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Au début, quand on a commencé,
SANS ABRI - AFFAMÉ - SANS EMPLOI
l'économie allait mal, il y avait de l'inflation
et un nouveau gouvernement.
Reagan était une sorte d'antithèse,
de réaction, un différent...
Un changement de modèle.
Beaucoup de gens s'inquiétaient
des implications que cela aurait
pour la liberté d'expression
et la répression...
ED MEESE, GARDE DES SCEAUX
C'était le genre de cette époque.
Au début des années 1980,
il y avait cette notion de rétablir l'ordre.
Vous savez, l'homme blanc...
L'ordre de Ronald-Reagan-L'Homme-Blanc
était de retour.
Avant, c'était Jimmy Carter, une mauviette
qui parlait de paix, de droits de l'homme.
Il y avait les féministes, les Noirs et les...
RÉVÉREND JESSE JACKSON
Ils nous regardent de haut.
Alors on va remettre de l'ordre dans tout ça.
Et alors, le pays entier a eu cette réaction,
ce retour puéril aux années 1950,
tout le monde portait des cardigans
et on s'est dit : "Allez vous faire foutre.
Allez vous faire foutre. Pas nous."
"Vous n'avez qu'à vous le foutre au cul."
On sortait de la période musicale
la plus merdique.
Le disco connaissait son apogée.
Les groupes de rock comme Foghat
marchalent fort.
Quelle merde !
C'était le genre : "On a une bagnole neuve."
Ou bien : "Je sors de chez le coiffeur."
Ou encore : "Regarde mes fringues."
Et : "Oh, tu veux de la coke ?"
"On boit des cocktails."
Ce genre de conneries.
ANGIE SCIARAPPA
Mouvement hardcore - Boston, MA
Je me faisais vraiment chier.
En 1980,
on écoutait encore les Doors et les Beatles,
on devait crier au génie,
mais c'était pas notre musique.
C'était des stéréotypes, comme Journey,
les Eagles et Fleetwood Mac.
Ce sont de bons groupes.
Mais quand tu entends leurs titres
en boucle,
t'as envie de gerber,
de sauter dans le vide
ou de te jeter sous un bus.
Je suis né dans les années 1960
et je pensais
qu'entre 15 et 25 ans, je vivrais les années
les plus radicales de ma vie.
Et à cette époque,
Pete Frampton portait un kimono.
Le temps passait lentement à l'époque.
Les choses bougeaient à peine
et cette musique est arrivée, c'était...
DAVE MARKEY et JORDAN SCHWARTZ
Une décharge électrique.
Comme si une comète heurtait la Terre.
"FAT HOWARD" SAUNDERS
PROMOTEUR - Philadelphle, PA
Putain, c'est venu de nulle part.
J'avais rien vu ni entendu de pareil.
La musique qu'on jouait,
les paroles qu'on écrivait
ne parlaient pas de se tenir par la main,
de sourire
et de gambader sur fond de soleil couchant.
J'ai pas pu y résister,
ce mouvement se développait
pas loin de chez moi
et, comme moi, il était plein de haine
pour les gens normaux.
Je me suis dit : "Et merde, je plonge,
"je me fous de me noyer."
Et ça a duré longtemps.
On nous avait fait toutes ces promesses.
Va à l'école, fais tes devoirs,
étudie à l'université, trouve un bon boulot,
gagne un paquet de fric,
marie-toi, fais des enfants.
Achète un chien, un chat, un poisson rouge.
Et ça se passe pas comme ça.
Quelqu'un doit dire : "C'est pas comme ça."
Parce que tout le monde dit :
"Le soleil brille sur les États-Unis."
Quelqu'un doit dire :
"On est en pleine tempête !"
Je travaille du lundi au vendredi.
On est vendredi soir
et je veux faire quelque chose.
Je dé*** mon patron, mes collègues,
mes parents.
Je dé*** tous les représentants
de l'autorité, les politiclens,
je dé*** le gouvernement,
je dé*** la police.
Tout le monde me montre du doigt.
Tout le monde me harcèle.
Tout le monde s'acharne sur moi.
Et maintenant, j'ai une chance d'être
avec un tas de gens qui me ressembient
et qui veulent faire quelque chose.
Voilà comment c'était.
Le punk m'a propulsé
dans la contre-culture.
C'est là qu'était ma place, ma vie.
Le punk, à cette époque,
était de plus en plus associé
aux Sex Pistols et à Sid Vicious.
Sid Vicious, tu le sais,
était un junkie nihiliste,
pas nous.
On essayait vraiment de faire notre trou.
On a dit : "Non, on joue du punk hardcore."
Du punk pur et dur. Du punk hardcore.
On a appelé ça "hardcore"
en référence au *** hardcore.
Ça tranche dans le vif. Ça va droit au but.
J'aurais jamais pu être Gene Simmons
ou Ace Freheiy ou jouer
dans un groupe où un mec crache du feu
sur fond d'explosions.
Je pouvais pas jouer
comme Eddie Van Halen. C'est toujours vrai.
Et ce nouveau son est arrivé,
il était simple et agressif.
On était en pleine vague new wave
et à vrai dire, c'était gerbant.
C'était la mode
des groupes aux cravates fines
et aux couleurs criardes.
Aux débuts du hardcore, j'étais gamin.
J'avais raté la vague punk de 1977
et j'étais pas né
à l'époque du rock des années 1970.
Le hardcore, c'était un nouveau mouvement
créé au fur et à mesure.
On créait les règles et le son.
Il y avait peu de gens et de groupes,
c'était le début,
c'était excitant.
On était à un moment décisif...
On partait dans l'inconnu.
Les gens normaux n'écoutaient pas
de hardcore. C'est ce qu'on aimait.
Vous pouvez écouter ces conneries.
Vous pouvez écouter Fleetwood Mac
et tout le reste.
C'est pas notre truc.
On veut faire voler ça en éclats.
On va balayer toutes ces saloperies.
Et vous pouvez pas vivre comme nous
à moins de franchir cette ligne.
Moi, Ronald Reagan, jure solennellement...
RONALD REAGAN - 1ERE INVESTITURE
20 JANVIER 1981
De remplir loyalement le rôle
de Président des États-Unis.
... de remplir loyalement le rôle
de Président des États-Unis.
- Et de faire ce qui est en mon pouvoir...
- Et de faire ce qui est en mon pouvoir...
- ... pour préserver, protéger et défendre...
- ... pour préserver, protéger et défendre...
- ... la constitution des États-Unis.
- ... la constitution des États-Unis.
- Dieu vous en soit témoin.
- Dieu m'en soit témoin.
Les punks détestaient Reagan.
On écrivait des chansons sur lui,
on faisait des posters, des panneaux,
on lui lançait des oranges.
Chaque groupe de cette époque
a dû avoir au moins un ou deux posters
avec sa photo tirée du film The Killers,
celle où il a une arme au poing.
L'expression de son visage semble dire :
"Je vais te buter, enfoiré."
SUD DE LA CALIFORNIE 1978
SANTA ANA, CA
MIKE PATTON et JEFF ATTA
MIDDLE CLASS - Santa Ana
On était les seuls du comté d'Orange
à écouter du punk rock
ou à savoir ce que c'était.
Les premiers groupes
comptaient des musiciens
influencés par le glitter et le glam.
Ces mecs savaient dejà jouer
et ils ont adopté le punk en tant que style.
On a écouté les premiers albums de punk
et on a appris à jouer.
C'était très primitif,
on n'avait aucune technique,
alors on compensait avec de l'énergie.
CHRIS FOLEY
et DAVID "SPRINGA" SPRINGS
Avec le hardcore,
les gens prenaient une guitare,
et jouaient trois accords à fond.
Les chansons courtes et rapides,
sans fioritures.
On réfléchit à l'intro
et à la conclusion plus ***.
On réduit les transitions de moitié,
et c'est parti.
Je vais dire exactement ce que je pense,
et je vais le faire en 32 secondes.
Sans structures, c'était mieux.
C'est ce qu'on ressent, on veut jouer vite.
On cherche pas à être mélodiques,
cool ou accessibles.
Notre angoisse doit vous péter à la gueule.
On sait pas chanter. On chantait pas.
On s'en prenait à l'autorité, à nos parents
et à tout ce qui nous faisait chier.
On était des ados
qui refusaient d'être étiquetés
en tant que gamins typiques.
C'était pour les ados, ça parlait d'eux,
c'était joué par eux.
C'était l'expression de la jeunesse.
C'était rapide, bruyant,
nerveux, imprévisible.
Comme les ados.
On était des ados qui pétaient les plombs.
Pour moi,
la musique représentait ça parfaitement.
La majorité avait 14 ans.
Ils sniffaient de la méthamphétamine
et baisaient dans les rues sombres.
C'était considéré comme un truc de paria,
réservé aux moins que rien.
En apprenant que tu étais punk,
les gens avaient pitié de ce que tu vivais.
Soudain, on s'est dit :
"Même en étant des minables,
on a créé un truc 100 fois mieux
"que ce que crée
le milieu qui nous a rejetés."
SEAN TAGGERT
Artiste hardcore - New York, NY
C'est le seul courant du rock qui est apparu
sans donner l'impression
d'avoir pillé la culture noire.
Ce n'était pas la culture blanche
contre la culture noire.
Il n'y avait pas la même culpabilité
qu'à l'écoute d'un morceau de Led Zeppelin
où on pensait :
"On dirait un vieux morceau de blues."
Tu grandis aux États-Unis
en faisant partie d'une minorité,
tu connais les idées préconçues
que les gens ont à ton sujet
simplement parce que tu appartiens
à une minorité.
