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En 1945, la génération chérie
de l'Amérique rentra au pays.
Les drapeaux de la liberté flottent
au-dessus de l'Europe.
L'Allemagne avait été vaincue
et le Japon s'était rendu
trois mois plus ***.
Le monde exulte.
Les hommes étaient de retour.
Parmi eux, des stars du baseball.
Musial. DiMaggio. Williams.
La vie pouvait reprendre son cours.
- Qui est en 1re ?
- Et en 2e ?
- Qui est en 2e ?
- Et en 1re ?
- Aucune idée.
- 3e base.
Le baseball était la preuve
que la démocratie était réelle.
Quoi de plus démocratique
qu'une grille de résultats ?
Elle n'indique pas votre taille,
votre religion,
votre bord politique
ou votre couleur de peau.
Seulement la qualité de votre jeu.
Bravo ! Home run !
Le public n'a jamais douté.
Les Noirs américains avaient
vaillamment servi leur pays.
Eux qui s'étaient battus
pour libérer le monde
de la tyrannie retrouvaient
le racisme et les lois Jim Crow.
Lois Jim Crow Maintenues
La ségrégation était en vigueur
et nul secteur ne s'y conformait
plus scrupuleusement
que le baseball professionnel.
La route s'annonçait longue.
PAS DE NOIRS
DANS NOS ÉCOLES
Les Noirs américains
ne rêvaient pas
d'intégrer les Yankees,
mais des équipes de
la *** League, comme les Monarchs,
dont le style de jeu contrastait avec
celui des équipes de ligues majeures.
En 1946,
la Ligue majeure comptait 16 équipes,
soit au total 400 joueurs.
Tous ces joueurs étaient blancs.
Jusqu'à l'ouverture de la saison 47,
où ce nombre passa à 399...
plus un.
CE FILM S'INSPIRE
D'UNE HISTOIRE VRAIE.
BROOKLYN, NEW YORK
PRINTEMPS 1945
CLUB DE BASEBALL
Messieurs, j'ai un projet.
C'est bien, M. Rickey.
Vous en avez toujours un.
Ma femme dit
que je suis trop vieux.
Que ma santé
n'est pas assez bonne.
Mon fils pense que...
Je me mettrai le monde
du baseball à dos.
Mais je vais le faire.
Faire quoi, M. Rickey ?
Je vais intégrer un joueur noir
aux Brooklyn Dodgers.
Sauf votre respect,
auriez-vous perdu l'esprit ?
Pensez au...
Pensez au lynchage
dont vous ferez l'objet
dans la presse
sans parler de ce que ça remuera
dans Flatbush !
Je vous en prie, M. Rickey.
Asseyez-vous, Harold.
Aucune loi ne l'interdit, Clyde.
En effet.
Mais il y a un code.
Enfreignez la loi en toute impunité,
vous passez pour un malin.
Enfreignez une loi tacite,
vous êtes mis au ban.
Alors soit.
New York regorge de fans noirs.
Les dollars ne sont pas noirs
ou blancs, ils sont verts.
Chaque dollar est vert.
J'ignore qui il est
et où il se trouve,
mais il arrive.
BIRMINGHAM, ALABAMA
ÉTÉ 1945
Hé, le coureur !
Où as-tu appris à bouger
comme ça ? Au bal ?
Reste tranquille !
Allez !
Balle !
Sauf !
Receveur !
Tu comptes lancer pour de vrai ?
C'est à moi que tu parles ?
T'as le bras faible.
Finis le tour.
Tu verras si j'ai le bras faible.
Ça marche.
J'arrive.
Il sort d'où ton arrêt-court ?
De Californie.
Il ferait bien de la fermer.
Sauf !
AUTOROUTE 24, MISSOURI
24 AOÛT 1945
Pourparlers autour de l'offre
de reddition du Japon.
Washington, Londres, Moscou
et Chongking
sont en pleine réflexion.
Lorsque leur décision
sera communiquée à Tokyo...
- Le plein ?
- Oui, monsieur.
- Vous jouez à l'extérieur ?
- À Chicago.
Chicago ?
- Vous voyez du pays.
- Ça, c'est sûr.
- Où est-ce que tu vas ?
- Aux toilettes.
Allons, petit gars.
Tu sais que t'as pas le droit.
Les cocas sont à 5 ¢.
Raccrochez le tuyau.
- Robinson.
- Quoi ?
J'ai dit, raccrochez le tuyau.
On prendra nos 375 litres
d'essence ailleurs.
C'est bon, vas-y.
Vas-y, je te dis !
Roy Campanella.
Excellent joueur. Mais trop gentil.
Ils n'en feront qu'une bouchée.
D'accord.
Pardon. Désolé.
- Satchel Paige.
- Trop vieux.
Il doit avoir un avenir,
pas un passé.
RAPPORT DE RECRUTEMENT
Voilà.
Jack Roosevelt Robinson.
Il pratiquait 4 sports à UCLA.
Il a donc joué avec des Blancs.
Il fait partie
des Kansas City Monarchs.
26 ans. Moyenne à la batte, .350.
Méthodiste.
Ex-officier.
Il est passé en cour martiale.
C'est un fauteur de troubles.
Il se querelle avec les arbitres.
On le dit colérique.
Que lui reprochait-on ?
Il a refusé de s'asseoir au fond
d'un bus militaire au Texas.
Le chauffeur lui avait dit de reculer.
La police militaire a dû intervenir.
Vous voyez ?
Je vois qu'il ne supporte pas
la ségrégation.
S'il était blanc,
on dirait qu'il a de la volonté.
Il est méthodiste.
Je suis méthodiste.
Dieu est méthodiste.
On ne peut pas se tromper.
Trouvez-le.
Amenez-le ici.
Bonjour, messieurs.
Je cherche votre arrêt-court.
Jackie Robinson ?
Qui êtes-vous ?
M. Rickey.
De quoi s'agit-il ?
Il s'agit de baseball, Jackie.
De démarrer au printemps
dans notre club affilié de Montréal.
Si l'expérience est concluante,
on vous fera venir ici,
chez les Dodgers.
Les Brooklyn Dodgers blancs.
Je vous verserai 600 $ par mois.
Plus une prime de 3 500 $
à la signature du contrat.
Ça vous irait ?
- Oui, mais...
- Il y a néanmoins une condition.
Vous êtes un excellent batteur.
Vous savez lire un lancer.
La question est :
savez-vous contrôler votre colère ?
Ma colère ?
Oui, votre colère !
Vous êtes sourd ?
Un Noir qui joue chez les Blancs,
vous imaginez la réaction ?
Les critiques ?
Les Dodgers s'arrêtent à l'hôtel.
Un bon hôtel.
Le trajet vous a exténué.
Le réceptionniste refuse
de vous enregistrer.
"On n'a pas de place pour toi.
Pas même dans l'abri à charbon."
L'équipe va déjeuner et le serveur
refuse de prendre ta commande.
"T'as pas vu la pancarte ?
On n'accepte pas les nègres."
Qu'allez-vous faire ? Resquiller ?
Gâcher tous mes projets ?
Réponds-moi, saleté de Noir !
Vous voulez un type qui n'aura pas
le cran de se défendre ?
Non.
Non.
Je veux un joueur qui aura le cran
de ne pas se défendre.
Les gens ne vont pas aimer ça.
Ils feront tout pour vous faire sortir
de vos gonds.
Répondez à l'insulte par l'insulte,
ils n'entendront que la vôtre.
Rendez un coup et ils diront :
"Le Noir a perdu son sang-froid."
"Le Noir n'est pas à sa place."
L'ennemi sera puissant
et vous ne pouvez l'affronter
sur son propre terrain.
On gagnera en frappant,
courant, lançant. Rien d'autre.
On ne gagnera que si le monde est
persuadé de deux choses :
que vous êtes un homme bien
et un excellent joueur de baseball.
Tel notre Sauveur,
vous devrez avoir le cran
de tendre l'autre joue.
En serez-vous capable ?
Donnez-moi un maillot,
collez-moi un numéro
dans le dos,
je vous donnerai du cran.
Rae...
Jack.
Je suis à Brooklyn.
Brooklyn ? Pour quoi faire ?
Je ne veux pas te le dire
au téléphone.
En fait, je n'ai pas le droit
d'en parler.
Que se passe-t-il ?
Tu ne devais pas jouer à Chicago ?
On a été mis à l'épreuve, toi et moi.
On a toujours fait ce qu'il fallait.
Toujours.
Je gagne ma vie,
tu as terminé tes études.
On ne doit rien à personne.
Seulement à nous.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Dis-moi ce qui passe.
Veux-tu m'épouser ?
Absolument.
Oui !
Quand ?
Maintenant, ça t'irait ?
Ma mère avait l'air heureuse ?
Oui. Tu sais que ta mère m'adore.
