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MINUIT À PARIS
C'est incroyable !
Il n'y a pas une ville pareille
au monde.
On dirait que tu n'es jamais venu.
Le problème,
c'est que je ne viens pas assez souvent.
Tu imagines la beauté d'enfer
de cette ville sous la pluie ?
Imagine Paris sous la pluie
dans les années vingt...
les artistes et les écrivains ?
Pourquoi toujours la pluie ?
C'est si merveilleux d'être mouillé ?
Tu nous vois vivre ici
après notre mariage ?
Sûrement pas !
Je ne peux vivre qu'aux États-Unis.
Si seulement j'étais resté ici
à écrire des romans,
au lieu de me laisser embringuer
dans la laborieuse
fabrication de scenarii...
Là, je laisserais tomber
la maison de Beverly Hills,
la piscine et le reste en une seconde !
C'est ici que Monet a vécu et peint.
On est à 30 minutes de la ville !
Imagine qu'on s'installe ici !
On pourrait, si mon livre marche.
- Tu es amoureux d'un fantasme.
- Je suis amoureux de toi !
Retournons en ville.
On dîne avec mes parents.
Allons-y !
Voilà nos touristes !
J'en ai ras-le-bol des charmants
boulevards et des bistros !
Quelle ville !
À visiter, oui !
Je me vois bien vivre ici.
Les Parisiens me comprennent.
Je me vois bien me balader
sur la rive gauche,
avec une baguette sous le bras
et aller au Café de Flore,
me plaire à griffonner mon livre.
Comme a dit Hemingway :
"Paris est une fête" !
Pas avec cette circulation !
Buvons
à la nouvelle entreprise de John !
Félicitations !
Pour être franc,
je suis excité par cette fusion
entre nous et la société française,
mais à part ça,
je ne suis pas très francophile.
John dé*** leur politique.
Ils ne se montrent pas
amis des États-Unis !
On ne peut pas les blâmer
de ne pas s'être lancés
dans le traquenard d'Irak.
- Ne reprenons pas cette discussion !
- On ne reprend rien.
Mais le désaccord entre ton père et moi,
c'est de la démocratie.
Ton père défend
l'aile droite des Républicains,
moi, je pense qu'il faut être
un dément pervers pour en être membre...
Ça n'empêche pas
de respecter l'opinion de l'autre.
Pas vrai ?
Si on parlait
de l'organisation du mariage ?
Oui, faisons ça.
Que faites-vous ici ?
Heureuse de te voir.
Paul et Carol Bates...
ma mère et mon père.
Et vous connaissez Gil !
Je ne savais pas
que vous veniez.
Ce n'était pas prévu.
Paul a été invité à donner
une conférence à la Sorbonne.
C'est merveilleux !
Papa est ici pour affaires
et on est venus jouer les parasites.
On va pouvoir se voir un peu.
Nous avons beaucoup d'obligations,
mais je pense...
Lesquelles ?
Que faites-vous demain ?
Nous allons à Versailles.
Je meurs d'envie de voir Versailles !
On s'est engagés
à aller déjeuner chez Lipp.
Je ne savais...
Si, si, c'est déjà...
J'avais un professeur
qui avait dîné là-bas
et y avait vu James Joyce.
Ça doit faire un million d'années !
Apparemment, Joyce y mangeait
choucroute et saucisses de Francfort.
Fin de l'histoire ?
Ce n'est qu'un détail.
On aimerait bien aller à Versailles.
Super !
Sois moins asocial demain à Versailles !
J'ai été asocial ?
Je t'en prie !
Ça se voyait
que tu ne voulais pas y aller.
Ce sont tes amis,
et je suis moins séduit par lui que toi.
Il est brillant.
J'avais le béguin pour lui à la fac !
Et Carol est intelligente.
Lui, c'est qu'un petit intello.
Ça ne va pas loin.
Il ne donnerait pas de conférence
à la Sorbonne
si c'était qu'un petit intello.
Fais-lui lire ton livre.
Pourquoi ?
Il peut faire la critique de ton style
et te montrer pourquoi
tu as tant de difficultés.
Je ne suis qu'un écrivaillon
de Hollywood
qui ne s'était jamais lancé
dans la vraie littérature.
Je t'en prie...
Promets-moi une chose :
si tu ne t'en sors pas
avec ton livre,
arrête de te creuser la cervelle
et reviens à ce que tu sais
le mieux faire.
Les studios t'adorent.
Ils te réclament.
Tu veux renoncer à ce que tu as,
pour t'échiner à rien ?
Pourquoi ferais-tu ça ?
Je crois que Louis a amené
sa cour ici en 1682.
À l'origine, c'était un marécage.
En fait, si je ne me trompe,
en vieux français,
"Versailles" signifie
quelque chose comme...
"terrain désherbé".
C'est vrai ?
La partie centrale...
est du style français classique
à son summum.
C'est l'œuvre, je crois,
de Louis Le Vau,
de Mansart
et de Charles Le Brun, je crois.
C'est ça.
Je pourrais me faire
à une telle villa.
Je sais.
Mais rappelle-toi qu'à cette époque,
il n'y avait pas de *** !
Où vous installerez-vous
après votre mariage ?
À Malibu.
C'est vrai ?
Moi, je serais pour un grenier
à Paris avec une lucarne.
La Bohème ?
Il ne manque que la tuberculose.
Exactement, je te remercie.
Le problème, c'est qu'il n'est pas sûr
de pouvoir écrire un roman.
C'est vrai ?
Jusqu'ici, tu n'as fait
tes preuves que...
Tout le monde aime tes scenarii.
C'est plus facile à écrire...
Parle-leur de ton personnage principal.
Je ne parle pas de mon travail.
Ne raconte pas l'intrigue.
Juste le personnage.
Il travaille dans un grenier d'antan.
Qu'est-ce que c'est ?
On y vend des poupées Shirley Temple
et de vieilles radios ?
Qui voudrait acheter ces trucs ?
Des gens qui vivent dans le passé,
qui croient qu'ils auraient été
plus heureux
s'ils avaient vécu autrefois.
Quand aurais-tu souhaité vivre,
Mister Proust ?
À Paris, dans les années 20.
Sous la pluie.
Quand elle n'était pas acide.
Sans réchauffement planétaire,
sans télé, attentats-suicide,
armes nucléaires, cartels...
Le tableau habituel
d'histoires d'horreur rebattues !
La nostalgie est un déni...
le déni d'un pénible présent.
Gil est un vrai romantique.
Il vivrait plus heureux
en état de perpétuel déni.
Et le nom de cette illusion
est "Syndrome de l'Âge d'Or".
C'est la notion erronée
qu'une période différente
est meilleure que celle qu'on vit.
C'est une faille
dans l'imagination romantique
de ceux qui trouvent difficile
d'affronter le présent.
- Celle-là.
- La plus belle qu'on ait vue.
Il faut choisir des diamants
pour une alliance.
Comme ça, tout le monde la verra
quand il la passera à mon doigt.
Quel événement ça va être !
Si seulement...
Ne parlons plus de ça !
Tu l'as choisi,
je ne peux rien dire.
Gil est intelligent
et il réussit dans la vie.
Il parle de renoncer à tout
pour déménager ici.
Il ne fait qu'en parler !
Moi, ça me fait peur.
