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Essaie pas de me perdre.
Je connais Beyrouth.
Depuis quand tu es avec nous ?
J'ai fait un camp d'entraînement
en Jordanie, l'été 1970.
Je n'ai pas appris grand-chose.
Il y avait surtout
des gauchistes européens,
des étudiants petits-bourgeois,
pas de vrais combattants.
- Donc, tu ne t'es jamais battu.
- Si.
J'étais à vos côtés
lors de Septembre noir,
sous les ordres d'Abou Iyad.
Puis j'ai combattu dans la montagne,
jusqu'en février,
quand j'ai été blessé à la jambe.
Demande à Bassam Abou Sharif
ou à Georges Habache.
- Habache n'est plus avec nous.
- Je sais.
C'est la raison de ma présence.
Je suis en désaccord avec lui.
Je pense aussi
que la lutte palestinienne
doit s'internationaliser.
Arafat est un traître.
Il est prêt à tous les compromis.
Notre organisation sert
la révolution palestinienne.
Les lâches qui la trahissent
sont nos ennemis.
Je vis à Londres.
Je pourrais y être très utile.
Mohammed Boudia, qui dirigeait
les opérations en Europe,
a été assassiné
par les Israéliens du Mossad.
Je peux le remplacer.
Tu n'es qu'un gamin.
J'ai besoin d'hommes.
Ma jeunesse t'inquiète ?
Tu dois faire tes preuves.
Nous te confierons une mission.
Quelle mission ?
André te le dira.
André est le combattant
que j'ai choisi
pour succéder à Boudia.
Il est à Paris.
Il te contactera.
Quand ?
En temps utile.
Attends.
Considère-toi
comme un membre du FPLP.
Tu seconderas André.
Choisis-toi un nom de guerre.
C'est déjà fait.
- Où est ton patron ?
- En haut.
Conduis-moi à lui.
- Conduis-moi à lui.
- Par là.
Appelle-le.
Monsieur !
Oui. Qu'y a-t-il ?
Tu bois quelque chose ?
Un whisky.
Je t'apporte ça.
- Dépêche-toi de finir.
- Je sais.
- Il est puni ?
- Non, mais je ne le lâche pas.
Ça se passe mal à l'école ?
- J'ai loupé un examen.
- Pourquoi ?
Je suis pas concentré.
Tu devrais.
Le brevet, c'est difficile.
De toute façon, si je rate,
je ferai comme toi.
C'est-à-dire ?
Enseigner l'espagnol.
Au moins, c'est ma langue.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Je suis diplômé en économie.
- De l'université de Moscou.
- Et alors ?
Ça vaut rien !
- Qui t'a dit ça ?
- Maman.
Tu lui as dit ça ?
Tu ne peux pas le nier, Ilich.
Aucun respect !
Quel souvenir avez-vous
de ce qui s'est passé ?
Absolument aucun.
C'est arrivé...
comme un éclair.
La porte de la salle de bains
s'est ouverte.
J'ai vu une arme et c'est tout.
Sieff est un proche
de Menahem Begin...
que l'opinion britannique
connaît très bien.
Il a fait don à Israël
de plusieurs millions
de livres sterling
pour aider Israël
à tuer les femmes et les enfants
de Palestine.
Je ne t'ai pas vu à la manif
contre le putsch de Pinochet.
Les manifs, ça m'emmerde.
Ça ne sert à rien.
Vous aurez beau protester,
ça ne changera rien.
Les Chiliens doivent savoir
qu'on les soutient.
Comme si les généraux et la CIA
s'en souciaient !
On a manifesté contre le putsch
en Uruguay, et alors ?
Ils massacrent les Tupamaros.
C'est une guerre.
Ça ne se gagne pas en défilant.
Comment, alors ?
Il y a d'autres méthodes.
Lesquelles ?
Les mots ne suffisent plus.
Il faut passer à l'action.
Votre table est prête,
si vous voulez bien.
Quel genre d'action ?
Il faut s'engager.
S'engager à quoi ?
À faire la révolution.
La révolution ?
Par l'action clandestine ?
Par la résistance.
J'ai formé un groupe.
Je veux que tu sois des nôtres.
Quel genre de groupe ?
Je ne peux encore rien dire.
On n'est pas nihilistes.
On veut faire quelque chose de bien.
Ilich, affronter le capitalisme
par la guérilla, c'est romantique,
mais c'est voué à l'échec.
Les combats désespérés,
ça ne mène à rien.
- Alors, on ne fait rien ?
- Je ne fais rien ?
Tu joues les gauchistes
dans les cafés de Londres.
C'est ça, la solution ?
Pendant qu'on massacre nos camarades
au Chili et en Jordanie ?
Je t'ai raconté ce que j'ai vu.
Le rapport de forces
est contre nous.
- C'est un mythe.
- Regarde le Che !
Comment il a fini,
malgré toute son expérience.
Pourquoi combattre la droite
en Amérique latine ?
Tu crois que les dictateurs
sud-américains sont autonomes ?
Ils obéissent aux gringos.
Tu les renverses,
l'impérialisme gagne encore.
Je prône une lutte internationaliste
de tous les coins du globe.
Tous les révolutionnaires unis.
Les Vietnamiens
ont humilié les gringos.
Écrasés comme des merdes.
Le rapport de forces
n'est pas contre nous.
La lutte que je propose
nous mènera à la gloire.
La gloire ? C'est ça, ton but.
Être applaudi !
C'est ça qui te motive.
L'arrogance bourgeoise déguisée
en discours révolutionnaire.
T'es qu'un petit-bourgeois
égocentrique de merde.
Je te parle de la véritable gloire.
Pas de celle que proclament
les médias sionistes.
Je te parle de la satisfaction
d'accomplir un devoir en silence.
Derrière chacune de nos balles,
il y aura une idée.
Parce que nous agirons
en accord avec notre conscience.
Tu me trouves arrogant ?
Alors, oui.
Pour la défense des innocents.
Et tu sais quoi ?
Regarde-moi quand je te parle !
On n'a pas fini
d'entendre parler de moi.
D'ailleurs...
je ne m'appelle plus Ilich.
Je m'appelle Carlos.
... un autre attentat
d'un groupe terroriste arabe.
Mais en Angleterre où,
même aujourd'hui, un tel attentat
semble peu probable,
il est très difficile de maintenir
le niveau de vigilance nécessaire
pour déjouer une attaque terroriste.
Lord Janner, du Conseil
représentatif des juifs britanniques,
a qualifié la guérilla palestinienne
de cruelle et inhumaine.
L'ambassade du Japon a traduit
les documents que tu transportais.
Des projets d'attentats en Europe.
Des informations
très détaillées sur les cibles.
Je vous l'ai déjà dit.
Je suis un marxiste-léniniste
membre de l'Armée rouge japonaise.
J'agis pour des raisons idéologiques
par solidarité
avec la cause palestinienne.
Je n'ai rien à ajouter.
Si tu refuses de parler
de tes activités politiques,
tu nous diras peut-être
à qui ceci est adressé.
Je te lis la traduction.
C'est très instructif.
"Chère petite
mademoiselle Pleine Lune,
"Je suis malade de désir pour vous.
"Laissez-moi embrasser encore
votre corps sublime."
Signé : votre esclave amoureux.
Que se passe-t-il ?
Nos camarades japonais
ont été arrêtés.
Il faut agir vite.
Tout est prêt ?
Tu emmèneras cette valise à Londres.
Aujourd'hui.
Il y a quoi dedans ?
- Il y a quoi dedans ?
- Des armes.
Et des documents.
Garde-la chez toi,
jusqu'à ce que je revienne.
Paris n'est plus sûr.
On va voir André.
Mais tu dois savoir une chose.
À Beyrouth, on se méfie de lui.
Il a ordre de partager
ses responsabilités avec moi.
Avec toi ?
Je te croyais trop jeune.
J'ai fait mes preuves.
Désormais, tu ne suis
que mes instructions.
L'ambassade de France
n'est pas surveillée,
mais attention aux gardes
de l'ambassade US, en face.
Là, l'entrée...
On se trouve ici.
Il faut prendre à gauche
au prochain feu.
Montre-moi.
On est allés trop loin !
On a tourné à cet endroit.
Fais demi-tour.
La voiture de l'ambassadeur !
- On est en retard.
- Carlos est parti.
- On y va ?
- D'accord.
C'est parti.
On ne bouge plus !
Vous, dans l'escalier !
Bougez de là !
C'est qui, ceux-là ?
Sortez !
Le bureau de l'ambassadeur. Où ?
Où ?
- Vous êtes l'ambassadeur ?
- Oui.
Ici ! Je l'ai trouvé !
Dépêchez-vous !
Ils attendent votre réponse.
Pas question. C'est un piège.
Vous êtes un ancien résistant.
Vous comprenez notre combat,
nos méthodes.
