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Répète après moi.
Fiche-moi la paix, Paul.
Inspiré de deux histoires vraies
Du beurre...
Dieu du ciel.
Il faut que tu goûtes ça.
Tiens.
Je sais.
Regarde !
Que c'est beau !
Ralentis.
Désolée.
C'est là. Arrête-toi.
Je n'en reviens pas ! Ils nous ont logés ici ?
Livres de cuisine
On aurait dû rester à Brooklyn ?
On va adorer le Queens. C'est magnifique.
Le camion est arrivé.
Ça va ?
Tout se casse la figure.
Qu'est-ce qu'on fait ici ?
Répète après moi :
83 m².
83 m².
Pas loin de ton bureau.
Pas loin de mon bureau, mais...
ne déménageons pas.
On peut dénoncer le bail,
refaire les cartons et vivre dans la Jeep.
Tu as raison.
C'est quoi, ce bruit ?
Quel bruit ?
Ce sera comme ça toutes les nuits ?
Peut-être bien.
C'est Versailles !
Ravi que ça te plaise, chérie.
Bonjour, Lower Manhattan
Development Corporation.
LMDC.
LMDC, Julie Powell.
Mon fils est mort dans la 2e tour.
Je suis navrée.
Vraiment navrée.
Puis-je vous dire que je n'aime pas
le projet de mémorial ?
Je vous écoute.
Êtes-vous haut placée ?
Passez-moi une personne haut placée.
Je n'aime pas le projet.
Moi non plus.
Bande de fonctionnaires abrutis sans cœur.
Je ne suis pas une abrutie.
Du fond de mon box, je fais ce que je peux.
J'ai appelé 6 fois.
On me répète de remplir un formulaire
pour être indemnisée.
C'est exact.
Si vous le souhaitez, je peux le remplir,
mais il faudra venir le signer.
Dans votre box ?
Oui.
Vous traversez une épreuve terrible, mais...
Vous n'avez pas idée
de ce que je traverse.
- Ne me criez pas dessus.
- C'est n'importe quoi.
Arrêtez de crier.
Je suis de votre côté.
Il a de la fibre de verre
dans les poumons.
Il tousse sans arrêt.
Que puis-je faire ?
Ses poumons sont encrassés, il étouffe.
Son assurance lui refuse
le médicament qu'il lui faut.
Bureau de la Santé.
C'est un répondeur.
Andrea Gomez,
à la mairie.
Merci.
Fondant au chocolat.
- Tu sais pourquoi j'aime cuisiner ?
- Dis-moi.
Après une journée où rien n'est sûr,
et quand je dis rien, c'est rien,
on peut rentrer chez soi et être certain
que le mélange jaunes d'œufs, chocolat,
sucre et lait
va épaissir.
C'est rassurant.
Sale journée ?
Ce sera prêt quand ?
Après la chantilly, il faut attendre.
Je bouge pas. C'est un chef-d'œuvre.
Salade Cobb rituelle, demain midi.
L'angoisse, l'angoisse.
Le métro.
Vous avez choisi ?
Salade Cobb sans bleu.
Salade Cobb sans betteraves.
Salade Cobb sans bacon.
Salade Cobb sans œufs.
Tu m'écoutes bien, Tracy ?
Dis-leur d'aller jusqu'à 185.
Répète.
Rappelle-moi avec la réponse.
Mon assistante. Autant ne pas en avoir.
Hier, j'envoie Allison
m'acheter des collants au drugstore.
Elle revient : "Y en avait pas."
Moi : "As-tu essayé ailleurs ?" Je rêve.
Chez Bloomingdale. Pourquoi pas ?
Je devrais m'assister moi-même.
Fais-le.
Vire-la et ne la remplace pas.
C'est pas ce que je voulais dire.
Excusez-moi.
Dis-leur 190.
1-9-0.
190 ? Qu'est-ce que tu mijotes ?
190 millions de dollars.
On rachète un lot en centre-ville.
C'est génial, Cassie.
Un lot de quoi ?
D'immeubles.
On va tout démolir et construire une tour.
- À ton lot.
- Merci.
Assez parlé de toi. À moi.
Depuis hier, je suis directrice adjointe
de la com institutionnelle.
J'ai été augmentée
et je peux emprunter 500 000 $
à 2 % si je veux.
Si tu veux ?
Et ton boulot, Julie ?
Douloureux, j'imagine.
- Triste.
- Pénible.
Mais en bien.
Excusez-moi. Oh non, j'ai oublié.
Je dois t'interviewer pour mon article.
Bien sûr, Annabelle. Ce serait un honneur.
Appeler Julie.
Ça parle de quoi, ton article ?
De notre génération.
Le passage à la trentaine.
Avoir trente ans.
Quelle vie ! Je suis débordée.
Quand vais-je pouvoir te caser ?
Je te rappelle que c'est toi qui veux me voir.
Un petit-déj, c'est jouable ?
Portrait d'une génération perdue
Je l'ai crue, comme une idiote.
Elle disait :
"C'est sur le passage à la trentaine."
Ça t'étonne ? C'est la reine des bobards.
"Julie Powell, qui dirigeait
la revue littéraire de la fac,
"celle qui devait devenir "quelqu'un",
"fit 8 ans d'intérim
avant d'abandonner son roman.
"Aujourd'hui simple fonctionnaire
dans un box,
"elle tente de gérer
les suites du 11 septembre."
Tu l'as retenu par cœur ?
Quelle misère...
Elle a omis plein de choses.
La photo est bien.
Je suis grosse.
Juste ton visage.
Tu sais ce que fait Annabelle, maintenant ?
Sarah me l'a dit. Un blog.
Sur quoi ?
Comment ça ? Sur Annabelle.
Toutes les idées qui lui viennent à l'esprit.
Cette cruche sans intérêt, insipide...
Je peux écrire un blog.
J'ai des idées.
Et tu es écrivain, contrairement à Annabelle.
- J'aimerais bien !
- Tu as écrit un roman.
Un demi-roman.
Que personne n'a voulu publier.
Pour être écrivain, il faut être publié.
C'est l'avantage du blog :
pas besoin d'être publié. Tu ouvres un site,
tu fais "entrée" et voilà, tu es dans l'arène.
Sur quoi je pourrais écrire ?
Toi le journaliste, dis-moi.
Écris sur ton amour pour le Queens.
Un mini-blog.
Ton boulot.
Si mes collègues tombaient dessus...
Tu rigoles ?
C'est super bon.
Et puis le but d'un blog,
c'est de s'évader du quotidien.
Moi, c'est avec la cuisine
que je m'évade du quotidien.
Fais un blog sur la cuisine.
Je ne suis pas une pro
comme Julia Child ou Mario Batali.
Julia Child n'a pas toujours été Julia Child.
Si je voulais vraiment apprendre,
je pourrais concocter
tout le livre de Julia Child.
Et en faire un blog.
Je l'ai volé à ma mère l'autre fois, au Texas.
Quand j'avais 8 ans,
le patron de mon père est venu dîner.
Un événement.
Ma mère a fait un bœuf bourguignon.
Pas n'importe lequel.
Le bœuf bourguignon de Julia.
On aurait dit qu'elle était là.
Que Julia était là,
avec nous.
Elle nous soutenait,
comme une super grande
bonne fée.
Tout allait bien se passer.
Je vais essayer de retourner cette chose,
ce qui demande beaucoup de courage.
Avec elle, tout a changé.
Avant elle, c'était surgelés,
ouvre-boîtes et marshmallows.
Crache pas sur les marshmallows.
Quand vous retournez quelque chose,
il faut avoir le courage
de vos convictions.
Surtout quand c'est
une masse molle comme...
Ce n'est pas très concluant.
Je n'ai pas eu...
Elle est adorable.
...le courage nécessaire.
Vous pouvez toujours
recoller les morceaux.
Vous êtes seule dans la cuisine.
Qui le verra ?
Elle porte des perles en cuisinant.
Il faut répéter, comme au piano.
Je suis Julia Child.
Julia Child a coécrit le livre
L'Art de la cuisine française.
"Pour la cuisinière américaine
asservantée". C'est tout moi.
Voilà le hic. Je n'ai jamais mangé d'œuf.
Et je souffre d'hyperacidité gastrique.
On va gérer.
Donc, je vais cuisiner
tout le livre de Julia Child
et en faire un blog.
- Mais avec une date butoir.
- Pourquoi ?
Sinon, ce sera comme d'habitude.
Je ne termine jamais rien.
C'est vrai !
Et tu sais pourquoi ?
- TDA.
- Trouble de l'attention ?
