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Dario !
On a un message de Peligro !
Bravo !
Quel honneur de vous avoir avec nous.
Nous vous souhaitons
une excellente soirée.
Et c'est au El Tropico, la boîte de nuit
la plus extraordinaire qui soit
que vous assisterez
à un numéro grandiose
où la magie est toujours fidèle au
rendez-vous avec le fabuleux Rodney !
Mesdames et messieurs,
ce soir nous avons l'honneur
d'avoir parmi nous
le meilleur coureur automobile
au monde
ici à Cuba pour le premier Grand Prix
de La Havane.
Veuillez accueillir, un homme
au talent unique, Fangio.
Profitez-en avant qu'il ne démarre !
Fangio !
Et maintenant, un petit cadeau
pour un couple
qu'on aime tous beaucoup.
À tout jamais de nouveaux mariés.
Doña Cecilia, Don Federico.
La valse de l'anniversaire
de M. Strauss.
Joyeux anniversaire !
Un toast au couple
le plus élégant de La Havane.
Joyeux anniversaire !
Santé à vous tous,
à la plus heureuse des familles.
Puisse votre bonheur être éternel.
Oui. À nous. Salud !
Salud, salud !
On danse ensemble ?
Comme quand on était jeunes.
Tu me donnes l'impression
d'être une relique.
Ma relique à moi.
- Donoso, tu danses avec moi ?
- Fais gaffe. Notre oncle
est un peu lourdaud, sauf qu'il a
pas oublié comment lever le coude.
Je serais prêt à sacrifier
bien des choses,
incluant mon coude
pour pouvoir danser une seule valse.
Mon royaume
pour un cha-cha-cha.
- Santé.
- On va danser ?
Reste là. Je reviens.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Alors avec laquelle de ces danseuses
sors-tu cette semaine ?
Tu cherches encore la perle rare ?
Pas du tout. Je sais qu'elles sont
déjà toutes prises.
Fangio, j'aimerais vous présenter
ma femme:
Mercedes Fellove.
On a vu toutes vos courses.
Allez, on y va.
C'est moi qui ai organisé
cette réunion.
Parce que nous traversons une période
qui n'est pas facile pour tout le monde.
Le peuple cubain a déjà subi
bien des épreuves
mais à travers tout ça,
nous avons été capables de survivre
parce que nous avons toujours eu
la volonté d'être solidaire.
Mais il est maintenant dangereux
de vivre dans ce pays
et nous devons faire attention.
De notre génération,
il ne reste que moi et votre oncle.
Et donc, mes chers fils,
l'avenir vous appartient.
L'avenir de notre famille.
Et l'avenir de cette île.
Oui. Et...
Regarde-moi.
Regarde-moi parce que ça
te concerne toi aussi.
Si nous ne voulons plus
maintenir le statu quo,
il est impératif que nous le fassions
en respectant les règles
de la démocratie. C'est clair ?
- Il faut agir en patriotes.
- En patriotes ?
Le patriotisme sert de refuge
aux escrocs. Non, c'est vrai, je...
C'est la politique qui a fini
par devenir le meilleur des refuges
- pour tous les escrocs...
- Non, papa.
Ne fais pas l'erreur de me traiter
comme un de tes étudiants. D'accord ?
- J'ai vieilli. J'ai fini mes études.
- O.K. Sois poli, tu veux ?
Non. Laisse-le parler.
On vit dans une démocratie
alors laisse-le parler.
Tu crois que ce pays
est démocratique ?
N'importe quoi.
Notre famille essaie
d'être démocratique, Ricardo.
Ce pays est ma famille.
Et la seule façon d'unir cette famille,
- est de faire la révolution.
- La révolution ?
- Oui, une révolution.
- Je n'arrive pas à croire
qu'un de mes fils soit d'accord
avec la violence aléatoire
d'une révolution ? Je trouve ça...
Tu ferais mieux
de commencer à y croire.
Ce qu'il te faudrait,
c'est un peu d'évolution
et non une révolution.
Je suis d'accord.
Le poète.
Proprio de bar et poète...
Heureusement que je suis pas
à côté de toi.
Heureusement, parce que si tu étais
à côté de moi,
- je crois que ça sentirait pas très bon.
- Je t'en prie.
Joyeux anniversaire ! Je l'ai déjà dit ?
Est-ce que je me répète ?
- Tu devrais te calmer.
- Quoi ?
Tu veux que je suive ton exemple ?
Et que je me taise ?
Fais attention ! Parce que
si tu continues à insulter tout le monde,
- c'est à moi que tu auras affaire.
- Arrête...
- Est-ce que t'as compris ?
- Quoi ?
Est-ce que tu as compris
ce que je viens de te dire ?
Alors tu devrais écouter ce que ton père
a à te dire et essayer d'être poli !
- Fico, calme-toi.
- Non. C'est à toi de te calmer !
O.K., O.K.
- Tu veux que je vienne te voir ?
- Oh là !
Hein ? C'est ça ?
Tu veux que je vienne te voir !
- Fico, arrête.
- Arrêtez !
Arrêtez !
- Arrêtez.
- Quatre contre un.
- Allez, ça suffit.
- Assieds-toi.
- Et ça, c'est démocratique ?
- Assieds-toi.
T'as eu ta dose d'attention
alors assieds-toi.
Assieds-toi !
C'est bon, je m'assois.
Et ça, c'était de la violence aveugle ?
Papa est-ce que j'ai raison ?
Le Lieutenant Dario a été assassiné.
Est-ce qu'on a enfin réussi à avoir
une bonne description ?
Est-ce que le nom de Peligro
a été cité ?
Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'ai pas envie de parler
de tout ça avec toi,
toi ou qui que ce soit.
Mais je vais te dire un truc,
tu sais pas du tout
ce qui se passe dans ce pays.
Et c'est d'autant plus triste
parce que tu es un professeur
et que tu n'as aucune idée de ce que
tes étudiants sont en train de vivre.
Alors vas-y, explique-moi tout.
Je voudrais que tu me dises
ce qui se passe.
Le mécontentement, la colère,
le désespoir. Voilà ce qui se passe
dans ce pays. Ça se passe partout
dans ce pays
et en particulier dans ton université.
La révolution.
Ils l'ont faite en France, en Russie...
Ils vont la faire ici
et ils vont la faire bientôt.
- Personne ne veut une révolution.
Non ! Tu n'en veux pas ! Mais je te jure
que ça va se produire.
Le peuple se soulèvera.
Comment est-ce que tu sais ça ?
Est-ce que le peuple cubain est venu
te chuchoter tout ça dans l'oreille ?
Non ! Batista mérite de se faire
éliminer.
Et ensuite ? On aura quoi ?
Le pouvoir. La démocratie.
- Oui, oui, c'est ça.
- Et la liberté.
- C'est plus facile à dire qu'à faire.
- Tu sais quoi ?
On peut y arriver.
Mais ce qu'il faut faire avant tout,
- c'est de tuer ce salaud.
- Tuer, tuer, tuer,
tuer, tuer...
As-tu déjà songé
- à vivre pour ton pays ?
- Oui. Vivre.
Je suis encore vivant !
Et je compte bien le rester.
Pour ça il faut se débarrasser
de ce tyran.
C'est en s'ouvrant la gueule
qu'on gobe l'hameçon.
Je trouve que sur tes mains,
il devrait y avoir de la terre,
et non pas du sang.
Tu devrais aller te reposer
à la ferme.
Mon fils n'a pas besoin de repos.
Il a besoin de contrôler
son tempérament,
car c'est notre manière d'agir
qui dicte notre destin.
- Ça vient de quel livre au juste ?
- Tu devrais lire, ça te ferait du bien.
Fico, t'es de quel côté ?
De quel côté es-tu ?
- Je suis du côté de ma famille.
- C'est ce que je croyais.
Tu n'es qu'un spectateur. T'aimes
regarder les autres faire leur numéro.
Mais laisse-moi te dire un truc.
Tu ne pourras plus rester caché
dans ce palace pourri bien longtemps.
Tu devras bientôt,
ainsi que lui, et lui, et lui aussi
prendre une importante décision.
Vous faites partie du numéro
ou est-ce que vous refusez ?
J'ai pris ma décision.
Ça veut dire, bonne nuit !
Bonne nuit en Cubain !
Buenas noches.
Buenas noches à vous tous !
Alors ça va ?
Ça dépend.
Je sais, c'est souvent comme ça.
C'était un très beau spectacle.
Très divertissant.
Vous connaissez un certain Peligro ?
Qui ça ?
Peligro.
C'est un percussionniste ?
Mais par contre vous connaissez
Alberto Mora ? Non ? C'est un de vos amis.
Vous le voyez encore ?
Oui, très souvent.
Quand vous le reverrez,
faites-lui vos adieux.
Vous savez ce que je vais demander
quand j'arriverai aux portes du paradis ?
Ouais, une bouteille de Bacardi.
- Non, une caisse.
- Sans oublier le Victrola.
