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LE JOUR DE L'A RMlSTlCE !
C'EST FlNl
LEUR JOUR
DE GLOlRE
Qui est l'idiot sur le cheval ?
Sans doute quelqu'un
qui veut se faire remarquer.
ll réussira.
ll va finir par se faire tuer.
My Early Life,
par Winston Spencer Churchill.
Le 1 6 septembre 1 89 7,
à l'âge de 22 ans,
j'ai pris part à une expédition punitive
avec la Malakand Field Force
au nord-ouest de la frontière indienne.
On peut dire que je m'étais arrangé
pour participer à cette expédition.
Le 5 août 1 89 7.
Une lettre
pour le général Bindon Blood .:
"Monsieur, j'espère ne pas abuser
en v ous rappelant
que v ous m'aviez promis
que lors de v otre prochaine campagne,
v ous me trouveriez un poste. "
"Très difficile, on est complets.
Venez en tant que correspondant.
On essayera
de v ous trouver une place. Blood. "
Lequel de ces galants hommes
me conduira
vers quelque chose d'excitant,
une aventure que je peux rapporter ?
Cette colonne ? Ou celle-ci ?
C'est une loterie, n'est-ce pas ?
Juste de la chance.
Bon Sieu, j'espère être chanceux,
aujourd'hui.
Ce qui est drôle, c'est que
je n'avais jamais v oulu être soldat.
Non. La politique, le parlement
sont ma passion.
Mais comment y arriver ?
Je n'ai aucune réputation,
pas de famille dans le gouvernement.
Mais surtout, pas d'argent.
L 'argent. Ma chère mère
m'a bien souvent écrit à ce sujet .:
"Vraiment, Winston,
tu es irresponsable avec l'argent.
Je vais env oyer à cet homme
les 1 1 livres qu'il réclame,
mais pourquoi fais-tu des chèques
sans argent à la banque ?
Tu sais qu'en Amérique, c'est illégal.
Ils condamnent les gens
à de longues peines de prison pour ça.
Mon chéri, fais bien attention à toi.
Et écris-moi souvent.
Ne prends pas de risques inutiles.
Ta mère qui t'aime tant,
Jennie Randolph Churchill. "
Qui est l'idiot sur le cheval ?
Je ne saurais dire.
Sans doute quelqu'un
qui veut se faire remarquer.
ll réussira.
ll va finir par se faire tuer.
Monsieur !
Lieutenant Churchill.
Le 4e hussards.
Je suis ici en tant que correspondant
pour le Pioneer et le Saily Telegraph.
Si vous allez dans ce village,
est-ce que je peux vous accompagner ?
Churchill, le 4e hussards.
On n'aime pas trop les correspondants.
Ni les chevaux blancs.
Où l'avez-vous trouvé ?
A une vente aux enchères,
à Malakand.
- Le propriétaire précédent est mort ?
- Je crois, oui.
Ça ne vous a rien appris ?
Pardon ?
Venez si vous voulez,
mais gardez vos distances.
Merci beaucoup, monsieur.
Autre chose.
On essaye de ramener nos blessés.
Ces types peuvent être très méchants.
Mais comme vous n'êtes
qu'un spectateur, je ne garantis rien.
Oui, monsieur.
Merci beaucoup, monsieur.
En fait, je ne suis pas courageux.
Je me suis souvent considéré lâche,
surtout à l'école.
Mais si je pouvais acquérir
une réputation d'homme courageux,
si je pouvais être mentionné
dans les dépêches,
ça aiderait mes débuts
dans la politique.
En gros, il me faut des médailles.
Beaucoup de médailles.
J'ai tant à apprendre,
et si peu de temps.
Je dois lire tous les livres
que j'aurais déjà dû lire.
Je dois devenir ma propre université.
Et je dois surmonter mon défaut
d'élocution quand je parle en public.
Les vaisseaux espagnols que
je ne peux dichtin... distinguer.
Car ils sont hors de sue... vue.
Bon sang !
Avancez !
Tout le monde est parti, monsieur ?
lls sont tous partis, monsieur.
Très bien.
- Continuez.
- Continuez.
Groupe trois, suivez-moi.
Vous rendez-v ous compte ?
Tout cela pour rien.
Quelle malchance.
Bien. Rentrons, maintenant.
Gardez une douzaine d'hommes
et couvrez-nous.
- Puis on vous couvre.
- Bien.
Venez, M. Cartlidge, on rentre.
Très bien, monsieur.
Allons-y. Détruisez-les.
Général de corps d'armée,
venez avec moi.
Ce n'est pas si mal.
Je pourrais écrire 200 à 300 mots.
A l'abri. A l'abri !
Willy ! Venez, ne restez pas là.
Venez ! On vous couvre !
Battez en retraite ! Battez en retraite !
Sahib, lâchez-moi.
Oh, sahib, vous me faites mal.
Lâchez-moi.
Je vous en supplie.
Venez, espèce d'idiot.
Ne restez pas là !
Ne restez pas là !
"Et en conclusion,
le général sur le terrain
aimerait mentionner et applaudir
le courage du lieutenant
W. L. S. Churchill,
qui s'est rendu utile
à un moment critique. "
Sur ce, je me suis assis
et j'ai écrit un livre.
Et les critiques littéraires
furent pleins d'égards envers moi.
"Si le général Kitchener
trouve le temps
de lire le livre de M. Winston Churchill,
The Malakand Field Force,
on ne peut qu'imaginer
la réaction du fameux guerrier.
Ce premier livre est excellent.
Peut-être que son titre aurait dû être .:
Quelques conseils utiles
d'un jeune lieutenant aux généraux."
Dépêchez-vous, le train va partir.
Je n'ai jamais su pourquoi
on m'a toujours accusé
d'être en retard.
Il est vrai que tout au long de ma vie,
on m'a accusé
de choses épouvantables.
J'ai peut-être expié ces péchés,
réels ou imaginaires, à l'avance,
car à l'âge de 7 ans,
j'ai été chassé de ma maison.
On m'env oyait à l'école.
J'ai quitté tous ceux
qui m'étaient chers,
surtout ma nurse, Mme Everest.
Au revoir, Winnie.
Elle m'avait gardé et comblé,
alors que moi, je lui racontais
tous mes malheurs.
Je ne sais plus pourquoi,
mais je l'appelais "Womany" .
Je crois que c'est elle qui m'a manqué
le plus, quand je suis parti.
"Ma très chère Mère, mon cheval blanc
était un excellent investissement.
Tout le monde m'a remarqué.
On dit que Kitchener va se battre
contre les derviches au Soudan.
Mère, utilisez v otre influence
et tout v otre charme
pour que je serve sous ses ordres. "
Ma mère américaine
m'a toujours fait penser
à une princesse de conte de fées.
Cet être radieux
possédait des ressources illimitées
d'argent et de pouv oir.
Elle brillait pour moi
comme l'étoile du berger.
Je l'aimais beaucoup.
Mais à une certaine distance.
C'est néanmoins mon père
qui a exercé le plus d'influence
sur moi lorsque j'étais enfant.
C'était le 2e fils du duc
de Marlborough,
et un membre du parti conservateur
de la Chambre des communes.
Bonjour.
Malheureusement, si ma mère
avait peu de temps à me consacrer,
mon père en avait encore moins.
Il comptait parmi ses amis
certains des hommes
les plus importants du parlement
et même d'A ngleterre.
Ses hommes tels que Lord Salisbury,
le chef de file du parti conservateur,
qui faisait alors partie de l'opposition.
Son neveu, Arthur Balfour.
Et Joseph Chamberlain.
Et même moi, je savais qu'un jour,
quand les gens retrouveraient
leur bon sens
et réinstalleraient
les conservateurs au pouv oir,
ces hommes et mon père
formeraient le gouvernement.
Lord Rothschild n'est pas là ?
Vos amis juifs ne sont pas avec nous,
aujourd'hui, Randolph ?
Ce ne serait pas juste, vous savez
comme ils s'ennuient rapidement.
Winston.
Merci, monsieur.
On inscrit ceci en votre nom.
Voilà.
Ensuite, vous pourrez acheter ce que
vous voudrez au magasin de l'école.
Tant que ça ne dépasse pas
votre crédit, bien sûr.
Je crois que Winston ne saisit pas
encore le concept de l'argent.
On lui apprendra.
Ce jeune homme sera très heureux ici,
Lady Randolph. Je vous l'assure.
J'en suis certaine.
Voulez-vous une tasse de thé,
Lady Randolph ?
Je ne peux pas.
Je raterais le train.
Une autre fois peut-être,
lorsque je reviendrai.
Sois sage, mon chéri.
Tu m'écriras, n'est-ce pas ?
Oui, Maman.
Très bien, jeune Churchill,
nous y voilà.
Venez.
Oui, monsieur.
Je vais vous dire quelque chose
dont vous devrez toujours
vous rappeler.
Votre formation scolaire est la chose
la plus importante de toute votre vie.
Votre réussite ici
déterminera précisément
votre réussite dans le monde.
Réussissez ici,
et vous réussirez dans le monde.
Echouez ici,
et vous serez un raté
jusqu'à la fin de vos jours.
- Vous comprenez ?
- Oui, monsieur.
Très bien.
Votre père est un grand homme.
Soyez comme lui.
Attendez-moi ici
pendant qu'on vous installe.