Ma grand-mère avait l'air heureuse ?
Oui.
Et mon frère ?
Ton frère ?
Tout le monde avait l'air heureux.
Je n'avais jamais vu tant de joie.
Jack Robinson avait l'air heureux ?
Et si je ne te rendais pas heureux ?
Trop ***.
Tu me rends déjà heureux.
C'est toi et moi à présent.
Pour toujours.
Jack. Le monde nous attend.
Le monde peut bien attendre
une nuit de plus.
Viendrez-vous, Mme Robinson ?
Je vous suivrais n'importe où,
M. Robinson.
Bien.
Bien.
NOUVELLE-ORLÉANS
AÉROPORT DE LAKEFRONT
Décollage pour Pensacola dans 1 h.
"Décollage pour Pensacola
dans 1 h."
Ça va ?
Je n'en avais encore jamais vu.
RÉSERVÉ AUX BLANCS
Oui, on n'est plus à Pasadena.
Rae ?
Rae ?
Rae !
C'est pas vrai.
Nous devons alléger l'avion.
La météo est mauvaise à l'est.
Un avion trop lourd,
c'est dangereux.
Il faut que quelqu'un annule.
Je fais partie de la franchise
des Brooklyn Dodgers.
Je dois aller à Daytona.
Je commence l'entraînement
demain matin.
Nous ferons de notre mieux,
mais ce sera peut-être dans 48 h.
- Jack.
- Par ici.
Vous avez cédé nos sièges ?
Retrouvez-nous des places.
Retrouvez-nous des places
tout de suite.
Voulez-vous appeler le shérif
ou je m'en charge ?
DAYTONA BEACH, FLORIDE
LE LENDEMAIN
Attention à la marche.
Le voilà.
Écartez-vous,
on va décharger les bagages.
Jackie Robinson.
Wendell Smith.
Pittsburgh Courier.
Un journaliste ?
C'est M. Rickey qui m'envoie.
Je serai votre biographe.
Mon quoi ?
Votre chroniqueur.
Votre assistant.
Et même votre chauffeur.
Mme Robinson.
Rachel.
Vous avez l'air éreintés.
Vous avez une auto ?
Brooklyn joue dans le centre.
Montréal, à quelques pâtés d'ici.
Nous sommes
chez Joe et Duff Harris.
Joe fait beaucoup pour l'image
des Noirs dans le coin.
M. Rickey a tout arrangé lui-même.
"Si les Robinson ne peuvent pas
vivre à l'hôtel,
"il leur faut une adresse
qui représente quelque chose."
Vous partirez quelques jours
en fin de semaine,
quand la franchise ira à Sanford.
C'est à 45 minutes d'ici.
Rachel, vous resterez.
Ce sera votre domicile
quand Jackie se déplacera.
Où vivent les autres épouses ?
Bienvenue à Daytona Beach.
- Il n'y en a pas.
- Vous devez être Jackie.
M. Rickey n'a autorisé que vous
à l'entraînement.
- Merci.
- Après vous.
Allez, Skip.
On y va, les gars !
Je l'ai !
Sacré rebond. T'as eu le rebond !
L'entraînement de printemps.
Ou comment accorder ses violons.
Bon !
Continuez de faire semblant
de savoir jouer.
- Bonjour, Leo.
- Bonjour, M. Rickey.
Alors ?
Ils sont rouillés,
mais on va huiler tout ça très vite.
Premier jour d'entraînement.
Nos lecteurs voudront savoir
ce que vous ressentez.
Ça va.
Pas terrible comme accroche.
C'est tout ce que j'ai.
Écoutez, Jack,
pour l'heure, ce n'est que moi.
Un jour, ce sera le New York Times
et le Sporting News.
- Vous devriez y réfléchir.
- Je répondrai à leurs questions.
J'en ai une pour vous.
Et si un lanceur blanc
s'en prend à vous ?
Ils vont vous asticoter.
Il faut vous y préparer.
Écoutez.
Quand...
Quand vous êtes sur le marbre,
il vaut mieux voir la balle arriver ?
C'est pareil avec ces questions.
Jackie ! Pensez-vous pouvoir
vous entendre avec ces Blancs ?
Je n'ai jamais eu de problèmes
à l'armée ou à UCLA.
Que ferez-vous
si un lanceur vous vise ?
Oui, Jack ?
- J'esquiverai.
- Elle est bonne.
Quel est votre poste habituel ?
Je joue arrêt-court.
Vous convoitez la place
de Pee Wee Reese ?
Reese joue à Brooklyn.
Je suis toujours à l'essai
à Montréal.
Jack ! C'est politique ?
C'est un gagne-pain.
"C'est un gagne-pain."
Vous avez entendu ?
Il plaisante.
Bon courage, Hop.
Clay, Jackie Robinson.
Jackie, voici Clay Hopper,
manager des Royals de Montréal.
Jack. Appelle-moi Hop.
Aujourd'hui, c'est calme.
On se lance la balle, on frappe.
T'as qu'à aller échanger
quelques balles avec ces gars-là.
Jorgensen, approche !
Vous ne le mettez pas
en arrêt-court ?
Il n'est pas mauvais en dégagement,
mais son bras est faible.
Je le vois plus en 2e base.
Je suis d'accord.
Clay,
arrangez-vous pour que les autres
soient courtois.
Qu'ils le traitent
comme n'importe quel autre joueur.
Soyez naturels,
travaillez en harmonie.
Il a tourné un double jeu !
C'était presque surhumain.
"Surhumain" ?
Ne vous emballez pas, M. Rickey.
Ça reste un nègre.
Prenez une batte.
Qui veut commencer ?
Beau boulot, les gars !
Je réalise que cette attitude relève
d'un héritage culturel.
Vous avez pratiquement été élevé
pour être raciste,
aussi je vais laisser passer.
Mais sachez une chose.
Vous entraînerez Robinson
de façon juste et correcte
ou vous vous retrouverez
sans emploi.
Bien, monsieur.
On y va, allez !
Bien joué, Jackie.
Regardez qui voilà.
Jackie, je suis M. Brock.
Bienvenue à Sanford.
Merci de nous héberger.
L'avenir appartient aux gens sensés.
- Wendell, c'est toujours un plaisir.
- Partagé.
Ma femme est en cuisine.
Vous savez
ce qu'elle m'a demandé ce matin ?
Que sert-on à un héros ?
Je ne suis qu'un joueur
de baseball.
Oh, non.
Allez dire ça aux enfants noirs
de Floride qui jouent au baseball.
Pour eux, vous êtes un héros.
- Voilà, madame.
- Merci.
Tiens.
Cartes de score !
Demandez votre carte !
Demandez votre carte de score !
Ed ! Reste dans mon champ
de vision.
Mais j'ai 10 ans, maman !
Viens.
PERSONNES DE COULEUR
Bienvenue au match intra-ligue
opposant les Dodgers
à leur club affilié de Ligue mineure,
les Royals.
Bravo, Pee Wee !
À la batte pour les Royals,
le n° 9, Jackie Robinson.
Dégage !
Garde la tête haute, Jackie !
Dehors, sale nègre !
Jack a la peau dure. Ça va aller.
Et vous ?
Je m'en dégoterai une.
Sois fier, Jackie !
Le voilà.
Aussi noir que l'as de pique !
Hé, petit nègre !
Qu'est-ce que tu fais là ?
Home run, Jackie !
S'il Te plaît, Seigneur, aide Jackie à
montrer de quoi nous sommes capables.
- Pitié.
- Allez, Jackie Robinson !
Vas-y, Jackie !
Allez, Jackie.
Balle !
On te donne une chance !
Saisis-la !
Allez, Higbe ! Dégage-le !
Balle !
Dis-lui de lancer correctement !
Qu'il puisse frapper.
Allons, allons !
Il n'a pas peur de toi, Higbe !
Montre-lui, Jackie !
Balle !
Alors, le bleu ?
Tu frappes, oui ou non ?
Calme-toi, Higbe.
Reste dans la zone de prise.
4e balle !
T'es nul, Higbe !
C'est une base automatique.
On ne va pas se plaindre.
Bien joué, Jackie.
À la batte pour les Royals,
le n° 3, Spider Jorgensen.
Allez, Hig !
Oublie-le, Higbe,
on s'en occupe. Joue.
Lance ! Qu'est-ce que tu attends ?
Sauf !
Debout, Jack.
Première balle !
Ouais, Jackie !
Ouvre l'œil. Lis les signes.
- Il y va !
- Coureur !
Bougez-vous !
Élimine-le, Schultzy !
Allez !
- Et maintenant, hein ?
- Extérieur !
Grouille, Bragan ! Extérieur !
- Maintenant !
- Allez, Stanky !
Bien joué !
Tu connais pas les règles ?
Tu dois reculer quand je descends.