Tu n'iras nulle part
sans avoir quelqu'un avec qui danser.
D'accord, alors je reste.
Oh non. La montre fait tic-tac.
Bon,
alors je tiens à dire
que lors du dîner dominical,
la règle d'or est de toujours...
Arriver à l'heure.
Eh Oui. Tous mes fils
sont les bienvenus
- mais pas si...
- S'ils arrivent plus *** que 18 h.
- Et il est, il est 18 h 03, Fico.
- Ouais.
Oui,mais je croyais
qu'il fallait être là après 18 h.
Oui. Alors donc,
je voudrais faire un vœu.
S'il est vrai
que notre pays va bientôt changer,
je souhaite
que notre maison
soit toujours une île
et que malgré toutes nos différences,
notre famille passe toujours
avant tout.
Et ensuite y a la nourriture.
- Allez, salud !
- Je plaisante, mon frère.
Faut rigoler.
- Aye, mi hermano.
- Oui, ça court dans la famille.
- C'est ça, ça court dans la famille.
- Oui, je m'en suis toujours douté.
Bonjour, monsieur le sénateur.
Comment allez-vous ?
Ça pourrait aller mieux.
Je suis venu consulter votre père.
Personne ne connaît mieux
que lui les lois constitutionnelles.
Est-ce que je vous dérange ?
Il demande ça pour se faire complimenter,
je le connais.
Alors je te fais un compliment.
Est-ce qu'il arrive que la lumière
- vienne interrompre le jour ?
- Oui, parfois.
Nous devons faire passer
une résolution
qui nous débarrassera de Batista
à l'aide du processus constitutionnel.
Le sénateur Cossio m'a demandé
de lui rédiger un discours.
J'ai déjà terminé l'introduction.
J'ai fait référence à Sénèque.
Est-ce que vous pouvez le lire
à haute voix
pour savoir si ça sonne bien.
D'accord.
"Monsieur le président,
je tiens à exprimer mon désaccord
"comme l'a fait Sénèque
dans la Rome antique
"avec l'escalade de la violence.
"Aujourd'hui, le peuple cubain
"se retrouve persécuté par un tyran
et le règne de la terreur
"s'abat sur toute notre population
grâce au consentement de la police.
"Il s'agit notamment,
d'un certain colonel,
"dont il suffit d'évoquer le nom
"pour immédiatement sentir
l'odeur de la mort.
"Sénèque fût persécuté
par deux tyrans,
"Caligula et Néron.
"Et malgré ceci,
"Sénèque a continué à se battre
pour restaurer la république
"sans se laisser effrayer.
"Monsieur le président,
c'est Sénèque,
"et non les Néron de ce monde
"qui devrait nous servir de modèle."
Fangio ! Vous êtes un vrai champion.
Allez, montez !
Shh ! Montez ! Montez dans la voiture !
Qu'est-ce que vous voulez ?
De l'argent ?
Non, de la pub !
"Fangio libéré.
Le Grand Prix a été annulé.
"Le mouvement du 26 juillet
avait tout manigancé."
Et écoute ce que Fangio a dit:
"Tout ce qu'ils voulaient,
"c'est que je les aide à faire
avancer leur cause,
"mais je ne connais absolument rien
aux causes,
"je ne connais que les voitures."
Et quand on lui a demandé
comment il a été traité,
il a dit qu'ils ont tous été
de vrais gentlemen.
Alors, Mercedes, est-ce que je suis
un vrai gentleman ?
Qu'est-ce que t'en penses ?
Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
Qu'est-ce qui te fait tant rigoler ?
- Réponds !
- Les BD.
Y a pas de BD dans ce journal.
Et est-ce que t'as lu le truc
sur les kidnappeurs
qui essayaient de faire
un coup de pub ?
Ça, c'est très, très drôle.
Ça aussi, c'est drôle !
Laissez-le tranquille !
Ouais. Allez, viens par ici.
Non, arrêtez !
Arrêtez ! Laissez-le !
Arrêtez de le frapper !
Quoi ? Tu joues au dur ?
Tu veux te mêler de mes histoires ?
T'es qu'un minable fils de riche !
Tu ne veux surtout pas me décevoir.
Je suis sérieux.
Alors, je vais aller faire un tour.
Et quand je reviendrai,
je veux que tu me dises
qui est Peligro.
J'ai fait un tour.
Qui est Peligro ? Hein ?
Faut que t'apprennes à écouter.
Attends.
Non, c'est bon, ça va aller. Ouais.
Je crois que je vais aller
faire un tour. D'accord ?
Je te conseille de réfléchir à Peligro
parce que t'es le suivant.
On va boire un café ?
Tu es venu me parler de ton frère ?
Ton petit frère est un criminel.
Dangereux.
On a aucun doute là-dessus.
Si tu veux voir son dossier,
- je peux te le donner.
- Non, merci.
Je connais mon frère. Je me fiche
de ce qu'il y a dans ce dossier.
Fico, on se connaît
depuis quoi, le secondaire ?
- J'ai toujours été honnête avec toi.
- C'est vrai.
- Tu m'as déjà vu changer mes signaux ?
- Pas quand t'étais mon receveur.
Fico, cette fois-ci,
tu lances pour ton frère.
Mais tu fais fausse route.
Il a fait des conneries.
Et ça, c'est bien connu.
Je le sais et toi aussi, tu le sais.
Tu sais, Braulio, c'est mon frère.
Tu veux nous aider ?
D'accord.
Je crois qu'il faut sortir de La Havane.
Il faut aller à New York ou à Miami.
Je m'occupe des billets.
Fico, Fidel va s'occuper de moi.
Je pars dans la Sierra Maestra.
- Non...
- Oui.
Fico, j'ai pas le choix.
- Et ta famille dans tout ça ?
- Tout ce que je fais,
je le fais pour ma famille.
Je t'aime.
Entrez...
Qui êtes-vous ?
Je viens de la part de Al.
- Qui ça ?
- Al.
- C'est pas un de vos amis ?
- Vous venez pour une audition ?
Oui, c'est ça.
Qu'est-ce que vous faites ?
Je suis comédien.
Je suis un humoriste,
et je sais faire les deux
en même temps.
C'est tout ce que vous savez faire ?
Ouais. Je peux écrire des blagues
pour votre animateur.
Il écrit ses propres blagues.
- Elles sont nulles.
- Les vôtres aussi.
Touché. Alors un coup de main
pour vous écrire autre chose ?
Dans ma boîte, personne n'écrit
quoi que ce soit.
- Vous improvisez tout le temps ?
- Ouais, dans un sens.
- Essayez New York.
- C'est trop froid.
Et trop riche. Trop près de chez moi.
Dans ce cas, il va peut-être falloir
vous trouver une autre profession.
Impossible. Le rire, ça devient
comme un genre de drogue.
- Vous pouvez me rappeler votre nom ?
- Non,
parce que je vous l'ai jamais dit.
Je vous ai dit que je venais
de la part de Al.
Si vous connaissez Al,
alors vous me connaissez.
Oh, l'ami de Al.
Où est-ce que t'étais ?
- Je crois que j'ai été partout !
- Federico,
n'oublie pas ton rendez-vous.
Et n'oublie pas tes chaussures de danse.
Ça pourrait être utile.
Hé, Rodney !
Maestro.
Oh, peu importe.
Je crois que je t'ai trouvé un boulot.
Enfin, après toutes ces années de
sacrifices et de don de soi...
j'ai mon dû.
On déjeune quand ?
Pourquoi je peux pas savoir
avec qui on a rendez-vous ?
- C'est mieux comme ça.
- J'adore les surprises.
Ne dis surtout rien.
T'as qu'à rester assis là.
- Comme si t'étais mon garde du corps.
- Ça te va ? Ça fait joli, non ?
Faut avoir l'air
un peu plus dangereux.
- Comme ça alors ?
- Plus dangereux.
Là, je suis à mon plus méchant.
C'est excellent.
- Je peux faire un vœu ?
- Oui, bien sûr.
Je souhaite rencontrer quelqu'un
de grand, athlétique et bronzé.
D'accord.
Quand la devise est de garder
la porte ouverte,
- on sait qu'on sera bien accueilli.
- Monsieur Lansky,
- venez. Entrez.
- Est-ce que je devrais vous appeler
Federico ou monsieur Fellove,
ou Fico ?
Faut d'abord que je sache
si vous acceptez de me serrer la main.
- Appelez-moi Fico.
- Et appelez-moi Meyer.
- Comme tous mes amis.
- Asseyez-vous.
Et lui, qui c'est ?
Vous en faites pas,
c'est qu'un comédien.
- Un comédien aveugle ?
- Muet.
- Drôle.
- Je vous sers un verre ?
Un verre de tonic, à moins
que vous me fassiez...
un œuf-crème.
- J'ai des œufs et de la crème.
- Et vous avez un comédien aveugle.
Muet.
Dans un œuf-crème,
il n'y a ni œuf ni crème.