Avez-vous étudié le latin ?
Le latin ? Non, monsieur.
Pendant que je m'absente,
étudiez ceci.
Ceci, sur la page de droite.
Quand je reviens,
on verra ce que vous aurez appris.
lls sont prêts. Venez.
Avez-vous appris
ce que je vous ai demandé ?
- Je crois que oui, monsieur.
- Très bien, allez-y.
Mensa .: une table.
Mensa .: ô table.
Mensam .: une table.
Mensae .: de la table.
Mensae .: à ou pour une table.
Mensa .: par, avec ou d'une table.
Très bien. Venez.
Excusez-moi.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça signifie ce que ça dit.
Mensa .: une table.
Mensa est un nom
de la 1 re déclinaison.
ll y a cinq déclinaisons.
Vous avez appris le singulier
ou la 1 re déclinaison.
Oui, monsieur.
Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
Je vous l'ai dit. Mensa, en latin,
veut dire " une table" .
Mais ça veut aussi dire " ô table" .
Que veut dire " ô table" ?
"Mensa .: ô table" est le vocatif.
Ô table.
Vous utilisez cette déclinaison
quand vous vous adressez à une table.
Quand vous parlez à une table.
Mais je ne le fais jamais, monsieur.
Churchill,
dans cette école, si vous êtes
impertinent, vous serez puni.
Puni très sévèrement, je vous préviens.
Venez.
McSweeney, P. J. M. W.
" ll manifeste un comportement
trop détendu
vis-à-vis de la discipline
de la vie académique.
Gamma."
Avancez-vous, McSweeney.
M. McSweeney, après cette assemblée,
venez me voir
une fois de plus dans mon bureau.
"Chère Maman,
j'espère que v ous allez bien.
Je suis très heureux à l'école.
J'espère que viendrez
me rendre visite bientôt. "
" ll bredouille ses traductions
et rend des devoirs sales."
Avancez-vous, Stuart MacKenzie.
May, A. C. W.
Avancez-vous, M. May.
M. Belcher écrit dans son rapport
que vous pensez que le bruit
camoufle l'inattention.
Vous prêterez attention dans le bureau,
où on examinera votre capacité
à faire du bruit.
M. May, passez en premier.
...qui est, à mon avis, essentiel.
Allons, il est temps
que l'honorable membre
cesse de présenter
de faux projets de loi,
afin d'empêcher les projets de loi
sérieux de voir le jour.
M. le Président ! Je proteste.
Ces mots doivent être relevés.
M. le Président,
je suis tout à fait d'accord.
Ces mots doivent être relevés.
Que le monsieur de la presse
écrive ces mots.
ll est vraiment
temps que l'honorable membre
cesse de présenter
de faux projets de loi !
"Cher Papa, comment allez-v ous ?
Je vais bien. "
- M. Churchill.
-" Je suis très heureux à l'école.
J'ai eu un bel anniversaire.
Merci beaucoup pour le cadeau.
Je sais que v ous êtes occupé,
mais j'aimerais vraiment que
v ous veniez me v oir un dimanche. "
Lors des prochaines élections,
ma mère amena une qualité
bien américaine à l'événement.
Faites attention à votre jupe.
Bonjour.
Bonjour.
Etes-vous nouvelle dans le quartier ?
Je ne vous connais pas.
Vous êtes venue où il faut
pour économiser un peu d'argent.
C'est bien de faire les courses
soi-même.
Et en apprendre un peu plus.
Que puis-je pour vous ?
J'aimerais vous parler des élections.
Mon mari, Lord Randolph Churchill,
représente cette circonscription.
Et je l'aide à se faire élire.
Madame,
dans cette circonscription électorale,
on vote comme on l'entend.
On n'aime pas les gens qui viennent
quémander des votes.
De plus, je ne discute jamais politique
avec les femmes.
Même pas avec les dames.
Veuillez m'excuser.
En... en... en effet.
Mais je veux votre vote. Comment
l'obtenir si je ne le demande pas ?
C'est vrai.
En effet. C'est bien dit, madame.
Vous avez raison,
mais ça ne sert à rien.
Je suis un libéral de naissance.
D'ailleurs,
je désapprouve ces aristocrates
qui se prélassent
dans la Chambre des communes.
Que chacun reste avec ses pairs.
Les Lords avec les Lords, le peuple
dans la Chambre des communes.
Mais mon mari ne se prélasse pas.
ll ne se prélasse jamais.
ll travaille très dur.
C'est pourquoi je suis ici à sa place.
En effet.
A quelle heure, si je peux
me permettre, se lève Son Excellence ?
La plupart du temps, à 1 1 heures.
La Chambre délibère la nuit.
- Parfois très ***.
- ll reste au lit jusqu'à 1 1 heures ?
Je suis désolé, madame,
mais je ne voterai jamais
pour un homme
qui reste au lit jusqu'à 1 1 heures.
C'est définitif, madame. Au revoir.
Au revoir.
Un instant.
ll ne se lève qu'à 1 1 heures,
n'est-ce pas ?
En vous voyant,
je me demande pourquoi
il se lève tout court.
Au revoir, madame.
- Bonsoir.
- Bienvenue, milady.
Merci, Evans. Betty, Marlene.
Est-ce que Lord Randolph est là ?
- Non, milady.
- Où est Everest ?
Je suis là, Lady Randolph.
Pourrais-je vous parler ?
Maintenant, S.V.P.
Quand est-ce arrivé ?
Avez-vous appelé le docteur ?
On le sortira de là.
N'est-ce pas, milady ?
Mesdames et messieurs,
Lord Randolph Churchill,
Secrétaire d'Etat en lnde.
Lord Randolph. Beaucoup de gens
vous créditent
du retour des conservateurs
au pouvoir.
Et pourtant, on dit que
vous avez présenté votre démission
au Premier ministre,
Lord Salisbury.
Je ne crois pas être ici
pour encourager les potins.
Vous niez qu'il y a des frictions
entre vous et Lord Salisbury ?
Je refuse de discuter de cela.
En conclusion, je dirai
que je n'ai jamais évité de me battre
quand j'ai jugé nécessaire
de le faire.
Je serai toujours loyal
envers le parti conservateur.
Bien que
certains de mes amis dans mon parti
doivent apprendre une grande leçon.
Le parti conservateur
ne restera jamais au pouvoir
à moins qu'il ne gagne la confiance
des minorités et des prolétaires.
Car les classes ouvrières
sont déterminées à se gouverner.
Oui. Votre idée de la démocratie
du parti conservateur.
Peu de gens prennent ça au sérieux.
Vraiment ?
Après tout,
vous êtes un aristocrate.
C'est difficile de vous imaginer
en défenseur de la démocratie.
Beaucoup de gens croient
que vous l'utilisez
pour devenir Premier ministre
à la place de Lord Salisbury.
Et vous ?
- Pas du tout.
- Très bien.
Vous avez exprimé de fermes opinions
au sujet de la question irlandaise.
Eh bien... La question irlandaise...
J'ai bien peur
qu'elle ne sera jamais résolue.
Tout à fait.
Lord Randolph, j'aimerais passer
à une question plus personnelle.
Vous et Lady Randolph, auparavant
l'héritière américaine Jennie Jerome,
faites partie du beau monde.
Vos chevaux de course ont du succès,
vous recevez sans compter
et Son Altesse Royale,
le Prince de Galles,
dîne chez vous régulièrement.
Lady Randolph et vous-même
êtes associés à tout ce qu'il y a
de nouveau et à la mode.
Votre splendide maison,
ici à Connaught Place,
est l'une des seules
à être dotée d'électricité.
Vous aimez ?
Vous préférez ça au gaz ?
C'est certainement moderne.
Cette chose à la cave... La dynamo ?
C'est très bruyant.
Les lumières s'éteignent toujours
au mauvais moment.
Non, je ne crois pas que l'électricité
remplacera le gaz.
Du moins pas
dans les résidences privées.
ll me semble, Lord Randolph,
que vous avez un fils.
Pardon ? Oui, en fait, j'en ai deux.
Deux fils, Winston et Jack.
lls doivent être très fiers de leur père.
Je n'y ai jamais pensé.
Je venais de fêter
mon 1 2e anniversaire,
quand je suis rentré
dans le monde des examens
où je resterais pendant sept ans.
Ces examens furent
très difficiles pour moi.
Si seulement ils m'avaient demandé
ce que je savais,
mais ils me demandaient toujours
ce que je ne savais pas.
Ce traitement n'eut qu'un résultat .:
mes examens
ne se passèrent pas bien.
Commencez.
Ceci se confirma surtout
avec mon examen d'entrée à Harrow.
J'ai écrit mon nom en haut de la page.
J'ai écrit le numéro de la question .: un.
Et après mûre réflexion,
je l'ai mis entre parenthèses.
Mais après cela, je ne trouvai rien
de pertinent ou de vrai à ajouter.
Accessoirement, à ce moment
apparurent, je ne sais d'où,
une tache et des bavures.
Je regardai ce triste spectacle
pendant deux heures.
Ensuite, des huissiers prirent
mon papier ministre
et l'amenèrent avec les autres
au bureau du proviseur.
Le garçon aux cheveux longs,
au 2e rang.
A partir de ces faibles preuves
d'érudition,
M. Welldon, le proviseur,
tira la conclusion que
je méritais d'être admis à Harrow.