Tu t'expliqueras plus ***.
Concentre-toi sur le batteur !
Travaille le batteur ! Allez !
Laisse tomber le coureur, Higbe.
Dégage le batteur.
Temps mort !
Feinte irrégulière.
Le coureur finit le tour.
Salopard.
Il est venu pour tuer,
pas pour jouer.
Que s'est-il passé ?
Je n'ai rien compris.
Le lanceur a perdu la balle.
Feinte irrégulière. Jackie marque.
Mais il n'a rien fait.
Bien sûr que si.
Il a désarçonné l'autre joueur.
Il a... quoi ?
J'espère que Jackie dort.
Courir des heures après des balles
en plein soleil, moi, ça me tuerait.
- Comment sont-ils avec lui ?
- Corrects.
À ce que j'en vois.
Il y a des bonnes gens partout.
Même à Sanford.
Il est à l'intérieur ?
Qui cherchez-vous ?
Le nègre qui joue au baseball.
Il est à l'intérieur ?
Il dort.
Vous devriez repasser,
demain matin.
Je repasserai pas.
Mais d'autres vont débarquer.
Des types qui n'aiment pas
qu'un nègre dorme à Sanford
après avoir joué avec des Blancs.
- Écoutez-moi bien, monsieur.
- C'est vous qui allez écouter.
Vous feriez mieux de déguerpir.
Parce que s'ils viennent
et qu'il est toujours là,
il va avoir des problèmes.
Vous comprenez ?
Des problèmes.
Des gros, gros problèmes.
M. Brock.
Puis-je utiliser votre téléphone ?
Faites-lui quitter la ville.
Mettez-le dans l'auto et rentrez
immédiatement à Daytona Beach.
Oh, Wendell...
Ne lui révé*** surtout pas
la raison de ce départ.
Je ne veux pas
qu'il fasse sa tête de mule
et qu'il décide de leur tenir tête.
Il est où ?
Il est parti se resservir, je crois.
Hé, Jim.
Tu raccompagnes le gamin ?
Regardez ça.
Quoi ?
Qu'est-ce qu'il veut ?
Qu'est-ce qui vous prend ?
Un type est passé
pendant que vous dormiez.
Il a dit que d'autres viendraient.
Peut-être ceux-là.
M. Rickey m'a ordonné
de vous ramener à Daytona.
Il fallait me le dire.
M. Rickey pensait
que vous voudriez vous battre.
Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
Je croyais
que j'étais exclu de l'équipe.
Vous avez un curieux sens
de l'humour.
Deux ! Dégagez-le !
Sauf !
Ils n'arrivent pas à suivre, Jackie !
Bravo, mon garçon !
Faites sortir ce nègre !
Allez, Spider. Fais-le courir.
On le tient.
Quatre !
- Coupez pas !
- Il arrive !
Sauf !
Sors de ce terrain.
- Quoi ?
- Sors de ce terrain. Tout de suite.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est illégal.
Un nègre, ça joue pas
avec des Blancs.
Ou tu sors, ou c'est la prison.
Si vous utilisez ce machin,
visez bien.
On se calme.
Qu'est-ce qu'il a fait ?
Les Blancs et les bamboulas
se mélangent pas par ici.
Vous êtes pas dans le nord.
Ils doivent rester séparés.
C'est pas les Dodgers
qui vont changer ça.
Vous êtes d'où ?
De Greenwood, Mississippi.
Ça alors, vous devriez savoir
de quoi je parle.
Dites à votre négro de ficher
le camp.
Qu'as-tu fait ?
J'ai répondu :
"Bien, capitaine.
Je fiche le camp, je fiche le camp.
- "Je veux pas d'ennuis."
- Non !
Si, si, j'ai dit ça.
Et j'ai pris une *** froide.
On a perdu 2 à 1.
Bien, capitaine.
Je fiche le camp, je fiche le camp.
Oh, non. Je t'interdis de partir.
Jack.
Recule, Rae.
J'ai un truc à vous dire.
Quoi ?
J'espère que vous réussirez.
Et je suis loin d'être le seul.
Si un homme a du talent,
il mérite une chance. Point.
Madame.
Vous vouliez me voir ?
Ce gazon est magnifique.
Si seulement il poussait
comme ça à Brooklyn.
Oui.
J'aime l'odeur qu'il dégage
quand on le tond.
Moi aussi.
Jackie,
j'ai le plaisir
de vous annoncer
que vous intégrez les Royals.
Quand ils partiront mardi
ouvrir la saison à Jersey City,
vous serez à bord du train.
Je ne vous décevrai pas.
Je le sais.
Si ça ne vous ennuie pas,
j'aimerais aller le dire ma femme.
Transmettez-lui mes amitiés.
M. Rickey ?
Pourquoi vous faites ça ?
Je gagne ma vie grâce au baseball.
J'espère recruter d'autres Noirs
l'année prochaine
et ainsi monter une équipe capable
de gagner les World Series.
Or les World Series rapportent
beaucoup d'argent.
Vous me croyez ?
Ce que je crois
n'a pas d'importance.
Contrairement à ce que je fais.
Exact.
Par conséquent,
donner du fil à retordre à ces lanceurs
jusqu'à ce qu'ils craquent.
Courez autant qu'il vous plaira.
Ça ne paiera pas toujours,
mais qu'importe.
Ty Cobb a échoué
d'innombrables fois.
Courez entre ces bases
à en perdre haleine.
Faites-leur peur.
Oui, monsieur.
Le train pour Point North, Atlanta
est sur le point de partir.
Le train pour Point North, Atlanta
est sur le point de partir.
Le voilà.
En voiture !
Jeune homme.
Je l'entends toujours.
Je l'entends toujours !
OUVERTURE DE LA SAISON
DE LA LIGUE INTERNATIONALE
Place au jeu !
Voici à présent la formation
des Royals.
Premier batteur, Marv Rackley,
voltigeur de centre,
2e batteur, Jackie Robinson,
2e base,
3e batteur, George Shuba,
voltigeur gauche.
Ça va ?
Je me sens mal.
Excusez-moi.
Pop-corn !
Demandez votre pop-corn !
Tout va bien, trésor ?
J'ai mal au cœur.
Je ne sais pas pourquoi.
Merci.
À quand remontent
vos dernières règles ?
Vous êtes peut-être enceinte.
À la batte pour les Royals,
le n° 9, Jackie Robinson.
Vas-y, Jack !
Allez, Jackie.
Frappez-la.
Il est peut-être surhumain,
finalement.
Bravo.
Oh, Jack.
PASADENA, CALIFORNIE
8 MOIS PLUS ***
Mon père est parti.
Il nous a laissés en plan
à Cairo, en Géorgie.
Je n'avais
que 6 mois de plus que toi.
Je n'ai aucun souvenir de lui.
Ni bon, ni mauvais.
Aucun.
Toi, tu te souviendras de moi.
Je resterai auprès de toi
jusqu'à ma mort.
Bonjour, Leo.
Que faites-vous ?
Je joue au bowling.
Non, je randonne dans les Alpes.
Je dormais, M. Rickey.
Il fait encore nuit.
L'entraînement de printemps
au Panama approche.
J'aimerais connaître votre position
concernant Robinson.
Je n'en ai pas.
La Bible nous ordonne d'aimer
notre prochain à huit reprises.
C'est un des commandements
les plus récurrents.
Je ne connais pas bien la Bible.
Mais je suis allé à l'école.
Je ferais jouer un éléphant
et virerai mon propre frère
s'il peut nous faire gagner.
Et de moi, tu ferais quoi ?
Il s'agit d'argent.
Tout ce que je veux, c'est gagner.
Il est sympathique ?
Si par sympathique,
vous entendez mou, non.
Pas particulièrement.
Tant mieux pour lui.
- Les gentils se font écraser.
- Et les gentilles filles ?
Vous n'avez aucune dent
contre lui ?
Absolument aucune.
Je peux dormir ?
Oui.
- Léo ?
- Quoi ?
La Bible a des choses à dire
sur l'adultère.
J'imagine qu'elle dit beaucoup
de choses. Bonne nuit.
Qu'est-ce que je vais faire de toi ?
Je croyais que tu le savais.
Tu vas prendre soin de ta maman ?
Non ? Tu as intérêt.
Et de la mienne ?
Viens là, mon chou.
- Tiens.
- Viens me voir.
Tu me promets d'écrire ?
Il m'est déjà arrivé
de ne pas écrire ?
Sache que je suis là pour toi,
même si c'est à travers une lettre.
Rae,
tu es dans mon cœur.
Tu touches au but.
Ce sera de plus en plus dur.
Ne les laisse pas t'atteindre.
Ne t'inquiète pas.
Dieu m'a fabriqué pour durer.
On se verra à Brooklyn
dans 8 semaines.
Ce sera peut-être à Montréal.