Je me suis soudain aperçu
que je faisais partie d'une autre minorité.
J'étais un punk.
Les gens croyaient que tu jouais
dans un groupe pour être célèbre.
Tu répondais :
"Tu sais pas à quel mouvement j'appartiens.
On veut anéantir la célébrité."
Personne n'espérait pouvoir être diffusé
à la radio.
Aucune chance que ça arrive.
C'est comme si un Noir disait
qu'il voulait être chef du Ku Klux ***.
Aucune chance que ça arrive.
Personne ne réfléchissait en ces termes.
Aucun de ces groupes
n'a pensé passer à la radio.
Aucune chance.
Même pas la peine d'y penser.
T'es pas accepté,
ta chanson ne va pas être diffusée,
tu fais ça par plaisir.
Tu vas pas vendre un tas d'albums
ni devenir riche,
tu fais ça parce que tu aimes ça.
Je vivais l'instant présent. Je ne pensais pas
à développer un public
ni à construire une carrière
parce que c'était absurde.
Il n'y avait pas de carrière possible
en jouant du punk.
C'était impossible.
On jouait où on pouvait
afin que les gens connaissent notre groupe.
Aucun promoteur ne venait nous voir
en nous demandant de jouer dans son club.
Dans des églises, des caves.
On jouait dans des salons.
Dans des stations-service à l'abandon,
dans lesjardins lors de fêtes.
On a même joué...
C'était un truc pour chiens...
On a joué à l'université canine.
C'était une école de dressage pour chiens.
On a roulé jusqu'à Salt Lake City
et quand on est arrivés,
c'était fermé, bouclé à double tour.
On est allés chez le mec, on l'a tiré du lit
et on l'a menacé avec une batte,
on voulait le tabasser.
On l'a forcé à nous filer tout son blé,
on lui a tiré d'autres trucs.
Mais il y a pas eu de concert.
On savait jamais à quoi s'attendre.
Une salle de jeu, un sous-sol,
sur un lieu de travail.
Si on apprenait qu'un mec avait un magasin,
un immeuble, ou que les parents d'un mec
allalent déménager,
on filait vite fait sur place
et on disait :
"Il va y avoir un concert ce soir.
"Tout le monde est invité."
L'industrie de la musique, c'est :
succès, drogue et sexe.
Le reste, on s'en branle.
Notre position était : "On est opposés à ça.
"On est exactement le contraire de ça."
L'industrie rend la musique triviale,
son but est de pousser les gens à acheter.
Le message, c'est :
"Achète ça, c'est de la soupe."
Alors, d'une certaine manière...
Une fois que le public accepte ce concept,
les artistes se voient comme des ratés.
Même s'ils gagnent des millions de dollars.
Et plus rien n'a de sens.
On a réussi sans maison de disque.
Personne ne voulait signer les groupes.
Tout ce qui s'est développé
s'est fait à un niveau basique.
On s'occupait de tout.
On organisait les concerts.
On imprimait des fanzines.
Le mouvement allait au-delà de la musique.
Fais les choses toi-même.
Tu veux aller quelque part,
vas-y par tes propres moyens.
Tu veux créer quelque chose de nouveau,
fais-le.
L'enregistrement, c'était :
"Joue la chanson. C'est bon, c'est fini."
C'était pas le genre :
"Tu pourrais peut-être
ralentir un peu le tempo."
C'est jamais arrivé.
On jouait, et le résultat était là.
Ces albums étaient enregistrés en un jour.
On arrivait, on jouait et c'était fini.
CHUCK TREECE
McRAD - Philadelphie, PA
On n'avait pas le temps de réfléchir
à parfaire les chansons.
Si un groupe savait canaliser son énergie,
s'il avait l'expérience de la scène
et s'il savait ce qu'il voulait,
ça allait marcher.
Le groupe devait savoir faire preuve
de créativité.
Et sur scène, la musique devait être jouée
de la même manière
dès qu'on la jouait à notre sauce.
Au début, c'était comme ça.
On s'est autoproduits.
Pay to ***, notre premier single,
a été payé de notre poche.
Un de nos amis bossait
dans une imprimerie,
il a imprimé les pochettes après le boulot
et on les a pliées,
on a glissé les paroles à l'intérieur,
on a tout fait seuls.
On avait l'impression
que c'était un million de disques...
Il n'y en avait que 1 000, mais c'était trop.
On a plié les pochettes et inséré les paroles
pour 500 disques.
On avait des 45 tours anglais
qui nous plaisalent,
on a mis les pochettes en morceaux
pour voir comment elles étaient fabriquées.
On les a dépliées.
Bref, c'était une pochette
de 17 cm avec des sortes de petits rabats.
On pliait les rabats à l'intérieur.
On les pliait et on les collait ensemble.
On avait pigé le principe.
On a pris une pochette dépliée. On a pris
une feuille blanche de 28 cm sur 35.
On a tracé les contours
et on a dessiné les pochettes.
On a amené ça à la presse en demandant :
"Imprimez cette feuille de 28 cm sur 35."
Et puis, à l'aide de ciseaux,
on les a toutes découpées,
on les a toutes collées, pliées,
et on a glissé les paroles dedans.
On a fait ça pour 10 000 disques, au moins.
Pour chaque 45 tours.
On a fait ça à la main.
On découpait et on collait.
On savait pas. On apprenait.
SUD DE LA CALIFORNIE
HERMOSA BEACH
Nos premiers concerts étaient des fêtes
organisées à South Bay.
À Hermosa Beach, et on a joué...
On a fait ça pendant longtemps
parce qu'on trouvait pas vraiment
de concerts.
C'est là qu'a eu lieu notre premier concert
et le deuxième de Black Flag.
Ce sont des appartements, maintenant.
Ces quatre bâtiments.
Il y avait des groupes
comme les Teen Posts, les Alley Cats.
C'est ici qu'a eu lieu le premier concert
des Descendents, ils devaient avoir 15 ans.
S'il y avait un concert, les gens traînaient,
et un gamin est venu en disant :
"Moi aussi, j'ai un groupe.
"On est vraiment hardcore, c'est basique,
"on joue du punk à fond la caisse."
Et on a répondu : "D'accord.
Super, comment s'appelle le groupe ?"
Et il a dit : "Black Flag". C'était Keith Morris.
On croyait qu'il parlait de l'insecticide.
Black Flag avait quelque chose d'austère,
de très sincère et de sérieux,
et le groupe était respecté et craint
pour cette raison.
Il avait un logo, un look. Les quatre barres.
C'était oppressant.
Ils avaient une vision du monde
et des convictions politiques
BLACK FLAG - FEAR STAINS
YOUTH GONE MAD - 1 1/09
Ces mecs avaient
une vraie démarche intellectuelle...
Mais la force brute et animale,
la puissance et la férocité émanant d'eux
était sans précédent.
Black Flag a introduit la notion de banlieue
dans le punk rock
et a aidé à définir
ce qu'allait devenir le punk à cette époque.
Le mouvement se propageait
depuis Los Angeles,
comme si on lançait un seau d'eau
sur la carte.
Il ne s'agissait plus seulement d'Hollywood.
Il s'agissait du comté de Ventura,
de la vallée de San Fernando,
du comté d'Orange.
Il était question de South Bay,
l'endroit d'où je viens,
qui se trouve à peu près
à 40 km de Los Angeles.
Ça appartient au comté de Los Angeles,
mais il y a la plage.
"L'ÉGLISE" - HERMOSA BEACH, CA
L'Église était une communauté hippie,
un centre artisanal.
Elle se trouvait à Hermosa Beach,
à un pâté de maisons de la plage.
Un magnifique bâtiment,
parfait pour ce qu'on faisait,
organiser des fêtes,
jouer de la musique fort la nuit.
BLACK FLAG avec KEITH MORRIS
"L'ÉGLISE" 1979
C'est ici que le son du comté d'Orange
dans les années 1980...
Les fêtes à l'Église
étaient au centre de tout ça.
FULLERTON
COMTÉ D'ORANGE, CALIFORNIE
On est au Trou Noir.
Et c'est ici
que le mouvement punk de Fullerton
a commencé.
On traînait tous ici.
STEVE SOTO et FRANK AGNEW
ADOLESCENTS - Fullerton, CA
On venait échapper aux parents et au reste.
On venait se soûler ici.
"LE TROU NOIR" 1980
On était frustrés.
On cherchait une échappatoire
à la normalité de base de banlieue.
The Adolescents représentalent
tout ce qu'était Los Angeles.
La frustration, la banlieue,
l'exaspération de devoir te lever le matin,
la haine de ce qui t'entoure.
J'enregistrais un album
pour invalider
l'existence que je menais
dans le comté d'Orange.
Je voulais vraiment dire à...
Je voulais décrire ce qui m'entourait.
Je voulais m'en prendre violemment
à ce qui m'entourait.
Dès le début, la présence scénique de Tony
a été incroyable.
C'est comme si on avait secoué un chat
dans un sac
pour le jeter dans le public.
On a réussi à faire
la première partle des Germs.
Et Eddle, des Subtitles,
avait des relations à L.A.
Il nous a annoncé qu'il était notre manager.
Et il était vraiment super,
il nous a fait débuter...
Il nous a fait débuter à L.A.,
il nous a présenté à des gens.
Il nous a rendus accros à la drogue.
COMTÉ D'ORANGE, CALIFORNIE
HUNTINGTON BEACH
Les vrais surfeurs ont toujours été cinglés.