Vous incarnez
ce que nous combattions.
La terreur, le chantage,
la prise en otages de civils.
Que font ces cons de Japonais ?
Pourquoi ?
L'ultimatum a expiré
et personne n'est mort.
Furuya n'est pas en Hollande ?
Sans avion ni équipage,
ça ne sert à rien.
- Tu veux faire quoi ?
- Agir à leur place.
À l'algérienne.
Terreur subite et meurtrière.
Réveillez-vous.
Le gouvernement français a décidé
de vous fournir un Boeing 707
qui atterrira à Amsterdam
demain matin.
L'équipage sera composé
de trois volontaires.
Ils attendent un geste
de bonne volonté.
On a déjà libéré les filles.
Ça suffit.
C'est différent.
Ils veulent que vous acceptiez
de baisser la rançon
à 250 000 $.
C'est leur seule condition.
300 000 $.
Prenez vos affaires.
On s'en va.
Dépêchez-vous.
Vous n'ignorez pas
que le président Pompidou
est mort en février dernier.
Je disais donc,
la révolution est en marche.
Grâce à une vraie coalition
internationaliste.
J'aimerais bien participer.
Bienvenue.
En Colombie, le M-19 est passé
dans la clandestinité.
Tu connais sa devise.
"Pour le peuple, avec les armes,
jusqu'au pouvoir."
C'est ici que je travaille.
Tu fais quoi ?
Je fais le ménage.
Trois fois par semaine.
Mais ça va.
Tu as besoin d'argent ?
Je peux t'aider.
- Comment ?
- Je ne peux encore rien dire...
mais je vais t'aider.
Fini les boulots humiliants.
Je suis venu
un rameau d'olivier dans une main
et dans l'autre,
le fusil du révolutionnaire.
Ne laissez pas le rameau vert
tomber de ma main.
Ne laissez pas le rameau vert
tomber de ma main.
Ne laissez pas le rameau vert
tomber de ma main.
Qui fournit les armes ?
L'Irak ?
Tu peux me faire confiance.
Les Cellules révolutionnaires
allemandes
sont les alliées du FPLP.
Tu sais ça.
On est contre le processus de paix
au Moyen-Orient, comme vous.
Arafat est un chien.
Tu es libraire.
C'est ça ?
À Francfort ?
Je contribue modestement
à la transmission
de la théorie révolutionnaire.
Dans une ville assez peu réceptive.
Vite !
Ils nous ont vus !
Fais vite, l'avion va décoller !
- Que s'est-il passé ?
- Rien !
Faut filer !
Et les armes ?
Pas le temps.
- Ça va ?
- Non !
Les mecs,
je viens d'appeler Reuters.
Quelqu'un a déjà
revendiqué l'attentat.
- Qui ?
- Des séparatistes croates.
T'as touché un avion yougoslave.
Ils en ont profité.
Il faut réessayer. Tout de suite.
Trop dangereux.
Pas du tout.
Ils ne s'attendent pas
à un autre attentat si vite.
On efface notre échec
et on les surprend.
Tu veux faire ça ?
Il faut trouver une autre position.
J'ai étudié les lieux.
L'endroit idéal serait la terrasse.
Mais il y a trop de monde
qui vient voir les avions.
On pourrait peut-être...
faire ça un dimanche.
Dans la cohue,
c'est plus facile de s'enfuir.
Peu importe.
C'est la cohue tous les jours.
Il faut attendre jusqu'à jeudi.
Pour évaluer la présence policière.
Il faut faire vite.
Nous devons discréditer Arafat.
Avant qu'il ne soit trop ***.
Il négocie déjà.
Assembler le lance-roquettes,
c'est long.
Les flics seront sur nous.
On l'assemblera aux toilettes.
L'avion d'El Al sera à l'heure.
On sort.
On ouvre le feu.
Ça prendra moins de 30 secondes.
Trop de monde.
Il y aura des victimes innocentes.
Pas forcément.
Pas si on garde la tête froide.
Le risque est là.
Ça nuirait à notre cause.
30 secondes, c'est court.
Si tu veux agir aussi vite,
il nous faut une arme plus légère.
Je vois déjà deux gros problèmes.
Pour fuir,
il faudra prendre des otages.
Ils nous donneront un avion
et on filera à Bagdad.
C'est la meilleure stratégie.
Et le 2e problème ?
On met nos hommes en danger
pour une opération mal préparée.
Moi, j'en suis.
Moi aussi.
Qui va tirer ?
Mouloud.
Il a déjà raté une fois.
Il est courageux.
J'ai confiance en lui.
OK, mon vieux ?
OK, chef.
On y va.
Qu'est-ce que tu foutais ?
Il y a quoi, là-dedans ?
Un Tokarev.
Un Vzor 50.
Tu as peur ?
De quoi tu as peur ?
Les armes sont faites
pour être touchées...
et traitées avec douceur.
Touche-le.
Une grenade.
On t'a pas appris ça au Venezuela ?
Ne ferme pas les yeux.
Qu'est-ce qui te fait rire ?
Toi.
Pourquoi ?
Toi et les femmes !
Toi et les armes !
Ça te fait rire ?
Les armes sont une extension
de mon corps.
Comme mes bras.
J'ai appris ça
dans les camps de la Bekaa.
Et quoi d'autre ?
J'ai appris aussi que...
pour tuer, il faut agir vite
et viser droit dans le nez.
Je la laisse ici une semaine.
Vous ignorez ce qu'elle contient.
Je garde la clé.
Suivez-moi.
Tu voyages souvent en Europe ?
Je suis dans l'import-export
de tapis persans.
Tu crois qu'on ne sait pas ?
Tu sors de chez Wadie Haddad.
Je ne travaille pas pour lui.
Alors, que faisais-tu chez lui ?
- Je ne suis qu'un intermédiaire.
- Un intermédiaire ?
Pour qui ?
Noureddine.
Qui est Noureddine ?
Le représentant du FPLP en Europe.
Son nom ?
Je ne sais pas.
Je connais juste son prénom.
C'est toi qui le contactes ?
Non. Il me contacte
s'il a besoin de moi.
Et c'est lui qui te paie ?
On t'a posé une question.
Personne ne me paie.
J'aide la cause palestinienne.
Et Anselma ?
Elle est partie ?
Hier, à Londres.
Elle veut que je déménage.
Sérieux ?
Tiens. Elle t'a laissé une lettre.
- Tu ne la lis pas ?
- Pas le temps.
- Je sais ce qu'elle dit.
- Quoi ?
Elle m'en veut
d'avoir couché avec toi.
C'est une petite-bourgeoise.
Quand on a baisé à trois,
elle était libérée.
Je ne peux plus la toucher.
Elle a mis un rideau
entre nos lits.
Aide-moi à déplacer les armes.
Ce n'est plus sûr, ici.
Je dois les mettre ailleurs.
Prends les sacs à la salle de bains.
T'avais pas perdu tes clés ?
Je t'ai dit ça ?
Quand je t'ai foutu dehors.
Figure-toi que je les ai retrouvées.
Merci.
De quoi ?
De m'aider, malgré tout.
Je ne le fais pas pour toi.
Je le fais pour la révolution.
Qu'est-ce qui se passe ?
Tes autres maîtresses t'ont jeté ?
Un chef de mon groupe
a été arrêté à Beyrouth.
Plus aucune de mes planques
n'est sûre.
Et pourquoi moi ?
Personne ne connaît ton adresse.
Ils ne remonteront pas jusqu'ici.
Dis-moi ce que contient la valise.
Ne m'oblige pas à mentir.
Si tu la laisses ici, dis-le-moi.
- Je peux pas.
- Pourquoi ?
Si on te le demande,
tu ne savais rien.
Tu rendais service à un ami.
Va m'acheter des cigarettes.
S'il te plaît.
Aucune nouvelle.
Il devait t'appeler de Londres.
J'ai attendu deux heures
et je suis sortie.
Il s'est fait serrer à la douane.
C'est sûr.
J'ai parlé avec Haddad.
Il dissout le réseau européen.
Ça devient trop risqué.
Je viens d'arriver.
J'ai juste posé mes sacs.
André a disparu.
Il est au Liban ?
Il a eu la trouille.
- Il se cache peut-être.
- Justement. C'est débile.
Il est de plus en plus nul.
- N'exagère pas.
- Je n'exagère pas.
Il nous met tous en danger.
Regarde à Orly.
Quel irresponsable !
- Tu ne t'en plaignais pas.
- J'étais con.
Mais je les avais prévenus.
Ce connard est dangereux.
Je le dis depuis longtemps.
Pistolet-mitrailleur Sten.
Tu connais ?
De nom, mais j'en ai jamais vu.
- Au revoir, camarade.
- Salut, camarade.
Bonne chance.
Les armes
seront à Francfort ce soir.
Les flics te connaissent pas.
Va chez André,
ramasse ce que tu peux
et mets-le à l'abri en Allemagne.