Ce sera Brooklyn.
Je le sais.
VILLE DE PANAMA, PANAMA
18 MARS 1947
Pourquoi Rickey nous envoie jouer
au Panama d'après vous ?
Pour qu'on s'habitue aux Noirs.
Qu'on se sente en minorité.
Il espère que ça nous mettra plus
à l'aise avec Robinson.
Bien.
Voilà ce que j'ai écrit.
"Nous, soussignés les Dodgers,
refusons de jouer
"aux côtés de Jackie Robinson."
C'est ça.
Kirby Higbe.
Je signe volontiers.
C'est notre déclaration
d'indépendance.
Ouais.
Donne.
- Vous êtes sûrs de vous ?
- Tu veux jouer avec un nègre ?
Skip t'a mis à gauche ?
Robinson.
- Que voulez-vous que j'en fasse ?
- Que tu l'utilises.
Je n'ai jamais joué 1re base.
Voilà ce qui se passe :
on a un 2e base solide
et Pee Wee Reese en arrêt-court.
La 1re base, elle, est libre.
Entrez.
- Salut, Stanky.
- C'est pour quoi ?
On fait circuler une pétition.
Pour que Robinson reste
où il devrait être, à Montréal.
Pas maintenant, les gars.
Je suis souffrant.
On voit ça plus *** ?
La balle arrive beaucoup plus vite.
L'angle est très différent.
En 2e base,
tu peux prendre ton temps.
On dirait que tu trimballes
une valise.
Le gant est gros.
Tu finiras par t'y faire.
Passe-moi le stylo.
M. Rickey veut
que ton jeu soit notable.
Que tu donnes envie aux Dodgers
de t'avoir dans leur équipe.
C'est ça.
J'ai donc réfléchi
et j'ai cherché "notable"
dans le dictionnaire.
Ça veut dire "qui attire l'attention".
Notable.
Écoutez, j'ai une femme, un bébé
et pas d'économies.
Je ne veux pas m'attirer d'ennuis.
Ce sera sans moi, Dixie.
Je passe mon tour.
Et s'ils le mettent arrêt-court ?
Réfléchis, Pee Wee.
S'il réussit à me piquer mon boulot,
c'est qu'il est fait pour.
Tu parles.
Il n'a pas le sang-froid nécessaire
pour jouer en majeure.
Laissons-le faire ses preuves.
Ou il sait jouer,
ou il ne sait pas jouer.
Ce sera vite vu.
Ça va couper ton élan.
Pied droit sur le coussin.
Voilà. Très bien, Jackie.
Le pied doit partir.
Fais bien partir ton pied
quand la balle arrive.
Ne le laisse pas en arrière.
Oui, M. Rickey.
Nos amis journalistes
sont allés dormir ?
Tout le monde dort sur cet isthme
à part moi, M. Rickey.
Au sujet de cette pétition, Leo...
Je pense
qu'une infraction délibérée mérite
une petite démonstration de force.
Vous avez carte blanche.
Bonne nuit.
Bonne nuit, M. Rickey.
- Pourquoi nous a-t-on réveillés ?
- Leo m'a demandé de vous réunir.
- Je dormais bien.
- Aux cuisines ?
On se réveille, les filles !
Il paraît que certains d'entre vous
refusent de jouer avec Robinson.
Que vous avez été jusqu'à rédiger
une pétition que vous allez signer.
Vous savez
ce que vous pouvez en faire ?
Vous la mettre au cul.
- Allons, Leo.
- Allons quoi ?
Les joueurs vivent ensemble,
se douchent ensemble.
On nous l'impose et c'est injuste.
De plus, j'ai une quincaillerie...
Je m'en fous de ta quincaillerie !
Si ça te plaît pas, c'est pareil.
M. Rickey sera ravi
de t'envoyer ailleurs.
J'en ai rien à cirer
qu'il soit jaune, noir
ou rayé comme un zèbre.
S'il peut nous aider à gagner,
et tout porte à croire qu'il le peut,
il jouera dans cette équipe !
Faites-vous une raison,
acceptez-le, parce qu'il arrive !
Et quand vous vous endormirez,
réfléchissez à ceci :
ce n'est que le premier.
Le premier.
D'autres vont se pointer
au portillon.
Ils auront du talent
et ils voudront jouer.
Ça, oui, ils vont se précipiter.
Alors oubliez cette pétition
et préoccupez-vous de votre jeu
parce que si vous n'y prêtez pas
plus attention que ça,
ils vont vous foutre à la porte
du stade !
Bragan, la majorité
de vos coéquipiers
a abandonné cette pétition absurde.
Mais vous refusez toujours
de jouer avec Robinson ?
Oui, monsieur.
Mes amis de Birmingham
ne me le pardonneraient pas.
Que faites-vous de vos amis
de Brooklyn ?
Je ne sais pas.
En ce cas, je capitule.
Si vous me jurez de vous donner
à 100 % pour cette équipe
jusqu'à ce que je puisse
vous transférer.
Vous croyez que je laisse tomber
l'équipe ? Non.
Seulement vous-même,
apparemment.
Encore vous.
C'est exact. Encore moi.
Cela vous pose un problème ?
Où est l'auto ?
Par ici.
Vous ne resterez pas longtemps
chez les Royals.
Après ces matchs amicaux,
ils vont devoir vous transférer.
Vous n'êtes pas très bavard.
Vous savez pourquoi je reste assis
derrière la 3e base
avec ma machine ?
Vous vous êtes déjà posé
la question ?
Parce que la tribune de presse
est réservée aux Blancs.
Devinez quoi ?
Il n'y a pas que votre sort en jeu
dans cette histoire.
Excusez-moi.
Vous m'avez soutenu plus
que quiconque
après Rae et M. Rickey.
Et c'est ce qui me gêne.
Comment ça ?
Je n'aime pas avoir besoin
de soutien.
Je n'aime pas avoir besoin
des autres.
J'ai toujours détesté ça.
Vous êtes un homme compliqué,
Jack Robinson.
Je peux continuer de jouer les taxis
ou vous préférez marcher ?
"Rickey ne peut se permettre
de perturber l'alchimie de l'équipe.
"La seule chose qui empêche
Robinson d'intégrer les Dodgers
"est donc l'hostilité des joueurs.
"Si le talent de Jackie
parvient à les amadouer,
"il rejoindra l'équipe
entre le 10 et le 15 avril.
"Dans le cas contraire,
il passera l'année chez les Royals."
Pour l'amour du ciel.
Il a enregistré une moyenne
de .625 contre eux.
Nous, eux...
Contre nous !
Nom d'un chien.
Jane Ann, vous êtes là ?
Branch Rickey.
Lui-même.
Le commissaire de quoi ?
Oui, passez-le-moi.
Le commissaire du baseball.
Branch. Comment allez-vous ?
Bien, Happy.
Que puis-je pour vous ?
Il va falloir vous priver de Durocher
pendant un an.
Pardon, j'ai cru entendre les mots
"vous priver de Durocher."
Le Mouvement
de la Jeunesse Catholique compte
appeler au boycott du baseball
si nous ne le sanctionnons pas
pour son libertinage.
Vous plaisantez.
Je préférerais.
C'est cette actrice en Californie.
Durocher et son actrice
Elle vient de divorcer pour lui.
On raconte même
qu'ils se sont unis illégalement.
Là, vous me faites marcher.
Pas du tout.
Le fait est, Branch,
que ce MJC achète des places.
Il pèse lourd dans ce pays
et je me dois de les caresser
dans le sens du poil.
Pardon, je mélange les métaphores.
Vous savez pertinemment
que l'on est dans la tourmente.
J'ai besoin de Durocher à la barre.
Lui seul peut faire face
à cette tempête.
Il adore la bagarre.
Vous me coupez la main droite.
Je n'ai pas le choix.
Je suspends votre manager.
Leo Durocher n'exercera pas
pendant un an.
Vous ne pouvez pas me faire ça,
espèce de salaud !
Toujours pas de remplaçant
pour Leo Durocher.
Je sais de source sûre
que Joe McCarthy a décliné l'offre
et ne reprendra pas les rênes
des Brooklyn Dodgers.
Il n'est pas le 1er à dire non.
Les Dodgers demeurent donc
sans manager
à quelques jours
d'entamer la saison 1947.
M. Robinson ? Ici Jane Ann,
du bureau de M. Rickey.
Il veut vous voir immédiatement.
Il a un contrat à vous faire signer.
Un contrat à me faire signer.
Entendu.
Zut !
Clyde, c'est bon. Jane Ann...
Approchez.
Harold, contactez la presse
et déclarez ceci :
"Les Brooklyn Dodgers
"ont signé ce matin
Jackie Robinson des Royals.
"Il se présentera dès aujourd'hui."
Je t'aime.
Je t'aime.
