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L'ÉCHELLE DE JACOB
Delta du Mekong - 6 octobre 1971
C'est fort cette merde, mon pote.
Où sont ces putains de Viets
à l'heure qu'il est ?
Je crois pas qu'ils soient vraiment
dans le coin.
Nom de Dieu, cette merde c'est quelque chose.
Professeur...
Vous arrivez à chier combien
de fois par heure ?
Le professeur chie
énormément.
Pourquoi tu t'emmerdes
à remonter ton pantalon ?
Encore en train de te branler,
hein Jake ?
Viens plutôt t'amuser par là.
Je vais te montrer mon radis noir.
S'il-te-plaît ?
Il te le demande poliment.
Il va me falloir une pince à épiler, mec.
Merde ! Mouvements derrière
la ligne des arbres !
- Merde !
- Dans les arbres !
Un, trois, deux, zéro !
- Putain, ça va pas.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Fait chier.
Ma tête !
Aidez-moi ! Quelqu'un !
Debout !
- Paul, aide-moi !
- Debout !
Au secours !
Qu'est-ce qu'il t'arrive, putain ?
Lève-toi !
Doc !
- Je vais vomir !
- Doc !
Arrêtez ça !
- Doc ! On a besoin de vous tout de suite !
- Qu'est-ce que vous faites, putain ?
Du calme !
Doc !
Un, deux, trois, zéro !
Mon bras !
Quelle merde !
Bon dieu ! Quelle merde !
New York a peut-être l'air d'une ville
de fous mais on ne s'y ennuie pas.
L'enfer. Voilà la vie d'un drogué.
Mais la situation n'est pas désespérée
Vous savez si on a déjà
passé la rue Bergen ?
Bergen ?
Je me suis endormi.
Bon. Ok.
Et merde.
Rue Bergen
Sortie
Merde.
Salut, Chester.
Il est l'heure de dormir.
Tu as de nouveau des insomnies ?
Jake, c'est toi ?
Tu as déplacé les meubles ?
Je viens de déplacer une chaise,
c'est tout.
Ça t'aide ?
Oui. Merci.
- Qu'est-ce que tu en penses?
- De quoi ?
De la pièce.
- Oh je verrai ça demain.
- On est demain.
Pourquoi tu rentres si *** ?
Cette nuit Bud Nash
n'est de nouveau pas venu.
Il a appelé pour dire qu'il était
malade. Il est tout le temps malade.
Il a fallu que je travaille.
J'ai fais des heures supplémentaires.
Qu'est-ce qu'il est arrivé à ton pantalon ?
Ne me demande pas.
- Tu as l'air extra.
- Merci.
Au secours.
Oh putain.
- Tu es réveillé ?
- Putain.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ton fils l'a déposé.
- Jed ?
- Non, le plus petit.
Elie. Pourquoi tu ne te rappelles
pas de son nom ?
C'est un nom étrange.
C'est un nom biblique.
C'était un prophète.
Eh bien, personnellement, je n'ai
jamais vraiment aimé les noms religieux.
- Quoi ?
- D'où crois-tu que vient Jezabel ?
Personne ne m'appelle comme ça.
Tu ne crois vraiment en rien, Jezzie.
Comment je me suis retrouvé avec
une fille pareille ?
Tu as vendu ton âme. Tu te rappelles ?
C'est ce que tu m'as dit.
- Ah oui ? Contre quoi ?
- Une bonne partie de jambes en l'air.
Et qu'est-ce que j'ai obtenu ?
La meilleure.
- Bon, qu'est-ce qu'il y a dans le sac ?
- Des photos.
Ta femme allait les balancer
alors... comment il s'appelle...
les a déposées en allant
à l'école.
Elles sont super.
Mon père.
Regarde ce bébé.
- Qui est-ce ?
- C'est pas un bébé magnifique ?
Il est un peu gros.
- C'est moi.
- Toi ?
Fais-moi voir.
Je suis énorme là-dessus. Ne regarde pas.
Qui est-ce ?
Sarah.
Je vois ce que tu veux dire.
- Quoi ?
- Pourquoi tu es parti.
- Qu'est-ce que je veux dire ?
- Jake, elle a l'air d'une vraie salope.
À l'époque elle était pas mal.
- Pour moi, non.
- Tu ne l'as pas épousée.
Salut, mon chéri.
Comment ça va ?
Qu'est-ce qu'il y a ?
C'est celui qui est mort avant
que tu ailles au Vietnam ?
Oui. C'est Gabe.
Nom de Dieu.
Désolé.
J'ai été surpris.
Je ne m'attendais pas à le voir aujourd'hui.
Qu'est-ce que tu fais ?
Laisse ça.
Je n'aime pas les choses
qui te font pleurer.
Je n'ai pas pleuré.
Incinérateur
Quand le ciel est gris
Ça importe peu
Car tu le rendra bleu
Mon rayon de soleil
Salut, chérie.
Tu viens chercher ton chèque ?
T'es vraiment un fils de pute.
Comment ça va ?
- Mieux maintenant.
- Ah oui ?
- Je vais rentrer à la maison.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
C'est une sale journée... J'ai très mal
au dos, je vais aller voir Louis.
Oh non, pas encore. Ton chef va te tuer.
Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
Bon, ça va me manquer de ne pas rentrer
à la maison avec toi.
- J'attendais ça avec impatience.
- Doucement. Mon dos.
Allons, Jake.
Ça ne fait pas mal.
Qu'est-ce que tu en sais ?
je te connais. Pourquoi es-tu
tellement tendu aujourd'hui ?
