Tip:
Highlight text to annotate it
X
Demandez Dolly
Si votre voisin veut vivre une aventure
Si votre sur aime un garçon
Elle saura le prendre à l'hameçon
Pour marier vos tantes encore vieilles filles
Demandez
Mme Dolly Levi
Rencontres en tout genre
Envoyez-lui vos célibataires
Huitjours après,
ils seront devant le maire
Atmosphère élégante et raffinée
Demandez Dolly
Pour vous marier!
Si votre fille aînée cherche un petit ami
J'ai toujours aimé arranger les choses
Pour le plaisir et pour un petit profit
J'ai toujours aimé arranger les choses
Meubles, bouquets ou affaires de cur
Pour marier votre frère ou votre sur
Faites donc appel à moi!
Pour vérifier votre toit
ou vos comptes de fin de mois
Faites donc appel à moi!
Pour faire de votre fille
une mère de famille
Pour un prix vraiment modique
Pour dénicher un mari
ou un poulet bien cuit
Je m'arrangerai pour arranger ça
Faites appel à moi!
- Affaires ou agrément?
- Les deux vont de pair, pour moi.
Et vous savez jongler avec tout ça!
Comme disait feu mon mari:
"Pourjoindre les deux bouts,
soyez acrobate!"
Pour vous remonter le moral
ou tapisser vos fauteuils
Faites donc appel à moi!
Pourjouer les belles de salon
ou de la mandoline en 10 leçons
Faites donc appel à moi!
Pour apprendre le français
ou vous faire masser
Avec une garantie de dix ans
Pour déclarer une naissance
ou mettre vos chats en pension
Je suivrai la marche à suivre
Faites donc appel à moi!
- Tu vas où Dolly?
- À Yonkers,
pour voir M. Vandergelder,
le milliardaire célibataire.
Tu vas l'épouser?
Qui a pu me mettre pareille idée en tête?
Te mettre, veux-je dire.
Pour abolir une loi
ou manucurer vos doigts
Faites donc appel à moi!
Pour prendre votre tension
ou acheter des actions
Faites donc appel à moi!
Pour surveiller vos enfants,
vos manteaux d'astrakan
ou vos petits plats
Si votre ventre bombe
Si votre poitrine tombe
Je sais garder tous les secrets!
J'ai de la discrétion à discrétion
Je m'arrangerai pour arranger ça
Je suivrai la marche à suivre
On est en république!
Elle est consentante! Je vais l'épouser!
- Non, pas question!
- Si!
- Jamais.
- Demain. Aujourd'hui!
Vous êtes trop bohème
pour faire vivre un ménage!
Je gagne bien ma vie!
Pour ça, il faut vendre des produits
nécessaires aux gens.
On gagne de l'or en vendant
des produits d'usage quotidien.
Un artiste comme vous
ne vend rien d'indispensable!
Ermengarde et moi nous marierons
comme nous pourrons!
Espèce de grand dadais incapable!
- Vous m'insultez!
- Tout ce qui vous touche est insultant!
Elle est en âge de se marier. La loi...
La loi? Écoutez, M. Kemper,
la loi n'existe que pour prévenir le crime.
Et les gens comme moi,
pour vous empêcher d'épouser ma nièce.
D'ailleurs, j'ai pris des mesures.
J'attends Mme Dolly Levi.
Votre marieuse?
Elle va emmener Ermengarde à New York,
pour lui faire oublier ces bêtises.
C'est ce qu'on verra!
Restez tranquille, M. Vandergelder. Si je
vous égorge, ce sera presque par accident.
90% des gens sont fous.
Et leur folie risque de nous atteindre!
Suffit! Je suis un homme très occupé.
Vous m'avez assez écorché comme ça!
J'ai fait de mon mieux.
J'aimerais paraître
à mon avantage, aujourd'hui.
Si vous me faisiez profiter d'un petit extra?
Ce que vous faites aux jeunes gens,
pour m'embellir un peu.
Massage facial, un peu d'eau de toilette.
Je vous en ai donné pour vos 15 cents,
comme d'habitude. J'ai fait mon devoir.
Entre nous, je veux être beau.
Carje vais à New York
pour voir Miss lrène Molloy.
Vos affaires de cur ne me regardent pas!
- Allez-y doucement, Joe.
- Oncle Horace!
- Oncle Horace!
- Oui, qu'y a-t-il?
- Qu'avez-vous dit à Ambrose?
- Nous avons discuté paisiblement.
Je lui ai expliqué qu'il n'était qu'un idiot.
- Mon oncle!
- Gâcher tant d'eau à pleurer!
Tu me remercieras plus ***.
Mais je l'aime!
Tu pleureras à New York, ça ne se verra pas.
Si je n'épouse pas Ambrose, je mourrai!
- De quoi?
- De douleur!
Connais pas cette maladie!
Es-tu prête à recevoir Mme Levi?
Retourne te préparer.
Et reste dans ta chambre.
Cornelius!
Barnabé!
- Monsieur a frappé?
- Oui, j'ai frappé.
Les bagages de ma nièce sont à la gare?
Bien étiquetés?
Je vais à New York
pour une affaire importante.
Je défilerai dans la parade de la 14e Rue.
- Je rentrerai demain.
- Vous allez nous laisser seuls?
Vous allez prendre du galon.
Cornelius, quel âge avez-vous?
Vingt-huit ans et trois quarts.
Seulement? Quel âge idiot!
Je vous donnais quarante ans!
Je n'ai que vingt-huit ans et trois quarts.
Les moins de 40 ans
ne sont bons qu'à faire des bêtises.
Je vais vous nommer premier commis.
Qu'étais-je jusqu'ici?
Un impertinent! Mais si tout va bien,
vous passerez premier commis
et vous serez augmenté.
Merci, M. Vandergelder.
Et toi, Barnabé, d'apprenti bon à rien
tu passeras employé incompétent!
Merci, M. Vandergelder.
Qu'y a-t-il?
Un premier commis
a-t-il droit à une soirée de libre?
C'est ainsi que vous me remerciez?
Non! Vous aurez les mêmes horaires.
Continuez à me demander des soirées libres
et bientôt vous aurez
vos journées libres aussi!
Oui, M. Vandergelder.
Sachez bien vous tenir en mon absence,
sinon je vous renvoie tous les deux!
Autant vous prévenir. À mon retour, il y aura
quelques changements dans la maison.
- Vous aurez une maîtresse.
- Je suis trop jeune!
Je ne parle pas de ce genre de maîtresse!
Je vais me marier.
- Vous marier?
- Des objections?
- Non, mais...
- Non. Mes félicitations.
- Ainsi qu'à la dame.
- Ce n'est pas votre affaire!
- D'autres questions?
- Non, mais...
- Quoi?
- Mais...
- Parle!
- Pourquoi?
- Eh bien, parle!
- Pourquoi vous mariez-vous?
Laissez-moi vous dire ceci.
J'ai travaillé dur,
je suis devenu riche, asocial, méchant.
On ne peut guère faire mieux, en Amérique!
II est temps que je me paye une petite folie.
De plus, j'ai besoin d'une bonne ménagère.
Il n'y a qu'une femme bien pomponnée
Pour vous déboucher gaiement un évier
Seuls ces anges aux longs cils
Et aux doigts bien déliés
Savent nettoyer les saletés
Oui, il n'y a qu'une femme
Une gentille petite femme
Un ange, une maîtresse
Une épouse
Oh oui, il n'y a qu'une femme
Une faible femme
Pour vous faire apprécier la vie!
Lajeune fille si frêle
Toujours là quand on l'appelle
Pour ferrer le cheval
ou faire la vaisselle
II n'y a qu'une femme
pour dresser une table
Sevrer un veau ou nettoyer l'étable!
Oui, il n'y a qu'une femme
Une gentille petite femme
Un ange, une maîtresse
Une épouse
Oh oui, il n'y a qu'une femme
Une faible femme
Pour vous faire apprécier la vie!
Elles ont le travail dans l'âme
Un triple "hourra" pour toutes les femmes
Dieu bénisse la gent féminine
En décembre, elle rompra la glace
Et prendra les rats dans ses nasses
C'est un vrai trésor carje vous le dis
À qui donc s'adresser
quand la tuyauterie fuit?
À cette gentille petite femme
À cette faible femme
À cet ange, cette maîtresse,
cette épouse
Oui, il n'y a qu'une femme
Une femme solide
Pour vous faire apprécier la vie!
Bonjour, M. Vandergelder.
M. Hackl. M. Tucker.
Messieurs.
Bonjour, Mme Levi.