Les H.B., de Huntington Beach,
portalent des blousons et des bottes en cuir
décorées de chaînes et de bandanas.
C'était les sportifs du lycée
qui avaient découvert le punk.
Ils avaient toujours leur mentalité d'abrutis.
La musique servait de ralliement
à tous les tarés.
Jack Grisham est le Iggy Pop
du mouvement hardcore de L.A.
Il se pointait sur scène
déguisé en fille, le visage maquillé.
Il portait une robe
et si quelqu'un lui disait quoi que ce soit,
il le tabassait.
C'était un dur.
T'arrives chez quelqu'un,
tu commences à picoler,
tu te bats à coups de plantes en pots.
Tu vas dans la chambre des parents.
Tu ouvres le placard,
tu pisses sur les chaussures.
Tu voles des trucs...
Tu sors les cartes de crédit.
Une bagarre éclate dans la cuisine,
tout le monde y participe.
La maison est dévastée, le groupe joue,
les flics se pointent, et au lieu de se barrer,
on se dit : "On va se les faire."
Et tu t'en prends à la police.
Un mec voulait voir le concert
mais il avait pas de blé,
alors, il m'a filé deux bombes artisanales.
Mike me disait :
"Pourquoi je devrais te laisser entrer ?
"Pourquoi je devrais faire ça ?"
Et j'ai répondu : "Parce que j'ai une bombe.
Regarde, j'ai une bombe.
"J'en ai deux. Tu en auras une si j'entre."
Il se demandait si elles fonctionnaient.
Je lui ai dit : "Regarde."
Dans la rue, j'en ai pris une,
je l'ai posée contre un garage, je l'ai allumée
et la porte a volé en éclats.
Être violent, voler,
baiser sans cesse et déterrer des cadavres,
c'était mon monde.
On se disait : "C'est notre quotidien.
"Cette fille s'est évanouie
et je lui ai ***é sur la gueule. Et alors ?"
Notre premier concert hors de L.A.,
c'était à San Francisco.
Tous nos amis et nous y sommes allés,
entassés dans les voitures.
Il y avait peut-être 20 ou 30 mecs de L.A.
et on a joué
avec les Dead Kennedys
à Mabuhay Gardens.
On a commencé à jouer
et le public a pris le contrôle de la fosse.
Quand on te raconte l'histoire,
on dirait que c'est exagéré,
que c'est un tissu de mensonges.
Mais c'est vrai. J'ai jamais rien vu de tel.
Demande à Ian. Demande à Hetson.
Demande à Keith Morris.
Les Circle Jerks ont commencé à jouer
et on ne voyait plus que des poings
et on a vu les mecs de San Francisco
se faire étaler.
Ils faisalent toujours des pogos
à cette époque à San Francisco.
On s'est pointés avec nos potes
et on a tout foutu en l'air.
Le promoteur flippait.
"Vous avez fait venir ces cinglés
qui se battent et cassent tout."
On a dit :
"Non, on se bat pas, c'est le style de L.A."
Ils sautaient depuis la scène.
Personne n'avait rien vu de pareil.
C'était génial.
Ils assommaient des mecs.
Un videur avait une entaille profonde.
Il y avait du sang.
Il y a eu de la violence avant le concert.
Ils ont pourchassé un type
sous une bagnole,
ils ont voulu le déloger et le tabasser.
J'avais jamais rien vu de pareil.
Tous les gens dans la salle étaient terrifiés.
Ça a eu un sacré impact sur nous.
On est rentrés à Washington.
Quand les groupes jouaient,
le public était calme.
Et on était dingues...
On poussait les gens,
on leur donnait des coups de coude.
Ils disaient : "Vous faites quoi ?"
On répondait : "Ça !"
Et ils criaient...
Soudain, ça devenait violent.
En moins de deux semaines,
tous les adolescents de ce public
et les videurs se sont fait cogner.
On les appelait les Washiforniens
parce qu'ils ont importé le style californien
à Washington.
Les Bad Brains et ce style ont forgé
le son de D.C.
La combinaison de ces éléments
a contribué à la création du son de D.C.
Il nous fallait un point de vue
ou une sorte d'approche
qui serait très radicale et novatrice,
mais aussi traditionnelle.
Quelque chose qui toucherait les gens
partout dans le monde.
Ça dépassait la musique.
On n'était pas là pour se marrer.
On passait du temps à chercher des riffs,
on avait un message,
il fallait que ça explose.
Tout le monde avait peur de jouer
avec les Bad Brains.
Tu allais être ridicule à côté d'eux !
Ils étaient rigoureux, forts, engagés,
JERRY WILLIAMS - Producteur BAD BRAINS
et BEASTIE BOYS - New York
ils faisaient preuve
d'une incroyable débauche d'émotions
tout en jouant une musique
aussi technique que possible.
Des silences très précis,
une précision extrême,
l'enchaînement des rythmes,
des mélodies novatrices,
des progressions d'accords,
et par-dessus tout ça, H.R.,
le chanteur cinglé,
dansait sur scène
en hurlant, en mugissant et en vociférant,
crachant son âme dans le micro.
Adolescent, je faisais de la gymnastique.
Quand je montais sur scène,
l'intensité de la musique
était parfois si grande et si vive
que je voulais sauter dans le public
ou exécuter une sorte de salto,
un truc comme ça.
C'est de là que c'est venu,
de ce sentiment d'extériorisation,
de jubilation.
Ça m'a beaucoup inspiré.
Je me suis dit : "Prends ça au sérieux.
"Ne te contente pas du minimum.
Fais des efforts."
Ils venaient à nos concerts,
ils avaient 13, 14 ou 15 ans.
Et ils voulaient monter un groupe
nommé Teen Idles.
Ils étaient enthousiastes,
mais étaient de piètres musiciens.
J'étais nerveux,
je jouais devant les Bad Brains.
J'avais du mal. Je me disais :
"Ma basse est merdique,
"mon ampli craint, mon matos est pourri."
Mais quand Darryl s'est mis à jouer,
j'ai vu que le problème venait pas du matos,
mais de celui qui s'en servait.
J'arrivais à trouver de très bonnes idées
pour ces étudiants
et pour ces stagiaires.
Leur intérêt était immense.
Je leur conseillais de lire la Bible
ainsi que ce très bon livre
écrit par Napoleon Hill :
Réfléchissez et devenez riche.
RÉFLÉCHISSEZ ET DEVENEZ RICHE
NAPOLEON HILL
Ce concept, "réfléchissez et devenez riche",
n'était qu'une influence positive.
Et ça a été le catalyseur
qui nous a permis de trouver la foi.
Je parle pas de scientologie,
mais de concepts de puissance
et de pensée positive.
Peu importe ce que tu dis ou ce que tu fais,
notre attitude ne changera pas.
Peu importe ce que tu sais.
Je m'en fous. Tu ne nous touches pas.
Tu as cette A.M.P.
Tu as cette A.M.P.
C'est ce qu'on disait.
Attitude Mentale Positive
On a cette attitude
On a cette attitude
Cette chanson était le manifeste
de notre attachement au punk.
Cette ville inspire le dégoût.
Si tu viens d'ici,
que tu es originaire du coin, tu fais gaffe.
T'es obligé.
Les courants changent rapidement.
Tous les quatre ans, un nouveau Président,
un autre connard se pointe.
Qui sont tes parents
quand tu vis à Washington en 1980
et que tu es adolescent ?
Pourquoi tes parents sont ici ?
Ils font quoi, comme boulot ?
Il y a de fortes chances
qu'ils travaillent
pour la nouvelle administration,
qu'ils travaillent
pour une université prestigieuse du coin
ou qu'ils bossent
pour les services d'information.
Mon père est sénateur.
SÉNATEUR DANIEL INOUYE - (D) HAWAII
C'est le sénateur d'Hawaii.
GEORGETOWN DAY SCHOOL
Créée en 1945
Georgetown Day School était
une école privée hippie.
Tu pouvais marcher pieds nus.
Tu pouvais amener ton animal.
Tu appelais les profs par leur prénom.
Je suis tombé dans la bonne école
au bon moment,
et c'est comme ça
que j'ai intégré Minor Threat.
Notre premier concert a eu lieu
lors d'une fête au 1929, Calvert Street,
on devait assurer la première partie
des Bad Brains,
que je n'avais jamais vus jouer
et qui étaient les meilleurs au monde.
Merci.
Beaucoup de gens pensent
que Minor Threat était un groupe de base.
C'est faux. La musique était bonne.
Ces mecs savaient jouer.
C'était un bon groupe.
Pour des ados de 16 ou 17 ans,
ils cassaient la baraque.
Leurj eu était inédit.
C'était vraiment... C'était nouveau.
Je crois en tout ce que je chante.
Mais j'ai écrit cette chanson,
Guilty Of Being White,
en ayant grandi à Washington,
une ville majoritairement noire.
Je suis allé à l'école ici,
et quand j'ai écrit cette chanson,
j'ai écrit une chanson anti-raciste,
qui parle d'appartenir à une minorité.
Dans mon collège,
je faisais partie des 10 % de Blancs,
et au lycée,
je faisais partie des 25 % de Blancs.
Et je savais qu'en écrivant cette chanson,
je voulais dire :
"Mon seul crime, c'est d'être blanc.
Ne me jugez pas d'après ma couleur."
C'est anti-raciste. C'est très clair.
Comment j'aurais pu savoir
qu'en Pologne, une espèce de nazi
écouterait cette chanson 15 ans plus ***
et me dirait :
"Les Blancs font entendre leur voix."
Comment j'aurais pu savoir ?
