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SANS CELA, QU'Y AVAlT-IL D'AUTRE?
FlN
SANS TITRE
DE PAUL SHELDON
J'y arrive encore.
Qu'est-ce que c'est?
Une vieille amie.
Je l'ai retrouvée
en fouillant dans un placard.
Elle est belle, Paul. Elle a du caractère.
Je mettais mon premier livre dedans
quand je cherchais un éditeur.
- Quand j'étais écrivain.
- Tu l'es toujours.
Plus depuis l'affaire des Misery.
C'est une bonne affaire.
Et elle pourrait continuer à prospérer.
L'Enfant de Misery a déjà
battu les records. Plus d'un million.
Marcia, je t'en prie.
Misery Chastain paie les études de ta fille
et elle t'a offert deux maisons.
Et comment tu la remercies? En la tuant.
Elle n'était pas censée
devenir toute ma vie.
J'étais parti pour écrire
sur elle jusqu'à ma mort.
Je pars dans le Colorado
pour finir mon nouveau livre.
Si ça marche, j'aurai peut-être
l'épitaphe que je veux sur ma tombe.
je suis votre plus grande fan.
Vous n'avez aucun souci à vous faire.
Vous allez vous rétablir.
je vais bien m'occuper de vous.
Je suis votre plus grande fan.
Où sommes...
On est près de Silver Creek.
Depuis quand?
Vous êtes ici depuis deux jours.
Vous allez vous en sortir.
- Je m'appelle Annie Wilkes.
- Ma plus grande fan.
Oui. C'est vrai. Je suis aussi infirmière.
Tenez, avalez ça.
Tenez.
- Qu'est-ce que c'est?
- Du Novril. Ça calme les douleurs.
Merci.
Je ne devrais pas être à l'hôpital?
Avec ce blizzard,
je n'ai pas pu vous y emmener.
J'ai voulu appeler,
mais le téléphone est coupé.
Ne vous épuisez pas.
Vous avez besoin de repos.
Vous avez failli mourir.
Ouvrez grand la bouche.
Vos jambes vous en font voir
de toutes les couleurs, hein?
La douleur passera,
Paul, je vous le promets.
- Je vais pouvoir remarcher?
- Bien sûr.
Et votre bras aussi va se remettre.
Votre épaule était déboîtée.
Elle a été coriace,
mais j'ai réussi à la remettre.
Et je ne suis pas peu fière de vos attelles.
Vu le peu de matériel que j'avais,
un médecin n'aurait pas fait mieux.
C'est moins grave que ça en a l'air.
Vous avez une fracture
ouverte des deux tibias.
Et une fracture du péroné droit.
Les os bougent, alors mieux vaut
que vous restiez immobile.
Dès que la route sera dégagée,
je vous emmènerai à l'hôpital.
En attendant, vous devez récupérer,
et ce sera un honneur pour moi
que vous le fassiez ici.
Marcia Sindell, j'appelle de New York.
Passez-moi le chef
de la police ou le shérif.
- Lequel?
- Celui qui n'est pas occupé.
Je peux affirmer qu'aucun des deux
n'est occupé, vu que je suis les deux.
Je suis aussi le président
de la Mutuelle de la Police,
le président de la Caisse de retraite,
et s'il vous faut un guide
de pêche, je suis votre homme.
Appelez-moi Buster.
Quel est le problème?
Je suis agent littéraire.
Je me sens bête de vous appeler,
mais je crois qu'un de mes clients,
Paul Sheldon, pourrait avoir des ennuis.
Vous voulez dire Paul Sheldon l'écrivain?
- C'est votre client?
- Oui.
Sa série des Misery fait un sacré tabac.
Paul va au gîte de Silver Creek
depuis des années pour finir ses livres.
ll est là-bas depuis six semaines.
Pas tout à fait. Je viens d'appeler là-bas.
On m'a dit qu'il était parti mardi dernier.
Vous ne trouvez pas ça étrange?
Je sais pas. ll vous appelle
toujours avant de quitter un hôtel?
Non, bien sûr que non.
Mais sa fille n'a pas de nouvelles de lui
et quand il a un livre qui sort,
il reste en contact.
Et comme il n'a appelé personne...
Vous pensez qu'il a disparu?
J'ai honte de moi.
Vous devez me trouver ridicule.
Un peu surprotectrice peut-être.
Écoutez ce qu'on va faire.
On ne m'a rien signalé, mais je vais
mettre son nom dans notre système.
Dès que j'ai du nouveau, je vous rappelle.
C'est gentil. Merci beaucoup.
Au revoir, mam'zelle Sindell.
Un coup de fil?
C'est une matinée chargée.
Ouais. Je suis débordé.
Virginia, le jour du blizzard?
C'était mardi dernier. Pourquoi?
Comme ça.
C'est un miracle
que vous m'ayez retrouvé.
Non, ce n'est pas un miracle du tout.
- Je vous suivais, si on veut.
- Vous me suiviez?
Je savais bien
que vous logiez à Silver Creek,
vu que je suis votre plus grande fan.
Certains soirs,
j'y allais et je restais dehors
à regarder la lumière dans votre cabane.
J'imaginais comment c'était
chez le meilleur écrivain du monde.
- Répétez, je n'ai pas entendu.
- Ne bougez pas.
Je ne voudrais pas vous couper.
Donc, cet après-midi-là,
je rentrais chez moi
et je vous ai vu quitter le gîte.
Je me suis demandé pourquoi
vous sortiez alors qu'une tempête arrivait.