C'est tout à son honneur.
Cela démontrait que c'était un homme
capable de regarder
sous la surface des choses.
Un homme qui ne dépendait pas
des feuilles de papier.
Je l'ai toujours énormément respecté.
- Joyeux Noël, Lord Randolph.
- Merci.
Toi aussi, mon garçon.
M. Buckle, le fait que je visite
le Times à cette heure...
RÉDACTEUR EN CHEF
...peut surprendre.
Le Times a appris à ne pas être surpris
par Lord Randolph Churchill.
Peut-être que ceci vous surprendra.
Une lettre que vous adressez
au Premier ministre.
C'est juste.
Mais c'est une lettre de démission
du cabinet.
C'est juste aussi.
Lord Randolph.
Vous me témoignez votre confiance,
en me montrant cette lettre.
Je vous demande...
Je vous supplie de ne pas l'envoyer
à Lord Salisbury.
C'est déjà fait.
Ceci est une copie.
Je vous exhorte de vous rétracter.
Ce n'est pas possible.
Lord Randolph, quand
vous avez menacé de démissionner,
le Premier ministre a cédé.
Cette fois, il tiendra bon.
Vraiment ?
Excusez mon audace,
mais démissionner,
quitter le gouvernement
à cause des budgets de l'armée
et de la marine
serait une grosse erreur.
Ne le faites pas.
Je n'ai pas le choix.
Je me suis engagé
à défendre l'économie.
J'ai donné ma parole.
Comment puis-je tolérer cet abus
flagrant de l'argent du contribuable ?
L'argent du contribuable
a été gaspillé dans le passé
et la nation a survécu.
ll paraît que tous vos collègues
sont prêts à accepter ce projet de loi.
Pourquoi donc
démissionneriez-vous ?
Je ne suis pas que le porte-parole
du gouvernement,
je suis aussi Ministre des finances.
Je suis responsable
de l'argent du pays.
Pourquoi la démission ?
Comme acte de protestation ?
Le pays
ne vous en sera pas reconnaissant
car il s'agit, après tout,
de défense nationale.
Retirez cette démission.
lmmédiatement.
Le Premier ministre l'a déjà acceptée.
J'ai sa lettre.
M. Buckle, je suis venu vous voir
plutôt qu'un autre rédacteur en chef
car j'espérais que
vous me soutiendriez.
Je vois.
Le Times a critiqué le gouvernement
quand il le fallait.
Mais on n'a pas l'intention
de le renverser.
Pourriez-vous au moins
publier ma lettre
et celle du Premier ministre ?
Non.
C'est une correspondance privée
entre vous et Lord Salisbury.
Pour publier sa lettre,
il me faut avoir la permission
du Premier ministre.
ll ne vous la donnera jamais.
Je suppose que je lirai cette nouvelle
dans l'édition de demain.
Oui. Demain.
Randolph !
Randolph !
Tu es surprise ?
C'est donc vrai.
C'est dans le Times, n'est-ce pas ?
Tu le savais, hier soir.
Tu le savais et tu ne m'as rien dit.
Tu as dit que tu allais au club,
mais tu allais au Times.
Je ne voulais pas gâcher ta soirée.
Tu as travaillé si dur.
Oui, je suis très fatigué.
Partons en vacances.
On a décidé de rester à la maison,
à Noël, on a des obligations.
M. Moore, milord.
Mon Dieu, oui. Faites-le entrer.
- Bonjour, Lady Randolph.
- Bonjour, M. Moore.
- Lord Randolph.
- Oui, c'est vrai, Moore.
Soyez un chic type
et buvez un café avec nous.
Non, merci. Je...
Je suis juste venu vous dire que
je serais honoré
de vous servir dans le privé.
C'est très gentil.
- Asseyez-vous.
- Merci, non...
Je dois vraiment y aller.
Je vous raccompagne.
Vous n'avez pas besoin
de me raccompagner, je...
Pendant 20 ans,
au service de Sa Majesté,
je n'ai jamais servi de ministre
plus capable et brillant.
ll s'est jeté du sommet de l'échelle.
ll n'y accèdera plus jamais.
Winston, dépêche-toi.
Le dév oué M. Moore
eut une crise cardiaque
et mourut peu de temps après.
Aujourd'hui, je v ois mon père
de manière différente
qu'à cette époque.
Ça fait longtemps que j'ai dépassé
l'âge où il est mort,
et je comprends clairement
la nature suicidaire de sa démission.
Ma mère resta, comme à son habitude,
loyale et dév ouée.
Une lumière se répandit
Sur le visage de Marmion
Et fit briller son œil de glace
Se sa main mourante
Au-dessus de sa tête
Il agita le morceau de sa lame
Et cria .: "Victoire !"
" A l'attaque, Chester, à l'attaque !
Continue, Stanley, continue !"
Furent les derniers mots de Marmion.
"Très chère Mère, très cher Père,
dans deux semaines,
il y aura une remise des prix
dans la salle des discours.
J'ai mémorisé 600 lignes de
Lays of Ancient Rome de Macaulay.
Si je peux apprendre
1 000 lignes par cœur,
ce que je ferai,
je suis certain de recev oir un prix.
Vous v oulez bien venir ?
Tout le monde sera là.
Ça me rendrait si heureux
que v ous veniez me v oir
gagner un prix.
Vous n'êtes jamais venus
me rendre visite à Harrow.
C'est une occasion parfaite.
Ma très chère Maman
et très cher Papa,
je v ous en prie, venez.
Votre fils qui v ous aime tant,
Winston S. Churchill. "
Aux pieds de cette grande bataille
La terre saignait
Et, tout comme la brume du matin
La poussière restait suspendue
Et plus fort, toujours plus fort
S'élevaient, du champ meurtri
Les braillements des cors de guerre
Et les bruits métalliques des épées
Entrez.
Dr Roose, entrez.
- Merci.
- ll va mieux, n'est-ce pas ?
Asseyez-vous.
Ça ne prendra pas longtemps.
Vous voulez une tasse de café ?
Lady Randolph, j'aimerais
vous présenter le Dr Bluzzard
que j'ai consulté.
Je croyais qu'il allait mieux.
J'ai le regret de vous dire
que votre mari va très mal.
Vous devez vous préparer au pire.
- Dr Bluzzard.
- On a convenu d'être honnêtes
- avec Lady Randolph.
- Oui,
mais pas de manière brutale.
De quoi parlez-vous ?
Lady Randolph,
c'est mon triste devoir de vous dire
que Lord Randolph souffre
d'une maladie incurable.
ll en a, au mieux, pour cinq ou six ans.
Arrêtez !
Que me dites-vous ?
ll n'a que 38 ans !
Lady Randolph, croyez-nous,
ceci est extrêmement difficile.
Asseyez-vous.
Vous permettez ?
Lady Randolph, je suis un spécialiste,
et ce que j'ai à dire
est malheureusement irréfutable.
Quel est le remède ?
ll n'y a pas de remède.
Qu'est-ce que c'est ?
Parlez-moi.
On va appeler ça
une inflammation du cerveau.
Dans les années à venir,
bien qu'il semblera récupérer,
ou même être parfaitement normal,
il se détériorera constamment.
ll souffrira de paralysie,
et il parlera
avec de plus en plus de difficulté.
ll y aura des périodes de violence.
Je suis désolé, croyez-moi.
Mais vous devez être au courant.
Est-ce vrai ?
Ce n'est pas possible.
Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ?
Si.
J'en ai bien peur.
Oh, mon Dieu.
Randolph.
Est-il au courant ?
Non, et à notre avis,
c'est mieux qu'il ne sache pas.
Lady Randolph ?
Oui ?
Quand avez-vous eu
pour la dernière fois
des rapports physiques
avec votre mari ?
Pourquoi ?
Excusez-nous, mais c'est important.
Je vous en prie.
Ça fait longtemps
qu'on n'en a pas eu.
Si vous devez absolument le savoir,
ça fait...
très longtemps.
- Dieu merci.
- Oui, Dieu merci.
Ni vous, ni les enfants
n'êtes touchés.
Mais j'ai bien peur que
vous deviez vous abstenir
de rapports avec votre mari,
pour toujours.
Bonjour, Mère. Bonjour, Père.
Bonjour, Winston.
Winston !
Va dans ta chambre
jusqu'à ce que tu aies appris
à bien te comporter !
Oui, Père.
Ne crois-tu pas avoir exagéré ?
Ses manières sont horribles.
Je sais.
Mais beaucoup de garçons
sont désagréables
et ennuyeux, à son âge.
ll me semble que
j'ai toujours été présentable.
Je ne me rappelle pas avoir grogné
comme un cochon en chaleur.
Randolph, on a très peu vu Winston,
cette année.
Et il te vénère.
Tu as eu raison, bien sûr.
- Mais tu as été dur.
- Sottises.
Tu ne le crois pas vraiment,
n'est-ce pas ?
Si tu me parlais de la sorte,
je croirais que
tu ne m'aimes pas du tout.
Bien sûr.
Je devrais peut-être lui parler.
Ce serait bien.
- J'y vais de suite.
- Finis ton déjeuner.
Non. Maintenant, c'est mieux.
Père.
Je suis désolé, Père.
Je vais m'améliorer. Je le promets.
J'en suis sûr.
- N'en parlons plus.
- Merci, Père.
