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La voici, mesdames et messieurs.
Kitty Dean.
Bien dit, Kitty.
Prières exaucées
Il fait 3 degrés à New York, ce matin.
Il est 10h49.
UN FERMIER AISÉ
ET 3 MEMBRES DE SA FAMILLE
ASSASSINÉS DANS LE KANSAS
J'appelle pour réserver notre table
pour le déjeuner ?
Formidable.
Big Mama, je veux plein de ragots.
Tout en lui est fascinant :
l'apparence, le comportement
et bien sûr, la voix.
Sa voix ?
Aux chanceux qui ne l'ont jamais entendue,
je dirais simplement d'imaginer la voix
d'un chou de Bruxelles,
si un chou de Bruxelles parlait.
Il est magique.
On oublie vite sa voix,
la plus inoubliable au monde.
Je dé*** le mot "excentrique" .
C'est le mot que les gens ennuyeux
utilisent
pour décrire quelqu'un
qui à mes yeux est intéressant.
Beaucoup me trouvent excentrique
simplement parce que,
quand je fais cirer mes chaussures,
je les fais cirer entièrement,
le dessus, les côtés et les semelles.
Certains trouvent excentrique
que je demande à la bonne
de repasser mon argent chaque matin.
Quand je l'ai dit à Truman,
savez-vous ce qu'il a dit ?
Voilà ce qu'il n'a pas dit :
"Comme c'est excentrique."
Il a dit : "Merveilleuse idée !"
On pardonne beaucoup à une personne
qui vous apprécie vraiment.
On s'amuse tant avec lui, où que ce soit.
Il a une qualité rare :
c'est un bavard éloquent capable d'écouter.
Comment Leland a-t-il pu
te trouver ennuyeuse ?
Même si on ne parle pas anglais,
te regarder suffit.
Il m'écoutait comme on écoute
les annonces dans une gare,
juste assez pour repérer
une urgence s'il y en a une.
Tant pis. Il est avec Pamela
et je dois tourner la page.
Peut-être,
mais le tout-New York se partage
entre le camp Slim et le camp Pamela.
Babe et moi sommes à la tête
du camp Slim.
Quel homme de cœur.
Tu es au courant pour Tracy ?
Oui, elle se fait refaire les yeux.
Davantage encore.
Elle va se faire avorter.
Qui est le père ?
Pas ***, je présume ?
Chas Fitzgerald.
Évidemment. *** le sait-il ?
Elle devrait dire à ***
que c'est le sien.
- Impossible, *** est stérile.
- Pardon ?
Tout le monde le sait.
Maintenant, c'est sûr.
Tu as lu le journal ?
J'ai lu un article qui m'est resté
collé aux dents tel un bonbon au caramel.
Lequel ?
Des fermiers aisés dans le Kansas
ont été assassinés en pleine nuit
d'une façon épouvantable.
Tu as une idée du coupable ?
Pas la moindre.
Mais cela n'affectera pas
ce que je veux écrire.
Je veux étudier la façon
dont un tel crime affecte une ville
dans laquelle tout le monde
se fait confiance.
Il est préférable qu'on ignore
l'identité des meurtriers, non ?
Précisément. J'imagine que
tout le monde se demande maintenant :
"Qui parmi nous a commis
cet horrible acte ?"
Avant, on regardait quelqu'un en pensant :
"Tiens, voilà ce bon vieux M. Untel."
Maintenant, on se dit :
"Est-ce lui le coupable ?"
Je ne supporte pas l'idée
que tu partes pour le Kansas.
A qui pourrai-je parler ?
Au fait, es-tu au courant pour Tracy ?
- Les yeux ?
- Mieux encore.
Un avortement.
Je viens de la voir acheter
un adorable Degas chez Sotheby's.
Je le voulais pour les toilettes,
mais Bill voulait y mettre le petit bonhomme
de Giacometti qui est dans le couloir.
Dis-lui que personne ne veut voir
de petit bonhomme aux toilettes.
J'en ai fait l'horrible expérience moi-même.
Comment as-tu appris la nouvelle
pour Tracy ?
Par Slim. Mais j'ai juré de garder le secret.
Je te le dis uniquement
parce que tu es une amie chère.
Nelle, mon amie
la plus ancienne et la plus chère,
penses-tu que l'histoire du Kansas
vaille le coup ?
Tu plaisantes ?
Les histoires de patelins,
les soupçons, les commérages ?
C'est ton monde tout autant que celui-ci,
si ce n'est plus.
- Comment ont-ils été tués ?
- Avec un fusil de chasse.
Un gardien habite
à moins de 100 m de la maison.
Comment a-t-il pu ne pas entendre
4 coups de fusil en pleine nuit ?
Peut-être qu'il les a entendus.
Y as-tu songé ?
Peut-être. Mais les victimes
étaient attachées et bâillonnées,
ce qui amène à penser
qu'il y avait deux meurtriers,
un avec l'arme, pour les forcer à coopérer,
et un pour les attacher et leur faire regretter
d'avoir coopéré.
Le père et le fils ont été tués au sous-sol,
la mère et la fille dans leurs lits.
- Comment sais-tu tout cela ?
- J'ai appelé le procureur.
C'est de la part de qui ?
Truman Capote, ma chère.
Désolée, le procureur ne prend pas
les appels de femmes inconnues.
Qu'as-tu répondu ?
Qui a dit que j'étais inconnu ?
Ils jureront par eux-mêmes bientôt,
puisque j'y vais la semaine prochaine.
Laquelle de tes toques préféreront-ils,
à ton avis ?
Pourquoi Jack n'est-il pas
des nôtres ce soir ?
Si c'est ton ami, il est le bienvenu.
Truman et moi,
nous nous appréciions l'un l'autre,
par-dessus tout,
mais nous n'allions pas partout ensemble.
Il adore sortir.
Moi pas.
Surtout avec ce cercle de gens.
Jack n'avait pas...
une bonne opinion de nous.
Il est aussi sociable qu'une seringue.
Jack est très rigide. Pour lui,
si c'est comme ça, ce n'est pas autrement.
Avant de connaître Truman,
il était marié à une actrice ravissante,
Joan McCracken.
Ils avaient dansé ensemble dans Oklahoma !.
Il était fou d'elle.
Puis la guerre a éclaté.
Il est parti, il est revenu.
Elle lui a avoué qu'elle avait eu une liaison.
Son humiliation était telle
que non seulement il a mis fin
à leur mariage le soir même,
mais qu'il a aussi renoncé aux femmes
aussi sec
et s'est tourné vers les hommes.
Vous imaginez ?
Soigner sa haine de l'infidélité
en changeant d'orientation sexuelle.
Et si une des personnes
à qui tu parles est le tueur ?
Et s'il croit que tu le sais ?
Il a déjà commis 4 meurtres,
crois-tu qu'il t'épargnera ?
Chéri, est-ce ta manière de me dire
que tu t'inquiètes pour moi ?
- Ça ne te paraît pas dangereux ?
- Viens avec moi.
Je ne peux pas. J'essaie d'écrire mon livre.
Dans ce cas, O sole mio, je pars !
Pourvu qu'il ne t'arrive rien.
Chéri, je suis indestructible.
- Au grand regret de tous.
- Pas au mien.
Viens avec moi. Ton livre est fini.
Tout cela m'intrigue,
mais je veux commencer mon nouveau livre
avant la sortie de L 'oiseau moqueur.
Redis-moi à quelle distance
vivait le gardien.
Nelle a grandi avec lui dans l'Alabama.
Un des garçons de Ne tirez pas
sur l'oiseau moqueur est inspiré de Truman.
Elle l'a judicieusement nommé Dill.
On parle toujours de son effervescence.
Mais il faut se souvenir
qu'au centre de toute flamme vive,
il y a toujours un soupçon de bleu.
Les parents de Truman l'ont abandonné
quand il était très jeune
et l'ont laissé à des gens âgés
dans ma ville.
Truman a toujours caché sa honte
liée à l'absence de ses parents,
grâce à de grandes histoires
de glorieuses aventures.
"Mon papa n'est pas là, il est aviateur."
"Ma mère est un modèle photographique,
mais ils vont venir me chercher."
Il disait toujours :
"Ils vont venir me chercher."
Chaque année à Noël,
notre école élémentaire
organisait une parade dans la ville.
Une année, Truman a écrit à ses parents
qu'il était la star de la parade,
alors qu'il n'était qu'un flocon de neige,
comme moi.
Mais peu importe, ça a marché.
Leur télégramme disait qu'ils prendraient
le train de la Nouvelle-Orléans.
