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De quel côté
de la frontière tu es ?
Tu as un nom ?
On a dû te couper la langue.
Ou alors,
tu as quelque chose
à cacher.
Parce que c'est sûr :
tu m'entends très bien.
Walter A. Henderson.
Je vais te poser
une dernière question.
Tu vois cette carte ?
C'est toi ?
C'est un parent à toi ?
Je vais appeler ce numéro
et voir si on peut
me dire qui tu es.
Je n'ai pas assez de lits
pour des muets.
Où se trouve votre hôpital
exactement ?
C'est où, ça ?
Bon, je viens
le plus vite possible.
Dites-lui juste
que j'arrive, hein ?
Anne...
J'ai reçu un coup de fil
incroyable.
D'un hôpital dans
le sud du Texas. Terlingua...
Ils ont trouvé Travis.
Qu'est-ce que tu vas faire ?
Je vais le chercher.
Qu'est-ce que tu veux ?
Je ne peux pas le laisser là-bas !
Et Hunter ?
Qu'est-ce que
je dois lui dire ?
Que je suis
en voyage d'affaires.
Non, pour Travis.
Tu devrais lui dire la vérité.
La 10 jusqu'à Van Horn, la 90,
à Alpine, la 118 vers le sud...
Terlingua !
Vous devez être
le frère du muet.
On n'en a pas tiré un son.
Il doit avoir
de drôles de salades ?
Je ne sais pas.
Je ne l'ai pas vu depuis quatre ans.
Pas possible ?
Il en arrive,
à un homme, en quatre ans.
Toutes sortes d'ennuis.
Des ennuis qui coûtent cher.
Dans cette contrée,
un homme s'attire des pépins,
et ça peut coûter
pour l'en sortir...
Vous me comprenez.
Je ne comprends pas.
Venez-en au fait,
j'aimerais voir mon frère.
D'abord,
je voudrais vous demander.
Votre frère a-t-il jamais
eu un accident de voiture ?
Un accident ? Non,
pas que je sache.
Alors, il a dû se frotter
à de drôles d'oiseaux.
J'aimerais voir mon frère,
maintenant.
Il a disparu.
Quoi, il n'est pas ici ?
Et j'ai fait tout ce chemin ?
Il est parti,
ce matin à l'aube.
Cela dit, nous avons
ses affaires.
Mises de côté.
Nous serons heureux
de vous les remettre,
aussitôt réglée
notre petite récompense...
Tu ne me reconnais pas ?
Ton frère Walt.
Qu'est-ce qui a bien
pu t'arriver ?
Tu as un air de déterré...
Viens, montons en voiture...
Tiens, tes affaires.
Je les ai récupérées
à la clinique.
Sacré endroit pour atterrir.
Je te comprends
de t'être tiré.
On a pas mal de chemin,
tu ne vas pas la boucler
tout le temps ?
Je me sentirais seul.
Si tu me disais où
tu as disparu ces quatre ans ?
Tu as vu Jane ?
Tu lui as parlé ?
Anne et moi...
on avait à peu près renoncé.
On te croyait mort, vieux.
Peut-être que tu veux
faire ta toilette ?
Prendre une *** ?
Je vais t'acheter
des vêtements.
Ça ne serait pas du luxe.
Tu fais quelle pointure ?
Probablement une de plus.
Cette barbe, ça sort d'où ?
Drôlement chic.
Un saut en ville,
et je suis là.
Ça me prendra un instant.
Tout ira bien, Travis ?
Je reviens.
Tu veux me dire où tu vas,
Travis ?
Qu'y a-t-il par là ?
Il n'y a rien du tout !
Tu ne me fais pas confiance ?
J'essaie simplement
de t'aider, Travis.
Viens, tout va bien.
Viens dans la voiture.
C'est bon, des habits neufs.
Hunter, c'est papa.
Je te croyais au lit.
Devine qui je suis venu voir
au Texas ?
Ton père.
Tu te souviens de ton père ?
Pas du tout ?
Il était maigre ?
Tu sais quoi ?
Je vais l'amener à la maison.
Tu te souviens
de ton petit garçon, Hunter ?
Il vit avec nous.
Avec Anne et moi.
Depuis ta disparition.
Nous ne savions pas quoi faire,
alors, nous l'avons gardé.
Un beau jour,
il était devant la porte.
Il a seulement pu dire
qu'on l'avait amené en voiture.
Il ne savait pas
ce qui vous était arrivé,
à toi et à Jane.
Nous avons tout fait
pour vous retrouver.
Jane avait disparu,
elle aussi.
Nous ne savions pas quoi faire.
Je ne sais pas
si tu as eu des ennuis,
ce qui a pu se passer.
Mais bon sang,
je suis ton frère.
Avec moi, tu peux parler.
J'en ai assez
de parler tout seul.
Ras-le-bol,
de ton numéro de muet.
Tu peux parler !
Moi aussi, je peux me taire.
On ne dira pas un mot
pendant tout le voyage.
Paris.
Tu es jamais allé
à Paris ?
On peut y aller
maintenant ?
C'est un peu hors du chemin.
Je ne suis même pas
allé en Europe.
Anne a toujours voulu,
elle est française, tu sais ?
Mais on ne trouve pas
le temps.
La boîte
ne me laisse pas souffler.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Où on va ?
On prend l'avion pour L.A.
Tu n'as pas peur de voler ?
On va quitter le sol ?
Pourquoi ?
C'est trop loin par la route.