OUVERTURE DE LA SAISON
15 AVRIL 1947
Regardez.
Tu cherches ton casier, fiston ?
Suis-moi.
Hermanski. Bienvenue à Brooklyn.
Salut.
Ralph Branca.
Salut.
Je l'ai su ce matin.
Je n'ai que ça.
Tu auras un vrai casier demain.
D'accord ?
Ça ira très bien.
Robinson, on peut faire une photo ?
Tournez-vous.
S'il vous plaît, M. Robinson.
Bonne chance, monsieur !
- Dégage !
- On n'a pas besoin de toi !
Tire-toi !
Le voilà !
Place au jeu !
Et une ouverture de plus, Harold.
Tournée vers l'avenir.
C'est une page blanche, monsieur.
Bonjour à tous.
Ici Ol' Redhead en direct d'Ebbets
où je suis aux 1res loges.
Bienvenue à l'ouverture
de la saison 1947 des Dodgers.
Les Dodgers qui ont terminé
la saison précédente à 96-60.
Un score respectable,
qui n'a pas suffi à leur faire
rattraper leur retard sur St. Louis.
Ils espèrent donc décrocher le titre
cette année.
À la batte pour les Dodgers...
Suite de la 1re manche.
C'est son 1er tour de batte
en Ligue majeure,
Jackie Robinson.
Jackie est effectivement très brun.
Les Dodgers sont sans manager
depuis la suspension de Durocher
en début de semaine.
Tu vas y arriver, Jackie !
C'est un très bel après-midi.
Johnny Sain se prépare.
Gare à ses balles rapides.
Ce garçon ferait rater une côte
de porc à un loup affamé.
Il frappe au niveau
de la 3e ligne des bases.
Elliott la rattrape
et lance à travers le diamant.
Retrait !
Robinson sort.
C'est pas vrai !
Allez vous acheter des lunettes !
C'est n'importe quoi
cette décision !
N'importe quoi !
D'ordinaire, l'avantage est accordé
au coureur, mais pas cette fois.
Il va falloir attendre
pour le voir faire des étincelles.
Les Giants vous ont achevés
avec le coup de batte de Mize.
Dommage pour Leo.
Je suppose que c'était inévitable.
Je lui ai demandé
si elle en valait la peine. Oui.
Et cette retraite ?
Ça se passe bien.
Les rosiers sont...
C'est fou qu'un homme
aussi vigoureux
et aussi riche
n'ait rien à faire de sa peau.
Je suis parfaitement heureux.
Tu en es sûr ?
Quand j'ai raccroché le maillot
de Cleveland il y a 2 ans,
j'ai promis à ma femme
de ne plus jamais en enfiler.
Donc les rosiers sont magnifiques
et je dors mieux.
Les roses et le sommeil sont
des choses merveilleuses.
Des choses qui vont généralement
de pair avec un cercueil.
Or tu m'as l'air bien en vie, Burt.
Où veux-tu en venir ?
Gère les Dodgers pour moi, Burt.
- Non.
- Attends.
Le navire est sans capitaine
et un ouragan arrive.
Je regrette, c'est non.
Ça ne te manque pas, Burt ?
Travailler avec les joueurs ?
Aider une équipe à se surpasser ?
Regarde-moi dans les yeux
et dis-moi le contraire.
Ce jeu est la seule vie possible
pour un vieux chnoque comme moi.
Mais j'ai fait une promesse.
Tu as promis
de ne plus enfiler de maillot.
Pas de ne plus gérer une équipe.
Porte un costume,
comme Connie Mack.
Allez, Burt.
Qu'en dis-tu ?
J'ai besoin de toi.
Qu'en dis-tu ?
Messieurs ?
Messieurs ?
Vous le savez déjà,
je suis votre nouveau manager.
Je n'ai pas grand-chose
à vous dire.
Hormis...
de ne pas avoir peur
de ce bon vieux Burt Shotton.
Vous décrocherez le titre
en dépit de moi.
Je...
Je ne peux pas vous nuire.
Alors...
Robinson ?
Je m'en doutais.
Allons ratatiner ces... Quoi déjà ?
Giants, Burt.
Les Giants.
Allons ratatiner les Giants.
À la batte, le n° 42,
Jackie Robinson, 1re base.
Notez bien cette date.
Les Noirs vont bouter les Blancs
hors des stades.
Je suis pas raciste.
C'est physiologique.
Leur calcanéum est plus long.
Ça les fait courir plus vite.
Voilà Robinson.
Il tient sa batte à l'extrémité,
pied bien en arrière, position
semi-ouverte, genoux fléchis.
Et il frappe.
La balle file vers le champ gauche.
Hartung la suit des yeux...
Et adieu ! Home run !
Robinson vient de marquer
son 1er home run en Ligue majeure.
Grâce à son calcanéum,
tu crois, Bob ?
"Un calcanéum plus long."
Désolée. Le cours a fini ***.
Ce n'est rien.
Il fait tellement mauvais,
il s'enrhumerait au match.
Il a déjà mangé.
Ses jouets sont sur la table.
Il sera bien au chaud ici.
Merci, Alice.
Suite de la 1re manche.
Le ciel s'assombrit.
La pluie menace.
Eddie Stanky a atteint la 1re base.
Et Jackie Robinson prend la batte.
Une brise souffle vers la gauche
depuis le champ droit.
Elle ne devrait pas avantager
les batteurs droitiers.
Hé, le nègre !
Bamboula !
Pourquoi tu retournes pas
dans ton champ de coton, hein ?
En te balançant de liane en liane ?
Chapman, le manager des Phillies,
semble s'adresser à Robinson.
Tête brûlée en tant que joueur,
la fonction de manager ne l'a,
paraît-il, pas calmé.
C'est un crétin, Jackie.
Dégagez-moi ce singe !
Ça va ? T'as pas l'air en forme.
Nègre, nègre, nègre !
Allez ! Nègre, nègre, nègre !
Bienvenue dans la cour
des grands !
Debout !
Si tu peux pas faire face,
laisse ta place.
Pas vrai, Bobby ?
Joli déhanché, Bojangles.
Laisse ta casquette par terre,
on te jettera peut-être des pièces.
Danse, petit nègre.
Dandine-toi.
- Vas-y, le sauvage !
- Tout va bien.
Allez, le nègre.
C'est parti. Fais gaffe au soleil.
Ta jolie peau chocolat
pourrait fondre.
Ridicule !
Plus qu'une ! Éliminez-le !
Et si t'allais chercher le type
que t'as envoyé en Internationale ?
C'est là que les Africains jouent.
C'était qui, déjà ?
À qui t'as piqué ce boulot ?
Allez, Jackie.
Robinson attend la balle.
Et c'est une chandelle
vers la gauche.
Ennis se place juste en dessous.
Le ciel commence à s'éclaircir,
le soleil perce.
Ce nègre sait même pas jouer.
Ce n'est rien, il peut encaisser.
Dieu l'a fabriqué pour durer.
Suite de la 4e manche.
Spider Jorgensen s'écarte
légèrement de sa base.
Jorgensen, nouvelle recrue,
jouait chez les Royals.
Voilà la balle.
Stanky l'envoie
dans le champ droit.
Trois !
Vers le bas.
À la batte,
Jackie Robinson.
Hé, Pee Wee !
Qu'est-ce qu'il fait pour vous,
ce nègre,
pour que vous le laissiez boire
la même eau que vous ?
Vous vous lavez pas ensemble ?
Parce que ce serait salissant !
Hé, le nègre !
T'aimes les Blanches ?
Tu comptes sauter la femme
de quel collègue ce soir ?
Temps mort !
Ouais, temps mort.
Il faut qu'il fasse la sieste.
Alors c'est qui ?
Je crois que je sais !
Dixie ?
Navré que tu l'apprennes
de ma bouche, Dixie.
Mais j'ai croisé ta femme,
elle avait du mal à marcher.
Elle s'en remettra.
T'inquiète pas.
Il a pas l'air bien méchant.
Pas vrai, petit gars ?
Nègre, nègre, nègre !
Deux hommes pour Robinson.
Voilà le lancer de Leonard.
Robinson frappe,
c'est une chandelle intérieure.
Seminick se place.
C'est un home run, ça ?
Oui, dans une cage d'ascenseur.
C'est un jeu d'enfant pour lui,
Robinson sort.
Ta place n'est pas ici !
Tu m'entends ?
Regarde-toi, bon sang !
C'est un jeu de Blancs.
Rentre-toi bien ça
dans ton crâne de singe !
Regarde-moi, bébé.
Regarde-moi.
Non !
Non.
Le prochain Blanc
qui ouvre la bouche,
je lui fais avaler ses dents.
Vous ne pouvez pas faire ça.
Je suis censé endurer ça ?
Ces hommes doivent se regarder
en face.
