de merde,
un directeur de studio,
qui tue un auteur
qu'il soupçonne de le harceler.
Mais c'est le mauvais auteur.
Il doit affronter alors le chantage
en plus des flics.
Mais le truc,
c'est que l'enfoiré s'en tire.
VOIE PRIVÉE
SANS ISSUE
Larry, retire
le haut-parleur, tu veux ?
Bien sûr. C'est un gros coup,
Griffin. Un gros coup.
- Il s'en tire ?
- Tout à fait.
Une fin hollywoodienne, Griff.
Il épouse la nana du mort
- et ils vivent heureux.
- Tu garanties cette fin ?
- Si le prix est bon, oui.
- Si tu garanties cette fin,
- c'est signé.
- Je la garantie, Griff.
- Comment tu appelles ton truc ?
- The Player.
The Player.
Ça me plaît.
Tu es en retard.
Les embouteillages, ça craint.
[FRENCH]