Deux jours de plus.
Je n'ai pas le temps.
Pourquoi ?
C'est plus simple par avion.
Plus rapide.
J'essaie de te ramener !
Après,
tu feras ce que tu voudras.
Tu ne peux pas
refuser de partir !
Tu n'es plus dans le désert !
Ça ne se fait pas !
Tu n'es pas tout seul.
Vous retardez tous ces gens !
Excusez-moi !
Ça commence
à devenir ridicule.
Tu vas me laisser ?
Non,
je ne vais pas te laisser.
Tu peux, ça ne fait rien.
Je ne sais pas, chérie.
Il a paniqué, c'est tout.
Inutile,
ce n'était pas l'avion.
Il descendrait de nouveau.
On va devoir
rentrer en voiture.
Ça prendra bien deux jours.
Pourquoi tenez-vous
à la même voiture ?
Elles sont pareilles.
Ce sont toutes des Thunderbid,
des Oldsmobile,
des Chevrolet...
Je ne suis même pas sûre
de la retrouver.
Mon frère a laissé
quelque chose dans la voiture.
Nos objets trouvés
vont s'en charger.
Non, il nous faut
la même voiture.
Je ne peux pas la retrouver !
Pourquoi pas ?
Vous avez son numéro.
Donnez-le-nous.
Vous ne pouvez pas entrer
dans le parking.
Nous y sommes déjà !
Je dois vous demander
de revenir au bureau.
On n'aura pas la même voiture.
Mais je peux vous louer
exactement le même modèle.
Il nous la faut.
Comment faire avec une autre ?
Donnez-nous le numéro !
Soyez gentille !
Bon, le numéro est 667 DJP.
Le capot est cabossé.
Qu'est-ce que tu tiens ?
Une photo.
Une photo de quoi ?
Une photo de...
de Paris.
Une photo
d'un morceau de Paris.
Où tu as eu une photo
de Paris ?
Je peux voir ?
Ça, c'est Paris ?
On dirait le Texas.
C'est ça.
Paris, Texas ?
Sur la carte.
Ça existe : Paris, Texas ?
C'est là !
Pourquoi tu as une photo
d'un terrain à Paris, Texas ?
C'est à moi.
Je sais,
mais où l'as-tu trouvée ?
Je l'ai achetée
par correspondance.
Il y a longtemps.
Tu as acheté une photo
d'un terrain vide ?
Non, j'ai acheté la terre.
Tu as acheté ce terrain ?
Fais voir.
Il n'y a rien.
Vide...
Qu'est-ce qui t'a pris
d'acheter un terrain nu
à Paris, Texas ?
J'ai oublié.
Tu te souviens
du premier nom de maman ?
Mary.
Je sais. Non, avant...
qu'elle rencontre papa.
Son nom de jeune fille ?
Tu as oublié son nom
de jeune fille ?
Sequine.
Espagnole ?
Son père l'était.
Incroyable !
Tu t'es décidé à manger !
Tu manges et tu parles !
Tu seras bientôt revenu
chez les vivants.
Tu veux que je conduise ?
Oui. Tu te souviens ?
Mon corps se souvient.
Tu pourras dormir.
Tu es peut-être prêt
à me dire ce qui t'est arrivé
ces quatre ans ?
Non, pas encore.
Où on est ?
Que s'est-il passé ?
On a quitté la route ?
Je ne peux pas dormir
cinq minutes !
Où tu as tourné ?
Je ne sais pas.
Il n'y avait pas de nom.
Formidable.
On est en plein désert Mojave,
dans un endroit sans nom !
Je peux retrouver la route.
Il faut que je te parle
de Hunter.
Il a quel âge ?
Il aura huit ans en janvier.
Il a sept ans.
Ce dont je veux te parler,
c'est...
Il fait partie de la famille
maintenant.
Anne et moi,
on est comme ses parents.
Anne est ta femme ?
Oui. Tu te souviens d'elle ?
Non. Il croit
que tu es son père ?
Anne lui a dit que tu viens.
Il me prend pour qui ?
Je lui ai dit
que tu es son père.
Mais tu sais...
Tu es resté parti longtemps,
Travis.
Combien de temps ?
Tu le sais ?
Quatre ans.
Ça fait longtemps,
quatre ans ?
Pour un petit garçon, oui.
La moitié de sa vie.
La moitié de la vie
d'un garçon.
Je me souviens !
Pourquoi j'ai acheté
ce terrain.
Maman m'a dit un jour que
c'est là qu'elle et papa,
pour la première fois,
ont fait l'amour.
À Paris, Texas ?
Elle t'a dit ça ?
Alors, je me suis dit
que c'est là
que j'ai commencé.
Moi, Travis Clay Henderson.
Ils m'ont donné ce nom.
J'ai commencé là-bas !
Tu penses que tu as
été conçu là-bas ?
Tu as peut-être raison.
Papa avait une blague
là-dessus.
Il présentait maman
comme la fille
qu'il avait connue à Paris.
Et puis il attendait...
pour dire "Texas",
que tout le monde pense...
que tout le monde pense qu'il
parlait de Paris, France.
Ça le faisait toujours
bien rire.
Alors tu vis à Los Angeles ?
Oui, on vit dans les faubourgs
mais je travaille en ville.
Qu'est-ce que tu fais ?
Des panneaux publicitaires.
C'est toi qui les fais ?
Je les aime beaucoup,
il y en a de très beaux.