Moi aussi,
je dois me regarder en face.
Je vis un véritable enfer.
Il faut vous oublier, Jack.
Il est trop ***.
Vous n'avez pas le droit
de décevoir les gens
qui croient en vous,
qui ont besoin de vous.
Vraiment ?
Si vous vous battez, Chapman
ne sera jamais mis en cause.
On dira que vous êtes dépassé.
Que votre place n'est pas ici.
Vous savez ce que ça fait
d'entendre ces choses ?
Non.
Non.
Vous seul le savez.
Vous seul...
vivez cet enfer.
Vous êtes dans le désert.
Quarante jours.
Tout ceci...
ne dépend que de vous.
Je ne peux absolument rien faire.
Bien sûr que si !
Vous pouvez aller sur le terrain
et frapper !
Atteindre les bases et marquer.
Vous pouvez gagner ce match
pour nous.
Nous avons besoin de vous.
Nous avons tous besoin de vous !
Vous êtes le remède, Jack !
Allez, les gars.
Ils y retournent.
Allez-y.
Jouez malin.
En avant !
Qui sera en 1re base ?
Il me faut une autre batte.
Huit zéros pour les Phillies,
7 pour les Dodgers.
Match nul, suite de la 8e manche.
En piste, le nègre.
Hé, petit gars !
Le singe !
Je sais que tu m'entends.
Tu sais pourquoi t'es là, pas vrai ?
Pour pousser les nègres
à mettre la main à la poche !
Ta place n'est pas ici !
Assieds-toi.
Assieds-toi ou je te fais asseoir.
Un problème ?
Toi, tu me fais honte.
Quel genre d'homme es-tu ?
Tu sais qu'il ne peut pas te répondre.
Attaque-toi à quelqu'un qui le fera.
Pour me faire exclure ?
Sûrement pas.
Stanky est allé bavarder
avec son ex-coéquipier, Chapman.
Tous deux aiment le spectacle.
Stanky a rejoint Chapman
près du banc.
Nous attendons la réaction
de l'arbitre,
qui a tout à fait le droit
d'exclure Stanky.
Le n° 12 ! Ça suffit.
Retournez sur votre banc.
Ferme-la ou je te fais taire.
C'est terminé.
Ça fait quoi d'être le nègre
d'un nègre, Stank ?
Aucune idée. Ça fait quoi d'être
une sale merde de sudiste ?
Robinson est à la batte.
Voilà la balle.
Jack l'envoie sans violence
au-delà de la 2e base.
Désolé !
Rien de spectaculaire,
mais il est en 1re base.
Vas-y, Jackie !
Le n° 7, Pete Reiser,
voltigeur champs centre.
M. Pete Reiser s'empare
de la batte.
Robinson s'écarte de sa base.
Il semble marcher sur des braises.
Derrière.
Sauf !
Les fidèles de Flatbush
acclament Jack.
Ce type de jeu brouillon est
exactement ce qu'ils attendent
de leur équipe adorée.
Allez !
Avancez.
Vole-la, mon cœur. Prends-la.
- Retrait.
- Il fonce !
- En bas !
- Sauf !
L'audace de Robinson offre
aux Dodgers une chance
d'ouvrir le score.
Bravo.
Voltigeur droit aujourd'hui,
Hermanski s'approche du marbre.
Allez !
Hermanski envoie à gauche,
permettant à Robinson de finir
le 1er tour du match
qui pourrait s'avérer décisif.
Bon.
Jackie !
Bravo, Robinson !
Merci.
De quoi ?
T'es dans mon équipe.
Que veux-tu que je fasse ?
Jolie frappe.
Tout ce foin autour d'une recrue.
Il a frappé quoi ? Dix, 12 fois ?
Il va prendre le melon.
C'est ce qui vous a coûté
le match ?
C'est une simple en champ gauche
qui nous a coûté le match.
Vous pensez avoir été dur
avec lui ?
Non. On le traite de la même façon
qu'on traite Hank Greenberg,
sauf qu'on crie "négro"
au lieu de "youpin".
À chaque fois
qu'on rencontre les Yankees,
on appelle Joe DiMaggio le "rital".
Ils en rigolent.
Une fois le match terminé,
c'est oublié.
Qu'on m'aime ou non m'est égal.
Je ne suis pas ici
pour me faire des amis.
On peut me manquer de respect.
Je sais qui je suis.
Le respect que j'ai pour moi
est suffisant.
Mais je refuse qu'on me frappe.
Ça n'arrivera pas.
Ce n'est pas passé loin aujourd'hui.
Demain, je vais voir Ben Chapman
et je lui tords le cou !
Qu'ai-je dit de si amusant ?
La 1re fois que je vous ai parlé
de Robinson,
vous avez totalement désapprouvé.
Aujourd'hui,
vous vous inquiétez pour lui.
Quel revirement.
- Toute personne un tant soit peu...
- Compassion.
Ce mot vient
du verbe grec "souffrir".
"Je compatis à ta peine" signifie
"je souffre avec toi".
Ce manager de l'équipe
de Philadelphie
me rend service.
Il vous rend service ?
Il suscite de la compassion
pour Jackie.
"Philadelphie" aussi vient du grec.
Cela veut dire "amour fraternel".
Bob Bragan demande à vous voir.
Que Diable peut-il bien vouloir ?
Faites-le entrer.
Que voulez-vous, Bragan ?
M. Rickey, je...
- J'aimerais...
- Quoi ?
J'aimerais ne pas être transféré.
S'il n'est pas trop ***.
Et Robinson ?
Le monde change.
Je pense pouvoir m'y faire.
Je rêve. Je dis ce que je pense
et je me fais transférer.
C'est pas mon Amérique, ça.
Terre de liberté, patrie des courageux.
Tu m'entends ?
Où est-ce qu'on t'envoie ?
À Pittsburgh.
Contre du pognon et Gionfriddo,
un champ extérieur italien.
Pittsburgh. Franchement...
Bonne chance.
Vous en aurez besoin.
Pittsburgh !
Branch, c'est Herb.
Bonjour, Herb.
Que puis-je pour toi ?
On se connaît
depuis combien de temps ?
Oh, 20 ans, voire plus.
C'est exact.
On en a fait du chemin, ensemble.
Aussi tu peux me croire
quand je te dis que, demain,
il ne faudra pas venir jouer
chez nous
avec ce nègre.
Et pourquoi ça ?
Il s'appelle Jackie Robinson,
au fait.
Je me doute qu'il a un nom,
mais Philadelphie n'est pas encore
prête pour ce genre de choses.
On ne pourra pas entrer
sur le terrain s'il s'y trouve.
Ce que tu fais avec ton équipe
ne me regarde pas, Herb.
Mais la mienne sera
à Philadelphie demain
avec Robinson.
Et si nous vous poussons
à déclarer forfait, alors soit.
C'est 9-0,
je te rappelle.
Ça fait longtemps que ce sujet
te rend susceptible.
Qu'est-ce que tu cherches
à prouver ?
Tu crois que Dieu aime
le baseball ?
Qu'est-ce que je dois comprendre ?
Qu'un jour, tu rencontreras Dieu.
Et quand Il te demandera
pourquoi tu as refusé
de jouer contre Robinson
et que tu répondras :
"Parce qu'il était noir",
il se peut qu'Il trouve ça
un peu léger !
HÔTEL FRANKLIN, PHILADELPHIE
9 MAI 1947
On a 20 minutes pour s'enregistrer
et aller au stade. On se bouge !
Dehors.
Virez-moi ce bus d'ici.
Non, nous avons réservé.
Nous sommes les Dodgers.
Nous n'hébergerons pas d'équipe
qui accepte les Noirs.
Robinson ne peut pas dormir ici.
Non, nous refusons la totalité
de l'équipe.
- On vient ici depuis 10 ans.
- Et ne revenez pas avant 10 ans.
Attendez. On devrait s'expliquer.
Qui est derrière ça ?
Les Phillies ?
Ils ne veulent pas de nous.
Ils nous chassent.
Le 42 a peut-être assez d'amis
en ville pour nous loger.
- C'est notre politique.
- Nous avions réservé.
- Pourquoi ?
- C'est le règlement !
Que dois-je comprendre ?
Rien du tout.
Quand on ne va pas à l'hôtel,
on dort chez des amis.
J'ai pas raison ?
Quoi ?
Qu'est-ce que tu attends de moi ?
Des excuses.
Tu veux des excuses ? Pour quoi ?
Des endroits comme celui-ci ?
Non. Pour avoir transformé
cette saison en spectacle de foire.
- Hé...
- Je joue au baseball.
- Je suis ici pour ça.
- Moi aussi.
Je suis ici pour gagner.
On veut tous gagner, d'accord ?
Comment gagner
si on dort dans un bus ?
Ça améliorera peut-être
ton coup de batte.