Je ne savais pas qu'une tempête arrivait.
Heureusement pour vous, moi si.
Et heureusement pour moi,
parce que vous allez
pouvoir continuer à écrire.
Paul, j'ai lu tous vos livres.
Les Misery. Je les connais tous par coeur.
Tous les huit. Je les aime tant.
- Vous êtes très gentille.
- Et vous êtes très brillant.
Des joues de bébé. J'ai fini.
Merci.
Quand pourra-t-on téléphoner?
Je dois appeler ma fille,
et dire à mon agent
que je suis encore en vie.
Ça ne devrait pas tarder.
On aura le téléphone
dès que la route sera dégagée.
Donnez-moi les numéros, j'essaierai.
C'est gentil.
Je peux vous demander une faveur?
J'ai remarqué que dans votre sacoche
il y avait votre nouveau livre.
Je me demandais si par hasard...
- Vous voulez le lire?
- Si ça ne vous dérange pas.
En fait, je n'autorise jamais
personne à lire mon travail à ce stade.
A part mon éditeur, mon agent,
et toute personne qui me sauve
la vie dans le blizzard.
Vous ne pouvez pas savoir
le plaisir que vous me faites.
Vos douleurs viennent
avec la régularité d'une horloge.
Je vous apporte du Novril. Excusez-moi,
je jacasse et vous êtes tout chose.
Votre livre s'appelle comment?
Je n'ai pas encore trouvé de titre.
Ça parle de quoi?
Je ne sais pas.
C'est incroyable, mais ça fait si
longtemps que je n'écris que des Misery.
Si vous le lisiez? Vous me direz
de quoi vous pensez que ça parle.
Peut-être que vous trouverez un titre.
Moi, trouver un titre.
GîTE DE SILVER CREEK
Le départ de M. Sheldon
n'a rien d'étrange, Buster.
- Je le sais grâce au champagne.
- Toi, peut-être.
ll commande toujours
du Dom Pérignon avant de partir.
Après, il paie et il file.
Pas d'appels interurbains
ou de colis de Federal Express?
Rien qui sorte de l'ordinaire?
Je crois pas que M. Sheldon
aime ce qui sort de l'ordinaire.
ll a beau être ce qu'il est, célèbre
et tout, il se donne pas de grands airs.
ll vient toujours de New York
avec la même voiture, une Mustang 1965.
ll dit que ça l'aide à réfléchir.
C'est un très bon client. ll fait
jamais un bruit, il dérange personne.
- J'espère qu'il lui est rien arrivé.
- Moi aussi.
Je parie que sa Mustang
arrive à New York en ce moment même.
Tu as sûrement raison. Merci, Libby.
Je t'en prie.
Je sais que je n'ai lu
que 40 pages de votre livre, mais...
Mais quoi?
Non, rien.
Qu'est-ce qui vous tracasse?
C'est ridicule. De quel droit
je critiquerais votre travail?
Allez-y, j'encaisserai.
C'est brillamment écrit.
Tout ce que vous écrivez est brillant.
Jusque-là, vous êtes dure.
Les jurons, Paul.
Voilà, je l'ai dit.
Les blasphèmes vous dérangent?
Ce n'est pas noble.
Ce sont des gosses de la rue. J'ai été
un gosse de la rue. On parle comme ça.
Non. Qu'est-ce que je dis quand
je vais acheter à manger aux bêtes?
''Donnez-moi de cette saleté de pâtée
pour cochons et 5 kg de ce foutu maïs.''
Et à la banque, est-ce que je dis
''voilà une saloperie de chèque,
refilez-moi du pognon''?
Là. Regardez. Vous voyez
ce que vous me faites faire?
Paul, je suis désolée.
Je suis vraiment désolée.
Parfois, je sors de mes gonds.
Est-ce que vous me pardonnerez un jour?
Ce n'est rien.
Je vous aime, Paul.
Votre esprit. Votre créativité.
C'est tout ce que je voulais dire.
VIRAGES SUR 21 KM
Qu'est-ce qu'on s'amuse.
Virginia, dans cette voiture,
tu n'es pas ma femme, mais mon adjoint.
Eh bien, l'adjoint préférerait
être au lit avec le shérif.
Arrête-toi.
- Tu vois cette branche cassée?
- C'est peut-être le poids de la neige.
Oui. C'est peut-être une branche pourrie,
le vent, ou des tas d'autres choses.
Tu as besoin d'aide?
Non, je m'amuse comme un fou. Merci.
- Tu crois vraiment que Sheldon est là?
- Pourvu que non. S'il est là, il est mort.
Allons au bureau du journal.
Oh, j'espère ne pas vous reveiller.
Non, pas du tout.
Regardez ce que j'ai là. Je l'ai trouvé
au magasin. lls en ont tout un tas.
Je me suis jetée dessus.
J'ai acheté le premier exemplaire.
- Les routes sont dégagées.
- Seulement celle de la ville.
J'ai appelé le chirurgien
orthopédiste de l'hôpital
pour lui expliquer
ce qui vous était arrivé.
ll a dit que s'il n'y avait pas d'infection,
vous ne couriez aucun risque.
Dès que la route de l'hôpital sera
dégagée, ils enverront une ambulance.
Le téléphone marche?
Pas le mien, mais en ville, ça marchait
très bien. J'ai appelé votre agent.
J'ai jeté un coup d'oeil au tout début.
Quelle magnifique première page.