C'est la plus célèbre statue de Rodin.
On en a placé un moulage
près de sa tombe.
Rodin souhaitait qu'elle serve
de pierre tombale et d'épitaphe.
Elle est à Meudon.
Il est mort de la grippe, je crois...
en 1917.
Tout à fait exact !
Il est très cultivé !
L'œuvre de Rodin a été très influencée
par sa femme, Camille.
Oui, mais elle n'était pas sa femme,
elle était sa maîtresse.
C'était Rose, sa femme.
Il n'a jamais épousé Rose !
Il l'a épousée
dans les dernières années de leur vie.
Vous faites erreur.
Tu contestes notre guide ?
En effet !
Je suis certaine
de ce que je dis.
Elle a raison.
J'ai lu une biographie de Rodin,
en deux volumes.
Rose était la femme
et Camille la maîtresse.
Où as-tu lu ça ?
J'ai été surpris,
car je pensais à tort comme toi,
que c'était le contraire.
Papa vous invite, ce soir,
à une dégustation de vins.
Ça va être super !
Paul est un expert
en matière de vins français.
Tu plaisantes !
Un expert !
Quand as-tu lu la biographie de Rodin ?
Moi ?
Pourquoi j'aurais lu sa biographie ?
Je choisis toujours
un vin de Californie,
mais Napa Valley
est à dix mille kilomètres !
Comment ça va, mon vieux ?
Viens !
Je ne supporte pas ce type !
On goûte d'autres vins ?
Commençons ici !
Lequel tu as préféré ?
Soyons méthodique
et rebuvons un peu de chaque.
Je ne sais pas...
Tu as les joues rouges !
- Elles sont pas rouges.
- D'un rouge vif !
C'est à cause des phéromones
que tu dégages.
Elles me rendent fou !
Sexe et alcool, hein ?
L'alcool attise le désir, mais tue
la performance, selon Shakespeare.
Vous avez goûté le 61 ?
Il est divin !
Bien que Paul l'ait choisi !
Qu'est-ce qui se passe ?
Il est plus tannique que le 59.
Je préfère le fumé au fruité.
Je suis d'accord.
Carol et moi, nous allons danser.
On nous a parlé d'un super endroit.
Je ne veux pas jouer les rabat-joie...
mais j'ai besoin de prendre l'air.
Je t'en prie !
Remarque, si tu passes ton temps
à chercher la sortie de secours...
Si Gil ne vient pas,
je partage Paul avec toi.
Je suis une vraie démocrate
et Paul est un merveilleux danseur.
Si tu permets,
j'ai envie de faire un tour dehors
et d'aller me coucher,
et on dansera un autre soir.
Mais je peux y aller quand même ?
Tu en as envie ?
Je ne suis pas fatiguée
et j'ai envie de danser.
Je te retrouverai à l'hôtel.
Je m'occuperai d'elle.
Prenons un taxi !
Prends-en aussi un !
Moi, je marche.
- Tu vas te perdre !
- Je vais marcher.
C'est un bon écrivain ?
Tu as lu sa prose ?
Il ne laisse personne la lire.
Personne ?
Ça ne me gênerait pas
de parcourir son roman
et d'en faire la critique.
Tu ferais ça ?
C'est ce qu'il lui faut.
Il faut le faire lire à quelqu'un.
Tu ne prendras pas de gants !
Sûrement pas, tu le sais.
Je te connais !
Mais pour ce qui est de sa prose,
il ne respecte l'opinion de personne.
Je n'ai pas entendu !
Venez !
Montez en voiture !
Vous devez me prendre
pour quelqu'un d'autre !
Je ne vous comprends pas !
J'ai un peu trop bu...
Une vieille Peugeot !
Un ami à Beverley Hills
en fait collection.
Venez boire un verre !
Vous allez à une fête ?
Donnez-moi la main !
Asseyez-vous là !
Où m'emmenez-vous ?
J'ai déjà bu beaucoup de vin rouge,
ce soir...
J'adore le champagne !
On a la nuit devant nous.
Buvez !
Je bois !
Tu as l'air paumé.
C'est juste que...
Vous êtes américaine ?
Si l'Alabama est l'Amérique,
je le suis !
Le gin clandestin me manque.
Qu'est-ce que tu fais ?
Je suis écrivain.
Qu'écris-tu ?
Là, je travaille à un roman.
Je m'appelle Zelda.
Qu'y a-t-il, chérie ?
C'est un écrivain de...
D'où es-tu ?
De Californie.
Scott Fitzgerald.
Et qui êtes-vous, vieille branche ?
Vous avez les mêmes noms que...
Que qui ?
Scott Fitzgerald et...
Scott et Zelda Fitzgerald.
Elle n'est pas ravissante ?
Quelle coïncidence...
Tu as un regard vitreux...
pétrifié, accablé,
anesthésié, lobotomisé.
C'est qu'en regardant le pianiste...
je reconnais un visage que je crois
avoir vu sur une vieille partition.
Moi, j'aurais pu être
une grande parolière.
Non que je sois douée
pour la mélodie.
Puis quand j'entends ses chansons,
je sais que je n'écrirai rien.
Mon seul grand talent
est de me saouler la gueule.
C'est bien vrai !
C'est pas lui qui a composé
la musique ?
C'est pas possible !
Quel genre de livre écrivez-vous ?
Je travaille à...
Où suis-je ?
Vous ne connaissez pas notre hôte ?
Des amis donnent une fête
en l'honneur de Jean Cocteau.
Dites, madame...
vous vous foutez de moi ?
Je sais ce que tu penses.
On s'ennuie ici, c'est vrai !
Changeons de crèmerie !
Allons chez Bricktop !
Je m'ennuie, il s'ennuie,
on s'ennuie tous !
On s'ennuie tous !
Allons chez Bricktop !
Dis à Cole et Linda
de venir avec nous.
Gil, tu viens avec nous ?
C'est un des plus
fabuleux endroits de Paris.
Ils font un violent whisky sour !
Salut et salutations !
Excusez-moi, j'ai mélangé
guignolet et grappa !
Voilà un écrivain.
Vous avez aimé mon livre !
J'ai aimé toute votre œuvre.
C'était un bon livre,
parce qu'il était honnête.
Voilà ce que la guerre
fait aux hommes.
Ça n'a rien de noble
de mourir dans la boue.
À moins de mourir avec grâce.
Alors, c'est non seulement noble,
mais brave.
Tu as lu mon histoire ?
Qu'en penses-tu ?
Il y a de superbes passages,
mais c'est abscons.
J'aurais dû m'en douter !
Tu es trop susceptible !
Tu aimes mon histoire
mais lui me dé***.
Vieille branche,
tu rends les choses difficiles.
Je suis nerveuse.
Cette ambiance ne me plaît plus.
Où vas-tu ?
Je vais à Saint-Germain avec lui.
Si tu restes à boire avec lui,
je vais avec le toréador.
Vous la ramènerez
à une heure raisonnable ?
Cette femme te rendra dingue !
Elle est excitante.
Et elle a du talent.
Ce mois-ci, c'est l'écriture.
Le mois dernier, c'était autre chose.
Tu es un auteur.
Écris, au lieu de batifoler.
Elle gaspille ton temps
parce qu'elle est ta rivale.
Pensez-vous que mon ami
commet une tragique erreur ?