Tu sais, Winston,
le monde de la politique
peut être très dur, parfois.
Et j'ai mes propres problèmes.
Les choses que je fais
sont mal comprises.
Et celles que je dis
sont souvent déformées.
C'est peut-être pourquoi je suis
si souvent de mauvaise humeur.
Non, Père. Vous êtes un grand homme.
Tout le monde le sait.
On sait que Lord Salisbury
vous a mal traité.
Et vous lui montrerez,
à tous, d'ailleurs.
Merci.
Merci, mon garçon.
Quoi qu'il en soit, je crois
que les gens plus âgés
ne sont pas toujours très aimables
avec les jeunes, les enfants.
lls oublient qu'ils ont été enfants.
Parfois, quand ils sont
de mauvaise humeur,
ils parlent plus sévèrement
qu'ils ne se l'imaginent.
Je sais, Père.
Je crois que parfois,
j'en suis aussi coupable.
Peut-être même ce matin.
Mais je ne veux pas
que tu penses
que je ne t'aime pas.
Car je t'aime.
Merci, Papa. Euh, Père.
Winston,
ta collection est devenue
impressionnante.
Tu es à court d'artillerie.
Oui, Père. Je n'ai que cinq canons.
Ce n'est pas très...
C'était l'une des trois ou quatre
longues conversations
que j'ai eues avec lui.
Il parlait de manière
magnifique et captivante.
Puis, quand on a examiné mes troupes,
il a fait preuve d'une telle
connaissance des affaires militaires
que cela m'aurait abasourdi,
si je n'avais pas déjà été convaincu
de son incroyable intellect.
Winston.
Es-tu intéressé
par une carrière militaire ?
- C'est ce que vous voulez, Père ?
- Ce qui compte, c'est ce que tu veux.
Eh bien,
je suis très bon en histoire.
Surtout les guerres, les batailles,
les généraux, et...
Oui, Père,
ça me plairait beaucoup.
- Beaucoup.
- Bien.
On en reparlera.
ll y a une classe militaire, à Harrow ?
J'en parlerai à Welldon.
Oui.
Au revoir, Winston.
Au revoir, Père.
Womany.
- Womany !
- Que se passe-t-il ?
Père m'a parlé
pendant très longtemps.
ll était si gentil.
Je rentre dans l'armée.
L'armée ?
L'armée ?
C'est notre fils,
mais on doit être réalistes.
Ce n'est pas un intellectuel.
Est-ce que tu crois
qu'il passera le barreau
ou qu'il réussira dans la politique ?
A moins que tu penses au clergé...
L'armée est tout ce qu'il reste.
C'est une bonne idée.
ll faut qu'il rentre à Sandhurst.
Et pour cela, il doit bien sûr
passer l'examen.
L'armée.
Enfin, ce sera dans trois ou quatre ans,
n'est-ce pas ?
Malheureusement, ce n'était pas un
mais trois examens qui étaient requis
pour entrer à Sandhurst.
Entrez.
Est-ce que ma lettre est arrivée, Père ?
J'ai été accepté. J'ai réussi.
Tu as l'air très satisfait, Winston.
Malheureusement,
je ne partage pas ta satisfaction.
Mais j'ai réussi.
Oui, tu as réussi.
ll y a deux manières de réussir
un examen, Winston.
L'une est honorable,
l'autre ne l'est pas.
Bien entendu, tu as choisi la 2e.
7 e en partant de la fin.
Mais j'ai réussi.
Oui, tu as réussi,
mais tu n'as pas été accepté
dans l'infanterie.
Tu es dans la cavalerie.
Tout le monde sait que
c'est un résultat médiocre.
Ça me coûtera
200 livres supplémentaires
par année pour un cheval.
Ceci après tant de mois
passés à étudier,
et mes efforts auprès du duc
pour te faire entrer
dans le 60e Fusiliers,
l'un des meilleurs régiments
de l'armée britannique.
Je n'étais qu'à 1 8 points
de l'infanterie, Père.
- Je suis désolé.
- Désolé ?
Tu es désolé ?
Winston, combien de fois
t'ai-je entendu dire cela ?
Tu as été avantagé à tous les niveaux.
Ta mère et moi avons tout fait
pour te rendre la vie facile.
Tu te souviens d'Eton ?
- Eton ? Vous pensez à Harrow...
- C'est embarrassant.
"Sale, débraillé, mauvais, paresseux."
Rien ne m'a jamais autant déçu que toi.
Tu mens, tu te dérobes à tes devoirs,
tu fais le fanfaron !
Tu ne penses qu'à toi-même, Winston.
Depuis que tu es un enfant,
tu m'as posé des problèmes.
Rien que des problèmes
et de la peine.
Que deviendras-tu ?
Tu n'es plus un enfant.
Tu as 20 ans, bientôt 21 ...
- Non, Père, j'ai 1 9 ans.
- Ne m'interromps pas, Winston !
Winston,
si tu ne changes pas d'attitude
à Sandhurst,
si tu n'assumes pas
tes responsabilités d'homme,
si tu ne te mets pas au travail,
je ne serai plus là pour toi
après ton 21 e anniversaire.
Si tu ne changes pas,
tu ne seras qu'un autre...
échec de l'école publique,
un gaspilleur,
qui vivra une vie pauvre et misérable
jusqu'à la fin de ses jours.
Tu me comprends, Winston ?
Oui, Père.
Mais lorsque je suis devenu cadet,
j'ai changé de statut
aux yeux de mon père.
Et lorsque j'étais en permission,
j'étais parfois autorisé
à l'accompagner.
J'aimais beaucoup ces sorties.
Je ne savais pas qu'il avait
moins de 1 8 mois à vivre.
Lord Randolph.
- Général.
- Bonsoir, monsieur.
- Est-ce votre fils ?
- Oui. Winston.
Winston, tu as l'honneur de faire
la connaissance
du général Bindon Blood.
Enchanté, monsieur.
Sandhurst, n'est-ce pas ?
Bien, bien.
On se reverra en lnde,
n'est-ce pas ?
J'espère, monsieur.
J'aimerais servir sous vos ordres.
Sur le terrain, monsieur.
Vous aimez la poudre à canon ? Bien.
Eh bien, jeune homme,
étudiez bien à Sandhurst
et s'il y a une autre guerre, ce dont
je doute, je vous trouverai une place.
Je vous le promets.
L'ambition est une bonne chose
chez un jeune homme, Winston,
mais il faut éviter l'arrivisme.
Oui, Père.
Bonjour, Joe.
Randolph.
Je voulais vous féliciter
pour le discours de ce jeune homme.
Excellent, Austen.
Vous avez impressionné la Chambre.
Merci, monsieur.
Vous devriez être fier de lui, Joe.
C'était tout à fait acceptable.
Vous avez grandi, Winston.
- Vous serez officier ?
- Je l'espère.
- Père, j'ai pensé à une chose.
- Oui ?
Arthur Balfour est le neveu
de Lord Salisbury.
lls sont très proches
et il aide beaucoup Lord Salisbury.
Maintenant qu'A usten Chamberlain
est député,
il doit beaucoup aider son père.
Je me demandais...
Quand je suis en permission,
pourrais-je aider votre secrétaire ?
Vous étiez le secrétaire de votre père,
pendant un temps et...
Le hongre de Rosebery
est un des favoris.
ll est beau.
ll est de bonne lignée,
mais il manque d'endurance.
Tu vois ? Le caractère.
Non, je ne crois pas
qu'il gagnera la course.
Ça ne fait pas
si longtemps.
- Excusez-moi.
- Au niveau du calendrier...
- Excusez-moi.
- ...honorables membres...
- Comment allez-vous ?
- ...puis-je vous rappeler
ma déclaration précédente ?
Une déclaration précédente...
que j'ai faite
dans le passé.
Les honorables membres
s'en souviennent.
Donc, je répète...
si je peux...
à cette...
A cette...
A cette o... occasion...
A cette occasion...
Honorables membres,
puis-je vous rappeler...
Le gouvernement de Sa Majesté...
Le gouvernement de Sa Majesté...
dépense des sommes d'argent énormes
pour l'armée et la marine.
ll fait...
ll fait...
ll fait cela
sans respecter les promesses
qu'il a faites à ce pays.
Sans respect.
ll fait cela
sans respecter les promesses
faites au pays.
Sans respecter
la volonté ou la voix du parlement.
C'est ce que j'ai... dit.
Je devais
avoir une raison.
Venez, mon vieil ami.
Il n'avait que 46 ans.
S'il avait vécu encore
quatre ou cinq ans,
je lui serais devenu indispensable.
Mais tous mes rêves
de camaraderie avec lui,
d'entrer au parlement
à ses côtés et de travailler avec lui
furent brisés.
On l'enterra près de Blenheim,
où lui et moi étions nés.
Son ami, Lord Rosebery,
écrit à son sujet .:
"Il était humain, éminemment humain,
plein de défauts, comme il le savait.
Mais pas des défauts mesquins
ou impardonnables.
Pugnace, choquant,
agité, irascible,
mais éminemment
aimable et charmant. "
Une bonne épitaphe, après tout.
Une épitaphe qui ne me déplairait pas.
Tout ce qu'il me restait à faire,
c'était de poursuivre ses desseins
et d'honorer sa mémoire.
Parade,
présentez armes !