- Rien que de lire son nom.
- Ma fille va s'affoler.
- C'est comme la visite d'une amie.
- C'est son anniversaire aujourd'hui.
Votre agent va la rassurer,
mais vous devrez attendre demain
pour lui parler vous-même.
Vous êtes un vrai poète.
Je vous ai fait ma spécialité,
des oeufs brouillés à la Wilkes.
Et j'en suis à la page 75.
Ça doit vouloir dire que c'est bien.
Non.
Non, ce n'est pas bien, c'est...
Bah, je ne trouve pas les mots.
''Super'', ce serait insultant?
''Super'' est supportable.
Non.
Ce n'est pas seulement super, c'est...
parfait.
C'est absolument parfait.
ll était temps
que vous fassiez connaissance.
Paul, dites bonjour à mon animal
préféré au monde: ma truie Misery.
Oui. Je suis votre plus grande fan.
Oui, je commence à vous croire.
Je m'ennuyais
avec mes vaches et mes poules.
Mais quand Misery est arrivée,
tout a changé. C'est mon rayon de soleil.
C'est un beau cochon, ça oui.
J'en suis à la page 300, Paul,
et c'est plus que parfait. C'est divin.
Le plafond qu'a peint ce métèque?
- La Chapelle Sixtine.
- Oui. Ça et L'Enfant de Misery.
Ce sont les deux seules
choses divines au monde.
Quand mon mari m'a quittée,
je n'y étais pas préparée.
Ça n'a pas été facile.
Au début, j'ai cru devenir folle.
Oui, je sais ce que c'est.
Moi, pour m'en sortir,
je me suis réfugiée dans le travail.
Le jour comme la nuit.
On se sent seul la nuit,
à l'hôpital. Je lisais beaucoup.
C'est là que j'ai découvert Misery.
Elle m'a donné tant de bonheur.
Elle m'a fait oublier tous mes problèmes.
J'imagine que vous y étiez
aussi pour quelque chose.
Oui.
Je lisais et relisais ces livres.
Là, il me reste deux chapitres
et quand j'aurai fini, j'irai à la première
page et je le relirai depuis le début.
J'ai...
- Fini?
- Oui.
Pas de problème.
Merci.
Attention. Je n'ai rien
contre l'idée du mariage,
mais ce n'est pas le premier venu
qui me repassera la bague au doigt.
Oui, ce n'est pas une décision
qu'on prend à la légère.
C'est une question de respect.
Personne ne respecte plus
l'institution du mariage.
L'engagement est une notion qui se perd.
J'adorerais rester là à bavarder,
mais j'arrive au bout
et je dois savoir comment ça finit.
Vous...
Vous êtes un petit saligaud.
Comment osez-vous?
Elle ne peut pas mourir.
Misery Chastain ne peut pas mourir.
Annie, en 1871 , les femmes
mouraient souvent en couches.
C'est son esprit qui compte.
Son esprit demeure.
Je ne veux pas son esprit.
C'est elle que je veux.
Et vous l'avez assassinée.
Non. Ce n'est pas moi.
Qui, alors?
Personne. Elle est morte,
elle s'est éteinte.
Elle s'est éteinte?
Ce n'est pas vrai. Vous l'avez tuée.
Vous l'avez tuée.
Vous l'avez tuée.
Vous avez assassiné ma Misery.
Je vous croyais bon, Paul.
Mais vous n'êtes pas bon. Vous n'êtes
qu'un petit saligaud comme les autres.
Et mieux vaut que je ne vous
voie pas pendant quelque temps.
Et n'espérez pas
qu'on vienne vous chercher.
Ni les médecins, ni votre agent, ni votre
famille, car je ne les ai jamais appelés.
Personne ne sait que vous êtes ici.
Alors priez pour qu'il ne m'arrive rien.
Parce que si je meurs, vous mourez aussi.
Non, mam'zelle Sindell,
ça sert à rien que vous veniez ici.
On fait tout ce qui est possible.
Oui, on travaille avec la police d'État
et le FBl a été informé.
Entendu. Entendu. Dès qu'on a
du nouveau, je vous appelle.
Je vous en prie. A votre service.
Au revoir, mam'zelle Sindell.
D'accord.
C'est très aimable à vous. Merci.
Sheldon n'a pas utilisé sa carte
de crédit depuis son départ du gîte.
Et aucun appel au sujet de l'article.
Mon pauvre petit.
Qu'est-ce que vous faites par terre?
C'est entièrement de ma faute.
Si j'avais un vrai lit d'hôpital,
ça ne serait pas arrivé.
Allez, je vais vous aider.
Je sais que ça fait mal,
mais ça ne prendra qu'une seconde.
Allez, hop.
- Attendez, je vous en prie.
- Quel pleurnicheur.
Ça y est. Vous êtes bien?
- C'est parfait.
- Quel comédien vous faites.
J'ai une grande surprise pour vous.
Mais avant, vous allez me faire plaisir.
Je ne pourrais pas avoir
un petit en-cas en attendant la surprise?
Tout ce que vous voudrez,
mais vous devez d'abord m'écouter.
Parfois, mes idées
s'embrouillent un peu, je l'admets.
C'est pour ça que je ne me souvenais pas
de tout à la barre des témoins, à Denver.
Mais cette fois, tout est clair.
J'ai parlé de vous à Dieu,
et ll a dit: ''Je te l'ai confié
pour que tu lui montres le chemin.''
- Me montrer le chemin?
- Oui.