En cas de pépin,
sers-toi de ça.
Si les flics te coincent,
tu aides des camarades espagnols.
C'est une bonne couverture
en France.
Tu es le chef
des Cellules révolutionnaires ?
Je suis l'autre libraire.
Et ton collègue ?
Toujours en taule.
La voiture de location à Orly.
Les flics sont remontés jusqu'à lui.
Edgar est un bourgeois.
Il parle toujours de révolution,
mais il ne pense qu'à ses études
de droit international.
Il veut être avocat d'affaires.
Ça me donne envie de vomir.
Quitte-le.
C'est pas si simple.
On est mariés.
- Divorce.
- Je peux pas.
J'ai pas d'argent.
Il y a les avocats,
la carte de séjour et tout...
Quoi ?
Si c'est pas les flics,
ça y ressemble. Je fais quoi ?
Vas-y, toi, Leyma.
Tranquille.
Donne-moi ça.
Pourquoi ?
Amparo !
Amparo ! Ouvre, c'est moi.
Ilich ?
Donne-moi une cigarette.
- Que se passe-t-il ?
- Tu liras le journal.
Je vais me cacher ici
avant de quitter la France.
- Où est la valise ?
- Sous le lit.
Va la chercher.
C'est lourd.
Parle-moi, s'il te plaît.
Poste ça demain à la première heure.
- André a été tué.
- Par qui ?
Par moi.
Quand il a été arrêté,
il a conduit les flics rue Toullier.
J'ai dû tirer pour m'enfuir.
Je t'avais dit que c'était un lâche.
Carlos, quitte Paris.
J'ai une planque pour la nuit,
mais le Quartier latin est bouclé.
S'ils me trouvent,
ils m'abattront comme un chien.
Je fais quoi ?
Préviens tout le monde.
Qu'ils se mettent au vert
le temps que ça se tasse.
Détruis tous les documents
dont tu disposes.
Ça va couper. Je te rappelle
une fois hors de France.
Qu'est-ce que tu fais là ?
Tu as entendu les nouvelles ?
Allons par là.
J'ai tué trois policiers
et une merde d'Arabe qui m'a trahi.
Je tue ceux qui me trahissent.
Fais quelque chose pour moi.
Écris à Anselma.
Dis-lui de rester au Venezuela.
Elle ne craint rien, là-bas.
Je vais me planquer un moment.
Puis je reviendrai.
Tu as changé.
- L'oisiveté ne me réussit pas.
- Je vois.
Tu es alcoolique ?
- Tu es juge de moralité ?
- C'est plutôt toi, le juge.
Ta justice est assez expéditive.
- Qui t'a permis d'exécuter André ?
- C'était un traître.
Il a eu ce qu'il méritait.
Il travaillait
pour les juifs du Mossad
et informait la DST.
- Il m'a balancé, il a payé.
- Tu n'as aucune preuve.
S'il t'avait balancé,
ces flics auraient été armés.
Il m'a balancé
sous mes propres yeux.
T'aurais dû le voir.
Il pétait de trouille.
C'était un lâche.
Indigne de ta confiance.
C'est moi qui décide
en qui j'ai confiance !
C'est moi qui décide !
Qui es-tu
pour me parler sur ce ton ?
Tu es là pour exécuter mes ordres.
À la lettre !
C'est moi qui décide
qui doit vivre ou mourir. Pas toi.
C'est moi qui décide
s'il faut t'éliminer ou pas.
J'ai toujours accepté
la loi des armes.
Mais je préférerais mourir
pour notre cause.
J'ai tout sacrifié.
Tu le sais.
Sans retour possible.
Tu es devenu une star
pour les médias occidentaux.
Le célèbre Carlos.
J'aurais préféré mener
une opération spectaculaire.
Je peux t'en confier une.
Tu es intelligent et courageux,
mais tu manques de discipline.
Et tu n'es pas un homme prudent.
Tu dois apprendre.
Suis-moi.
C'est Khalid.
On peut parler devant lui.
Nous préparons
une importante opération
et je veux que tu la diriges.
Le nouveau dirigeant irakien,
Saddam Hussein,
a décidé d'écraser le mouvement
indépendantiste kurde.
Il prépare une guerre contre l'Iran
qui les soutient.
Pour cela, il a besoin
de beaucoup d'argent.
Il veut imposer une hausse de 30 %
sur le prix du pétrole.
Les Saoudiens ne voudront jamais.
C'est pour ça qu'on doit éliminer
leur ministre du Pétrole,
le cheikh Yamani.
Une fois qu'il sera liquidé,
les autres membres de l'OPEP
s'aligneront sur Saddam.
La prochaine conférence de l'OPEP
se tient en décembre à Vienne.
On prendra les ministres en otages
sous couvert
d'une opération palestinienne.
Seuls les membres du commando
connaîtront l'objectif réel.
À savoir ?
Obtenir un avion,
libérer les ministres
dans leurs pays respectifs,
où ils liront
une déclaration de solidarité bidon
avec les Palestiniens.
Mais ta mission sera
d'exécuter le cheikh Yamani,
ainsi que le Dr Jamshid Amouzegar.
Le ministre du Pétrole d'Iran.
Notre destination finale ?
Bagdad.
Ce serait un aveu.
Et s'ils se dégonflent ?
Saddam Hussein m'a donné
sa parole de soldat.
Il n'a peur de rien ni de personne,
contrairement à son prédécesseur,
Hassan al-Bakr.
Et il a le soutien total
du colonel Kadhafi en Libye.
Saddam a entendu parler de toi.
Il a été impressionné.
Il veut que tu diriges le commando.
Tu as tué quatre hommes à Paris.
Il te fait confiance
pour en tuer deux autres.
Je suis flatté.
Il y a de quoi.
Il est avare de compliments.
Et Khalid ?
Son rôle là-dedans ?
À Munich, le chef du commando
est mort pendant l'assaut.
Toute l'opération a capoté.
Khalid aura mes consignes.
S'il t'arrive quoi que ce soit,
il te remplacera.
En attendant, sa mission
sera de te remettre en forme.
Regarde-toi !
Tu es une loque !
C'est quoi, ça ?
Quoi ?
Tu as trois mois...
pour redevenir un vrai soldat,
pas un mythe médiatique.
On va passer 3 semaines au camp.
Entraînement tous les jours.
Pas d'alcool.
Pas de tabac.
On va faire de toi un homme neuf.
On a besoin de vrais combattants
et le temps manque.
Heureusement, on a les Allemands
des Cellules révolutionnaires.
Des nouvelles de ton mec ?
L'autre libraire...
Tu te souviens de ça !
Ils n'avaient rien contre lui.
C'est moi qui l'ai envoyé
chez André, nettoyer la planque
avant l'arrivée des flics.
C'était déjà trop ***.
Les flics français l'ont gardé 24 h,
puis l'ont relâché.
Donc, ils le connaissent.
Et ils le surveillent.
Boni et toi êtes trop visibles.
Vous ne participerez pas
à l'opération.
Angie n'a pas été identifié.
J'ai confiance en lui.
J'ai bossé avec lui
à Paris et à Londres.
On peut compter sur lui.
Tu le contacteras
dès ton retour à Francfort.
Nada.
Elle sera des nôtres à Vienne.
C'est moi qui l'ai entraînée.
Une femme ?
Une Allemande.
Elle passera inaperçue.
Une étudiante gauchiste ?
Je suis une combattante comme toi.
J'ai fait deux ans de prison en RFA.
Pour quoi ?
Usage de stupéfiants ?
J'ai tiré sur un flic
pendant un braquage.
Je l'ai seulement blessé, hélas.
- Tu es arrivée quand ?
- Il y a trois heures, en avion.
Tu es au courant, pour Beyrouth ?
Je lis les journaux.
Ça n'a jamais été pire
pour la résistance palestinienne.
Beyrouth, c'est la dernière bataille.
Les juifs
et les collabos
des pays arabes modérés
ont décidé
de liquider nos camarades.
Les pays pétroliers nous aideraient,
mais ils ont la trouille
et ne s'engagent pas.
Le FPLP prépare une opération
qui les ramènerait à nos côtés.
Quel genre d'opération ?
Prendre en otages les ministres
de l'OPEP à la conférence de Vienne.
C'est carrément du délire.
On se fera buter avant d'arriver
jusqu'aux ministres !
C'est difficile, mais réaliste.
On a de bons contacts internes.
Le FPLP connaît
tout le système de sécurité.
On le neutralisera
avant qu'ils puissent réagir.
Les États
seront obligés de négocier,
avec nos alliés
en position de force.
Pourquoi moi ?
Wadie Haddad a nommé Carlos
chef de l'opération.
Les Cellules révolutionnaires
fourniront deux hommes.
Carlos exige que tu sois l'un d'eux.
Il a confiance en toi.