Vous êtes beau
à couper le souffle aujourd'hui!
Ermengarde pleure là-haut.
Mouchez-la avant de partir.
Si lrène vous voyait ainsi!
Allez flâner ailleurs!
Et vous deux, à la boutique!
Bouchez bien les insecticides!
Qu'est-ce qui vous arrive?
Vous rajeunissez chaque jour.
Qui surveille bien ses menus
restera toujours jeune.
Très juste.
Même en ayant dépassé les 40... les 35 ans.
Vous, à 100 ans, vous serez encore vert!
Vous pourrez faire 5 repas parjour
comme mon oncle Harry!
Montrez-moi votre main.
Je sais lire les lignes de la main.
- Je m'en sers pour travailler!
- Mon Dieu!
C'est incroyable!
Quelle ligne de vie!
Elle sort de votre main!
II faudra vous assommer!
Ou vous assassiner,
sinon vous nous enterrerez tous!
Vous vous êtes fait beau, aujourd'hui, hein?
Et certainement pas
en l'honneur de ce cheval!
Quelque chose me dit
que vous avez un rendez-vous galant.
Étonnant! Comment avez-vous pu voir ça?
Deux et deux font quatre.
Votre esprit fera votre fortune.
J'y compte bien!
Alors donnez-m'en pour mon argent,
et emmenez Ermengarde.
Puisqu'on parle affaires...
Je suppose
que vous ne comptez plus vous marier?
Vous le supposez vraiment?
Alors, écoutez bien ceci.
J'ai pratiquement décidé
de demander la main d'lrène Molloy.
- Ah bon?
- Oui.
Etje vais à New York
pour en discuter avec elle.
C'est la meilleure nouvelle
que j'aie entendue depuis longtemps!
C'est vraiment formidable!
Quelle merveilleuse idée!
J'essaie de me rappeler
une aussi bonne nouvelle.
Mais je n'y arrive pas! Celle-là est trop bonne!
C'est votre faute, vous savez.
À force de me parler mariage,
vous m'avez convaincu.
Il faut bien gagner sa vie.
J'ai finalement compris
que ma maison était bien vide.
Et bien sale, en plus.
Il me faut quelqu'un pour balayer.
Et lrène Molloy
est la femme qu'il vous faut pour ça!
Vous allez vivre un vrai rêve,
M. Vandergelder!
Je détestais penser à tout votre argent
qui dormait dans les sous-sols d'une banque.
Comme disait feu mon mari:
"L'argent doit être comme la pluie."
"Ll est fait pour pleuvoir
sur les grands couturiers."
"Sur les cochers de fiacre, les restaurateurs."
Je suis sûre que votre future femme
saura veiller à ce que votre argent
coule à flots et inonde
tous les commerçants de la ville!
Ne dites pas ça!
Je vous souhaite bien du plaisir.
Etje vous quitte sur l'heure.
Je vais prévenir mon héritière
de ne plus vous attendre.
- Qu'avez-vous dit?
- J'ai seulement parlé d'héritière.
Attendez. Ça ne court pas les rues.
Je ne vous ai jamais cherché
une épouse qui coure les rues!
Mais puisque vous êtes fiancé à lrène...
Je ne suis pas fiancé.
Vous êtes trop frivole
pour que je continue à m'occuper de vous.
- Comment ça?
- Vous jouez un jeu dangereux, vous savez.
Vous finirez par être condamné comme
suborneur! La seule façon d'éviter ça,
c'est de vous marier rapidement.
Soyez tranquille.
Je vous retrouverai à 14 h 30
devant la boutique d'lrène.
- Pas la peine.
- Je ne voudrais pas rater ça.
Je veux simplement m'assurer
que tout se passe bien.
Occupez-vous seulement d'Ermengarde
ou rendez-moi mon argent.
À propos d'argent, j'oubliais...
J'ai laissé tout mon liquide dans le sac
que j'ai envoyé à nettoyer.
Vingt? Merci infiniment.
Et ne vous inquiétez de rien.
Ne pensez plus
qu'à la ravissante lrène Molloy.
Il n'y a qu'une femme qui puisse sans bruit
Prendre un homme et faire de lui
l'homme dont elle avait envie
Et le guider doucement ensuite
vers la glorieuse réussite
Sans qu'il puisse soupçonner
que tout ce qu'il a fait
il le doit à cette petite femme
Cette faible femme
Cet ange
Cette maîtresse
Cette épouse!
S'il avait du goût,
il les ferait repeindre en vert.
En vert foncé.
Vite! On s'enfuit.
- On s'enfuit?
- Avant que le train n'arrive!
- Le train?
- Le train pour New York! Je t'enlève!
Je ne veux pas entendre parler d'enlèvement!
Quel spectacle romantique!
Mme Levi, dites-lui que je veux
me marier avec lui mais pas m'enfuir.
- Ça ne la regarde pas.
- Tout me regarde, M. Kemper.
- Je sais ce que vous voulez.
- Vous aider! L'amour a besoin d'aide.
- Écoutez-moi.
- On n'a pas le temps.
Montons. Je sens un courant d'air
dans mes dessous.
Quel enlèvement!
Si vous m'écoutez, il donnera son accord.
Et il dansera même à vos noces!
Et pas seul, qui plus est! Vous savez danser?
Je suis peintre, madame!
"Leçons de danse pour peintres".
J'emmène Ermengarde
à New York comme prévu.
Vous venez aussi et vous l'emmenez
à l'Harmonia Gardens.
Mon ami Rudolph
vous y fera participer au concours de polka.
Vous gagnerez la coupe
et l'argent du premier prix.
Avec mon mari, on raflait tout!
Vous avez des relations
dans un endroit pareil?
Pas des relations. Des amis.
De bons amis d'autrefois.
Feu mon mari aimait beaucoup la vie.
Il aimait voir des gens,
prendre des bains de foule.
Tous les vendredis,
même quand on manquait d'argent,
ponctuels comme une horloge,
on descendait les marches
de l'Harmonia Gardens.
Pas des relations, Ermengarde. Des amis.
Vous suggérez vraiment
qu'Ermengarde et moi...
Vous voulez prouver
votre sérieux à Vandergelder?
Alors présentez-vous
de ma part à l'Harmonia.
Et dites à Rudolph que Dolly est de retour.
Retenez-moi une table et un poulet pour 8 h.
Gagnez le concours de polka,
et tout s'arrangera.
Comment?
Comment?
28 ans et trois quarts
et toujours pas de soirée libre!
Quand vais-je commencer à vivre?
Barnabé. Combien d'argent as-tu?
Tu as des économies.
- Environ 3 dollars. Pourquoi?
- Toi et moi, on va à New York!
Fermer boutique? Lmpossible!
Force majeure.
Des conserves pourries vont exploser.
Comment tu le sais?
Je vais mettre le feu dessous!
Ça sentira si mauvais
qu'aucun client n'osera entrer.
On pourra prendre notre soirée!
On va à New York pour vivre, enfin!
On prendra tous les risques.
Et on dépensera tout notre argent!
Et on ne rentrera pas
avant d'avoir embrassé une fille!
Embrasser une fille?
Mais tu n'en connais aucune!
J'ai 28 ans et trois quarts!
II est temps que je m'y mette!
Je n'ai que 19 ans et demi.
Je suis moins pressé.
J'ai une idée.
- Je vous ai entendus malgré moi.
- On va être vidés!
- On disait ça comme ça.
- M. Hackl, M. Tucker,
je serais ravie
de voir deux beaux garçons comme vous
auprès de deux charmantes jeunes filles.
- Quelles jeunes filles?
- À New York,
où vous comptez aller
si j'en crois mes oreilles.
Je connais une boutique
tenue par une femme charmante.
- "Lrène Molloy"?
- Et son adorable employée, Minnie Fay.
Maintenant que vous avez noté l'adresse,
écoutez-moi.
Elles seront ravies
de bavarder avec vous à 14 h,
14 h 30 au plus ***!
Si vous leur parlez jamais de moi,
je dirai à tout le monde
quels menteurs vous êtes!
- Une boutique de mode!
- Des travailleuses!
- L'aventure, Barnabé!
- J'ai peur.
- La grande vie!
- J'ai peur.
- Tu viens avec moi?
- Oui, Cornelius! Oui!
Broadway! Le métro aérien!
La baleine empaillée de Barnum!
Une baleine empaillée? Hourra!
Des travailleuses! Hourra!
Rien à signaler. Tu les allumes toutes?
Regarde! La rangée du fond
gonfle déjà. Ça va sauter!
- Pouah! Quelle odeur!