SANS TITRE
DE PAUL SHELDON
Quand j'ai parlé d'un en-cas, je pensais
plutôt à du fromage et des crackers.
Paul, ce n'est pas
le moment de plaisanter.
Vous devez détruire cette saleté.
Je dois brûler mon livre?
Je sais que c'est difficile,
mais c'est mieux comme ça.
Ce n'est pas difficile du tout.
On a fait des copies.
ll va y avoir une mise aux enchères.
Tout New York est en train de le lire.
Alors si vous voulez que je le brûle,
très bien. Vous ne détruisez rien du tout.
Alors grattez l'allumette, Paul.
Ce n'est pas un problème.
Vous l'avez déjà dit. Alors faites-le.
Vous n'avez pas fait
de copies de votre premier livre
parce que vous pensiez
que personne ne le lirait.
Depuis, vous n'en faites pas
par superstition.
Et vous revenez toujours au gîte.
Vous avez raconté cette histoire
à Merv Griffin il y a 11 ans.
Écoutez. Je ne le publierai pas.
Personne ne le lira jamais.
Je le garderai pour moi.
Personne ne saura qu'il existe.
Tant qu'il existera,
votre esprit ne sera pas libre.
Vous devriez gratter l'allumette, Paul.
Vous ne voyez pas que Dieu le veut?
Vous êtes si intelligent
que vous auriez dû comprendre ça.
Nous sommes sur terre
pour aider les gens, Paul.
Tout comme j'essaie de vous aider.
Je vous en prie. Aidez-moi à vous aider.
Vous prenez la bonne décision.
Seigneur. Bonté divine.
Seigneur. Doux Jésus.
Doux Jésus.
Mais quel affreux bazar.
C'est la maison des Steadman.
Et voilà la ferme de mam'zelle Wilkes.
C'est pas une Mustang 1965.
ll n'y a plus rien de ce côté-ci.
Faisons demi-tour.
On dirait que l'hiver
raccourcit d'année en année.
Les gens disent que c'est un problème
de couche d'ozone. Qu'en pensez-vous?
Je n'en sais rien.
Oui, ce n'est qu'une théorie.
Prenez votre Novril.
Nous revoilà.
Dites-nous qui le public a choisi.
lls ont choisi Kevin.
Bravo, Kevin Andrews!
- Bonjour, Kevin.
- Ça va, Chuck?
Asseyez-vous, et Sheree
va nous raconter votre soirée.
D'abord,
j'ai choisi un restaurant très chic.
C'était super chic,
et il s'est pointé sans cravate.
Vous n'êtes pas content?
Si. Je rêvais de visiter
l'autre côté de la pièce.
Et regardez ce que je vous ai apporté.
Un rasoir électrique:
vous pourrez vous raser tout seul.
Si j'avais su,
j'aurais brûlé tous mes livres.
Allons, ne vous moquez pas.
C'est un grand jour pour vous.
Attendez ici pendant que j'installe tout.
- Tout quoi?
- C'est ça, la grande surprise.
Votre nouveau bureau.
Un écrivain a besoin
d'une pièce pour travailler.
Travailler? Vous voulez dire écrire?
Vous croyez que je vais écrire?
Paul, je ne crois pas. Je sais.
Maintenant que ce livre est détruit,
vous pouvez vous remettre
dans la bonne voie.
Vous allez écrire un nouveau roman,
votre oeuvre maîtresse.
Le Retour de Misery.
Le Retour de Misery?
Je sais que vous ne vouliez pas
vraiment la tuer, et vous allez réparer ça.
Ce sera un livre en mon honneur,
parce que je vous ai sauvé et guéri.
Paul, grâce à vous,
le monde entier va m'envier.
Vous voulez que je ponde
un livre vite fait?
Je ne veux rien de moins
que votre chef-d'oeuvre.
Je suis sûr que vous comprenez
qu'on n'écrit pas un livre comme ça.
On pourrait même trouver
cette situation farfelue.
J'ai entièrement confiance en votre génie.
Et puis, la vue va vous inspirer.
lmprégnez-vous du spectacle. Je reviens.
Vous devez être tranquille ici.
Vous serez totalement seul et vous
pourrez vous concentrer sur votre travail.
Tant mieux.
Je vous ai acheté du papier de luxe,
et j'ai eu cette antiquité
pour rien parce qu'il manque le N.
J'ai dit qu'il y avait un N
dans le nom de mon écrivain préféré.
ll y a deux N dans le nom
de mon infirmière préférée, A-nn-ie.
Petit coquin. J'ai bien fait?
Vous avez très bien fait.
ll y a juste un petit détail.
Je ne peux pas écrire sur ce papier.
C'est du Corrasable Bond. ll bave.
Alors je me disais que,
si vous retournez en ville,
vous pourriez me rapporter
du papier blanc fibres longues.
Mais le mien était le plus cher,
il ne peut pas baver.
Venez, je vais vous montrer.
BAVURE
Vous avez raison, il bave.
Ça alors, c'est fascinant.
Je savais que ça vous intéresserait.
Je veux tout vous faire partager.
Pas seulement le livre terminé,
mais son écriture.
Merci d'avoir pensé à moi.
C'est tout ce qu'il vous faut?
Pas d'autres besoins
impérieux à satisfaire?
Vous voulez un magnétophone?
Ou une paire de chaussons faits
à la main?
Non, le papier, ça ira très bien.
Vous êtes sûr?
Je peux vous ramener tout le magasin.