Et l'autre ?
Ce sera une femme.
Nada.
Vous savez ce que vous faites,
j'espère.
L'occupation du siège de l'OPEP
et la prise d'otages
ne sera qu'un objectif secondaire
de l'opération.
Les choses deviendront sérieuses
quand on décollera de Vienne.
Chaque ministre sera libéré
dans son pays, après avoir lu
un communiqué pro-palestinien.
Et si l'un d'eux refuse ?
Il sera exécuté et on décollera
pour la capitale suivante.
Et si l'assaut échoue ?
Si les otages résistent ?
Quiconque résiste sera exécuté.
Quiconque n'obéit pas
à nos ordres sera exécuté.
Quiconque panique...
sera exécuté.
Et si un membre du commando
n'obéit pas à mes ordres
ou ne suit pas les consignes
convenues à l'avance,
il sera exécuté.
Mais je ne suis pas un tueur
et je ne veux pas en devenir un.
Tu es un soldat, un militant ?
Il s'agit du minimum requis
dans toute lutte armée.
Donc, c'est clair ?
Oui, c'est clair.
Nous devrons être prêts
pour le 19 ou le 20 décembre.
Le 20, c'est mon anniversaire.
Bienvenue à Vienne.
Ce que vous aviez demandé.
Regardez. Vous faites ça...
ça...
et ça. OK, mon ami ?
Voici le plan du bâtiment.
La salle de conférences, au 2e étage.
L'escalier principal.
Trois ascenseurs faciles à bloquer.
En plaçant un tireur ici,
vous contrô*** les deux entrées.
Et vous êtes en sécurité.
Notre chargé d'affaires,
Riyadh al-Azzawi.
Très honoré de rencontrer
le célèbre Carlos.
Je ne suis qu'un soldat
de notre cause.
Notre chef, Saddam Hussein,
parle beaucoup de vous.
Il a lu la presse.
Il ne faut pas croire
tout ce qu'on lit.
Il dit que vous avez du courage
et la tête froide.
Il dit...
qu'au moment de vérité,
vous presserez la détente.
Il dit aussi...
que vous pouvez porter le poids
de l'Histoire sur vos épaules.
Yamani sera là dans la matinée,
ainsi que ce chien d'Amouzegar.
Vous agirez après-demain.
Le numéro 1, c'est moi.
Je prends un pistolet-mitrailleur
et un des brownings.
Numéro 2, Khalid.
Pareil : un pistolet-mitrailleur,
l'autre browning et 2 grenades.
Numéro 3, Youssef.
Tu auras un Tokarev
et de la mélinite.
Fais attention.
Dans la salle de conférences,
tu amorces la charge,
et tu la fais sauter à mon signal.
Compris ?
Numéro 4, Nada.
Tu prends un Tokarev.
Tu bloques les ascenseurs
et tu nous rejoins.
Numéro 5, Angie.
Tu prends un Colt 45,
le revolver et deux grenades.
Tu pousses les otages
en salle de conférences.
Méfie-toi des policiers en civil.
Numéro 6, Joseph.
Tu auras un pistolet-mitrailleur
et deux grenades.
Carlos me fout la trouille.
La vie ne compte pas pour lui.
C'est un soldat. Un chef.
Tu es sous ses ordres, tu obéis.
Je suis militant.
Je dé*** l'armée et les soldats.
Je me bats pour une cause.
Lui aussi.
J'aimerais en être sûr.
Pour ton anniversaire.
Buvez-la ce soir en pensant à moi.
C'est bon. Ils sont arrivés.
Sous-titres : P. Joseph, E. Melki
B. Eisenschitz, K. Quinejure
Sous-titrage : C.M.C.
Excusez-moi.
La conférence est en cours ?
Oui, c'est à l'étage.
Couchez-vous !
Tournez-vous !
Ici l'inspecteur Janda.
Attentat à l'OPEP !
Tout le monde à terre !
J'ai dit de pas bouger !
Mon nom est Carlos.
Vous connaissez peut-être.
Mains en l'air !
Retournez-vous.
Policier ?
Raccroche !
Debout !
On bouge !
Plus vite !
Restez tranquille.
Youssef !
Les explosifs, vite !
Tu fais tout sauter si je te le dis.
C'est clair ?
Khalid.
T'as trouvé Yamani ?
Pas encore.
Dr Hernández Acosta ?
Vous pouvez vous lever.
Je suis vénézuélien comme vous.
J'apprécie les positions
de votre gouvernement.
Nous sommes du même bord.
Cheikh Ahmed Zaki Yamani.
En chair et en os.
Debout.
Fouillez-les tous.
Et confisquez leurs armes.
Toi, ta gueule !
Assis.
Repli !
Couchez-vous !
Attention !
Tirez-vous !
Je suis blessé,
mais on contrôle la situation.
Un flic a été touché.
Les autres ont fui.
Joseph est resté en position.
Tu n'as rien à craindre.
Assieds-toi et surveille les otages.
Écoutez-moi !
Les pays neutres, au fond à gauche.
Gabon.
Nigeria.
Équateur, Venezuela,
au fond à gauche.
Indonésie.
Plus vite !
Maintenant, les pays amis.
Au fond à droite.
Irak.
Libye.
Koweït.
Et Algérie.
Les autres...
Pas de bruit !
Les autres sont les ennemis
de notre cause.
Ceux-là.
Arabie Saoudite, au centre !
Approche.
Les Émirats.
Au milieu.
Qatar.
Qatar, vite !
Et Iran.
Debout !
J'y comprends rien.
Que se passe-t-il ?
On a un blessé.
C'est plein de terroristes.
Tout retard...
provocation...
ou tentative d'approche non autorisée
mettraient en danger
la vie des otages.
Signé :
le Bras armé de la Révolution arabe.
Vienne,
le 21 décembre 1975.
Relisez.
"Aux autorités autrichiennes.
"Nous retenons en otages les délégués
de la Conférence de l'OPEP.
"Nous exigeons la lecture
du communiqué ci-joint
"à la radio et à la télévision
autrichiennes d'ici 2 h,
"puis à intervalles réguliers
toutes les 2 h.
"Un autobus avec des rideaux
nous sera fourni..."
Aux vitres.
Avec des rideaux aux vitres.
"Un autobus
avec des rideaux aux vitres
"nous conduira
à l'aéroport de Vienne
"demain matin à 7h."
Il y a un médecin ici ?
Je suis médecin.
Examinez cet homme.
Allongez-vous, s'il vous plaît.
Continuez.
"Là, un DC-9
avec trois membres d'équipage
"sera prêt pour nous transporter
vers notre destination.
"Tout retard, provocation
"ou tentative d'approche
non autorisée
"mettraient en danger
la vie des otages.
"Signé : le Bras armé
de la Révolution arabe.
"Vienne, le 21 décembre 1975."
Voici le communiqué.
Vous allez sortir.
Vous le donnerez à la police,
avec la lettre.
Joseph !
Sa blessure est grave.
Une opération s'impose, et vite.
Ça va, je peux tenir.
On ne pourra pas t'identifier.
Je veux rester.
Confiez-le aux policiers.
Qu'ils l'emmènent à l'hôpital.
Puis revenez.
J'ai votre parole ?
Vous l'avez.
Vous êtes un otage ?
Mon nom de guerre est Angie.
Suivez-moi.
Assis !
Asseyez-vous.
Je vais vous tuer.
Pas encore.
Vous êtes intelligent.
Vous connaissez les ressorts
de la politique, comme moi.
Au bout du compte,
nous ne sommes que des pions
dans le jeu de l'Histoire.
Moi, je suis un soldat.
Je n'ai pas de maison.
Je vis sous une tente.
Ma seule mission :
mener mes hommes à la victoire.
Aujourd'hui,
j'ai quarante commandos
de par le monde
prêts à agir si j'en donne l'ordre.
Ce sont des hommes déterminés.
Prêts à se sacrifier pour la cause.
Et pour la victoire finale.
Voilà qui je suis.
Quant à vous...
vous êtes un stratège.
Vous jouez sur un échiquier
à l'échelle de la planète.
Et je respecte ça.
Parce que vous et moi,
nous nous sommes trouvés,
bien souvent, dans le même camp.
Le camp de la lutte anti-impérialiste
et de la cause palestinienne.
Mais, malheureusement,
aujourd'hui, nous ne sommes pas
dans ce même camp.
Parce qu'en levant l'embargo
sur le pétrole,
vous avez trahi notre cause.
Vous avez rallié Washington.
Mais il vient toujours un moment
où l'on doit répondre de ses actes.
Et ce moment, cheikh Yamani,
est venu pour vous aujourd'hui.
Vous allez devoir payer...
pour la politique saoudienne.
Vous connaissez le sort
réservé aux traîtres.
La mort.
Maintenant, vous priez.
Je vais être direct.
Nous sommes de la même trempe.