Je ne connais pas bien
les Fitzgerald.
Vous êtes écrivain,
vous savez observer.
On doit discuter
de ma vie privée en public ?
Elle est jalouse de son talent.
C'est un beau et rare talent.
Vous aimez son œuvre ?
Arrête, tu veux !
Vous aimez Mark Twain ?
Je vais retrouver Zelda.
Je n'aime pas qu'elle reste
avec l'Espagnol !
Vous permettez ?
Je suis un fan de Mark Twain.
On peut même admettre
que la littérature américaine moderne
émane de Huckleberry Finn.
Vous boxez ?
Enfin...
pas vraiment.
Qu'écrivez-vous ?
- Un roman.
- Sur quoi ?
Un homme qui travaille
dans un grenier d'antan.
C'est quoi, ce truc ?
Une boutique où on vend
de vieux objets d'époque.
Ça vous paraît mauvais ?
Il n'y a pas de mauvais sujet
si l'histoire est réelle.
Et si la prose est nette et honnête.
Et si elle exprime grâce et courage
dans l'adversité.
Puis-je vous demander
la plus immense faveur ?
Quoi donc ?
Le liriez-vous ?
Votre roman ?
Il fait quatre cent pages,
et je voudrais juste
avoir une opinion.
Mon opinion est que je le dé***.
Vous ne l'avez même pas lu.
S'il est mauvais, je le détesterai.
S'il est bon, je l'envierai
et le détesterai.
Ne demandez pas
l'avis d'un auteur.
Mais vous savez ce qu'il y a ?
J'ai du mal à faire confiance
à l'opinion de quelqu'un.
Les auteurs sont en concurrence.
Je ne le serai pas avec vous.
Vous êtes trop effacé.
Ce n'est pas viril.
Si vous êtes auteur,
proclamez-vous le meilleur.
Mais pas tant que je suis là !
Ou réglons ça sur le ring !
Pas question !
Au lieu de lire votre roman,
voilà ce que je ferai.
Je l'apporterai à Gertrude Stein.
Je ne confie mes œuvres
qu'à elle.
Vous montreriez mon roman
à Gertrude Stein ?
Donnez-le-moi.
- Je vous l'apporterai.
- Elle rentre d'Espagne demain.
Je vais aller le chercher !
Ce que je suis excité !
Ça me remonte tant le moral
que mon cœur bat la chamade.
Je vous l'apporte !
Du calme, Gil !
Pas de panique !
Tu as eu une belle soirée.
Fitzgerald...
Hemingway... "Papa"...
Il faut que...
On n'a pas dit où on se retrouvera !
Tu as bien fait de pas venir.
Tu aurais détesté
la musique et l'ambiance.
Moi, je me suis amusée.
À quoi penses-tu ?
Tu as l'air ailleurs.
Si je te disais que j'ai passé...
la nuit avec Hemingway
et Fitzgerald,
que dirais-tu ?
Tu as rêvé de tes idoles littéraires ?
Et si c'était pas un rêve ?
C'est-à-dire ?
Si j'étais avec Hemingway,
Fitzgerald et Cole Porter ?
Tu aurais une tumeur au cerveau.
Zelda Fitzgerald est telle
que l'image qu'on s'en faisait
et ce que tu as lu
dans les livres.
Elle est charmante,
mais elle a des sautes d'humeur.
Elle n'aime pas du tout Hemingway.
Scott sait qu'il dit vrai
à son sujet
mais il est en conflit
avec lui-même, car il l'aime.
Lève-toi !
Arrêtons de jacasser,
ou on va être en retard.
Moi, je vais rester ici
pour travailler à mon roman.
Je dois le peaufiner.
Plus ***. Maman nous fait profiter
de sa remise décorateur.
Debout !
Viens regarder ça !
Ça ne serait pas charmant
dans une villa de Malibu ?
C'est une affaire, à 18 000 dollars !
18 000 dollars pour ça ?
C'est des euros, alors c'est plus !
Ça fait dans les 20 000 dollars.
Et même plus, je pense.
Mais on trouverait pas ça chez nous !
Elle a raison.
Mais on n'a même pas encore de maison,
et on essaie de réduire nos frais
pour m'éviter de minables boulots
de réécriture.
Tu paies deux sous...
tu en as pour deux sous.
Vous voulez rentrer à pied ?
Non, il commence à pleuvoir.
C'est beau de marcher sous la pluie.
Ça n'a rien de beau
de marcher sous la pluie.
N'oublie pas qu'on vous emmène dîner,
ce soir.
C'est vrai ! Super !
Et moi, j'aurai une grosse surprise
pour toi, après le dîner.
- Je n'aime pas les surprises.
- Tu aimeras celle-là.
Une dernière chance
de marcher sous la pluie ?
Monte !
Il ne fait pas si mauvais !
Mais où va-t-on ?
On est presque arrivés.
Papa n'avait même pas fini
ses profiteroles !
Oublie-les.
Prépare-toi à vivre
la plus stupéfiante aventure de ta vie.
Où ça ?
Je t'en prie !
Pourquoi tu as ce manuscrit ?
Tu vas le savoir.
Tu en resteras bouche bée.
Je ne fanfaronne jamais
et si je te dis que c'est incroyable...
- Je ne comprends pas...
- Je sais.
Tu te demandes pourquoi
je me conduis si bizarrement.
Tu vas vite le savoir.
Et tu t'étonneras que je ne me sois pas
conduit plus bizarrement.
- C'est vraiment...
- Je sais !
Tout ça n'a rien
d'une stupéfiante aventure pour moi.
La gym et le massage m'ont fatiguée,
alors je vais prendre ce taxi.
Attends encore un peu !
Tu veux flâner la nuit
dans les rues de Paris,
très bien !
Je rentre lire un livre
que Carole m'a prêté.
Encore dix minutes,
et on rentrera à pied !
Si je dors quand tu rentres,
ne me réveille pas !
En quoi je m'y prends mal ?
Elle a peut-être raison,
je devrais voir un neurologue.
Tu as quitté la dégustation de vin !
Tu étais un peu ivre,
mais tu te contrôlais.
Perdu, tu marches et c'est ici que...
Ça n'arrive peut-être qu'une fois !
L'horloge a sonné minuit...
Monsieur Hemingway !
Laissez-moi monter !
La mission était de prendre la colline.
Nous étions quatre...
cinq, si on comptait Vincente,
mais il avait perdu une main
et depuis il avait du mal à se battre
et il était jeune et brave, et
la colline était détrempée par la pluie
et elle glissait vers la route
et il y avait plein
de soldats allemands
et on devait mettre en joue
le premier groupe
et en visant bien,
on pouvait le retarder.
Vous aviez peur ?
De quoi ?
D'être tué.
Tu n'écriras pas bien
si tu redoutes la mort.
- C'est ton cas ?
- En effet.
C'est même ma plus grande peur.
C'est une chose que tous les hommes
avant toi ont vécu et vivront.
As-tu déjà fait l'amour
à une femme fantastique ?
Ma fiancée est plutôt sexy.
Quand tu lui fais l'amour,
tu éprouves une magnifique passion
et là au moins,
tu perds ta peur de la mort ?
Non, ça ne m'arrive pas.
Le sincère et vrai amour
entraîne un sursis à la mort.