Je ne suis pas le seul
à en faire.
C'est bien, hein ?
On est là depuis trois mois.
Mais ça nous a coûté
les yeux de la tête.
C'est comme ça, à L.A.
Tout va bien ici ?
Sauf que tu nous as manqué.
Vous aussi.
Nous nous demandions
si nous te reverrions jamais.
Ça fait si longtemps.
Tu as fait bon voyage ?
Oui, c'était bien.
Hunter ?
Voici Travis.
Il devait faire chaud
dans le désert Mojave.
C'est bête d'être venus
en voiture.
Qu'est-il arrivé ?
Travis ne tenait pas
à prendre l'avion.
Je te comprends.
Je ne supporte plus
les avions.
Surtout depuis qu'on vit ici.
On n'entend que des avions,
toute la journée.
J'aime les avions.
Tu prenais l'avion, autrefois.
Je me rappelle que Jane
m'a dit que vous étiez allés
ensemble en avion à Dallas...
ou ailleurs.
Je me trompe peut-être.
Il n'a pas dormi dans un lit
depuis qu'on est en route,
je te jure.
Ce n'est même pas la peine.
Où dormait-il alors ?
Il ne dort pas.
Il doit dormir quelque part !
Il ne s'en servira pas,
à mon avis.
Il finira par se fatiguer !
Voilà une serviette,
des sous-vêtements
et des chaussettes de Walt.
Je vais dormir.
Fais de beaux rêves.
Tu les as cirées !
C'est très gentil, Travis.
Tu veux entrer
prendre le petit-déjeuner ?
Tu n'as pas faim ?
Il y a des gaufres
aux fraises.
Tu aimes ça ?
Tu en veux ?
Il y a du café chaud
sur le feu.
Regarde le camion !
Tu vis à la dure, hein ?
Tu les as astiquées ?
Je peux t'avoir un boulot
à l'aéroport.
Tu échanges ces bottes neuves
contre ces vieilles ?
Oui, vas-y.
Je file, j'emmène Hunter
à l'école.
On revient dans l'après-midi.
Le numéro du bureau de Walt
est sur la table.
À tout à l'heure.
Je me disais... je pourrais
chercher Hunter à l'école
et on rentrerait à pied
ensemble, s'il veut bien.
C'est superbe.
Je ne veux pas rentrer à pied.
Tout le monde rentre
en voiture.
Allons, ça ne te fera
pas de mal
de marcher
une fois dans ta vie.
Non, je ne veux pas.
Mais si !
Il t'attendra à la sortie.
Walt te dira où c'est.
Ce n'est pas loin.
Monte, Hunter.
On est en retard.
Je peux venir avec toi ?
Je suis désolée, Travis.
Ce n'est pas facile pour lui.
Ça va, Anne. Il est ici.
Qu'est-ce que tu fais ?
Je conduis.
Tu vas où ?
Je conduis, c'est tout.
Tu ne te caches pas ici ?
Hunter,
Travis est ton vrai papa.
Tu sais ça, non ?
Quand va-t-on construire
des astronefs
comme des voitures ?
Je te pose une question.
Tu peux répondre ?
Travis est allé
te chercher à l'école,
il voulait rentrer avec toi.
Personne ne rentre à pied.
Ce n'est pas la question.
Travis est ton vrai papa
et il veut te parler.
De quoi ?
Bon, viens dîner.
Tu te rappelles notre visite
il y a cinq ans ?
Toi et Jane vous étiez
au Texas, sur la côte.
Hunter avait trois ans.
Tu ne te souviens pas ?
Moi si.
On est allés à la pêche.
J'ai fait du super-8
pendant le voyage.
Tu veux peut-être le regarder.
Qu'est-ce que c'est ?
Des films. Du super-8.
Peut-être que Travis
ne veut pas...
Peut-être qu'il veut
attendre avant de voir...
À lui de décider.
Je pensais qu'il aimerait.
Du cinéma ? Bien sûr.
Il y a des plans superbes
de Hunter.
Je l'ai déjà vu.
Eh bien, tu vas le revoir.
Aide-moi à monter
le projecteur.
C'est moi qui conduis.
Tu seras bon.
Au lit, Hunter.
Sans discuter.
Il est 10 h passées.
Bonne nuit, papa.
Bonne nuit, papa.
Tu crois
qu'il l'aime toujours ?
Comment veux-tu
que je le sache ?
Je crois que oui.
Pourquoi ?
Sa manière de la regarder.
Quand il l'a vue
dans le film ?
Oui, mais ce n'est pas elle.
Comment ça ?
Ce n'est qu'elle
dans un film...
il y a longtemps...
dans une galaxie lointaine.
Que cherchez-vous ?
Je cherche...
le père.
Votre père ?
Non, un père, simplement.
N'importe lequel.
Ça ressemble à quoi ?
Il y a toutes sortes de pères.
Un seul me suffira.
Vous croyez
le trouver là-dedans ?
Je ne sais pas où chercher.
Je vois. Vous voulez
avoir l'air d'un père ?
Dites-moi : vous voulez
être un père riche ?
Pauvre ?
Entre les deux.
Il n'y a pas d'entre-les-deux.
On est un père soit riche,
soit pauvre.
Riche.
Souvenez-vous d'une chose :
pour être un père riche,
il faut garder la tête haute,
ne jamais regarder par terre.
Un peu plus haut !
Il faut marcher raide.
Avec dignité !
C'est ça !
Qui c'est, ce type ?