Vous voulez savoir ce que c'est ?
- J'allais vous poser cette question.
- Avant tout, je voudrais qu'on discute.
Je veux bien un tonic pour l'instant.
Ça coupe l'humidité.
- Hé, le comédien, vous entendez ?
- Quand on s'est parlé au téléphone,
vous aviez une affaire à me proposer.
Un homme direct. LeChaim.
Je vous offre la chance de vous associer
avec nous;
20 % dans vos caisses, et le reste
pour moi et pour mes associés.
Ça n'a pas besoin d'être compliqué,
c'est vrai, cette pièce
est très agréable.
On pourrait y installer
une ou deux tables de crap,
Black Jack, quelques roulettes.
Ce serait idéal.
Monsieur Lansky...
Non, lui, c'est Meyer.
Ou M. Lansky.
Il vous dérange pas ?
Meyer, j'apprécie votre offre,
mais je vais malheureusement devoir
vous dire non.
Je sais que c'est pour moi
une occasion en or,
mais le El Tropico est dédié
à la musique.
Et nous voulons
que ça reste ainsi.
J'ai peut-être pas été clair.
Nous pourrions former une équipe
extrêmement profitable pour mon camp
et pour le vôtre.
Ce serait vraiment dommage
d'y mettre fin avant même d'avoir essayé.
- Tout à fait.
- D'accord.
On m'avait pourtant dit
que vous étiez un homme raisonnable.
- J'espère que ce qu'on m'a dit est vrai.
- C'est vrai.
Je tiens par contre à vous offrir
ce que j'offre à tous mes amis.
La devise de la porte ouverte.
Vous êtes le bienvenu au bar
- quand vous le voudrez.
- Et j'aurai du tonic gratuit ?
Vous en aurez à volonté.
Vous savez que dans mon milieu,
M. Fellove,
on a des amis et des ennemis,
mais on n'a jamais de connaissances.
J'espère avoir de vos nouvelles
très bientôt.
C'était Meyer Lansky ?
- Meyer Lansky ?
- Le chef de la mafia.
Je démissionne.
Tu portes des faux cils
ou est-ce que t'es vraiment timide ?
Je ne porte jamais de faux cils.
- Tu es une bonne fille.
- Tu penses ?
Qui a eu cette idée ?
Rodney.
Tu vas venir me voir ?
Comme toujours.
Qu'est-ce qui se passe ?
Ça va pas ?
Je crois que Luis a une maîtresse.
Une autre femme ?
En tout cas,
il a disparu depuis deux jours.
Et avant ça on a...
on ne faisait...
Il pensait à autre chose.
Il t'a téléphoné ?
Oui, pour dire de ne pas s'inquiéter.
Et c'est tout ce qu'il a dit.
Fico, aide-moi.
Tu es le seul
qui puisse faire quelque chose.
Je vais m'en occuper.
Tu l'inquiètes beaucoup.
Elle est venue te voir ?
Elle a toujours dit...
que tu étais quelqu'un de très spécial.
Et je crois que c'est réciproque.
Qu'est-ce qui se passe ?
Dis-le-moi.
- Je refuse que tu sois impliqué.
- Je suis ton frère, je suis impliqué.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Est-ce que tu as une maîtresse ?
Oui.
La liberté.
- Est-ce que t'es avec Fidel ?
- Non.
T'es dans le mouvement
du 26 juillet comme Ricardo ?
Non.
Directorio Revolucionario.
On n'est plus associés à tout ça.
On veut mettre de l'avant nos idées
pour Cuba.
Le pluralisme.
On veut restaurer la constitution
de 1940. On veut une démocratie.
- Et c'est ce que veut Fidel ?
- Oui, c'est ce qu'il dit,
mais on peut pas
lui faire confiance.
Tu crois que c'est un communiste ?
Fidelista.
Je veux que tu me fasses
une promesse.
Quoi ?
Si jamais un jour je ne suis plus là,
je veux que tu prennes soin de Aurora.
Elle aura besoin de toi.
Tu... me le promets ?
Promets-le-moi, Fico.
C'est tout ce que je te demande.
Je te le promets.
Mais toi, tu dois me promettre
de ne pas nous quitter.
Pas vrai ?
Pas vrai ?
Il n'y a aucun bonheur possible
sans la révolution.
Fais pas le con.
- D'accord ?
- Oui.
Fais pas trop de conneries.
D'accord ?
Ricardo Fellove.
Mouvement du 26 juillet.
Fellove ? C'est vous le danseur ?
Mais qu'est-ce qu'on va faire
d'un danseur ?
O. K, descends du cheval, on a faim.
Ce n'est pas une autre femme.
Alors pourquoi il ne revient pas ?
Il ne veut pas qu'on soit impliqués.
Dans quoi ? La révolution ?
Il ne veut pas qu'on soit impliqués.
- C'est tout ?
- C'est tout.
Tu ne crois quand même pas que de
savoir ça, me rendra moins malheureuse ?
Je suis mariée avec lui.
J'ai donc le droit d'être impliquée.
Si mon mari se retrouve blessé,
je suis blessée, moi aussi.
On le serait tous.
Et qu'est-ce qu'on fera ?
Je crois que c'était la mafia.
Meyer Lansky,
mais je n'en suis pas sûr.
La Havane n'est plus notre capitale.
Elle est devenue la capitale du péché.
Je sais qu'elle l'a toujours un peu été,
mais même Jésus a chassé
les vendeurs du temple
à coup de fouet.
Nous avons gravement besoin
d'un Christ avec un fouet.
Je ne sais plus quoi faire.
Satyâgraha.
- Tu sais ce que ça veut dire ?
- Non.
C'est un mot hindou
qui veut dire "résistance passive".
Gandhi a résisté de façon passive
et il a gagné.
Et tu sais, mon fils,
dans l'océan, même les requins...
peuvent se noyer.
Écoutez. On sait tous
comment s'y prendre
pour entrer dans le Palais présidentiel.
Alors récapitulons une dernière fois.
Je prends le contrôle de la station
de radio de la CNQ
pour lire notre déclaration.
Carbo ?
Machado et moi attaquerons
l'entrée principale avec Peligro.
- Il y aura aussi Menoyo et son groupe.
- Ignacio,
tu t'occupes de bien placer les tireurs
et tu te charges des renforts.
Vous avec des questions ?
Qu'est-ce que t'en dis, Peligro ?
Allons-y.
Animalerie du caméléon, bonjour.
L'animal est dans sa cage.
Il est là.
Vive la libération de Cuba !
Vive la libération de Cuba !
Monsieur le président ?
Monsieur le président ?
Qu'est-ce qu'il y a, Pizzi ?
Il y a quelques détails urgents
que nous devons essayer de régler.
Ça fait une semaine que je ne fais
que signer des évaluations...
et vous savez ce que je suis
en train de me dire, Pizzi ?
Que je suis un homme comblé.
Je n'ai pas eu à signer
une seule condamnation à mort.
Monsieur le président,
si je puis me permettre,
vous êtes un homme comblé, mais aussi
un homme d'une grande noblesse.
Merci, Pizzi, vous êtes très gentil.
Non, non, non.
Ce n'est pas de la gentillesse.
Il s'agit d'un fait historique.
Vous ai-je déjà dit à quel point
j'apprécie votre travail ?
Non, monsieur.
Je sais, on est en retard.
On est restés coincés à Pinelarillo.
- Dans la circulation.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
J'ai 450 nappes
et serviettes de table.
Il me faut de l'aide
pour tout sortir de là.
Moi, j'ai aucune livraison
sur ma liste.
- C'est l'entrée principale ?
- Oui, c'est l'entrée principale.
Ils m'ont dit à 15 h
devant l'entrée principale.
Alors, contactez-les.
Est-ce que vous... ?
Ouais. Restez là.
Est-ce qu'on attend une livraison ?
Allez !
Ouvrez le portail !
Vous avez entendu ?
Dégagez !
Fico ! Le palais vient d'être attaqué !
Écoute :
Manzanita a pris le contrôle
de la station de radio.
Peuple cubain !
Le dictateur Fulgencio Batista a été
frappé par la justice révolutionnaire !
Les coups de feu qui ont mis fin
à la vie sanguinaire de ce dictateur
retentissent encore
autour du palais présidentiel.
Ce sont nous,
les Directorio Revolucionario,
la faction armée de la révolution
cubaine qui avons ***éné
le coup fatal à ce régime honteux
qui est enfin arrivé à l'agonie.
Peuple cubain, m'entendez-vous ?
Il vient d'être éliminé !
Vive la libération de Cuba !
Viva Cuba libre !
Carbo ! Carbo !
Luis ! Luis !
- Luis, viens avec moi !
- Allez, Luis ! Dépêche-toi !
Luis !
Pizzi, laissez-nous.
Avec amis ou sans amis ?
À vous de choisir.
Pizzi !
Oui, monsieur.
Mes chers Cubains !
Aujourd'hui, j'ai été la victime
d'un grave attentat.