JE SUIS DÉSOLÉ
POUR UN TRUC QUE J'AI PAS FAIT
J'AI LYNCHÉ QUELQU'UN
MAIS JE SAIS PAS QUI
TU ME REPROCHES
D'ÊTRE UN ESCLAVAGISTE
ALORS QUE ÇA S'EST PASSÉ
100 ANS AVANT MA NAISSANCE
MON SEUL CRIME, C'EST D'ÊTRE BLANC
Je me prenais pour un caïd,
je suis allé voir S.O.A.
et les Untouchables à Washington.
C'était un concert de hardcore, mon premier.
J'ai pensé : "Mon Dieu !
Ces mecs sont en train de s'entretuer."
Ça m'a fait flipper,
mais en même temps, c'était marrant.
Je voulais faire partie de ce mouvement.
Tous ces mecs venaient de Washington.
Ils se faisaient appeler
"les punks de Georgetown".
Ian MacKaye, son frère Alec,
tous leurs potes et Henry Warfleld,
avant qu'il ne devienne Henry Rollins.
S.O.A. avec HENRY ROLLINS
WASHINGTON, DC 1980
Je voulais être comme eux.
Georgetown est
une zone commerciale branchée.
Quand on nous a appelés
"les punks de Georgetown",
c'était une insulte grave.
On s'est dit : "D'accord,
on est les punks de Georgetown."
On se faisait appeler comme ça.
Les Circle Jerks et Black Flag
faisaient des tournées.
Ils répandaient cette influence
et cette musique.
Partout où ils allaient,
des groupes se créaient.
Les groupes ont formé un réseau.
La première fois qu'on a rencontré
Henry Rollins, c'était à New York.
Il venait de Washington
pour voir un de nos concerts.
Et quand on est revenus à New York
une deuxième fois,
il était encore là et il est venu nous parler.
On pensait juste que c'était un mec sympa
qui s'intéressait à notre musique,
à ce qu'on faisait.
J'ai dit :
"Les mecs, vous pouvez jouer Clocked In ?"
une chanson qui parle de boulot,
"Je dois aller bosser."
Et Dez dit : "Cette chanson est pour Henry."
J'étais là.
"C'est pour lui, il doit aller bosser."
Et j'ai regardé le micro avec envie et il a dit :
"Et Henry va chanter cette chanson."
Henry Rollins a sauté sur scène
et a chanté Clocked In.
Le lendemain,
ils l'ont appelé et lui ont demandé :
"Tu veux rejoindre Black Flag ?"
Il est parti à L.A.
Ça s'est fait comme ça. On était là.
On bossait pas, ce jour-là,
je traînais dans les bars,
je glandais et je faisais le con.
Les autres sont arrivés et m'ont dit :
"On veut que tu demandes à Henry
de rejoindre le groupe."
Un jour après,
Greg Ginn m'a appelé au magasin.
Il m'a dit : "On auditionne des chanteurs.
"Dez veut juste jouer de la guitare.
"On t'a vu chanter l'autre soir.
On a aimé ton 45 tours,
"celui de S.O.A. Ça te dirait
de venir auditionner pour Black Flag ?"
J'ai répondu : "Oui." J'étais terrifié.
J'avais quoi à perdre ?
Je gagnais 3,50 $ de l'heure à mon boulot
et une opportunité se présentait.
J'ai accepté.
J'ai pris le train
et j'aijoué deux concerts avec le groupe,
ils ont fait un vote
et j'ai été pris dans le groupe.
Et c'était une nouvelle incroyable
à annoncer à un jeune homme.
Je savais pas quoi faire.
C'était un grand risque.
Alors, j'ai appelé Ian. Je lui ai tout expliqué.
Je voulais son avis.
Il a dit : "Tu plaisantes ?
Tu vas être super. Fonce."
Et j'avais besoin d'entendre ça,
que Ian MacKaye me donne son feu vert.
Je me tape de ce qu'on peut dire.
HANK WILLIAMS III et PHIL ANSELMO
SUPERJOINT RITUAL - La NouveIle Orléans
Quand Black Flag a engagé Henry Rollins,
ça les a transcendés.
Quel groupe !
À cette époque, avec Rollins
et Dez à la guitare rythmique,
ils étaient imparables.
Il émanait d'eux une putain de frustration,
d'énergie...
C'est ce que ton esprit imagine.
Un sous-sol rempli de frustration.
Et putain... Ils hurlaient cette frustration.
Henry était le plus exposé,
étant le chanteur,
il en prenait plus dans la gueule.
Ça ne fait aucun doute.
Pour son premier concert avec Black Flag,
il monte sur scène et gueule...
Et Tony Chuco se pointe et...
Il lui colle un pain dans la gueule.
Il lui pète le nez. Il pisse le sang.
Il dit : "Bienvenue à San Diego."
Putain ! Quel bordel !
C'est lui qui devait faire face à la conception
que les gens avaient du punk,
ce qui incluait la violence, la méchanceté,
et c'est lui qui en a ramassé le plus.
Certains pensaient qu'il aimait les coups.
Dans le hardcore, il y a une carte.
Et chaque ville est un groupe.
San Diego. Je pense à quoi ?
Je pense à un groupe. Battalion of Saints.
Reno, Nevada. Je pense pas au casino.
Je pense à 7 Seconds.
Portland, Oregon, il y a quoi, là-bas ?
Gus Van Sant ? Non, Poison Idea.
À l'époque de Black Flag,
on dormait chez les autres groupes.
On n'allait pas à l'hôtel,
on n'avait pas de blé,
on couchait chez The Effigles,
chez les mecs de Hüsker Dü.
On restait chez des groupes de Seattle.
Il y avait de nombreuses alliances.
T'étais pote avec S.S. Decontrol,
tu pouvais emprunter leur matos.
À Washington,
n'importe quel groupe t'aidait,
parce que j'ai joué ici avec Black Flag,
je viens d'ici.
On avait des alliés à New York.
On en avait à San Francisco.
À Vancouver,
tu pouvais rester chez Joey ***.
On avait tous des amis quelque part.
Ces mecs allaient dans des endroits
où il n'y avait pas de punks.
Eux, ils pensaient : "On va jouer
"et tous les punks vivant à 300 km
à la ronde doivent venir."
Et ces mecs-là squattaient aussi
les appartements.
Black Flag avait payé pour une session
à 8 h
le 25 décembre 1981 .
À 8 h ? Le jour de Noël ?
Ils veulent répéter ?
Je me suis dit :
"C'est Black Flag, pas la peine de discuter."
C'était typique de Black Flag.
On commençait à répéter tôt le matin,
parce qu'on n'avait pas donné de concert
depuis trois jours.
Et Black Flag était comme ça.
On répétait. On vivait notre musique.
RÉVÉREND HANK PEIRCE (STRAIGHT EDGE
HANK) - ROADIE - Boston
Je suis le révérend Peirce,
de l'Église Unitaire Universaliste
de Medford.
Mais dans ma paroisse,
j'ai le titre de pasteur.
Quand je vois des prêtres à l'attitude rock,
ce sont tous d'anciens pécheurs repentis
qui ont trouvé la foi.
Ce n'est pas ce en quoi je crois.
Je me suis un peu calmé.
Mais je suis toujours le même idiot
que j'ai toujours été.
La première fois que je suis allé
à un gros concert hardcore,
c'était dingue. Les Circle Jerks jouaient.
J'ai pensé : "Oh, mon Dieu. C'est dingue."
En même temps, je me sentais
envahi par un grand calme,
je comprenais que c'était ma tribu.
JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN, COMME TOI
MAIS J'AI MIEUX À FAIRE
QUE GLANDER ET ME DROGUER
JE PEUX ME DÉBROUILLER
LES CALMANTS, C'EST FINI
SNIFFER DE LA COLLE AUSSI
JE VEUX ÊTRE EN CONTACT
AVEC LA RÉALITÉ
J'AI PAS BESOIN DE SOUTIEN
JE SUIS STRAIGHT EDGE
JE SUIS STRAIGHT EDGE
JE SUIS STRAIGHT EDGE
Les gens qui vont te dire : "Défonce-toi",
ça manque pas.
Ces gens sont partout.
Dans tous les genres de musique.
Tout le monde disait :
"Défonce-toi, défonce-toi."
Eric Clapton a parlé de la cocaïne
dans ses chansons,
Lou Reed de l'héroïne. C'était pas les seuls.
Tout tournait autour de la drogue.
Mais pour beaucoup d'ados...
Je crois qu'ils cherchalent quelqu'un
qui dirait pas ça.
Straight Edge, c'était un super sentiment :
"Je vais pas répéter les erreurs des autres."
Ou alors : "Je vais pas...
"Je hais les gens qui m'entourent,
"je veux être le contraire de ce qu'ils sont."
Ça s'adressait à une génération d'ados
qui avait connu les années 1970.
Ils avaient vu des gosses du lycée
se défoncer trois fois par jour
et devenir des loques
à un très jeune âge, c'était tragique.
Dans le pays, il y avait plein de gosses
qui picolaient pas, qui se droguaient pas,
qui pensaient pas
que c'était cool de faire ces trucs
et qui voulaient le mentionner
dans leur musique, on s'est identifiés à ça.
On était des gosses
et on était de petits cons.
Malins, méchants et sobres.
Je me rappelle avoir vu les Bad Brains,
H.R. m'a parlé :
"Ian, mon pote, on revient de tournée,
"partout dans le pays,
il y a des gamins qui posent des questions.
"Tu dois aller leur répondre.