Ils devaient arriver juste à temps.
Ils disaient même
qu'ils se tiendraient près du canon
sur la grand-place pour l'acclamer.
Nous avons donc traversé la ville.
Alors qu'on approchait du canon,
je le voyais cherchant ses parents des yeux.
Quand on est arrivés au canon,
il s'est arrêté,
oubliant qu'on devait défiler
au rythme de la musique.
Il s'est arrêté, le regard fixe.
Ils n'étaient pas venus.
J'ai cru un instant que cela le briserait.
Puis il a levé les bras très haut
et s'est lancé, la tête la première.
Il a fait une roue.
Et il a continué, encore et encore,
tout le long de la rue,
jusqu'à ce que ses larmes
cessent de couler.
Truman adorait Nelle.
Elle et Jack étaient ses seuls amis
hors de la haute société.
Cela l'a vexé qu'elle gagne le prix Pulitzer.
Cela ne l'aurait pas ennuyé
qu'elle en gagne un,
s'il en avait déjà gagné deux.
Le crime m'a toujours intéressée.
Papa était avocat, tout comme ma sœur.
J'ai étudié le droit aussi.
Puis, soit le courage m'a manqué,
soit la raison m'est revenue,
avant de passer le barreau.
Quand Truman m'a demandé
de l'accompagner dans le Kansas,
c'était un retour aux sources.
Inspecteur Dewey !
- Avez-vous des pistes ?
- Je ne peux rien divulguer.
Confirmez-vous
qu'il y a plus d'un tueur ?
Pas du tout.
Bien sûr que si,
à moins que le tueur n'ait été hypnotiseur.
Je vous demande pardon, madame ?
Il est illogique de supposer
qu'il n'y a qu'un seul tueur.
Les Clutter étaient attachés.
Pour ce faire,
le tueur aurait dû poser son arme.
Dès qu'il l'aurait fait,
les Clutter se seraient enfuis.
- Je ne crois pas savoir qui vous êtes.
- Ni ce que vous êtes.
Je ne suis pas d'ici.
- Pour quel journal travaillez-vous ?
- Ladies Home Journal ?
Je ne suis pas journaliste, je suis écrivain.
Votre carte de presse ?
Seigneur, je n'ai rien de la sorte.
J'ai mon passeport
dans ma chambre d'hôtel.
Voudriez-vous m'y accompagner
pour voir ma photo ?
Il me faudra non seulement les faits,
mais aussi la façon dont ce terrible crime
a rongé la confiance
qui lie votre communauté.
- Je vois. Non.
- Et je... Pardon ?
Aucun journaliste n'a d'accès privilégié.
Je n'écris pas un article de journal.
Je travaille pour le New Yorker.
Il s'agit d'une analyse psychologique
d'un village
et de comment cet endroit
est affecté par un tel crime.
Ma description ne sera pas bâclée.
Je travaillerai chaque mot, chaque son.
Le résultat final devra être
aussi éblouissant et unique
qu'un œuf de Fabergé.
J'ai un crime à élucider.
Peu m'importe
si le crime est élucidé ou non.
Moi, ça m'importe beaucoup.
Les Clutter fréquentaient notre église.
C'était des amis de la famille.
Pas d'accès.
Vous êtes très rusé.
Je vois qu'il me faudra faire
des efforts particuliers
pour contourner votre ruse.
N'est-il pas rusé ?
Mais ne vous inquiétez pas...
C'était charmant que
l'élucidation du crime ne t'importe pas.
- Charmant.
- Tais-toi.
Vous désirez un cocktail ?
Un gin tonic, s'il vous plaît.
Un J&B avec des glaçons,
un petit zeste de citron
et une goutte et demie de soda.
Un quoi avec des glaçons ?
Un J&B.
C'est un whisky.
Vous voulez que je voie si on en a ?
Ce serait un merveilleux départ.
Bien, madame.
Je crois qu'il faudrait éviter
de nous faire trop remarquer.
Je sais ce que tu vas dire,
mais tu sais mieux que quiconque
qu'il m'est impossible de changer.
Je ne te demande pas
de devenir mari et père,
mais de tenter une approche
à pas de velours.
Inutile. Mes griffes sont
longues et bruyantes. C'est ainsi.
Bref...
J'appellerai le bureau de Dewey demain
pour une requête d'entretien.
Cela conviendra mieux à sa vanité.
- Entre-temps, commençons...
- Merci.
Merci.
Entre-temps, parlons aux gens.
Pas besoin de sa bénédiction
pour cela.
On devrait parler aux gens dans la rue.
Oui, et de façon courtoise,
de façon à mettre les gens à l'aise...
Puis-je vous parler des horribles meurtres
commis chez les Clutter ?
Tu devrais peut-être omettre
le mot "horrible" .
Monsieur !
Mon amie et moi voudrions vous parler
des événements tragiques du 15 novembre.
Désolé, mesdames.
Penses-tu que tout le monde
m'appelle "madame" par cruauté
ou bien ignorent-ils vraiment
ce que je suis ?
Certes, je ne suis pas Charles Atlas,
mais même Ethel Merman n'a pas ça.
Non. La sienne est plus rugueuse.
M. Capote.
C'est tout ? Pas de messages ?
Je ne comprends pas pourquoi
Alvin Dewey refuse de me rappeler.
J'ai téléphoné trois fois.
Un colis de Babe !
C'est du béluga !
Achetons des crackers
pour le manger immédiatement.
Tout à fait.
Tu sais ce que tu devrais faire demain ?
Aller voir la maison des Clutter.
Si Alvin Dewey refuse de me rappeler,
je ne verrai jamais la maison.
Tu connais la terre entière.
Appelle quelqu'un.
Veuillez dire au duc et à la duchesse que
je suis effondré de ne pouvoir venir au bal.
D'accord.
Bennett a entendu
de très bonnes critiques sur ton livre.
Je me moque presque des critiques,
tant qu'on me laisse en écrire un autre.
Ton rêve de devenir la Jane Austen
de l'Alabama va se réaliser.
Bennett connaît le doyen
de l'université du Kansas,
qui connaît l'avocat des Clutter.
Les tueurs sont entrés par ici.
Des messages ?
La princesse Margaret
et Noël Coward.
Toujours pas de nouvelles de Dewey.
C'est écrit de deux façons.
Oui, mais ces formulaires se classent
par noms de famille.
- Tout ce tas ?
- Exactement.
Le moment est-il opportun ?
Oui, entrez.
Que puis-je faire pour vous ?
Je voudrais commencer
par faire amende honorable.
Je suis venu m'excuser d'avoir voulu
porter la culotte dans votre ville.
J'en ai même changé
ma garde-robe entière.
Il n'y a pas de mal.
C'est gentil de votre part.
Je voulais m'expliquer.
J'essaie de créer
un nouveau genre de reportage.
Avez-vous lu mon livre,
Les muses parlent ?
Il a reçu un accueil très favorable.
Il s'agit d'une compagnie d'opéra qui part
à Moscou pour chanter Porgy and Bess.
Si je m'étais basé uniquement
sur ce que m'ont dit les agents de publicité,
le livre n'aurait pas différé
d'un simple article de journal.
Mais j'ai décrit les gens dans les détails
psychologiques qui caractérisent un roman.
Je vois. Donc ce que vous faites
est différent d'un reporter normal.
Je ne saurai pas comment les gens
se sentent, sans votre aide.
Je vais vous dire comment ils se sentent.
Très mal.
Ils se sentiront mieux
quand ce sera élucidé.
Je suis tout à fait d'accord.
Bonne chance pour votre projet,
mais vous n'aurez pas d'accès.
Je suis désolé, mais Nelle et moi
devrons rester pour Noël.
Pourquoi ?
Parce que tout le monde
refuse de me parler.
Je dois rester jusqu'à ce qu'ils m'oublient
assez pour enfin se confier.
Personne ne peut t'oublier.
Que vas-tu faire pour Noël ?
Bien sûr, tout sera fermé,
donc je pense aller au marché
prendre du bon fromage,
du jambon et des olives.
Slim nous a fait parvenir
un merveilleux bourgogne.
Nelle et moi pouvons pique-niquer à l'hôtel.
Excusez-moi.
- C'est tout le fromage qu'il y a ?
- Combien de fromage vous faut-il ?
Il ne s'agit pas tant de quantité,
mais de qualité.
Vous cherchez d'autres types de fromages ?
Mon Dieu, pas ici !
Vous restez pour Noël ?
Oui, nous restons.
Qu'allez-vous faire pour le réveillon
avec Mme Capote ?