- Va t'habiller, Barnabé!
On va à New York!
Là-bas
C'est autre chose que Yonkers
Au-delà de ce trou perdu, Barnabé,
il y a une grande ville!
Là-bas
Tout brille et tout scintille
Ferme les yeux
et vois toutes ces lumières
Écoute, Barnabé
Mets tes habits de fête
On va faire des conquêtes
Adieu la brillantine
et les mauvais cigares
Là-bas, le soir, l'aventure est partout
Filles en blanc
Parfums troublants
Dans la nuit allumée d'étoiles
Mets tes habits de fête
On va faire des conquêtes
Dans les grandes voitures à chevaux!
On va se payer un tourbillon
de danses et de cotillons
On ne quittera la ville
qu'après avoir embrassé une fille!
Mets tes habits de fête
Si tu as du vague à l'âme
Et va dans la rue
te faire prendre en photo
Dans tes beaux habits
tu ne te reconnaîtras plus!
Sous le soleil radieux
Tu te sentiras mieux
Sous ta légère ombrelle
Le monde entier étincelle
Et pour toi plus rien n'est pareil!
Mettez vos fanfreluches
Sortez vos plumes d'autruche
Dans tes habits de fête
Tu oublieras tous tes soucis
On oublie tout dans des habits de fête
Souriez! Les hommes n'aiment pas
les femmes timides.
Ambrose, tournez-vous, montrez-moi.
N'oubliez pas lrène et Minnie!
Et ne parlez pas de moi.
Tous en voiture!
Mets tes habits de fête
Et va faire des conquêtes
Mets ta cravate blanche
Tes souliers du dimanche
Là-bas, le soir,
l'aventure est partout
Et une fois en ville on trouvera des filles
Aussi brûlantes que des volcans!
Mets ton chapeau de soie,
tes manchettes à revers
Et tes beaux gants en suède
Vous allez ravager New York!
On verra les Astor
En dînant chez Tony Pastor
Etje peux vous l'assurer
Pas question de rentrer
Pas question de rentrer
Pas question de rentrer
Avant d'avoir trouvé l'amour!
Finis ta banane, Minnie.
Ça intrigue les hommes.
Une peau de banane est très utile
pour faire tomber un homme!
- Vous allez bien?
- Si bien que c'en est presque indécent!
Vous êtes en forme, aujourd'hui.
Ça ne me regarde pas mais vous... vous...
Si tu ne peux pas finir tes repas,
finis au moins tes phrases!
Vous allez vraiment...
Vais-je vraiment épouser Horace, c'est ça?
Je l'envisage... S'il me le demande.
Pardon d'être aussi indiscrète mais...
Pourquoi l'épouseriez-vous?
II est riche! II me sortirait de ma boutique.
Je hais les chapeaux.
Bonjour, M. L'agent.
Bonjour à vous, Miss Molloy!
Pourquoi tous les beaux hommes
sont-ils déjà mariés?
- Comme vous y allez!
- C'est naturel de parler des hommes!
- Non, je parlais des chapeaux!
- Je hais aussi celles qui les achètent!
- Vous ne le pensez pas.
- Mais, si, Minnie Fay.
On soupçonne toujours
les modistes des pires choses.
Il y a des clientes qui viennent
uniquement pour m'observer.
Quel culot!
Si j'offusquais leur morale,
elles fileraient sur l'heure.
- Bon débarras!
- On a besoin d'elles.
Aussi, est-ce que je dîne en ville? Non.
Ma réputation en souffrirait.
Est-ce que je vais au théâtre?
Non. Ce serait mauvais pour la maison.
Les seuls hommes que je fréquente
sont les représentants.
J'en ai assez de passer
pour une mauvaise femme.
Sans avoir rien fait pour ça!
Pourquoi n'ai-je pas d'aventures?
Parce que j'en ai perdu l'envie!
Si je n'épouse pas Vandergelder,
j'incendie cette boutique!
Etje pars faire les quatre cents coups!
Vous dites des choses bien audacieuses.
N'est-ce pas?
Et qui plus est, je les pense vraiment!
Qu'est-ce?
Un nouveau "retour" de Miss Mortimer?
Elle doit vouloir un chapeau à plumes,
pour séduire un dandy.
Elle ferait mieux de se couvrir de voiles!
Je lui ai conseillé les rubans,
pour attirer les hommes.
Mais elle veut des plumes!
Fais-lui un autre chapeau. Je prends celui-là.
- Vous n'y songez pas?
- Pourquoi?
Vous ne pouvez pas mettre ça!
C'est trop provocant!
Peut-être ai-je justement envie
d'être provocante, aujourd'hui!
Je mettrai de longs rubans
Cet été
Bleus et verts,
flottant dans le ciel orangé
Et si un beau garçon vient à passer
Cet été
II ne pourra pas m'ignorer
En me voyant passer
Carj'aurai tout fait
pour éveiller sa curiosité
Dans le calme du mois de juillet
Carje serai auréolée d'un arc-en-ciel radieux
Qui devra lui sauter aux yeux
Et il me sourira, et me prendra la main
Cet été
Et il me rappellera comme il est doux d'aimer
C'est pourquoi je mettrai
des rubans
Qui brilleront dans mes cheveux
pour qu'il puisse me remarquer!
Vous n'aimez pas Vandergelder?
- Bien sûr que non!
- Alors, comment pouvez-vous?
Regarde ces garçons.
Ils regardent la boutique.
- Des garçons?
- Ils sont exquis, non?
- Vous ne pensez pas...
- Ils viennent par ici!
- Que va-t-on faire?
- Flirter, bien sûr!
- Tu prends le petit.
- Vous êtes terrible.
Excellent entraînement avant le mariage.
- Allons nous faire belles.
- Dites le mot vamp, etje crie!
Le grand me plaît beaucoup.
- L'aventure, Barnabé!
- On peut encore avoir un train pour Yonkers.
- Je suis tout étourdi.
- Ou aller voir la baleine empaillée.
Des femmes, Barnabé!
Des femmes empaillées!
II n'y a personne. On peut partir.
Je ne me le pardonnerais jamais!
Est-ce vraiment une aventure?
II suffit de la vivre pour le savoir.
Combien nous reste-t-il?
40 cents pour le retour,
30 pour le dîner, et 20 pour la baleine.
Feignons d'être riches.
Comme ça, on n'aura rien à dépenser.
Si on parlait de Mme Levi?
Elle nous l'a interdit.
On est deux gentlemen
en quête de chapeaux pour dames.
Quelles dames?
"Bonjour, madame.
Il fait vraiment très beau."
"Salut! Comment vont vos chapeaux?"
"Enchanté, votre boutique est ravissante."
Bonjour, messieurs.
- Cornelius Hackl!
- Barnabé Tucker!
Lrène Molloy.
Ravie de vous connaître.
Que puis-je faire pour vous?
Nous sommes deux dames
en quête de Molloy.
On est des chapeaux
et on voudrait acheter une dame.
On veut un chapeau pour une dame!
On nous a dit le plus grand bien de vous.
Non, de vos chapeaux!
Quel genre de chapeau préfère Mme Hackl?
II n'y a pas de Mme Hackl.
Tu oublies ta mère!
Elle ne parlait pas de ça.
- N'est-ce pas, Miss Molloy?
- Cette dame qui est votre amie.
Ne pourrait-elle pas venir
choisir son chapeau avec vous?
Lmpossible. Elle n'existe pas.
Mais vous disiez que...
Je parlais de l'amie de Barnabé!
Oui. Mais elle vit à Yonkers
et elle veut un chapeau pas trop cher.
- Moins d'un dollar.
- Ne sois pas ridicule.
L'argent ne compte pas, pour nous.
Minnie Fay, mon assistante.
Bonjour, madame.
Vous avez dit Yonkers?
Oui. On est de Yonkers.
Vraiment?
C'est une ville qui mériterait
votre visite, Miss Molloy.
Vous devriez y venir,
avec votre petit ami new-yorkais.
Certains disent
que c'est la plus belle ville du monde.
- Il paraît.
- Certes.
Mais je n'ai pas de "petit ami new-yorkais".
Tu entends? Elle n'a pas de petit ami!
Quel dommage!
Si vous êtes libre un dimanche...
Vous êtes catholique?
Peu importe, je peux changer de religion.
Si vous êtes libre, un de ces jours...
On vous fera visiter Yonkers
de fond en comble!
C'est plein d'histoire.
En fait, je pense m'y rendre bientôt.
J'ai un ami à Yonkers.
Vous le connaissez peut-être.