Drapeaux, halte !
Parade,
arme sur l'épaule !
J'ai fini mes classes avec mention.
8e sur 1 50.
Je mentionne cela car ça montre
que j'apprenais rapidement
ce qui était important.
Victoria, Reine par la grâce de Sieu,
protectrice de la foi,
Impératrice des Indes,
salue notre loyal et bien-aimé
Winston Leonard Spencer Churchill,
gentleman.
Ayant énormément confiance
en v otre loyauté, courage
et bonne conduite,
nous v ous désignons et nommons
officier de nos forces armées,
avec le rang de sous-lieutenant.
Quatre mois plus ***,
j'ai perdu la seule personne
qui ne m'avait jamais laissé tomber.
Elizabeth. Elizabeth,
c'est Winston.
Entre.
Winston.
Quel brave garçon vous êtes,
rendre visite à votre vieille Everest.
Vous avez grandi.
C'est l'armée.
Vous croyez qu'ils m'accepteraient ?
Je ne vaux plus grand chose.
Vous allez guérir, Womany.
Vous verrez.
Cet après-midi, je pensais à votre père.
Vous savez ce qu'il a fait ?
Quand j'ai pris ma retraite,
je lui ai donné mes économies
et il est allé en ville spécialement
pour demander à Lord Rothschild
d'investir l'argent en mon nom.
N'est-ce pas gentil ?
Et il avait tellement de soucis.
lls ont été cruels avec lui.
Lord Salisbury,
cet Arthur Balfour et M. Chamberlain.
lls étaient censés être ses amis.
lls lui ont brisé le cœur.
Vous êtes mouillé.
- Vous êtes trempé.
- ll pleut.
Vous êtes venu malgré la pluie ?
Changez-vous,
vous allez prendre froid.
- Non, ça va.
- Enlevez cette veste
et séchez-la.
Je vous en prie, mon petit.
D'accord, Womany. Dans une minute.
Vos bottes ne sont pas humides,
n'est-ce pas ?
Non, elles sont sèches.
Bien.
C'est ce qui cause le mal de dents.
Les bottes mouillées.
Je sais.
Est-ce que la cavalerie vous plaît ?
Beaucoup, Womany.
Beaucoup.
Au suivant ! Les bras en l'air.
Au suivant !
Les bras en l'air. Au suivant !
Continuez.
Tournez à l'extérieur.
Les deux rangs, tournez à l'extérieur.
Redressez-vous ! Levez les yeux !
Deux. En avant. Un.
En selle.
Un ! Deux !
Trois ! Quatre !
Et un ! Et deux !
Et trois ! Et quatre !
Au centre.
Continuez.
Dépêchez-vous, M. Churchill.
Vous devez vous améliorer,
si vous voulez aller en lnde.
"Ma chère Mère, l'lnde
n'a plus grand-chose à m'offrir.
Et comme v ous avez perdu
une grande partie de v otre fortune
dans la fraude
du marché boursier américain,
je vais dev oir aller au Soudan
avec Kitchener.
Je pourrais écrire un autre livre
ou vendre des articles.
Je v ous en prie,
parlez-en à tout le monde.
Au fait, j'ai rencontré
la plus belle fille que j'aie jamais vue.
Elle s'appelle Pamela Plowden.
On va visiter Hyderabad demain,
à dos d'éléphant.
Il faut utiliser l'éléphant
car quand on marche,
les autochtones
nous crachent dessus
et nous bousculent.
Ma chère Mère,
n'oubliez pas Kitchener. "
"Mon chéri, j'ai écrit à Kitchener,
comme tu me l'as demandé.
et je devrais recev oir
sa réponse bientôt.
Tu seras ravi d'apprendre
que le Prince de Galles
est en train de lire ton livre. "
Je ne peux pas résister
à l'envie de vous écrire
et de vous féliciter
au sujet du succès de votre livre.
Tout le monde est en train de le lire.
Mais votre mère me dit
que v ous v oulez renoncer
à v otre mandat
et v ous présenter au parlement.
J'espère que ce n'est pas le cas.
Vous avez suffisamment de temps
pour v ous créer une réputation
et pour v ous faire
des amis dans l'armée.
Et maintenant,
au tour de Sir lan Hamilton,
Lord Roberts, Lord Curzon,
Sir Evelyn Wood,
Lord Cromer, le Prince de Galles,
le Premier ministre
et Lady Randolph Churchill.
Dites que j'insiste sur le privilège
de choisir mes propres officiers.
Dites, comme je l'ai souvent dit
dans le passé,
que je n'ai pas de place
pour Churchill. Aucune !
- Dites que...
- Ça vient d'arriver.
Dites que le temps manque
et que j'ai des choses
plus importantes à gérer.
Cette affaire est close pour toujours.
Et je ne veux plus en entendre parler.
Vous présenterez ça autrement,
bien sûr.
Oui, monsieur.
Lady Randolph Churchill,
veuve de feu
Lord Randolph Churchill,
jadis Mademoiselle Jennie Jerome
de New York et Paris.
Lady Randolph,
vous jouez magnifiquement.
On dit que vous pourriez
jouer sur scène,
si vous le désiriez.
Vous nous en avez donné la preuve.
Merci.
On dit aussi,
certainement par méchanceté,
que vous vous intéressez de près
aux affaires de votre fils Winston
et de son avancement.
Je ne serais pas une vraie mère,
si ce n'était pas le cas.
En effet.
Mais beaucoup de ces gens
trouvent intéressant le contraste
entre vos efforts actuels
et votre négligence à son égard,
alors qu'il était enfant.
Négligence ?
Ça n'a jamais été le cas.
C'est méchant et blessant.
Mon enfant n'a jamais manqué
d'amour maternel.
On l'a mis en internat
quand il était enfant. Le meilleur.
A la maison, je m'occupais de lui,
et il avait une nurse incroyable
qui a été avec nous
depuis le jour de sa naissance.
J'étais en même temps
dévouée à la carrière de mon mari,
- c'est le devoir d'une épouse.
- Je vois.
De temps en temps,
vous recevez le Prince de Galles.
Son Altesse Royale vous trouve
charmante, bienveillante et amusante.
Vous êtes en droit de le croire.
Mais si vous insinuez
la plus petite inconvenance...
Non, pas du tout, madame.
Je vous en prie, calmez-vous.
Je suis très calme.
Continuons.
Vous savez que votre nom
a été lié à un autre personnage royal,
le comte Charles Kinsky,
le célèbre sportif.
Que voulez-vous dire par " lié" ?
Nous sommes amis.
- Depuis de nombreuses années.
- Amis, exactement.
A une certaine époque,
de méchants ragots insinuaient
que vous étiez mariée
avec Lord Randolph pour la forme.
En cas de divorce...
On n'a jamais parlé de divorce.
- Vous et le comte êtes toujours amis ?
- Oui.
Charles s'est marié
juste avant le décès de mon mari.
Trois semaines avant.
Dans son pays, en Autriche.
ll est resté là-bas.
ll a beaucoup de responsabilités,
là-bas.
Une dernière question.
De quelle nature était
la maladie de votre mari ?
Tout le monde le sait.
ll était surmené.
Mais les symptômes étaient curieux.
De quoi parlez-vous ?
Vous connaissiez les symptômes
de votre mari.
- Cette discussion est terminée.
- Mais ça intéresse le public.
Vraiment ? Pourquoi ?
Pourquoi ça devrait
intéresser le public ?
Le public est tout le monde.
Et le public a le droit de savoir.
Quoi ? Pourquoi ?
Je ne connais pas ce droit.
Mais je connais le droit
à une vie privée.
Lady Randolph, on vit
dans les temps modernes.
Le mot " syphilis" ne devrait pas
nous effrayer.
Etes-vous satisfait ?
Tu as entendu ?
On a eu un mort. Le jeune Chapman.
- Le 21 e lanciers.
- Vraiment ?
Quel dommage. Juste quand
il allait être muté au Soudan.
- Oui.
- On a donc un poste vacant.
- Oui.
- Je me demandais.
- Quoi ?
- Et le jeune Churchill ?
- Tu es fou ?
- Pourquoi pas ?
Premièrement, si le général le savait,
il boufferait nos couilles
au petit-déjeuner. Pourquoi ?
Ce chasseur de publicité
ne t'est d'aucune utilité.
ll ne sert à rien.
- Mais sa mère est un joli petit lot.
- Je sais.
Petit salaud.
- Tu la connais ?
- Non.
Mais j'aimerais bien.
Allez, qu'est-ce que tu en dis ?
Jamais ce garçon ne...
Entracte
Deuxième Partie
Su Ministère de la défense
au lieutenant Churchill .:
"Vous continuerez jusqu'au
21 e lanciers à v os propres frais.
Si v ous ou v otre cheval
êtes blessés,
nous ne v ous dédommagerons pas.
Signez ici, S. V.P. Trois copies. "
"Churchill, la Société parapsychique
travaille sur un projet intéressant
qui devrait v ous intéresser
en tant que journaliste.
Si, par malheur, v ous mourez,
tenterez-v ous de communiquer
avec nous ?"
Compagnie, halte !
Chapman !
Chapman ?
Chapman, êtes-vous sourd ?
Désolé, monsieur.
Je m'appelle Churchill.
Oui, bien sûr, Churchill.
Chapman, c'est le mort. Désolé.
