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UN BAISER AVANT DE MOURIR
Pleurer ne sert à rien.
Je ne peux pas m'en empêcher.
Dory.
Je le sais depuis des jours,
je voulais en être sûre avant de t'en parler.
Mais je le savais.
Aucune possibilité d'erreur ?
Non.
De combien ?
Presque deux mois.
Tu n'as pas donné ton vrai nom au médecin ?
Non.
Il a compris que je mentais.
C'était horrible.
Tu as dû te sentir seule.
J'aurais dû venir avec toi.
Qu'est-ce qu'on va faire ?
Eh bien,
tu aimerais qu'on se marie tout de suite,
je sais, mais...
Tu ne veux pas faire marche arrière ?
Ne crois pas ça, jamais.
Je t'aime.
Je t'aime.
Je veux t'épouser, plus que tout au monde.
Mais ton...
Il ne compte pas.
Si. C'est ton père. Son opinion a de l'importance.
Tout ce que je sais, c'est qu'on n'a pas le choix.
Ecoute, chérie,
je sais que c'est un choc,
mais ce n'est pas la fin du monde.
C'est un problème, bien sûr,
mais ces choses-là évoluent.
Non.
C'est toujours possible. Tu le sais.
Sans doute.
Allez.
C'est mieux.
Viens, chérie, il faut partir.
Ma mère va bientôt rentrer.
Je ne me sens pas bien.
Je ne peux même pas manger.
C'est normal.
Je sais, mais à la résidence universitaire,
les filles
vont me poser des questions.
Je sais comment arranger ça.
J'ai un ami, Hermy Gosset, tu te souviens de lui ?
Un de ses cousins a une pharmacie.
Hermy y travaille le soir.
Je peux lui parler.
Il aura peut-être un truc qui te fera du bien.
Tu ne diras rien, hein ?
Bien sûr que non.
Allez. Cesse de t'inquiéter !
Tout va s'arranger.
Viens, chérie. Il faut y aller.
Ne laisse rien traîner.
C'est bon ?
MEDICAMENTS
Qu'est-ce que c'est ?
Un article sur la courbure de l'espace.
La courbure de l'espace ?
- Salut.
- Ça va ?
- Oui. Et toi ?
- Ça va.
Tu as quelque chose d'efficace pour l'estomac ?
J'ai reçu quelque chose aujourd'hui.
Ça fera l'affaire ?
Ça devrait.
- Bonsoir, Elsie.
- Bonsoir, Gordon.
- Ne te fais pas écraser.
- Non.
- Combien ?
- Un dollar.
- Pardon.
- Ce n'est rien.
- Merci, Hermy.
- Je t'en prie.
Dix cents.
Tu te pousses ?
Tiens.
- C'est quoi ?
- Je ne sais pas au juste.
Quelque chose pour l'estomac.
Ça ne peut pas te faire de mal.
D'accord.
Qu'est-ce qu'on va faire ?
Je ne sais pas.
Attendre un peu, voir ce qui se passe.
Pourquoi attendre ?
Pourquoi ne pas se marier tout de suite ?
Tu le sais aussi bien que moi.
Il ne compte pas.
Il n'a pas grand-chose d'un père.
Qu'est-ce qu'il a fait à ta mère ?
Vas-y, dis-le. Il l'a jetée dehors.
Une erreur qu'il apprend bien après
et il divorce, malade et tout,
sans s'inquiéter de toi ni de ta sœur.
Qu'est-ce qu'il te ferait si on se mariait comme ça,
sans que je le connaisse ?
Et quelques mois plus ***...
Il oublierait jusqu'à ton existence.
Tu n'aurais rien.
Ça m'est égal.
Pas à moi. Pas pour moi, mais pour toi.
C'est pour ton bien, tu ne comprends pas ?
Non !
Tu as toujours eu de l'argent.
Tu ne pourrais pas t'en passer.
On se sauterait à la gorge en moins d'un an.
Non. Pas nous.
Très bien.
D'accord, on s'aime tant
qu'on ne se disputera jamais.
Et on vivra où ?
Dans une chambre meublée minable,
en mangeant des spaghettis tous les soirs ?
Si je te voyais vivre ça, je prendrais
une assurance et me jetterais sous un train.