C'est toujours un peu idiot de demander ça.
Pourquoi le connaîtriez-vous?
C'est un M. Vandergelder.
- Horace Vandergelder?
- Le grainetier?
- Oui! Vous le connaissez?
- Oh, non! Non!
Je l'attends ici d'une minute à l'autre.
- Il vient ici?
- Cet après-midi?
Cornelius! Cornelius, regarde!
C'est une souricière!
Attention!
- Désolé!
- Que faites-vous?
- On vous expliquera! Aidez-nous!
- Sortez de là!
On est innocents, Miss Maloy!
Sortez immédiatement!
M. Vandergelder, quel plaisir de vous voir.
- Dolly, quelle surprise!
- Tu es radieuse.
- Tu dois être amoureuse.
- Bonjour, Miss Molloy.
Quel plaisir de vous voir à New York.
Nous avons décidé
de dépeupler un peu Yonkers.
On venait bavarder.
- Mais on ne veut pas te déranger.
- Me déranger? Pourquoi?
M. Vandergelder pense avoir vu
deux hommes dans ta boutique.
Des hommes? Dans cette boutique?
Venez voir mon atelier.
- Je le connais par cur.
- Je veux votre avis.
Ses avis pourraient enrichir toute la ville!
Un avis ne coûte rien.
Ce n'est pas comme ce cadeau.
- Comme c'estjoliment tourné!
- Merci, M. Vandergelder.
Cacahuètes enrobées de chocolat.
Ce sont les plus chères.
Ouvrons-les dans l'atelier.
J'ai à vous parler affaires,
une fois Mme Levi partie.
Ne vous gênez pas pour moi. Je furète.
Affaires? Affaires de grains?
- Pas vraiment...
- De chapeaux!
Ouvrir une boutique à Yonkers?
Une ville ravissante, d'après...
Qui vous a parlé de Yonkers?
Personne. Un ami.
Son nom?
Eh bien, il...
II?
Oui... il...
- Son nom.
- Pardon?
Son nom!
II... il s'appelle M. Cornelius Hackl.
- Cornelius Hackl?
- Vous le connaissez?
C'est mon premier commis!
Depuis dix ans! D'où le connaissez-vous?
- Elle l'aura rencontré par hasard.
- Oui, par hasard!
II n'a pas le droit de faire de telles rencontres!
Cet interrogatoire ne vous ressemble guère.
Autant vous dire la vérité sur votre commis.
Il est plus connu qu'il ne semble.
Il est très connu à New York.
On l'y voit sans arrêt.
Tout le monde le connaît!
II travaille tout le jour
et il couche dans ma réserve!
Vous vous trompez.
Vous ne voyez pas plus loin
que le fond de votre caisse!
Le jour, Cornelius est votre fidèle commis.
Mais la nuit,
il mène une double vie, voilà tout.
Il va à l'opéra,
dans les grands restaurants,
tous les endroits à la mode.
Il dîne deux ou trois fois par semaine
à l'Harmonia Gardens.
C'est l'homme le plus brillant
et le plus polisson de New York!
C'est le grand Cornelius Hackl, voilà tout!
Ça ne peut pas être lui.
Sinon, je l'aurais renvoyé!
Qui a tiré à la main
la calèche de la belle Jenny?
Qui, déguisé en serveur
a glissé une huître dans le...
Je n'en dirai pas plus.
- C'était Cornelius Hackl!
- D'où tire-t-il l'argent?
- Il est très riche.
- Je garde son argent.
Il a 145 $ et 36 cents!
II est de la famille des Hackl.
Les grands constructeurs!
Pourquoi travaillerait-il pour moi?
Plus un mot! Je rentre.
Ça ne peut pas être lui.
Je viens de le nommer premier commis.
Prenez-le plutôt pour associé.
Je vois qu'il a su te charmer, toi aussi.
- Je ne l'ai vu qu'une fois.
- Mais ne compte pas l'épouser!
Mais non!
II brise les curs
comme des coquilles de noix.
- Qui?
- Cornelius Hackl.
Depuis quand vous rend-il visite?
Et si je vous disais
qu'il ne m'ajamais rendu visite?
- Excusez-moi.
- Pas maintenant, Minnie!
Ne crie pas.
- Il y a un homme!
- Ne nous dérange pas!
Retourne tout de suite à l'atelier!
- La pauvre chérie est surmenée.
- Je vais le sortir de là!
- Sortez de là!
- Comprenez-vous ce que vous dites?
- Parfaitement!
- Attendez.
Avant de faire une chose
que vous risquez de regretter,
permettez...
Reste là.
Voilà qui vous prouve
qu'il était stupide de croire
qu'lrène cachait un homme dans son placard!
Nous oublierons vos injustes soupçons.
Il n'y a personne là-dedans.
À vos souhaits!
Oui, il y a un homme là-dedans.
- Je vois.
- Je pourrais tout expliquer.
Mais je vous dirai seulement merci et adieu!
Un autre.
Toute la pièce fourmille d'hommes!
Bravo, lrène!
Je ne vous importunerai plus.
Et vice versa, j'espère.
Horace, où allez-vous?
Défiler dans la 14e Rue,
avec des gens à qui je peux me fier.
700 hommes!
C'est bon!
- Vous connaissez Miss Minnie Fay?
- Partez ou j'appelle la police.
On s'ennuie en prison.
Ne parlez pas tous à la fois!
Votre richesse et votre célébrité
ne vous permettent pas d'agir ainsi.
- On fera tout pour se racheter.
- C'est Cornelius Hackl.
- Je sais.
- Ne parlons plus de prison.
- Explique-lui!
- Cornelius Hackl.
La seule solution,
c'est effectivement d'appeler la police.
Tu peux les faire emprisonner à vie.
Mais dîne avec eux avant.
Pour essayer la conciliation.
Le dîner d'abord, la prison ensuite.
Qui sait ce qui peut arriver
avant que tu les envoies en prison?
- M. Hackl?
- Oh, absolument.
On rêve de ça depuis le début!
Puisqu'on est déshonorées,
autant en profiter.
- Nous acceptons l'invitation.
- C'est parfait.
- Je connais un petit marchand de beignets.
- Des beignets? Non.
On veut aller dîner dans un grand restaurant!
Allez donc à l'Harmonia Gardens.
Votre restaurant préféré.
Cuisine trois étoiles,
musique et concours de polka!
- Danser!
- Faites-vous placer par Rudolph.
- C'est impossible.
- Merveilleux.
Minnie, quartier libre pour ce soir!
Mais on ne pourrajamais.
Ce n'est pas à cause de l'argent,
bien sûr, mais...
- Comment ça?
- Je ne sais pas danser!
Et vous dites qu'il y a des concours de polka.
J'en ai pour des années
avant de savoir danser!
"Mme Dolly Levi. Leçons pour commis
de 28 ans et trois quarts..."
Posez une main là et l'autre ici.
Inutile. Je n'ai pas le sens du rythme.
C'est exactement ce qu'il faut
pour apprendre avec moi!
Dans cinq minutes,
vous irez danser dans les rues!
Leçon n° 7, la valse tourbillonnante.
Vous vous en tirez à merveille, M. Hackl.
Les femmes vont se pâmer dans vos bras!
On revient à la leçon n° 1?
Vous enlacez sa taille.
Et vous lui prenez la main droite.
Et...
Et... une, deux, trois.
Oh, non... Celle-là.
Regarde! Je danse!
- Je dansais.
- Mais oui, M. Hackl.
Prenez celle que vous enlacez
Serrez fort et tourbillonnez
Tourbillonnez, flottez dans l'air
Je danse.
Ah! Venez là.
Prenez un air plus romantique!
Que pensez-vous de mon style?
Je le trouve trop athlétique!
Mon cur bat déjà la chamade
Ma tête est près d'éclater
À présent que je suis lancé
qui donc pourra m'arrêter?
Merveilleux.
Regardez, tous!
Moi, Cornelius Hackl, je danse!
À vous, M. Tucker.
Glissez et marchez
Marchez et glissez
Mettez-vous tous sur le côté.
Pas encore, M. Tucker!
- Il danse!
- Il nous cachait ses dons.
Vous saurez la polka en une semaine
Ou le tango, si vous voulez
Je suis prêt à danser sur scène!
N'oubliez jamais de respirer!
Mon cur bat déjà la chamade
Ma tête est près d'éclater
À présent que l'on est lancés
qui donc pourra nous arrêter?
Quand vous avez vu un garçon
Qui vous donne le grand frisson
Sachez que pour être dans ses bras
il suffit de danser!