Je ne sais pas.
J'ai vu Sarah l'autre jour.
Ah oui ? Son genou va mieux ?
Un peu.
Bon, qu'est-ce qu'elle avait à dire ?
Tourne-toi sur ta droite.
L'autre droite. Je ne vous comprend pas,
vous les philosophes.
Vous comprenez tout au monde, mais vous ne
savez pas différencier la droite de la gauche.
- Qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Pas grand chose.
Elle est comme toi à ce niveau là -- renfermée.
Mets ta main sur la hanche.
Inspire profondément.
Expire lentement.
Très bien. Maintenant tourne-toi à gauche.
Elle a parlé des garçons ?
Elle a dit que tu étais un enfoiré et qu'elle
regrette le jour où tu l'a séduite.
Je croyais qu'elle n'avait pas dit grand chose.
C'est tout ce qu'elle a dit.
Pose la main sur ta hanche.
Respire.
Tranquille.
Sur le dos.
- Je crois qu'elle t'aime encore.
- Non, je ne crois pas.
Elle n'arrête pas de parler de de toi.
C'est ça l'amour, Jake.
- Je crois que tu devrais te remettre avec elle.
- Elle m'a foutu dehors, tu te rappelles ?
Le problème c'est que...
tu as bossé six années pour avoir un doctorat,
et tu travailles à la poste.
Qu'est-ce tu veux que je te dise ?
Après le Vietnam, je ne voulais plus réfléchir.
Je serais d'accord pour n'importe qui d'autre.
Maintenant relaxe-toi.
Relaxe-toi. Ça va être un peu fort.
Très bien.
J'en ai trouvé un. Je crois qu'il est
encore en vie.
Que -- Qu'est-ce que tu m'as fait ?
Je devais faire ça.
C'est un ajustement en profondeur.
Repose-toi un moment. Laisse ton corps
se détendre.
- Je viens d'avoir un flash.
- Quoi ?
je ne sais pas. Je n'en avais pas eu récemment.
Tu ressemble à un ange, Louis.
Comme un chérubin qui a bien grandi.
- Quelqu'un te l'a déjà dit ?
- Oui.
Toi. Chaque fois que je te vois.
- Tu es mon sauveur, Louis.
- Je sais.
Voilà le facteur !
Où sont les lettres, chéri ?
Où est ta sacoche ?
On devrait la lui chanter. Attendez !
Oh, attendez un instant, monsieur le facteur
Attendez monsieur le facteur
S'il vous plaît, monsieur le facteur,
Regardez s'il n'y a pas une lettre
Dans votre sacoche pour moi ?
J'ai attendu
Tellement longtemps
Où vous allez ?
Attention !
Singer ?
S'il vous plaît, Elizabeth, asseyez-vous.
Je voudrais voir le Dr. Carlson,
s'il vous plaît.
Carlson ? Il est nouveau ?
Non, il est là depuis des années.
Pas d'après mes fiches.
Vous avez rendez-vous ?
Non, je dois vraiment le voir.
Je sais où est son bureau.
Laissez-moi y aller. Je n'en ai pas
pour longtemps.
On ne peut voir les docteurs
que sur rendez-vous.
Zut.
Je fais partie du programme médical
pour les vétérans. Il me connaît.
Quel est votre nom déjà ?
Singer. Jacob Singer.
J'ai beaucoup de travail.
Et je n'ai même pas déjeuné...
Je suis désolée, mais...
il n'y aucun Jacob Singer
dans nos archives.
C'est-à-dire ?
Dois-je vous l'épeler ?
Il n'y a rien ici.
C'est absurde, je viens ici depuis des années !
Écoutez. Je suis --
Je -- j'ai besoin de voir le Dr. Carlson.
Si c'est une urgence, nous avons une équipe
d'assistance sociale en psychiatrie.
Il y a environ une heure d'attente.
- Veuillez remplir ce formulaire.
- Je ne veux pas voir d'assistant social !
Je veux parler au Dr. Carlson. Il me connaît.
Hé ! Revenez ici !
Administration et Archives Médicales
Hé ! Revenez ici !
Attention. Écartez-vous !
Retenez-le ! C'est un étranger !
Je peux vous aider ?
Où est le Dr. Carlson ?
Ce n'est pas son bureau ?
Juste un instant.
Pourrions-nous sortir pour parler ?
Tout va bien.
Je suis désolé. Le Dr. Carlson est mort.
- Il est mort ?
- Dans un accident de voiture.
Mon Dieu.
Quand ?
Il y a presque un mois,
juste avant Thanksgiving.
Comment est-ce arrivé ?
Personne ne le sait réellement.
On parle d'une explosion.
Une explosion ? Qu'est-ce que vous voulez dire
par "explosion" ?
Je ne sais vraiment pas.
Je peux faire quelque chose pour vous ?
Voulez-vous -- Voulez-vous
que j'appelle quelqu'un ?
Je vais -- je vais bien.
Tu subis trop de pressions, Jake.
L'argent et ce genre de choses.
Ou ta femme.
Pourquoi reparles-tu d'elle ?
Elle est toujours dans tes pensées.
Je ne parle jamais d'elle.
Ça n'a rien à voir avec le fait
de parler d'elle ou non.
C'est peut-être la guerre.
Tu ne peux pas passer deux ans au Vietnam
et t'attendre --
Jezzie, s'il te plaît.
Comment expliques-tu les barricades
dans le métro, ou ces maudites créatures ?
Des créatures ?
New York est pleine de créatures...
et beaucoup de stations sont fermées.
On dirait des démons, Jezz.