Dans quel état est votre cheval ?
Excellent. Pas fatigué du tout.
Bien. Vous êtes celui qui veut voir
du spectacle ?
Présentez-vous au colonel Martin.
ll vous dira quoi faire.
Oui, monsieur.
Merci beaucoup, monsieur.
Oh, et Chapman... euh, Churchill,
- mes compliments au colonel.
- Bien sûr, oui.
Monsieur. Lieutenant Chapman...
Churchill.
Désolé, monsieur.
Lieutenant Churchill.
Le commandant Finn m'envoie.
- Venez avec moi.
- Monsieur.
- Votre cheval est en forme ?
- Oui.
J'aimerais que vous livriez
un message.
Je veux que vous observiez la situation
pour pouvoir la décrire.
Monsieur.
On estime le nombre à environ 60 000.
On ne le dirait pas,
mais ils avancent vite.
Faites un compte rendu de ce que
j'ai dit et de ce que vous voyez
au général Kitchener.
Oh, mon Dieu.
Désolé. Bien sûr, monsieur.
- Ça va ?
- Oui, monsieur.
Que dois-je dire ?
"Lieutenant Churchill pour
le général Kitchener" ? Il me tuera !
Il me renverra chez moi.
Il me fera juger
par un tribunal militaire.
Il me dépècera
devant le reste de l'armée.
Je suis fichu.
Mon Sieu.
Au moins, je serai mort pour ma patrie.
Monsieur, je viens avec un rapport
du 21 e lanciers.
L'armée derviche avance
entre vous et la ville d'Omdurman.
Le colonel Martin estime
leur nombre à 60 000.
Je les ai vus il y a 40 minutes.
lls se déplacent vite.
- lls se déplacent vite ?
- Oui, monsieur.
J'ai combien de temps, à votre avis ?
Une heure, monsieur.
Peut-être une heure et demie.
Une heure et demie,
ça doit être plus ou moins correct.
Su moins, j'espère.
Feu !
lls battent en retraite, monsieur !
Surant les opérations de nettoyage
du lendemain,
je pris part à ce qui allait être
la dernière charge
de la cavalerie britannique.
Clairon, le trot.
Clairon, troupes à droite.
Sonnez la charge !
A la charge !
A la charge !
A la charge !
Bon sang !
M. Winston Churchill,
correspondant de guerre, auteur,
ayant récemment démissionné
de l'armée,
se porte candidat au parlement
d'Oldham à l'âge de 23 ans.
24, en novembre.
Merci, M. Churchill.
Apparemment,
on vous détestait, à l'armée.
On dit que vous étiez
un chasseur de médailles
toujours à la recherche de publicité
et un arriviste,
batailleur, agressif et conspirateur.
Excusez-moi. Je suis désolé.
Pourquoi certaines personnes
me voient toujours
d'un mauvais œil ?
A Sandhurst,
on m'accusait de tout,
d'être un voleur de cheval
à un homosexuel.
J'ai dû intenter des procès
pour diffamation. Et j'ai gagné.
Quant à ce que vous avez dit,
je suis désolé d'entendre ça.
Je croyais avoir servi mon pays
avec loyauté.
- J'ai même risqué ma vie.
- Oui.
Des officiers ont dit que
votre critique du général Kitchener
dans votre livre, The River War,
était impardonnable.
- Avez-vous lu le livre ?
- Non.
Vous devriez peut-être le lire.
Mes déclarations concernant
son horrible traitement
des blessés ennemis étaient factuelles.
Néanmoins, bien que l'ennemi
ai été supérieur en nombre,
il n'a rien pu contre nous.
Je vois. Le point faible de votre père
était sa faculté d'offenser les gens,
n'est-ce pas ?
Je n'appellerais pas ça un point faible.
C'était sa force.
Et je l'attribue à la force
de ses convictions.
Mon père était un homme brillant.
Les imbéciles ne l'intéressaient pas.
En fait,
vous ne le connaissiez pas
très bien, n'est-ce pas ?
Pas autant que je l'aurais aimé.
Néanmoins, les arbres solitaires,
quand ils poussent, deviennent forts.
En effet. Vous avez lu ça
quelque part ?
Non, je l'ai écrit dans
mon nouveau livre, The River War.
Vous devriez vraiment le lire.
ll est bien.
Revenons aux ennemis de votre père.
Pensez-vous que vos débuts
dans la politique leur plaisent ?
De quels ennemis parlez-vous ?
Lord Salisbury, qui l'a maintenu
à l'écart du gouvernement,
M. Balfour, qui l'a soutenu
et M. Chamberlain,
qui a ruiné les dernières chances
de votre père.
- Et les autres.
- lls n'étaient pas ennemis.
lls n'étaient peut-être pas d'accord,
mais ça fait partie de la politique.
Lord Salisbury a été très bon
envers moi. Je lui ai dédié mon livre.
Vous n'avez donc pas à vous battre
au nom de votre père ?
Pas de tort à redresser,
pas de vendetta à assouvir ?
Vendetta ?
C'est un mot italien, n'est-ce pas ?
Ça n'existe pas, en Angleterre.
Pourquoi êtes-vous ami
avec le libéral David Lloyd George ?
- J'aime les gens.
- Les gens qui vous aident ?
Un jeune homme qui débute
a besoin d'aide.
Ne croyez-vous pas
qu'il n'y a pas de place en politique
pour les jeunes hommes riches ?
Je ne suis pas riche.
Je gagne mon argent.
Je subviens aux besoins
de ma mère et de mon frère.
Mais pourquoi le parlement,
M. Churchill ?
- Pour servir mon pays.
- Et pour vous promouvoir ?
- Oui. Qu'y a-t-il de mal à ça ?
- Qu'y a-t-il de bien à ça ?
Qui êtes-vous pour faire partie
du parlement ?
Qu'avez-vous à offrir,
à part vos ambitions ?
Seulement moi-même.
Je crois en moi-même.
Je crois en ma destinée.
Vraiment ?
Avez-vous été chez une diseuse
de bonne aventure ?
Oui.
Et elle est d'accord avec moi.
- Est-ce un crime d'avoir 24 ans ?
- Pas du tout.
Que voudriez-vous que je fasse ?
Que je passe mon temps à jouer ?
Qu'on ne m'entende pas ?
Que je ferme les yeux ?
Que je sois un éternel enfant ?
Est-ce que les vieux
doivent toujours régner ?
Les vieux ne trahissent-ils pas
ce en quoi ils croyaient
quand ils étaient jeunes ?
Et de ce faire,
ne trahissent-ils pas le pays ?
ll y a beaucoup de place
pour un jeune homme,
pour beaucoup de jeunes hommes,
au gouvernement.
Si je le pouvais, je dirais cela
aux jeunes du monde entier :
"Venez, on a besoin de vous,
maintenant plus que jamais.
Vous devez participer
aux batailles de la vie.
De 20 à 25 ans,
ce sont les meilleures années.
Ne soyez pas satisfaits
de l'état des choses.
Oui, vous ferez des erreurs.
Mais tant que vous serez
généreux et honnêtes,
vous ne pourrez blesser
ni tourmenter le monde.
Le monde veut que
la jeunesse le courtise.
ll a vécu et prospéré
en se soumettant.
Eh bien.
- Vous l'avez écrit, ça aussi ?
- Non.
C'est quelque chose que je vais écrire.
Vraiment ?
Dans votre autobiographie ?
Oui.
Oui, j'écrirai une autobiographie,
un jour.
J'aurai certainement
assez de matière.
Oui. Eh bien...
The Oldham Evening Chronicle :
"Le jeune M. Winston Churchill
a échoué lors de sa 1 re tentative
d'entrer en politique.
Il est parti en Afrique du Sud
afin d'écrire sur la guerre des Boers. "
En Afrique du Sud, j'eus la chance
de retrouver
le capitaine Aylmer Haldane
que j'avais rencontré aux Indes
et qui était devenu mon ami.
Il m'invita à aller en reconnaissance
dans un train blindé.
On fait marche arrière ?
Ce sont les ordres.
Ça a l'air calme.
Allons déjeuner.
Haldane, je me demandais.
Après la Malakand Field Force,
j'ai rejoint l'expédition de Tirah.
- Vous vous souvenez ?
- Oui.
Je n'ai jamais reçu ma médaille.
Si vous écriviez
au Ministère de la défense...
Une médaille pour Tirah ?
Winston, vous ne vous calmez jamais ?
Je ne peux pas, j'ai presque 25 ans.
Couchez-vous !
Attention !
Sur la gauche !
- Continuez, sergent !
- L'ennemi est sur la gauche.
Du calme, les garçons. Visez ! Bien.
Freine !
- Allez, tous debout !
- Du calme.
Levez-vous ! Tous à vos postes !
Haldane, on a déraillé !
Je vais voir ce que je peux faire ?
Bonne idée.
En place !
- Visez.
- Tirez !
Où allez-vous ?
Je suis un civil. On ne me paie pas
pour me faire tirer dessus.
Revenez !
- Revenez ! Ecoutez !
- Lâchez-moi !
C'est plus dangereux de courir.
Je suis soldat.
Personne ne se fait tirer dessus
deux fois en un jour.
Retournez là-dedans !
C'est beaucoup plus sûr.
Et quand ce sera fini,
vous recevrez une médaille.
Je vous le promets. Allez.