Oui. Ça me gêne pour faire le ménage.
Ah, c'est ça ?
Il me faut une date.
"J'adore le sifflement
de la date qui me passe sous le nez."
- Le Guide du voyageur galactique.
- Je ne plaisante pas.
Un an.
Un an ?
Ce truc pèse 1 kg !
Je bosse à plein temps,
je rentre parfois après 21 h.
C'est de la folie.
C'est de la folie ?
Ça te va, le modèle Z ?
Modèle Z, c'est parti.
"Pour nous seules,
"cuisinières américaines asservantées."
...cuisinières américaines asservantées.
- Ça te plaît ?
- J'adore.
"Commencez à bloguer."
Le projet Julie / Julia.
Le livre :
L'Art de la cuisine française.
Première édition, 1961, par Simone Beck,
Louisette Bertholle et, bien sûr,
Julia Child, qui apprit à l'Amérique
à cuisiner et à se nourrir.
40 ans plus ***, personne n'a fait mieux.
Le défi : 365 jours,
524 recettes.
Participante : Julie Powell.
Fonctionnaire le jour,
fan de bouffe la nuit.
Mettant en péril son couple,
son boulot et son chat,
elle s'est lancé un défi délirant.
Jusqu'où ira-t-elle ? Nul ne le sait.
365 jours
524 recettes
Cher Charlie, nous voici installés.
Julia est ravie.
Elle ne veut plus partir.
Tu connais le côté grincheux
des Français, cher frère.
Les gens sont délicieux, ici !
Mais Julia ferait sourire une hyène.
Il est charmant !
Donc, elle trouve
les Français merveilleux.
J'ai l'impression d'être française.
Ça doit être vrai.
C'est possible.
Quant à ne plus partir d'ici,
j'avoue que je ne serais pas contre.
Merci d'être venue.
Félicitations. Excellente exposition.
Merci, Jack.
Jack Donovan, mon épouse Julia.
Formidable, cette exposition, Paul.
Je suis très fière de toi.
Les Français mangent français
tous les jours ! C'est ahurissant.
Eh oui.
Je t'aime tellement
que je t'accorde la première bouchée.
Que c'est bon !
Que pourrais-je faire, à ton avis ?
À quel sujet ?
Je ne tiens pas à me remettre
au service de l'État.
Il faut bien que je trouve
quelque chose à faire !
Les femmes mariées ne font rien, ici.
Ce n'est pas mon genre.
Je sais.
J'ai vu une annonce, à l'ambassade,
pour des cours de chapellerie.
Tu aimes les chapeaux.
C'est vrai.
Qu'aimes-tu vraiment faire ?
Manger.
- J'adore ça.
- Je sais.
Et tu y excelles. Regarde-toi !
Je m'épanouis à vue d'œil.
J'envisage d'apprendre le bridge.
Tu aimes le bridge.
Oui. J'aime l'idée du bridge.
4 points pour un as, 3 points pour un roi,
2 points pour une reine,
1 point pour un valet.
Cachez bien vos cartes.
Avez-vous des livres
de cuisine française en anglais ?
Hélas, non.
Flûte.
Elle ignorait...
Il n'existe aucun
livre de cuisine française en anglais.
Je n'ai que La Joie de cuisiner
d'Irma Rombauer,
un excellent livre de cuisine,
mais pas française.
J'ai demandé à mon amie Avis DeVoto
de chercher aux États-Unis...
Je croyais
que je vous parlais en français !
Juste ciel !
Mes mémoires.
C'est fantastique ! Mais c'est en français.
Ça viendra.
Je sais. J'apprends. J'essaie.
Bon anniversaire, moi-même.
Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
Quoi donc ?
"Lavez les cuisses."
Baignez les cuisses.
Mais ensuite...
Ça, je sais.
"Baignez les cuisses dans le beurre,
puis farcissez la..."
La quoi ?
"...la poularde
"jusqu'à...
"ce qu'elle n'en puisse plus."
C'est pas ce qui est écrit.
Je te montrerai dans le dictionnaire.
On se fera toute la recette.
Et si je prenais des cours de cuisine ?
Bonne idée.
Je ne plaisante pas.
Moi non plus.
Si tu n'étais pas tombé amoureux de moi...
Mais je le suis.
Hier, nous étions le mardi 13 août 2002.
1er jour.
Encore 364 jours.
Artichauts sauce hollandaise :
beurre fondu affolé par des jaunes d'œufs
jusqu'aux portes du paradis.
Franchement,
qu'y a-t-il de meilleur que le beurre ?
Dès qu'on trouve un mets
absolument exquis
et qu'on se demande ce qu'il contient,
la réponse est toujours :
"Du beurre".
C'est divin.
Normal, j'ai fouetté jusqu'à supplication.
Le jour où une météorite
nous laissera 30 jours à vivre,
je les passerai à manger du beurre.
Ma conclusion :
on ne met jamais trop
de beurre.
24 août, 11e jour.
C'est ça, "ne pas les entasser" ?
Encore 353 jours.
Journée catastrophique.
Une mamie m'a traitée
de gourde gratte-papier capitaliste.
Mais avec mon poulet à la crème,
champignons et porto,
ce fut l'extase.
Grande nouvelle :
j'avais toujours cuisiné
les champignons de travers.
Ne les entassez pas,
sinon ils ne brunissent pas.
Vous écoutez, qui que vous soyez ?
Vous allez adorer.
22e jour.
Avec de la figue.
Chez Dean & DeLuca,
j'ai dépensé un demi-salaire.
En arrivant dans le métro
avec les courses, la litière,
l'huile d'olive indispensable à ma vie
et des branches immenses,
j'ai vu que les branches
étaient une erreur.
Les gens les prenaient dans la figure
et j'étais en nage.
À force de cuisiner riche,
plus le temps de bouger.
À la maison,
gros encouragements de ma mère.
Rappelle-moi pourquoi tu fais ce...
Blog.
Peu importe.
C'est une discipline, maman.
Comme les abdos.
- Encore une pression supplémentaire.
- Comment ça ?
Tu as un métier à plein temps, un mari,
et tu vas te rendre malade avec ce blog.
C'est comme les Alcooliques Anonymes.
Qu'est-ce que tu racontes ?
C'est un exercice quotidien,
"un jour à la fois".
Comment tu connais ça ?
Chérie, es-tu alcoolique ?
J'ai besoin d'objectifs à court terme.
C'est vraiment de la bêtise pure.
Qui le lit, ce blog ?
Plein de monde, j'en suis sûre.
C'est une lubie.
Si tu arrêtes, ça ne gênera personne.
Je viens de commencer.
Je dois aller au bout. Je n'ai que ça.
Saleté de téléphone.
Tu n'as pas que ça.
Je sais. C'est pas ce que je voulais dire.
Hier, j'ai poché un œuf.
Ça semblait être l'activité idéale
après la 2e pire journée de l'histoire.
Tu n'as jamais mangé d'œuf ?
Si, dans des gâteaux.
Mais jamais tout seul. J'étais têtue, petite.
L'eau frémit.
Je pensais, Dieu sait pourquoi,
que ce serait simple.
Grossière erreur.
"Ramenez délicatement le blanc
sur le jaune pendant 3 secondes."
Immédiatement.
Beurk...
Julia dit que les œufs doivent être frais.
Ils le sont.
Ne m'arrache pas la tête. Je cite Julia.
On s'y est mis à trois,
agglutinés au-dessus de la casserole,
mais on a eu le dernier mot.
- Bonjour.
- Bienvenue.
C'est mignon.
Et j'ai mangé un œuf
pour la toute toute toute première fois.
Je pensais que ce serait gras
et visqueux, mais ça ressemble à...
de la sauce au fromage.
Miam.
Julia Child, vous êtes la meilleure.
Et le vin est excellent.
Tu crois qu'elle te connaît ?
J'espère.
Dans mes rêves, elle vient dîner,
et je lui montre mon zesteur.
On devient très proches.
En réalité, personne ne me connaît.
J'ai l'impression de tout envoyer
dans un vaste néant.
Et le blog d'Annabelle,
tu l'as lu, récemment ?
Oui.
C'est marrant.
Ah bon ?
Son mec a un avion. Il s'appelle Lester.
Et ils s'envoient...
en l'air.
Les gens adorent. Ça cartonne.
C'est normal de ne pas aimer ses amies ?
Complètement.
Les mecs aiment leurs amis.
Qui parle des mecs ?
5 semaines de passées. Encore 47.
J'ai une pêche d'enfer.
Parfois, je me pose la question :
est-ce que quelqu'un me lit ?