Des démons ?
Jake, chéri...
Ce sont des ivrognes et des clochards.
Ce sont des gens sans ressources. Voilà tout.
Les rues en sont pleines.
Ne les transforme pas en ce
qu'ils ne sont pas, d'accord ?
Ces gens essayaient de me tuer.
Ils s'en prenaient vraiment à moi.
Ça les amuse. Ça arrive tout le temps.
Ils n'étaient pas humains.
Allons.
Qu'étaient-ils, Jake ?
Tu m'aimes toujours ?
- Quoi ?
- Tu m'aimes ?
Oui.
Attends, où tu vas ? Reste avec moi.
Tu as une copine ? Tu l'aimes beaucoup ?
Tu veux une autre fiancée ?
Parce que je vis pas loin d'ici tu sais.
Et je suis très seule.
- Je peux jeter un coup d'œil à ta main.
- Non, merci.
Allez Jake. Laisse-la faire.
Elle est très douée.
Allons.
- C'est amusant.
- Tu es droitier ou gaucher ?
- Droitier.
- Donne-la moi.
Un homme marié. Eh bien.
Ah, non.
Divorce. J'aime ça.
- Tu vois cette marque ici ?
- Où ?
Juste là.
Je me suis coupé avec du papier.
Et il a le sens de l'humour. J'adore ça.
Voyons...
Chéri, danse avec moi. Juste une fois ?
- Ça va ?
- Salut.
Voyons.
Voilà ta ligne de cœur...
ta ligne de tête.
Et ta ligne de vie.
Tu as une ligne de vie très étrange.
Ce n'est pas drôle.
D'après elle, tu es déjà mort.
- Tu n'es pas ici, chéri.
- Qu'est-ce que je dois faire ?
Laisse-moi juste regarder tes beaux
yeux bleus avant de partir.
Par ici, Jake.
Allez. Viens là. Tu peux danser.
Bouge. Allez, bébé.
Hé, il bouge bien les jambes !
Regardez comme il bouge ces jambes !
Ces pieds énormes ! Putain !
Bon Dieu, regarde ça. Il perd ses entrailles.
On devrait le ramener à l'intérieur.
je n'ai jamais eu...
si peur de toute ma vie.
Cette façon de crier.
Je ne comprends pas ce qu'il t'es arrivé, Jake.
Tu n'agis pas normalement.
J'ai connu trop de tarés dans ma vie.
J'en ai vraiment marre.
Je suis tellement fatiguée des hommes
qu'ils deviennent fous à mon contact.
Si tu refais une crise, tu la refais tout seul.
Tu m'entends ?
Qu'est-ce que ça dit ?
J'appelle un docteur.
- Qu'est-ce que ça dit ?
- Il a monté jusqu'au maximum.
Super.
Dr. Forrest, désolée de vous déranger.
Je suis Jezzie Pipkin, au 14-G.
Je viens de prendre la température de Jake
et ça marque 41,5. C'est grave ?
Oh mon Dieu.
Sors du lit.
Je peux pas. Je suis gelé.
Jake, bon Dieu, sors du lit !
- Qu'est-ce que le docteur a dit ?
- Que tu peux mourir sur le chemin de l'hôpital.
Allez, allez. Debout.
Viens. Ça va aller, Jake.
Qu'est-ce que tu fais ?
- Rentre là-dedans, il faut de la glace.
- Je gèle !
Qu'est-ce qu'il se passe ?
J'ai besoin de glace immédiatement.
Il a 41,5 de fièvre.
C'est une urgence. De la glace.
Merci.
Allez, Sam.
Oh, bon Dieu. Jake, ne meure pas.
Allez. Sam, aide-moi.
- Faites attention.
- Oh, mon Dieu !
- Aide-moi.
- Allez, Jake.
Plongez-le dedans.
- Je gèle !
- Ça va aller.
Tenez-le !
Tout va bien se passer.
- Il va bien ?
- Il n'aime pas ça.
- Je le comrpends.
- Tenez-le !
Aidez-moi !
Arrêtez !
Ne meurs pas, Jake.
Arrête ! Tu va me tuer !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je suis gelé.
Je n'ai pas froid.
Bien sûr que non.
Tu prends toutes les couvertures.
Il doit faire 0 degré ici.
Je vais te dire une chose, Sarah...
Si tu veux de l'air frais, tu dormiras
dans l'escalier de secours.
Dorénavant, cette fenêtre reste fermée.
Ce n'est pas sain de l'avoir fermée.
Sain ? Tu appelles ça sain ?
Je vais mourir d'une pneumonie. C'est sain ça ?
Je faisais un sacré rêve.
Je vivais avec une autre femme.
Devine qui ?
Je ne veux pas savoir.
Jezabel, de la poste.
Je sais pas si tu te rappelles d'elle.
Tu l'as rencontrée à une fête de Noël.
Je vivais avec elle.
Nom de Dieu, quel cauchemar.
Il y avait tous ces démons, et je me brûlais.
Je me brûlais avec de la glace.
Tu culpabilises.
Tu vois ce qu'il se passe quand tu me trompes,
même en rêve ?
Elle était vraiment bonne au lit.
Dors.
Elle avait des grandes cuisses.
Je croyais que tu avais dit que c'était
un cauchemar.
Ça l'était. C'était un cauchemar.
C'était horrible, un cauchemar horrible.
Papa, c'était quoi ce bruit ?
Qu'est-ce que tu fais debout ?
Il fait froid.
- Eh bien, dis-le à ta mère.
- Retourne au lit, chéri.