Annie, qu'est-ce qui ne va pas?
Je vais vous dire ce qui ne va pas.
Je me mets en quatre pour vous.
Je vous donne tout.
Je vous nourris, je vous lave,
je vous habille, et vous?
''Pas ce papier, Annie.
Je ne peux pas écrire là-dessus.''
Vous aurez votre papier, mais vous avez
intérêt à vous montrer reconnaissant.
Merde.
Tu l'as écrit dans tes livres, alors fais-le.
Pas possible? Ça marche vraiment.
Quelle surprise.
Pauvre tarée.
ALBUM SOUVENIR
AMITIÉS, PAUL SHELDON
Paul, j'ai votre papier.
J'espère que ça suffit.
Trois rames de papier fibres longues.
Exactement celui que vous vouliez.
Vous êtes trempé de sueur.
Vous êtes tout rouge. Vous avez fait quoi?
Vous savez parfaitement ce que
j'ai fait. Je suis resté là à souffrir.
Je veux mes cachets.
Pauvre chou. Je vous remets
au lit et je vous les apporte.
Je les veux maintenant.
- J'en ai pour une seconde.
- Non.
Je veux que la douleur s'en aille, Annie.
Je vous en prie, faites-la partir.
Je vous en prie.
Ça me brise le coeur
de vous voir comme ça.
J'ai beaucoup réfléchi sur la route. Tenez.
Et je suis absolument certaine
que si on ne m'apprécie pas plus,
c'est à cause de mon caractère.
Vous devez être furieux
contre moi. Dites la vérité.
Oh... Qui n'a pas ses petits
coups de colère de temps à autre?
Mon génie doit se reposer avant d'écrire.
Levez vos petits pieds.
Ça y est.
Tenez. Si jamais une idée vous vient.
Ne vous faites pas trop d'illusions.
Ne soyez pas bête. Vous serez génial.
Vous n'avez qu'à vous inspirer de moi.
Je crois en vous, mon chéri.
Attrapez ça.
Mon chéri.
Tout porte à croire
que Paul Sheldon est mort.
ll a réussi à s'extraire de son véhicule,
mais nous n'avons pas
retrouvé son corps sur les lieux.
Et il n'a pas été transporté
dans un hôpital de la région.
ll est donc enseveli
quelque part dans la neige.
On le retrouvera après le dégel.
A moins que les animaux ne soient
passés avant, ce qui est fort probable.
C'était une déclaration du chef de
la police du Colorado, Sherman Douglas.
Tu ne le crois pas mort, hein?
ll est peut-être mort,
mais pas comme ils le disent.
ll est pas sorti de la voiture tout seul.
ll y a des marques sur la porte.
Quelqu'un l'a tiré de là.
MERDEMERDEMERDEMERDE
Désolée, Paul. Ça ne va pas du tout.
- Hein?
- Vous allez tout recommencer.
Ce n'est pas digne de vous.
Sauf le fossoyeur qui porte mon nom.
Ça, vous pouvez laisser.
Votre avis compte beaucoup pour moi,
mais vous allez peut-être trop vite.
Paul, tout cela est malhonnête.
- Malhonnête?
- Absolument.
Quand j'étais petite,
à Bakersfield, j'adorais
aller au cinéma
pour voir des films à épisodes.
- Des séries.
- Je sais, gros malin.
Ça s'appelle aussi des feuilletons.
Je suis pas idiote.
J'aimais surtout Rocket Man,
et je me souviens d'un épisode.
Le méchant le poussait
dans une voiture, l'assommait,
arrachait les freins et démarrait.
ll se réveillait et essayait de sortir,
mais la voiture tombait
d'une colline et prenait feu.
J'étais dans un état.
La semaine d'après, j'ai couru au cinéma.
On a revu la fin de l'épisode:
Rocket Man essayait de sortir,
et la colline approchait,
et juste avant que la voiture tombe,
il a sauté, et tout le monde a applaudi.
Mais moi, je n'ai pas applaudi.
J'ai bondi en criant:
''Ça s'est pas passé comme ça.
Vous êtes tous amnésiques?''
''lls ont triché. C'est malhonnête.
ll est pas sorti de la saleté de voiture.''
lls trichent souvent
dans les... films à épisodes.
Mais pas vous. Pas avec ma Misery.
lan est tombé en allant chercher
le Dr Cleary à la fin du dernier livre
et il s'est cassé les côtes
et n'a pas pu le prévenir,
alors Misery n'a pas pu être sauvée
par une transfusion expérimentale.
Misery était dans sa tombe à la fin,
et c'est là qu'il faut commencer.
C'est honnête? Je peux continuer?
Et comment.
Oh, Paul. Quand lan comprend
qu'ils ont enterré Misery vivante
parce que la piqûre d'abeille l'a endormie.
Et que le fossoyeur Wilkes
dit que 30 ans avant,
Lady Evelyn-Hyde a vécu la même chose.
Et que le Dr Cleary comprend que Misery
est la fille qu'elle avait perdue
grâce à ce point commun,
ça m'a bouleversée.
J'ai toujours su
que Misery avait du sang noble
- et j'avais raison.
- Oui.
Je peux lire vos chapitres
au fur et à mesure? Je rajouterai les N.
Elle va être comme avant
ou elle aura perdu la mémoire?
Vous verrez.
Elle aimera encore lan
de cet amour si absolu?
- Vous verrez.
- Vous ne me direz rien?
Misery est en vie,
Mise est en vie. C'est si romantique.