S'il n'y a pas d'autres fromages,
Mme Capote et moi
tenterons peut-être le cyanure.
Voudriez-vous venir dîner chez nous
pour Noël ?
Vraiment ? Une fête ?
C'est si triste de ne pas avoir
de vrai dîner de Noël.
C'est très gentil de votre part.
Nelle sera ravie.
Puis-je vous demander votre nom ?
Quoi ?
Nous allons passer Noël chez les Dewey.
Ce n'est pas convenable.
Ce qui n'est pas convenable,
c'est deux personnes seules pour Noël.
S'ils sont deux, ils ne sont pas seuls.
Nous voilà.
Joyeux Noël.
Vous aviez dit de ne rien apporter,
mais mon père me tuerait si j'arrivais
chez mes hôtes les mains vides.
Nous avons apporté une tarte.
Et elle ne parle pas de moi.
Mon épouse, Delores.
- Truman.
- Le rusé.
Mon épouse, Delores.
Et notre fils, Paul.
Tu vas regarder le match ?
J'ai parié 25 dollars dessus.
Truman, vous aimez le football ?
Pas vraiment.
Mais j'admets que voir des hommes
se blottir et se murmurer à l'oreille
me donne des frissons dans le dos.
Des friandises.
J'ai une question un peu étrange.
Je ne veux pas être méchante.
Cela me semble amusant.
Allons-y.
Paul Dewey, tu ne veux pas rejoindre
les autres adultes ?
Puisque c'est Noël,
j'ai pensé qu'on pourrait dire,
chacun son tour,
quel est le cadeau le plus horrible
qu'on n'ait jamais reçu.
Le mien était un châle de la part
d'une vieille dame. Je n'aime pas les châles.
- Moi non plus.
- Ils sont trop légers.
Mes oreilles fonctionnent-elles
correctement ?
Suis-je le seul ici à aimer les châles ?
Me regardez pas.
Mon Dieu, j'adore les châles.
J'en ai plusieurs.
Le plus joli m'a été offert
par Jennifer Jones.
Jennifer Jones ? La star de cinéma ?
Oui, nous étions à Rome
pour tourner un film, Plus fort que le Diable.
J'avais du mal à écrire une scène
pour Bogie
et tout à coup, j'ai ressenti
une douleur inhumaine.
Vous parlez d'Humphrey Bogart ?
Oui, enfin monsieur Lauren Bacall.
J'essayais d'écrire une scène
pour lui et Peter...
Attendez. Quel Peter ?
Peter Lorre.
Mais j'avais une dent enclavée,
donc John...
- Wayne ?
- Garfield ?
Kennedy ?
Huston.
John Huston, le réalisateur ?
John m'a dit qu'il était prêt à arrêter
toute la production du film
pour que j'aille à l'hôpital.
Donc je me suis dit :
"Si je dois passer un certain temps
dans un hôpital romain,
autant emporter
quelque chose que j'aime."
Donc j'ai porté le superbe châle Balmain
que Jennifer m'avait offert.
Et je dois le dire,
je me suis senti magnifiquement séduisant.
- Vous avez rencontré Humphrey Bogart ?
- Rencontré ?
Tous les soirs, nous prenions un verre
et dînions ensemble.
Une fois, on a joué au poker !
Vous avez joué au poker
avec Humphrey Bogart ?
J'étais désavantagé,
car je ne jouais pas
aussi bien que Bogie et Frank.
Frank ?
Sinatra.
Ils connaissaient des aspects du jeu
que l'amateur que je suis ignorait.
Par exemple, saviez-vous
qu'un brelan bat une paire ?
Je n'ai donc pas battu M. Humphrey Bogart
aux cartes,
mais sachez que je l'ai battu
à plates coutures dans un autre domaine.
Le bras de fer.
Attendez un peu.
Vous voulez nous faire croire
que vous avez battu Humphrey Bogart
au bras de fer ?
Deux fois.
Vous êtes bon.
Bien joué. Merci.
Je viens de battre le type
qui a battu Bogart.
Tu veux voir ce que j'ai dans le ventre ?
Vous n'avez jamais battu Bogart,
n'est-ce pas ?
Vous ne pensez pas que j'oserais
battre votre enfant le jour de Noël
vu ce que tout le monde ici
pense de moi ?
Ce serait un cadeau empoisonné.
Mais vous n'avez pas battu
Humphrey Bogart, n'est-ce pas ?
Très bien. Remontez vos manches.
Vous avez peur ?
Incroyable.
Vous savez, M. le rusé,
quand on est petit, il faut être costaud.
Ce monde n'épargne pas les petits.
Les muses parlent
Un exposé de TRUMAN CAPOTE
Ravi de vous avoir reçus.
- Revenez nous voir.
- Merci. Joyeux Noël.
Le rusé, allez voir sous le sapin.
Non, ils viennent de partir.
Je sais, mais c'est passé si vite.
Tu sais quoi ?
Il connaît Ava Gardner.
Et Humphrey Bogart.
Et Betty Bacall. Enfin, Lauren Bacall.
Elle est venue aider à la cuisine.
Ils sont charmants.
Bonne nouvelle ?
Joyeux Noël de la part de la reine mère.
Elle m'adore.
Babe.
Slim.
De qui est celui-là ?
"Mme Stimmell a appelé
pour vous inviter à dîner avec votre amie."
Qui est-ce ?
Apparemment, une amie des Dewey.
Très gentil.
En voilà une autre.
"Appelez Mme Dorn au sujet d'un dîner.
Amie des Dewey."
C'est très gentil.
Nelle.
Ce sont toutes des invitations !
Et puis Ava a dit :
"Je n'ai pas peur de la police
mais de Frank !"
Et Marilyn a rétorqué :
"Deux précautions ne valent rien du tout !"
Marilyn Monroe.
Bonnie Clutter est charmante et...
Enfin, elle était charmante.
Mon Dieu.
C'est dur de parler d'une amie
au passé.
C'est si triste,
surtout que Bonnie n'allait pas bien.
Qu'avait-elle ?
Je ne devrais pas le dire.
Elle n'avait envie de voir personne.
Mais si on la voyait,
elle était bonne comme du pain blanc,
Bonnie.
Elle traversait le retour d'âge.
C'est tout ?
Essayez donc. C'est assez.
On était quatre
pour aller nettoyer la maison,
pour nettoyer...
tous les dégâts et la pagaille.
Avant, on allait chez Herb
pour chasser le faisan.
C'était étrange d'y aller
en sachant ce qui nous attendait.
Le canapé où le garçon était assis.
C'était vraiment...
Les corps n'étaient plus là,
mais de voir ce canapé...
Et le sommier sur lequel Herb était allongé.
Il y avait beaucoup de sang.
Énormément de sang.
Parfois même des grandes flaques de sang.
Parfois juste des éclaboussures.
J'ai grimpé les escaliers
et j'ai vu une tache sur la rampe.
J'ai presque...
Je vous jure...
C'était pire que les grosses flaques
par terre. Je me suis dit :
"Ça a éclaboussé jusque-là ?"
J'étais dans les marines
et rien ne m'a autant choqué auparavant.
Herb était un propriétaire de ranch
respecté dans tout l'État.
S'il y avait une liste de choses à faire
pour réussir honorablement,
il les aurait toutes faites.
Il travaillait dur, prenait soin des siens.
Quand il allait à l'église, c'était pas
juste pour faire acte de présence.
Il y allait pour écouter.
J'ai toujours pensé
que si on fait les choses bien,
ça donne un certain poids,
on se sent plus enraciné.
Plus solide et sûr de soi.
Ce qui me fait peur, à moi, c'est...
Parfois, de nulle part,
un mauvais vent souffle.
Ça peut être le cancer, l'alcool,
une femme qui n'est pas la nôtre.
Et malgré ce poids
qui vous garde les pieds sur terre,
quand le vent souffle,
il vous soulève comme une feuille...
et vous emmène où bon lui chante.
On maîtrise les choses
jusqu'à ce qu'elles nous maîtrisent.
Ensuite, on est démuni.
"Quand on la voyait, elle était bonne
comme du pain blanc, Bonnie."
Non, elle a dit : "Si on la voyait..."
Exact.
" ...elle était bonne
comme du pain blanc, Bonnie."
Bonne mémoire.
Un verre ?
Apparemment, la mère allait mal.
J'en sais rien.
C'était juste la ménopause, sans doute.
J'espère pas.
C'est un peu trop sordide pour mon roman.
Ton roman ?
De quoi parles-tu ?
Cette histoire est bien plus qu'un article.