On est lâche quand on n'aime pas
ou qu'on aime mal, ce qui est pareil.
Quand un homme brave et sincère
regarde la mort en face,
comme des chasseurs de rhinocéros
ou Belmonte,
qui est vraiment brave,
c'est que la passion de leur amour
repousse la mort de leur esprit,
jusqu'à ce qu'elle y revienne
comme chez tous les hommes.
Et là, il faut faire bien l'amour,
à nouveau.
Réfléchis à ça !
Alice ! Comment va ?
Elle est là. Suis-moi.
Je vous présente Gil Pender,
Miss Stein.
Un jeune écrivain américain.
Vous allez nous aider à décider
qui a raison et qui a tort.
Je disais à Pablo que ce portrait
ne représente pas Adriana.
Il y a l'universalité
mais aucune objectivité.
Regarde comment il la représente !
Ruisselante d'allusions sexuelles,
charnelle jusqu'à la braise...
Elle est belle,
mais d'une beauté subtile,
une sensualité implicite.
Quelle est votre première impression
d'Adriana ?
Une beauté exceptionnelle.
Vous avez raison, Miss Stein.
Il a perdu toute objectivité.
Il a peint une putain de Pigalle
à l'appé*** volcanique !
Parce que c'est ta maîtresse,
mais on ne la voit pas comme ça.
Toi, en petit-bourgeois,
tu fais d'elle un objet de plaisir.
C'est plus une nature morte
qu'un portrait.
Alors, ce livre de vous
dont on m'a parlé ?
J'y jetterai un œil.
Vous l'avez lu, Hemingway ?
À vous de le faire, vous qui avez été
si bon juge de mon travail.
"La Griffe du Passé
était le nom de la boutique
"qui ne vendait
que des souvenirs lointains.
"Ce qui était prosaïque
et même vulgaire pour une génération
"avait été transmué
par le simple passage des années
"en un état à la fois magique
et bizarroïde."
J'adore !
Me voilà déjà accro !
"Accro" ?
Je le lirai ce soir.
Mais avant, il y a une chose
dont nous devons parler.
J'attends depuis deux mois
une réponse de cet éditeur.
J'ai envoyé l'ouvrage qu'on a regardé
et quatre autres, plus courts
et j'ai remis une copie de l'histoire
et de celle que j'ai réécrite.
Et depuis deux mois, pas un mot !
Vous avez vraiment été accrochée
par les premières lignes ?
Le passé a toujours eu
beaucoup d'ascendant sur moi.
Sur moi aussi.
Beaucoup d'ascendant !
Je dis toujours
que je suis né trop ***.
Pour moi, le Paris de la Belle Époque
aurait été parfait.
Mieux que maintenant ?
Avec cette ambiance,
les réverbères, les kiosques...
les chevaux, les fiacres...
Et Maxim's de l'époque.
Vous parlez bien anglais.
Pas vraiment.
Mais si !
Depuis quand sortez-vous avec Picasso ?
J'ai vraiment dit ça ?
Je ne veux pas être indiscret.
Vous êtes née à Paris ?
Je suis née à Bordeaux.
Je suis venue ici étudier la mode.
Mais ça ne vous intéresse pas.
Mais si !
Alors, vous êtes venue ici
pour étudier la mode.
Pour étudier avec Coco Chanel...
Et je suis tombée amoureuse de Paris.
Et aussi...
d'un peintre italien juif tourmenté,
aux yeux noirs.
Il avait une femme dans sa vie,
mais je n'ai pas résisté
à m'installer chez lui
à sa demande.
Et ça a été six mois magnifiques.
C'était pas Modigliani ?
Vous avez vécu avec Modigliani ?
Vous me l'avez demandé,
alors je vous raconte
ma triste histoire.
Avec Braque aussi...
il y avait une autre femme.
Plusieurs !
Et maintenant...
avec Pablo.
Lui, il est marié.
Mais avec lui, ça va, ça vient...
Je ne sais pas comment
une femme peut rester avec lui.
Il est trop difficile !
Vous anoblissez la groupie de l'art !
Je veux juste dire...
Parlez-moi de vous.
Je ne sais que vous dire.
Vous êtes venu à Paris pour écrire ?
Vous savez,
de nos jours, bien des Américains
éprouvent le besoin de venir ici.
Hemingway n'est-il pas séduisant ?
J'adore ce qu'il écrit.
En fait, je ne suis ici que de passage.
Vous devez rester !
C'est vrai ?
C'est une ville merveilleuse pour...
les écrivains, les artistes...
J'aimerais rester,
mais ce n'est pas si facile.
Je suis tombée éperdument amoureuse
de votre livre.
Et je veux en apprendre davantage.
Vous l'avez aimé ?
Je fais encore quelques retouches.
Pender, allons prendre un verre
à Montmartre !
Quand j'aurai fini votre livre,
où puis-je vous joindre ?
Je repasserai plutôt vous voir,
si vous voulez bien.
Notre maison est ouverte.
Vous venez avec nous ?
Je voudrais bien,
mais je ne peux pas.
Mais j'espère vous revoir bientôt.
Ce serait bien.
Un jour, je t'enlèverai à ce génie
qui a du talent
mais qui n'est pas Miro.
Moi, Gil Pender,
j'étais avec Hemingway...
et Picasso.
Pablo Picasso et Ernest Hemingway !
Moi, Gil Pender, natif de Pasadena,
louveteau,
recalé à mon examen d'anglais,
au lycée,
moi, ce même petit Gil Pender,
j'ai mon roman chez Gertrude Stein !
Mon Dieu, que cette fille était...
ravissante !
Dommage que vous ne soyez pas venus
au cinéma avec nous !
On a vu un film américain
merveilleusement drôle.
Qui jouait dedans ?
J'ai oublié les noms...
Merveilleux mais peu mémorable.
Comme bien des films que j'ai vus !
Je l'ai probablement écrit !
Je sais que c'était crétin et infantile,
sans esprit ni crédibilité,
mais on a ri malgré nous.
On n'est pas déjà passés par là ?
À quelle heure es-tu rentré, hier ?
Pas tellement ***.
Ces promenades nocturnes sont créatives,
sans les distractions du jour.
Je referai probablement
une petite balade ce soir.
- On verra.
- Oui, on verra.
C'est très beau !
Vous êtes américain ?
- Vous aimez Cole Porter ?
- Je suis un grand fan.
J'aime me sentir membre
du cercle des intimes de Linda et Cole.
Je plaisante !
Quelles belles paroles !
- Très amusantes !
- Charmantes !
- Il faut y aller !
- Où va-t-on ?
Retrouver Paul et Carol
à l'exposition privée.
Paul est un expert de Monet,
alors tu devrais trouver ça instructif.
Allons nous cultiver !
La juxtaposition des couleurs
est bouleversante !
Cet homme a été le vrai père
de l'expressionnisme abstrait.
Je retire ça !
C'était peut-être Turner.
Moi, j'adore Turner.
Mais ça, je trouve
que c'est... colossal !
Il lui fallut deux ans
pour le terminer.
Il a travaillé à Giverny
où il recevait fréquemment...
Il paraît qu'une chose
que Monet essayait de faire...
J'essaie d'écouter Paul !
... où il recevait Caillebotte,
un artiste que je trouve sous-estimé.