Comme vous pouvez le constater,
la nouvelle de mon trépas...
a été exagérée à outrance.
Le président déclare
que la vie à La Havane
doit suivre son cours normal,
et donc je tendrai toujours la main
à tous ceux qui respectent les lois
de cette nation
ainsi qu'à notre loyale opposition.
Nous n'avons rien à craindre
pour l'avenir de Cuba.
Abuelo !
Vous n'avez rien à craindre
pour l'avenir de vos enfants.
C'est terminé.
Salud !
La vie devient une séance
d'essayage pour un spectacle
que personne ne verra.
- Et Luis dans tout ça ?
- Personne ne sait où il est.
Vous êtes sûr qu'il est vivant ?
J'en suis sûr.
Il a peut-être quitté le pays.
Il aurait pu quitter le pays.
Je m'en vais.
Je m'en vais.
Au revoir.
Je suis désolé.
On n'a aucune nouvelle.
- Faisait-il partie de l'attaque ?
- Oui.
Pourquoi tu ne veux pas me dire
où il est ?
Parce que je ne sais pas où il est.
Fico, s'il lui arrive quelque chose,
- je veux être à ses côtés, pour l'aider.
- Moi aussi.
Je peux te dire un truc sérieux
même si j'ai pas trop tendance
à être sérieux ?
Non.
Ça y est, c'est dit.
Oui, ça va.
Voilà un homme déterminé.
Et voilà un homme
un peu moins déterminé.
Fellove !
Venez vous asseoir à ma table.
Lors de notre dîner dominical,
la règle d'or
est de toujours arriver à l'heure.
C'est à 18 h.
Et ça, tu le sais.
Désolé.
Tous mes fils sont les bienvenus,
mais pas s'ils arrivent après 18 h.
Il faut toujours mastiquer.
C'est bon pour la santé.
On mastique encore et encore.
Et ensuite faut encore mastiquer.
Vous savez...
j'ai une bonne digestion.
À vrai dire,
si je n'étais pas quelqu'un
de si modeste,
je dirais même que j'ai
une excellente digestion.
C'est pour ça
que je suis encore vivant.
Alors vous vouliez me parler.
- Oui, on peut dire ça.
- Vous voulez parler affaires ?
- Ça n'a rien à voir avec le El Tropico.
- Et d'ailleurs j'adorerais...
continuer à fréquenter
le El Tropico.
Alors est-ce que cette arme à feu
vous sert d'accessoire
dans un de vos... nouveaux sketchs ?
Non, non, mais c'est vrai
je me demande ce qu'un, euh...
Ce qu'un chanteur-danseur comme vous
parce que c'est ce que vous faites,
vous faites des petits spectacles
où vous dansez et chantez -
fait avec un Smith & Wesson
de calibre 32 ?
Hein ? Pourquoi ?
Quoi ? Est-ce que vous
avez l'intention de tirer
sur votre pianiste ? Ou alors, euh...
vous faites un nouveau numéro
de cow-boy au El Tropico
et il vous fallait un flingue ?
A-t-on des nouvelles de Ricardo ?
Non.
Pourquoi es-tu arrivé en retard
au dîner ?
Parce que j'ai des ennemis.
Coño.
Et je crois que j'ai intérêt
à me protéger.
Coño.
Fellove, vous me prenez
pour votre ennemi ?
Vous n'étiez pas mon ennemi
avant d'avoir tué mon frère.
Luis Fellove, alias Peligro.
Loin d'être un ange.
Et c'était pas la Vierge Marie
non plus, Peligro !
Je vous jure que je n'ai pas tué
votre frère.
Votre frère a attaqué
le palais présidentiel
avec l'intention de tuer mon président.
J'appelle ça, un suicide.
Et je vous conseille de ne pas venir
me casser les pieds avec ça.
C'est pas une bonne idée.
Je vois que tu es assoiffé
de vengeance.
Alors, voyons voir.
Est-ce que tu sais
ce qu'est le zugzwang ?
C'est une tactique d'échecs.
C'est effectivement une tactique
où on ne doit pas bouger.
En fait, c'est une position.
Une position dans laquelle
un des joueurs
obtiendrait de pires résultats
en bougeant
lorsque arrive son tour de jouer
qu'en ne faisant rien du tout.
Tu comprends ?
La double impasse.
Une situation réciproque.
Tout ce que tu dois faire,
c'est agir en conséquence
ce qui veut dire...
...de ne rien faire du tout.
Bravissimo, Fellove, bravissimo !
Quel beau numéro !
Et une dernière audition.
Alors vous devez facilement entrer
dans tous les vêtements ?
Elle ne sort plus du tout
depuis qu'elle est venue vivre ici.
Elle n'a plus de vie sociale.
Ton frère lui manque beaucoup.
Et c'est d'autant plus difficile
parce qu'ils n'ont pas été capables
d'avoir des enfants.
C'est dur de la voir si triste.
Ça me fend le cœur.
Tu devrais l'amener faire un tour ?
Je suis sûre qu'elle serait contente.
Ça lui changerait les idées.
Elle a besoin de toi.
Et toi, tu as besoin d'elle.
Fico, parle-moi. S'il te plaît.
Tu sais ce que Luis m'a dit
la dernière fois que je l'ai vu ?
- Quoi ?
- Il m'a fait promettre...
...que si un jour il disparaissait,
il voulait que je prenne soin de toi.
Tu as toujours vécu à La Havane
et je parie qu'il y a des coins de cette
ville que tu n'as jamais vus.
Et je suppose que tu les connais tous.
La Havane, c'est un peu comme une rose,
elle a des épines
mais aussi des pétales.
Alors il faut faire attention
quand on la touche,
mais de toute façon, c'est elle
qui finit par nous toucher.
Est-ce que tu veux sortir avec moi,
demain soir ?
Faut que tu prennes l'air.
Est-ce que t'as déjà vu
Benny More sur scène ?
T'es déjà allée au "beer gardens"
du Tropical ?
Ça fait plaisir de te voir sourire.
- Merci.
- Les mouchoirs servent à quoi ?
Oui, les mouchoirs.
C'est pour éviter de laisser des traces.
De quoi ?
De l'intimité qu'il y a entre eux.
Où est-il ?
Il est toujours en retard.
Je crois qu'il aime se faire désirer.
Le voilà.
Il en reste combien dans la caserne ?
Allez, parle.
Il reste combien d'hommes
dans la caserne ?
"Recoje eso", Fellove !
Dégage !
T'es en train de perdre ton temps.
Allez, grouillez-vous !
Fellove, y a quelque chose
qui va pas ?
C'est parce qu'on a tué ce capitaine ?
Écoute bien ce que j'ai à te dire.
Dans une insurrection,
la fin justifie les moyens.
Qu'est-ce qu'une insurrection ?
Hein ?
Une lutte armée.
Qu'est-ce que la fin ?
La révolution.
Ce qui donne lieu à des transformations
économiques, sociales et politiques.
Je te le redis,
la fin justifie les moyens.
Ça, c'est La Havane.
Qui a dit que les femmes
sont aussi des fleurs ?
Un poète doté d'un excellent flair.
Je peux me joindre à vous ?
Oui.
Alors rappelez-moi votre nom ?
Pour ce qui est de mon nom,
je n'en ai aucun.
Que voulez-vous dire ?
Je veux pas dire grand-chose.
Les noms n'ont aucune importance
mais par contre moi, j'en ai.
Alors vous êtes quelqu'un d'important ?
Oui. Vous ne trouvez pas
que ça saute aux yeux ?
Alors vous vous appelez comment ?
Je n'ai aucun nom.
Je croyais vous l'avoir déjà dit.
Tout le monde a un nom, mon cher.
Tout le monde sauf moi.
Pour quelle raison ?
J'en sais rien.
Toi, tu le sais ?
Laisse tomber les jeux de mots.
J'ai jamais rencontré quelqu'un
d'aussi bizarre que vous.
Merci.
C'est très gentil.
O.K., Emilio.
Ça va, je vous l'offre.
Merci, Emilio.
Viens nous rendre visite.
Quand je serai grand, je veux être
exactement comme lui.
Pourquoi ?
Parce qu'il ne paye jamais rien.
Nous interrompons cette émission
avec un bulletin spécial.
Le gouvernement vient de fermer
l'université de La Havane
à cause des émeutes en cours.
Le président Fulgencio Batista,
dont certaines instances exigent
la démission,
a aujourd'hui déclaré que
le gouvernement n'aura aucune tolérance
envers les responsables
de la dégradation de la Plaza Cadenas
près de l'université.
D'après le président,
il s'agirait d'agitateurs
professionnels ayant comme but
de créer une situation d'anarchie.
Elle a quelque chose à te dire.
Ça va aller.
El tempo no esta con ustedes.
- Qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Qu'on n'a plus beaucoup de temps.
- Fico ! Fico !
- Braulio !
- Salut !
- Hé, bonne année !
- Bonne année.
- Ça va ?