C'est un livre.
C'est vrai. Un livre non romanesque,
bien sûr ?
Bien sûr, tout sera véridique, mais...
- Mais quoi ? Ça l'est ou pas.
- Tu ne comprends pas.
Je veux utiliser des techniques de fiction
pour écrire une histoire vraie.
Quelles techniques ?
Celles qui consistent à inventer ?
Si j'allais inventer, je ne m'embêterais pas
à prendre toutes ces notes.
Tu sembles vouloir faire de Bonnie Clutter
une recluse pseudo-poétique
alors qu'elle traversait sans doute
simplement la ménopause.
Où veux-tu en venir ?
Tu ne devrais pas faire ce que tu fais.
La vérité suffit !
J'apprécie mal ce sermon,
surtout venant de toi.
L 'oiseau moqueur s'inspire de faits réels
que tu as améliorés.
Exact. C'est un roman !
Faire un reportage, c'est recréer,
et non pas créer.
Il s'agit d'un nouveau genre de reportage !
Et comment.
Donc... "Si on la voyait..."
- Je m'en souviens.
- Très bien.
C'est ton livre.
Mon septième.
Votre livre avance ?
Il me faudra du temps pour le structurer,
mais grâce à Nelle,
qui est un véritable don du ciel,
et grâce à vous tous,
une semaine de plus devrait suffire.
- Vos steaks du Kansas me manqueront.
- Nous serons tristes de vous voir partir.
Au fait, des nouvelles ?
"Je ne peux pas vous donner l'accès."
On les a eus.
Quoi ?
On les a appréhendés.
Ils étaient bien deux.
Vous avez arrêté les tueurs ?
Qui sont-ils ?
Ils sont à la prison ?
Ils sont à Las Vegas.
Il faut que j'y aille.
- Je peux venir ? Je vous en prie.
- Pas cette fois-ci.
Il n'y aura pas d'autre fois.
Combien de fois les arrêterez-vous ?
Je suis désolé.
Franchement, Marie...
Comment pouvez-vous rester mariée
à cette tête de mule ?
Vous pourrez enfin dormir en paix.
Félicitations, le rusé.
Cela change ton livre.
A qui le dis-tu.
Je pensais avoir du mal
à faire parler les villageois,
mais faire parler les tueurs
sera une autre paire de manche.
Regarde, ils sont là.
Je ne vois pas l'autre.
Le voilà.
Pas question. Pas de presse dans la prison.
J'ai des connaissances au gouvernement.
L'une d'elles pourrait appeler
pour expliquer mon projet.
Il faudrait que vous connaissiez
le président des États-Unis
pour que je vous laisse voir
ces garçons.
Suce ma bite, enculé !
Jamais entre les repas.
Tu veux me lécher le trou du cul,
salope ?
Il serait préférable à votre visage.
Vous voulez écrire un livre sur moi ?
Si mes crétins de profs entendaient ça !
- Vous avez déjà écrit un livre ?
- Tout à fait.
Mon 1er roman, Les domaines hantés,
fut encensé par la critique,
qui trouva mes débuts très prometteurs...
D'accord.
Vous êtes pédé ?
Je vous laisserais me sucer.
Ça ferait pas de moi un pédé.
Ça ferait de vous un pédé.
Pour moi, une bouche est une bouche.
Merci, mais, non merci.
Qu'est-ce que j'y gagne ?
De l'argent.
Je vous donnerais un pourcentage
de mes royalties.
J'ai 2 enfants de mon 1er mariage.
Je pourrais donner l'argent à mon ex, Lacy.
Vous m'aideriez à lui écrire ?
J'en serais ravi.
C'est d'accord.
Le coup des Clutter était mon idée.
Je partageais une cellule avec un merdeux,
Floyd Wells,
qui m'a dit que le père Clutter
avait 10000 dollars dans un coffre-fort.
Selon ***, vous avez appris l'existence
du coffre-fort par son compagnon de cellule,
Floyd Wells.
C'est exact ?
S'il vous l'a dit.
Puis-je lui faire confiance ?
Il est en prison.
Moi, je lui ferais pas confiance.
Il ne faudrait pas que
la seule perception de vous qu'ont les gens
vienne de ***.
- Je peux leur donner votre version.
- Arrêtez le baratin.
Vous vous foutez de ma version.
Vous n'essayez pas de m'aider.
La chose suivante vous aiderait :
vous auriez droit à un pourcentage
de mes royalties.
J'en ferais quoi, ici ?
- Quand vous sortirez...
- On ne sortira pas !
Je vous ai dit de pas me baratiner
et vous continuez.
Allez-vous-en.
Ça lui passera. Et *** ?
Lui, c'est un moulin à paroles.
Perry a dû tuer les Clutter
juste pour faire taire ***.
Il me faut les 2 versions de l'histoire.
Comment arrives-tu à faire parler
tes amies de New York ?
Mes cygnes ?
Je trouve ce dont elles ont besoin.
Des commérages. Du réconfort.
Et je le leur fournis.
Trouve ce dont Perry a besoin.
Entre-temps, fais parler ***.
Il devrait t'éclairer sur Perry, non ?
On a emmené l'homme et le petit
au sous-sol.
Je pense à une chose...
Quand je voulais m'amuser avec la fille,
vous savez, me l'enfiler,
Perry m'a dit de ne pas la toucher.
Et quand il attachait le garçon,
il lui a mis un oreiller sous la tête.
Il a dit au vieux de s'allonger
sur le sommier,
parce que le sol était froid.
Trop froid pour se faire tuer ?
Pourquoi aurait-il fait ça ?
J'ai dit : "Tu te dégonfles ?
On peut pas laisser de témoins."
Il a dit non, mais je me suis dit :
"C'est un pédé ou quoi ?"
A filer un oreiller au garçon,
à me dire de pas me taper la fille.
Mais sinon, il est réglo.
Il avait pas l'air d'un pédé
quand il leur a explosé la tête.
On voulait pas les tuer.
On voulait rentrer et sortir
ni vu ni connu.
Perry voulait qu'on se mette
des bas sur la tête.
Mais le magasin où on a eu les gants
avait que des bas clairs !
On pouvait voir mes yeux au travers.
On aurait pu me reconnaître.
Alors Perry a voulu aller à l'hôpital
pour acheter des bas noirs aux nonnes.
J'ai trouvé ça débile,
mais je voulais pas
m'engueuler avec lui,
donc j'y suis allé.
En rentrant, je lui ai dit :
"J'ai été voir ces salopes de cathos
pour rien."
Qu'a dit Perry ?
Il a dit :
"Je suis allé.
Je suis allé voir ces salopes de cathos."
Vraiment ?
- Il a corrigé votre grammaire ?
- Écoute, chéri.
Perry Smith
se prend pour un artiste.
Hé, tu veux me sucer la bite
à travers les barreaux ?
Je crains que la vôtre ne soit trop courte.
La seule manière de répondre
à la vulgarité est de la dépasser.
J'ai vécu une situation similaire
avec mon ami, Tennessee Williams.
L'artiste et intellectuel ?
Oublions.
Ça n'intéresse personne ici.
Si, moi.
J'aimerais l'entendre.
Tennessee et moi étions dans un bar.
Une femme ivre m'aborde :
"Puis-je avoir votre autographe ?"
Je lui dis oui.
Elle n'avait pas de papier.
Alors elle soulève sa chemise
et montre son nombril,
en me demandant de signer dessus.
Ensuite elle me tend un crayon à sourcils.
J'écris mon nom tout autour de son nombril,
comme un cadran solaire.
Tout à coup, son mari saoul et en colère
apparaît :
"Puisque vous êtes d'humeur à dédicacer,
dédicacez-moi ça."
Il ouvre sa braguette
et sort son artillerie.
Qu'avez-vous fait ?
On aurait pu entendre une mouche
voler dans la pièce.
Je l'ai regardé de haut en bas
et lui ai dit très calmement :
"Je ne pense pas avoir la place de signer,
mais...
je peux y mettre mes initiales."
Quel genre de trucs
Tennessee Williams écrit-il ?
Je connais le nom, mais aucun
de ses livres ne me vient à l'esprit.
C'est un dramaturge.
Il a écrit Un tramway nommé Désir.
- Avec Brando ?
- Exact.
Marlon Brando, c'est le roi !
C'est un de mes 2 acteurs préférés.
Qui est l'autre ?
Humphrey Bogart.
Je battrais Humphrey Bogart.
Et Alvin Dewey aussi.
C'est la pire chose que tu aies jamais faite,
Nelle Harper Lee,
et je ne te le pardonnerai jamais.