Vous et moi, nous savons
que si le gouvernement autrichien
ne respecte pas notre ultimatum,
je n'aurai pas le choix.
Sans aucune hésitation,
je vous exécute personnellement
et je vous balance par la fenêtre.
Mais je sais aussi...
qu'un homme de votre intelligence
ne m'en voudra pas.
Car, après tout,
vous connaissez bien notre combat.
Vous êtes conscient de sa grandeur
et de sa noblesse.
Comment pouvez-vous
m'annoncer froidement
que vous allez m'exécuter
et me demander
de ne pas vous en vouloir ?
Quel jeu jouez-vous ?
Qu'essayez-vous d'obtenir de moi ?
Pourquoi
ferais-je pression sur vous ?
À cet instant précis, pourquoi
ferais-je pression sur vous ?
Je fais pression sur l'Autriche
pour filer d'ici.
Pas sur vous.
Les terroristes
ont demandé la médiation
de l'ambassadeur de Libye.
Mais il est à Prague.
Le chef du commando
a abattu un délégué libyen.
Il paraît que Kadhafi est furieux.
Le chargé d'affaires irakien
a proposé de le remplacer.
Nous n'avons pas le choix.
Il faut gagner du temps
et sauver des vies.
Un DC-9 sera prêt à l'aube.
Il faut consulter
les États concernés.
Je l'ai fait, personne ne veut agir.
L'OLP a officiellement
condamné l'opération.
Seule l'Algérie
est prête à nous aider.
Je dois parler
au président Boumedienne.
Il attend votre appel.
Si vous voulez écrire
à votre famille,
c'est le moment.
Merci.
Tu sais pourquoi Carlos
est mon nom de guerre ?
Non, je ne sais pas.
En hommage au président
Carlos Andres Pérez.
Il a nationalisé
l'industrie pétrolière
et les ressources minières.
Il a redistribué les richesses
aux plus pauvres.
Il sait que l'éducation
est l'arme majeure du Tiers-Monde.
C'est un révolutionnaire.
Mais ses méthodes
sont assez différentes des tiennes.
Peut-être.
Parce que j'ai choisi
le combat internationaliste.
Mais nos convictions sont les mêmes.
C'est un homme pacifique.
Il respecte la vie humaine.
Moi aussi.
Avec moi, les hommes d'honneur
ne craignent rien.
Seuls les traîtres
doivent me redouter.
Quels traîtres ?
Tu le sais très bien.
La position du Venezuela
dans l'OPEP est claire.
Le rôle de l'organisation est d'aider
le Tiers-Monde
à se développer et à croître.
Pas de faire le jeu des impérialistes
et continuer l'oppression.
Sois tranquille.
Amouzegar pour l'Iran
et Yamani pour l'Arabie Saoudite
seront les seuls à payer.
Les autres seront saufs.
L'ultimatum va expirer.
Vous savez ce que ça signifie
pour vous.
Le groupe se présentant comme
"Bras armé de la Révolution arabe",
qui retient en otages
les délégués de l'OPEP,
a diffusé
une déclaration en français.
Vous êtes en danger.
Vous et Yamani.
Parlez-lui.
Demandez-lui ce qu'il veut.
De l'argent, peut-être.
Il se moque de l'argent.
Essayez.
Demandez-lui combien il veut.
Remettez ceci au chancelier Kreisky.
Ce sont des lettres des otages
le priant d'accéder à nos demandes
et de nous laisser quitter le pays.
C'est le seul moyen d'éviter
un bain de sang.
L'Algérie s'est proposée
pour vous accueillir.
En quoi ça les concerne ?
Ils veulent tirer profit
de leur médiation.
Avec les Saoudiens, par exemple.
J'ai dit très clairement
que je voulais aller à Bagdad.
Depuis l'Algérie,
ce sera plus simple
d'aller à Bagdad ou Aden.
Et de mener à bien votre mission.
Quitte à faire une escale,
j'aurais choisi Tripoli, pas Alger.
Dans ce cas,
il ne fallait pas tuer un membre
de la délégation libyenne.
Il m'a attaqué.
Les médecins
qui ont examiné votre camarade
le disent intransportable.
Il faudra le transporter.
La balle s'est fragmentée.
Elle a transpercé le côlon
et l'estomac.
Il est très mal en point.
On en a déjà discuté.
Il partira avec nous.
Il mourra pendant le voyage.
Mort ou vif, ça m'est égal.
On est venus et on partira ensemble.
J'en ferai part aux autorités.
Encore une chose.
Les sandwichs qu'on nous a livrés
sont au jambon.
On n'en veut pas.
Je m'en occupe.
Pardon.
Je ne suis pas musulman
et j'ai très faim.
Carlos...
Tu ne crois pas
que la révolution a besoin
d'argent, pas de cadavres ?
Où voulez-vous en venir ?
Tes otages ont sûrement
plus de valeur
vivants que morts.
Vous savez quoi, Dr Hernández ?
Ne vous trompez pas
sur mon compte.
Je suis très bien payé.
Je n'ai rien à gagner
en épargnant ces chiens.
C'est compris ?
Mangez tranquillement.
Un accord a été trouvé
avec les preneurs d'otages.
Tous les ministres concernés,
ainsi que leurs chefs d'État,
que j'ai personnellement consultés,
ont approuvé les mesures
que nous avons prises
totalement et sans restriction
et ont remercié l'Autriche.
En échange de la libération
des employés de l'OPEP
domiciliés en Autriche,
donc pas seulement autrichiens,
qui se trouvent aux mains
des terroristes,
un avion DC-9 sera mis
à la disposition du commando.
Vers quelle destination ?
Alger.
Le président Boumedienne
a généreusement proposé sa médiation,
dans l'espoir
de dénouer une situation dramatique
et de sauver des vies.
Je le remercie au nom de l'Autriche.
Ouvrez la porte !
Dehors !
Une ambulance amène
votre camarade à l'aéroport.
Nous ne partirons
que s'il est à bord. Compris ?
Kreisky a tenu parole.
Bien sûr.
Il aurait dansé sur une table,
si on l'avait exigé.
Moi aussi, je tiens parole.
Ces otages sont libres.
Ferme la porte et démarre !
Personne ne bouge !
Monsieur le ministre,
mon organisation vous remercie
pour la coopération autrichienne,
sa compréhension.
Vos ennuis sont terminés.
Nous partons.
Je m'appelle Carlos.
Je vous donnerai vos instructions.
Capitaine Manfred Pollack.
Otto Herold, mon copilote.
Bien. Nous allons d'abord à Alger,
pour une brève escale,
puis à Bagdad.
C'est impossible.
- Pourquoi ?
- C'est trop loin.
On fera le plein à Alger.
Cet avion n'a pas l'autonomie.
Comment ça ?
J'ai demandé un DC-9.
C'est un DC-9.
Mais Bagdad, même depuis l'Algérie,
c'est trop loin.
Ne confonds pas les fils.
Je lui ai expliqué dix fois,
mais ça ne rentre pas.
Je vous l'ai dit :
sa vie est en danger.
Une ambulance l'attendra à Alger.
S'il tient jusque-là.
Tout va bien.
Excusez-moi.
Je peux avoir votre autographe ?
Vous luttez
pour la cause du Tiers-Monde.
Je peux vous le donner.
On va rester longtemps en Algérie ?
Pas plus de deux heures.
Ils liront notre communiqué
et nous libérerons
peut-être quelques otages.
Vous savez,
mon intuition me dit que...
vous avez des problèmes
avec les Libyens. Vrai ?
Faux.
Il vous remercie.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Les Algériens nous ont menti.
Ils veulent négocier
la libération de tous les otages.
Les fils de chiens !
Ils veulent plaire aux Saoudiens.
Ils nous ont donné leur parole.
Qu'ils la tiennent.
Nous allons atterrir à Alger.
Baissez les volets
et ne les rouvrez en aucun cas.
Ce sera une brève escale.
Vous ne bougez
que si on vous l'ordonne.
N'approchez pas !
Allez-y.
Attention à la porte.
On a dit : personne ne bouge !
On le transporte à l'hôpital
ou je ne réponds plus de rien.
Boumedienne veut me parler.
J'écouterai ce qu'il a à dire.
En attendant, tu me remplaces.
S'ils attaquent
ou si je ne reviens pas,
tu sais quoi faire.
Ils veulent qu'on libère
tout le monde.
Ils ont contacté les Saoudiens.
Ils proposent une rançon pour Yamani.
Beaucoup d'argent.
Il faut partir tout de suite.
Allons à Tripoli.
On doit relâcher
les otages non-arabes.
Il faut leur donner quelque chose.
Ou ils nous empêcheront de décoller.
On n'aura plus rien à négocier
en Libye.
Tirons-nous d'ici.
C'est un piège. On est coincés.
Tu m'aurais vraiment tué ?
Tu aurais été le dernier.