- Attention à ce que tu dis !
- Retire ta main.
- Ne me parle pas comme ça !
- Retire ta main !
Tu m'entends ? Maîtrise-toi !
- Vous allez me cracher dessus ?
- Ça vous ferait du bien.
- Rentrez chez vous.
- Ça suffit maintenant !
Habituez-vous, les gars.
C'est que le début.
Ce sera le cirque à chaque fois !
Je n'irai nulle part !
Ma place est ici !
"Les lyncheurs sont parmi nous.
"Ils avancent sans masques
et œuvrent sans cordes."
C'est vous, pas moi.
"N'oublions pas
que les ennemis de ce pays
"ne se trouvent pas tous hors
de nos frontières."
Un article de Juif.
Ça, je m'en fous.
On l'a imprimé !
Ce n'est pas bon, Ben.
Nous passons pour des racistes.
Rectifiez le tir.
Moi ? Je défends le baseball.
Il est temps pour vous
de défendre les Phillies.
Ça a commencé sur le terrain,
ça se finira sur le terrain, point.
Très bien.
Bonjour, messieurs.
Excusez-moi. Bonjour. Jackie.
Wendell.
On nous a sollicités.
Chapman, le manager des Phillies.
Que vous connaissez.
Il veut faire une photo avec vous.
Vous avez bu ?
Non. J'aimerais bien.
Non. M. Rickey pense
que c'est une bonne idée.
Il dit qu'elle sera publiée
dans tous les journaux du pays.
Elle montrera
que tout le monde peut changer.
Chapman n'a pas changé.
Il ne fait que sauver la face.
M. Rickey dit
que ça n'a pas d'importance.
Tant qu'il donne l'impression
d'avoir changé.
Vous voyez les questions arriver.
Faites de même avec cette photo.
Chapman propose de venir ici.
Ou de vous rejoindre sur la piste.
Non.
Sur le terrain.
Devant tout le monde.
C'est la 3e Guerre mondiale ?
Regardez-vous un peu.
On a même envoyé, Baum.
Ce doit être important.
J'aimerais dire quelques mots.
Jackie a été accepté
dans le baseball
et la franchise de Philadelphie
lui souhaite le meilleur.
J'espère que notre épreuve du feu
l'aura un peu aidé.
Une photo ? Serrez-vous la main.
Enterrez la hache.
On enterre la hache ?
Bien sûr.
Avec une batte.
On n'aura pas à se toucher
comme ça.
D'accord.
- Mitraillez.
- Superbe.
Encore une. Par ici, Ben.
Au lancer, Ostermueller.
Un joueur très réfléchi.
C'est un lanceur qui n'hésite pas
à prendre son temps.
Il prend son élan. Et...
Il a touché Robinson à la tête !
Jackie s'écroule !
Qu'est-ce que tu fous,
Ostermueller ?
Espèce de malade !
Tu passeras à la batte, toi aussi !
Quand tu veux, le gnocchi !
Ah, oui ? "Gnocchi" ?
Tu vas y avoir droit !
- Tu vas bouffer la balle !
- Il n'a pas sa place ici !
Arrêtez !
Je vais te renvoyer
auprès de Schmeling, Goering
et tous tes copains
qu'on a refroidis !
Tu veux te battre ?
Sa place n'est pas ici !
Ce ne sont que des ignares.
Ils auraient honte
s'ils te connaissaient.
Que puis-je pour vous, Pee Wee ?
Eh bien, voilà, monsieur...
C'est à propos du match
de Cincinnati.
Oui. Un déplacement important.
Nous ne sommes qu'à 3 matchs
de la 1re place.
Je viens du Kentucky.
Vous aurez presque l'impression
de jouer à domicile.
Eh bien,
j'ai reçu cette lettre.
Le fait que je joue avec Jackie
déplaît apparemment à certains.
"Amoureux des nègres.
"Fais attention à toi.
"On t'aura, sale traître."
Plutôt classique.
Pas pour moi, monsieur.
Combien de lettres de cet acabit
avez-vous reçues ?
Une seule. C'est suffisant, non ?
Qu'est-ce que c'est ?
Je vais vous dire
ce que ce n'est pas.
Ce ne sont pas des lettres
du fan-club de Jackie Robinson.
"Arrête le baseball
ou on saignera ton gamin."
"Lâche le baseball
ou ta négresse..."
"Raccroche ou meurs."
Jackie est au courant ?
Évidemment.
Tout comme le FBI.
Qui prend une menace
de Cincinnati très au sérieux.
Alors excusez-moi si votre lettre
ne m'alarme pas plus que ça.
Vous devriez en être fier.
Je veux jouer au baseball, moi,
c'est tout.
Je comprends.
Je parie que Jack aussi veut
seulement jouer.
Qu'il voudrait ne pas prendre
de balles en pleine tête.
Qu'il aimerait
qu'on ne souhaite pas sa mort.
Le monde n'est plus si simple.
Il ne l'a d'ailleurs jamais été.
Nous...
Le baseball fermait les yeux,
mais c'est fini.
Oui, monsieur.
Rien pour les Dodgers.
Les Reds prennent la batte.
STADE CROSLEY, CINCINNATI
21 JUIN 1947
Combien de fois Pee Wee
va marquer, tu crois ?
Aucune idée, fils.
Petit, j'ai vu Wagner marquer 3 fois
en un match.
- On va bien voir.
- Ce serait chouette.
On veut pas de toi ici !
Hé, le nègre !
Fiche le camp d'ici !
On veut pas de toi !
Rentre à Brooklyn !
Tu m'écoutes, le bronzé ?
Je te parle !
Tire-toi de Cincinnati !
On veut pas de toi ici !
Nègre !
On veut pas de toi ici !
Les fans de Cincinnati saluent
les Dodgers par des huées.
Jackie Robinson, 1re base.
Eddie Stanky, 2e base.
Spider Jorgensen, 3e base.
Pee Wee Reese, arrêt-court.
Les hommes sont unanimes,
les rasoirs Gillette sont sans égal.
D'une douceur incroyable
pour la peau.
Optez pour le confort au quotidien.
On veut pas de nègres ici !
Ignorons-les.
On est là pour jouer, c'est tout.
Sortez-le !
Ce ne sont que des cinglés
qui sont restés bloqués en 1864.
On aurait gagné la guerre
si les réserves avaient tenu.
On a manqué de munitions.
Vous ferez mieux la prochaine fois.
Y aura pas de prochaine fois.
Reese ! Sale traître !
Tout ce qui compte, c'est ici
et maintenant. Tu comprends ?
Merci, Jackie.
Pourquoi tu me remercies ?
J'ai des parents dans ces gradins.
Il faut qu'ils sachent.
Il faut qu'ils sachent qui je suis.
Hé, le n° 1 !
Tu joues ou tu socialises ?
Je joue.
- Place au jeu !
- Ignorez-les !
Allons jouer.
On devrait tous porter le 42.
Ils feront plus la différence.
Vas-y, Jackie !
J'ai une question, Jackie.
Pourquoi tu te douches
une fois qu'on a tous terminé ?
T'es timide ?
Je ne veux pas mettre mal à l'aise.
On forme une équipe.
Et on gagne.
On te doit la moitié
de nos victoires.
T'es incroyablement courageux.
Tu nous portes
et tu crains une *** ?
Viens te doucher avec moi.
Je n'ai pas dit ça pour...
Je me suis mal exprimé.
Je veux pas me doucher avec toi,
mais avec toi et tous les autres.
Je veux dire...
Douchons-nous tous ensemble,
entre coéquipiers.
Branca ?
Tais-toi.
Je me tais.
Les Dodgers affrontent toujours
les Cardinals...
... pour la 4e et dernière fois.
Début de la 11e manche, 2 partout.
Petit résumé pour ceux
qui nous rejoignent.
Les ennuis des Cardinals
ont débuté en 3e manche
avec un double jeu de Robinson.
Vers la 2e !
Dixie Walker a réitéré l'exploit
en 8e manche.
2e base !
Mais les Cardinals ont su revenir
au score en 9e manche.
Ce match est crucial
pour les Red Birds.
Ils ont pris du retard
et les Dodgers occupent
la 1re place depuis le 30 juin.
On le surnomme "Country".
Slaughter n'a toujours rien frappé
et Casey lance pour la 2e fois.
Ce match est aussi serré
qu'une paire de souliers neufs.
Casey prend son élan.
Slaughter envoie la balle sur Reese
qui la passe à Jack, en 1re base.
Oh, non !
Robinson est à terre.
Slaughter lui a ouvert le mollet.
Merde ! Tu l'as fait exprès !
Tu l'as blessé !
Debout, Jackie.
Relevez-le, messieurs. Relevez-le.
N'appuie pas dessus.
Le doc arrive.
Tu me vises le prochain batteur
en pleine tête. Assomme-le.