Toute la maison va déborder d'amour.
Je sors mes disques de Liberace.
Vous aimez Liberace, j'espère?
Quand il jouait à New York, devinez
qui était toujours au premier rang?
Je vais passer tous mes disques,
pour vous inspirer. C'est mon idole.
Vous voulez dîner avec moi ce soir?
Pour fêter Le Retour de Misery.
Je n'y serais pas arrivé sans vous.
Ce serait un honneur.
Non, il n'est pas là.
Je ne sais pas où il est.
ll ne me dit plus rien.
ll est probablement
en train de me tromper.
Attends une minute. ll arrive.
C'est Jim Taylor.
ll veut savoir avec qui tu me trompes.
Salut, Jim. Quoi de neuf?
Jim, on en a déjà parlé.
Si tu mets des bancs devant ton magasin,
les gens vont forcément s'asseoir dessus.
Moi non plus, je ne l'aime pas, mais
je ne vais pas venir lui dire de décamper.
Mes amitiés à Denise. Au revoir.
Je ne sais pas qui c'est,
mais elle aime lire.
Virginia, je suis flatté
que tu me croies aussi énergique.
A défaut de trouver Paul Sheldon,
je peux au moins lire ce qu'il a écrit.
Tu t'attends à quoi? A l'histoire d'un type
qui tombe d'une colline dans le blizzard?
C'est exactement ce genre de sarcasme
qui donne du piment à notre mariage.
- J'espère que ça vous plaira.
- C'est superbe.
Et vous aussi.
Ce pâté de viande est un délice.
Mon secret, c'est que
j'utilise des tomates fraîches.
Et pour relever le tout,
j'ajoute de la viande en boîte.
lls ne font pas ça à New York.
- Portons un toast.
- Un toast?
Oui. A Misery.
Je vais vous servir du vin.
A Misery.
Attendez. Faisons les choses bien.
Vous avez des bougies?
Je ne sais pas. Je crois que oui.
Je vais voir.
Vous avez étudié
la décoration ou c'est un don?
Oh, vous alors.
J'ai appris sur le tas, c'est tout.
En tout cas, ça vous ressemble.
- Vous trouvez vraiment?
- Absolument.
Ne vous donnez pas tant de mal.
Je disais ça comme ça.
Vous plaisantez?
Si on m'avait dit qu'un jour
je dînerais aux chandelles
avec Paul Sheldon chez moi,
j'aurais regardé mes deux pieds
pour voir lequel on faisait marcher.
Ça va comme ça?
C'est parfait.
A Misery et à Annie Wilkes,
qui l'a ramenée à la vie.
J'ai la chair de poule quand j'y pense.
Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait?
Je suis désolée, Paul.
J'ai gâché votre magnifique toast.
Vous me pardonnerez un jour?
Je vais me servir un autre verre.
On peut faire
comme si ça n'était pas arrivé?
A Misery.
A Misery.
CHAPlTRE 5
CHAPlTRE 12
C'est indéniablement
le meilleur Misery que vous ayez écrit.
CHAPlTRE 19
CHAPlTRE 28
CHAPlTRE 35
Voilà vos cachets.
Qu'est-ce qu'il y a?
La pluie.
Parfois, ça me donne le cafard.
Quand vous êtes arrivé ici,
je n'aimais que l'écrivain en Paul Sheldon.
Mais maintenant, je l'aime tout entier.
Je sais que vous ne m'aimez pas.
Ne dites pas le contraire.
Vous êtes un homme d'expérience,
beau, brillant, célèbre
et moi, je n'ai rien d'une star de cinéma.
C'est terrible
de perdre un homme comme vous,
quand on est quelqu'un comme moi.
Pourquoi me perdriez-vous?
Le livre est presque terminé.
Vos jambes vont de mieux en mieux.
Bientôt, vous voudrez partir.
Pourquoi partirais-je? Je suis bien ici.
C'est gentil de dire ça, mais je parie
que ce n'est pas entièrement vrai.
J'ai ce pistolet.
Parfois, j'ai envie de m'en servir.
Je ferais mieux de sortir.
Je pourrais mettre des balles dedans.
''ll y a une justice supérieure à celle
des hommes. C'est Lui qui me jugera.''
Quoi?
lls traînent Misery au tribunal.
C'est très bien.
ll y a une justice
supérieure à celle des hommes.
C'est Lui qui me jugera.
OU EST PAUL SHELDON?
PAUL SHELDON DONNÉ POUR MORT
ON RETROUVE SA VOlTURE
SOUS LA NElGE
ALBUM SOUVENlR
MORT D'UN BANQUlER D'AFFAlRES
LA CHUTE MORTELLE DE CARL WlLKES
L'ÉCOLE D'INFIRMIERES
PERD SA MElLLEURE ÉLEVE
ANNE M. WILKES FÉLICITÉE
PAR L'ÉCOLE D'INFIRMIERES
ANNE WILKES
CHEF DU SERVICE DE SOINS INTENSIFS
WILKES NOMMÉE INFIRMIERE
EN CHEF DE LA MATERNITÉ DU COMTÉ
APRES 5 SEMAlNES, UN NOUVEAU-NÉ
SUCCOMBE A L'HOPITAL
DEUXIEME MORT INFANTILE
A L'HOPITAL DU COMTÉ D'ELRIDGE
L'INFIRMIERE
INTERROGÉE PAR LA POLICE
NOUVEAU CAS DE MORT INFANTILE
A LA NURSERY DE L'HOPITAL
L'INFIRMIERE
DE LA MATERNITÉ SOUS LES VERROUS
On se verra demain matin.