Mais oui, non ? Il y a quelqu'un ?
Allô ?
Ernestine, j'ai un commentaire.
C'est ta mère. À quoi ça rime, tout ça ?
Ma mère. Ça ne compte pas.
Aujourd'hui, nous allons apprendre
à faire cuire un œuf.
D'abord, vous devez vous assurer
que l'œuf est bien frais.
J'espérais vraiment...
un niveau plus avancé, madame Brassart.
Mais votre niveau n'est pas très avancé.
Mais je sais faire cuire un œuf.
Savez-vous désosser un canard ?
Non, mais c'est exactement
le genre de chose
que j'aimerais beaucoup apprendre à faire.
Il y a un autre cours,
mais il ne vous plaira pas.
Pour cuisiniers professionnels.
Ce que vous ne serez jamais.
Que des hommes.
Que des G.I.
Et très cher.
Vous ne paierez jamais
de tels frais d'inscription.
Combien ?
L'oignon est prêt, mais...
Il faut tenir le couteau comme ça.
Poignet souple. Le pouce ici.
Main et couteau ne font qu'un.
L'autre main, il faut la protéger.
Il faut seulement couper l'oignon.
Pas moi.
Ensuite, on met le pouce ici
et les autres doigts ici.
Jule ?
Tu y vas un peu fort, non ?
Tu aurais vu
comment ces hommes me regardaient !
Comme si je n'étais
qu'une ménagère écervelée
cherchant un moyen de tuer le temps.
- Où vas-tu ?
- Ailleurs.
Tu as faim ?
Tant mieux.
Bravo, Mme Child.
Chère Avis,
C'est ma 3e semaine au Cordon Bleu
et je suis au 7e ciel.
Le matin, le réveil sonne à 6 h 30
et je me lève d'un bond.
À 7 h 30, je suis à pied d'œuvre,
en tablier,
à éplucher des pommes de terre.
Puis, nous cuisons les fonds de sauce,
nous parons le poisson et les pigeons.
Nos pâtes contiennent tant de beurre
que le cœur défaille
devant un tel spectacle.
Mon professeur va si vite
qu'il m'arrive d'être perdue,
mais je devance largement les autres,
tous des hommes
et tous très désagréables
jusqu'à ce qu'ils constatent
que je n'avais peur de rien,
ce que j'ai constaté au même moment.
À la pause de midi et demie,
je rentre préparer le déjeuner de Paul.
Puis, Paul fait une sieste...
et un peu plus ***, il retourne
à l'ambassade et moi, au cours.
Il vous faut un mortier et un pilon.
Mon père,
ulcéré que je prenne ces cours,
veut me payer les services
d'un cuisinier !
Allez-y, amusez-vous !
C'est ça, l'essentiel.
Je dois être la seule Américaine
à Paris qui achète la nourriture
avec autant de plaisir qu'une robe.
Ce qui est logique, dans un pays
où aucun vêtement n'existe à ma taille.
À ce propos, savais-tu
qu'une viande qui n'est pas sèche
ne brunit pas correctement ?
Irma Rombauer ne dit pas un mot là-dessus
dans La Joie de cuisiner.
Avis,
c'est le paradis, ici.
Moi qui cherchais une idée de carrière...
Heureuse St-Valentin.
...je l'ai trouvée.
On s'est connus à Ceylan, à l'OSS.
Il ne m'a pas remarquée.
Si, j'ai remarqué tes jambes immédiatement.
Quel débauché tu étais !
Les femmes en étaient folles.
Normal.
Bref, nous fûmes envoyés en Chine.
C'est un délice, si je puis me permettre.
C'est bientôt vous qui donnerez les cours.
J'en doute fort.
La directrice me voue une haine féroce !
C'est impossible.
C'est vrai, mais elle, oui.
Vous étiez espions ?
Non.
Oui.
Non.
Cachottier...
Aux Services Spéciaux, mais pas espions ?
J'étais préposée au classement.
Paul, lui, a conçu
toutes les salles de commandement
de Mountbatten.
Juste les plans, les maquettes...
Il a gagné la guerre à lui tout seul !
Il fallait bien. Ça s'éternisait.
Bref, nous étions en Chine,
bons amis, en train de dîner...
et soudain, ça a été Julia.
C'était Julia depuis le début.
Tu es le beurre de mon pain,
le souffle de ma vie.
Je t'aime, ma douce.
Heureuse St-Valentin.
Cher Charlie,
Julia aux fourneaux me fascine autant
qu'un timbalier pendant une symphonie.
Le four fermé sitôt ouvert,
on remarque à peine le plongeon habile
d'une cuillère dans une cocotte,
qu'elle monte à sa bouche pour goûter,
avec la redoutable précision
d'un rythme doublé.
Puis, à mains nues,
elle attrape des cannellonis
dans l'eau bouillante
et s'écrie :
"Ces machins sont aussi chauds qu'..."
Une bite au garde-à-vous !
- Elle a dit quoi ?
- Mais oui !
Julia Child a dit...
Mais oui ! Je suis choquée.
Paul Child l'a écrit
à son frère jumeau Charlie en 1949.
Julia venait d'entrer au Cordon Bleu.
Alors Julia et Paul...
Eh oui. Ce qui prouve bien...
Quoi ?
Qu'on ne sait rien
de la vie sexuelle des gens.
Ils étaient très amoureux.
Du tabasco, de la part d'un lecteur !
Aujourd'hui, j'ai eu 12 commentaires,
tous de lecteurs inconnus.
Merci à vous, fidèles lecteurs,
pour ce butin !
J'ai concocté 65 recettes en 47 jours.
59e jour. Encore 437 recettes.
Ça roule. 103 recettes
en un peu plus de 2 mois.
On dirait une brioche.
C'est l'heure du homard Thermidor.
Je vais devoir assassiner
et démembrer un crustacé.
Je n'y arriverai jamais.
Hier soir, notre machine à dormir,
censée étouffer le fracas des camions,
me parlait.
Elle disait...
"Tueuse de homards.
"Tueuse de homards..."
D'après un lecteur, si on les met
au congélo, ça les engourdit.
Un autre m'a dit : "Du cran, fais-lui la peau !
"Prends un couteau et vas-y."
Il est vivant !
Oh non...
"Comment gérer un homard vivant.
"Si vous rechignez à l'ébouillanter..." Oui.
"...plongez la pointe du couteau
entre les yeux."
Julia... Comme si c'était simple.
Tueuse de homards.
Dégage !
Je n'ai pas besoin de toi.
Tu ne me sers à rien.
Je vais les jeter dans l'eau,
mettre le couvercle, et voilà.
Super.
Bonjour.
Au revoir.
Pardon.
Ça va ?
Bon, les gars...
c'est moi le shérif, maintenant.
Tueuse de homards.
C'est réglé.
Tu es un saint.
Merci, merci...
- Merci.
- Je t'en prie.
- Je ne peux pas.
- Mais si.
J'ai du boulot !
Un dernier...
Ouste ! J'ai du pain sur la planche.
Dehors !
Gâteau.
Bon anniversaire !
Merci d'être venus. Salut !
Quand Julia a rencontré Paul,
elle était vierge.
C'est vrai ?
Elle avait presque 40 ans.
Comment on le sait ?
Julia écrivait à son amie Avis DeVoto
et à son frère. Aucune lettre n'a été jetée.
Quand elle s'est mariée,
elle savait à peine faire cuire un œuf.
C'est vrai ?
Concombres braisés. Une révélation.
C'est bon.
Elle m'obsède.
Elle l'obsède.
Tant mieux. C'est à tomber par terre.
C'est tout ce qu'il y a.
Le homard, ça coûte bonbon.
Mets un truc PayPal sur ton site.
Les gens enverraient du fric.
Mais oui. Absolument.
Tu as des fans qui t'adorent.
Ah bon ?
J'ai des fans ?
Oui.
- Je ne peux pas leur demander ça.
- Pourquoi ?
Grâce à PayPal, on aurait encore du homard.
Bon anniversaire, mon cœur.
Merci.
Le même que Julia.
Le sien était sans doute un vrai.
Il est magnifique.
Je te le mets.
Voyons voir...
J'ai trente ans.
Je pensais que ce serait une épreuve,
mais grâce à toi
et à Julia,
ça devrait bien se passer.
Gâteau.
Encore du gâteau. Il vous plaît ?
Coucou...
Je vais me coucher.
Ernie ! 53 commentaires sur le homard.
Tu déconnes.
Puis-je vous parler de mon problème ?
Je vous écoute.
Trop de bouffe, pas assez de sexe.