- Ça va très bien, merci.
- Elle, c'est Aurora.
Et voilà le capitaine Castel avec
sa charmante épouse, Maria Christina.
Tout le plaisir est pour moi.
Tu sais, l'année s'annonce très bien.
Je viens d'avoir une promotion.
- Félicitations. Et merci pour tout.
- Oh, tu sais,
c'était pas parce que c'est ton frère,
c'est parce que t'es toujours
mon lanceur préféré.
- Tu le regretteras pas.
- Ouais, j'espère. Car si t'as tort,
ton meilleur lancer
ne me sauverait pas la peau.
- On va danser ? On y va ?
- D'accord. Bye-bye et bonne année.
- Ouais, bonne année.
- Bonne année.
De pelicula !
Señoras y señores,
le temps est enfin arrivé:
La nouvelle année va bientôt commencer
ici, au El Tropico,
et partout sur la planète.
J'entends le démarrage,
le moteur tourne.
Vous êtes prêts à compter ? !
Cinq, quatre,
trois, deux...
On est en 1959 !
Et bonne année à tous !
Bonne année !
Une nouvelle année, une nouvelle vie,
enfin c'est ce qu'on dit.
C'est ce qu'il faut espérer.
Mesdames et messieurs,
voici le président de Cuba.
Je souhaite à mes camarades de combat,
et à mes amis,
une bonne et heureuse année.
Salud !
Pourquoi es-tu si malheureuse ?
Je suis pas malheureuse,
je suis un peu triste, c'est tout.
Faut pas.
C'est dans ma nature.
Tu sais...
la beauté est dans ta nature.
Etre triste, ça peut avoir son charme.
Etre triste, oui,
mais pas la tristesse.
Non, attendez !
Votre attention s'il vous plaît.
Nous avons une nouvelle
importante à vous annoncer.
Batista, le président Batista
vient de quitter le pays.
Il ne reviendra jamais.
Alors célébrons un nouveau Cuba !
Maestro, musique.
Attendez !
Qu'est-ce que vous faites ?
Allez ! Dale ! Dale !
Allez, s'il vous plaît,
restez avec nous ! Il faut fêter ça !
Viva Fidel Castro !
Vive ! Vive !
Nous devons remercier Dieu
pour tout ce qu'il nous a donné,
pour l'amour qu'il y a entre nous,
qu'on ne devrait jamais prendre
pour acquis.
Que cet amour grandisse
et que l'on en soit comblé,
car c'est la plus belle chose
qu'il nous a offert. Amen.
Amen.
T'as l'air très heureuse.
Je le suis.
Et toi ?
Moi ?
Ça dépend, tu m'aimes ?
Oui et tu le sais.
- J'ai fait un rêve.
- T'as rêvé à quoi ?
À nous. Luis était là.
Qu'est-ce qu'il disait ?
Il disait qu'il était d'accord.
Et toi, t'en dis quoi ?
Que tu es amoureux de moi.
Ça, c'est sûr.
Alors dis-le. Dis-le encore.
Encore une fois ?
Je t'aime.
9 Janvier, 1959
Fidel Castro entre dans La Havane
C'est notre avenir qui défile
devant nous.
Je vais sûrement être la seule
personne de La Havane
à oser tourner le dos à ces gars-là.
Pourquoi tu dis ça ?
Ça s'appelle du voyeurisme inversé.
Même si tout le monde a les yeux rivés
sur cette diva barbue,
je refuse de me rincer l'œil.
C'est incroyable, tout le monde
est content.
Lorsque le peuple est en liesse,
tout le monde se ressemble.
C'est dans la souffrance que les gens
deviennent différents.
C'est là-bas,
au fond de la pièce.
Je voudrais voir vos cellules.
Nos cellules ? Quelles cellules ?
Les cellules.
J'ai un ami qui est enfermé ici.
Attention !
Lorsqu'un officier supérieur
se dirige vers vous,
vous devez être attentif.
- Est-ce que c'est compris ?
- Oui, camarade.
Rasseyez-vous.
Il faut qu'on discute.
Non mais ça va pas ? Tu passes
ton temps ici et tu m'appelles pas.
- Tu ne viens même pas voir ta famille.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Ce que je veux ?
Quoi ? Je ne peux plus te toucher ?
Castel est ici, dans une cellule.
Et je voudrais le voir.
Non, Fico, on ne se sert pas
de cellules. On se sert de la cage.
Laisse-moi le voir.
Laisse-moi le voir !
Arrête de faire le con !
Je veux que tu m'emmènes le voir
tout de suite !
Alors suis-moi.
Braulio !
Braulio !
Braulio !
Viens ici. Viens ici !
Fico...
Dire que t'as déjà eu l'air menaçant.
Ça va aller.
Ça va aller.
T'inquiète pas, je vais t'aider.
- Aide-moi à sortir d'ici.
- Je vais te sortir de là.
Je ne suis pas...
je ne suis pas un animal.
Je devrais avoir droit...
à une vraie prison.
Vous l'avez construite,
pas nous.
Écoute-moi. Je ne suis pas...
je ne suis pas innocent,
ça, c'est vrai.
Mais je te jure
que je n'ai jamais tué personne.
Tu faisais juste arracher
les yeux des gens,
leurs dents et leurs ongles
sans compter que tu leur pissais dessus.
- Il t'a sauvé la vie !
- C'était pour te vendre ses services.
C'est pas vrai ! Et tu le sais !
- Il ment. Je te le jure.
- Oui, oui, ça va.
Je vais m'en occuper.
Regarde-moi !
Regarde-moi.
Je suis là. Je vais m'en occuper.
Ouais. Je te fais confiance.
Tu m'as pas laissé tomber.
Allez, viens.
Il est prêt à te rencontrer !
Alors c'est vous le danseur !
Che, je suis venu vous demander si...
Appelez-moi commandant Guevara.
Y a que mes camarades
qui m'appellent Che.
- Que puis-je faire pour vous ?
- Mon frère a déjà dû vous parler
- de mon ami, le capitaine Castel.
- Un ancien capitaine.
- Et quel est le problème ?
- C'est un de vos détenus.
Plus maintenant.
Il a été libéré ?
Dans un sens.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Vous savez ce que La Rochefoucauld
disait au sujet de la vie ?
Dans la vie, il y a deux choses
qu'on ne regarde pas fixement:
Le soleil et la mort.
Ici, on donne la chance aux gens
de regarder en plein dedans.
Votre ami a été exécuté tôt ce matin.
Pourquoi vous vous mê***
à ce genre de racaille ?
Pourquoi ?
Écoutez, retournez dans votre boîte
de nuit
et allez distraire les riches.
Allez, tu peux y aller.
Adios.
Arrêtez !
Ça suffit !
C'est trop militaire.
O.K. Les filles, oubliez les fusils.
Et maintenant, soyons anti-militaires !
Musica !
Un, deux, trois !
Arrêtez la musique !
J'ai dit: Arrêtez la musique !
Qui êtes-vous ?
Je m'appelle Zoraida Muñoz,
je travaille pour les musiciens syndiqués.
Qu'est-ce qui vous donne le droit
de venir interrompre mes répétitions ?
C'est le gouvernement
qui me donne ce droit-là.
C'est vrai que vous avez
un magnifique cabaret,
- mais l'orchestre nous appartient.
- Ah ouais ?
Si je donne l'ordre
à l'orchestre de ne pas jouer,
- ils ne joueront pas.
- C'est vrai ça ?
Fico, on est syndiqués.
Et ils contrôlent le syndicat.
Je vois.
Et quelles sont vos raisons pour
empêcher notre spectacle d'avoir lieu ?
Dorénavant, il est interdit de jouer
du saxophone dans un orchestre.
C'est quoi ce bordel ?
Le saxophone est l'instrument
des impérialistes.
Le saxophone...
a été inventé par un dénommé Sax
en Belgique !
Savez-vous
ce que les impérialistes belges
sont en train de faire au Congo ?
C'est une bande de meurtriers.
- Vous êtes sérieuse ?
- Je suis très sérieuse.
Et non seulement ça, si voulez avoir
un orchestre dans ce cabaret,
ça va devoir se faire
sans un seul saxophone,
sinon nous mettrons fin au spectacle.
Il y a beaucoup de soldats
de la rébellion ici, n'est-ce pas ?
Il y a beaucoup de soldats
de l'armée ici, n'est-ce pas ?
Alors vous devez vous discipliner
et vous taire.
Et vous devez m'écouter !
- Quel cirque.
- Qu'est-ce qui te dérange ?
Qu'est-ce qui me dérange ?
Tu veux dire à part le fait
qu'ils aient exécuté
un de mes amis en deux jours
de manière complètement injuste ? Et que
maintenant ils veulent fermer mon bar
parce qu'ils refusent qu'on joue
du saxophone dans l'orchestre.
Du saxophone !
Ça te suffit pas ?
Et y a aussi les pigeons.
Les pigeons. Faut jamais travailler
avec des pigeons.