Tu me ramènes au lit ?
Qui, elle ?
Non, mon papa.
- Merde.
- Bonne nuit.
Bonne nuit, chéri.
Bon, ferme les yeux.
Quand le ciel est gris, ça importe peu...
- Il redeviendra --
- Bleu ?
Mon rayon de soleil
Quand je serai vieux et gris
Promets-moi que tu ne me laisseras pas
Je t'aime tellement
- Mon rayon
- De soleil
- Papa ?
- Oui, Jed ?
Tu as oublié mon argent de poche.
Ton argent de poche ? Il est 5h du matin.
on parlera de ça au petit-déjeuner.
D'accord, mais n'oublie pas.
Je t'aime, papa.
Qu'est-ce que c'est ici ? Une réunion ?
Je t'aime aussi, trésor.
Rendors-toi.
Attends.
T'en vas pas.
Je ne vais nulle part.
Je suis là.
Ferme les yeux.
On se verra au matin.
Ne ferme pas.
Ouvre un peu plus.
- Comme ça ?
- Un peu plus.
- Et là ?
- C'est bon.
Je t'aime, Sarah.
Attention à la tête.
Il y a encore une putain de chance.
Je signale une urgence. À vous.
Tu as beaucoup de chance, Jake.
Tu dois avoir des amis haut-placés.
Nous nous tournons vers Orson.
J'allais choisir le trois...
et j'ai changé pour le deux après
une certaine hésitation...
parce qu'elle a parlé de un contre un...
ce qui signifie une augmentation de un...
et je crois que seul un artiste saurait cela.
Ça va aller mieux, Jake.
Tu va guérir.
Je suis à la maison ?
Tu es ici. À la maison.
Le docteur a dit que tu avais de la chance de
ne pas avoir le cerveau en bouillie.
Sacrée nuit, hein, Jake ?
Tu criais et tu te débattais...
et tu disais : "Sarah, ferme la fenêtre"...
sans t'arrêter.
Et tu parlais à tes enfants...
même celui qui est mort.
C'est pas très courant, hein ?
Tu as fait fondre 20 kilos de glace...
en huit heures.
Est-ce que je suis mort ?
Oh, non.
Tu ne l'es pas.
Le docteur dit que tu dois te reposer.
Il dit que tu as un virus.
C'est ce qu'ils disent toujours quand
ils ne savent pas ce qu'il se passe.
Tu restes couché tranquillement ici, d'accord ?
Une Bible de Bruges
Démonologie
Les Racines du Mal
Tu devrais vraiment sortir aujourd'hui.
Tu ne peux pas rester assis comme ça
tout le temps, Jake. Ce n'est pas sain.
Ce n'est pas bon pour ton esprit.
Va faire une promenade.
Fais quelque chose.
Va au cinéma.
Va t'amuser.
L'un de nous devrait s'amuser.
Il y a quelqu'un ?
Il y a quelqu'un là-dedans ?
Qui es-tu ?
Putain !
Deux semaines avec cette merde !
J'en ai assez.
T'as qu'à moisir ici si tu veux.
Passe une bonne putain de journée.
Allô ?
- Jake ?
- Oui ?
C'est Paul. Paul Gruniger.
Paul Gruniger. Bon Dieu, comment vas-tu ?
Ça doit faire cinq ou six ans.
Un paquet de temps.
Quoi de neuf ?
Pas grand chose.
- Pareil pour moi.
- Je dois te voir, Jake.
Je serais ravi mon vieux,
je ne suis pas sorti depuis longtemps.
J'ai été malade.
Je dois vraiment te voir.
D'accord.
Quelque chose ne va pas, Jake.
Je ne sais pas ce que c'est.
Mais je ne peux en parler à personne.
Je pensais que je pourrais parler avec toi.
Tu m'écoutais toujours.
Je vais en enfer.
C'est la meilleure façon de présenter
les choses.
Et me ne dis pas que je suis fou, parce que
je sais que je ne le suis pas.
Ils me poursuivent.
Qui ?
Ils m'ont suivi.
Ils sortent des murs.
Je ne peux faire confiance à personne.
Mais je dois en parler à quelqu'un.
Je dois parler avec quelqu'un,
ou je vais devenir fou, putain !
Occupez-vous de vos affaires.
Je ne sais pas qui ils sont,
ou ce qu'ils sont...
mais ils vont me prendre, et j'ai peur, Jake.
Je suis tellement terrifié
que je ne peux rien faire.
Je ne peux pas aller voir ma sœur.
Je ne peux même pas --
je ne peux même pas rentrer à la maison.
Je ne sais pas quoi faire.
Paul, je sais de quoi tu parles.
Qu'est-ce que tu veux dire ?
Je les ai vu aussi.
Tu les as vu ?
Je les ai vu aussi. Partout où je vais.
Mon Dieu, je croyais être le seul.
Moi aussi. J'ai cru que j'étais en train
de péter les plombs.
Je sais.
Regarde. Je porte ça sur moi tout le temps...
mais ça n'aide pas.
Il n'y a rien qui aide.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit-là ?
- Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
- Je ne sais pas.
Ça doit être mon jour de chance.
Attention. On nous tire dessus
sans interruption.
Mayday ! Mayday ! Mayday !
Cinq minutes avant l'océan !
Nous allons essayer de l'atteindre. À vous.
Vous devez être forte, pour les enfants.
Écoute ce qu'elle te dit.
Quelqu'un a lu le rapport de police ?
- À mon avis c'était une bombe.
- Les journaux parlent d'un problème électrique.
- C'est un accident.
- C'est des conneries.