Tu le connais ?
C'est le frère de mon père.
Ce sont deux frères. Non...
Ce sont deux pères.
Laisse tomber.
- Père de qui ?
- Mon père.
Tu as deux pères ?
Un coup de veine.
C'est le costume de papa.
Je veux dire de Walt.
Tu peux l'appeler papa.
Oui, je lui ai emprunté.
Il est d'accord.
C'est qui, ces photos ?
C'est mon papa.
Ton grand-père.
Comment il s'appelait ?
Comme toi.
Où il est ?
Il est mort
quelques années
après la photo.
Dans cette voiture.
Il est mort.
Tu peux sentir
qu'il est mort ?
Tu le connaissais,
quand il était là,
qu'il marchait,
qu'il parlait ?
Tu peux sentir
qu'il n'est plus là ?
Oui, parfois.
Je sais qu'il est mort.
Je n'ai jamais senti
que tu étais mort.
Je sentais que tu étais là,
que tu marchais,
que tu parlais, quelque part.
Je sens aussi maman.
Pas toi ?
C'est moi, dans la Marine.
Tu étais général ?
Non, c'est quand j'étais
dans un orchestre.
Un orchestre étudiant.
C'est toi. J'aime cette photo.
Regarde !
C'est dingue.
C'est bizarre
quand il y a l'eau entre...
et qu'elle se change
en rien...
Oui. C'est une superbe photo.
Et voilà ma maman.
Ta grand-mère.
J'ai l'impression
que tout a changé si vite
entre nous
depuis l'arrivée de Travis.
Qu'est-ce qui a changé ?
J'ai peur.
Peur de Travis ?
De ce qui nous arrivera
si nous perdons Hunter.
Nous ne le perdrons pas.
Alors pourquoi
les rapproches-tu ?
On dirait que tu veux
qu'il s'en aille.
Tu sais de quoi je parle.
Tu pousses ce numéro
de père et fils entre eux...
Ce n'est pas un numéro !
Travis est un père !
Hunter est son fils !
Nous l'avons toujours su.
Travis se trouve être
mon frère.
Je sais.
Alors pourquoi dire
que je le pousse ?
Pour continuer
à nous prétendre
les parents du fils
de mon frère ?
Tu crois que Hunter marchera ?
Je n'ai jamais prétendu !
Je l'aime comme s'il était
ma chair et mon sang.
Moi aussi.
Tu ne dors pas beaucoup.
Je dois te dire quelque chose.
Je ne voulais pas,
ça arrangerait tout
que personne ne le sache.
Je ne l'ai même pas dit
à Walt ni à Hunter.
Quand Hunter est venu
habiter avec nous,
Jane appelait souvent
pour demander
de ses nouvelles.
Elle m'a fait promettre
de ne le dire à personne.
Elle demandait
de mes nouvelles ?
Oui, au début.
D'où appelait-elle ?
Des endroits, au Texas.
Quels endroits ?
Laisse-moi finir.
Après ce qui s'est passé
entre toi et Jane,
elle a décidé que Hunter
devait vivre avec nous.
Qu'elle ne pouvait plus
être une mère pour lui.
Elle avait cessé d'être
sa mère bien avant !
Je ne veux pas avoir
l'impression
de te cacher quoi que ce soit.
Elle était jeune.
Elle voulait quelque chose,
et je n'ai pas su
comprendre quoi.
Je ne mesurais pas la rage
que j'avais en moi.
Il y a un peu plus d'un an,
elle a cessé d'appeler.
Je n'ai plus
de nouvelles depuis.
Pas un mot.
Mais lors du dernier appel,
elle m'a demandé d'ouvrir
un compte pour Hunter.
Tout ce que je sais de Jane, c'est...
qu'elle va à la banque
le 5 de chaque mois
et envoie de l'argent
à Hunter.
Elle lui envoie de l'argent...
Parfois 100 dollars,
parfois cinquante, ou cinq.
Pour son avenir.
J'ai demandé l'origine
à la banque.
Ça vient d'une banque
à Houston.
Quelle banque ?
Je l'ai noté, si tu veux.
On est quel jour ?
Le premier novembre.
Vous serez surpris
les langes baissés !
C'est une promesse !
Je vous fais cette promesse
sur la tête de ma mère !
Notre Verte Déesse Terre,
comme tout individu
qui n'est pas né dans un égout
devrait savoir jusque
dans la moelle de ses os !
Ils vous envahiront
dans vos lits,
vous arracheront à vos saunas,
vous tireront hors de
vos belles voitures de sport !
Il n'y a nulle part,
absolument nulle part,
dans cette vallée
oubliée de Dieu.
Je parle de toute ma voix,
d'ici
jusque dans cette saleté
de désert Mojave
et plus loin,
bien au-delà de Barstow
et jusqu'en Arizona.
Aucun endroit ne s'appellera
Zone de Sécurité !
Il n'y aura pas
de Zone de Sécurité !
Je peux vous garantir
que la Zone de Sécurité
sera éliminée.
Effacée.
Vous serez tous déportés
dans la Terre sans Retour !
C'est une traversée
vers nulle part.
Et si vous croyez
que ce sera drôle,
une surprise vous attend.
Je suis peut-être
une larve visqueuse,
mais croyez-moi :
je sais de quoi je parle.
Je ne suis pas fou.
Et ne dites pas que
je ne vous ai pas avertis !
Je vous ai tous avertis !
Je croyais que tu avais
le vertige ?