"Ils veulent vous connaître,
vous devriez y aller."
Il a dit : "Tu as commencé,
maintenant, il faut finir."
Comme cette histoire de straight edge.
J'ai pensé : "Putain ! C'est énorme."
L'influence de Minor Threat
est arrivée jusqu'à Boston et S.S.D...
Boston a transformé Minor Threat...
Minor Threat était très...
C'était un moyen sûr de dire aux gens
de ne pas boire.
Mais quand ce message est arrivé
au nord de Boston,
il est devenu plus radical.
Je me suis dit qu'il était temps
de passer à l'action.
La ville est devenue triste à mourir,
il y a ces pédales de musiclens new wave
et ce romantisme à la con
alors que le mouvement
qu'on a créé et construit
AL BARILE et JACK "CHOCK" KELLY
INTERVIEW de 1982
est un mouvement d'avant-garde
dont le principe... Le principe est
qu'on ne fait pas la fête.
Personne ne boit d'alcool
et personne ne fume pendant les concerts.
Si les gens font ça,
il vaut mieux qu'on les voie pas.
Ça ne fait pas de mal d'avoir un mec
comme Al Barile en tant que porte-parole,
parce que c'est une armoire à glace.
Il avait une carrure de joueur de rugby.
C'est lui qui décidait.
Il disait : "Les gars, vous buvez de l'alcool ?
"Vous êtes de Norwood. Ça va.
Entrez. Vous êtes les bienvenus."
Je suis fier de Boston. J'aime le sport ici.
AL BARILE et JAIME SCIARAPPA
S.S. DECONTROL (SSD) Boston, MA
J'avais une mentalité...
Je me rappelle plus du nom.
- De joueur de hockey.
- De joueur de hockey.
Al est un joueur de hockey.
Il a abandonné sa crosse
et il a pris une guitare.
Et c'est tout.
- Tu vois ?
- Allez, Al !
C'était son approche de la guitare,
et j'ai toujours cru
que je le verrais devant son Marshall...
Tu t'en rappelles. Il demandait :
"Vous pensez pas
que le haut-parleur est mort ?
"Je crois que c'est celui-ci."
La tête collée au...
De l'autre bout de la pièce, on gueulait :
"Al, arrête ! Arrête !"
Et je suis sûr que c'est
parce qu'il bossait à l'atelier d'usinage,
où il y avait des broyeurs, des polisseuses
et des fraiseuses,
et qu'il était habitué à ce bruit.
Pour moi, sa guitare sonnait pareil.
Al avait toujours des problèmes de matos,
ça créait des coupures de courant.
Mais quand t'es gamin, c'est génial.
Il disait : "Putain de matos de merde.
Il est trop puissant.
"Personne supporte la puissance
des grands S.S.D."
J'AI REFOULÉ MES SENTIMENTS
AU LIEU DE ME BATTRE
OU DE PLEURER
MAINTENANT, IL EST TEMPS
DE M'EXTÉRIORISER
J'AI PRESQUE ATTEINT
LE POINT DE NON-RETOUR
JE SAIS PAS
SI JE VAIS PERDRE LE CONTRÔLE
OU SI JE VAIS DEVENIR DINGUE
POINT DE NON-RETOUR
PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE
POINT DE NON-RETOUR
MAINTENANT, C'EST FINI
Le ton était très sérieux
CHRISTINE McCARTHY
Mouvement hardcore - Boston, MA
chez ce groupe,
et c'était rare au sein du mouvement punk.
Ce n'était pas un groupe marrant.
S.S.D. était un mouvement
plutôt qu'un groupe.
C'était un vrai mouvement.
Ils avaient une aura et une image.
Leurs fans étaient fidèles.
On avait un mouvement local.
On avait le punk rock de Boston.
ON EST À BOSTON,
PAS À L.A.
C'était un appel aux armes.
Lors d'un passage radio, il a dit :
"On crée un mouvement."
S'ils en créent un, je veux y appartenir.
- C'est qui ?
- Springer.
Oh, bon sang.
S.S. DECONTROL
PREMIÈRE RÉUNION DEPUIS 1988
Soudain, ça devient très intéressant.
James J. ? LethaI ?
On devrait commencer par Decontrol.
Ensuite, Drug Fools et Police.
Pas Police Beat, mais Police.
Voilà notre première liste de morceaux.
Voilà, Hardcore Punk Gallery East.
Le premier concert.
C'est le premier. T'as qu'à parler de ça.
- C'est le premier.
- Oui, c'est ça.
Ça s'appelait punk hardcore,
pas de nom de groupe.
Ne portez pas d'autre t-shirt.
On a les nôtres.
Putain, c'est beau, non ?
Regarde tout ça, regarde tout ça.
- Merde.
- "La liberté ou la mort."
C'était vraiment un super concert.
La plupart de mes amis, comme moi,
venaient de foyers désunis.
On était en colère,
mais on ne savait pas vraiment après quoi.
On trouvait que la vie était nulle
quand on était coincés
à Braintree, Massachusetts.
GANG GREEN
INTERVIEW de 1982
On trouve des "Gang Green"
sur le mur de l'école...
On trouve ça vraiment super.
Et en dessous, quelqu'un écrit :
"est merdique".
Alors, quelqu'un d'autre barre
"est merdique"
et rajoute "est excellent"
ou "est numéro un"
et un autre écrit "00" derrière le un.
Ça arrive tout le temps.
ALEC PETERS
PROMOTEUR - MANAGER - Boston, MA
Pour nous, Gang Green a été...
C'était pas un numéro.
Notre comportement scénique
était notre comportement de tous les jours.
Imagine à quel point c'est crevant.
T'es tout le temps bourré,
tu dois souvent échapper à la police
parce que tu poses des problèmes partout.
Je voulais appeler le groupe Gang Green,
mais personne n'aimait.
Ils préféraient Jerry's Kids.
D.Y.S., c'était le service des mineurs.
Dans le Massachusetts, c'est le service
qui s'occupe des délinquants juvéniles.
L'un des incidents majeurs
de notre génération a eu lieu
lors du concert de Negative FX,
le dernier concert de Mission of Burma.
Dans la salle,
devant un millier de personnes,
il y a Choke, Negative FX
et toute l'équipe de Boston
et il y a aussi 500 fans de Mission of Burma.
Après deux chansons,
ça a dégénéré en émeute.
Might makes right. Might makes right.
On va pas s'arrêter. Je vous emmerde !
Negative FX a eu une carrière très courte.
Six flyers, cinq concerts, un album.
Dix-huit chansons.
BOSTON, MA - NEW YORK, NY
PHILADELPHIE, PA - WASHINGTON, DC
Boston et Washington
n'ont jamais aimé New York.
Et nous, on était entre les deux,
les mecs de Boston et de Washington
venaient à nos concerts.
Quand on allait là-bas, c'était la guerre.
On se garait devant le Rock Hotel
dans le van noir d'Al.
Tout le monde sortait.
On avait tracé des croix
sur nos mains avec des marqueurs.
La 1ere fois qu'ils sont venus,
les mecs de S.S.D. étaient sympas.
Ils étaient cool, timides et tout.
La deuxième fois qu'ils sont venus,
ils avaient une attitude plus dure.
Ils se prenaient pour des cadors.
La troisième fois, ils se sont fait massacrer.
On les a renvoyés chez eux...
On les a renvoyés en banlieue,
à réfléchir à leur attitude à la con.
On est de New York,
déconnez pas avec nous,
on est habitués à se battre
avec des Portoricains cinglés
qui nous attaquent avec des couteaux,
des flingues, des battes
et des crosses de hockey.
C'était la jungle.
Dans le Lower East Side,
il y avait les Hell's Angels,
les hippies et les rockeurs,
et chaque groupe voulait être reconnu.
On faisait pas semblant.
On était des vrais punks.
Je dormais
dans des putains de squats la nuit,
mon pitbull, Lucifer, couché avec moi
pour que les rats ne viennent pas sur moi,
et ma porte était cadenassée
avec une chaîne.
On faisait notre truc, je sais pas...
Qu'est-ce que je décrivais ?
Comment je me défonçais
pendant les concerts ?
Les ados de New York pensaient :
"Merde, on craint !"
"On n'a pas de blé. On n'est pas malins.
"On n'est pas beaux.
On en veut à la terre entière.
"La drogue nous ferme les yeux."
On a bossé dur pour que New York existe
au sein du mouvement hardcore.
Après des recherches intenses,
et après avoir é***é les clubs,
on s'est aperçu que le mieux à faire
serait d'aller à New York.
Quand les Bad Brains sont arrivés en ville,
ils ont instantanément changé la musique.
ALVIN ROBERTSON
Roadie des BAD BRAINS - New York
Jerry Williams nous avait invités
à son studio d'enregistrement
et nous avait dit :
"Vous pouvez vous installer ici.
"Si vous avez besoin d'enregistrer,
faites comme chez vous."
171 Avenue A.
Un magasin de vitres à l'abandon.
On a nettoyé le magasin
et on a construit une scène,
JERRY WILLIAMS - Producteur
BAD BRAINS et BEASTIE BOYS - New York
une cabine de l'autre côté du magasin
et on a commencé à répéter
et à donner des concerts illégaux
le week-end.
C'était le début du mouvement à New York
quand on est arrivés.
C'était le refuge. C'était l'endroit idéal.
Tout le monde venait y jouer de la musique.
On organisait même des concerts,
de temps en temps.
J'étais là quand ils ont enregistré
leur premier album.
Je restais debout
jusqu'à la fin de chaque session,
je vivais au 171 A avec les Bad Brains
pendant qu'ils enregistraient l'album.