Voilà un superbe Picasso !
Si je ne me trompe,
il a peint ce merveilleux portrait
de sa maîtresse française,
Madeleine Brissou, dans les années 20.
Je vais devoir différer
en la matière.
Gil, écoute-le,
tu peux apprendre quelque chose.
Si je ne me trompe,
c'est une tentative ratée
de représenter la jeune Adriana,
de Bordeaux,
selon mes cours d'histoire de l'art,
venue à Paris travailler à la conception
de costumes de théâtre.
Je suis sûr qu'elle a eu une liaison
avec Modigliani, puis Braque...
Et voilà comment Pablo l'a connue.
Ce qu'on ne sent pas dans ce portrait,
c'est la subtilité de sa beauté,
à tomber raide.
Qu'est-ce que tu as fumé ?
Je ne dirais pas que ce tableau
est merveilleux.
C'est la vision petit-bourgeois
que Pablo a d'elle.
Qu'il avait d'elle !
Il est envoûté par le fait
qu'elle était un volcan au pieu !
Trop riche pour moi !
Où Gil est-il parti ?
Au travail.
Il se balade dans Paris.
Il se dit inspiré
par l'éclairage nocturne de la ville.
Peu importe !
Moi, je vais aller danser avec Paul.
Où est Carol ?
Au lit, avec une mauvaise huître.
À plus *** !
Et merci pour le dîner !
Bonsoir, chérie.
Où va Gil, tous les soirs ?
Elle a dit qu'il marche
et que ça lui donne des idées.
Tu sembles sceptique.
J'ai vu ce qu'il gagne,
mais je pense parfois que...
il ne tourne pas rond !
Et je n'ai pas aimé sa remarque
sur les Républicains Tea Party,
des gens convenables
qui veulent reprendre le pays,
et non des "zombies crypto-fascistes".
Tu l'as entendu dire ça ?
Mais ton idée de le faire suivre
n'a aucun intérêt.
Je veux savoir où il va, la nuit.
On sait qu'il ne va pas danser.
Ce monsieur vous ennuie ?
Re-bonsoir !
J'espérais vous voir ici.
Quelle belle fête !
C'est bien de vous voir ici !
On se retrouvera plus ***, Gil !
Quelle surprise !
Un vrai coup de chance !
J'étais chez Gertrude Stein
qui lit mon livre
et je tombe sur un type,
Archibald McLeish,
qui m'invite à venir ici.
J'hésitais,
mais il a dit que vous seriez là...
vous et Pablo, et j'ai pensé...
Pablo est à la maison.
On a eu une petite dispute.
Ça vous plaisait bien de danser
avec Djuna Barnes !
C'était Djuna Barnes ?
Pas étonnant
qu'elle ait voulu conduire !
Quel bel endroit
pour donner une soirée !
C'est génial !
Il n'y a que les Fitzgerald
pour faire ça.
Je veux vous montrer quelque chose.
- Où en est votre livre ?
- Il avance.
Regardez ça !
Ça date du début du siècle.
C'est pas beau ?
C'est mon époque favorite !
Je l'aime tant !
Tout était si parfait !
C'est bien de vous voir, ce soir.
J'avais espéré...
Je trouve ça bien aussi.
N'est-elle pas l'image
d'un Paris en fête ?
Je finirai par vous enlever
à cet émigré de Malaga !
Entre Belmonte et moi,
qui choisiriez-vous ?
Il a plus de courage. Il affronte
la mort plus souvent et directement.
Bien que déçu, je comprendrais
que vous le choisissiez.
Elle a choisi Picasso,
mais Pablo pense
qu'on couche avec une femme
ou qu'on la peint.
Et qu'en pensez-vous ?
Que l'homme et la femme
ont le même courage.
Avez-vous tiré sur un lion
qui chargeait ?
Jamais.
Voulez-vous savoir
quel effet ça fait ?
Je ne crois pas.
Vous avez déjà chassé ?
Et vous ?
Seulement pour un bon coup.
Allons boire un autre verre !
C'est trop bruyant !
Allons quelque part
où on peut s'entendre penser.
Qui veut se battre ?
J'espère qu'il n'y a rien eu
de grave entre vous et Pablo.
Il est lunatique et possessif.
Un artiste est comme un enfant.
Vous devez comprendre
pourquoi ils veulent vous peindre.
Vous avez un des plus beaux visages
du monde !
Tellement intéressant !
Vous êtes intéressant aussi.
Dans le genre égaré.
Je suis égaré ?
Parlez-moi de votre livre.
Mon livre est un peu...
J'en ai rien à faire de mon livre,
ce soir !
Je veux me promener dans Paris
avec vous.
J'oublie que vous n'êtes
qu'un touriste.
C'est peu dire !
Je n'arrive pas à décider
si Paris est plus magique,
le jour ou la nuit.
On ne peut pas choisir.
Je pourrais donner un argument choc
pour les deux cas.
Comment pourrait-on proposer
un livre, une peinture, une symphonie
ou une sculpture qui rivalise
avec une grande ville ?
On ne peut pas,
parce que chaque rue,
chaque boulevard
est en soi une expression artistique.
Quand on pense que dans l'univers
froid, violent et dénué de sens,
Paris existe avec ses lumières !
Il ne se passe rien
sur Jupiter ou Neptune,
mais de là-bas, dans l'espace,
on peut voir ces lumières...
les cafés, les gens qui boivent
et qui chantent !
Pour autant qu'on sache,
Paris est le coin
le plus branché de l'univers.
Oh, je vous en prie !
Mon babillage n'a rien de poétique.
Encore que j'étais pas mal parti !
Il y en a une qui vous plaît ?
J'ai honte d'avouer
qu'elles m'attirent toutes.
J'aime le sexe bon marché,
ça me rend futile.
Quand j'étais à l'école catholique,
ma camarade et moi,
on a payé une fille de Pigalle
pour qu'elle nous enseigne ses trucs.
C'est vrai ?
Ça me donne matière à réflexion.
J'adore marcher avec vous.
Vous êtes superbe !
C'est bien qui je crois ?
Pourquoi elle reste là,
à regarder l'eau ?
Oh, mon Dieu !
Zelda, qu'est-ce que tu fais ?
Je ne veux plus vivre !
Scott et la belle comtesse !
C'est sûr qu'ils parlaient de moi !
Et plus ils buvaient,
plus il était amoureux d'elle !
Scott n'aime que vous,
je peux vous l'affirmer.
- Il en a assez de moi !
- Vous vous trompez.
Faites-moi confiance, je le sais.
L'instinct me le dit.
Ma peau me fait mal !
Je ne peux pas me voir !
Ne fais pas ça !
- Prenez ça.
- Qu'est-ce que c'est ?
Du ***.
Vous vous sentirez mieux.
- Vous en avez toujours sur vous ?
- Pas normalement.
Mais depuis mes fiançailles,
j'ai des crises de panique.
Mais ça passera après le mariage.
C'est quoi, le *** ?
La pilule de l'avenir.
Vous n'aviez pas dit
que vous alliez vous marier.
C'est assez loin dans l'avenir.
Bonne chance avec votre livre !
Et votre mariage !
Je crois que vous aimeriez Ines.
Elle a un vif sens de l'humour
et elle est séduisante.
On n'est pas toujours d'accord
sur tout, mais...