Quelqu'un essaie de cacher quelque chose.
Ce n'était pas un accident.
C'est l'œuvre de quelqu'un.
Pourquoi ? Personne n'en voulait à Paul.
Il a dit quelque chose quand vous êtes sorti ?
Non, il était nerveux. Il croyait
qu'on le poursuivait.
Ah oui ? Qui ?
Il ne savait pas. Des démons.
Des démons ? De quoi tu parles ?
Il pensait qu'il allait en enfer.
Qu'est-ce qui le faisait dire ça ?
C'est plutôt étrange.
Qu'est-ce qu'il a dit d'autre, Jake ?
Il avait peur. Il voyait des choses
sortir des murs.
"Ils vont me prendre", a-t-il dit.
Est-ce qu'il a dit à quoi ils ressemblaient ?
- Excusez-moi.
- Des problèmes avec tes mains, George ?
Toujours aussi stupide.
J'espère qu'il tient mieux sa queue
que sa bouteille.
Quoi ?
Il se passe quelque chose de bizarre.
Paul n'est pas le premier à mourir.
Vous vous souvenez du Dr. Carlson de Bellevue ?
- Sa voiture a explosé aussi.
- Le Dr. Carlson est mort ?
Oui. Une explosion comme pour Paul.
Nous avons six gars en train de devenir fous !
- Pas moi, mec.
- Très bien, Rob. Pas toi.
Mais nous, on est en train de perdre la tête !
Vous pensez que ça a quelque chose à voir
avec cette fameuse nuit ?
Ça a forcément quelque chose à voir
avec quelque chose.
Je crois que nous devrions aller voir l'armée.
nous devons savoir ce qu'ils nous cachent.
Oh allez, professeur !
Qu'est-ce qui te fait croire que l'armée
va vous donner des réponses ?
Vous foncez tête baissée dans un mur.
On engagera un avocat.
Trouve-toi plutôt un psychiatre.
Vous êtes vraiment parano, putain.
Vous fumez de la mauvaise herbe -- c'est tout !
Ça existe pas les foutus démons ! Allons !
Carole, amène de quoi prendre des notes
dans une quinzaine de minutes.
Bon.
Je suis désolé, M. Singer.
Si vous saviez combien de gens subissent
des injustices dans le monde
ça vous briserait le cœur.
M. Geary, c'est très important pour nous.
L'armée nous a fait quelque chose.
Nous devons découvrir pourquoi.
L'armée ? Nom de Dieu. Qu'est-ce que vous avez
dans la tête, les gars ?
On parle pas d'une promenade à la bibliothèque, là.
C'est le gouvernement des États-unis !
Ce sont des bureaucrates et ils ont le pouvoir,
vous comprenez ?
Oui, je sais. C'est pour ça que nous sommes là.
Nous pensons que vous pouvez nous aider.
J'ai l'air d'être Perry Mason ?
Ok. Je vais étudier ça.
Vous croyez qu'on a une chance ?
J'ai besoin de témoignages solides et d'une liste
des membres du peloton, ou ce qu'il en reste.
- Super.
- Oui.
Je vais vous dire une chose. Si les militaires
sont impliqués là-dedans...
vous allez pouvoir gagner pas mal d'argent.
Je ne peux rien vous promettre
mais dans des affaires comme celle-ci,
il y a déjà eu des jugements très généreux.
Ce qui ne serait pas mal,
n'est-ce pas M. Singer ?
- Nous ne faisons pas ça pour l'argent.
- C'est sûr.
Très bien, messieurs.
Qui veut commencer ?
Jake, j'ai mis le repas au four.
- Il sera prêt dans un quart-d'heure.
- D'accord.
- J'ai aussi fait une salade. Dans le frigo.
- Très bien, chérie.
Je t'ai amené du jus de pomme.
- Non. Pas de la Red Cheek.
- De la Red Cheek.
- Et merde.
- Ne bois pas tout.
Parfait.
- Oh, et ton avocat a appelé.
- Quand ?
- Quand tu étais sous la ***.
- Pourquoi ne m'as-tu pas appelée ?
Il ne m'en a pas laissé le temps.
Il a raccroché.
Écoute. Ne t'énerve pas, d'accord ?
Il ne va pas s'occuper de ton affaire.
Qu'est-ce que tu veux dire ?
Il dit que ce n'en est pas une.
De quoi il parle ?
Je ne sais pas. Il a dit que tes amis
se sont dégonflés.
Oh, j'y crois pas.
Oh chéri, je suis désolée.
Je voudrais rester, mais je suis en retard.
- Nous en reparlerons à mon retour, d'accord ?
- Oui.
- Ça va aller ?
- Oui. Je vais bien.
Tu es sûr ?
Embrasse-moi.
- Je te verrai plus ***.
- Au revoir, chérie.
Allô ?
Frank, c'est Jake.
Je viens de recevoir un appel étrange de Geary.
Il dit que les gars se sont rétractés.
De quoi il parle ?
C'est exact, Jake. Nous laissons tomber.
Pourquoi ?
C'est difficile à expliquer.
Eh bien, essaie.
Tu sais, Jake --
la guerre, c'est la guerre.
Il se passe des choses.
Il se passe des choses ?
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Je pensais que nous allions pouvoir agir.
Il n'y a rien à faire, Jake.
Qui a parlé avec toi ?
Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Bon, j'appelle les autres.
- Ils ne sont pas intéressés, Jake.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Ils ne sont pas intéressés !
Nous avons parlé de tout ça.
Nous avons les mêmes symptômes.
L'armée dissimule quelque chose.