Arrête tes bêtises.
Tu as tout ce qu'il te faut.
Perry est prêt à parler.
Je veux retrouver ma vie.
Il y a quelques feux qu'il me faut raviver.
Bon, au revoir !
Je te hais !
Merci. Moi aussi.
- Comment se porte le vainqueur de Bogart ?
- Bien.
Parlez-moi de lui.
Avant, nous devrions parler d'autres choses.
Comme quoi ?
Rien. C'est juste que je n'ai
plus grand-chose à dire sur Bogie.
Mais j'ai une anecdote amusante
au sujet de Marlon Brando.
J'ai passé une soirée entière seul avec lui
et il m'a parlé de sa vie
avant qu'il ne devienne une star.
Vous êtes amis ?
Je ne dirais pas cela. Il a professé
à certains son désir de me tuer.
Pourquoi ?
Il n'a pas aimé la façon dont je l'ai décrit
dans mon article.
Il prétend m'avoir dit certaines choses
à titre confidentiel.
Vous ne pouviez pas vérifier
vos notes ?
Je ne prends jamais de notes.
J'ai un moyen mnémotechnique
qui me permet de me souvenir
de presque tout à 100 °%.
"Presque" étant le mot-clé.
Je peux oublier un mot,
mais jamais une idée.
Ça dépend du mot que vous oubliez.
Vous avez un sacré culot !
Pourquoi vous emmerdez un grand acteur
comme Brando ?
- Vous ne comprenez...
- C'est pour ça que je veux pas vous parler !
Vous n'hésiteriez pas à me faire passer
pour un salaud.
Perry, je ne juge jamais mes personnages.
Souvenez-vous à 100 °% de ça :
je ne suis pas un personnage.
Je suis un putain d'être humain.
- Garde !
- Perry Edward Smith !
J'écrirai ce livre avec ou sans vous.
Vous pouvez participer et je ferai de vous
un être humain complexe
ou vous pouvez continuer ces sottises,
et je rentrerai à New York
et j'écrirai ce qui me plaît.
Cette fête est pour moi ?
Truman !
Enfin tu es rentré ! Tu nous as tant manqué.
Je pense n'avoir jamais dit
la chose suivante :
parle-nous des tueurs.
Ils s'appellent *** Hickock
et Perry Smith.
- Tu les as rencontrés ?
- Rencontrés ?
Ma chère, je suis allé
dans leurs cellules.
J'ai la chair de poule.
Quand on leur parle,
on dirait des garçons charmants.
A vrai dire, je me sens bien moins
en sécurité autour de Norman Mailer.
*** parle des faits
sans aucun sentiment de culpabilité.
- C'est quelque chose qui s'est passé, point.
- Et Terry ?
Il s'appelle Perry. Comme Antoinette.
C'est une énigme.
Avant de tuer le petit Clutter,
il lui a mis un oreiller sous la tête.
Et il a empêché *** de violer la fille.
- Ce n'est pas un enfant de chœur.
- C'est vrai.
Après ces manifestations de gentillesse,
il les a bel et bien assassinés.
Et il a tranché la gorge du vieux.
Il y a une chose
sur laquelle je n'arrive pas à mettre le doigt.
Cela semble fou de le qualifier de tendre,
mais il a en lui un côté tendre
ainsi qu'un côté terrible.
Il est très...
Très quoi ?
Oublions. Faisons le tour de la table.
Dites-moi donc
avec qui vous avez une liaison.
Formidable.
Bennett ?
Dans ses lettres, Tru Heart dit toujours :
"Quelle est la chose dernier cri ?"
Comme tous les parents le savent,
la dernière mode n'est pas sur Broadway
ni même sur CBS.
Désolée, chéri.
- C'est ceci.
- Votre enfant rapporte ça
et vous vous dites :
"Je vais m'ouvrir les veines."
Et cinq minutes plus ***,
vous le faites aussi.
Derrière les portes closes, bien sûr,
mais c'est irrésistible.
J'y ai résisté.
Les cons ne savent pas danser
de toute façon.
Ça avance, l'écriture, Jack ?
Écoutons.
Quand Babe m'a dit que n'importe qui
pouvait l'apprendre,
je lui ai parié 100 $ qu'elle ne pourrait pas
me l'enseigner. Je lui dois 100 $.
Slim et moi allons vous faire
une démonstration.
Ensuite, vous pourrez vous joindre à nous.
- Surtout toi.
- Musique !
- Allez, mon protégé.
- Bien, maîtresse.
Je lui ai demandé
quels étaient les autres pas
et il n'y en a pas !
- A qui le tour ?
- Qui d'autre ?
C'est ce que je disais.
Ce n'est pas une danse.
Éteins ta cigarette.
Truman ?
- Mets le pied là.
- Merveilleux.
Que fais-tu là ?
Tu fais quelque chose avec tes bras.
- Puis on descend.
- Mon Dieu ! Très flamenco, non ?
Désolé pour Jack. J'ai failli m'évanouir
quand il a insulté Bill.
Bill en a vu d'autres, crois-moi.
Jack a une certitude morale
très oppressante.
Comment ça, morale ?
Pour lui, tout ce qui est divertissant
est un crime contre mon art.
Il est loin d'être si moral
sur le plan personnel.
Nous nous sommes mis d'accord.
Si nous avons un besoin sexuel
et que l'autre n'est pas là
pour le satisfaire...
Je comprends.
Je vais rarement voir ailleurs,
mais lui, si.
Nous n'en parlons pas.
Moins j'en sais, mieux je le tolère.
Ça ne te dérange pas ?
Comment peux-tu supporter l'idée que...
Ou t'empêcher de t'imaginer...
Qu'y a-t-il ?
Bill a une liaison.
Ma pauvre Babe, non.
Je t'en supplie, n'en parle à personne.
Je n'en soufflerai pas mot.
Comment l'as-tu découvert ?
Nos draps étaient tachés.
- J'ai soudain envie de vomir.
- Il ne pouvait pas les donner à la bonne.
Bien sûr.
Alors il s'est mis à genou au-dessus
de la baignoire et les a lavés à la main.
Mais tout n'est pas parti.
J'ai remarqué une auréole étrange
sur les draps.
Comme une idiote,
sans avoir aucun soupçon,
j'ai dit :
"Qu'est-ce que c'est que ça ?"
Je pensais que Mary Lee les avait blanchis.
Puis j'ai regardé Bill.
Il avait cette expression...
Je me suis dit :
"Dieu merci, c'est un mauvais menteur,
sinon j'aurais été si injuste
envers Mary Lee."
Il semble impossible qu'un homme
à la tête d'une chaîne de télé
soit si mauvais menteur.
Cela semble essentiel dans son métier.
Que vais-je faire ?
Tu vas m'appeler
chaque fois que tu auras besoin de moi,
même s'il est 3 h du matin
et qu'une guerre a éclaté
entre Brooklyn et Manhattan.
Je braverai le pont de Brooklyn
envers et contre tous
pour te rappeler
que je suis ton ami pour la vie.
T-bone, tu es adorable.
Je ne vois pas Bill Paley
en train de laver des draps !
Il devait être dans tous ses états.
- Pauvre Babe.
- Je sais, c'est horrible.
L'addition.
Accompagne-moi,
je dois trouver un kiosque.
J'essaie de soudoyer Perry
pour qu'il m'aime bien.
Je leur envoie des magazines ***,
à lui et ***.
D'accord.
J'aimerais trouver un homme comme toi.
Peu importe le sexe et l'argent.
On s'amuserait toujours autant.
- Merci. Je t'adore.
- Moi aussi.
- Vraiment ?
- Tu me le demandes ?
- Tu ne te confies jamais à moi.
- C'est vrai, tu as raison.
Pourquoi ?
- Je ne peux pas te faire confiance.
- Comment ? Je suis sans voix.
Paralysé et sans voix.
Bonjour.
Il me faut 2 exemplaires de
Playboy, Club X, Chic & Hard,
Extrême Sex Club, Sextases, Sex Bolides,
Sexy Clic, Charnelles et Bad'Sex.
Non, Mad'Sex.
Pourquoi ne me fais-tu pas
confiance ?
Tu le sais très bien.
Un jour, tu t'en serviras.
Ça n'arrivera jamais.
Je ne suis pas moine,
mais j'ai mon éthique.
Mon Dieu ! Regarde ça !
C'est révoltant.
Les femmes sont bien plus belles
habillées.
Bonté divine, regarde-moi ce bazar.
Te voilà remis.
Comment ça se passe ?