Eric, c'est pas drôle.
Je trouve ça assez drôle.
C'est vrai.
Devine...
Ton blog arrive en 3e position
sur salon.com.
- Moi ?
- Oui, toi.
Moi !
Pour chaque lecteur qui commente,
il y en a des centaines
qui ne le font pas, non ?
Tout un tas de gens sont connectés à moi.
Ils ont besoin de moi, en quelque sorte.
Si je n'écrivais pas, ils seraient très mal.
Ils prendraient du poison pour se suicider.
Vous faites toujours des chapeaux ?
Non, j'ai arrêté.
En revanche, je suis prête
à passer le diplôme du Cordon Bleu.
Cette saleté de directrice
repousse sans cesse l'examen.
Madame Brassart ?
C'est d'elle qu'il s'agit ?
C'est une mégère.
Vous l'avez dit.
C'est la seule personne au monde
que je ne peux pas souffrir.
Moi, ce n'est pas la seule.
Vous vous connaissez ?
Vous devriez. Julia Child, Simone Beck.
- Simca.
- Enchantée.
Mon amie, Louisette Bertholle.
Dire que vous ne vous connaissez pas...
Simca et Louisette
rédigent un livre de cuisine.
Pour les Américaines.
Vraiment ?
Pourquoi passer cet examen à la noix ?
Pour avoir un diplôme et enseigner.
Pas besoin de diplôme pour enseigner.
Vous devez avoir raison.
Avis dit la même chose.
Avis ?
Mon amie Avis DeVoto,
de Cambridge, Massachusetts.
Elle est très sage.
Mais c'est plus fort que moi.
Je veux un diplôme.
Je suis très conventionnelle.
Je ne sais pas quoi faire.
Écrivez donc à l'horrible Mme Brassart
et menacez-la.
Avec quoi ?
Les États-Unis d'Amérique.
Dites-lui que l'ambassadeur
tient à ce que vous passiez l'examen.
Je n'oserai jamais. Grand Dieu, non !
L'ambassadeur des États-Unis.
Je le connais à peine.
Mais si, vous oserez.
Chère madame Brassart,
Tout le monde, à l'ambassade américaine,
y compris mon cher ami l'ambassadeur,
serait très surpris
que je ne puisse passer mon examen.
Écrivez les recettes suivantes...
Je n'avais aucune idée
de ce qu'était le veau en surprise.
Nous l'avions fait en cours.
Une côtelette de veau
et des champignons dans un sac.
Un sac en papier. La surprise.
En ouvrant le sac :
"Surprise !"
Veau aux champignons...
Je n'avais jamais raté d'examen de ma vie.
Je suis une excellente élève.
Demandez à le repasser.
C'est possible ?
Bien sûr.
En attendant, venez enseigner avec nous.
Seigneur !
Est-il vrai que vous envisagez d'enseigner ?
Oui. La cuisine, aux Américaines de Paris.
Madame Child, il faut que vous le sachiez...
Vous n'avez aucun talent pour la cuisine.
Remarquez, les Américains
ne s'en rendront pas compte.
Nous voici, je le crains,
au chapitre des aspics.
Un aspic est une sorte
de gélatine moulée au bœuf.
Appétissant, n'est-ce pas ?
Je me demande pourquoi c'est démodé.
Prenez un pied de veau,
que j'ai en ma possession
grâce à mon saint de mari,
et cuisez-le jusqu'à ce que
la cuisine sente la tannerie.
Une fois solidifié au frigo,
renversez-le sur une assiette.
Ce qui, selon Julia Child,
est un jeu d'enfant.
Je ne dirai qu'une chose,
sans vouloir vous vexer, Julia...
Elle a menti, la chienne.
Fait chier.
Combien il en reste ?
Sept.
Tu peux renoncer. Il n'y a pas
de Brigade des Aspics.
Tu peux mentir.
Je ne peux pas.
Julia le saura.
Elle me surveille, m'influence.
Je me bonifie énormément grâce à elle.
Beurk ! L'évier, regarde !
C'est nul, ici ! Tu as mis quoi dans l'évier ?
C'est nul, ici ?
Comment cuisiner dans cette cuisine ?
Normal que ma gelée s'effondre.
Et bien sûr, pas de déboucheur.
Sauf si tu en as acheté.
En plus de tout ça, je devrais en acheter ?
Là, tu n'es carrément pas
sous l'influence de Julia Child.
Si je dépasse la date butoir,
j'aurai gâché un an de ma vie !
J'étais mince, je deviens... grosse.
Grosse ?
Et je dois désosser un canard.
- Quand ?
- Un jour ou l'autre.
Tu imagines, désosser un canard ?
Non.
Évidemment.
Vous vous souvenez, il y a quelques jours,
après un pétage de plomb
à cause d'un aspic,
j'ai juré de devenir
quelqu'un de meilleur.
Puis, alors que je troussais
le poulet rôti à la normande,
un poulet farci de foie de volaille
et de crème fraîche,
il est tombé et la farce s'est étalée,
grosse masse gluante.
Bref, nouveau pétage de plomb.
C'est n'importe quoi !
Pire que le dernier.
Je ne sais même pas trousser.
Et j'ai pleuré,
comme une petite fille caractérielle.
Je suis larguée !
Je réponds.
Qui est à l'appareil ?
Un instant...
Je ne suis pas sûr qu'elle soit là.
Elle est peut-être sortie.
Un journaliste du Christian Science Monitor
veut faire un article sur toi.
Ah bon ?
Je lui dis de rappeler ?
Non, je le prends.
Vous voulez venir dîner avec qui ?
Bien sûr que je sais qui c'est !
Qui ?
Ce serait génial, fabuleux.
Au revoir.
Qui ?
Devine qui vient dîner.
Aux Trois Gourmandes !
Une pour toutes, toutes pour une !
J'ai eu un mal de chien
à convertir les recettes
à partir du système métrique.
Les mesures ne comptent pas.
Mais si !
Elles comptent énormément.
C'était notre principal désaccord,
en rédigeant le livre.
Qui est enfin terminé.
Et expédié à l'éditeur.
Simca et moi serons bientôt célèbres.
Les nouvelles mesdames "Joie de cuisiner".
Peut-être.
Essayons, allez...
Je peux vous aider ?
C'est mieux.
Elles sont en avance.
Ces Américaines !
Chère Dorothy,
Ta sœur Julia donne des cours de cuisine.
Nos 3 élèves paient 2 dollars le cours.
À peine de quoi payer les aliments.
Peu importe.
Simca, Louisette et moi
sommes les Trois Gourmandes.
Enfin, souvent les Deux Gourmandes,
car Louisette a des migraines
et voit le médecin
à l'heure des cours.
J'ai une petite migraine.
Tu les rencontreras le mois prochain,
sauf, bien sûr,
si Louisette a mal au ventre.
Parfait !
Et même si ça ne l'est pas,
ne vous excusez jamais.
Ni excuses ni explications.
Louisette nous a abandonnées.
Mal au ventre.
La veille,
elle était partie
avant même le bavarois au chocolat.
Je refuse de croire que son dentiste
n'avait que ce créneau.
Regarde bien, qu'on ne rate pas Dorothy.
Ta sœur est impossible à rater.
Je ne la vois pas.
La voilà.
Incroyable, la traversée en paquebot !
Je n'ai pas été malade une seule fois !
Les gens tombaient comme des mouches !
Mon Dieu ! Regardez-moi ça !
Toute la journée,
je ne pense qu'à la nourriture
et j'en rêve toute la nuit !
C'est une obsession.
Il n'y a qu'à la cuisine que je peux la voir.
La semaine dernière, j'ai rêvé
que je faisais un cassoulet à papa.
Qu'il détestait, évidemment.
Ça le dépasse, tout ça.
J'ai presque de la peine pour lui.
Il rêvait qu'on reste à Pasadena
et que des républicains nous engrossent.
Où est le hic ?
Trop grandes.
C'est vrai !
Depuis le début,
on n'entre pas dans le moule.
Alors on n'y entre pas.
C'est vrai.
Ne titille pas papa sur la politique,
quand il viendra.
Sinon, il ne paiera pas l'addition.
Je ne promets rien.
Il adore McCarthy.
Je sais.
Pasadena.
Cric ou crac ?
Dort, tu as du brie.
- C'est ça ?
- Oui.
N'est-ce pas le meilleur fromage de ta vie ?
La réponse est oui.
Le chef de La Mère Michel
m'a donné la recette du beurre blanc.
C'est quoi ?
Du beurre
dans une réduction de vinaigre blanc.