Je n'ai pas le vertige,
j'ai peur de tomber.
Ne regarde pas vers le bas.
Dommage, les choses n'ont
pas le même aspect au sol.
C'est plus clair ici.
J'ai parlé
avec Anne hier soir.
Elle est assez troublée.
Je vais partir.
Je ne t'ai pas dit ça
pour te faire partir.
À quoi ça servira ?
Ça ne résoudra rien du tout.
Je ne sais pas.
Je vais trouver Jane.
Comment ?
Ça fait quatre ans !
Elle a disparu.
J'ai tout essayé
pour la retrouver.
Moi, je n'ai pas essayé.
Je peux la trouver.
Qu'en sais-tu ?
Je le sais.
On peut descendre ?
Dis-moi ce qui est arrivé !
J'en ai marre
de ce mystère à la con.
Je te traite
comme un enfant gâté
depuis que je t'ai ramassé.
Dis-moi ce qui s'est passé
entre toi et Jane !
Je sais,
ça ne me regarde pas.
Je vais avoir besoin
d'argent, de cartes de crédit.
Pas de problème.
Je te les rendrai.
Je veux la trouver !
C'est ta voiture ?
Hyper !
Ce n'est pas mauvais.
Anne m'en donne
tous les jours.
La Vache qui rit.
C'est collant.
C'est bon.
Où tu es allé tout ce temps ?
Au Mexique.
Pourquoi ?
Je n'avais nulle part
où aller.
Et maman ?
Je ne sais pas.
Maintenant,
elle est à Houston.
Là où il y a
le Centre Spatial !
C'est de ça
que je voulais te parler.
Je dois partir.
Je vais la retrouver.
Tu viens de me retrouver,
moi ! Je peux venir ?
Mais Walt et Anne ?
Parce qu'on ne reviendrait
jamais ?
Je ne sais pas quand.
Je veux venir.
Je veux aussi la trouver.
On part quand ?
Tout de suite.
On doit d'abord
faire des achats.
Il faut des vestes,
des T-shirts,
des brosses à dents, tout ça.
Et peut-être
des walkies-talkies.
On ne sait jamais.
Tu sais ?
Toute la galaxie,
tout l'univers
étaient comprimés
en un point grand comme ça.
Tu sais ce qui est arrivé ?
Ça a explosé.
Les étincelles sont parties
dans tous les sens.
Alors l'espace s'est formé.
Il n'y avait que du gaz
qui flottait.
La Terre ?
Oui. La Terre était
vraiment du gaz.
Et le Soleil s'est formé
et il était si chaud
que la Terre est devenue
une grosse boule dure...
d'océan. Rien que l'océan.
Il y avait des animaux marins.
Puis sous l'eau
les volcans ont éclaté.
La lave chaude a frappé l'eau
et a formé la pierre,
pour créer les terres.
Tu sais appeler en PCV ?
Tu dis à l'opératrice
que tu...
Je sais appeler en PCV.
Alors, appelle Walt et Anne.
Pourquoi ?
Pour qu'ils
ne s'inquiètent pas,
qu'ils sachent où tu es.
Qu'est-ce que je dis ?
Dis-leur la vérité.
Que tu es avec moi
et que nous allons au Texas.
Ils vont flipper.
Je sais.
Mais tu t'en sortiras.
Pourquoi pas toi ?
Je ne peux pas.
Il faut que ce soit toi.
Hunter, où es-tu ?
Tu as vu l'heure ?
Je te cherche partout.
Hunter, écoute-moi.
Où es-tu exactement ?
Comment,
tu es à San Bernardino ?
Laisse-moi lui parler !
Tu vas bien ?
Qu'est-ce que tu fais ?
Avec Travis ?
Où allez-vous ?
Dis-moi où tu es,
exactement.
Elle s'appelle comment ?
Dis à Travis
de faire demi-tour
et de revenir tout de suite.
Tu as compris ?
Passe-le-moi.
Qu'est-ce que je fais ?
Raccroche !
Faut que j'y aille, maman.
Ils ont flippé ?
Elle, oui.
Tu ne regrettes pas
d'être venu ?
Tu peux rentrer
n'importe quand.
Tu n'as qu'à me dire.
Je ne veux pas rentrer.
Je sais.
Mais si tu changes d'avis.
J'ai l'habitude
de l'appeler maman.
Elle avait l'air si triste.
Je sais.
Comment sera maman,
maintenant ?
Je ne sais pas.
Tu te souviens d'elle ?
Pas vraiment.
Seulement par ce petit film.
Nous avions l'air heureux.
Garde ça.
Bonne nuit.
Si un type pose un bébé
et voyage
une heure à la vitesse
de la lumière...
S'il voyage à la vitesse
de la lumière
et qu'il revienne
une heure après
il aurait une heure de plus
mais le bébé serait
un très vieil homme.
Il irait à Houston
en combien de temps ?
Dans les trois secondes.
Je n'ai pas entendu la fin.
Il lui faudrait trois secondes
pour aller de Californie
à Houston
à la vitesse de la lumière.
C'est Houston ?
Comment la trouver
dans une si grande ville ?
Je sais où elle sera.
Elle va déposer de l'argent
dans une banque demain.
C'est une drôle de banque !
On dirait un drive-in.
Je n'en ai jamais vu comme ça.
Moi non plus.
Il y aura tant de voitures
qu'on ne la trouvera jamais.
Mais si. Allons !