Kadhafi dit
qu'on est indésirables en Libye.
On survole Tripoli depuis 1 h.
Dites-leur qu'on est à court
de carburant et qu'on doit atterrir.
Écoute-moi bien.
Écoute-moi très bien.
On est presque à sec.
Si on n'atterrit pas,
c'est la vie des otages
que tu mets en danger.
Tu mets en danger la vie des otages.
Qu'est-ce que vous foutez ?
- La tour de contrôle refuse...
- Pourquoi on ne bouge pas ?
Ils m'interdisent d'approcher.
- Bouge !
- Ne touchez pas cet avion.
Ça fait des mois
que je prépare cette opération !
Ces putains de Libyens
foutent tout en l'air !
Faites quelque chose !
Monsieur l'ambassadeur, je regrette.
Le Premier ministre interdit
tout contact avec les terroristes.
Il faut faire quelque chose.
On leur a interdit d'atterrir.
Ils ont atterri quand même.
Tant pis pour eux.
Essayez encore !
Ils ne répondent pas.
Vous leur avez dit
qu'on tuera les otages ?
Je vous dis qu'ils ne répondent pas.
Vous avez le feu vert
pour leur parler.
Mais aucun officiel libyen
n'interviendra.
On n'a rien à voir
avec ces criminels.
Je suis l'ambassadeur d'Autriche.
J'ai un message important
de mon gouvernement.
Il dit que l'Autriche
exige la restitution du DC-9,
que l'avion devait nous emmener
à Alger, pas au-delà.
Dis-lui...
que nous ne rendrons l'avion
que si les Libyens fournissent
un long-courrier pour aller à Bagdad.
Les Libyens sont intraitables.
Ils nous laisseraient plutôt
pourrir sur le tarmac.
Ils exigent qu'on libère
leur ministre et qu'on parte.
- Pour aller où ?
- Ils s'en foutent.
Tu disais
qu'ils nous aideraient.
La situation a changé.
Tu as tué un de leurs hommes.
Tu as libéré
tous les otages neutres à Alger.
On n'a plus
aucune monnaie d'échange.
On fait le plein et on part.
Tunis refuse l'atterrissage.
On atterrit quand même.
Ils menacent d'éteindre les balises.
Ils ne rigolent pas.
On a de quoi aller jusqu'à Alger.
C'est tout.
On retourne à Alger.
J'ai un choix à faire.
Un choix très difficile.
Contrairement à vous,
je suis un démocrate.
Je discuterai de votre sort
avec mes camarades
et nous vous ferons part
de notre verdict.
Allez vous reposer.
Vous en avez besoin.
J'ai demandé un long-courrier.
C'est non.
Ils proposent quoi ?
De donner l'assaut
si on ne cède pas.
Ils ne plaisantent pas.
Yamani et Amouzegar doivent mourir.
Ils mourront avec nous.
Les Algériens...
ont doublé leur offre.
Ils proposent 20 millions de dollars
pour la vie des otages.
C'est une insulte !
On est des révolutionnaires,
pas des bandits !
La révolution nous veut vivants.
J'ai pas tué deux hommes
pour du fric !
Tu veux quoi, un bain de sang ?
Oui !
Ce serait un échec.
Pour nous et pour la cause.
Je préfère l'échec à la honte !
J'ai juré de mener à bien
notre mission.
J'ai donné ma parole.
J'ai déjà pesé le pour et le contre
de toute la situation.
C'est la meilleure issue !
L'organisation a besoin d'argent
et de nous pour continuer la lutte.
Les Algériens nous offrent l'asile
et une villa dans la montagne.
Dans 15 jours, on est sur le front.
Tu crains pour ta vie !
Non ! Comment oses-tu
me parler comme ça ?
J'ai organisé l'opération
et je t'ai pris avec moi.
Mais je suis un soldat,
pas un martyr !
Tu n'es qu'un traître !
Je ne suis pas un traître !
Ne t'avise pas de me toucher.
On doit aller à Bagdad !
Ouvre les yeux.
On n'ira jamais à Bagdad !
J'ai pris ma décision, point final.
On vous libère à midi.
Pourquoi pas maintenant ?
Vous dormiriez mieux
et nous aussi.
Trop aimable. Ne vous inquiétez pas
de mon sommeil.
On va éteindre la lumière
et baisser les volets.
Vous dormirez bien.
Vous n'êtes plus en danger.
Va te faire foutre, Carlos !
Heureux de vous voir vivants.
Bonjour.
Je suis reconnaissant
au gouvernement algérien.
Je suis heureux
d'avoir pu vous aider.
J'avoue que j'ai eu peur.
Ah, Khalid ! Bois !
Alors, la vie au camp ?
La vie au camp ?
Ça va.
On n'a rien à bouffer et...
je ne sais pas...
Mais je veux rester
avec les combattants.
Les hommes sont au camp
pour s'aguerrir.
S'ils sont mécontents,
ils peuvent me le dire.
Ils ont peur de vous.
Les soldats
doivent craindre leur chef.
Vraiment ? Je ne pense pas.
Angie, tu la boucles devant Haddad.
Tu sais que j'ai raison.
On a besoin de son soutien
et de son argent.
Pour une fois,
fais preuve de sens tactique.
Je te croyais un soldat
de notre cause.
Je le suis.
Les soldats obéissent aux ordres
et se sacrifient.
Les soldats ne négocient pas
avec leurs otages.
Ils ne prennent pas d'initiatives !
C'était pour le bien
de l'organisation.
Que sais-tu
du bien de l'organisation ?
Ce que tu me dis.
Et tu crois que je te dis tout ?
Qui es-tu ?
Tu n'es pas différent des autres.
Tu sais ce que tu as besoin
de savoir, c'est tout.
Pour qui tu te prends ?
Je suis le chef militaire
d'une opération risquée.
J'ai fondé mes décisions
sur ce que je savais,
pas sur ce que j'ignorais.
Tu as pris l'argent des Saoudiens
au lieu d'accomplir ta mission.
Tu nous as trahis.
Et tu en paieras le prix.
Quel prix ?
Je te dirai mon verdict.
D'ici là,
je t'interdis de quitter Aden.
- Et Nada ?
- Elle est partie.
Elle pense être plus utile en Europe
avec ses camarades
du Mouvement du 2 Juin.
Bon débarras.
On était avec Wadie Haddad.
Quel est son verdict ?
Il n'a pas encore tranché.
Mais je doute qu'il te pardonne.
Il veut lancer
une nouvelle opération.
Il dit qu'il doit effacer
l'échec de la précédente.
J'en suis ?
C'est trop tôt. Tu es trop visible.
Il veut me virer.
Tant pis. Pour lui
et pour la révolution palestinienne.
Comment dit-on responsable ?
Je suis responsable de la mission.
Brigitte me secondera.
Anton s'occupe de la logistique.
Les contrôles de sécurité
sur El Al sont trop stricts.
On a choisi un vol Air France.
C'est pour bientôt.
Il fait la gueule.
Vous voyez ? Avec les explosifs,
tout peut arriver.
Ça va ?
Je suis venu
t'informer de ma décision.
Tu as confié
la prochaine mission à Boni.
Et à Anton.
Ils sont moins bons que moi.
Oui... je sais.
Mais ils obéissent.
Et toi...
tu ne fais plus partie
de mon groupe.
C'est ta décision ?
J'ai fait beaucoup...
pour la cause palestinienne.
Tu as fait beaucoup
pour ta propre cause.
Tu es célèbre, maintenant.
Une grande star.
Les célébrités
n'aiment pas obéir aux ordres.
Tu as besoin de moi.
Mon nom est redouté.
Pour tes partenaires,
il vaut de l'or.
Je n'ai pas besoin de célébrités.
Tu n'as pas craché sur la rançon
pour Yamani et Amouzegar.
20 millions de dollars,
c'est une somme.
Que j'ai négociée.
La révolution en avait besoin.
Pas de révolution avec cet argent !
Cet argent pue !
Je crache dessus maintenant !
Tu t'es laissé aveugler
par l'argent des Saoudiens.
Tu veux des millions de dollars ?
Tu n'as qu'à te baisser
pour les ramasser.
L'argent du pétrole est partout.
20 millions de dollars...
Et la crédibilité
de notre organisation,
combien vaut-elle pour toi ?
Tu veux parler d'argent ?
Tu sais combien me paient
la Libye et l'Irak ?
Tu sais combien ça a coûté
de monter cette opération ?
Tu comprends les enjeux politiques ?
Et historiques ?
Les risques qui ont été pris
au plus haut niveau
des États impliqués ?
20 millions de dollars !
Je croyais que tu avais
un peu de sens politique.
Un petit peu.
Mais tu n'es qu'un exécutant.
Et encore, pas très bon.
Tu as besoin d'hommes comme moi
pour monter une opération
comme celle de Vienne.
Tu juges.