J'ai trouvé la structure idéale,
j'alterne
entre les Clutter et *** et Perry,
qui sont de plus en plus présents.
Mais si je ne trouve pas de profondeur
émotive, ce ne sera qu'un polar banal.
A quoi bon ?
Admets-le, sans Perry, tu es foutu.
- Sauve les meubles.
- Nelle !
Voilà ton courrier.
Quelque chose du New Yorker.
On dirait qu'il y a des invitations
et puis il y a ça...
Tu connais quelqu'un
à la prison du Kansas ?
Ce doit être pour me remercier pour
ces magazines pornographiques révoltants.
Tu ne vas pas y croire.
Quoi ?
Cher M. Capote,
ce fut un geste plein de sollicitude
que de m'envoyer ces revues.
Il lit le dictionnaire.
Mais j'ai le regret de vous informer
que leur contenu littéraire était abject.
Mon avenir sera bientôt tracé.
Mais il n'y a que 2 issues possibles :
la prison à vie ou la mort.
Qu'il me reste une période
courte ou longue à vivre,
je me dois de remplir mon esprit
de beauté et d'intelligence.
Regarde son écriture.
S'il veut beauté et intelligence,
tu es son homme.
Petit-déjeuner chez Tiffany
Les muses parlent
De Truman Capote
J'ai attendu pour qu'on l'ouvre ensemble.
Cher M. Capote,
Merci pour les ouvrages.
C'était bien plus intellectuel que les photos
de chattes envoyées précédemment.
Néanmoins...
"Néanmoins" ?
Les histoires sont bien contées,
mais je ne les ai pas aimées,
car j'ai trouvé
que l'écriture manquait de bonté.
Incroyable !
Tu devrais peut-être recommencer
à lui envoyer du ***.
S'entendre dire que son travail
manque de bonté par un assassin !
Mon écriture est froide et non sentimentale,
mais je ne dirais pas
qu'elle manque de bonté.
Je n'y ai jamais pensé en ces termes.
Quelle étrange remarque.
Je suis venu jusqu'ici,
après 3 jours de train,
parce qu'il faut que vous sachiez une chose.
J'ai dédié ma vie entière à un seul but :
la création d'une grande œuvre d'art.
Ne riez pas de moi.
Ma vie entière,
tout ce que j'ai voulu,
c'était créer une œuvre d'art.
J'ai chanté. Personne n'écoutait.
J'ai peint. Personne ne regardait.
Puis *** et moi assassinons 4 personnes.
Que va-t-il en ressortir ?
Une œuvre d'art.
Je ris de moi-même.
Vous voulez que je me confie,
mais vous ne pouvez pas me comprendre.
- Pourquoi donc ?
- Vos livres...
J'ai trouvé que vous dédaigniez
vos personnages.
Comme si vous leur ricaniez au nez.
Je ne ferais jamais cela à mes personnages.
Si je dois vous parler à cœur ouvert,
j'ai besoin de savoir que je m'adresse
à quelqu'un qui saura écouter
et pas me tourner en ridicule,
comme avec Holly Golightly.
Vous ne pouvez pas écrire mon histoire,
car votre idée de la souffrance
est trop éloignée de la mienne.
C'est faux.
Je vous le promets.
Ceci est difficile à dire pour moi,
car je ne l'ai encore jamais dit à haute voix.
Il a dit à tout le monde
qu'elle était souffrante...
mais ma mère s'est suicidée.
Vous essayez de m'avoir ?
Vous me racontez des conneries ?
Vous avez parlé à *** ?
Que s'est-il passé ?
Qu'est-ce qu'elle a fait ?
Tout ce que ma mère a toujours voulu,
c'est être une dame de Park Avenue,
ce qui n'est pas chose facile
quand on est dans l'Alabama et sans argent.
Elle a donc épousé mon père pour en partir.
Mais avant qu'ils puissent y aller,
je suis arrivé.
Donc elle m'a abandonné,
me laissant avec mes tantes.
Et quand mon père n'a pas réussi
à lui offrir Park Avenue,
elle l'a abandonné aussi.
Parce qu'elle était belle.
Si belle.
Elle s'est remariée, cette fois à Joe Capote.
Il avait un travail à New York.
Il a travaillé sans répit
jusqu'à ce que son rêve se réalise.
Nous avons emménagé
au 1060 Park Avenue.
Maman était enchantée.
Il semblait qu'une anxiété en elle
avait été levée.
Mais la façon dont Joe nous avait offert ça
ne pouvait nous permettre d'y rester.
Il avait détourné des fonds,
des centaines de milliers de dollars.
Il a été renvoyé et humilié. Il a dit à maman
que nous allions devoir déménager.
Pas dans un endroit plus petit
sur Park Avenue,
mais dans un appartement sordide
du Bronx.
Elle n'a pas pu le supporter.
Elle a essayé d'économiser de l'argent
pour pouvoir rester,
en mangeant moins,
en n'achetant plus de rouge à lèvres.
Elle avait arrêté de boire depuis leur arrivée
sur Park Avenue. Elle a cessé d'arrêter.
Et quand l'alcool n'a pas suffi
à lui apporter la sérénité,
elle a avalé un flacon de somnifères.
Je suis désolé pour tout à l'heure.
Je croyais que vous me baratiniez.
Vous baratiner ?
Ma mère s'est suicidée aussi.
Comment ?
Doucement.
En buvant jusqu'à ce que ça la tue.
L'alcool.
Le suicide des timorés.
Mon frère était trop impatient.
Il s'est tué aussi.
Mon Dieu.
- Vous êtes tout seul.
- Non.
J'ai une sœur.
Vous voulez connaître mon opinion d'elle ?
Elle est mauvaise jusqu'à l'os.
Vous voulez voir la lettre de reproches
qu'elle m'a envoyée ?
Écoutez bien.
Ça pourrait servir pour notre livre.
J'ai pas envie de parler.
Je pensais qu'on était bien partis.
Après votre départ,
le connard d'à côté m'a demandé
pourquoi ma mère et mon frère
ne venaient pas me voir. Il a tout entendu.
On se fout de lui.
Quand je vous parle,
j'oublie que d'autres vont le lire.
Et je repense à votre trahison de Brando.
Ce que je vais écrire aidera les gens
à vous estimer davantage.
Vous n'avez pas les idées claires.
C'est normal.
Vous êtes sous une pression inimaginable.
Le petit Perry se plaît pas ici ?
- Ferme ta gueule, Andrews !
- Du calme.
Vous valez mieux que lui.
Venez.
Ce sera notre petite cabane.
Pourquoi vous êtes si calmes ?
Il faut vous détendre.
Je peux pas. Pas ici, pas avec lui.
J'ai peut-être tort, mais il y avait
quelque chose dans votre lettre
qui m'a fait penser
que vous aviez l'âme d'un artiste.
Les artistes ont le pouvoir,
grâce à notre imagination,
de fuir ce monde dégénéré
pour en créer un meilleur.
Comment ?
Fermez les yeux.
Pourquoi ?
Faites-moi confiance.
Imaginez l'endroit le plus serein
et le plus relaxant que vous connaissiez.
Le Mexique.
Je connais bien. L'eau est turquoise.
Vous sentez le soleil taper,
sa chaleur fait fondre
toute la tension qui est en vous.
Sentez la chaleur vous envahir.
Et puis,
aussi légère qu'une plume
effleurant votre joue,
il y a une brise.
Fermez les yeux.
Très bien.
Sentez la brise,
le souffle sensuel des cieux.
Laissez-vous aller,
détendez chaque muscle.
Je suis prêt.
Quand j'étais petit,
on déménageait tout le temps.
Ses parents étaient des artistes de rodéo.
La vie était dure par bien des aspects,
mais elle a semblé bien bonne
une fois perdue.
Maman et papa ont dû arrêter.
La vie itinérante est usante.
Mais c'est ce qu'ils étaient : des itinérants.
Alors quand ça s'est arrêté,
tout le reste s'est arrêté.
Arrête, Flo.
Va te faire.
C'est que de la bière.
Salaud !
Maman l'a quitté et m'a emmené,
ainsi que mon frère et ma sœur.
Je rêvais que mon père
vienne à mon secours.
C'est drôle.
Moi aussi.
Chaque jour, je l'attendais.
Il n'est jamais venu.
Puis un jour,
j'étais sur le chemin de l'école.
Pourvu que ce soit vraiment lui.
Pourvu que ce soit vraiment lui.
Papa.
Tu vas m'emmener avec toi ?
J'aimerais t'emmener, mais je ne peux pas.
Je sais pas comment m'occuper de toi.