Tu les mélanges au fouet,
et l'acide du vinaigre
agit sur les solides de lait du beurre.
Ainsi, le beurre, au lieu de fondre, devient...
crémeux, léger, mousseux,
avec un extraordinaire côté subtilement...
Mordant.
Il y a du mordant.
Du mordant.
Voilà...
l'homme que j'ai épousé.
Bref,
on sert ça sur du poisson.
C'est un régal. Je t'en ferai.
Magnifique.
Et nous allons t'organiser une fête.
C'est vrai ?
J'ai hâte.
D'ailleurs, j'ai un homme à te présenter.
Je pense que tu vas...
Il est...
Grand. Très grand.
Grand.
Extrêmement grand.
Comme moi.
Encore plus grand. C'est bien.
C'est bien.
Pas mal.
Mais sans plus.
Bonsoir, mesdames. Un petit four ?
Servez-vous. La tapenade est sensationnelle.
Julia, vous voilà.
John !
Vous voilà.
Alors, où est-elle, cette sœur ?
Là-bas. Bonsoir, John.
Là.
On lui a parlé de vous.
Elle est en pleine conversation.
Avec Ivan Cousins ?
Ils se connaissent à peine.
Je vois mal Dorothy s'enfuir avec lui.
Jamais vu un mariage pareil.
Tiens, Julia.
Quel beau mariage !
Merci, papa.
Cette union ne me réjouit guère.
La nôtre ne vous réjouissait pas plus.
Exact.
Tout va bien à l'ambassade, Paul ?
Très bien. Merci, Phila.
Enfin, pas vraiment.
Ils ont réduit le budget bibliothèque de 90 %.
Le sénateur McCarthy a le bras long.
McCarthy sait ce qu'il veut.
J'admire les hommes
qui savent ce qu'ils veulent.
Une foule de gens, à Washington,
ont perdu leur emploi
après des années de service,
sans aucune raison.
Paul a dû répertorier
tous les livres de la bibliothèque.
Suggères-tu que l'État français fait mieux ?
On va danser ?
Viens danser.
Excusez-nous.
Tu ne voulais pas en parler.
Je suis incorrigible.
Où est ma grande brindille ?
Ici, fouet en action !
Et pour le dîner...
mayonnaise ?
C'est bon.
C'est bon, n'est-ce pas ?
Très. Ta sœur.
Je vais envoyer cette recette à Avis.
J'en suis enchantée.
C'est une découverte capitale.
En tout cas, ça en a le goût.
Dorothy est enceinte.
N'est-ce pas merveilleux ?
- Je suis ravie.
- Je sais.
Si l'on chauffe légèrement le bol
avant de battre le jaune,
ça change tout.
La mayonnaise inratable.
Totalement inratable.
Je l'ai tapée.
Tu es contre ?
La mayonnaise ? Pas du tout.
Tu as totalement raison.
Scientifiquement réalisable.
C'est ma devise.
Nous avons un problème.
L'éditeur...
De notre livre...
...dit qu'il n'est pas en anglais.
Mais il l'est !
Il a été rejeté.
Ils suggèrent,
si nous décidons de continuer,
de collaborer
avec quelqu'un qui l'adapterait
pour les cuisinières américaines.
Tu veux bien le faire, Julia ?
Si je veux le faire ?
Le jeu du jour : devinez qui vient dîner.
Mercredi, je reçois des invités de marque.
Indice n° 1...
Le degré de séparation
entre Julia Child et moi
est sur le point d'être divisé par mille.
Non, ce n'est pas Amanda Hesser
du New York Times
ni Nigella Lawson ni Ina Garten.
Indice n° 2...
Je ferai du bœuf bourguignon,
premier plat que notre invitée a concocté
après avoir découvert
L'Art de la cuisine française.
Bœuf bourguignon.
Celui de Julia Child.
Puisque personne ne devine,
je vais tout vous dire.
C'est Judith Jones,
grâce à qui le livre de Julia
a été publié, à l'époque.
Qui a anticipé l'Histoire
dans du papier pelure.
Âgée, elle doit rechigner à dîner à 22 h.
Je m'applique donc
à cuisiner la veille au soir.
En cuisinant,
je sens que Julia et moi
transcendons l'espace-temps
à un niveau mystico-spirituel.
Ceci dit, c'est surtout
à moi-même que je parle.
Ça cuit combien de temps ?
Deux heures et demie.
Bienvenue.
Je suis Julia Child.
Aujourd'hui,
nous allons préparer un festin.
"Les fêtes d'Holiday".
Commençons avec une poularde
à demi désossée.
Ôtez le foie
et faites-le frire avec des oignons
pour un en-cas,
ou faites-en du pâté,
à tartiner sur un biscuit apéritif,
un biscuit salé.
Si vous avez un animal,
ils adorent le foie.
Conservez le foie.
"Conservez le foie" !
Le poulet sur le ventre,
coupez le long de la colonne
jusqu'au croupion.
Ça y est, je me suis sacrément
entaillé le doigt.
Tant mieux !
De tels incidents arrivent,
dans une cuisine.
Nous n'avons jamais évoqué
la marche à suivre.
D'abord, arrêtez le saignement.
Appuyez la main sur le tablier,
comme ceci.
Levez la main bien haut.
Je recommande des coagulants naturels
comme le foie de volaille.
Autre raison de ne pas jeter le foie.
Dieu que ça me lance !
Vite, un garrot.
C'est drôle, vous tournez !
Allez, je vais faire un petit somme.
Ce n'est qu'une interminable
mélopée de recettes.
Ça ne fonctionne pas du tout.
Je vais devoir tout reprendre à zéro.
Ce livre de cuisine
doit rendre la cuisine française
accessible aux Américaines
qui n'ont pas de cuisinier.
Qui sont asservantées.
Ça existe, ça ?
As-ser-van-tées.
Oui, ça existe.
Et si nous devions quitter Paris ?
Pourquoi devrions-nous quitter Paris ?
Mon affectation devait durer quatre ans.
Nous avons du temps devant nous.
Huit mois.
Tu n'auras jamais terminé ce livre
en huit mois.
Non,
mais en deux ans, c'est possible.
Et si j'étais muté ailleurs ?
C'est possible ?
Je ne compte guère pour eux.
Bien sûr que si.
Non, je t'assure.
Si nous partons, je posterai les pages
à Louisette et Simca,
et elles me les renverront.
C'est à ça que servent la poste,
le papier carbone et le papier pelure.
Je sauterai dans le train pour Paris
quand nous devrons absolument
travailler à trois.
Ou plutôt à deux.
Louisette ne fait quasiment rien.
Mais nous resterions en Europe,
n'est-ce pas ?
Difficile à dire, vu le climat politique actuel.
Le sénateur McCarthy
n'aime pas les gens comme nous.
Pourquoi ? Qu'avons-nous fait ?
Rien. La question n'est pas là.
Nous avons séjourné en Chine.
Ça leur suffit presque.
En attendant, nous sommes ici.
C'est vrai. Tu as raison.
Au livre.
La Cuisine française pour tous !
Ou Cuisine française maison.
Ça te plaît ? Lequel préfères-tu ?
J'aime les deux.
Chère Avis,
Voici un extrait de notre livre,
tiré du chapitre sur les sauces.
Naturellement, ne montre ça à personne,
sauf si tu es sûre
qu'ils n'ont pas, n'ont jamais eu
et n'auront jamais rien à voir
avec le monde de l'édition.
Certaines personnes rêveraient
de dérober cette recette
de sauce hollandaise.
Nous sommes en retard !
Elle sera là, tu crois ?
Bien sûr !
C'est chez elle.
C'était une petite plaisanterie.
De quoi s'agit-il ?
Elle ne m'a rien dit.
C'est une surprise.
Elle se retire peut-être du projet.
Ce serait merveilleux.
Mais c'est vrai.
Mes amies,
je vous présente Irma Rombauer.
Mme Joie ?
La 1re édition de La Joie de cuisiner
m'a pris un an.
Seulement ?
Y compris les essais de recettes ?
Je ne les ai pas toutes testées.
Il y en avait tant.
Puis, j'ai trouvé un éditeur,
un petit imprimeur de St-Louis.
Combien vous a-t-il payée ?
C'est moi qui l'ai payé. 3 000 dollars.
3 000 dollars ?
Une petite fortune.
Mais l'assurance vie m'avait indemnisée,
car mon mari...
Il s'est suicidé ?
Je me suis dit :
"À quoi me servira cet argent ?"
Le livre s'est bien vendu,
Bobbs-Merrill l'a récupéré,
et j'ai eu un véritable éditeur.