On se sépare,
pour tout couvrir.
Les walkies-talkies
vont nous servir.
C'est une idée !
Je te dépose là.
Tu m'entends, papa ?
Parfaitement.
Hunter en position un,
terminé.
Travis en position deux.
C'est couvert.
Je t'ai dit,
ce ne sont pas des jouets.
Papa, elle sort de la banque !
Amène-toi !
Papa, tu m'entends ?
Elle part de la banque !
Réveille-toi !
J'arrive.
Elle est partie par là !
Dans quelle direction ?
C'est elle, tu es sûr ?
Tu l'as vraiment bien vue ?
C'était elle, j'en suis sûr.
Cette casserole
ne va pas plus vite ?
Il y a dix mille voitures.
Laquelle est-ce ?
Plus vite, papa.
Elle était de quelle couleur ?
Rouge ?
Oui, une Chevrolet rouge.
Tu ne vois rien ?
Je ne l'ai pas vue.
Tu dois m'aider.
Tu la vois ?
Non, pas encore.
Je la vois !
Dans cette file !
- Celle de droite !
- Ça va, je la vois.
C'est elle ? Tu peux voir ?
Il y a deux voitures rouges.
C'est laquelle ?
Celle de droite... de gauche.
Celle de gauche.
C'est celle-là, tu es sûr ?
J'espère.
Si on se trompe, on va devoir
attendre un mois !
J'aurai huit ans.
Tu auras quoi ?
J'aurai huit ans.
Rapprochons-nous.
Si on faisait signe ?
Non, pas trop près,
on pourrait lui faire peur.
Elle aurait un accident.
Je me demande où elle va.
Peut-être au travail.
C'est possible.
Une voiture de fille.
C'est la sienne ?
Possible. Remonte,
je te dirai mon plan.
Monte les vitres,
ferme les portières,
et si on te parle, papa est
à l'intérieur, il revient.
Ça va ?
Sergent Jojo,
on vous demande cabine 22.
Les filles d'ici
voient tellement de types
qu'elles vivent seules.
Mais c'est dur,
dans cette ville.
Il y a beaucoup de violence.
De viols, de meurtres...
Nurse Bibs,
on vous appelle cabine 7.
- Encore ?
- Beaucoup de malades...
Un peu de rock'n'roll.
Ça va ?
Vous faites erreur.
Il est trop tôt,
les filles sont en bas.
Qui voulez-vous ?
Je veux voir une blonde.
Petite, cheveux plats,
dans les 25 ans.
Elle descend. Ne quittez pas.
Oh, mon Dieu.
J'ai travaillé dans 23
des 24 cabines de cette boîte.
Avec "Piscine", ça fait 24.
Qu'est-ce que je peux
pour toi ?
J'ai une idée :
du water-polo ?
Dis à nurse Bibs où
ça fait mal, je te guérirai.
Pourquoi vous ne me
regardez pas ?
Je te regarde !
Je suis par-là !
Vous ne me voyez pas ?
Si je te voyais, chéri,
je ne bosserais pas ici.
Que voyez-vous ?
Je vois ce que tu vois :
nurse Bibs...
Nurse Bibs
et un cheval gonflable.
Tu es là ?
Si ta lampe est allumée,
c'est que tu dois être là.
Ça ne fait rien
si tu ne veux pas parler.
Moi aussi, ça m'arrive.
Des fois, j'aime ne rien dire.
Je peux m'asseoir ?
Ça vous ne vous dérange pas
si je m'assois ?
Merci.
Mes jambes se fatiguent
à rester debout.
C'est ta première visite ?
Tout ça doit te paraître
assez bizarre, non ?
Tu sais que je ne te vois pas,
même si tu me vois.
Il faut le temps
de s'habituer.
Je regarde bien
ton visage, là ?
Ça ne fait rien.
Si tu veux parler
de quelque chose,
je vais écouter, d'accord ?
J'écoute vraiment bien.
Je peux faire
quelque chose pour toi ?
Je peux enlever mon pull ?
J'enlève mon pull.
S'il vous plaît ! Gardez-le !
Pardon.
C'est que je ne sais pas bien
ce que tu veux.
Je ne veux rien.
Pourquoi es-tu venu ici,
alors ?
Je veux vous parler.
Tu veux me dire
quelque chose ?
Tu peux parler,
je sais garder un secret.
C'est tout ce que vous
faites... vous parlez ?
Oui, surtout ça.
Et j'écoute.
Et quoi d'autre ?
Pourquoi vous riez ?
Pardon.
Que faites-vous d'autre ?
En fait, rien.
Nous n'avons pas le droit
de voir les clients.
Où les voyez-vous ?
Vous rentrez avec eux ?
Pas du tout.
Nous n'avons pas de rapports
avec les clients
à l'extérieur.
Mais vous pouvez,
si vous voulez ?
On dit la même chose
dans toutes ces boîtes.
Vous vous faites
combien de fric en plus ?
Je regrette.
Vous vouliez parler
à une autre fille.
Je vais voir
si j'en trouve une.
Ne partez pas !
Je ne crois pas
être la fille qu'il vous faut.
Ne partez pas ! Je m'excuse.
Ce n'est rien.
Je sais comme c'est difficile
de parler à un inconnu.
Détendez-vous.
Et dites-moi à quoi
vous pensez.
Je vous écouterai.
J'aime bien écouter.
J'écoute tout le temps.
Elle était là, hein ?
Qu'est-ce que c'est ?