Nous devons savoir ce qu'il en est.
Jake, je dois y aller.
Non, un instant. Attends. Ne raccroche pas.
- Jake, ne me rappele plus.
- Attends !
Je ne peux pas faire ça tout seul. Frank.
Je les aurai d'ici cet après-midi.
Excusez-moi.
Qui vous a parlé ? L'armée ?
- Ils vous ont contacté ?
- Non. Votre affaire n'est pas valable.
Vous êtes sûr ? Attendez !
Ne me touchez pas. Laissez-moi tranquille.
Vous ne pouvez pas nous abandonner !
Nous avons besoin de votre aide.
- Vous avez besoin d'un médecin.
- Je n'ai pas besoin d'un médecin !
Vous devez m'aider à prouver
que l'armée m'a fait quelque chose !
Je ne peux rien faire ! Laissez-moi.
Vous me cachez quelque chose !
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je vais vous dire ce qu'il se passe.
Un type que je ne connais pas
vient à mon bureau avec une histoire étrange
et exige que je fasse des recherches sur lui !
D'accord ! Bien ! Je l'ai fait !
Pour quel genre d'idiot vous me prenez ?
Vous avez voulu me manipuler, je n'aime pas ça !
- Vous manipuler ?
- C'est exact. J'ai vérifié à l'armée.
- Vous n'êtes jamais allé au Vietnam.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Que vous et vos amis êtes des malades !
On vous a écartés pour raisons psychologiques
après des manœuvres...
en Thaïlande !
Vous ne voyez pas ce qu'ils essaient de faire ?
Ce sont des mensonges !
Nous avons fait Da Nang, bordel !
Vous devez me croire !
Allez vous faire foutre, Singer !
Qu'est-ce que c'est que ça ? Au secours !
Entre là-dedans, connard !
Tenez-le !
Tenez-le, imbécile !
Putain !
M. Singer.
Quel nom approprié pour un homme
qui ne sait pas la fermer.
Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
Nous vous surveillons depuis longtemps,
vous et vos amis.
Vous essayez d'effrayer les gens avec
cette histoire sur l'armée et ces expériences.
Vous êtes dedans jusqu'au cou, M. Singer.
Vous allez vous y noyer.
L'armée fait partie d'une autre vie.
Laissez tomber.
J'espère être suffisamment clair M. Singer.
Tue cet enfoiré !
Au secours !
Au secours !
S'il vous plaît, un geste pour les pauvres.
Donnez aux nécéssiteux
Pauvre homme.
Ho ! Ho ! Ho !
Joyeux Noël !
Ce type est mal en point.
Vous feriez mieux de l'examiner.
Je suis le Dr. Stewart.
Pouvez-vous nous dire ce qu'il s'est passé ?
Mon dos.
Je ne peux pas bouger.
- Appelez mon chiropracteur.
- Votre dos ?
Vous êtes tombé ?
Il dit qu'il a glissé sur le trottoir.
Il s'est peut-être cogné la tête.
Il a des papiers ?
- Pas de portefeuille, rien.
- On me l'a volé.
- Qui a fait ça ?
- Le Père Noël.
Je dois retrouver ce salaud.
Il y avait la photo de mon fils dedans.
Celle de Gabe.
C'est la seule que j'ai.
Appelez un traumatologue.
C'est le tour du Dr. Davis, non ?
Je le bippe.
- Appelez mon chiropracteur.
- Nous faisons tout ce que nous pouvons.
Louis Denardo. Avenue Nostren.
Je dois le déplacer pour vérifier
s'il n'y a pas de blessures.
- Non, ne faites pas ça.
- Ça va faire un peu mal.
- Inutile de lui demander s'il a senti ça.
- Nom de Dieu.
- J'ai besoin de Louis.
- Qui est Louis ?
Il s'évanouit. On l'emmène en bas
pour les radios.
Gabe !
Jezzie.
- Sors-moi d'ici.
- Où voulez-vous aller ?
- À la maison.
- C'est ici votre maison. Vous êtes mort.
Mort ? Non.
Je me suis juste blessé au dos.
- Je ne suis pas mort.
- Vous êtes quoi alors ?
- Je suis vivant !
- Alors qu'est-ce que vous faites ici ?
Je ne sais pas. Ce n'est pas réel !
- Qu'est-ce qui est réel ?
- Sortez-moi d'ici !
Il n'y a pas de sortie.
On vous a tué. Vous ne vous souvenez pas ?
Faites attention. Bougez, les gars. On y va.
- Attention !
- Merde ! Bougez, putain !
Il est encore un peu drogué. Il ne pourra
probablement pas encore parler.
Et je doute qu'il vous reconnaisse.
- Je veux seulement le voir.
- Je serai dehors si vous avez besoin de moi.
Papa ? Salut.
C'est nous.
- Tu vas bien ?
- Jake, c'est moi.
Nous avons appris ce qu'il s'est passé.
- Je ne suis pas mort.
- Quoi ?
Je suis vivant.
Je ne suis pas mort.
Oh, non. Évidemment que tu ne l'es pas.
Tu t'es seulement blessé au dos. Ça va aller.
Ça prendra juste un certain temps.
Un mois, à ce qu'ils ont dit.
Tu es bien attaché, papa.
Ça suffit. Ce n'est pas drôle.
Mon Dieu. C'est compliqué, hein ?
Ah, Jacob. Je t'aime toujours.
Au cas où ça soit important.
- Tu rêves.
- Mon Dieu. Non !
Quoi ?
Dis-moi. Qu'est-ce que je peux faire ?