Bien sûr, tu vois ça à la télévision.
Et tu distribues
les bons et les mauvais points.
Tu veux prouver
la crédibilité du FPLP ?
Tu veux vraiment monter
une opération spectaculaire ?
Confie-la-moi.
Confie-la-moi, car tu sais comme moi
que ni Anton ni Boni
ne sont à la hauteur.
C'est fini.
Je n'ai plus confiance en toi.
Cette décision
restera entre toi et moi.
Inutile d'en parler à quiconque.
Et dis-moi...
Que comptes-tu faire ?
Je vais monter
ma propre organisation.
Où ça ?
Au Moyen-Orient ?
Pourquoi pas ?
Il y a beaucoup de concurrence.
Essaie l'Amérique latine.
Je crois que c'est mieux pour toi.
Deux des pirates de l'air
étaient si confiants
que leurs armes
n'étaient pas chargées.
La presse dit que j'y étais.
Par chance, c'est faux.
Tu aurais évité ce merdier.
Jamais de la vie.
Les Israéliens sont bons.
Leur plan était bien conçu
et parfaitement exécuté.
Ils leur ont laissé aucune chance.
Ils ont eu ce qu'ils méritaient.
- Pourquoi mettre les juifs à part ?
- Instructions de Haddad.
Des Allemands de notre génération
prêts à exécuter des juifs
à cause de leur race !
Ça me rend malade.
Ils sont morts pour leur cause.
Respecte ça.
Ce n'est pas ma révolution.
Avec qui tu as rendez-vous ?
Avec ce... Michel.
C'est Carlos, non ?
Je ne sais pas.
Tu connais ça.
Pas de questions, d'accord ?
- Ça va ?
- Content de te voir.
- On peut parler ici ?
- Oui.
- Pas de micros.
- Comment tu le sais ?
Par la Stasi.
Tu bosses pour eux ?
J'ai mes contacts.
Ça peut toujours être utile.
Ça peut aussi leur être utile.
Un whisky, s'il vous plaît.
Le testament de Boni...
te désigne comme chef
des Cellules révolutionnaires.
Ou de ce qu'il en reste.
C'est-à-dire ?
Pas grand-chose.
Je peux t'aider.
Comment ?
Les temps changent.
Haddad est très malade.
Et il est fini.
Trop d'erreurs, trop d'échecs.
Plus personne ne lui fait confiance.
Il faut aller de l'avant,
chercher d'autres soutiens.
L'Algérie ?
J'ai de nouveaux alliés.
Des alliés avec de l'argent,
qui paient, et paient bien.
J'ai besoin d'hommes.
Tu en es ?
Sans Haddad ?
Oui, sans Haddad.
Oublie Haddad.
Il envoie 3000 $ par mois
aux Cellules révolutionnaires.
Haddad...
travaille pour Bagdad.
Ce que je te propose,
c'est de travailler avec Bagdad.
Directement avec les Irakiens.
Pas d'intermédiaire,
rien.
Mais tu sais...
notre réseau est quasi anéanti.
On n'est pas opérationnels.
On le reconstruira.
La plupart d'entre nous
sont en prison ou morts.
On a même perdu Angie.
Il a rallié le...
le Mouvement du 2 Juin.
Nada est avec eux.
Je ne veux pas
entendre parler de Nada.
C'est une cinglée.
Et elle est dangereuse.
Mais Angie...
C'est un bon élément.
Tu pourrais le trouver ?
Je peux essayer.
Il y a quelqu'un ?
Qui t'a conduit ici ?
Pas de panique.
Je suis venu tout seul.
Pourquoi je paniquerais pas ?
Personne sait que je suis ici.
Personne, sauf...
tes amis.
Et je suis encore ton ami, non ?
Je ne sais pas, ça dépend.
Tu as dit aux camarades du 2 Juin
que tu créais ton propre groupe ?
Pour qu'on me foute la paix.
Ce n'est pas vrai ?
Ils voulaient que j'achète
des armes en Suisse.
Ça n'a plus rien à voir
avec notre lutte.
Alors rejoins-nous.
Carlos quitte Haddad.
Haddad l'a viré.
Bagdad a un nouveau gouvernement.
Ils ont besoin de nous.
Ils sont prêts à payer,
à très bien payer.
Je me fous de l'argent de l'Irak.
J'ai participé à la lutte armée
pour combattre le capitalisme.
Pas pour semer la terreur.
Tu comprends ?
Ni pour être mercenaire
du FPLP ou de Bagdad.
Le FPLP
a été très généreux avec nous.
On soutient son combat,
lui le nôtre.
Tu peux croire à ces conneries...
pour moi, c'est fini.
Tu connais la règle.
Tu dois retourner à Aden.
Et obéir aux ordres
qu'on te donnera là-bas.
C'est une guerre et tu es un soldat.
Je n'irai pas à Aden.
Je ne suis pas en guerre,
je ne reçois d'ordre de personne.
Mais tu en sais trop.
Noms,
lieux,
secrets.
Si tu abandonnes,
tout notre réseau s'effondre.
Je reste dans la clandestinité,
je m'arrangerai pour qu'on m'oublie.
Je ne crois pas
que Wadie Haddad prenne ce risque.
Il te fera tuer.
Si c'est mon destin...
Les flics te recherchent.
Il y a eu deux morts à Vienne.
Ta photo était
dans tous ces torchons.
Si on te prend, tu es foutu.
Je ne suis pas un traître.
Je sais bien.
Mais les flics
ont des méthodes raffinées.
Torture, drogues.
S'ils veulent que tu parles,
tu parleras.
Tu dis que tu es mon ami.
Je te crois.
Mais je sais que si Haddad l'ordonne,
tu me tueras sans hésiter.
C'est pour ça
que je ne suis plus des vôtres.
Quand tu seras sorti d'ici,
je disparaîtrai
et tu ne me retrouveras jamais.
Écoute bien.
Tu sais ce qu'il y a là ?
Mon revolver.
Et une lettre où je déclare
renoncer à la lutte armée.
Tu donnes des noms ?
Mais je dis ce qui se prépare.
Un attentat contre deux dirigeants
de la communauté juive.
Si je me tais,
je ne me le pardonnerai jamais.
Boni
a séparé les juifs des autres
à Entebbe, comme à Auschwitz.
Je suis un ennemi du sionisme,
je l'ai prouvé.
Mais l'antisémitisme,
je vous le laisse.
Je te croyais seul.
Cours.
Vous savez que l'URSS
est une alliée fidèle
de la cause palestinienne,
des pays en voie de développement
et de tous les révolutionnaires.
Nous leur apportons
une aide financière,
nous leur envoyons nos conseillers.
Nos soldats sont prêts à verser
leur sang pour la révolution.
Je vous connais tous.
J'ai travaillé
avec certains d'entre vous.
Vous me connaissez aussi.
Vous savez que l'URSS est toujours
impitoyable envers les traîtres.
Pour eux, il n'y a
qu'une seule sentence : la mort.
Le chef d'État égyptien
Anouar el-Sadate,
que nous avons généreusement soutenu
durant des années,
et dont le pays a toujours bénéficié
du labeur des Soviétiques,
a décidé de renier notre amitié.
Il a ignoré l'énorme dette
qu'il a envers nous.
Il nous a craché à la face,
il a humilié son pays.
Il a humilié
toutes les nations arabes,
tous les partisans
qui se battent
pour la cause de la révolution.
Il a préféré se prosterner
devant l'Amérique impérialiste.
Il est devenu le valet
des occupants sionistes
de votre terre sacrée.
Il va devoir payer pour tout ça.
Aujourd'hui,
dans un mois,
dans trois mois,
dans six mois ou dans un an,
il ne pourra pas échapper
à notre vengeance.
Sachez, camarades,
que nous accorderons
une aide financière illimitée
pour l'exécution de cette sentence.
Quatre millions de dollars,
c'est beaucoup d'argent.
Je ne suis pas dans le business
de liquider des dirigeants arabes.
Et toi ?
Dans quel business es-tu ?
Le même que toi.
Vraiment ?
Les clients sont peu nombreux.
Je te l'ai déjà dit.
Tu auras du mal à trouver ta place.
Ne t'en fais pas pour moi.
Bonne chance.
Wadie est malade.
Je sais. J'ai vu.
Il lui reste peu de temps.
C'est ce qu'on dit.
Il paraît que tu montes
ton propre groupe.
Peut-être.
Si Wadie n'est plus là,
on s'adressera à toi.
Pourquoi ? Je ne suis pas arabe.
Pense à moi.
Je pourrais peut-être t'aider.
Une jeune femme vous attend.
Johannes Weinrich m'envoie.
Votre mari.
Mon mec.
Selon lui, vous allez m'évaluer.
Je vous dérange ?
J'ai apporté du vin.
L'alcool n'est pas interdit ?
Pas si on a les bons amis.