Un terrain nu.
Je l'ai acheté quand on vivait
avec ta maman.
Je me disais qu'un jour,
on y habiterait.
Paris...
Texas.
Où est-ce ?
Près de la Rivière rouge.
Ça te plaît ?
On vivait sur la terre nue ?
Pourquoi tu bois ça ? Ça pue !
Où vas-tu ?
À la camionnette.
Un autre, s'il vous plaît.
Ce n'est pas un endroit
où amener une femme de luxe.
Si tu avais une femme de luxe,
tu l'amènerais ici ?
C'est quoi,
une femme de luxe ?
Ma mère...
pas ta mère,
mais ma mère,
n'était pas une femme de luxe.
Elle n'a jamais voulu se faire
passer pour une femme de luxe.
Qu'est-ce qu'elle était ?
Elle était... simple.
Simple et bonne.
Elle était très bonne.
Mais papa...
il avait une idée...
Il avait dans la tête
une idée qui était...
comme une maladie.
Quelle idée ?
Cette idée à son sujet...
Il la regardait
mais il ne la voyait pas.
Il voyait cette idée.
Il disait aux gens
qu'elle était de Paris.
C'était une blague.
Mais il la répétait
à tout le monde,
et ça a cessé d'en être une.
Il s'est mis à y croire.
Il y a vraiment cru.
Et elle...
Elle était tellement gênée.
Tellement timide.
À gauche.
Hunter, c'est moi.
J'aurais peur de ne pas
pouvoir te dire en face
les mots justes
alors, j'essaie de cette façon.
Quand je t'ai vu, cette fois,
chez Walt,
j'ai espéré des tas de choses.
J'espérais te montrer
que j'étais ton père.
Tu m'as montré que je le suis.
Mais mon plus grand espoir
ne peut pas se réaliser.
Je le sais maintenant.
Ta place est avec ta mère.
Ta place est avec ta mère.
C'est moi qui vous ai séparés.
Et c'est à moi
de vous réunir à nouveau.
Mais je ne peux pas rester
avec vous.
Je ne pourrai jamais
guérir la blessure.
C'est ainsi.
Je me rappelle à peine
ce qui est arrivé.
C'est comme un blanc.
Mais ça m'a laissé si seul
que je n'en suis pas remis.
En cet instant,
j'ai peur.
J'ai peur
de m'en aller à nouveau.
Peur de ce que
je pourrais découvrir.
Mais j'ai encore plus peur
de ne pas affronter
cette peur.
Je t'aime, Hunter.
Je t'aime plus que ma vie.
Je peux vous dire
quelque chose ?
Tout ce que tu veux.
C'est plutôt long.
J'ai tout le temps.
J'ai connu ces gens...
Ils étaient deux.
Ils s'aimaient.
La fille était...
très jeune,
dix-sept ou dix-huit ans.
Et l'homme était...
pas mal plus âgé.
Il était fruste et sauvage.
Et elle était très belle.
À eux deux, ils transformaient
tout en une aventure,
et elle aimait ça.
Rien qu'aller à l'épicerie,
c'était
plein d'aventure.
Ils riaient de choses idiotes.
Il aimait la faire rire.
Ils se moquaient du reste,
parce qu'ils ne voulaient
qu'une chose, être ensemble.
Ils étaient toujours ensemble.
Ils devaient être
très heureux.
Ils l'étaient.
Vraiment heureux.
Il l'aimait plus
qu'il n'aurait cru possible.
Il ne supportait pas
d'être loin d'elle,
quand il travaillait.
Alors, il s'en allait.
Pour être avec elle.
Il trouvait un autre travail
si l'argent manquait,
puis il le lâchait de nouveau.
Mais bientôt, elle a commencé
à s'inquiéter.
Pour l'argent, sans doute.
Ne pas en avoir assez.
Ne pas savoir
quand le chèque arriverait.
Je connais ça.
Et il s'est mis à être...
déchiré en dedans.
Comment ça ?
Il devait travailler
pour la faire vivre,
mais il ne supportait pas
d'être loin d'elle.
Plus il était loin d'elle,
plus il devenait fou.
Mais là, il est devenu
vraiment fou.
Il s'est mis à imaginer
des choses.
Quelles choses ?
À se dire qu'elle voyait
d'autres hommes
derrière son dos.
Il rentrait du travail
et l'accusait
d'avoir passé la journée
avec un autre.
Il hurlait, cassait tout
dans la caravane.
La caravane ?
Ils vivaient
dans une caravane.
Pardon, vous n'êtes pas
venu me voir l'autre jour ?
Sans être indiscrète.
Je croyais reconnaître
votre voix.
Ce n'était pas moi.
Continuez...
Il s'est mis à boire
sérieusement.
Il rentrait ***,
pour la mettre à l'épreuve.
Comment,
la mettre à l'épreuve ?
Voir si elle serait jalouse.
Il voulait la rendre jalouse,
mais elle ne l'était pas.
Elle s'inquiétait pour lui,
mais ça le rendait furieux.
Il pensait
qu'elle ne tenait pas à lui.
La jalousie aurait été
un signe qu'elle l'aimait.
Alors, un soir...
Un soir elle lui a dit
qu'elle était enceinte.
Au troisième ou quatrième mois,
et il ne le savait même pas.
Alors, soudain tout a changé.
Il a arrêté de boire,
il a trouvé un travail fixe.
Il était convaincu
qu'elle l'aimait,
parce qu'elle portait
son enfant.