J'étais dans la cabine...
"La cabine", c'était une boîte.
J'étais dans la boîte avec Jerry, Harley,
John Joseph et les Bad Brains
quand ils ont écouté le mixage final
de la cassette ROIR.
À l'époque, c'était super.
L'acoustique de la pièce importait peu,
à l'écoute de cet album.
Certains groupes dépensent 100.000 $
pour un album
et ils n'y arrivent pas avec Pro Tools ?
Ces mecs enregistraient sur un quatre pistes
dans la devanture d'un magasin.
Et ils avaient un son d'enfer.
The Big Takeover. L'intro de cette chanson.
L'intensité de ce crescendo.
Ce truc silencleux...
Et puis... Putain... Tu attends que ça pète...
Tu veux que ça démarre, t'attends que ça...
Et c'est parti !
BAD BRAINS - EN STUDIO
WOODSTOCK, NY 2003
MIXAGE DE BANDES PERDUES
PENDANT UNE SESSION
AVEC BLACK FLAG EN 1982
À LOS ANGELES
Ce sont des bandes perdues. L.A. 1982.
On était avec Greg et eux,
ils nous ont amenés
au studio, et elles étaient là !
- Tu t'en souviens.
- Ils nous ont amenés à ce studio,
et ce qui me plaisait,
c'est qu'il y avait
plein de musiclens de heavy metal.
Et ils étaient...
Je jouais au flipper dans le studio,
on était à L.A.,
on nous avait dit qu'on pouvait répéter ici.
J'étais surpris
parce que tous ces chevelus étaient là,
en train de répéter leur musique
et leurs conneries.
C'était une salle de répétition
pour ces groupes. J'étais surpris.
Les Beastie Boys étaient une farce.
Ils vénéraient les Bad Brains
BEASTIE BOYS - MERCREDI 19 MAI
et ils ont choisi le nom de Beastie Boys
à cause des initiales B.B.
Comme tous les autres,
ils étaient enthousiasmés par les Bad Brains
et l'émergence du mouvement hardcore,
mais ils étaient jeunes.
Ils avaient 15 ou 16 ans à l'époque
et ils n'avaient pas le talent nécessaire
pour imiter ceux qu'ils écoutaient.
Alors, ils ont décidé qu'ils allaient s'amuser
avec tout ça.
Et c'est ce qu'ils font toujours,
ils s'amusent
avec toutes sortes de musiques.
Mais, à l'origine, c'était...
Ils voulaient s'amuser avec le hardcore.
J'ai créé Agnostic Front
il y a environ trois ans.
ROGER MIRET et VINNIE STIGMA
AGNOSTIC FRONT - INTERVIEW DE 1985
Je voulais qu'un groupe parle
du malaise social,
de ses aspects politiques...
Vinnie Stigma est le hardcore de New York.
C'est sûr.
MATTHEW BARNEY
SCULPTEUR - CINÉASTE - New York
Vinnie Stigma est très intelligent.
Tous les groupes en tournée
dormaient chez moi.
J'étais le seul à habiter à côté du CBGB's.
'étais le seul à avoir le téléphone.
- Tu vois...
- Les chiottes propres les plus proches.
Oui, c'est vrai.
Dans une grande ville
où un mouvement se développe,
c'est comme s'il y avait
un courant d'énergie.
Il y a plein d'autres groupes,
de punk ou d'autres genres,
et il n'y a qu'à sauter dans le courant
et à se laisser emporter.
Au milieu du Midwest,
il faut creuser le puits soi-même.
Il n'y a pas de courant.
Alors, il faut creuser
jusqu'à ce que tu trouves de l'eau.
Et il n'y a personne,
absolument personne, pour t'aider.
Il n'y a pas de promoteurs.
Il n'y a pas de managers.
Personne ne fait la même chose que toi.
Il faut être prêt à bosser comme un dingue.
Je voulais vraiment appartenir
à ce mouvement.
C'est quelque chose de bizarre.
Écouter ces albums,
être enthousiaste,
vouloir intégrer le mouvement,
mais tu n'en fais pas partie,
ton groupe n'est pas ce groupe.
LE SUD
À Raleigh, il y avait peu de salles.
On n'avait plus ni M.J.C.
ni associations de vétérans,
mais heureusement,
il y avait un club en ville, The Brewery,
qui nous louait sa salle pour 200 $
le dimanche,
et nous laissait organiser
des matinées musicales. Comme au CBGB's.
Tout le monde y est venu.
Black Flag, Suicidal Tendencies, Cro-Mags,
Battalion of Saints, D.O.A.
Et on avait toujours nos groupes locaux.
La scène d'Austin, au Texas, marchait bien.
Il devait y avoir 35 groupes là-bas.
Il y en avait une autre à Houston.
Ailleurs, c'était le grand vide.
On ressentait un phénomène d'isolement.
M.D.C. était un album...
Quand je l'ai écouté chez moi,
les poils de ma nuque se sont hérissés.
C'était tellement extrême.
C'était notre point commun
avec Minor Threat, S.S.D.,
Zero Defects, Articles of Faith,
D.O.A. et Fears,
cette accumulation d'adrénaline,
on pouvait pas rester tranquilles, genre :
On ressentait ça :
"Mort aux flics, mort aux flics !"
Toute cette énergie,
dans le milleu du hardcore, c'était enivrant.
Ça a pris une autre dimension.
À l'Est, les skinheads se la jouaient :
"On est comme M.D.C.
"On est hardcore à mort.
On est skinheads, on dé*** les flics."
Et Big Dave répondait :
"Ah, vraiment ? Je suis *** !"
Et ils tiralent une de ces gueules...
Ils étaient sur le cul.
Dave continuait :
"Le guitariste m'a chié dessus,
"hier, chez ce mec."
Tout le monde était gêné,
leur héros venait de tomber
de son piédestal.
Je portais une robe sur scène,
j'étais mal maquillé, mal rasé.
Je jouais à des concerts de punk ***.
C'était une façon de dire :
"J'essale pas de jouer un rôle.
Je cherche pas à être quelqu'un d'autre,
"d'appartenir à un groupe."
Ma vision du punk allait au-delà de ça.
Il y a pas plus ***
ni plus bizarre que moi ici.
À un moment, on pensait déménager à L.A.
parce qu'il s'y passait quelque chose,
et on pensait
qu'on pourrait participer au mouvement.
On a fait une tournée sur la côte ouest,
on s'est arrêtés à L.A.,
on est sortis du van à l'angle
de Hollywood et Vine, et on s'est dit :
"Allez, on fout le camp d'ici."
On est partis à San Francisco.
Il y avait quelques groupes à San Francisco
et quelques groupes à L.A.,
et ces groupes étaient les pionniers.
Le club de prédilection était
le Mabuhay Gardens.
Tout le monde s'y retrouvait, tous les soirs.
Il y avait toujours trois groupes à l'affiche.
On se connaissait tous,
on jouait en concert ensemble,
on était le mouvement de San Francisco.
Les groupes avaient deux approches.
L'une consistait à jouer
en fonction des goûts du public
pour chercher une réaction positive.
Il fallait savoir ce que le public voulait.
L'autre façon d'aborder ça,
c'était de se dire : "On se fout du public,
on va lui rentrer dedans."
On était le groupe
que les gens aimaient détester.
FLIPPER
LA TOURNÉE... LE VAN
Le public nous détestait.
On correspondait pas à la norme.
... détestés au début du punk
parce qu'on jouait lentement.
Le public nous prenait pour cible.
On nous insultait tout le temps.
Je détestais ça.
Prends ça dans ta gueule ! Je m'en tape !
Je lisais un magazine
et j'apprends que ce mec qui s'appelle Moby
clame avoir été
le premier chanteur de Flipper,
du moins selon cet article.
C'est ce qui était écrit.
J'ai chanté pour eux quand j'avais 16 ans.
Leur chanteur était en taule.
Je connaissais toutes leurs chansons.
Pendant deux jours, j'ai été
le chanteur de Flipper, avec Bruce Loose.
NORD-OUEST
C'est bizarre. Le punk existe au Canada.
Quand on parle du Canada,
les gens pensent
à des forêts, à des montagnes,
à de la neige, aux bûcherons.
Aux motoneiges.
Comment le punk rock peut exister là-bas ?
Il y avait ce super concert
avec Black Flag, 7 Seconds et nous.
Ça s'appelait Hardcore 1981.
C'était la première apparition de ce terme.
Ils ont inventé ce terme et cette musique.
MIKE DEAN et REED MULLIN
CORROSION OF CONFORMITY
Ils étaient phénoménaux.
Musicalement, idéologiquement,
et en plus, ils étaient canadiens !
Il y avait peu
de maisons de disques indépendantes
quand on a commencé à sortir des disques,
alors, on n'avait pas de modèle.
S.S.T. était la quintessence
du hardcore de L.A.,
le symbole de la débrouillardise.
À l'origine, les initiales S.S.T.
signifialent Solid State Transmitters.
On avait un entrepôt où Greg rangeait
son matériel électronique.
Il ne coûtait que 100 $ par mois.
Il y avait une pièce
avec des toilettes et une ***.
Alors, on a travaillé à même le sol.
Je m'occupais des envois postaux
alors je dormais sous...
Sous le bureau où étaient les commandes.
On était vraiment là pour bosser.
On avait 5 $ par jour, on appelait ça "le blé",
chacun recevait ses 5 $, et avec ça,
STEVE "MUGGER" CORBIN
Roadie de BLACK FLAG - Long Beach
il fallait s'acheter à manger pour la journée.