Je suis venu te dire
d'être le meilleur garçon possible.
Il m'a forcé à descendre.
Il haïssait sa mère.
Il ne lui a jamais pardonné.
Elle lui a enlevé son papa.
Un garçon a besoin de son papa.
Haïssait-il son père aussi ?
Il a toujours dit qu'il haïssait son père,
mais il avait pour habitude...
...de faire cette chose
affreusement émouvante.
*** dit que parfois, dans mon sommeil...
Papa !
Où étais-tu passé ?
Je t'ai cherché partout.
Des années plus ***, après l'armée,
j'ai reçu une lettre de papa.
Il avait une combine pour faire de l'argent.
Il voulait que je vienne l'aider.
Je mentirais en disant que je n'étais pas
aux anges en recevant sa lettre.
Il m'avait enfin fait une place.
Je devais chanter
et jouer de la guitare dans le bar.
J'ai peint tous les tableaux.
Même l'enseigne.
Personne ne vient !
Personne !
Tu sais pourquoi ?
A cause de toi,
espèce de petit merdeux !
Ton enseigne est nulle.
Je t'avais dit d'acheter
une enseigne lumineuse.
Tu as dit : "Je vais en peindre une belle."
Quelle chochotte.
Allez.
Il me tuait.
Toute ma vie, tout ce qu'il m'a dit,
tout ce qu'il m'a fait.
Comme un poignard en plein cœur.
Alors j'ai décidé de le tuer sur-le-champ,
de sang-froid.
Chochotte.
Mais je n'ai pas pu.
Tous ces trucs sur papa...
Ça va donner l'impression
que je suis un pleurnicheur.
Non ! Cela aidera les gens à vous voir
comme une personne à part entière,
pas comme quelqu'un qui a causé
la souffrance, mais qui l'a vécue aussi.
Je peux voir
ce que vous avez déjà écrit ?
Pas avant que ce soit parfait.
Je vous promets que c'est bienveillant.
Personne ne m'a jamais traité
comme vous le faites.
C'est juste pour que je parle ?
C'est parce que je vous respecte.
Allez, c'est l'heure.
- Merci pour avoir dit cette belle chose.
- Quelle belle chose ?
Sur le respect.
Moi aussi, je sais être bienveillant.
Vous êtes mon allié, c'est bien ça ?
Quel est le titre du livre ?
Celui qui est "bienveillant" envers moi.
Je sais le titre. Le garde me l'a dit
et c'est loin d'être bienveillant.
Ça s'appelle De sang-froid, c'est ça ?
C'est bien ça ?
Ça s'appelle De sang-froid, enculé !
Vous m'avez trahi !
Je me suis confié à vous,
je vous ai tout donné.
Vous allez pas vous en sortir comme ça.
Si vous faites un seul bruit,
vous irez rejoindre les Clutter en enfer.
Ouvrez la bouche !
Ouvrez votre putain de bouche de menteur !
Vous allez payer pour ce titre.
Vous m'avez enculé,
maintenant je vais vous enculer.
Je ne vais pas vous violer,
parce que je suis digne de confiance.
Mais regardez.
Regardez.
C'est ce que ce putain de titre
m'a fait ressentir.
Le laissez pas rentrer.
Je dois vous parler.
De là-bas.
Vous pouvez nous laisser,
je vous prie ?
De sang-froid est bien le titre de mon livre,
mais ce n'est pas ce que vous pensez.
Vous deux avez fait
une chose monstrueuse.
Le public et les autorités veulent votre peau.
S'ils réussissent, ils vous tueront,
non pas dans un moment absurde de folie,
mais avec une préméditation scrupuleuse.
C'est cela que "de sang-froid" signifie.
Ce titre est la condamnation
de leurs intentions.
Il n'y a pas que ça.
Non, pas seulement.
Vous avez fait une chose horrible.
Vous n'êtes pas innocent.
Ça ne veut pas dire que
vous n'êtes pas un être humain.
Je veux que les gens le comprennent.
Je ne vous parlerai pas avant d'avoir lu
ce que vous avez écrit.
C'est dur de lire les trucs
sur la famille.
- Mais vous me les avez racontés.
- Pas ma famille.
Celle des Clutter.
J'espère qu'il y a plus que ça ici
ou vous le regretterez.
Descends-le au sous-sol.
Je m'occupe du vieux.
On se demande pas si la personne
a un petit ami, ou si c'est un boy-scout.
Mets des vêtements.
Il va faire froid en bas.
On ne savait rien d'eux.
Sauf qu'ils avaient un coffre-fort.
Mais je n'ai pas de coffre-fort.
Tu as quel âge, ma belle ?
N'aie pas peur.
- Je vais t'aider à mettre la couverture.
- Sors, tout de suite !
Maintenant !
- Touche-la et je te tue.
- Tu peux l'avoir quand j'aurai fini.
Partons. Il n'y a pas de coffre-fort.
Tu as tout foiré !
On ne part pas. Ils nous ont bien vus.
Descends au sous-sol
qu'on se charge de leur cas. J'arrive.
Je ne te laisse pas seul ici.
Va te faire foutre !
Allons-y.
Je sais que c'est dingue,
mais quand je l'ai regardé dans les yeux,
je me suis dit :
"Dommage qu'on n'ait pas pu être amis."
Il avait des trucs de boy-scout
dans sa chambre.
J'aurais pu lui parler
de mes parents et du rodéo.
T'as qu'à l'embrasser.
- Va te faire !
- Les filles t'intéressent pas.
- Tu veux pas de pute.
- La ferme !
Ou me regarder avec une pute.
Tu préfères les garçons ?
- Vas-y. Je pourrai enfin m'enfiler sa sœur !
- Ta gueule !
Vas-y, chéri, embrasse-le.
Ou tu préférerais embrasser son papa ?
Putain, Perry ! Il s'est détaché.
Maintenant, va tuer les femmes.
Si seulement j'avais pu les sauver.
Mais au moins...
Je savais ce qu'il voulait faire
à cette fille.
Je lui ai au moins épargné ça.
Voici un parfait exemple
de double personnalité.
Il m'a dit ce qu'il avait pensé
de Herb Clutter.
"Juste avant de lui trancher la gorge,
je me disais qu'il avait l'air gentil."
"C'était un homme gentil et doux.
C'est ce que j'ai pensé
avant de lui trancher la gorge."
"J'ai trouvé que c'était un homme
très gentil. Très doux.
C'est ce que j'ai pensé jusqu'au moment
où je lui ai tranché la gorge."
Quelles paroles extraordinaires.
Extraordinaires.
"Juste avant de lui trancher la gorge,
je me disais qu'il avait l'air gentil.
C'était un homme gentil et doux.
C'est ce que j'ai pensé
avant de lui trancher la gorge.
J'ai trouvé que c'était un homme
très gentil. Très doux.
C'est ce que j'ai pensé jusqu'au moment
où je lui ai tranché la gorge."
Ton livre avance ?
Ça avance. Je dois partir
dans quelques jours pour leur procès.
Ce n'est qu'une formalité, non ?
Ils ne contestent rien.
Non, ils espèrent avoir la vie, pas la mort.
La mort serait mieux pour le livre.
Cela satisferait davantage les lecteurs
et justifierait mieux le titre.
J'ai travaillé davantage sur ce livre
que sur tout autre de toute ma vie.
Je ne veux pas que tout soit gâché
à cause d'une décision stupide d'un jury.
Messieurs les jurés,
êtes-vous parvenus à un verdict ?
Oui, Votre Honneur.
Que le greffier m'apporte le verdict.
Nous, membres du jury, déclarons
le prévenu Perry Edward Smith
coupable de meurtre avec préméditation.
Il est condamné
à la peine de mort.
- Vous allez faire appel ?
- *** en a l'intention.
Mais on sera pendus. Comme il se doit.
Vous pensez que la pendaison
est juste punition ?
C'est drôle. Hier soir, j'étais allongé
et je me disais :
"Qu'est-ce qu'une punition ?"
Être en prison n'est pas une punition,
si on n'aimait pas le monde extérieur.
Et mourir non plus,
si vivre était plus douloureux.
Je vais vous dire ce qu'est ma punition.
Quoi ?
Espérer qu'il y a quelqu'un, quelque part.
Et après des années de solitude,
le trouver, mais ne pas pouvoir l'avoir.
On s'est vraiment compris, n'est-ce pas ?
Bien sûr que oui.
Vous n'étiez pas gentil avec moi
juste pour le livre ?
Non ! Je pense à vous sans arrêt.
A *** aussi ?