Ce n'est encore qu'une inconnue
Et soudain elle devient l'Ève
qui réalise tous nos rêves
Rien qu'en dansant
Cornelius nous emmène voir la parade.
Tout le monde défilera!
- Venez, Mme Levi.
- Le monde est vraiment merveilleux!
Dépêchez-vous,
avant que la parade ne passe!
Oui, j'arrive.
Avant que la parade ne passe
Avant que tout se mette en marche
Et que je me retrouve seule
Avant que la parade ne passe
II faut que j'entre dans la ronde
Pendant qu'il est encore temps
Je suis prête à marcher en tête
Vivre sans vivre n'a plus ni rime ni raison
Avec tous les autres
Les meilleurs des nôtres
Je veux marcher la tête haute.
Je ne veux plus vivre sans but
Je veux redonner un sens à ma vie
Je veux que mon cur recommence
à battre aussi fort qu'autrefois
Avant que la parade
ne passe!
Éphraïm, laisse-moi y aller.
Ça a assez duré.
Chaque soir, comme tu l'aurais souhaité,
j'ai mis le chat sur le palier
etj'ai pris un grog.
Etj'ai remercié Dieu de mon indépendance.
Du fait que nulle autre vie
n'était liée à la mienne.
Mais récemment, Éphraïm,
je me suis rendu compte que...
depuis très longtemps, je n'ai pas pleuré...
Etje n'ai pas non plus été
follement heureuse.
Horace Vandergelder dit toujours:
"Le monde est plein de fous."
En un sens, il a raison,
entre lui, Cornelius, lrène et moi.
Mais vient un temps où il faut décider
si l'on veut être fou avec les autres,
ou fou tout seul.
J'ai pris ma décision, Éphraïm.
Mais je serais bien contente si tu pouvais
me montrer que tu m'approuves,
d'une façon ou d'une autre.
Éphraïm,
je vais rejoindre le monde.
Et Éphraïm, je veux ton accord.
Avant que la parade ne passe
Je veux aller rejoindre le monde
Avant que la parade ne passe
Je veux à nouveau vivre ma vie
Je suis prête à marcher en tête
J'ai trop vécu en dehors de tout
Avec tous les autres
Les meilleurs des nôtres
Je veux marcher la tête haute
J'ai retrouvé une raison de vivre
Mon cur va battre aussi fort qu'autrefois
Avant que la parade
ne passe!
Gussie Granger!
Que fais-tu là?
Je gagne le dollar
que je ne peux plus gagner sur scène.
Avec des fabricants de conserves?
Je jouerais les petits cochons,
si ça payait plus!
Je suis venu fuir la foule ici.
Je vous dois des excuses
et ça ne peut pas attendre.
Rendez-moi l'argent
de cette coureuse de modiste!
Elle m'a bien déçue, la pauvre chérie.
Le confiseur m'a remboursé
mes cacahuètes fourrées.
Désolée, mais je ne rembourse jamais rien.
Cependant, par pure honnêteté,
je vous ai arrangé une petite compensation.
Je vous démets
de vos fonctions de marieuse!
Pour moi, vous n'êtes plus
qu'une femme comme les autres.
- Vraiment?
- Etje ne suis plus votre client.
Alors, inutile de continuer
à me faire des propositions.
Je comprends ce que vous ressentez.
Je suis venue marcher avec vous
pour vous dire que je vous ai
arrangé un dîner pour ce soir.
Dans un salon privé de l'Harmonia Gardens.
Tout est arrangé. Elle vous attendra.
Qui? Qui m'attendra?
La belle dame très riche
dontje vous ai parlé ce matin.
La riche héritière. Vous vous rappelez?
Je n'en veux pas. Quel est son prénom?
Ernestina.
Je n'en veux pas. Quel est son nom?
C'est simple... Simple! Ernestina Simple!
- Elle cuisine?
- Si elle cuisine?
Elle pourrait se payer cent cuisinières.
Mais elle cuisine elle-même,
sur un fourneau en or!
- Elle est folle! Les fous ne m'intéressent pas.
- Moi non plus.
N'oubliez pas. 7 h 30 à l'Harmonia Gardens.
Louez un habit.
Vous me tapez sur les nerfs!
C'est la plus jolie chose
que vous m'ayez jamais dite!
Dans le bruit des fifres et des cymbales
Des pétards qui montent aux étoiles
Je vais reprendre ma vraie place
Donnez-moi un trombone
Et une canne de majorette
Avant que la parade
ne passe!
ENTRACTE
Tu es sûr qu'elles sont seulement
allées se changer?
- Oui. Elles vont arriver.
- Moi, je m'habille en moins de trois minutes.
- Une femme a plus d'habits.
- Ah bon?
En dessous.
On ferait peut-être mieux de filer.
Jamais!
On a vu la parade,
la statue de la Liberté, la baleine...
- Je peux mourir content.
- Ça vaut le coup de continuer.
Même si on finit en prison,
on gardera toujours le souvenir
du soir où on a dîné avec lrène Molloy
et Minnie Fay à l'Harmonia Gardens,
- avec moins d'un dollar!
- Réveille-toi!
J'ai une autre raison pour ne pas rentrer.
On n'a pas encore fait
ce qu'on s'est promis de faire
avant de rentrer
et de devenir comme Vandergelder!
Tu ne vas pas embrasser Miss Molloy?
- Peut-être...
- Elle va hurler!
Tu ne connais rien aux femmes.
- On n'a pas les moyens.
- Sache qu'on est les seuls
à n'embrasser personne.
Ah bon?
Oui.
Ça m'a souvent tracassé.
- Souris, Barnabé.
- Je souris.
- Aie l'air riche, *** et charmant.
- J'ai l'air *** et charmant.
Bonsoir.
Nous voilà!
Ravi de vous revoir, Miss Molloy.
Après ce qui s'est passé,
appelez-nous par nos prénoms.
- Ça compte, ça?
- Je ne crois pas.
Compter?
On faisait nos comptes en vous attendant.
Il paraît que les riches
passent leur temps à compter.
Je meurs de faim.
Allons prendre un petit en-cas ici.
- Non.
- C'est très à la mode.
- Ça nous couperait l'appé***.
- Prenons un apéritif.
Pas question d'apéritif non plus.
On n'en boitjamais.
- Tout le monde boit!
- Parce que tout le monde ignore que...
prendre l'apéritif est devenu très vulgaire.
C'est démodé depuis longtemps.
Alors, prenons un fiacre
pour nous rendre à l'Harmonia.
Monter en fiacre? Mon rêve!
- En voici un, justement!
- Impossible!
Pas à cause de l'argent, mais...
Vous comprenez, de nos jours,
les gens élégants ne prennent plus de fiacre
mais les transports en commun.
Prenons les transports en commun!
J'ai été élégante toute ma vie sans le savoir!
En fait, le comble de l'élégance, c'est...
C'est?
...d'aller à pied!
Oui, New York, nous voici
Barnabé et Cornelius
Les invitées de M. Hackl
brillent vraiment de mille feux
II faut être vraiment très doué
pourjouer ainsi les gens distingués
On a de la classe
Si t'as pas de classe
Tu ne te tireras jamais d'affaire
Tous les gens bien nés sont d'accord
Minnie Fay est de haut lignage
Ce soir, faisons mille folies
On sort avec deux grands seigneurs
On peut se fier à leurs manières
On a toujours vécu dans le luxe
On a de la classe
Si t'as pas de classe
Tu ne te tireras jamais d'affaire
Ces snobs
que la foule couvre de roses,
nous, on les regarde de haut
Plaignez les femmes qui me voient
jouer avec mon collier de perles fines!
Mépriser les gens nous est doux
On se méprise même entre nous!
Si t'as pas de classe
Tu ne te tireras jamais d'affaire!
Vous permettez?
Ne nous parlez pas de bourgeois
lls n'ont pas notre savoir-faire
D'aucuns sont nés dans la misère
Nous, on se chauffe avec des dollars!
Vanderbilt ne jure que par nous
J.P. Morgan est à nos genoux
On a de la classe
On a toujours eu de la classe
Je tends toujours ma cape aux dames
Quand le pavé est trop glissant
Mon sang est encore plus bleu
Que la plus bleue des myrtilles
Remarquez, quand je prends ma tasse,
la soucoupe ne bouge pas
Et mon petit doigt bien levé
prouve indiscutablement
Qu'on a de la classe
Qu'on a beaucoup de classe
Et avec tant de classe
On se tirera toujours d'affaire!