C'en était arrivé à un tel point
que si t'avais 50 cents,
tu t'achetais un bonbon.
Et au supermarché, tu comparais tout :
"Bon, ce truc au chocolat
"pèse un demi-gramme de plus
qu'un Snickers. Je l'achète."
Et il fallait bien se nettoyer la bouche,
parce qu'en arrivant à S.S.T., t'avais droit à :
"Tu t'es acheté à manger ?"
T'avais honte et tu répondais : "Oui."
On était vraiment fauchés !
Un jour, j'ai reçu un appel d'Henry :
"Black Flag cherche un bassiste. "
J'ai répondu : "Cool. "
À l'époque, c'était mon groupe préféré.
J'avais eu une relation avec Henry
et c'était terminé,
et quand il m'a dit :
"Tu veux jouer avec nous ?"
"Il ne se passera rien entre nous. "
J'ai dit : "Pigé, il se passera rien."
Ça a été dit de manière claire,
et c'était bien pour nous deux.
Mais à un moment,
je ne me suis plus sentie à l'aise,
c'est quand j'ai vu la pochette de l'album
Slip It In.
On avait enregistré notre premier album,
et j'ai vu la pochette,
qui, à mon avis, était une manière
de se moquer des femmes
ou de les rabaisser,
et je me suis soudain sentie...
Je me suis demandée ce que je foutais là.
Si les autres membres du groupe
n'aiment pas les femmes...
Je n'étais pas furieuse.
Je leur ai demandé pourquoi j'étais là
s'ils étaient misogynes.
Je ne me sentais pas à ma place
à cause de leur point de vue à ce sujet.
J'ai jamais vraiment remarqué
que j'étais une fille au milieu de mecs.
Il y avait des femmes.
Mais elles s'occupalent plutôt
des magasins de disques.
Elles étaient aussi derrière la caméra,
ou elles s'occupaient des fanzines.
Il y avait peu de filles au sein des groupes,
NANCY BARILE et ANGle SCIARAPPA
Mouvement hardcore Boston, MA
mais on en trouvait pas mal dans le public,
et on liait connaissance assez vite.
Et on traînait avec tous les mecs.
Ces mecs ne te respectaient pas
CHRISTINE McCARTHY
Mouvement hardcore - Boston, MA
si tu montrais tes seins.
Et de nos jours, c'est le contraire.
Tous les mecs voudralent voir des seins.
Enlevez vos culottes !
Je veux voir des chattes.
Oh, Nig Heist.
Nig Heist est un nom quej'ai trouvé
quandje squattais à Hollywood Blvd,
dans des hôtels pourris.
STEVE "MUGGER" CORBIN
Roadie de BLACK FLAG - Long Beach
À l'époque, un de mes amis était un Noir...
Eugene, et on fumait des clopes.
Souvent, il se pointait en douce
et volait une de mes cigarettes
en disant : "Nig Heist."
On est Nig Heist
et on veut baiser vos copines.
Hier soir, on a joué à Washington
et un couple a baisé pendant qu'on jouait.
Ce petit skinhead de 14 ans
m'a laissé fourrer ma bite dans son cul,
c'était génial.
Vous devriez m'applaudir pour ça.
Une belle salve d'applaudissements
pour avoir sodomisé ce skinhead.
Mugger est un mec incroyable.
Mugger est un fugueur
qui finit par devenir roadie de Black Flag.
Puis, il devient comptable de S.S.T.
Après, il décide de faire des études
et devient expert-comptable.
J'ai bossé dur pour en arriver là.
Greg et Chuck m'ont donné une part de 25 %
de S.S.T.
Je voulais signer
un genre d'artistes spécifique,
on était en désaccord
et ils ont racheté ma part.
J'ai pris l'argent qu'ils m'ont donné
et je l'ai investi dans les technologies
et dans d'autres types de projets,
et ça a bien marché pour moi.
À cette époque,
financièrement, j'étais à l'abri
grâce à cet investissement, celui de S.S.T.
Voilà mon histoire.
Le mythe de la Californle
comme étant un endroit relax et serein,
c'est à mourir de rire.
Si t'as grandi au sein du mouvement punk
à Hollywood au début des années 1980,
c'était tout sauf serein.
C'était violent, ça se battait souvent.
Il y avait de l'action.
Putain, tous les soirs,
il fallait vider quelqu'un.
En 1980, je voulais monter quelque chose.
Alors j'ai créé Los Angeles Death Squad.
Les LADS.
Il y avait les LADS, F.F.F., Circle One.
Avec Tom Macias, paix à son âme.
Ceux qu'on considère aujourd'hui
comme des bandes de punks
étaient en réalité des gangs,
tout comme les Crips, les Bloods
ou les White Fence.
Ils n'étaient pas aussi bien définis.
Ce n'était pas des cartels de la drogue.
Personne n'avait d'***.
C'était pas ce genre de gang,
mais c'était un groupe de personnes
qui se connaissalent, qui vivalent ensemble
et qui se protégeaient mutuellement.
John Macias était le chanteur de Circle One,
un groupe créé
à la même époque que Suicidal Tendencies.
Il avait son gang, La Famille.
Sur cette photo, il est sur le point
de se battre avec ce mec,
on peut lire la peur dans les yeux de ce mec.
Ce mec avait vraiment peur.
Rollins était carrément effrayé.
Si une bagnole de flics passait
devant la salle, ça allait.
EDWARD COLVER
PHOTOGRAPHE - Los Angeles, CA
Si deux voitures passaient, c'était rien.
Mais quand six voitures se garaient,
ça se transformait en émeute.
S'il y avait un petit incident,
ils répondaient de manière violente
pour contrôler la situation,
30 ou 40 bagnoles rappliquaient,
un hélicoptère aussi.
Émeute punk
HUNTINGTON PARK - CALIFORNIE
Samedi, des incidents ont éclaté
à Huntington, en Californle.
Les émeutiers étaient mécontents
de la surréservation d'une salle de concert
dont la capacité est de 450 personnes.
Près de 200 personnes
se sont vues refuser l'entrée.
Les amateurs de punk rock
se sont déchaînés pendant une heure.
Les dégâts sont estimés à 25 000 $.
Les émeutiers s'en sont pris aux commerces
et à une église
avant que la police ne réprime les troubles.
41 personnes ont été arrêtées,
10 policiers ont été blessés.
C'était toujours la faute des flics.
C'est pas les gamins
qui vont aller provoquer des flics armés.
Ils savent ce qui se passe.
C'est toujours les flics
qui cherchaient la merde.
Une fois, un flic anti-émeute
s'est approché de moi en disant :
"Tu m'as traité de fils de pute ?"
Je savais pas quoi dire, je tremblais,
parce que je savais que ce mec
pouvait me foutre en taule
si l'envie l'en prenait,
et je bégayais... Et lui, il continuait :
"Quoi, t'es une saloperie de fiotte ?"
Je répondais : "Non."
C'était un flic. Je savais pas quoi faire.
Les flics sont entrés en marchant au pas,
et ils ont annulé le concert.
Ils formaient un cordon devant la scène.
Je me rappelle avoir vu des gosses au sol,
qui étaient tellement amochés
qu'ils pouvaient plus bouger.
Et au-dessus d'eux,
les flics les tabassaient.
C'était bien avant Rodney King.
Les gens cherchaient à regagner
leurs voitures,
ils se faisaient cogner.
MARK et SHAWN STERN
YOUTH BRIGADE - Los Angeles, CA
Ils cassaient les vitres des bagnoles,
attrapaient les passagers et les cognaient.
C'était la guerre.
Une boucherie. Ils se mettalent en ligne,
se ruaient sur les gosses et les tabassaient.
C'était dégueulasse.
C'était vraiment dégueulasse.
Notre crime, c'est qu'on avait l'air différent.
Et je crois que la mentalité de la police,
ou la mentalité ultraconcervatrice,
consiste à éradiquer ce qui est différent.
On n'analyse pas, on ne cherche pas
à comprendre, on éradique.
Moi, Ronald Reagan, jure solennellement...
Moi, Ronald Reagan, jure solennellement...
- ... de remplir loyalement...
- ... de remplir loyalement...
... le rôle de Président des États-Unis.
... le rôle de Président des États-Unis.
- Et de faire ce qui est en mon pouvoir...
- Et de faire ce qui est en mon pouvoir...
- ... pour préserver, protéger, défendre...
- ... pour préserver, protéger, défendre...
- ... la constitution des États-Unis.
- ... la constitution des États-Unis.
- Dieu vous en soit témoin.
- Dieu m'en soit témoin.
Quand Reagan a gagné la première fois,
c'était incroyable.
Comment c'était possible ?
Quand il a été réélu,
ça a été une véritable désillusion pour moi.
De 1980 à 1984,
le punk rock était porteur d'espoir,
après ça, c'est devenu cynique
et le punk rock s'est fragmenté
en de nombreux mouvements.
Un grand nombre de personnes
qui avaient créé ce mouvement
entre 1979 et 1980
avaient perdu leurs illusions.
Ça n'était plus aussi intéressant qu'avant.
1985 et 1986 ont marqué le déclin
du mouvement punk rock.
Tous les membres fondateurs
ont quitté le mouvement, un par un.
J'ai commencé en août 1981 .
GARY TOVAR
PROMOTEUR - Los Angeles, CA
Et je dirais qu'à la fin de l'année 1985,
c'était terminé.
Ces gens n'étaient pas des moutons.