Mais sur ce qui compte !
Sur les petites choses...
Il y a parfois désaccord
sur les choses qui comptent...
Elle veut qu'on habite à Malibu
et que je travaille à Hollywood.
Mais on aime tous les deux...
la cuisine indienne.
Pas toute la cuisine indienne,
mais on aime
tous les deux le pain pita.
Ça s'appelle "naan".
Je dois partir.
Je vais manquer à Pablo.
Je vous raccompagne.
Finissez votre verre.
J'habite juste au coin.
Je vous en prie...
Je préfère me retrouver un peu seule.
Merci pour cette soirée !
On s'est déjà rencontrés, ce soir.
À la fête.
Je me souviens.
J'adore cette langue...
le français !
Pas les serveurs !
Vous aimez la forme du rhinocéros ?
Du rhinocéros ?
Je n'y ai jamais pensé.
Je peins le rhinocéros.
Je vous peindrai !
Vos yeux tristes...
vos grosses lèvres
fondant à la chaleur du sable.
Avec une seule larme !
Et dans votre larme, un autre visage...
Le visage du Christ !
Et du rhinocéros !
Je dois avoir l'air triste,
je me trouve
dans une situation complexe.
Mes amis.
Monsieur Buñuel.
Oui, Buñuel et monsieur Man Ray.
Man Ray ! Ça alors !
Lui, c'est Pender.
Et je suis... Dalí !
Il faut vous rappeler.
Pender est dans une situation
complexe.
Ça vous paraîtra fou
et vous me croirez ivre
mais je dois le dire à quelqu'un.
Je viens...
d'une autre époque,
d'une autre ère,
le futur.
J'arrive du 2 000e millénaire.
Je monte en voiture
et je glisse à travers l'espace-temps.
Tout à fait normal.
Vous habitez deux mondes.
Je ne vois rien là d'étrange.
Vous êtes des surréalistes,
mais je suis un type normal.
Dans une de mes vies,
je dois épouser une femme que j'aime.
Du moins, je crois que je l'aime.
J'ai intérêt à l'aimer,
je vais l'épouser.
Le rhinocéros fait l'amour
en montant la femelle.
Mais...
y a-t-il une différence
de beauté entre...
deux rhinocéros ?
Y a-t-il une autre femme ?
Adriana.
Je suis très attiré par elle.
Je la trouve extrêmement attirante.
Seulement, d'autres hommes,
de grands artistes...
des génies,
la trouvent, eux aussi, aguichante.
Elle trouve qu'ils sont aussi...
Un homme amoureux d'une femme
d'une autre époque !
Je vois une photo.
Je vois un film.
Je vois... un problème insurmontable.
Je vois...
un rhinocéros.
Tu as travaillé, la nuit dernière ?
Je me dis que mon livre
est peut-être trop réaliste,
que je passe à côté d'une occasion
de laisser mon imagination se déchaîner
au lieu d'être si logique !
Pourquoi es-tu toujours si belle,
le matin ?
- On doit s'habiller !
- Juste une seconde !
J'ai travaillé comme un fou,
il faut que j'en finisse
mais je ne peux pas te résister
quand je te vois
si affriolante, le matin !
Paul veut qu'on aille à la campagne.
Il nous emmènera déjeuner
dans une belle auberge.
Si tu ne veux pas venir,
ne viens pas.
Mais tu ne me feras pas manquer ça.
J'ai une question à poser
à propos de Rodin.
J'ai compris qu'il aimait sa femme
et qu'il aimait aussi sa maîtresse.
Croyez-vous possible
d'aimer deux femmes à la fois ?
Il aimait les deux,
mais de façon différente.
C'est très français, ça.
Vous êtes bien plus évolués
dans ce domaine que nous.
Vous vous souvenez de moi ?
J'étais dans le groupe que vous...
Le groupe avec le monsieur pédant.
"Pédant" est le mot qui convient.
Voilà...
sa photo.
Je veux savoir où il va
toutes les nuits.
De quoi le soupçonnez-vous ?
Il est fiancé à ma fille.
Je veux m'assurer
qu'elle prend la bonne décision.
La discrétion est primordiale.
Vous êtes venu au bon endroit.
M. Tisserand suivra la trace
de ce monsieur
et rapportera
ses déplacements nocturnes.
Merci de vous être arrêté !
Tom Stearns Eliot ? T.S. Eliot ?
"Prufrock" est comme un mantra
pour moi !
Là d'où je viens,
les gens dosent leur vie
à la cuillerée de coke !
On va bientôt parler de votre livre.
Mais nous vivons
une petite crise personnelle.
Je ne veux pas vous importuner.
Rien de secret !
Adriana a quitté Pablo
et est partie en Afrique avec Hemingway.
Je la savais entichée de ce fanfaron !
On en a déjà parlé.
Je suis sûre
qu'elle te reviendra pleine d'amour.
Après la chasse au kudu,
elle lui reviendra.
Le cri des hyènes, la nuit,
quand on dort sous la tente,
ça rend fou !
Le mont Kilimandjaro,
ce n'est pas Paris !
Il l'a emmenée sur le Kilimandjaro ?
Parlons de votre livre.
Il est très insolite.
C'est presque de la science-fiction.
Nous redoutons la mort et
doutons de notre place dans l'univers.
L'artiste ne doit pas succomber
au désespoir,
mais trouver un antidote
au vide de l'existence.
Vous qui avez une belle voix claire,
ne soyez pas si défaitiste.
Dis à Gil d'apporter son costume.
On aura un dîner très habillé,
demain soir.
Gil ne viendra pas
au Mont-Saint-Michel.
Pourquoi ? Je ne comprends pas !
Il écrit, et réécrit
et réécrit ce qu'il a réécrit.
Il a dit :
"Picasso ne sortait jamais."
J'ai dit :
"Tu n'as rien de commun avec Picasso."
Et il m'a regardée.
Il va manquer un super week-end.
Vous avez du Cole Porter ?
Je me souviens de vous.
Il était votre ami.
N'oubliez pas Linda.
Elle était aussi une amie.
Je plaisantais !
Je m'en suis rendue compte.
Vous êtes un peu jeune !
Vous aussi,
pour si bien connaître son œuvre.
C'est qu'il a écrit
beaucoup de chansons sur Paris.
À croire qu'il était amoureux
de votre ville natale !
Vous êtes parisienne ?
Vous pouvez m'appeler Gil.
Combien vous dois-je ?
Pour ça...
Vous pouvez me traduire ça ?
Vous parlez anglais ?
"Que Paris existe,
"et qu'on puisse choisir
de vivre ailleurs
"sera toujours un mystère pour moi.
"J'ai dîné avec Pablo
et Henri Matisse.
"Pablo est le plus grand artiste
"mais Matisse est le plus grand peintre.
"Paris en été.
"Ce que ça a dû être...
"d'être assise en face de son amant,
chez Maxim's
"... à son âge d'or !
"Je suis amoureuse
d'un écrivain américain
"qui s'appelle Gil Pender.
"Cette immédiate magie dont on parle,
"je l'ai ressentie.
"Je sais que Picasso et Hemingway
sont amoureux de moi,
"mais pour quelque...
"inexplicable raison
que le cœur connaît,
"je suis attirée par Gil.
"Peut-être est-ce parce qu'il semble
naïf et sans vanité.