Aide moi.
Monsieur ! Baissez la voix !
Où est Jacob Singer ?
Louis, je suis ici !
Où es-tu, Jake ?
- Vous ne pouvez pas entrer là !
- Je peux vous aider, monsieur ?
Bon Dieu, Jacob ! Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
Peut-on vous aider, monsieur ?
- On est où, là ? Au Moyen-Âge ?
- Ne le touchez pas !
Et on appelle ça la médecine moderne ?
- C'est de la barbarie !
- Calmez-vous.
Pourquoi ne le conduisez-vous pas directement
au bûcher ?
- Monsieur, attendez.
- Ne vous approchez pas !
- N'entrez pas.
- Appellez la sécurité.
Si vous faites encore un pas,
je vous tords le cou avec ceci.
- Du calme.
- Reculez !
Du calme.
Ça va aller.
Ne faites pas ça.
- Monsieur, vous ne pouvez pas faire ça !
- Hors de mon chemin !
Je suis fâché. Je suis vraiment fâché.
- C'est un fou !
- Ils l'arrêteront à la sortie.
- Un fou !
- Attention à tes doigts de pied, Jake !
Bon, tu l'as bien cherché cette fois,
n'est-ce pas ?
Je suis en train de mourir, Louis ?
À cause d'un disque déplacé ?
Ce serait une première.
J'étais en enfer.
Je ne veux pas mourir.
Je vais voir ce que je peux faire.
Tout n'est que douleur.
Redresse la tête.
Relaxe-toi.
- Tu as déjà lu Meister Eckhart ?
- Non.
Comment as-tu obtenu ton doctorat
sans lire Eckhart ? Relaxe-toi.
Bien. Maintenant, tourne-toi lentement.
À droite.
L'autre droite, d'accord ?
Tu n'es pas loin de la camisole de force,
tu sais ça ?
Eckhart a aussi vu l'enfer.
Tu sais ce qu'il en a dit ?
Il a dit que la seule chose
qui brûle en enfer...
est la partie de toi qui s'accroche à la vie.
Tes mémoires, tes attaches --
tout brûle.
Mais ce n'est pas pour te punir.
C'est pour libérer ton âme.
Relaxe-toi.
Bien.
D'après lui...
si tu as peur de mourir, et que tu résistes...
tu verras des démons détruire ta vie.
Mais si tu es en paix avec toi-même...
les démons seront des anges
te libérant de la Terre.
C'est juste une façon de voir les choses.
Donc ne te préoccupes pas trop, d'accord ?
Bien. Relaxe-toi.
Relaxe-toi et bouge tes doigts de pieds.
Allez. Bouge tes doigts de pieds.
Parfait. On y est.
Mets-toi sur le dos. Allez.
Doucement. C'est bien.
Nous allons faire un autre essai.
Je veux voir si tu peux te lever.
Tout seul ?
Tu peux le faire.
Allez.
Faisons un essai, Jake.
Allez.
C'est bon.
Continue.
Alléluya.
Aigle d'or
Armée des États-Unis
Université de Brooklyn. Licencié en Art
Mention Honorable
Cher papa, je t'aime.
Reviens à la maison s'il-te-plaît.
J'ai perdu ma clé.
Maman veut que tu lui envoies de l'argent.
Je t'aime, Gabe.
Qu'est ce qu'il se passe ? C'est moi !
Tu vas bien ?
Nom de Dieu ! Où étais-tu passé ?
J'ai failli mourir d'inquiétude !
Deux jours et pas un coup de fil ?
J'étais à l'hôpital.
Bon Dieu. À l'hôpital ?
Jake, à quel hôpital ? J'ai appelé
tous les hôpitaux de la ville.
- Non !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Je ne suis pas ici. Tu ne m'as pas vu.
- Allô ?
- Est-ce que Jacob Singer est là ?
- Non. Je ne l'ai pas vu de toute la nuit.
- Quand doit-il rentrer ?
- Je ne sais pas.
- Pourriez-vous lui transmettre un message ?
- J'étais au Vietnam.
- Au Vietnam ?
- Il y a eu des expériences secrètes --
- Quelles expériences ?
Je dois le voir le plus vite possible.
- Ici Jacob Singer.
- J'étais dans ce pays en 68.
Dans une unité militaire chimique à Saigon.
Nous dirigions des expériences secrètes
pour le gouvernement.
- Nom de Dieu.
- J'ai besoin de vous voir. Vous êtes là ?
- Oui.
- Voulez-vous en savoir plus ?
- Où puis-je vous rencontrer ?
- Au coin de l'avenue ouest et de la 128.
En face d'un camion-café.
- Comment je vous reconnaîtrai ?
- On se connaît déjà.
- Ah bon ?
- Oui. Évitez de vous faire suivre, d'accord ?
Bien.
Je le savais.
- Qui était-ce ?
- Un chimiste.
Il était dans une unité militaire chimique
à Saigon.
- Il savait que quelque chose se passait.
- Jake. S'il-te-plaît, n'y va pas.
Je suis désolé.
Salut. Je suis Michael Newman.
Je vous avait dit qu'on se connaissait.
Je vous surveille depuis longtemps.
J'aurais aimé que nous puissions parler avant.
Pourquoi me suivez-vous ?
Vous êtes un des survivants.
Venez. Nous ne pouvons pas parler ici.
Ce n'est pas sûr. Venez.
Bon, première arrestation, d'accord ?
Le meilleur LSD que j'ai jamais fait,
rejeté par le drainage.
J'ai pensé que c'était fini --
20 années de tôle en ayant de la chance.