Madame Horace Vandergelder
Je me charge d'arranger ça
Ce ne sera pas comme la première fois
Mais ça ne peut plus être
comme la première fois
Et pourquoi le serait-ce?
Ne cherche pas d'étoiles filantes
Car l'amour n'est que l'amour
Et son contact
ne nous faitjamais quitter terre
N'écoute pas sonner les cloches
Car l'amour n'est que l'amour
Si c'est vraiment l'amour qui vient
Ton cur n'entendra rien
Et quand tu tiens sa main
Tu ne tiens jamais que sa main
N'écoute pas les violons
Mais si tu sais vraiment comprendre
Le silence de ses yeux
Te dira qu'à tout prendre
L'amour n'est que l'amour
Et qu'il est déjà assez beau comme ça
Pas besoin d'étoiles filantes
Ni de cloches carillonnantes
Ni de violons
L'amour est assez beau
comme ça!
Bonsoir.
Redressez-vous. Bien droit.
Ravi de vous voir.
Laissez les plats sourire pour vous!
Comment allez-vous ce soir?
Ravissant, ravissant.
Vous, là-bas!
Lci tout de suite!
Oui, vous!
Comment osez-vous me faire attendre?
Je vous installerai
dès que M. Vandergelder sera là.
Je suis Rudolph Reisenweber.
Pourquoi ne puis-je attendre à table?
La maison n'aime pas
avoir des dames seules à table.
- Puis-je vous débarrasser?
- Ne me touchez pas!
Où ça?
- Vous m'excusez?
- Certainement pas!
Que puis-je faire pour vous?
Bonsoir, Adolf! Comment ça va, mon vieux?
- Je suis Rudolph.
- Bien sûr!
On... on voudrait manger un morceau.
Sous quel nom avez-vous retenu?
- Quel nom?
- Je n'ai plus une table de libre.
- Partons!
- Savez-vous à qui vous parlez?
C'est le grand Cornelius Hackl.
L'ami des Rockefeller.
Je connais un petit bistro.
Je crois que j'ai encore une table. Suivez-moi.
Le salon numéro 2.
C'est le seul libre. Il est très intime.
Très chic!
- Et très demandé!
- Pas un mot de plus!
Et très coûteux!
Le mot à ne pas dire!
Merveilleux!
C'est combien?
Je vous croyais très connu ici.
Ce soir, ils se souviendront
certainement de moi!
C'est vrai? Pas possible!
Table et poulet pour deux à 8 h.
Mme Dolly Levi! Lci!
Après une aussi longue absence!
- Trop beau pour être vrai!
- C'est le message qu'ils m'ont transmis.
Qui sont ces gens?
Lls ont l'air honnêtes.
Cesse de jouer les lapins effrayés
ou je te commande une laitue.
Tu es bien courageux.
Rappelle-toi l'avis de Mme Levi.
Je veux t'épouser.
Pas me donner en spectacle.
- Personne ne nous connaît.
- Tu en es sûr?
Me suis-je jamais trompé?
Monsieur?
- Vandergelder.
- Oui, M. Vandergelder.
Une Miss Ernestina Simple
est censée m'attendre.
Elle est là, M. Vandergelder.
Vous avez dû mal comprendre.
Mais non. M. Vandergelder est là.
Je le vois bien!
- Je vous souhaite une bonne soirée.
- Je l'espère, M. Vandergelder!
Fritz! Salon particulier numéro 1.
- Veuillez me suivre.
- Prenez mon bras.
Et enlevez votre chapeau,
si vous n'êtes pas enrhumé.
J'ai une annonce importante à faire.
Après des années d'absence,
nous allons accueillir ici, ce soir,
la dame au plus joli sourire,
au plus grand cur,
et au plus féroce appé*** de tout New York!
C'est Dolly.
J'ordonne donc, en tant que
maître d'hôtel de l'Harmonia Gardens,
et votre chef suprême,
qu'en cette occasion,
notre célèbre "service-éclair"
soit deux fois plus foudroyant
que d'habitude.
Sinon, gare!
Soupe de tortue et faisan en gelée.
Moi aussi, et du champagne!
- Champagne?
- Et vous, monsieur?
Six mois pour bonne conduite!
Comment, ce n'est pas la saison des huîtres?
C'estjustement pour ça
que j'en veux tout de suite!
II n'y en a pas.
Qu'ils s'arrangent pour m'en trouver!
Nous revoilà!
- On craignait le pire.
- Il ne tardera pas!
Tout me rend
si terriblement heureux aujourd'hui
que je vais être honnête et tout vous avouer.
J'avais oublié ce qui arrive aux hommes
quand ils boivent.
Si je vous dis la vérité,
me laisserez-vous vous enlacer?
Bien sûr! Et même si vous me mentez!
La première femme que je touche.
Pour l'instant, vous ne touchez
que mon corset!
- Vous êtes merveilleuse, lrène.
- Merci, Cornelius.
Aussi je vais vous avouer la vérité.
Si ça peut vous soulager.
Tout ce que vous a dit
Mme Levi sur mon compte.
Oh, je vois.
C'est faux.
Vraiment?
Je ne suis pas riche.
Pas riche?
Ni Barnabé ni moi ne sommes ce qu'elle a dit.
On ne connaît personne.
Et on n'étaitjamais venus à New York.
On travaille tout le jour
pour Vandergelder et on loge chez lui.
On voulait vivre une aventure.
Alors, on a quitté Yonkers et on vous a menti.
Regardez-nous.
Deux prétendants sans un sou en poche.
Je sais ça depuis le début.
C'est vrai?
Sinon, pourquoi vous seriez-vous cachés?
Pourquoi serait-on venus à pied?
Ce sera une joie d'aller en prison pour vous!
En prison?
On n'a pas un sou pour payer ce dîner!
Évidemment. Montre à ces deux dandys
ce que j'ai dans ma bourse.
Quelle joie de savoir
que tous les chapeaux vendus
suffiront à payer cette merveilleuse soirée!
Je n'y tiens plus!
Non, Minnie. Mon sac blanc, pas celui-ci.
- Mon sac blanc.
- On a pris le mauvais.
Je n'ai que ma réserve. 5 cents pour rentrer.
Voulez-vous l'addition?
Emportez ça et ramenez-nous du champagne!
- Que faites-vous?
- Il est 8 h. Je dois m'en aller.
Vous n'avez pas fini de manger.
Ces plats coûtent cher.
Si je m'offrais ça tous les jours,
je serais ruiné en un an!
Dites au garçon de vous envelopper
les restes pour vos cochons.
Je n'ai que des poules,
etje les ai habituées à la frugalité!
Je trouve cette discussion
infiniment oiseuse.
Etje n'ai aucune raison de rester
puisqu'il est très clair que vous ne convenez
pas du tout, si vous me le permettez.
Je ne dirai pas un mot à Mme Levi
de cette affligeante soirée.
Etje vous suggère de faire de même
quand elle arrivera.
Vous avez dit "arrivera"?
Elle sera là à 8 h.
Dites-lui que j'avais mal au ventre.
Ce qui est la vérité.
Bonsoir!
Ça m'apprendra à me risquer
dans une grande ville!
- Il est mûr, mon chou.
- Bien. M. Cassidy?
- Oui, Mme Levi.
- Déposez-moi.
- M. Reisenweber, venez!
- Je vous ai interdit de crier!
C'est elle! Elle est dehors!
- Qu'y a-t-il?
- Vous êtes sûr?
J'ai reconnu sa voix!
Dans un superbe attelage à deux chevaux!
C'est elle! Elle arrive!
Vous ne la connaissez pas. Mme Levi...
C'est Dolly! Prévenez l'orchestre!
- Vous l'avez vue?
- Dans un attelage tiré par quatre chevaux!
C'est comme autrefois.
La voilà!
C'est si bon de revenir
où l'on se sent chez soi
Tu resplendis, Manny
Je te dis, Danny
Que tu brilles
Que tu scintilles
tout autant
qu'avant
Je sens bouger le plancher
Car l'orchestre est en train de jouer
Un de mes airs favoris du temps passé
Je rentre dans le rang, les gars
Faites-moi de la place, les gars
Dolly ne vous quittera plus jamais!
Hello, Dolly!
Oh, hello, Dolly!
C'est si bon de te revoir!
Tu es chez toi!
Tu resplendis, Dolly
On te dit, Dolly
Que tu brilles
Que tu scintilles
Tout autant qu'avant!