Vous semblez avoir
de très bons amis à Bagdad.
J'ai rendu quelques services.
Vous n'avez rien
contre le vin algérien ?
Si c'est du rouge...
D'après votre ami Weinrich,
vous êtes une excellente faussaire.
C'est vrai.
Personne ne s'est plaint.
C'est un talent précieux.
Vous continuerez pour nous.
J'aimerais un rôle plus actif.
Je ne crains pas le danger.
Je me méfie des femmes.
Elles manquent de sang-froid.
Les clichés ne vous font pas peur.
Ils ont une part de vérité.
Surtout
sur les féministes allemandes.
J'avoue.
Je suis une féministe allemande.
Déçu ?
Oui. Très.
Que savez-vous
des féministes allemandes ?
Je sais qu'elles pratiquent
l'amour libre.
Avec les hommes ou les femmes
indifféremment.
Et si on leur confie des armes,
tout peut arriver.
Vous pensez à Nada ?
Elle a pris 14 ans de prison.
Elle n'y restera pas longtemps.
Je n'abandonne pas mes amis.
Et je n'ai droit qu'à vos préjugés ?
J'ai tort ?
J'ai abandonné ma fille,
mon mode de vie petit-bourgeois,
pour me consacrer
à la lutte anti-impérialiste.
Et je sais manier les armes.
À bon escient.
C'est un Tokarev.
Une arme nulle.
Qui vous l'a donnée ?
La Stasi ?
Je n'ai aucun contact avec la Stasi.
Vous les informez.
En échange
de leur soutien logistique.
Weinrich m'a tout dit.
Vous bluffez.
Vos noms de code...
Heinrich
et Krimhild Schneider.
J'ai appris à me méfier
de ceux et celles qui m'approchent.
Vous savez pourquoi ?
Regardez-moi.
Ma tête est mise à prix.
Pour moi, c'est une question
de vie ou de mort.
Pour vous, c'est encore un jeu.
- Un jeu ?
- Oui, un jeu.
Vous traversez les frontières
avec de faux passeports.
Vous portez une arme.
Vous frô*** le danger
sans vraiment le toucher.
Mais dans mon groupe,
ce sera votre vie
que vous mettrez en jeu.
Si l'opération en vaut la peine.
Ce n'est pas à vous
de juger si une opération
vaut la peine.
Vous obéirez aux ordres
sans discuter.
Qui donnera ces ordres ?
Moi.
Et moi seul.
C'est la règle.
Discipline révolutionnaire.
Êtes-vous prête à vous y soumettre ?
Sans condition ?
Vous m'informerez
de vos contacts avec la Stasi.
Magdalena Kopp ne me suffit pas.
Je veux aussi Krimhild Schneider.
Les deux sont à vous.
Vraiment ?
Je vais être saoule.
Vous aimez faire boire les femmes ?
C'est allé trop vite.
La leucémie, ça va vite.
Le poison aussi.
Wadie est mort.
Paix à ses cendres.
Mais c'était un chien.
Tes amis irakiens ne seraient pas
étrangers à sa mort.
Ce ne sont pas mes amis.
Quand Haddad travaillait avec eux,
il était autonome.
Moi, c'est différent.
Je devrais obéir
à leurs services secrets.
C'est hors de question.
D'autant qu'ils préfèrent Abou Nidal.
Si tu restes avec les Irakiens,
tu devras lui rendre des comptes.
J'ai mieux à te proposer.
Boumedienne est malade.
Trop de rivalités autour de lui.
Je ne parle pas des Algériens.
Je parle des Syriens.
Les Syriens ont essayé
de me capturer.
S'ils m'avaient pris,
nous n'aurions pas
cette conversation.
Ils m'auraient exécuté.
Les choses ont changé.
Leur ennemi, c'était Wadie.
À présent, ils convoitent
son réseau international.
Ils ont besoin de toi.
- En échange de quoi ?
- Argent.
Soutien.
Couverture diplomatique.
À quel niveau ?
Le meilleur.
Ses informations datent un peu,
mais il veut publier un livre.
Il y a des extraits.
Le terroriste de l'OPEP Klein
décroche
Que dit-il sur nous ?
C'est un peu confus.
Mais si on lit entre les lignes,
tout y est.
On aurait dû l'éliminer.
Il balance Nada.
Il ne donne que son nom de guerre,
mais il dit
qu'elle était avec toi à Vienne.
Il pouvait pas la sacquer.
Oui, mais elle est en taule
et ce n'est qu'une question de temps
avant que les flics l'identifient
et qu'ils la liquident,
comme les dirigeants de la RAF.
- Je peux te poser une question ?
- Oui.
Tu as couché avec Magdalena ?
Elle te l'a dit ?
Elle dit...
qu'elle t'aime
et qu'elle veut t'épouser.
On en a parlé.
Elle dit que c'est comme ça.
Que je n'ai pas le choix.
Quelle est ta question ?
Ma question, c'est... on fait quoi ?
On fait ce qu'elle dit. Non ?
C'est vrai, elle est libre,
c'est à elle de décider...
et tu n'as pas le choix.
Ça ne nuira pas
à ton engagement révolutionnaire ?
Camarade colonel.
M. Weinrich.
- Comment ça va, mon garçon ?
- Très bien, merci.
Je peux ?
Depuis notre dernière rencontre,
la situation internationale
s'est aggravée.
Les Américains
ont donné le feu vert
au programme de missiles MX.
Ce qui va obliger l'URSS
à investir davantage dans sa défense,
saigner à blanc
l'économie socialiste,
et du coup créer
des tensions internationales.
Bien vu, mon garçon.
Vous avez raison sur les intentions
des impérialistes américains.
Mais cela renforcera
la volonté de l'URSS
et l'unité des pays socialistes,
la RDA en tête.
Malgré tout, nous pensons
que le camp socialiste a besoin
de troupes de choc comme les nôtres
pour combattre à l'avant-garde.
Nous le faisons pour vous
et les pays du Tiers-Monde.
C'est pourquoi
nous demandons votre aide.
Nous avons des contacts
et des bases officielles à Prague,
Budapest et Sofia.
Les Soviétiques nous autorisent
à transiter avec nos armes.
Mais il nous faudrait
votre autorisation officielle
pour maintenir notre base
ici, à Berlin.
À condition qu'elle ne serve
à aucune action en RFA,
ni à l'aller, ni au retour.
Nous sommes d'accord ?
Bien sûr.
Je vais y réfléchir.
Mon adjoint, le commandant Voigt,
vous transmettra ma décision.
Bien sûr, vous avez
notre sympathie et notre amitié.
Je vous remercie.
On nous informe que vous préparez
un attentat contre Sadate.
C'est faux.
Au cas où vous l'envisageriez,
je vous prie d'y renoncer.
Ce sont de fausses rumeurs.
J'en suis sûr, mon garçon.
Ça fait trois jours que j'attends.
Si tu veux travailler
avec les Syriens,
il faut t'habituer à leurs méthodes.
Tu n'es pas bien, ici ?
J'espère ne pas perdre mon temps.
Fais-moi confiance.
Salut, Ali, ça va ?
Alors...
Êtes-vous satisfaits
de notre hospitalité ?
Lors de ma dernière visite à Damas,
l'accueil était plus froid.
Vous savez, à l'époque,
les relations avec nos alliés
irakiens étaient moins bonnes.
Si vous m'aviez pris,
vous m'auriez exécuté.
Vous m'accusiez d'attentats
sur votre sol.
C'est vrai.
À présent,
vous avez besoin de nous.
En fait, je crois que c'est vous
qui avez besoin de nous.
Le général vous attend.
Mon ami Ali me dit
que nous allons travailler ensemble.
On était plusieurs avec Haddad.
Au Moyen-Orient,
nous n'avons besoin de personne.
Nos services sont les meilleurs.
Ce qui nous intéresse,
c'est l'Europe.
Pour quelle raison ?
Pour nous faire respecter
de nos homologues européens.
Ils interviennent au Moyen-Orient,
n'est-ce pas ?
Nous aussi, nous devrions
pouvoir intervenir chez eux.
Si nécessaire.
Nous disposons
d'une quarantaine d'hommes
dans cinq pays.
Et le réseau des Cellules
révolutionnaires est opérationnel.
Il nous reste à établir des bases.
À Berlin, Budapest et Bucarest.
À partir de là,
nous pourrons agir, mais...
Il nous faut des armes
et de l'argent.
Vous en aurez.
Beaucoup.
Vous en aurez
plus qu'il ne vous en faudra.
Et nous devons pouvoir
acheminer des armes.
Vous le ferez sous couverture
diplomatique syrienne.
Les chargements transiteront
via Moscou.
Ils seront entreposés
à notre ambassade à Berlin-Est.
Il faut l'accord
du KGB et de la Stasi.
Ne vous en faites pas pour ça.
Vous êtes désormais
sous notre protection.