"Comme toujours, dans cette triste vie,
"il va épouser une certaine Ines.
"J'ai rêvé qu'il apparaissait...
"qu'il m'offrait des boucles d'oreille,
"et qu'on faisait l'amour."
Des boucles d'oreille !
Qu'est-ce que vous faites ici ?
Papa a eu des douleurs à la poitrine.
Ce n'est qu'une indigestion.
On ne sait jamais !
Il a déjà eu une angioplastie.
Un ballon dans le ventre.
La belle affaire !
Faites venir un médecin
dans la chambre 728.
N'appelle pas de médecin !
Pourquoi es-tu si élégant ?
J'étais juste en train d'écrire.
Tu te sapes
et tu te parfumes pour écrire ?
J'ai juste sauté une seconde
sous la ***...
pour stimuler mes ions positifs.
On allait au Mont-Saint-Michel
quand papa est devenu tout pâle.
On a eu peur,
alors on a fait demi-tour.
Je peux vous apporter quelque chose ?
Votre mine me semble normale,
mais je ne suis pas médecin.
C'est le bœuf "bourgnon"
qu'elle m'a fait manger.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Où ?
Dans ta main !
C'est rien.
C'est un cadeau ?
Non, c'est pas...
Ça vient du marché aux puces,
c'est pas très...
Je peux l'ouvrir ?
Je veux dire...
c'est lors d'un dîner spécial
que je voulais t'offrir ça...
C'est un bijou ?
J'espère que ça me plaira,
plus que le collier en pierre de lune...
Tu trouves la pierre de lune
discrète mais élégante.
C'est ce que tu dis toujours.
Tu paies deux sous,
tu en as pour deux sous.
Je n'ai jamais mis ce collier.
Je vais te le montrer
et tu comprendras.
Tout le monde est contre
la pierre de lune, tout à coup !
Elles sont un peu simples.
Je croyais que tu aimais
cette simplicité.
Mais elles sont trop simples.
Trop simples ?
Où sont mes boucles en perle ?
Je ne t'ai pas vu les mettre
dans tes bagages !
Mais si, je les ai même portées ici.
Elles ont dû tomber de tes oreilles.
J'ai les oreilles percées !
Je t'ai dit de tout mettre
dans le coffre-fort.
- Ça serait la domestique ?
- Comme d'habitude.
Je les ai vues là-dedans, ce matin.
À ta place, je signalerais un vol.
J'ai trouvé la femme de chambre
impertinente.
Pas de conclusion hâtive !
On n'accuse pas sans...
Je veux signaler un vol.
Envoyez-moi le détective de l'hôtel !
C'est une chasse aux sorcières !
Ça ne se fait pas !
Ça se fait, quand il y a eu vol.
Je n'ai pas aimé cette bonne,
dès le début.
Elle était très aimable et souriante.
Tu défends toujours les employés !
C'est pourquoi papa te dit communiste.
Je suis le docteur Gérard.
Je vais très bien.
Il a eu une angioplastie.
C'est celles-là ?
Je ne sais pas...
Où les as-tu trouvées ?
Dans la salle de bains.
Sur le lavabo.
Qu'est-ce qu'elles foutaient là ?
Je ne sais pas...
Tu as dû les faire tomber...
et la femme de chambre
les aura ramassées
et posées bien en évidence
pour qu'on les voie.
C'est délicat de sa part.
Je ne les ai pas fait tomber !
L'important,
c'est qu'il n'y ait pas eu vol.
Pender, je disais à Matisse
qu'on va acheter une de ses toiles
pour notre collection privée.
500 francs me semble un prix correct.
500 francs pour un Matisse ?
Oui, ça me paraît correct.
Je me demande si je pourrais
en prendre six ou sept...
Que tenez-vous là ?
Le remaniement
des premiers chapitres de mon livre.
J'aimerais que vous me disiez
si je suis sur la bonne voie.
Laissez-le-moi.
Des nouvelles d'Hemingway ?
Ils sont revenus il y a longtemps.
Le voyage n'a pas été un succès.
Je m'en doutais.
C'est fini avec Picasso, aussi.
Elle est chez Deyrolle, toute seule.
Toute seule ?
Un de ces fous de peintres surréalistes
se marie.
Ça se passe là-bas.
Elle sera contente de vous voir.
Que faites-vous ici ?
Je suis venu vous voir.
C'est vrai ?
Ça vient comme
un cheveu sur la soupe, mais...
en tant qu'écrivain,
je suis plutôt doué
pour capter les vibrations des gens...
des femmes, en particulier.
Et je perçois certains sentiments
compliqués, que peut-être...
vous éprouvez pour moi.
Vous ne devez pas vous marier ?
Tout reste encore un peu en suspens.
Je ne sais pas ce qui va se passer.
Y a-t-il un endroit où on pourrait
parler plus tranquillement ?
Bien sûr.
Monsieur Buñuel, j'ai eu
une bonne idée de film pour vous.
Des gens assistent
à un dîner protocolaire,
et à la fin du dîner,
ils ne peuvent pas quitter la pièce.
Pourquoi ?
Ils ne trouvent pas d'issue
pour sortir.
Mais pourquoi ?
Quand ils se trouvent forcés
de rester ensemble,
le vernis de la civilisation
s'efface très vite
et il ne reste...
que ce qu'ils sont vraiment :
des animaux.
Mais pourquoi ils ne filent pas ?
Il faut y réfléchir.
Peut-être, un jour, en vous rasant,
ça excitera votre imagination.
Je ne comprends pas ce qui les retient.
Qu'est-ce que vous faites ?
Je ne sais pas...
Pendant un instant, quand j'ai fait ça,
je me suis senti...
immortel !
Mais vous avez l'air triste.
Parce que la vie est trop mystérieuse.
C'est l'époque que nous vivons.
Tout va tellement vite et...
la vie est bruyante et compliquée.
J'ai toujours été quelqu'un de logique.
Je n'ai jamais joué les fous.
Je ne pensais pas rester ici.
Je n'ai jamais planché
pour être un vrai écrivain.
Je me disais :
"Je serai un ouvrier de Hollywood."
Je sens que je veux
tout laisser tomber.
C'est superbe !
Mettez-les !
Ce qu'elles sont belles !
Que c'est beau !
C'est incroyable !
Toutes les photos que j'ai vues...
Et là, c'est La Belle Époque !
Je ne sais pas ce qu'il y a
dans cette ville !
J'écrirai un mot
à l'office du tourisme !
Surprenant ! Quand on s'est connus,
je vous ai parlé de cet endroit
et de la Belle Époque.
Et nous y voilà !
J'ai l'impression que...
Je n'arrive pas...
à croire à ma chance.
Je sais où je veux aller après.
Montrez-moi le chemin.
Incroyable !
Regardez !
Mon Dieu !
Pablo a tant d'admiration pour lui !
Allons le saluer.
- Ne le dérangeons pas !
- Venez, je suis nerveuse !
On sait que c'est un homme seul.
Il apprécierait un peu de compagnie.
Il nous demande de nous asseoir.
J'ai compris ce qu'il disait
à son geste.
Je suis américain.
J'adore vos dessins aussi.
Ce n'est pas excitant ?
Vous avez vu son esquisse ?
Personne ne dessine comme lui.