Et eux vous ont payée ?
Absolument pas.
Ils m'ont escroquée. Ils ont volé mes droits.
Et sur la nouvelle édition... Devinez.
Quoi ?
L'index est épouvantable.
Mon Croque-Poulet
ne se trouve pas à la lettre C.
Vraiment ?
Il est classé à "Pilon, Imitation".
Tout ce qu'elle avait à raconter,
c'est comment son éditeur
lui a sucré des milliers de dollars
de droits d'auteur.
Ça m'a fait prendre conscience
que ce ne serait pas simple
d'arriver à nous faire publier.
Une lettre d'Avis, pour toi.
Avis adore mon chapitre sur les sauces.
C'est formidable, chérie.
Elle l'a montré à quelqu'un.
Ce que je lui avais interdit de faire.
Elle l'a montré à une éditrice
de Houghton Mifflin, à Boston,
qui l'a montré
au directeur de la publication et...
Quoi ?
Ils veulent...
publier notre livre !
Quelle bonne nouvelle !
Et nous donner une avance.
Combien ?
250 dollars !
Et quand le livre sera terminé, 500 de plus !
Je suis fier de toi.
L'éditrice adore le livre !
Elle l'adore !
"L'air encore chargé
de l'odeur de ragoût brûlé,
"je me suis réveillée
avec d'atroces brûlures d'estomac.
"J'ai pris un congé maladie."
"Et me suis recouchée
pendant plusieurs heures."
Écris-le, au cas où un collègue le lirait.
"Et me suis recouchée
pendant plusieurs heures."
À midi, j'ai réussi à me mettre debout.
J'ai racheté les ingrédients
du bœuf bourguignon,
je me suis traînée à la maison
et j'ai refait un bœuf bourguignon.
Et pour le dessert,
un bavarois à la framboise.
Le soir, j'étais rétablie.
Je cuisinais pour une légende,
même si je la connaissais à peine.
Elle te proposera peut-être
un contrat d'édition.
Imagine !
Si c'est le cas, ça voudrait dire
que je suis peut-être écrivain.
Ça rapporte combien, un bouquin ?
L'avance ?
Aucune idée.
100 000 dollars ?
Tais-toi.
C'est sûr !
Ici aussi, il pleut des cordes.
Je comprends.
Merci.
Elle ne vient pas.
C'était le type du Christian Science Monitor.
Il pleut.
On vit à Long Island City,
elle est très âgée...
La honte.
Le bon côté, c'est le rab de ragoût.
Laisse tomber le bon côté.
Après tout, c'est pas la fin du monde.
Je m'étais mis dans la tête :
"Contrat d'édition".
Moi, Judith Jones, le bonheur...
On aurait des sous,
on finirait pas au-dessus d'une pizzeria...
Comment je vais expliquer ça ?
Mes lecteurs seront très déçus. Ils étaient
à fond.
Ils seront très déçus.
Je n'aurais jamais dû l'annoncer.
Ils s'en remettront.
D'une façon ou d'une autre,
tes lecteurs
s'en remettront.
C'est fade ?
Plus maintenant.
Merci pour l'info.
Tu m'aurais laissée lui servir un plat fade.
Quel cauchemar. Je l'avais annoncé.
Ils s'en remettront.
Quand ce sera terminé, et j'ai hâte,
tes lecteurs
lutteront pour s'en remettre.
Et moi, je m'en remettrai pas ?
Va savoir, puisque tu ne seras plus
le centre de l'univers.
C'est la meilleure.
Je suis enfin investie dans quelque chose.
Peut-être un peu narcissique...
Un peu ? Combien, sur 10 ?
9,3. Mais un blog,
c'est moi moi moi tous les jours !
Je trouvais ça sympa. Quel con.
Ça finit en pétage de plomb !
Je vis avec une égocentrique
qui blablate pour des inconnus.
Tu parles d'une belle aventure !
C'est notre vie, notre couple.
Là, c'est pas une aventure,
c'est une vie de merde !
- C'était ton idée !
- J'aurais mieux fait de me taire.
Autre chose...
Je ne suis pas un saint.
Mais si.
Non.
J'ai l'impression d'être un gros con,
quand tu le dis.
Ne raconte pas ça sur ton blog.
- Ça, quoi ?
- Cette engueulade !
Je me casse.
Ça va, Julia ?
Très bien.
Tout va très bien.
Chère Avis,
Les cartons sont terminés.
Demain, nous quittons
mon Paris adoré pour Marseille.
Paul a été nommé attaché culturel
pour le sud de la France.
J'ai du mal à faire semblant
de ne pas être effondrée.
Je vais acheter du pain.
L'avantage, à Marseille,
c'est que j'aurai moins
de distractions qu'à Paris.
Donc, nous pourrons terminer le livre.
Mais pas dans les délais.
Au moins, nous restons en France.
Chère Avis,
Nous n'avons pas mérité ça,
mais nous voici en Allemagne.
Un faubourg de Bonn,
Plittersdorf sur le Rhin,
nom beaucoup plus pittoresque
que la ville elle-même.
Au fait, nous ne terminerons jamais
dans les délais.
Il nous faudra au moins
deux années supplémentaires.
Entre-temps,
Paul a été convoqué à Washington.
Nous ignorons pourquoi.
Tu vas enfin avoir ta promotion. Forcément !
Pourquoi me convoquent-ils à Washington ?
Un télex leur coûterait moins cher.
Tu vas être muté, alors.
Ils vont te demander
si tu préfères Paris ou Paris.
C'est possible. Peu probable, mais possible.
Si c'est le cas,
je pourrai chercher un appartement
quand j'y serai, la semaine prochaine.
Bonne idée, n'est-ce pas ?
Je t'appelle à la minute
où ils m'annoncent notre retour à Paris.
D'accord ?
D'accord.
- Je sais...
- Ça peut arriver.
Ça peut arriver. Ne bouge pas.
Souris, Coin-Coin.
Serre les cuisses, trésor.
C'est très simple : on va lui dire
qu'elle aura moins de droits d'auteur
parce qu'elle ne peut pas
s'investir 40 heures par semaine,
comme nous.
60, tu veux dire. 80.
Nous sommes des vaches enragées.
Exactement. Des vaches enragées.
Mais...
je ne peux me résoudre à le dire à Louisette.
Tu dois le faire.
Je le ferai. Soyons impitoyables.
Je l'apprécierai beaucoup plus
quand ce sera réglé.
Non pas que tu ne nous aides pas,
dans une certaine mesure.
Mais je vous aide !
C'était mon idée,
les petits pois dans le coq au vin.
Certes, et c'était une idée formidable. Mais...
le livre est devenu une œuvre majeure.
Mais nous sommes une équipe.
Les Trois Gourmandes. Une pour toutes.
C'est tout à fait exact, Louisette.
Tout à fait.
Et tu as beaucoup apporté au projet.
Merci.
Mais...
Mais...
Je vais divorcer.
Quoi ?
Jean-Luc me quitte.
Je suis navrée. Louisette !
Oublie... ce que je viens de dire.
Mais Louisette
ne peut pas gagner comme nous.
Pas maintenant. Elle va divorcer.
Elle ne fait pas son travail.
Tu ne fais pas ton travail. Tu auras 10 %.
10 % ?
Tu ne fais pas ton travail.
25.
- 15.
- 20.
18 et pas un centime de plus.
Et l'intitulé devrait dire :
"De Julia Child et Simone Beck,
"avec Louisette Bertholle."
"Avec" ?
En petits caractères.
Non, Simca.
Nos noms seront identiques,
en ordre alphabétique.
Alphabétique.
Mais ce n'était même pas son idée,
les petits pois.
Pour moi ?
Chère Avis,
Nous avons vécu
notre propre roman de Kafka.
Paul est allé à Washington.
Naïvement,
j'ai cru que le gouvernement américain
avait enfin pris la mesure de sa valeur.
Que nenni !
Il a fait l'objet d'une enquête.
3 jours durant, ils l'ont cuisiné
dans une pièce aveugle,
un gros tas de papiers
trônant sinistrement sur la table.
Ils l'ont interrogé
sur nos amis, nos livres,
nos années en Chine, notre patriotisme...
Ils lui ont même demandé
s'il était homosexuel !
Êtes-vous homosexuel ?
Je ne suis pas homosexuel.
Ce n'est pas une plaisanterie.
J'en suis bien conscient.
Il est rentré
lavé de tout soupçon, mais...
profondément meurtri.
Quel cauchemar...
Qu'est-ce que je vais faire ?