J'y vais avec vous.
- Elle marche encore ?
- Peut-être.
La voie est bloquée, on ne peut bouger.
- On doit libérer ce wagon.
- Allez, montez.
- Et le mettre sur le côté.
- Je vois.
C'est impossible.
On peut toujours essayer.
Y a-t-il un officier ?
Oui ! Que se passe-t-il ?
On doit libérer ce wagon
et le pousser sur le côté.
Sergent, amenez
une douzaine d'hommes.
C'était qui ? Un Boer ?
Bien pire. ll est fou !
- Aidez-le.
- Soulevez-le.
Bien.
Ça bouge.
Sortez ! Sortez !
Sortez, les gars ! Tout de suite !
Vous, là-bas !
Venez. Mettez votre épaule
là-dessous.
Allez, allez. Venez !
Allez ! Soulevez !
Soulevez !
Soulevez !
Gardez-le en l'air ! Ne le posez pas !
Soulevez-le, les garçons !
Soulevez !
Poussez !
Bien. Mettez-vous à l'abri !
Allez !
- On a réussi !
- ll est encore sur la voie.
Vous aviez dit qu'il fallait le libérer
et le pousser.
ll est trop lourd, de toute façon.
- On doit lui rentrer dedans.
- Très bien !
- Je ne sais pas si le moteur marche.
- Essayez.
Très bien. Allez-y.
- Je dois d'abord reculer.
- Eh bien, reculez, espèce d'idiot !
Ne vous énervez pas.
Poussez-vous ! Poussez-vous !
Très bien. Allez-y.
- Continuez à pelleter.
- Oui, monsieur.
- On risque de dérailler.
- Allez-y !
- Tenez.
- Désolé.
Continuez.
Bon Dieu !
Haldane !
Haldane !
Bougez, fusilier, bougez !
La voie est libre, mais on ne peut pas
venir vous chercher.
- Les attelages sont cassés.
- Je sais.
On peut mettre les blessés
sur la locomotive ?
Oui.
C'est déjà ça.
Les autres devront marcher.
Merci, Winston.
Je me souviendrai de ça.
Moi aussi.
Les blessés sur la locomotive !
Les autres, à pied,
utilisez-la comme abri.
Tout le monde dehors !
Les blessés sur la loco !
Mettez les blessés sur la loco !
Allez, dépêchez-vous !
Doucement, doucement.
Avancez !
- On est prêts ?
- Je le crois.
On est prêts, allez-y !
Avancez aussi lentement que possible.
Ralentissez, Winston !
Ralentissez.
- Lentement. lls n'arrivent pas à suivre.
- D'accord.
Winston, ralentissez !
Ralentissez, imbécile !
Bon Dieu, Winston !
- Ralentis.
- Ferme-la.
Ralentissez, espèce d'idiot !
Je ne peux pas. On est en descente.
Je vais vous tuer.
Je n'y peux rien. Les freins ont lâché.
- Et maintenant ?
- Je vais chercher Haldane.
Quoi ? Et moi, je fais quoi ?
Vous attendez.
Si on n'est pas là dans dix minutes,
vous pouvez partir.
Pretoria. "On a capturé Lord Churchill.
Il prétend être
correspondant de guerre.
Mais on sait qu'il est responsable
de l'échappée d'une partie du train. "
Monsieur, je suis
un correspondant spécial.
Je n'étais pas armé et
je n'ai pas pris part à la bataille.
Je propose qu'on me libère
aussitôt que possible.
Qu'on ne le relâche pas
avant la fin de la guerre.
Je vous ai observés.
Vous préparez une évasion.
- Vous êtes fou.
- Non.
Mais je le deviendrai,
si vous ne m'emmenez pas.
- Jamais.
- Calmez-vous, Brockie.
On n'a pas besoin de vous, Winston.
Vous ne connaissez ni le pays,
ni la langue.
Si on était séparés,
vous ne vous en tireriez jamais.
D'ailleurs, on remarquerait
votre absence en premier.
Jouez.
Haldane, je deviens fou, ici.
Demain, c'est mon anniversaire.
- Félicitations.
- Vous ne comprenez pas.
Je vais avoir 25 ans.
Je ne peux pas rester coincé ici
jusqu'à la fin de la guerre.
Je vous en prie, Haldane.
Vous avez dit que vous vous
souviendriez de ce que j'avais fait.
lls ne m'auraient pas attrapé,
si je n'étais pas revenu vous chercher.
Non.
Fermez-la, Brockie.
Je n'arrive pas à penser.
Que mange-t-on, ce soir ?
Vous le savez ?
lls sont trop près.
Vous avez peur.
Allez voir vous-même.
- J'y vais aussi.
- Non, attendez...
Je devenais fou.
Normalement, il n'y avait qu'un garde
à cet endroit.
Il me semblait qu'on nous suspectait.
Soudain, j'ai senti que
c'était maintenant ou jamais.
L 'impulsion était trop violente
pour lui résister.
Mais comment informer
mes camarades ?
Puis j'entendis un son divin.
Qui est là ?
C'est Churchill.
Ne faites pas de bruit.
Churchill ? Où êtes-vous ?
- Que faites-vous là ?
- Rien.
Allez prévenir Haldane et Brockie.
J'ai compris. Bien joué.
Londres, le Morning Post.
"Notre correspondant spécial,
Winston Churchill,
qui s'est distingué
avant d'être capturé,
s'est évadé de manière mystérieuse. "
Johannesburg.
"Une prime de 25 livres est offerte
pour la capture de Winston Churchill.
Mort ou vif. "
Pretoria.
"Bien que Churchill ait réussi
à s'évader,
il ne passera certainement pas
la frontière.
Quand il sera capturé,
il sera certainement exécuté. "
Je suis le D. Bentinck.
J'ai eu un accident.
Qu'avez-vous dit ?
- Vous êtes anglais ?
- Ça ne vous regarde pas.
Que voulez-vous ?
J'ai eu un accident. Je...
Je suis tombé du train.
J'ai bien peur d'être perdu.
Bon.
Entrez.
Maintenant,
dites-moi la vérité.
Très bien.
Je m'appelle Winston Churchill,
je suis correspondant
pour le Morning Post.
Je me suis échappé de Pretoria
et je vais vers la frontière.
J'ai 7 5 livres.
Vous voulez bien m'aider ?
Vous êtes vraiment chanceux.
Toutes les autres maisons sur 30 km
vous auraient remis aux autorités.
Je m'appelle Howard. Je suis anglais.
Je suis le directeur de cette mine.
Trois autres personnes m'aident.
Les Boers nous surveillent.
lls sont venus, cet après-midi.
lls vous cherchaient.
- Je devrais peut-être y aller.
- Mais non.
Nous devons juste être très prudents.
Prenez un verre, M. Churchill.
Merci, M. Howard.
Voici notre mécanicien, M. Dewsnap.
Attendez avec lui, je vais chercher
de la nourriture et des couvertures.
- Les autres sont prêts ?
- lls attendent en bas.
Je vous connais.
Vous êtes ce foutu Winston Churchill.
Ne vous en faites pas.
Je suis d'Oldham.
Ma femme m'écrit régulièrement.
Elle m'a dit que vous avez perdu
les dernières élections.
Ne vous en faites pas. lls voteront
tous pour vous, la prochaine fois.
Allez, venez.
Faites attention. Ne glissez pas.
De l'autre côté.
Je n'ai pas pu prendre
beaucoup de nourriture.
C'est trop risqué.
Prenez-en une.
Vous êtes déjà allé dans une mine ?
C'est quelque chose.
Pas très confortable.
Mais ne bougez pas d'ici,
quoi qu'il arrive.
J'essaierai d'amener
plus de nourriture demain.
C'est très douillet, comme à la maison.
M. Howard, messieurs,
- merci beaucoup.
- Ce n'est rien.
Tu as été peu soigneux
avec cette montre, Winston.
La réparation m'a coûté
beaucoup d'argent.
Si tu ne peux prendre soin
d'une montre,
tu ne mérites pas d'en av oir.
Oui, Père.
Je suis resté sous terre
trois jours et trois nuits,
alors que le gentil M. Howard
préparait ma sortie du pays
pour l'A frique de l'Est,
sous contrôle portugais,
d'où je pourrais prendre un navire
jusqu'en Angleterre.
Merci, M. Dewsnap.
Pretoria.
"M. Winston Churchill s'est rendu. "
Johannesburg.
"On annonce que
Winston Churchill a été capturé
habillé en femme. "
Pretoria.
"Bien que M. Churchill
soit encore en liberté,
il sera sans doute appréhendé
sous peu.
Johannesburg.
"On annonce que
M. Churchill a été capturé
déguisé en policier. "
Rome.
"Pour l'instant, il semblerait
que M. Winston Churchill
soit encore en liberté.
Le monde entier suit les progrès
de son évasion. "
Paris. "La capture de M. Churchill
n'a pas été confirmée.
Néanmoins, personne ne sait où il est
ni s'il est vivant ou mort. "
Je ne savais pas encore
que j'étais passé des latrines
à la célébrité.
Londres.
"Le jeune M. Churchill continue
à donner du fil à retordre aux Boers.
Tout le monde
en Angleterre l'acclame. "
New York.
"Winston Churchill, américain
du côté de sa mère, est encore libre.
Le monde entier prie pour lui. "
Je suis libre !