C'était en 1968.
- Ça fait longtemps.
- Oui, vraiment.
Ensuite, je me suis retrouvé à Riker Island.
Vous êtes déjà allé là-bas ?
Soudain, ils m'ont sorti de ma cellule
et m'ont mis dans une salle d'attente
avec de grandes fenêtres.
Quatre colonels décorés jusqu'au cul
se sont installés de l'autre côté de la pièce.
Ils m'ont dit que si j'allais au Vietnam
pendant deux ans --
sans aller au feu, seulement pour travailler
dans un laboratoire --
ils feraient disparaître toutes les charges
et me rendraient un casier vierge.
J'étais dans la prison depuis moins de 13 heures
et je croyais déjà qu'au Vietnam ça serait mieux.
- Vous ne saviez pas grand chose.
- Non, effectivement.
Ils me tenaient par les couilles.
Sans rien voir venir, je me suis retrouvé à Saigon.
Je travaillais dans un laboratoire secret
à synthétiser des drogues qui altèrent l'esprit.
pas le genre qu'on trouve dans la rue.
Les notres avaient des propriétés spéciales.
Le côté obscur.
Ils voulaient une drogue qui augmenterait
les tendances agressives.
Ils avaient peur. Ils trouvaient que vous étiez
trop doux --
Que vous ne combattiez pas à votre plein potentiel.
Ils voulaient un truc qui vous rendrait agités --
Qui vous rendrait furieux et réveillerait la rage.
Et nous l'avons fait.
Le truc le plus puissant que j'ai jamais vu.
Même un mauvais trip -- j'en ai vu quelques-uns --
n'était rien, comparé à la fureur de l'échelle.
- L'échelle ?
- Oui. C'est comme ça qu'ils l'appelaient.
Une descente rapide en bas de l'échelle.
Directement à la peur primale.
Directement à la base de la colère.
Je vous le dis. C'était vraiment très puissant.
Mais je n'ai pas besoin de vous le dire.
Vous le savez déjà.
Nous avons fait des expériences
sur des singes de la forêt.
Ça a fonctionné. Ils se frappaient à la tête
essayaient de se crever les yeux,
se mordaient la queue.
Le haut commandement a adoré.
Ils nous ont alors forcé à essayer sur des Viets.
Nous...
nous avons sorti des prisonniers de guerre.
Des enfants.
Et...
nous les avons mis dans une cour.
Et nous leur avons donné de grandes doses
de ce truc.
Ils étaient pire que les singes.
Je ne savais pas que des hommes pouvaient faire ça.
De toute façon, il y avait cette grande offensive
qui arrivait. Tout le monde le savait.
Time Magazine, Huntley, Brinkley --
Et le haut commandement avait peur,
ils savaient que nous ne pouvions pas gagner.
Le moral était au plus bas, ça sentait mauvais
aux États-Unis -- vous vous souvenez ?
Oui.
Alors, un ou deux jours plus ***...
ils ont décidé d'utiliser l'échelle...
sur un bataillon-test -- le votre.
Seulement une dose infinitésimale dans le repas,
ont-ils dit.
Juste pour prouver son efficacité au combat.
Ils étaient sûrs que votre unité aurait
le pourcentage de massacres le plus élevé...
de toute l'offensive, et ils ont eu raison.
Excepté que ça ne s'est pas passé comme prévu.
Personne ne se souvient de cette nuit-là.
J'ai des flashs, mais ils n'ont aucun sens.
Que s'est-il passé ?
Il y a eu une offensive ?
Oui. Deux jours plus ***.
Elle a été très violente. Mais vous n'avez rien vu.
Mais il y a eu une attaque. Il y a eu une lutte,
n'est-ce pas ?
Oui. Mais pas avec les Viets.
Avec qui ?
Vous vous êtes entretués.
Quoi ?
Ça a été une lutte fratricide.
Sans distinction.
Vous vous êtes mis en pièces.
Mon Dieu.
Je savais ce qu'il allait se passer.
Je les ai prévenu ! Je les ai prévenu, putain !
Oh putain.
Qui j'étais ? Seulement un chimiste hippie.
Qu'est-ce que j'y connaissais ?
Putain.
J'ai parlé avec les gars qui mettent
les corps dans des sacs.
Ils étaient dans un état pire que vous, croyez-moi.
Ils ont vu ce qu'il restait.
J'avait besoin de vous trouver, vous comprenez ?
Je me sentais responsable.
L'échelle était mon bébé.
- Je vais à Brooklyn.
- Pas avec moi.
Je me perds dans Brooklyn.
Je connais le chemin.
Écoutez. Voilà tout l'argent que j'ai.
Ramenez-moi chez moi, s'il vous plaît.
Elle est où votre maison ?
Dr. Singer.
Ça fait longtemps.
- Salut, Sam.
- Vous allez bien ?
Oui. Ça va.
Vous avez besoin d'aide ? Je peux appeler là-haut.
Non, ça va. Merci, Sam.
Sarah ?
Jed ?
Elie ?
Si tu as peur de mourir et que tu t'accroches...
tu verras des démons détruire ta vie.
Si tu as trouvé la paix,
les démons seront des anges...
te libérant de la Terre.
Gabe ?
Bonjour, papa.
Ça va.
Viens. Allons en haut.
Viens.
Il est mort.
Ce gars part en paix.
Il a beaucoup résisté.
Quel est son nom ?
On a avancé que la drogue
hallucinogène BZ...
a été expérimentée sur des
soldats durant la guerre du Vietnam.
Le Pentagone dénie les accusations.