Ni Picasso ni Matisse.
C'est incroyable !
Degas et moi parlions du fait que...
Il trouve cette génération vide
et dépourvue d'imagination.
Il aurait mieux valu vivre
pendant la Renaissance.
Ça, c'est l'Âge d'Or !
Il veut que Degas vous présente
son ami Richard.
Il cherche quelqu'un pour faire
des costumes pour un ballet.
Des costumes pour un ballet ?
Je ne vis pas ici.
Enfin, si, mais je ne...
N'entrons pas dans les détails.
Nous ne faisons que passer.
Je peux vous parler une minute ?
Gauguin n'a pas ***é à vous draguer.
Ne retournons pas
dans les années 20 !
De quoi parlez-vous ?
Restons ici,
c'est le début de la Belle Époque.
L'époque la plus magnifique
que Paris ait connue.
Et les années 20, avec le Charleston,
les Fitzgerald, les Hemingway ?
J'adore ces gens-là !
Mais c'est le présent.
Il est ennuyeux.
Ennuyeux ?
Ce n'est pas mon présent.
Je viens de l'année 2010.
Que voulez-vous dire ?
J'ai fait un saut chez vous,
comme nous, dans l'année 1890.
C'est vrai ?
Je voulais fuir mon présent
comme vous fuyez le vôtre
pour aller à l'Âge d'Or.
Vous trouvez que les années 20
sont un âge d'or ?
Pour moi, elles le sont.
Je viens des années 20 et je dis
que l'Âge d'Or est la Belle Époque.
Pour ces gars, l'Âge d'Or,
c'était la Renaissance.
Ils troqueraient la Belle Époque
pour peindre avec Titien et Michel-Ange.
Et eux, ils devaient imaginer
que la vie était plus belle
quand Kubla Khan était dans le coin.
J'ai un aperçu de la chose...
un aperçu mineur
mais ça explique l'anxiété
que j'ai éprouvée dans mon rêve.
Quel rêve ?
J'ai fait un rêve...
plutôt un cauchemar
où je manquais de Zithromax
et j'allais chez le dentiste
qui n'avait pas de Novocaïne.
Vous me comprenez ?
Ces gens n'ont pas d'antibiotique.
De quoi parlez-vous ?
Si vous restez ici
et que ça devient votre présent,
vous imaginerez vite
qu'une autre époque était
vraiment l'Âge d'Or.
Voilà ce qu'est le présent !
Un peu insatisfaisant
car la vie est un peu insatisfaisante.
Voilà le problème des écrivains.
Vous vous saoulez de mots.
Mais moi, je suis plus émotionnelle.
Et je vais rester
et vivre la plus glorieuse époque
de Paris.
Vous avez choisi, un jour, de quitter
Paris et vous l'avez regretté.
C'était une mauvaise décision,
mais au moins, c'était un vrai choix.
Mais votre option, c'est de la folie
et ça ne peut pas marcher.
Si je veux écrire
une œuvre de valeur,
je dois me débarrasser
de mes illusions.
Et croire que je serais plus heureux
dans le passé doit en être une.
Au revoir, Gil...
J'ai lu votre refonte
et je vous vois sur la bonne voie.
Si le reste est aussi bon,
vous aurez une œuvre de valeur.
Quelle bonne nouvelle !
Je vous ai écoutée,
et je suis heureux d'entendre
que j'avance.
Rien ne compte plus
que votre...
Hemingway l'a lu aussi et pense...
Il pense qu'il sera très bon
mais il a une suggestion.
Quelle suggestion ?
Il doute que le protagoniste ignore
que sa fiancée a une liaison
avec un autre, sous ses yeux.
- Avec qui ?
- Le personnage pédant.
C'est ce qu'on appelle "déni".
Je vous remercie.
Tu es fou !
Paul et moi ?
D'où est venue cette idée insensée ?
De Ernest Hemingway.
Il l'a compris, et c'est très logique.
Ta tumeur cérébrale se re-manifeste !
Il n'y a aucune folie
chez Hemingway, Fitzgerald,
Gertrude Stein ou Salvador Dalí !
Mais ils sont morts depuis des années !
Le passé n'est pas mort !
Il n'est même pas passé.
Faulkner l'a dit et il avait raison !
Je l'ai rencontré aussi à un dîner.
Tu es un fou furieux !
- Mais non !
- Mais si !
Je suis trop confiant.
Je suis jaloux et confiant !
C'est une dissonance cognitive
dont Fitzgerald a parlé.
Tu peux me duper, moi,
mais pas Hemingway !
J'ai affaire à un fou !
Oui, c'est vrai !
J'ai couché avec Paul
pendant quelques nuits
parce que c'est un romantique
et il parle français.
Toi, tu travaillais. La mystique
de cette ville à l'eau de rose doit...
Remets-toi !
Tu replaceras ça dans son contexte
à la maison.
Je ne vais pas rentrer.
Pardon ?
Je reste ici. C'est sans rapport
avec ta romantique aventure :
"Paris est Paris."
Et puisqu'on n'est pas faits
l'un pour l'autre...
Mais de quoi tu parles ?
Chérie, tu viens nager ?
Nous rompons.
Gil s'installe à Paris.
- Je te l'avais dit.
- Que se passe-t-il ?
Je reste à Paris,
mais c'est pas parce que...
Si je suis malheureux, je reviendrai,
mais pour l'instant...
- Avec qui tu restes ?
- Avec personne.
Avec tous tes copains imaginaires ?
Maman a raison,
il te manque vraiment une case !
C'est moi qui l'ai dit !
Quiconque dont le protagoniste
gagne sa vie
en vendant des pistolets factices
ou des découpages de Joan Crawford...
Je ne joue pas les martyrs
mais je crois
que tu t'en sortiras mieux sans moi.
Nous, c'est sûr !
Vas-y !
Va dans les rues
t'extasier sur les lampadaires
et les toits parisiens.
Au revoir, Ines !
Salue Trotski de ma part !
Je l'ai fait suivre par un détective,
sachant qu'il préparait un mauvais coup.
- Tu as fait ça ?
- Et comment !
Il l'a vu monter en voiture chaque nuit,
à minuit et l'a suivi de près.
Et que s'est-il passé ?
Je ne sais pas.
Le détective a disparu.
Heureux de vous voir !
Qu'est-ce que vous faites ici ?
Je reviens d'un dîner avec des amis.
J'habite ici.
Et vous, que faites-vous ici ?
Je me promenais.
J'ai décidé de m'installer à Paris.
Vous vous y plairez.
Vous croyez ?
J'ai pensé à vous, l'autre jour,
parce que...
C'est vrai ?
Mon patron a trouvé
un nouvel album de Cole Porter.
Et ça vous a fait penser à moi ?
J'aime qu'on pense à moi
de cette façon.
Vous rentrez tout de suite chez vous ?
Je peux marcher avec vous...
ou vous offrir un café ?
Il commence à pleuvoir !
Ça ne fait rien,
ça ne m'ennuie pas d'être mouillée.
C'est vrai ?
Paris est encore plus beau
sous la pluie.
Vous trouvez ?
C'est ce que je dis toujours !
Je suis totalement d'accord.
Oui, c'est encore plus beau !
Je m'appelle Gabrielle.
Moi, Gil.
Enchantée.
Vous avez un joli nom.