Juste pour le livre.
Vous êtes le seul
avec qui je me suis toujours senti réel.
Vous aussi.
Je n'ai pas besoin d'agir
comme un histrion avec vous.
Perry,
je ne veux pas que vous mourriez.
On n'est pas Ron et Nancy Reagan,
bien sûr.
On passe de longues périodes sans se voir.
On a besoin d'avoir des rapports sexuels.
Mais nous sommes des hommes.
Nous pouvons avoir des rapports
juste pour satisfaire le désir d'en avoir.
Mais tomber amoureux, ce n'est pas permis.
Ce serait une trahison.
La terrible rupture d'une relation
à la fois mûre et sensée.
Après les verdicts,
Truman s'est plongé dans le livre.
Au milieu de l'année 1963, il était terminé.
Aussi parfait qu'un diamant :
dur, à multiples facettes,
mais cette fois...
Il comportait de la bonté.
Mais nous ne pouvions pas le publier
avant qu'il ait une fin,
avant qu'une décision ait été prise
concernant ces garçons.
Il y a eu 4 appels,
c'est passé devant la Cour suprême.
Ça a pris 5 ans pour obtenir
un jugement final.
C'était dur pour les meurtriers,
ce dont je me fous complètement.
Mais...
Sais-tu quand le livre sortira ?
Je ne sais pas.
Tu ne peux pas comprendre mon agonie.
Je travaille sur ce livre sans répit
depuis 4 ans,
me donnant tout entier, corps et âme.
Et devoir attendre ainsi,
sans pouvoir publier ce que j'ai fait
jusqu'à ce qu'ils soient pendus...
J'attends ce jour avec impatience.
Crois-tu que ton livre
vaille une vie humaine ?
Il vaut bien celle de ***.
Et l'autre homme ?
Il s'appelle Perry.
C'est une situation insupportable.
La fin du livre signifie la fin de...
Les condamnés à mort ne peuvent écrire
que 2 lettres par semaine.
Chaque semaine, pendant 5 ans,
Perry a écrit ses deux lettres à Truman.
Mon ami Truman, il fait froid
dans le Kansas aujourd'hui.
Mais pas autant qu'en Suisse,
j'imagine.
Les Alpes sont-elles si grandes ?
Mon ami Truman, connaissez-vous
la chanson "Gold Mine in the Sky" ?
Mon père l'adorait.
Peut-être pourriez-vous user
de votre influence sur les autorités
pour m'obtenir un magnétophone.
Je vous la chanterai.
Pas grand-chose à dire aujourd'hui.
Le moral est bas.
Vous me manquez. Écrivez-moi vite.
Vous n'imaginez pas ce que je ressens
quand ils apportent le courrier
et qu'il y a une lettre de vous.
Mon ami Truman,
tout est fini.
Notre dernier appel a été rejeté.
*** et moi avons le droit
d'avoir un témoin à la pendaison.
Nous vous avons choisi tous les deux.
- Tu dois m'accompagner.
- Je ne peux pas.
Je désespère au sujet de mon nouveau livre.
Il n'avance pas.
Je croyais que c'était ce que tu voulais.
Je sais que j'ai dit ça,
mais le voir être tué ?
C'est trop.
Jack ne t'accompagnerait pas, j'imagine.
Il ne le ferait jamais.
En plus, il est bizarre au sujet de Perry,
pour une raison que j'ignore.
Comme s'il était jaloux.
Toi et Perry...
Je t'en prie, Nelle.
Je t'en supplie.
Je ne pouvais pas.
Je ne voulais pas.
Je suis désolé,
il n'est pas disponible pour l'instant.
C'était encore eux.
Ils veulent que je les aide,
mais je ne peux pas.
Peut-être qu'ils veulent ton réconfort.
J'aime la pluie.
J'espère qu'il s'excusera.
Cela le rendrait vraiment sympathique.
Truman, où étiez-vous passé ?
Vous deviez passer la journée
avec nous.
Je suis venu aussi vite que j'ai pu.
J'ai passé des coups de fil pour vous.
Il est *** maintenant.
- Hickock, on va se préparer.
- On a un peu de temps.
J'ai quelque chose à vous dire.
Ils vont vous demander
si vous avez quelque chose à dire.
Vous devez vous excuser.
- Ça ne les ramènera pas.
- Non,
mais cela rétablira votre humanité.
C'est l'heure.
Les adieux doivent se faire ici.
Merci pour tout.
T'a-t-il dit quoi que ce soit ?
Il a dit qu'il m'aimait
et qu'il m'avait toujours aimé.
Richard Eugene Hickock.
Avez-vous quelque chose à dire ?
Je pars sans rancune.
Vous m'envoyez
dans un monde
qui est meilleur que ne l'a été celui-ci.
"Le Seigneur est mon berger.
Rien ne saurait me manquer.
Sur des prés d'herbe fraîche,
Il me fait reposer.
Il me fait revivre.
Il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de Son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
Je ne crains aucun mal,
car Tu es avec moi."
Il est pas encore mort.
Je l'entends respirer.
Il est prêt.
Perry Edward Smith.
Avez-vous quelque chose à dire ?
Mon ami Truman,
j'ignore ce que vous avez fait,
mais le magnétophone est arrivé.
Il y a une mine d'or dans le firmament
Tout là-bas
Nous la trouverons
Un beau jour, toi et moi
Un trèfle t'attendra
Loin d'ici
Là où les cieux sont toujours bleus
Mon ami
Tout là-bas
Tout là-bas
Nous trouverons cette mine engloutie
Crois-moi
Et nous y saluerons les amis
Qui nous avaient dit au revoir
...pour tous mes péchés.
Quand nous trouverons cette mine engloutie
Dans le ciel...
infini
"Le Seigneur est mon berger,
rien ne saurait me manquer.
Sur des prés..."
A-t-il été capable de parler ?
Oui, il a parlé.
Qu'a-t-il dit ?
Smith n'a rien dit.
Il s'est excusé.
Il mâchouillait son chewing-gum.
Tu as vu ces deux hommes se faire pendre.
Ce doit être...
Est-ce douloureux pour toi ?
Babe, ma chérie, la vie est douloureuse.
C'est le seul sentiment
qui unit les riches et les pauvres.
Je présume que je suis capable de l'endurer,
car je sais sublimer mes blessures en art.
Oui, mais...
Que t'en coûtera-t-il ?
Cela a fait de lui l'auteur le plus célèbre
d'Amérique et l'a rendu très riche.
Il a déménagé à Manhattan, étrangement,
dans un lieu d'où il avait une excellente vue
sur l'endroit qu'il avait quitté.
Qui sait ce que nos cœurs désireront ?
Qui est capable...
de s'en défendre ?
En voyant ce qui lui est arrivé depuis,
malgré sa bravade qui fait mine d'assurance,
dans une grande détresse,
j'ai le sentiment...
qu'il y a eu 3 morts à la potence ce soir-là.
Il n'a jamais écrit d'ouvrage important
après ça.
Juste des recueils,
des fragments assemblés.
Dieu sait qu'il n'avait pas besoin d'écrire,
avec tout l'argent
que De sang-froid lui a rapporté.
C'est drôle.
Ça l'a fait percer et l'a détruit
en même temps.
Dans son testament...
Perry a tout laissé à Truman.
L'Amérique n'est pas un pays dans lequel
un geste simple est remarqué.
Nous ne sommes pas un pays
comme la France,
dans lequel le charme,
la légèreté ou l'effervescence
peuvent survivre.
Nous voulons tout ce que vous avez
et nous le voulons aussi vite
que vous pouvez le fournir.
Papa
mon ami TRUMAN
J'ai lu une interview de Frank Sinatra,
dans laquelle il dit ceci de Judy Garland :
"Chaque fois qu'elle chante,
elle meurt un peu."
Parce qu'elle donnait tant.
C'est la même chose pour les auteurs.
Ils espèrent créer
quelque chose de durable.
Ils meurent un peu
en accomplissant cela.
Puis le livre sort,
il y a un dîner.
Parfois on vous décerne même un prix.
Et ensuite, cette question inévitable
et si américaine vous est posée :
"Qu'allez-vous faire maintenant ?"
Mais le projet suivant sera...
si dur...
Car désormais,
vous savez ce qu'il exigera de vous.
Je viens de commencer mon roman
et ma matinée d'écriture a été si bonne
que je voudrais fêter ça.
Tu veux aller déjeuner ?
Peu importe le lieu.
Un lieu agréable où l'on peut s'amuser
et être nous-mêmes.
Prières exaucées.
[FRENCH]