Je sais que vous êtes sorti.
Vous êtes sorti de votre chambre.
Non, c'est pas vrai.
Paul, mon petit pingouin en céramique
est toujours tourné plein sud.
Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Un pingouin en céramique?
C'est ça que vous cherchez?
Vous êtes sorti deux fois, Paul.
Au début, je ne comprenais pas comment,
mais cette nuit, j'ai trouvé votre clé.
Je sais que vous avez vu mon album.
J'imagine ce que vous pensez de moi.
Mais vous savez, ça ne fait rien.
Cette nuit, j'ai tout compris.
Vous avez seulement besoin de temps.
Vous finirez par vous faire
à l'idée de vivre ici.
Vous connaissez l'histoire
des mines de diamant de Kimberley?
Vous savez ce qu'ils faisaient
aux ouvriers qui volaient?
Du calme. lls ne les tuaient pas.
Ce serait comme jeter une Mercedes
qui a un ressort cassé.
Non, il fallait qu'ils puissent travailler,
mais sans jamais pouvoir s'échapper.
lls appelaient ça ''entraver''.
J'ignore ce que vous voulez faire
mais par pitié, ne le faites pas.
- Annie, je vous en...
- Chut, chéri. Faites-moi confiance.
Mon Dieu.
- C'est pour votre bien.
- Par pitié.
C'est presque fini. Plus qu'un.
Mon Dieu, que je vous aime.
Espèce de sale cornichon.
- Assieds-toi là-dessus.
- Patate.
- Touche pas à ça, compris?
- Quelle amabilité.
Combien de fois faut-il te le dire?
J'ai un système. Où est passé ce truc?
- Quel truc?
- Le truc.
- Le voilà, il était à sa place.
- C'est quoi?
Je ne sais pas. Peut-être rien.
- Je suis ravie que tu l'aies trouvé.
- C'est ça, rajoute du piment.
NOUVEAU CAS DE MORT INFANTILE
A LA NURSERY DE L'HOPITAL
L'INFIRMIERE
DE LA MATERNITÉ SOUS LES VERROUS
LE DRAGON CLAME SON lNNOCENCE
WlLKES DÉCLARE AUX REPORTERS
EN SORTANT DU TRlBUNAL:
''lL Y A UNE JUSTlCE
SUPÉRlEURE A CELLE DES HOMMES,
C'EST LUl QUl ME JUGERA.''
''lL Y A UNE JUSTlCE
SUPÉRlEURE A CELLE DES HOMMES.
C'EST LUl QUl ME JUGERA.''
Allez, Misery.
Coucou, mon lapin.
Petit coquin. Viens, Misery.
SUPÉRETTE
- Salut, Pete.
- Salut, Buster.
- Dis-moi une ou deux choses.
- Si je peux.
Tu as le dernier livre de Sheldon?
On en avait un lot.
Je les ai tous vendus en trois jours.
Tu ne saurais pas par hasard
si mam'zelle Wilkes en a acheté un?
Tu rigoles? Chaque fois
que ce type écrit un nouveau livre,
je dois lui garder le premier exemplaire.
Elle a rien acheté de bizarre
dernièrement?
Mam'zelle Wilkes?
Toujours les mêmes trucs.
Sauf si c'est bizarre d'acheter du papier.
- Du papier à lettres?
- Non. Du papier machine.
Ah, ça. Y a rien de bizarre là-dedans.
- Elle a fait quelque chose?
- Rien du tout.
Je ne vous comprends pas.
Je vous nourris,
je m'occupe de vous 24 heures sur 24,
et vous êtes toujours contre moi.
Quand allez-vous me faire confiance?
Excusez-moi, mais vous ne m'avez pas
laissé le temps de frapper.
Comme vous voyez, je n'ai pas l'habitude
des visites. Que puis-je pour vous?
Je me demandais: vous auriez
des informations sur Paul Sheldon?
Quel genre d'informations?
Tout ce que vous savez peut m'aider.
Né dans le Massachusetts il y a 45 ans,
fils de Franklin
et Helene Sheldon, élève médiocre...
C'est pas exactement
ce que je recherche.
En fait, il a disparu depuis un moment...
Oui. C'est affreux.
Je suis sa plus grande fan.
J'ai tous ses livres. Sans exception.
Je suis très fière de ma collection.
Mais je papote, je papote,
et j'en oublie mes manières.
Je ne vous ai pas fait entrer.
Merci bien.
Vous êtes au courant
de cet horrible accident.
- Je peux jeter un coup d'oeil?
- Bien sûr.
J'ai bien failli en mourir, moi aussi.
J'ai prié quand je l'ai appris.
J'ai prié à genoux
pour que ça ne soit pas vrai.
Ce que je vais vous raconter
va vous faire rire, mais ça m'est égal.
Quand j'ai prié,
Dieu m'a dit de me préparer.
- Vous préparer à quoi?
- A le remplacer.
ll a donné tant de joie à ses lecteurs,
et la joie se fait rare dans ce monde,
vous avez dû le remarquer.
Comme je suis sa plus grande fan,
Dieu m'a dit d'écrire
à la place de Paul Sheldon.
Alors j'ai acheté
une machine à écrire et du papier,
celui-là même que Sheldon utilisait.
Et j'ai transformé la chambre d'ami
en bureau. Vous voulez la voir?
- Oui.