Ma vie n'est qu'un gros gâchis.
Encore une affectation
et je prends ma retraite.
Et ensuite ?
On y arrivera.
À quoi ça a servi, tout ça ?
Toi, au moins, tu as le livre.
C'est aussi le tien.
C'est vrai !
Sans toi, il n'existerait pas.
Je doute que Simca et moi
le terminions un jour.
Vous y arriverez.
Je me le demande.
Conclusion,
à 18 h 22 hier,
devinez qui n'est pas venue dîner.
C'est ça.
Il s'est mis à pleuvoir des cordes,
et Judith Jones a annulé.
J'étais anéantie.
Pour couronner le tout,
j'ai eu un gros clash avec mon mari,
qui m'a quittée.
J'ai eu un gros clash avec mon mari,
qui m'a quittée.
Le bœuf bourguignon était délicieux.
Je n'en ai pas mangé.
Quant au bavarois aux framboises,
je l'emporte au bureau.
Bonjour.
Julie, venez ici !
Je ne lui ai rien dit, je te jure.
Ça va mieux ?
Beaucoup mieux.
Vous avez brûlé le ragoût.
Ce n'est pas la raison
de mon absence. J'avais...
Une "gastro".
Écoutez, c'est un pays libre.
Mais votre truc, sur Internet,
je refuse d'y apparaître, compris ?
Et si ça vous barbe
de venir travailler, dites-le-moi.
Quelqu'un sera preneur.
Nous avons une mission.
Je suis désolée.
Un autre vous virerait.
Un républicain vous virerait.
Je ne suis pas un salaud.
Je tombe des nues.
J'en reviens pas.
Vous êtes un modèle.
Si Eric et toi échouez, qui y arrivera ?
Plein de monde. Mais pas moi, parce que...
je suis une chieuse.
C'est vrai, je suis une chieuse.
Je sais bien.
Garth et moi, c'est fini.
Je t'ai même pas demandé.
Je pense qu'à moi, Eric a raison.
T'en fais pas. J'étais pas amoureuse.
C'est vrai, je suis une chieuse ?
Je sais.
Qui ne l'est pas ?
Julia.
Je pense à moi et Julia.
Elle était secrétaire pour une agence
gouvernementale. Moi aussi.
Un homme en or l'a épousée.
Un homme en or m'a épousée.
Toutes les deux perdues,
c'est la nourriture qui nous a sauvées,
dans un sens.
Donc, gros points communs.
Mais il faut se rendre à l'évidence :
je ne suis pas Julia Child.
Julia Child n'a jamais perdu
son sang-froid
parce que quelque chose débordait,
s'effondrait ou tombait à l'eau.
Elle n'a jamais été odieuse avec son mari.
Elle n'a jamais négligé son couple,
ce qu'il m'arrive de faire,
j'en ai bien peur.
J'aimerais lui ressembler.
Elle méritait son mari. Pas moi.
C'est la vérité.
Enfin, pour l'instant.
Mon dîner, un yaourt.
Eric Powell, Archéologie Magazine.
Laissez un message.
J'ai détesté dormir sans toi.
T'es où ?
Tu me manques.
Elle n'a jamais négligé son couple,
ce qu'il m'arrive de faire, j'en ai bien peur.
Elle méritait son mari. Pas moi.
Chérie, quelque chose ne va pas ?
Non.
Pourquoi ?
Un problème, entre Eric et toi ?
Bien sûr que non.
Il est là, tu ne peux pas parler ?
Il n'est pas là.
J'ai lu ton blog.
Il est étrange, étonnamment réfléchi.
- Où est Eric ?
- Il est sorti.
Il est allé chercher des pizzas.
Tu ne cuisines plus ?
C'est provisoire. Je fais une pause.
Il faut t'y remettre.
Ça te fera du bien d'aller au bout,
pour une fois.
- Julia n'a pas laissé tomber.
- Je ne laisse pas tomber !
T'as pas intérêt.
Tu reviens ?
Reviens-moi.
Qu'est-ce qu'on mange ?
Avis a dit qu'elle serait là,
même si nous étions en retard.
Sinon, nous prendrons un taxi.
Il doit y en avoir, à Boston.
Elle est là, c'est sûr.
Vêtue d'une veste écossaise.
C'est son signe de reconnaissance.
Comment ça, "reconnaissance" ?
Elle a changé ?
Eh bien...
"Guette...
"la femme entre deux âges
en veste écossaise."
Alors...
C'est la première fois ?
Nous sommes correspondantes.
Vous ne vous connaissez pas ?
Si. Par écrit.
Mais comment avez-vous commencé
à vous écrire ?
C'est une longue histoire.
Le mari d'Avis, Bernard DeVoto,
aujourd'hui décédé,
était un écrivain merveilleux.
Il avait écrit un article
dans Harper's Magazine
sur les couteaux en acier inoxydable.
Il les avait en horreur.
Je lui ai écrit toute mon admiration,
car il avait raison à 100 %.
C'est Avis qui m'a répondu.
Je lui ai répondu,
elle m'a répondu.
Ça fait 8 ans, il me semble.
Ma chère amie...
Incroyable !
C'est une entreprise impressionnante,
Mme Child, Mme Beck.
Merci infiniment.
Votre éditrice est emballée.
Absolument. C'est magistral.
Et unique sur le marché.
Le problème, au-delà de la longueur...
700 pages.
Oui, en effet. C'est long.
Oui, c'est long.
700 pages
de recettes de sauces et de volailles.
Nous imaginions une publication
en plusieurs volumes.
Volume 1 : les sauces.
Volume 2...
Volailles.
Volume 3 : poissons.
Viandes, légumes
et desserts.
6 volumes.
Les œufs.
Les œufs.
7 volumes.
Nous ne voulons pas publier
une encyclopédie.
N'est-ce pas destiné aux ménagères ?
Elles veulent du rapide, du tout prêt.
Comme ceci.
La Vraie Cuisine maison
Si je puis me permettre,
si vous étiez prêtes à le retravailler,
nous serions tous intéressés.
Simca, je suis vraiment désolée.
Tu n'as pas choisi la bonne collaboratrice.
J'aurais dû travailler avec elle :
"Omelette norvégienne en pot de fleur."
Retirons le livre à Houghton Mifflin
et trouvons un autre éditeur.
Le combat ne fait que commencer.
Ton livre est un chef-d'œuvre.
C'est quoi, la mousse de guimauve ?
Et gardez l'avance.
Gardez les 250 dollars.
Ne leur rendez pas un sou.
Pourquoi nous sommes-nous
lancées dans ce projet ?
Qu'est-ce qui nous a pris ?
Qui s'en souvient ?
Moi.
Le projet : un livre de cuisine française
pour les Américaines
qui n'ont pas de cuisinier.
Donc...
nous allons tout reprendre.
Point final.
Rien de plus simple.
Je vous assure.
Le chapitre des desserts est bouclé.
Grâce à Simca, il est magistral.
Merci.
Je ne l'ai pas encore tapé,
mais ça me donnera quelque chose à faire
à Oslo.
Île flottante
Hier soir, j'ai fait des îles flott...
Viens voir le plus beau poulet du monde.
Vilain !
Je rigole pas, j'adore !
Je veux savourer cet instant.
L'instant où tout est possible,
où l'on imagine
qu'ils vont adorer tout ce travail,
qu'il se vendra à des millions
d'exemplaires et changera le monde.
Ça mérite une bonne bouteille de vin,
tu ne crois pas ?
Qu'est-ce qu'on mange ?
Et si elle mange pas de porc ?
Une critique gastronomique,
ça mange du porc. Tout ira bien.
Tu as raison. Je sais que tu as raison.
- Elle est en avance ?
- Pile à l'heure. Je finis.
Merci, tu es... un ignoble personnage.
Très pénible au quotidien.
Qui est-ce ?
Amanda Hesser, du New York Times.
Entrez.
Julia est omniprésente.
C'est mon professeur, mon guide.
Je lui parle en cuisinant.
Je la sens près de moi, dans la cuisine.
Comme une amie imaginaire.
C'est pour elle que j'écris.
Je doute qu'elle me lise. Je ne sais pas.
Je rêve de la rencontrer.
J'aimerais être sa demoiselle d'honneur
en 1946.
Je sais qu'il faudrait
un inconcevable saut dans le temps,
mais c'est à ça que je pense.
Nous irons voir la cuisine de Julia
au musée Smithsonian, quand ce sera fini.
Mais je dois aller au bout.
Il me reste 15 jours et 24 recettes,
et je dois encore désosser un canard.