Je suis libre !
Je suis Winston Churchill, bon sang !
Et je suis libre !
Mesdames et messieurs,
un homme qui,
après sa courageuse évasion,
a rejoint l'armée de son pays,
s'y est distingué, encore et encore,
a aidé ses officiers à s'échapper
de la même prison
où il avait été enfermé.
Voici...
Mesdames...
Mesdames et messieurs d'Oldham.
Mes amis.
J'ai promis à M. Daniel Dewsnap,
sans qui je ne serais pas ici ce soir,
que dès mon arrivée à Oldham,
j'embrasserais sa femme de sa part.
Elle est ici ! Elle est ici !
Et ainsi, lors de ma 2e tentative,
les conservateurs d'Oldham
m'env oyèrent victorieux
au parlement.
Le Times.
"En présentant son amendement
contre le projet de loi
sur les dépenses militaires,
le jeune M. Winston Churchill,
lors de son 1 er grand discours,
semble v oué, après une courte année
prometteuse à la Chambre,
à répéter l'erreur la plus désastreuse
de son père. "
Je ne comprends pas.
- J'aimerais pouvoir comprendre.
- Est-ce vraiment important ?
Oui, c'est très important pour moi.
Je n'ai jamais compris pourquoi
ton père a gâché sa vie.
Et tu fais la même chose.
Mais cette fois, je connais le résultat.
Tu exagères. Je ne gâche pas ma vie.
Bien sûr que si.
Tu as tellement travaillé pour ça.
Arthur Balfour m'a écrit.
Non, merci.
ll dit que le Premier ministre
est très fâché contre toi.
Winston, tu ne peux pas attaquer
les trois hommes les plus importants
de ton parti, du gouvernement,
et croire qu'ils te pardonneront.
Tu seras fini, après ce soir.
On verra.
Oh, Winston.
- C'est Pamela ?
- Pamela ?
Bien sûr que non.
J'aimais Pamela.
Je l'aime encore.
Je n'aimerai jamais une autre femme.
Mais elle avait le droit
d'épouser un comte.
Un comte " éminent" ,
comme disent les Américains.
Pourquoi es-tu si proche
de Lloyd George ? ll est odieux.
ll regarde les femmes
de manière gênante.
Je suis désolé, je dois y aller.
Signe pour moi.
Winston...
Fais-le pour moi...
je t'en prie.
Ne propose pas ton amendement.
Ne prends pas la parole, ce soir.
Je t'en prie.
Bonsoir. Bonsoir.
Etes-vous prêt à faire face aux bêtes
sauvages qui vous attendent ?
Aussi prêt que possible.
- Excusez-moi, monsieur.
- Je m'en occupe.
J'accompagne votre fils à l'arène.
Vous êtes très gentil.
Winston parle souvent de vous.
Nous sommes de grands amis,
malgré nos différends politiques.
Votre présence à la Chambre, ce soir,
créera l'événement.
Je suis sûr que vous inspirerez
tous les députés.
Vous prendrez la parole ?
Non, j'écouterai avec grand intérêt
ce que votre fils a à dire.
Winston, j'ai dit que
je vous accompagnais. Allons-y.
Un jour, j'espère l'accompagner
de l'autre côté de l'arène.
J'espère bien que non.
Votre mère est charmante.
- Elle a essayé de vous en dissuader ?
- Non.
Lord Salisbury vous fera la peau,
vous le savez.
Au pire, on aura toujours
une place pour vous au parti libéral.
Laissez tomber les conservateurs.
Jamais.
Bonne chance.
Excusez-moi.
...des réformes complètes
et une reconstruction
presque révolutionnaire de l'armée,
on n'a pas réussi à remonter
le moral du pays.
Y a-t-il une autorité compétente
qui pense véritablement
que cet honorable monsieur
a fait de son mieux ?
Bravo.
Bravo.
M. Churchill.
Monsieur le Président,
je suis ici pour plaider
la cause de l'économie.
Peut-être qu'à une autre époque
ou dans d'autres circonstances,
ma position serait tout à fait différente.
Mais ce soir, je parle au nom
des épargnes militaires
- et de la compression budgétaire.
- Bravo.
Le Ministre de la guerre demande,
exige, devrais-je dire,
beaucoup d'argent.
Je ne crois pas qu'il devrait
le recevoir.
Je dis avec humilité,
mais avec une certaine fierté,
que j'ai le droit à cette opinion
plus que quiconque.
J'ai hérité de cette cause.
C'est une cause pour laquelle
feu Lord Randolph Churchill
a fait le plus grand sacrifice
de tous les ministres modernes.
Je suis heureux que
la Chambre m'ait permis,
après un intervalle de 1 5 ans,
de relever ce drapeau en lambeaux
qui gisait au milieu
d'un champ dévasté.
ll n'y a pas si longtemps,
Lord Randolph était
Ministre des finances.
Lord Salisbury était Premier ministre.
ll l'est toujours.
Et à cause de cette exacte question
de trésorerie,
Lord Randolph Churchill
a mordu la poussière.
Pour toujours.
Mais la sagesse, monsieur,
est à l'épreuve du temps.
Et ses mots étaient sages.
J'ai été souvent surpris,
depuis que je suis
dans cette Chambre,
de voir avec quel sang-froid
et quelle aisance
les membres et même les ministres
parlent d'une guerre européenne.
Je suis d'avis, monsieur,
qu'il est erroné de considérer
une guerre moderne
comme un jeu d'argent
auquel on peut s'essayer
et de croire qu'avec un peu de chance,
ce sera l'affaire d'une soirée.
Et de penser que
quand on en a assez,
on peut rentrer chez nous
avec nos gains.
Bravo.
Non, monsieur.
ll ne s'agit pas d'un jeu.
Une guerre européenne
ne sera rien d'autre qu'une lutte
cruelle et déchirante,
qui, si l'on espère savourer
les fruits amers de la victoire,
exigera des années
de labeur de toute
la population masculine,
la suspension
des industries pacifiques
et la convergence acharnée
de toutes les ressources vitales
de la communauté.
- Bravo.
- Oui.
Peut-être que le genre humain
est condamné
à ne jamais apprendre sa leçon.
Nous sommes les seuls animaux
sur terre
à se massacrer sauvagement
de manière régulière
pour les raisons les meilleures,
les plus nobles
et les plus inéluctables.
On le sait,
et pourtant on remet cela
génération après génération.
Peut-être que notre empire
est aussi voué à l'échec,
comme tous ceux qui ont disparu
et qui, comme nous,
ont continué à répandre et à gaspiller
le sang de leurs braves
si loin de leur patrie.
Peu importe ce que l'on dit
ou ce que l'on fait ici,
peu importe ce que l'on croit
ou ce que l'histoire nous a appris.
Mais Dieu merci,
la force morale existe encore.
Et en dépit des calomnies
et des mensonges,
il est évident que l'entier
de la situation...
Et on doit juger l'entier de la situation.
L'influence britannique
est saine et bonne.
C'est pourquoi je vous dis, monsieur,
qu'à ce moment particulier
de l'histoire,
ce serait une erreur fatale
de permettre que la force morale
défendue depuis si longtemps
par notre pays
soit amoindrie
et peut-être même détruite,
à cause d'une duperie coûteuse,
d'un dangereux jeu militaire,
que le Secrétaire de la guerre
désire mener à bout.
Bravo ! Bravo !
Bravo ! Bravo !
Le Times.
"Le discours de M. Winston Churchill
a été reçu par des applaudissements,
mais pas ceux de son propre parti. "
- Félicitations.
- Merci beaucoup.
Le Morning Post, Londres.
"M. Winston Churchill a fait sav oir,
hier soir,
qu'il y a un jeune lion dans la Chambre
et que ses griffes sont acérées. "
Eh bien.
Je soupçonne vos motivations,
et pourtant,
je crois que vous étiez tout à fait
sincère et très courageux.
Vous savez, Churchill,
vous êtes le fils de votre rang
et cela ne changera jamais.
Mais vous avez du cœur.
Félicitations.
Merci.
Je t'ai cherchée
mais je ne t'ai pas trouvée.
J'ai pensé te trouver ici.
Alors ?
Tu crois que ma carrière est gâchée ?
On va devoir attendre pour voir.
Comment te sens-tu ?
Fatigué.
Fatigué mais libre.
C'est étrange, je me sens libre.
Excuse-moi. Tu veux un cognac ?
Non.
Je ne sais pas.
C'est comme
quand je me suis échappé.
Quand j'ai su pour la 1 re fois
que j'étais vraiment libre.
C'est étrange.
Oh, Mère,
j'ai vu une fille, ce soir.
Grande, blonde.
Assez ravissante.
Elle portait du jaune pâle.
Tu ne l'aurais pas vue, par hasard ?
Si.
ll y avait une jeune femme
qui correspond à cette description.
Tu connais tout le monde, non ?
Eh bien, oui, je la connais.
Tu parles de Clementine Hozier.
Ton oncle Jack l'a presque fait tomber,
lors de son baptême.
- Vraiment ?
- Oui.
C'était une fin
et un début.
Ma mère a continué sa vie impétueuse,
imprudente, mais toujours galante
et courageuse.
Et sept ans plus ***,
Clementine et moi nous mariâmes
et vécûmes heureux.
Traduction .:
Julien Roussel