Il allait se consacrer
à lui donner un foyer.
Mais il est arrivé
une chose étrange.
D'abord, il n'a rien remarqué.
C'est elle qui s'est mise
à changer.
Dès la naissance du bébé,
tout autour d'elle l'irritait.
Tout la mettait en colère.
Même le bébé
lui paraissait une injustice.
Il s'efforçait
de tout arranger pour elle.
Il lui faisait des cadeaux.
Il l'emmenait dîner,
toutes les semaines.
Mais rien ne pouvait
la satisfaire.
Pendant deux ans,
il s'est débattu
pour retrouver
ce qu'ils étaient
à leur rencontre,
mais il a fini par comprendre
que c'était impossible.
Alors, il s'est remis à boire.
Mais cette fois,
ça s'est envenimé.
Quand il rentrait ***,
le soir,
elle n'était pas inquiète,
ni jalouse,
elle était enragée.
Elle l'accusait
de l'avoir séquestrée
en lui faisant avoir
un enfant.
Elle lui disait
qu'elle rêvait de s'enfuir.
Elle ne rêvait que de ça :
s'enfuir.
Elle se voyait courir nue,
la nuit, sur une route,
courir à travers champs,
à travers des lits de rivières,
toujours courir.
Et toujours, quand elle allait
arriver à s'évader,
il était là.
Qui l'arrêtait.
Il apparaissait et l'arrêtait.
Quand elle lui racontait
ces rêves, il la croyait.
Il savait
que s'il ne l'arrêtait pas,
elle s'enfuirait.
Il lui a attaché une clochette
à la cheville
pour l'entendre si elle
essayait de se lever la nuit.
Elle a appris à étouffer
le son avec une chaussette
et à s'éloigner tout doucement
dans la nuit.
Une nuit, la chaussette
est tombée
alors qu'elle courait
vers la route.
Il l'a rattrapée, ramenée
et attachée au four
avec sa ceinture.
Il l'a laissée là,
il est retourné se coucher
et l'a écoutée crier, allongé.
Puis il a écouté
son fils crier
et s'est étonné
de ne plus rien ressentir.
Tout ce qu'il voulait,
c'était dormir.
Et pour la première fois,
il a souhaité être très loin.
Perdu dans un vaste
et profond pays
où personne ne le connaîtrait.
Un endroit sans langage
et sans rues.
Il a rêvé de cet endroit
sans en savoir le nom.
Quand il s'est réveillé,
il était en feu.
Des flammes bleues
brûlaient les draps du lit.
Il a couru
à travers les flammes
vers les deux seuls êtres
qu'il aimait...
mais ils étaient partis.
Ses bras étaient en feu.
Il s'est jeté au dehors,
a roulé sur le sol humide.
Et puis il a couru.
Il ne s'est pas retourné
vers le feu.
Il a couru.
Il a couru
jusqu'au lever du soleil,
jusqu'à ce qu'il ne puisse
plus courir.
Et quand le soleil
s'est couché,
il a de nouveau couru.
Pendant cinq jours
il a couru ainsi
jusqu'à ce que
toute trace de l'homme
ait disparu.
Si tu éteins la lumière
là-dedans,
tu pourras me voir ?
Je ne sais pas.
Je n'ai jamais essayé.
Tu me vois ?
Tu me reconnais ?
J'ai amené Hunter avec moi.
Tu ne veux pas le voir ?
Je voulais le voir si fort
que je n'osais plus l'imaginer.
Anne m'envoyait
des photos de lui,
à la fin,
je lui ai dit d'arrêter.
Je ne supportais pas
la douleur de le voir grandir
sans être là.
Pourquoi ne l'as-tu
pas gardé avec toi ?
Je ne pouvais pas.
Je n'avais pas
ce dont il avait besoin.
Je ne voulais pas l'utiliser
pour combler le vide de ma vie.
Il a besoin de toi maintenant.
Et il veut te voir.
Il veut... ?
Il t'attend.
En ville.
Dans un hôtel.
Le Meridien.
Chambre 1520.
1520.
Tu ne t'en vas pas ?
Je ne peux pas te voir, Jane.
Ne t'en va pas encore.
Je te tenais
de longs discours,
après ton départ.
Je te parlais tout le temps,
même si j'étais seule.
J'ai marché en te parlant,
pendant des mois.
Maintenant
je ne sais plus quoi dire.
C'était plus facile
quand je t'imaginais.
J'imaginais même
que tu me répondais.
Nous avions
de longues conversations,
tous les deux.
C'était presque
comme si tu étais là.
Je pouvais t'entendre,
te voir, sentir ton odeur.
J'entendais ta voix.
Parfois ta voix me réveillait.
Au milieu de la nuit,
comme si tu étais
dans la chambre avec moi.
Et puis...
ça s'est lentement dissipé.
Je ne pouvais plus t'imaginer.
J'ai essayé de te parler
à haute voix, comme avant,
mais il n'y avait rien.
Je ne t'entendais plus.
Et alors...
j'ai renoncé.
Tout s'est arrêté.
Tu...
as simplement disparu.
Maintenant, je travaille ici.
J'entends ta voix
tout le temps.
Chaque homme
a ta voix.
Je vais dire à Hunter
que tu arrives.
J'y serai.
Chambre...
1520.
Tes cheveux.
Ils sont mouillés.
Adaptation :
B. Eisenschitz
Sous-titrage :
TITRA FILM Paris