Pas comme les fans de heavy metal
qui allaient toujours voir le même groupe,
le genre de groupe
avec des pantalons moulants.
C'était un public versatile.
Et il y a de grandes chances
qu'après trois ans au sein du mouvement,
u vas te désintéresser.
Ou alors, ton heure avait sonné.
C'était l'un des deux.
En fait, l'heure avait sonné.
Tu penses peut-être
que j'ai abandonné le hardcore.
Mais c'est faux. C'est le hardcore
qui m'a abandonné, pas l'inverse.
Pour moi, la violence était stupide.
C'était devenu stupide,
et je voyais mon rôle là-dedans.
C'est en 1984, à un concert des Minutemen,
que j'ai frappé quelqu'un
pour la dernière fois.
J'ai frappé un mec et je me suis dit :
"Tout ça, c'est terminé. C'est fini."
Je trouvais que la violence
avait un rôle trop central.
Et la plupart des gens n'appréciait pas cela.
C'était ridicule.
Alors, j'ai décidé d'arrêter tout ça.
De nombreux amis à moi ont arrêté.
Ils trouvaient que c'était naze.
Je crois que ça a marqué la fin
de cette époque du hardcore.
BLACK FLAG - DERNIÈRE TOURNÉE
De mémoire,
le dernier concert de Black Flag
a eu lieu en 1986, à Détroit, au Graystone.
Quelques semaines après,
je suis à Washington, chez de la famille,
et Greg m'appelle chez ma mère,
c'était là que je dormais, et il m'a dit :
"Je t'appelle juste pour te dire
que je quitte Black Flag."
Je lui ai répondu : "Mais c'est ton groupe."
Il a dit : "J'arrête."
J'ai répondu : "D'accord."
Et c'était fini.
En 1986, j'ai décidé
que c'était le bon moment pour arrêter.
Black Flag n'était plus entouré
par cette culture...
C'était un retour à la case départ.
Les Bad Brains,
qui venaient de devenir rastafariens,
ont dû faire face à leur crise spirituelle.
"Va-t-on être de vrais rastafariens
et jouer du reggae
"ou bien va-t-on
"continuer à jouer
ce qu'on joue depuis des années,
"ce style de musique incroyable
qu'on a créé ?
"Est-ce qu'on va bien l'accepter ?"
Et je crois qu'ils n'ont pas réussi
à répondre à cette question.
D'un coup,
ils se sont mis à jouer du reggae.
Et une ou deux fois, je me suis dit :
"C'est cool,
"mais c'est pas pour ça que j'ai payé,
j'en ai marre de ça."
CHUCK TREECE
McRAD - Philadelphie, PA
Ils ont été catalogués
comme un groupe incontrôlable
auquel on ne peut jamais se fier.
On peut pas faire de concerts avec eux,
ce genre d'histoires horribles.
Une fois que tu déçois des gens,
surtout des gens qui font attention à toi
très peu de temps,
alors, c'est fini pour toi.
L'image qui colle au groupe
ANTHONY COUNTEY
Manager des BAD BRAINS - New York, NY
est due à la personnalité de H.R.,
à sa vision du monde
et à sa capacité à être aussi profond
et attachant qu'il l'est.
Il y a aussi une facette de son caractère
qui recherche l'autodestruction.
C'est un personnage digne de Crowley.
C'est un personnage clé de sa génération.
C'est quelqu'un d'entier.
C'est un mythe. C'est une légende vivante.
C'est vrai. Il pense de cette manière.
J'adore ce mec.
SID McCRAY - BAD BRAINS
Membre d'origine - Washington, DC
Il a fait capoter plein de contrats.
Ce groupe aurait pu connaître
une carrière incroyable,
mais je comprends son conflit.
La première vague de hardcore à Boston
a posé les fondations,
les structures de la maison...
Et soudain, en 1984 et en 1985,
on s'est tous mis
à installer des rideaux bizarres.
Et, en fait,
ça a donné à la maison
un air totalement différent.
Notre groupe s'appelle D.Y.S.
Ça fait trois ans qu'on joue ensemble.
On était un groupe de punk hardcore,
et maintenant,
on est juste un groupe de hard rock.
Gang Green a signé chez Roadrunner.
Leur album s'appelait You Got It,
on aurait dit un album de heavy metal.
Gang Green était devenu un groupe de rock,
ils avaient une piste de skate sur scène
et ils avaient racheté
les amplis de Megadeth.
Ils avaient acheté 18 enceintes
dont six marchaient.
Mais ils voulaient un mur d'enceintes,
ils voulaient devenir l'entité du rock
et du skateboard.
Ce qui est le cas, c'est un super groupe.
On aurait cru Spinal Tap, c'était hilarant.
On a dû utiliser toutes les enceintes
une seule fois.
Mais on les transportait.
On jouait à L.A. et il y avait ce gamin,
à genoux sur scène,
torse nu... Il avait des larmes plein le visage,
et il demandait : "Jouez un truc rapide.
Jouez un truc rapide, je vous en prie !"
Le public nous bombardait
avec ce qui lui tombait sous la main.
Il était évident
que l'histoire d'amour était terminée.
DERNIER CONCERT DE S.S.D.
1984 et 1985 ont vraiment été
les années où...
Le hardcore ayant émergé plus ***
à New York,
le mouvement local a tenu le haut du pavé
pendant ces années.
Ce que les Cro-Mags ont fait,
a été de présenter l'approche de Bad Brains
du point de vue du style de vie
des rues de New York.
Et c'est de là que viennent
les tatouages et cette attitude.
C'était des gamins des rues, si on veut.
Les gens félicitent souvent Cro-Mags
parce qu'on est un vrai groupe de hardcore,
et c'est très gentil,
mais je ne suis pas à 100 % d'accord.
D'un côté, c'est vrai,
et d'un autre, c'est faux,
parce qu'en ce qui me concerne,
je pense que Cro-Mags
a été créé vers la fin
de la première vague de hardcore.
Donc, d'une certaine manière,
on a incorporé
tous les aspects les plus marquants
de cette musique à cette époque.
Le hardcore, c'est comme un galet
qui aurait fait des ricochets.
Mais, c'est assez ironique,
il n'a jamais été reconnu
par le reste du monde.
Même s'il l'a influencé.
On dit toujours : "Si j'avais su, à l'époque."
Ça ne marche pas ici.
"FAT HOWARD" SAUNDERS
PROMOTEUR - Philadelphie, PA
C'était tellement révolutionnaire,
tellement nouveau et frais.
Et ça a pris fin d'un coup.
Ça s'est terminé soudainement.
C'est comme s'ils avaient éteint la télé,
et qu'ils étaient sortis de la pièce
en empruntant une porte
qui ne serait plus jamais ouverte.
C'était incroyablement radical.
C'était extraordinairement excitant.
C'était très important, dès le début.
Même si personne d'autre
ne trouvait ça important,
tu savais que c'était aussi important
que n'importe quel autre style musical.
Tu te rendais compte que c'était important
alors que tu étais jeune.
On ne pensait pas révolutionner le monde.
Les hippies voulaient faire léviter
le Pentagone, pas nous.
On ne pensait pas forcer Reagan
à démissionner,
ce n'était pas notre but.
On formait un mouvement uni.
Ce qu'on a fait, c'était super.
Je parle pas en termes de qualité,
je dis pas qu'on était super.
Le résultat était super.
Ce que tous les groupes ont créé.
Ceux de New York, de D.C., de Détroit,
de Chicago, de L.A., de San Diego,
du comté d'Orange, de partout.
C'était super et ça a été difficile à réaliser,
c'est un énorme accomplissement collectif,
parce qu'au début, les chances de réussite
étaient vraiment infimes
dans le monde musical, politique et social.
Il n'y avait pas de gauche organisée
aux États-Unis à cette époque.
Il y avait le hardcore.
Et même s'il était limité,
c'était l'expression d'un aspect communiste,
d'une ouverture d'esprit,
d'un dédain de l'autorité
qui est dans la plus pure tradition
du radicalisme.
Si le radicalisme des années 1980
t'intéresse, penche-toi sur le hardcore.
Il y aura une autre révolution musicale,
et elle sera intense et énergique,
les gosses en seront dingues,
mais ça sera pas du hardcore.
Je pense que chaque génération
a sa manière de s'exprimer,
WINSTON SMITH
ARTISTE GRAPHIQUE - San Francisco
et chaque version du punk rock,
que ses amateurs portent des crêtes vertes
ou bien des bérets
et qu'ils aient une cigarette à la bouche,
comme les beatniks dans les années 1950
ou les hippies dans les années 1960,
chaque version de cette sorte d'expression
continuera à se manifester,
probablement tous les 15 ou 20 ans,
avec chaque nouvelle génération.
Dieu merci.
C'était une époque superbe,
magnifique et presque innocente.
Et l'image véhiculée
par le punk rock moderne m'attriste.
Mais je suis juste jaloux parce que ces mecs
sont jeunes et qu'ils s'éclatent.
Je suis vieux, aigri et brisé.
On avait hâte de partir en tournée,
parce que les gens nous logeaient,
nous offraient à manger,
et en plus, on donnait des concerts
et on s'amusait, mais ça n'a rien à voir
avec ces petits enfoirés
qu'on voit sur M.T.V.
dans leurs putains de bus,
quelles conneries !
Et ils appellent ça du punk ? Mon cul !
Ils conduisent leurs putains de bus
sur les routes qu'on a pavées.
Je serai le premier punk à dire :
"Le punk est mort !"
C'est fini depuis longtemps.
C'est terminé, compris ?
Circulez. Il n'y a rien à voir.