Le guano.
Au moins, on n'a plus à rendre
des comptes à des gens
- comme Meyer Lansky.
- C'est peut-être pire.
Je lève mon verre de Cuba libre.
Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?
Allons chez Hernando.
Allons nous réfugier chez Hernando.
Je dois dire
que c'est une très bonne idée.
J'y vais. J'y vais,
ce qui veut aussi dire
que j'y vais pas avec vous.
Viens danser avec moi.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Qu'est-ce qui se passe ?
Fidel, on est avec vous !
Attention. Poussez-vous.
On va s'installer ici.
Y a assez de chaises ?
Allez en chercher.
C'est Fidel.
Celui qui utilise des pigeons
pour faire son numéro.
- Je veux rencontrer cet homme.
- J'ai les nerfs trop fragiles.
J'ai envie de lui dire certaines choses.
J'aimerais beaucoup lui parler.
- S'il te plaît, accompagne-moi ?
- Quoi ?
J'aimerais lui dire certaines choses.
S'il te plaît, viens avec moi.
Non.
Alors j'y vais toute seule.
Fidel nous invite à venir manger
à sa table.
- C'est toi qu'il invite, pas moi.
- Je ne crois pas
que ce serait bien vu
de refuser ce genre d'invitation.
Et je crois pas que ce soit bien vu
que je reste planté là à t'attendre.
Tu es jaloux ?
Etre jaloux d'un animateur de cirque ?
Tu me connais mal.
Je croyais que tu ne payais jamais.
Faut bien payer un jour ou l'autre.
- Cecilia ?
- Oui, chéri ?
- C'était Ricardo à la porte ?
- Non, non.
C'est des gens qui se sont trompés
d'adresse.
Aurora, ou devrais-je dire compañera ?
Fidel te fait dire bonjour
et salue ton courage.
Il regrette de ne pas pouvoir
t'accueillir en personne.
Il m'a demandé de venir à sa place
pour t'offrir quelque chose
de très important.
De bonnes
et de mauvaises nouvelles.
- C'est quelqu'un que je connais ?
- Non, quelqu'un que tu ne connais pas.
"Aurora Bernal de Fellove,
"la veuve de Luis Fellove,
un martyr de la révolution,
"qui a été tué lors du massacre
"de la rue Humbolt
après avoir mené un combat héroïque
"lors de l'assaut sur le palais
présidentiel.
"Camarade Aurora vient d'être nommée
"la veuve de l'année de la révolution."
En tout cas,
c'est très bien écrit, non ?
"Une veuve de la révolution",
est-ce que c'est censé vouloir dire
qu'elle a déjà été mariée
à la Révolution,
mais que la révolution susmentionnée
est décédée
et que tout ça serait arrivé
cette année ?
Et cette copie...
je dois dire que j'écris mieux que ça.
Mais... tu sais ce que ça évoque ?
Je tiens à être franc.
La veuve joyeuse de la révolution.
Des petites chansons,
avec un peu de business.
Une excellente comédie musicale
qui pourrait faire sensation
dans ton cabaret.
Je crois que je viens d'avoir
une idée de génie.
Faut vite que j'aille me dégoter
les droits d'exploitation.
- Allô ?
- Bonjour, Fico.
Tu ne m'appelles plus.
J'ai beaucoup de travail.
C'est comme si tu avais disparu.
Je m'ennuie de toi.
Faut que je travaille.
T'as vu le titre qu'ils m'ont donné ?
C'est pas merveilleux ?
Je suis content d'entendre ça.
Je crois que Luis aurait été très fier.
Ouais.
En fait, si je t'appelle,
c'est parce que je voulais t'inviter
à une petite célébration donnée
en mon honneur.
Et je voudrais que tu viennes avec moi.
Peut-être une autre fois.
Il faut que je te laisse.
D'accord.
Mais j'attends ton appel.
Je t'aime.
Nous revoilà dans la mélasse.
- Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ?
- Nous devons fermer votre cabaret
- à cause des paris.
- Des paris ?
- Des paris sur des jeux interdits.
- Quels jeux interdits par la loi ?
Nous avons vu deux éclairagistes
qui jouaient aux cartes.
Et c'est illégal ?
C'est pire que ça.
C'est une dangereuse distraction
pour les masses.
C'est l'*** du peuple,
Marx l'a dit.
Je croyais que Marx avait dit que
la religion était l'*** du peuple.
- Marx a aussi dit ça.
- Karl ou Groucho ?
- Arrêtez votre petit jeu.
- Mais il est interdit de jouer
dans ce cabaret.
Le gouvernement révolutionnaire
décidera quand, comment
et si vous pourrez un jour rouvrir
les portes de cet endroit.
Vous êtes des salauds !
Comment osez-vous ? !
Je suis un artiste !
Puta, coño !
Ouais, comme vous.
- Bonjour, mon cher neveu, le héros !
- Ça va ?
Je suis content de te voir.
Tu es grand et fort !
Y a rien d'aussi extraordinaire
qu'un vieux Victrola.
J'allais justement faire ma tournée
dans les champs.
Mais avant ça, prenons un verre,
D'accord ?
Et ensuite, on ira se balader,
on discutera, on fumera...
Et après tout ça,
on cassera la croûte, d'accord ?
Ricardito.
N'est-ce pas magnifique ?
Les plants sont encore un peu jeunes.
Mais ils sont très prometteurs.
Et quand je mourrai...
tout ceci t'appartiendra.
Non, je crois pas.
Oui, ce sera à toi.
Mais seulement après ma mort.
Tu comprends pas.
Ça appartient à la révolution.
La révolution ne va pas durer,
ça, tu peux en être sûr.
Tu sais, j'en ai vu d'autres.
Menocal, Machado, Batista.
Tu sais où ils sont ?
Partis.
Fidel Castro finira par s'en aller
lui aussi.
Mais la terre...
La terre sera toujours là.
Fidel Castro a voulu que je vienne ici
afin de prendre possession
de cette terre.
- Qu'est-ce que tu me racontes là ?
- Je suis venu t'expulser.
Ai-je bien entendu ? !
Répète ce que tu viens de dire !
Cette ferme appartient maintenant
à l'État. Je suis venu te dire
que le gouvernement te demande
officiellement de quitter la plantation.
Comment oses-tu dire ce genre
de chose, mon cher neveu ! ?
Et filleul !
Ma famille !
Comment oses-tu venir chez moi
et me donner l'ordre d'évacuer ! ?
Tu devrais avoir honte !
Est-ce que tu crois vraiment
que je vais quitter ma résidence ?
Mes terres ?
J'ai travaillé et enrichi
cette terre à l'aide de mes deux mains
et je refuse que les Fidelistas
viennent me la prendre !
Mais ce qu'il faut que tu te dises,
c'est que ceci servira à notre avenir.
- Notre avenir ? !
- Oui, notre avenir.
Je pisse sur ton avenir !
Et j'y crache dessus !
Qu'ils viennent saisir les terres !
Et ils verront ce qu'ils verront !
- Détends-toi.
- Qu'est-ce que tu fais de...
Qu'est-ce que tu fais de...
Est-ce que ça va ?
...de ta famille ?
À l'aide !
Lève la tête. Allez, lève la tête.
Aidez-moi ! À l'aide !
À l'aide ! À l'aide !
Bonjour, papa.
Salut, fiston.
Ça fait plaisir à entendre.
Les gens ne me disent pas souvent
bonjour, ces temps-ci.
Ils me disent au revoir.
Je partage ta tristesse.
Oui, mais...
mon frère repose en paix
et... et malheureusement pour Ricardo,
il devra vivre avec les conséquences
de ses actes.
Et ce sera très dur.
Mais...
je voudrais qu'on parle de toi.
Tu te rappelles de ce que tu as dit
au sujet
- des vendeurs du temple ?
- Oui.
Le Christ auto-proclamé
est enfin arrivé
- et il fouette violemment.
- Je sais.
Federico...
Ta mère et moi, on est...
...un peu inquiets à ton sujet.
Et on trouve que tu devrais quitter
le pays.
- Non. Ma vie est ici avec vous deux.
- Non, écoute-moi.
Non. Soit je reste ici
ou alors vous venez avec moi.
Non. Arrête. Écoute-moi.
Écoute-moi.
Dans la vie,
il faut savoir quand arriver
mais il faut aussi savoir
quand quitter.
Et tu devrais aller dans un pays
où tu auras le droit d'exprimer
tes idées sans danger.
Ici, c'est loin d'être le cas.
Et de cette façon,
nos cœurs se rempliront d'espoir.
Ne t'inquiète pas pour nous, Fico.
On se débrouillera.
Je t'ai laissé très peu de choses,
mon fils.
Comment peux-tu dire ça ?
J'ai eu la chance de pouvoir suivre
ton exemple.
C'est tout ce qui compte.
Et souviens-toi que l'avenir de...
de notre famille est dans tes mains.
Tu sais, à Cuba,
nous avons toujours
eu beaucoup de soleil.