- C'est par là.
Je connais son style. Ses mots,
ses merveilleuses histoires.
Je viens de passer un mois
à essayer d'écrire comme Sheldon,
mais je n'y arrive pas.
Je m'y efforce, et je connais
tous les mots, mais ce n'est pas pareil.
ll faut peut-être
du temps pour attraper le coup.
Vous pourriez en lire une partie
et me donner votre avis.
Je ferais pas un bon critique.
Je disais ça comme ça.
On dirait que je ne sais pas recevoir.
Vous voulez un chocolat chaud?
- Non, je...
- J'en ai pour une seconde.
ll est déjà tout prêt.
Vous devez vous sentir seule ici.
Comme on dit, si vous
ne vous supportez pas vous-même,
qui d'autre vous supporterait?
Vous n'avez pas tort.
Votre chocolat.
Merci, mam'zelle Wilkes, mais je vais pas
vous déranger plus longtemps.
ll faut que j'y aille.
Vous n'avez même pas
goûté votre chocolat.
Je suis sûr qu'il est délicieux,
mais je dois vraiment y aller.
Si ça vous dérange pas,
je pourrais repasser vous voir.
J'en serais ravie.
Vous connaissez le chemin.
Mam'zelle Wilkes?
Mam'zelle Wilkes, tout va bien?
Je suis là.
Là. Dans la cave.
Dans la cave.
M. Sheldon?
Ne soyez pas triste, Paul.
Ça devait arriver
tôt ou ***. C'est un signe.
Je sais depuis quelque temps pourquoi
j'ai été choisie pour vous sauver.
Nous sommes faits
pour être ensemble à jamais.
Mais nous devons quitter ce monde.
Soyez tranquille. J'ai tout préparé
pour ce que nous devons faire.
J'ai mis deux balles dans mon pistolet,
une pour vous et une pour moi.
Mon amour, ça va être si beau.
ALLUME-FEU
N'ayez pas peur.
Je vous aime.
Je vous aime aussi.
Et vous avez raison.
Nous sommes faits l'un pour l'autre.
Et maintenant, nous devons mourir.
Mais notre mort
doit servir à sauver Misery.
Nous avons le pouvoir
de faire vivre Misery éternellement.
Nous devons finir le livre.
Mais nous ne pouvons pas attendre.
D'autres vont venir.
J'ai presque terminé.
Quand l'aube viendra
nous pourrons ramener Misery à la vie.
Je vais vous faire à manger.
PE DA T TROIS JOURS
ET TROIS UITS, MlSERY PLEURA
Je suis à bout.
Elle épouse lan ou Windthorne?
Vous le saurez bientôt.
J'en suis au dernier chapitre.
Vous savez, quand j'aurai fini,
je voudrais que tout soit parfait.
ll me faudra trois choses.
Quelles choses?
Vous ne le savez pas?
Je vous faisais marcher, nigaud.
Une cigarette,
parce que vous n'en fumez plus,
sauf une seule
quand vous finissez un livre.
ll vous faut une allumette et un verre
de champagne, du Dom Pérignon.
Du Dom Pérignon, c'est ça.
MlSERY AVAlT LE SOUFFLE COUPÉ
FACE A lA ET Wl DTHOR E
Oui, Paul?
J'ai presque terminé.
Oh, Paul, c'est si romantique.
lan et Windthorne se battant
pour la main de Misery.
C'est lan qui gagne?
Ne me dites rien. C'est Windthorne, hein?
Vous saurez tout dans une minute.
Apportez le champagne.
C'est bien, comme ça?
C'est parfait.
Sauf un petit détail.
Cette fois, il nous faudra deux verres.
Vous vous souvenez que personne
ne sait qui est le père de Misery?
Ni s'ils vont se retrouver? Tout est là.
Va-t-elle épouser lan,
ou choisira-t-elle Windthorne?
Tout est là.
Vous n'avez pas le droit.
Pourquoi? Vous m'avez donné l'exemple.
Non, non. Pas Misery. Pas ma Misery.
Non. Pas ma Misery.
Je vais te tuer, enculé de menteur.
Alors, tu le veux? Bouffe-le.
Bouffe-le et étouffe-toi avec,
pauvre cinglée, connasse.
18 MOlS PLUS ***
Le voici. Le tout premier exemplaire.
ll paraît que le times va t'encenser.
Ce sera une première.
Et time et Newsweek sont élogieux.
Et ne ris pas, mais tu as
des chances d'avoir un prix.
C'est super.
Je pensais que tu serais aux anges.
On te prend au sérieux.
Je suis ravi qu'ils l'aiment
et j'espère que le public l'aimera aussi.
Mais je l'ai écrit pour moi.
Tu vas sûrement
me prendre pour un fou, mais...
D'une certaine manière, Annie Wilkes,
toute cette expérience,
ça m'a aidé.
Paul, puisque tu en parles,
je dois te demander ça
ou mon syndicat va m'expulser.
Si tu écrivais
un livre sur ce qui s'est passé?
Je te soupçonnerais presque
de me demander
de monnayer l'épisode
le plus horrible de ma vie.
Je pensais que tu t'en étais remis.
Je ne crois pas
qu'on puisse se remettre de ça.
C'est bizarre.
Même si je sais qu'elle est morte,
je pense encore à elle de temps en temps.
Excusez-moi de vous déranger,
mais vous êtes Paul Sheldon?
En effet.
Je suis votre plus grande fan.
Vous êtes très gentille.