On sent bouger le plancher
Car l'orchestre est en train de jouer
Un de tes airs favoris du temps passé
Prenez mon chapeau, les gars
Je reste où je suis, les gars
Promets de ne plus jamais nous quitter
J'avais quitté les lumières de la 14e Rue
Pour aller vivre dans ma brume
Mais à présent que je suis revenue
Dans les lumières de la 14e Rue
Demain sera encore plus beau
Que les beaux jours de naguère
Quelle joie de te revoir, Hank
Merci à ma bonne étoile!
Tu es parfait, Stanley
Tu as minci, on dirait, Stanley
Dolly ne se tient plus de joie!
J'entends la glace tinter
Je vois les lumières briller
Tu nous plais toujours autant!
Mon Dieu, que je vous trouve beaux!
Bon sang, les gars
Faites-moi de la place, les gars
Dolly ne vous quittera plus jamais!
Oh, hello, Dolly!
C'est si bon de te revoir dans ta maison!
Ravie d'être revenue!
Tu resplendis, Dolly.
Je te dis
Ça se voit donc?
Que tu brilles
Que tu scintilles
Tout autant qu'avant!
Je sens bouger le plancher
Car l'orchestre est en train de jouer
Un de nos airs favoris du temps passé
Je le reconnais.
Dépêchez-vous, les gars
Faites-lui de la place, les gars
Dolly ne nous quittera plus jamais!
Oh, oh, oh, les gars
Regardez qui est là, les gars
Dolly ne partira plus
Dolly ne partira plus
Dolly ne partira plus jamais!
Encore une fois!
- On se connaît?
- Beaucoup trop bien!
Oh, c'est vous, Mme Levi.
Oui.
Croyez-vous pouvoir porter
ce genre de robe?
C'est aux autres d'en décider.
Je l'ai empruntée,
n'étant pas de ces femmes riches
qui passent leur vie chez les couturiers.
Au fait, où est Miss Simple?
Elle a dû partir auprès d'un ami malade.
C'est bien elle. Elle ne pense qu'aux autres!
II faudra donc se passer d'elle
pour le moment.
Chère Mme Levi,
je vous ai retenu la meilleure table.
- Vous me manquiez, Rudolph!
- Suivez-moi.
- Venez.
- J'ai mangé.
Venez, avant de vous faire
renverser par un garçon.
Oh, bonsoir. Comment allez-vous?
Ravie de vous voir.
- Vous connaissez trop de gens.
- Des inconnus.
- Pourquoi les saluer?
- Je les connais, à présent.
- Saluez-les pour moi.
- C'est fait.
- Parfait, Rudolph.
- Que fait-on ici?
Je veux que vous suiviez
le concours de danse.
- Ça ne m'intéresse pas.
- Voici M. Vandergelder, de Yonkers.
Le citoyen le plus influent de Yonkers.
Il veut le meilleur repas possible
et servi rapidement.
Je suis au régime.
Que puis-je avoir en vitesse?
Vous avez commandé un poulet.
Oh non, pas après
ce que j'ai vécu aujourd'hui!
Faites-nous une dinde.
Avec les amuse-gueule habituels.
Parlez-moi un peu d'Ernestina.
Ça s'est bien passé?
Pensez-vous pouvoir
vous entendre avec elle?
Vous êtes bien indiscrète.
Si vous voulez vous marier,
laissez les femmes être femmes.
Dites-moi. Vous lui avez plu?
Vous voulez toujours tout savoir.
Vivre avec vous doit être insupportable.
- Qu'avez-vous dit?
- Que vivre avec vous...
Horace Vandergelder,
sortez-vous cette idée de la tête!
Je vous interdis même d'y faire allusion!
Je ne compte absolument pas vous épouser!
- Je n'ai pas dit ça!
- Mais vous alliez le dire!
N'y pensez plus!
- Je n'y songeais nullement!
- Je l'espère bien.
Vivons chacun de son côté.
Moi, vous ne m'aurez pas
avec une boîte de cacahuètes!
- Comment pouvez-vous?
- Vous vous trompez.
Je l'espère bien. N'en parlons plus.
- Je ne me sens pas bien.
- Je servirai moi-même.
Voici une belle aile.
Et des boulettes. Plus légères que l'air!
- J'ai besoin d'air.
- Et un peu de cervelle.
Vous en avez besoin.
Et vivons chacun de son côté,
comme j'ai dit!
Buvez un peu de vin.
Puisque vous avez abordé la question.
Laissez-moi ajouter ceci.
J'aime m'occuper de tout, en effet.
Mais je ne m'occuperai jamais de votre foyer.
Trop de désordre!
Arrangez-le tout seul!
- Il n'est pas en désordre!
- Ne parlons plus de ça.
- Prenez un peu de betteraves.
- Je n'ai pas faim. Je n'aime pas ça.
Je ne saurais épouser un homme
aussi désagréable que vous!
Salons nos betteraves chacun de son côté!
- Je ne suis pas comme ça.
- En ce cas, vous êtes le seul à le savoir!
Moi, je veux m'amuser.
Vous trouverez toujours une femme
pour vous gaver de haricots secs!
Vous finirez vos jours en écoutant
aux portes par peur des voleurs.
Reprenez de ces betteraves.
Elles sont exquises.
Je dé*** ça!
Toute la différence est là.
Vous manquez d'enthousiasme.
Vous pourriez être charmant,
si vous vouliez...
- Je ne veux pas!
- Mais vous l'êtes malgré vous.
"Écouter aux portes"! En voilà des façons!
- Qu'importe, à votre âge!
- Vous parlez toujours de mon âge!
Quel que soit votre âge,
votre fichu caractère le doublera en six mois!
Asseyez-vous et parlons d'autre chose.
Une dernière chose pour en finir.
Inutile! Je ne compte nullement
demander votre main!
Si vous comptez sur moi
pour demander la vôtre, c'est non!
Je ne vous ai rien demandé!
J'ai décidé pour vous.
Je vais vous couper les ailes.
- Je ne veux pas!
- Aucun homme ne le veut, Horace.
J'ai mal à la tête. Je pars.
Non. Le concours de danse va commencer.
Mesdames et messieurs,
puis-je avoir votre attention?
J'ai le plaisir de vous annoncer,
au nom de la direction
que le concours de danse va commencer.
Les juges du concours de ce soir
sont M. Herman Fleishacker,
M. Llewelyn Codd,
et notre invitée d'honneur, Mme Dolly Levi!
Asseyez-vous!
Que les candidats au concours
descendent sur la piste.
Le couple vainqueur gagnera
cinquante dollars
ou un engagement dans la maison!
Cinquante!
Tout le monde en piste!
Une autre bouteille de champagne.
Ce danseur pourrait gagner sa vie
rien qu'avec ses pieds.
- Horace, regardez.
- Où?
- Mais...
- N'est-il pas fantastique?
C'est Kemper, le soi-disant artiste!
Oui, en effet.
Ses peintures sont horribles.
- Il doit peindre avec ses pieds!
- Il va remporter le prix.
Si Ermengarde le voyait avec cette fille!
- Surtout qu'elle estjolie.
- C'est scandaleux, voilà tout!
Cette Mlle Molloy qui danse avec un homme!
Est-ce un homme?
II y a six heures, elle voulait m'épouser!
- Scandaleux.
- Il n'y a plus de femmes fidèles!
Je suis d'accord. Nous sommes égoïstes.
On devrait se marier
pour donner le bon exemple.
Mon chapeau!
- Mon oncle!
- Ma nièce!
Tu fais honte à Yonkers!
- Le concours!
- Je vous en donnerai, des concours!
Appelez la police!
Laissez-nous expliquer...
- Que faites-vous ici?
- Je livre des graines.
À mon ex-fiancée? Je vous renvoie!
- Impossible! J'ai démissionné!
- Moi aussi.
- Barnabé, je vous renvoie!
- J'ai démissionné!
Moi aussi.
Désolé.
Même sur le dos, vous êtes adorable,
Horace Vandergelder!
Je peux peut-être
le décider à vous reprendre.
Comment?
Je pourrais l'épouser.
- Non! Lmpossible!
- Impossible?
- Oui.
- Pourquoi, Cornelius?
- Parce que...
- Expliquez-vous.
Peu importe pourquoi.
Et ne me dites pas de chuchoter!
- Que se passe-t-il?
- Cornelius, vite!
Hé vous! Quel est ce vacarme?
- Restez en dehors de ça!
- Ça va, Mlle?
Je le saurai dans un instant.
J'essaie de lui dire quelque chose.
Il est trop *** et vous parlez trop fort!
II n'est pas trop ***! C'est pour ça que je crie!
En 28 ans, je n'ai rien fait.
J'ai travaillé sans jamais quitter Yonkers.
- Yonkers?