Nous n'avons jamais vu
la noirceur s'installer en plein jour.
Tu fais ma fierté
et mon bonheur.
Je vais te faire quelque chose
que je te faisais
quand t'étais un petit garçon.
Et voilà.
- Oui, je sais.
- Fallait que tu le fasses.
Il le fallait.
Je suis désolé.
Qu'est-ce qui t'a pris ?
Regarde-moi !
Je ne te reconnais plus, Ricardo.
Tu trahis ton pays.
Tu déshonores ta famille.
Je crois que tu es perdu.
En fait, j'en suis sûr.
J'aimerais tout
recommencer au début.
J'adore les débuts.
Pourquoi ?
Parce que rien n'est encore arrivé.
Il y a de l'anticipation dans l'air.
De l'optimisme.
Que penses-tu de la fin ?
La fin n'évoque jamais rien
de très positif.
Je dé*** les fins.
À moins bien sûr
que la fin soit le début,
ce qui ferait
que le début serait la fin.
Dans ce cas-là, j'adorerais la fin.
Et on en est où ?
Si tu sais pas où tu en es,
ça veut dire que tu es au milieu.
Oui, c'est clair.
Un pas en arrière ? Non !
Même pas pour prendre son élan !
"Des élections ? Pourquoi ?
Le peuple a déjà choisi !"
Je suis content
de ne plus être un indécis.
Les gars, j'ai une importante
déclaration à vous faire.
On n'a pas de dessert.
C'est le rationnement.
- Ouais.
- Alors je me sers ?
- Vas-y.
- Merci.
Donnons brièvement la parole
à l'homme qui tient à garder l'anonymat.
Je serai bref.
À tous les gens de ce grand pays...
Notre Federico Fellove va s'en aller
pour de bon.
Et puisque je suis un écrivain,
je tiens à souligner le mot "bon"
parce que je crois que ça
sera bon pour lui.
Et pour nous aussi.
- Fico part à la découverte de New York.
- Oh non !
Le nec plus ultra du show business
et d'ailleurs j'irai peut-être
le rejoindre un de ces quatre.
Fic, je suis sûr que tu seras...
toujours là pour nous recevoir
à bras ouverts,
comme tu l'as déjà fait si souvent
dans le passé.
Mesdames et messieurs,
l'écrivain, qui pour la première fois,
ne sait plus quoi dire.
Je vais t'aider.
J'ai quelque chose à vous dire.
Vas-y.
Je tiens à vous dire que...
qu'on est en train de vivre
quelque chose de très important.
Et je vais toujours me rappeler
de cette journée.
Salud !
Fico, quand on dit toujours,
ça veut dire très, très longtemps.
Laissez-le. Il est avec moi !
Tu veux boire quelque chose ?
Non, je suis en voiture.
Je croyais que t'étais venu en taxi ?
Je conduis un taxi.
- Très drôle.
- Tout est drôle ces temps-ci.
- Je voudrais te parler seul à seule.
- D'accord.
J'ai un visa de sortie.
Je pars.
- Qu'est-ce que tu dis ?
- Tu sais très bien ce que je dis.
Je pars vivre ailleurs.
- Je veux que tu viennes avec moi.
- Pour aller où ?
N'importe où sauf ici.
Peu importe. On recommence à zéro.
Fico, je dois continuer à servir
mon pays.
- Luis a donné sa vie pour cette cause.
- Luis...
Luis a donné sa vie à Cuba.
Il ne l'a pas donnée à Fidel.
C'est la première fois de ma vie
que j'ai l'impression
d'avoir une certaine importance.
J'ai l'impression
de pouvoir changer les choses.
Nous défendons une juste cause.
Et vous le faites de façon violente
et antidémocratique.
Il faut faire passer les réformes
avant tout.
- La démocratie viendra plus ***.
- Pourquoi ça serait pas le contraire ?
Je ne veux pas me disputer avec toi.
C'est trop dur.
Pourquoi tu nous laisses pas
une chance ?
Nous ?
Nous, dans le sens de nous deux,
ou nous dans le sens
de tes grandes causes ?
Ne te fâche pas contre moi.
Non, être fâché serait trop simple.
Tu sais que je t'aime.
Et c'est justement
ce qui complique tout.
Pardon, señora Fellove,
mais le comandante Guevara
et l'ambassadeur soviétique
voudraient vous voir.
Ça semble être urgent.
- Je veux que tu restes.
- Pourquoi est-ce que tu t'en vas ?
Je t'en prie.
Mme Fellove, je vous présente
l'ambassadeur soviétique.
C'est tout ce qu'elle acceptera
de vous donner.
Quoi ? Elle ne fait pas partie
de notre entente ?
- Niet.
- Allez, viens.
- Fico.
- Viens.
- Mais qu'est-ce que tu fais ?
- Allez.
Tu commences à me faire honte.
Tu devrais plutôt avoir honte
d'être ici !
- Non, ne me touchez pas !
- O.K. Ça va !
- Je m'en occupe.
- J'ai dit, ne me touchez pas !
Vous avez quelque chose à dire ?
Camarade, allez-y,
qu'on vous regarde danser.
À Luis Fellove !
Qui est mort pour son rêve.
Le rêve d'avoir un pays
qui soit démocratique et pluraliste !
Vive la libération de Cuba !
On y va.
Vive la libération de Cuba !
Vive la libération de Cuba !
Fico, attends !
Je peux pas partir.
Il faut s'en aller avant
qu'on n'aie plus le droit de sortir.
- Tu sais que je trouve ça dur.
- Oui, oui, je sais !
Et je sais aussi
que sans toi, je suis perdu.
- C'est plus important que nous.
- Y a rien de plus important que nous.
Écoute-moi bien.
Tu vois pas ce qui se passe ?
Ils se servent tous de toi.
C'est ce que tu veux ?
Tu veux qu'on te dise quoi penser
et quoi dire pour le reste de ta vie ?
Parce que ça risque d'être long.
C'est de la pure folie.
Tu mérites mieux que ça.
On mérite mieux que ça.
Si tu restes ici, tu seras toujours
en liberté surveillée.
S'il te plaît.
Viens avec moi.
Je t'en supplie.
Il ne reste que nous dans la famille.
Tu comprendras avec le temps.
On n'a plus le temps.
C'est ton visa de sortie.
Je pars demain à 17 h 00.
Camarade, companero. Dobrivetchera.
Je vous salue.
Au nom de notre commandant en chef
et de tous les communistes de Cuba.
Bienvenue. Bienvenido.
Tu es mon fils aîné,
alors je tiens à te donner ceci.
Tu en auras besoin
quand viendra le jour
où ce qui restera de notre famille...
sera réuni.
Pour ce qui est de ta mère et moi,
y a aucune crainte à avoir
parce qu'on n'a pas l'intention de
s'en aller. On est des gens très forts.
On va rester ici
et on va attendre le jour
où tu reviendras dîner.
Mais ce qui est très important...
c'est que tu sois là à 18 h 00.
D'accord ?
- Sans faute.
- Sans une minute de retard.
T'es un bon garçon.
Allez. Oui, très bien. Fais voir.
Voilà. Il te va aussi bien
qu'à ton père.
Tu veux rire ?
C'est du délire ? C'est bien mieux.
Regarde-le.
Tu pourras venir me rejoindre
quand je serai installé.
Ouais.
Allez. Tout ira très bien.
Que Dieu te bénisse.
- Faut que j'y aille.
- Ouais.
- On sera ici.
- On a tout ce qu'y faut.
Allez. Plus vite que ça.
Suivant !
Vous emmenez quoi ?
- Le strict nécessaire.
- Ouvrez-la.
Vous avez du goût.
Qu'est-ce que c'est ?
Des films personnels.
Et ma caméra.
Ouvrez ça.
Je veux photographier la vie
américaine dans toute son injustice.
Ouvrez les bras.
Videz vos poches.
La bague et la montre.
Enlevez-les.
Mettez-les là-dedans.
Monsieur !
Ça aussi.
Enlevez ça.
Cette montre appartenait à mon père.
Plus maintenant. Posez ça ici.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un petit souvenir.
Je ne comprends pas.
Vous avez pas encore déserté
et vous récoltez déjà toutes sortes
de petits souvenirs.
Vous savez, vous pouvez pas apporter
Cuba avec vous. O.K.
Allez-y.
Suivant !
Vous êtes en compagnie
de Willis Conover
de l'émission Voice of America
avec qui vous écoutez
la musique de la liberté.
Pour tous nos auditeurs
qui flottent dans les limbes,
voici le Duke
et le saxophoniste Coleman Hawkins
qui vous jouent "Limbo Jazz."
Qui est là ?
Room service.
T'es parti quand ?
Demande plutôt
quand je me suis échappé.
La sémantique peut souvent avoir
tendance à être sarcastique.
Je suis content de te revoir.
Ça veut donc dire
que tu dois te sentir seul.
Je ne me suis jamais senti aussi seul.