- Non. Relevez-moi.
- Reste tranquille.
Relevez-moi !
Doucement.
Sortez-le.
Normalement.
C'est compris ?
Ce match est trop important.
Sortez-le.
Retournez jouer.
- T'es un coriace.
- Allons le dégager.
Que dites-vous ?
Qu'il vous a blessé délibérément ?
Vous avez vu l'action.
Mon pied était sur le coussin.
Il était éliminé, il a foncé.
- C'était volontaire ?
- Slaughter parle d'accident.
Quelle est votre question ?
- Vous le traitez de menteur ?
- C'est ça ?
Si je le traite de menteur ?
Qu'allez-vous écrire ?
- Dehors !
- Laissez-le terminer son histoire.
Je veux parler à mon 1re base.
- Il ment ?
- Ouste !
- D'accord.
- Il se fait recoudre, nom de nom.
On ne fait que notre boulot, Rickey.
- Beau travail, Babe.
- Merci, monsieur.
Se défendre est
une réaction naturelle.
Mais quand c'est un Noir,
c'est de l'insolence.
Savez-vous
ce que j'ai vu ce matin ?
Un petit Blanc armé d'une batte
dans un terrain vague.
Devinez ce qu'il faisait.
Il attendait une balle rapide ?
Il vous imitait.
Il se frottait les mains
dans la terre.
Il frappait la balle les bras tendus,
tout comme vous.
Ce petit garçon blanc faisait
semblant d'être un homme noir.
Pourquoi faites-vous tout ça ?
Nous avons terrassé le fascisme
en Allemagne.
L'heure est venue de terrasser
le racisme au pays.
Non.
Pourquoi ?
Pourquoi faites-vous ça ?
S'il vous plaît.
Expliquez-moi.
J'aime ce jeu.
J'aime le baseball.
Je lui ai consacré toute ma vie.
Il y a 40 ans, je jouais et coachais
à l'université Wesleyan de l'Ohio.
Nous avions un receveur noir.
Le meilleur batteur de l'équipe.
Charlie Thomas.
Un jeune homme épatant.
Je l'ai vu être rabaissé, brisé,
à cause de la couleur de sa peau.
Je ne l'ai pas suffisamment aidé.
J'étais convaincu du contraire
à l'époque.
Ce jeu, que j'adorais, cautionnait
une injustice.
Et je fermais les yeux.
Puis vint le moment
où ce ne fut plus possible.
Vous m'avez réconcilié
avec le baseball.
Merci.
Dernier déplacement de l'année.
Et on est deux à déprimer.
Évite de te précipiter sur la balle.
Tu plaisantes ?
C'est pour ça qu'on t'envoie
les balles à l'intérieur.
Repousse ces balles rapides.
Ils finiront par être obligés
de t'envoyer des courbes.
Et ensuite, coach ?
Vraiment ?
Si on gagne assez de matchs,
on sera champions de la ligue.
Reviens-moi.
Ce sera amplement suffisant.
Tu es dans mon cœur.
Depuis le 4 juillet, les Dodgers
enchaînent les victoires,
tenant ainsi tout rival à distance.
Au cours de cette saison,
j'ai vu Jackie Robinson
se mettre au service
d'une grande cause.
Et je ne parle pas des Dodgers,
bien qu'il les porte.
Cet homme a vraiment du cran.
Cette force de la nature
a tout compliqué sauf ce qu'il est.
Il change le monde
et se bat pour rester le même.
Mais le baseball n'est pas le tennis.
C'est un sport collectif.
Former l'équipe fut la 1re étape.
Rester unis était
un grand pas en avant.
Jouer ensemble,
voilà ce qui fait gagner.
Retrait !
Espèce de salopard,
je pourrais t'embrasser !
Belle réception.
La tienne ou la mienne ?
Et dans cette dernière ligne droite,
c'est exactement ce que Robinson
et les Dodgers font.
Ils repoussent les Cardinals
et se rapprochent du titre.
On a réussi, patron.
On a réussi.
On a écrasé Cincinnati !
Formidable, Harold.
Plus qu'une victoire.
Qui lancera pour les Pirates
demain ?
Ostermueller.
Au lancer, Fritz Ostermueller,
12-8 sur la saison.
L'enjeu est important.
Les Dodgers peuvent remporter
la Ligue nationale.
Les Yankees ont déjà dominé
la Ligue américaine.
La tension règne.
Ostermueller a blessé Robinson
à la tête plus tôt dans la saison,
ce qui a provoqué pas mal
de remous.
Ils ne s'étaient pas revus depuis,
et Ostermueller est le dernier
obstacle qui se dresse
entre les Dodgers
et le titre tant convoité.
Vas-y, Jackie !
Voilà la balle.
Robinson entre dans la zone,
1re balle.
- Règle-lui son compte !
- T'as pas ta place ici.
Et tu l'auras jamais.
Robinson occupe l'espace.
Aucun lanceur ne l'a sorti
cette année.
Vas-y, Jackie !
Tu peux rien contre lui,
Ostermueller ! Il va t'avoir !
Ostermueller prend son élan
et lance.
Trop bas, 2e balle.
Fritz essaie d'éviter Jackie,
il lui complique la vie,
comme on dit.
Robinson affiche de bons résultats
avec une moyenne de .301,
31 doubles et 10 home runs.
Il a volé 27 bases et n'a jamais
été sorti en pleine course.
Inutile de dire
qu'Ostermueller reste prudent.
Nous sommes à 3-0.
Robinson attend patiemment
une balle exploitable.
Donne-moi quelque chose.
Donne-moi de quoi frapper.
T'en veux une ?
Qu'est-ce qui te fait peur ?
Qu'est-ce qui te fait peur ?
Ostermueller guette le signe.
Méfie-toi de ce que tu réclames.
Et il lance.
C'est une volée
vers le champ gauche.
Kiner fonce,
je doute qu'il arrive à temps.
Il recule, il recule et...
Oh, mes aïeux !
Robinson a eu sa balle !
C'est un home run.
À moins d'un miracle,
ce sont les Dodgers
qui joueront les World Series !
Oui !
Il a réussi !
Pittsburgh !
Ouais !
Bravo, Jackie !
Alors que Jack effectue son tour,
le public de Pittsburgh
ne peut qu'admettre
qu'il vit un moment unique.
Je peux presque entendre Flatbush
hurler de joie depuis Brooklyn.
Jackie, ouais !
Robinson rallie la 3e base
et ramène le titre
à la maison.
VIVE LES BROOKLYN BUMS
BRANCH RICKEY INTÉGRA
LE NATIONAL BASEBALL
HALL OF FAME EN 1967.
PEE WEE REESE INTÉGRA
LE NATIONAL BASEBALL
HALL OF FAME EN 1984.
WENDELL SMITH FUT
LE 1er NOIR AMÉRICAIN
À INTÉGRER L'ASSOCIATION
DES JOURNALISTES D'AMÉRIQUE.
EDDIE STANKY DEVINT
MANAGER DES CARDINALS,
DES WHITE SOX
ET DES TEXAS RANGERS.
ALL-STAR À 3 REPRISES,
RALPH BRANCA
GAGNA 21 MATCHS EN 1947.
IL VIT ET TRAVAILLE À RYE,
ÉTAT DE NEW YORK.
RENVOYÉ EN 1948,
BEN CHAPMAN N'A PLUS EXERCÉ.
DIXIE WALKER FUT TRANSFÉRÉ
L'ANNÉE SUIVANTE...
À PITTSBURGH.
ED CHARLES DEVINT UN JOUEUR
DE LIGUE MAJEURE.
IL GAGNA LES WORLD SERIES
EN 1969 AVEC LES METS.
RACHEL ROBINSON CRÉA
LA FONDATION
JACKIE ROBINSON EN 1973.
ELLE A POUR BUT
DE DISTRIBUER
DES BOURSES UNIVERSITAIRES.
JACKIE FUT ÉLU
RECRUE DE L'ANNÉE EN 1947.
ROY CAMPANELLA
ET DON NEWCOMBE
LE REJOIGNIRENT
EN 1948 ET 49.
IL GAGNA LES WORLD SERIES
EN 1955 CONTRE LES YANKEES,
INSCRIVANT UN HOME RUN
DÈS LE 1er MATCH.
IL INTÉGRA
LE NATIONAL BASEBALL
HALL OF FAME EN 1962.
CHAQUE AVRIL, LES JOUEURS
DE LIGUE MAJEURE PORTENT
LE 42 EN SOUVENIR
DES EXPLOITS DE JACKIE
SUR LE TERRAIN ET À LA VILLE.
LE "42" EST À CE JOUR
LE SEUL NUMÉRO
QUI AIT ÉTÉ RETIRÉ.
À LA MÉMOIRE
DE RICHARD FOWKES
[French]