C'est impoli de dire "miam"
en mangeant, mais miam !
Objectif : maîtriser
l'Art de la cuisine française
Lower Manhattan Development,
Julie Powell, ne quittez pas.
Lower Manhattan Development,
Julie Powell, vous patientez ?
Julie, c'est Sarah.
Le New York Times. C'est dingue.
T'as vu ça !
Je peux te rappeler ? Je te rappelle.
Julie Powell, j'écoute.
Devine.
Nombre de messages :
65.
Julie Powell du New York Times ?
Judy Clain, éditions Little Brown.
J'aimerais savoir
si vous voudriez écrire un livre.
Appelez-moi au 212-049-0067.
Sarah Chalfant, agent littéraire.
J'ignore si vous avez un agent,
mais j'aimerais vous en parler.
Producteur à CBS...
Eric, je vais devenir écrivain !
Tu es écrivain.
Ruth Spungen, de Food and Wine Magazine.
Appelez-moi au 212-157-3245.
- Et la tarte aux poires ?
- Plus ***.
Salut, c'est maman !
Tu es dans le New York Times !
Je croule sous les coups de fil !
La cousine de Jessie, Dorrie, à Abilene,
avec le mari bouffeur de gâteaux
et de mots croisés...
Ils sont abonnés au New York Times
et ont vu l'article.
Tout le monde est en ébullition !
Ken Dryer, des éditions Random House.
Votre blog est génial.
Je suis agent littéraire...
Rédactrice à Bon Appé***...
Je suis producteur sur Cuisine TV,
on aimerait...
- ...vous parler.
- On a des idées.
Songez-vous à en faire un...
- Livre.
- Film.
- Série télé.
- One woman show.
Appelez-moi...
Merci, Seigneur.
Daïquiri.
Tiens.
- C'est Julie.
- Et Eric.
- On cuisine.
- Et on blogue.
Entre autres, alors...
Il est bon.
- Tu les fais mieux.
- Je les fais plus forts.
Barry Ryan, du Santa Barbara News Press.
J'écris un article
sur les 90 ans de Julia Child
et je l'ai interrogée sur votre blog.
Elle a été assez exécrable.
Si vous aviez un commentaire...
C'est moi.
Elle a dit ça ?
Julia Child a dit ça ?
Elle a lu mon blog ?
Non, je ne tiens pas à commenter.
Mais merci d'avoir appelé.
Julia me dé***.
Jule ?
Ils nous détestent.
Qui ça ?
Houghton Mifflin.
Mais non.
Mais si, c'est évident.
Le livre leur a plu.
Mais ils ne le publient pas.
C'est trop cher.
"Économiquement prohibitif."
8 ans de notre vie
réduits à un passe-temps...
pour tuer le temps.
Enfin...
Snif.
Et maintenant ?
Tu enseignes.
Enseigne.
On va rentrer chez nous...
Où est-ce ?
Où vivons-nous ?
Là où nous nous posons.
Et on s'en sortira. On trouvera une solution.
- Tu peux enseigner chez nous.
- C'est vrai.
Ou à la télévision.
À la télévision ?
Moi ?
Tu passerais très bien, à la télévision.
Je t'assure !
Je t'assure.
Je ne plaisante pas.
Quelqu'un va le publier, ton livre.
Quelqu'un va le lire
et se rendre compte de ton travail.
Parce que ton livre est phénoménal.
Ton livre est génial.
Ton livre va changer le monde.
Tu m'entends ?
Tu es vraiment adorable.
C'est vrai.
Tu es un amour.
Qu'ils crèvent !
Judith, regardez ça.
Notre dénicheuse de talents, Avis DeVoto,
connaît l'auteur
d'un énorme livre de cuisine française.
Houghton Mifflin l'a refusé.
"Recettes françaises
pour cuisinières américaines."
Quel titre affreux...
Amusez-vous bien, Judith.
Miam.
Miam !
La voilà ! Bien sûr...
Qui est-ce ?
Je ne sais pas.
Un recommandé pour Mme Child.
Frisquet !
Chère Mme Child,
Nous avons lu votre livre remarquable.
Après l'avoir étudié,
testé en cuisine, évalué,
nous en avons conclu
que c'est une œuvre unique
que nous serions très fiers de publier.
Quoi ? Quoi ?
Knopf veut nous publier.
On dit "Knopf" ou "Nopf" ?
On s'en fiche !
Ils nous offrent une avance
de 1 500 dollars !
"Votre livre sera
à la cuisine française en Amérique
"ce que La Joie de cuisiner
est à la cuisine traditionnelle,
"et nous le vendrons comme tel."
Quand nous nous rencontrerons,
bientôt j'espère,
j'aimerais surtout vous parler du titre.
Il est crucial
que le titre distingue ce livre
de tous les autres livres de cuisine.
C'est la procédure habituelle ?
Absolument pas.
"L'Art
"de la cuisine française."
Qu'en pensez-vous ?
À ce stade, je n'en pense plus rien du tout.
Ça ne suffit pas.
Bon, eh bien...
J'adore !
"Détester" ?
Julia Child a employé le mot "détester" ?
Non.
Mais elle a dit que ce n'était pas
respectueux, ou sérieux...
Comment pourrait-on être plus sérieux ?
Tu crois qu'elle pense que je profite d'elle ?
Elle n'a pas lu le blog.
Elle l'a lu ?
Il n'en savait rien.
Mais elle avait un avis sur la question.
Tu crois que c'est parce qu'il m'arrive
de dire des gros mots ?
C'est possible. Va savoir.
Elle a un problème, si elle ne comprend pas.
Mais non. J'ai passé un an avec elle.
Elle est parfaite.
Celle que tu imagines est parfaite.
Celle qui ne te comprend pas
n'est pas parfaite.
C'est celle que tu imagines qui compte.
Je ne la rencontrerai jamais.
Tu la connais déjà.
Merci.
Je t'en prie.
À ton service.
Elle m'a sauvée.
Tu t'es sauvée toi-même.
Je me noyais, elle m'a sortie de l'océan.
N'exagère pas.
Julia a appris à cuisiner
par amour pour son mari,
pour la nourriture
et pour lutter contre l'ennui.
Ce faisant, elle a trouvé la joie.
Au début, je ne comprenais pas.
Maintenant, je comprends.
Julia me l'a appris.
Mais elle m'a surtout appris ceci :
elle m'a appris à cuisiner.
Et voilà.
Plus qu'un jour et une recette.
Vous pensez peut-être
que désosser un canard est impossible.
Rien n'est impossible.
Cela peut prendre 45 min
la première fois, à cause de la peur.
N'ayez pas peur.
Même pas peur.
Du couteau, affrontez le canard.
Affronter le canard.
Je t'aurai, canard !
Tranchez profondément le dos du volatile,
du cou jusqu'à la queue
pour mettre la colonne à nu,
à l'aide d'un petit couteau très aiguisé,
la lame toujours...
J'ai réussi.
Regardez, Julia. On dirait le vôtre.
Une fois à moitié farci,
cousez le canard désossé sur une planche.
Retournez-le.
Enveloppez-le.
Enfournez deux heures.
Sortez-le du four...
Viens voir !
Il est exactement comme il est censé être.
Merci.
365 jours.
524 recettes.
Merci, les amis.
C'est succulent.
J'adore.
Eric, je n'aurais jamais pu faire ça sans toi.
Comme quelqu'un a dit :
"Tu es le beurre de mon pain,
le souffle de ma vie."
À mon mari.
Je t'aime, bébé.
Merci.
C'est terminé.
Le projet arrive à son terme.
Retour au point de départ.
Eric, moi, le chat, un peu épuisés,
assis en banlieue, à table.
Merci à tous.
Et bien sûr...
Le plan de travail a été rehaussé.
Sur mesure.
Les fameux mortier et pilon.
Si tu le dis.
Prends-moi là.
Super. Une autre.
Comme ça. En grande conversation.
C'est bien.
Une dernière.
Intime.
Très bien. On la tient.
Une seconde.
Je vous aime, Julia.
Te voilà !
Ça sent bon. C'est quoi ?
Il y a quelque chose pour toi.
Paul Child mourut en 1994, à 92 ans.
Julia Child mourut en 2004, à 91 ans.
L'Art de la cuisine française
en est à sa 49e édition.
Le livre de Julie Powell, Julie et Julia,
fut publié en 2005.
Elle vit toujours avec Eric dans le Queens,
mais plus au-dessus d'une pizzeria.
Elle est écrivain.
Son livre est devenu un film.
Sous-titres : Maï Boiron
Sous-titrage : L.V.T. - Paris