Lorsqu'un homme
se retrouve seul et isolé,
même une ampoule électrique
pourrait le stimuler.
En fait, je fais semblant
d'être un exilé.
- Eh bien, tu joues très bien ton rôle.
- Je suis encore à Cuba.
Et moi, tu crois que je suis où ?
À Jersey City ?
- À Joe DiMaggio.
- À Minnie Minoso.
Il lance un coup d'œil.
S'élance.
Avec un peu d'effet...
- Où est-ce qu'on va ?
- El Dragon Rojo.
Un restaurant cubain et chinois
qui n'est ni l'un ni l'autre.
Mais je crois qu'ils me prennent
pour un écrivain.
Madame !
Oh, madame !
- Qu'est-ce qu'on vous sert aujourd'hui ?
- La même chose que d'habitude.
Je voudrais commencer
avec votre caviar.
Et comme entrée, des langues de faisan
marinées dans le Sauternes.
Comme dessert,
quelques figues de Barbarie
et une bouteille de Veuve Clicquot.
Fraîche, à peine froide
s'il vous plaît.
- Du riz frit et des bananes pour deux.
- Oui.
Servez-nous donc le spécial,
mais faites vite.
On n'a rien mangé depuis la révolution.
Saviez-vous
que le peuple cubain est à moitié blanc
et à moitié noir et à moitié chinois ?
- Ça fait trois moitiés.
- Nous vivons à une époque
où tout vient en trois, même
les moitiés. Avez-vous une moitié ?
Oui, de ce resto.
- T'aurais dû devenir un humoriste.
- Je pourrais te prendre au sérieux.
Qu'est-ce tu veux ? Je ne suis
qu'un ex-proprio de boîte de nuit.
Proprio de bar un jour,
proprio de bar toujours.
Ou devrais-je dire ex-proprio de bar
un jour, ex-proprio de bar toujours ?
Fico !
Tu viens boire un coup ?
Faut prendre ça au sérieux.
Ouais. O.K.
Merci.
Merci.
Écoute, Fico, j'ai bien...
j'ai bien réfléchi.
Tu sais,
ça me dérange un peu
de te voir, toi,
Fico Fellove,
travailler dans la cuisine.
Oui et alors ? Je te l'ai déjà dit,
je suis content de travailler.
Ouais, en tout cas.
Je me suis dit
que je pourrais peut-être installer
un piano dans la salle ?
Est-ce que ça te dirait
de... da-ga-dang ou dang.
Malheureusement,
ton salaire resterait le même.
Mais t'aurais des pourboires.
Ouais, si tu veux.
Je te remercie.
Mais je veux aussi garder ce boulot.
J'ai besoin d'argent
- pour faire venir ma famille.
- Affaire conclue.
- Super.
- À un Cuba libéré !
- Salud !
- Salud !
Le moment présent dans
lequel nous vivons est si mince
qu'on pourrait le faire glisser
sous la porte.
Le problème avec l'exil, c'est l'exil.
- Merci.
- J'ai trouvé une solution.
Le flambeau de cette jolie demoiselle
est la lampe d'Aladin.
Y a qu'à la frotter et elle exaucera
- n'importe lequel de tes vœux.
- Je voudrais tout revivre.
Fais-le en recommençant à zéro.
Tu travailleras pour moi ?
J'aurais l'alcool gratos ?
Ça va de soi.
Messieurs, faut prendre ça au sérieux.
La porte était ouverte.
Vous savez ce que j'aime
le plus avec New York,
c'est qu'on tombe toujours
sur des vieux amis.
Vous savez pourquoi on est amis ?
Parce qu'on ne croit pas
aux coïncidences.
Asseyez-vous.
Vous pensez peut-être
que je suis un ennemi,
mais je vous ai toujours considéré comme
un de mes amis, Federico.
Il m'est peut-être déjà arrivé
de perdre patience,
une fois ou deux mais jamais
avec un homme que je respecte
et qui respecte ma façon d'être.
Et toi, est-ce que ça va, Joe ?
Je drague.
Tant mieux. Enlève ton chapeau.
Ah, c'était une des perles rares,
La Havane.
On aurait dû se douter
qu'elle nous ferait souffrir.
Et nous voilà.
C'est bashert, le destin.
Alors, écoutez.
Écoutez-moi bien.
J'ai pas fait sauter votre cabaret,
O.K. ? C'est pas du tout mon style.
D'accord ?
Est-ce que je pourrais
avoir un œuf-crème ?
Du sirop au chocolat
avec du lait froid, on verse du tonic
jusqu'à ce que la mousse déborde
presque.
- Non.
- Et un peu de rhum. C'est ça ?
Ouais, un œuf-crème.
Vous vous appelez comment ?
Je sens que ça devient sérieux.
Mon offre est toujours valide.
Un nouveau cabaret. À Las Vegas,
au Nevada. Aucune humidité.
Réfléchissez.
Et on s'en reparle. O. K ?
Vous savez que j'aime pas
me sentir rejeté.
Laissez-moi une petite chance.
Ne me faites pas souffrir,
tout de suite.
On y va.
- Vous aimez les œufs-crème ?
- Oui, j'adore les œufs-crème.
Et moi aussi, je trouve l'humidité
très contrariante.
Saluez bien votre famille de ma part.
Vous avez les bons ingrédients,
mais il faut bien savoir
manipuler les bulles.
Le chocolat va au fond,
le lait sur le dessus
et c'est là que les bulles du tonic
entrent en jeu.
Il faut verser du tonic tout autour
jusqu'à ce que ça monte jusqu'au dessus.
Content de vous revoir, Lansky.
Ou plutôt monsieur Meyer.
Quelle coïncidence.
O.K., Fico. Bonne nuit.
- Oui, bonne soirée.
- Les clés sont dans le bureau.
Allez, on se voit demain.
Bonsoir, monsieur l'étranger,
peu importe qui vous êtes.
Et surtout,
essayez de ne pas foutre le feu.
Avez-vous déjà senti
le besoin de vous en aller ?
Est-ce que vous avez déjà senti
le besoin de rester ?
S'en aller. Rester.
S'en aller. Rester.
S'en aller...
Oh... O.K.
Je crois que je vais y aller.
Madame, content de vous revoir.
Saluez les pigeons de ma part.
Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je suis venue...
aux Nations Unies
avec notre délégation.
Est-ce que t'as le temps
de prendre un café ?
J'aurais voulu que tu restes.
Il ne me restait plus rien
à La Havane.
Oui, je sais.
Tu as perdu ton cabaret.
Non, je ne parle pas de ça.
Es-tu malheureux ?
Pas du tout.
C'est vrai que je n'ai pas un sou,
mais j'ai la sensation d'être plus riche
que je ne l'ai jamais été.
Est-ce que ça t'aiderait
si je te faisais mes excuses ?
Non, c'est inutile.
Je voudrais que t'essaies
de me comprendre.
J'ai déjà essayé
et je crois avoir très bien compris.
Pourquoi tu ne reviendrais pas
à Cuba avec moi ?
Parce que c'est dangereux
pour mon âme.
Je vois que tu ne crois toujours pas
aux causes.
Ce genre de cause perdue
n'a aucun intérêt.
Mais envers ma cité perdue,
je serai toujours loyal.
Et ça, c'est ma cause
- et mon calvaire.
- Je ne veux pas que tu me dé***.
Jamais je ne te détesterai.
Je t'aimerai toujours.
Pourquoi refuses-tu
de m'aimer chez nous ?
Je ne suis pas prêt à payer le prix.
Prends soin de toi.
Et cesse de pleurer.
Tu peux venir m'aimer ici.
N'oublie jamais ça.
Tu es magnifique.
Je suis un homme sincère
d'où pousse le palmier
et avant de mourir, je veux
vous livrer les vers de mon âme.
Je viens de partout
et partout je vais.
Je suis art parmi les arts.
Je suis montagne
parmi les montagnes.
Tout est beauté et constance,
tout est musique et raison,
et tout, comme le diamant
est charbon avant d'être lumière.
Avec les pauvres de la terre,
je veux laisser ma chance.
Le ruisseau de la montagne
me réjouit plus que la mer.
Je veux lorsque je mourrai,
sans patrie mais sans maître,
qu'on garnisse ma tombe
d'un bouquet de fleurs
et d'un drapeau.
Je cultive une rose blanche
en juillet comme en janvier
pour l'ami sincère
qui m'offre sa main franche.
Et pour le cruel qui m'arrache
le cœur qui me fait vivre,
je ne cultive ni épines ni chardons,.
Mais la rose blanche.
Cuba ma belle Cuba
je me souviendrai toujours de toi
Cuba ma belle Cuba
je me souviendrai toujours de toi
Je voudrais te voir maintenant
comme si c'était la première fois
Cuba ma belle Cuba
je me souviendrai toujours de toi
Quinze mois plus ***,
Fico's El Tropico - New York
fut inauguré à guichets fermés
à 18 h 00,
pas une minute plus ***.