- Et aujourd'hui,
il m'arrive une chose très importante
qui ne me serait pas arrivée à Yonkers.
Une chose que je dois à la rencontre
de cette dame, cet après-midi même!
De quoi parlez-vous donc?
Je parle d'amour,
rien de moins, monsieur l'agent!
D'amour?
Vous voulez dire
qu'après 28 ans de Yonkers,
vous avez trouvé l'amour en un jour, ici?
Je ne suis pas tombé amoureux
d'lrène en un jour.
Une heure m'a suffi!
Que dis-je, une heure! Moins d'une minute!
Une seconde?
Un instant.
C'est ça! Écoutez-moi tous.
S'il vous plaît.
Il suffit d'un instant
De deux regards qui se croisent
Et soudain
Votre cur sait
en un instant
qu'il ne sera plus jamais seul
Je l'ai enlacée
Un instant
Mais mes bras l'ont serrée très fort
II suffit d'un instant
pour être aimé
toute sa vie!
Le monde n'est-il pas merveilleux?
J'ai perdu ma place, mon avenir.
Tout ce qui compte aux yeux des gens.
Mais je m'en moque! Même si je dois finir
par casser des cailloux,
je serai un forçat qui aura vécu
une journée inoubliable!
Excusez-moi. Je suis arrivé juste après:
II suffit...
Que Rudolph ne s'inquiète pas
pour les dégâts.
Qu'il envoie la note
à M. Vandergelder, à Yonkers.
- Voilà votre vie, Horace.
- Je ne veux rien entendre.
Plus de nièce, de fiancée, de commis.
Je suis las. J'ai mal aux reins.
- C'est tout ce qu'il vous reste.
- Tant pis.
Il ne me reste plus qu'une chose à vous dire.
Si c'est pour me demander
de vous épouser, c'est non!
II ne s'agit pas de ça.
Je voulais seulement vous dire...
Adieu
- Adieu
- Que dites-vous?
Ne me retenez pas.
Fais-moi adieu de la main
Tu ne me reverras plus jamais
Et quand tu découvriras l'enfer de ta vie
Ne viens pas frapper à ma porte
Carje te chanterai le vieux refrain
qui dit: "Je t'avais prévenu!"
Fais-moi adieu de la main
J'aurais dû te quitter depuis longtemps
Tu m'as traitée trop rudement
Je t'ai supporté assez longtemps
Fais-moi adieu de la main
J'aurais dû te quitter depuis longtemps
J'entends le sifflet du train qui m'appelle
vers des cieux plus rieurs
Ce sifflet m'invite à monter à bord
du Rapide du Bonheur
Je vais pouvoir danser, boire et fumer
Je vais fuir Yonkers à jamais
Et par les nuits d'hiver, Horace
Tu n'auras qu'à éteindre ta caisse
Elle est un peu rugueuse, mais elle tinte!
Si tu reviens, je te chanterai le vieux refrain
qui dit: "Je t'avais prévenu!"
Ta vie sera morne et sans joie
Dans l'enfer de ta solitude
Tandis que je serai célèbre!
Oh! J'aurais dû te dire adieu
Ça aurait dû me crever les yeux
Oh! J'aurais dû te dire adieu
Depuis si longtemps!
Moins de bruit, petits monstres!
Vous êtes sourds ou quoi?
Mais que se passe-t-il ici?
Que font ces conserves ici?
Venez me nettoyer ça tout de suite!
Bon débarras!
Vous ne me manquez pas du tout!
Mon petit déjeuner!
Trois ufs au bacon
et du porridge à la crème.
Ce n'est pas juste.
Pire que ça! II n'y a personne.
Pour rien au monde, Dolly Levi!
On ira chacun de son côté!
- Bonjour, oncle Horace.
- Bonjour, M. Vandergelder.
On revient à genoux, hein?
Et si je ne vous reprenais pas?
Heureusement que j'ai bon cur.
Reprenez vos tabliers.
On ne revient pas.
Comment?
On vient chercher notre argent.
- On va faire des affaires.
- Des affaires?
Puisqu'on s'y connaît,
on va ouvrir un magasin de graines.
Mme Levi nous a trouvé un local.
- Juste en face.
- Elle n'oserait pas!
Société Hackl et Tucker!
Vous ne tiendrez pas 8 jours!
Et mon petit déjeuner?
II faudra que vous le fassiez
vous-même désormais.
J'ai la conscience tranquille.
Un homme ne peut empêcher
des fous de faire des folies!
Vous avez l'air en pleine forme!
Je vous rapporte simplement votre canne.
Que faites-vous là?
On vient chercher l'argent des garçons.
146 dollars et 35 cents.
- Et mes 6 $ 12 cents!
- Et l'argent de ma mère.
C'est vrai: 52 $ 48 cents.
- 38 cents, idiot!
- 48 cents, mon oncle!
Si vous n'en avez qu'à l'argent,
le coffre est là-haut.
C'est moi qui ai la combinaison!
- Restez ici!
- Si vous insistez...
Éphraïm Levi, je vais me marier à nouveau.
Je vais épouser Horace Vandergelder.
Etje te demande ta permission.
Ce mariage ne sera pas comme le nôtre.
Mais tu peux être sûr
que je saurai le rendre heureux.
Je vais épouser Horace Vandergelder.
Et faire rouler son argent,
comme tu me l'as appris.
Comme tu disais, Éphraïm: "L'argent,
sauf votre respect, est comme le fumier."
"Ll ne vaut rien si on ne le répand pas
pour faire pousser quelque chose".
Enfin... C'est en tout cas l'opinion
de la future Mme Vandergelder.
Et, Éphraïm... J'attends toujours
que tu me montres que tu es d'accord.
- M. Vandergelder.
- Repeignez la façade.
Autoritaire! Intrigante!
Lrritante, curieuse, exaspérante!
Ça ne vous intéresse plus, mais...
je vous ai trouvé la femme idéale.
Vos femmes idéales ne m'intéressent pas!
J'ai su trouver celle qu'il me faut: Vous, hélas!
Je sais que je me conduis en fou, mais...
Dolly, pardonnez-moi et épousez-moi.
Non, Horace.
- Je n'ose pas.
- Pourquoi?
Vous êtes le citoyen
le plus influent de Yonkers.
Votre femme doit être à la hauteur.
Vous l'êtes! Vous êtes formidable!
Pensez-vous que je pourrais
renoncer à mes robes fantaisie
pourjouer les dames patronnesses?
Pensez-vous
que je puisse vous faire honneur?
Vous pouvez tout,
pourvu que vous le vouliez.
Voici l'argent que je vous ai emprunté hier...
Gardez-le!
Je ne vous aurais jamais cru
capable de dire ça!
Ne laissez pas Cornelius vous concurrencer.
- C'était votre idée.
- Associez-vous avec lui.
Barnabé le remplacera ici
et on dansera aux noces d'Ermengarde.
Je ne danserai nulle part!
D'ailleurs, je ne sais pas danser!
- Bien, je danserai!
- Pardon, M. Vandergelder.
- J'ai dit "la façade"!
- Mais que se passe-t-il?
Je fais repeindre les volets en vert foncé.
Vert foncé? La peinture est encore bonne,
mais ce gars a besoin de travailler.
Je pense que l'argent, sauf votre respect,
est comme le fumier.
Il ne vaut rien si on le répand pas,
pour faire pousser quelque chose.
Merci, Éphraïm!
Hello, Dolly
Oh, hello, Dolly
C'est si bon de te voir dans ta maison!
Je ne savais pas, Dolly
Que sans toi, Dolly
Ma vie serait sans intérêt
et totalement ratée.
Prends mon chapeau, Horace
Je reste où je suis, Horace
Dolly ne partira plus jamais!
Quelle femme merveilleuse!
Mets tes habits de fête,
si tu as du vague à l'âme
Et va dans la rue
te faire prendre en photo
Dans tes beaux habits
Tu ne te reconnaîtras plus!
Sous le soleil radieux
Tu te sentiras mieux!
Prenez celle que vous enlacez
Serrez fort et tourbillonnez
Je l'ai enlacée
Un instant
Mais mes bras l'ont serrée très fort
II suffit d'un instant
Pour être aimé toute sa vie!
Oui, il n'y a qu'une femme
Une gentille petite femme
Un ange, une maîtresse
Une épouse
Oui, il n'y a qu'une femme
Une faible femme
Pour vous faire apprécier la vie!
Oh, oh, oh, les gars
Regardez qui est là, les gars
Dolly ne partira plus
Dolly ne partira plus
Dolly ne partira plus
jamais!