J'avais tout si bien prévu.
Je serais venu avec toi à Payson
pour le rencontrer.
Je me serais fait aimer de lui.
On se serait mariés, on aurait fini nos études ici.
Un petit appartement à nous,
juste à côté du campus.
Pas de cours le matin.
Arrête !
Qu'est-ce que tu essaies de faire ?
Pourquoi tu dis tout ça ?
Ecoute, je suis enceinte, maintenant.
Je sais.
Je voulais te montrer
comme ça aurait pu être bien.
Mais ça ne l'est pas. Et voilà.
Je sais. Je te demande juste
d'attendre quelques jours.
Et s'il ne se passe rien ?
Alors pas de problème.
Pas le moindre.
On se mariera tout de suite
sans s'occuper de ton père.
- Tu ne veux pas que je te raccompagne ?
- Non, merci. J'ai envie de marcher.
Bonsoir.
Bonsoir.
- Ce n'est pas juste.
- Quoi ?
D'aimer quelqu'un autant que je t'aime.
On est à égalité.
Alors on n'a aucune raison de s'en faire.
On ne t'a pas dit ?
L'amour gagne toujours.
Bijoux
- Bonsoir.
- Salut, maman.
- Tu as dîné ?
- Je n'ai pas faim.
Il y a un sandwich dans la cuisine. J'y vais.
- Laisse. Je n'en ai pas envie.
- Il te faut manger.
Pourquoi ?
- Tu ne te sens pas bien ?
- Maman, je t'en prie !
Quelque chose ne va pas.
- Je le sais. Je te connais trop bien.
- Je t'en prie !
C'est juste que...
j'ai un exposé à préparer pour demain.
Je n'ai pas beaucoup de temps.
Tu travailles trop. Amuse-toi un peu !
- Je n'ai pas le temps.
- Il faut se détendre de temps en temps.
Ecoute, j'ai 25 ans.
J'en suis où ? Nulle part.
Je ne veux pas finir comme papa,
avec des trous à mes chaussures.
Tu n'es pas comme lui. Pas du tout.
Tu verras. Tu feras tout ce que tu décideras.
Je le sais.
Bien sûr. Je suis un génie.
C'est ce que je pense.
SOCIETE DES CUIVRES KINGSHIP
RAPPORT ANNUEL
Salut.
Du nouveau ?
Je crois qu'on devrait fixer une date.
Tu ne m'en veux pas ?
Bien sûr que non.
Ne le prends pas comme ça.
Ce n'est pas ce qu'on avait prévu, je sais,
mais tout ira bien.
Bien sûr. A merveille.
- J'abandonnerai mes études pour travailler.
- Non !
Tu n'en auras pas besoin.
Tu toucheras davantage d'allocations
parce que tu as une femme.
105 dollars par mois.
Les autres y arrivent.
Serveur.
Qu'est-ce que tu en penses ?
J'avais tant de projets.
Tout le monde attendait tant de moi.
Tout est de ma faute.
- C'est toujours la faute de la fille.
- On pourrait le dire à ton...
- On pourrait l'appeler.
- Non !
On pourrait lui demander de l'aide.
Dire qu'on a fait une bêtise, réparer.
Ça ne servira à rien.
Je le connais. Je sais ce qu'il pense de moi.
- Mais il suffit de...
- Non !
On se débrouillera.
- On n'a pas besoin de lui.
- Bien sûr. Je me demande juste...
Je ne veux même pas de lui.
Pour la première fois de ma vie,
j'ai l'impression d'exister.
Je ne suis plus Dorothy.
C'est la fille de mon père, elle lui appartient.
Maintenant, je suis Dory, c'est toi qui l'as dit.
Bien sûr.
J'ai tant fait pour toi. Vraiment !
Un nouveau nom, une nouvelle adresse...
allée de la Misère.
Non. Je serai riche.
Tu ne vois pas ?
J'aurai tout ce que j'ai jamais voulu.
Quelqu'un à aimer, de qui prendre soin.
Et quelqu'un qui m'aimera pour moi-même.
D'accord, chérie.
- On ira à la mairie vendredi et...
- Pourquoi vendredi ?
Quelques jours de plus ou de moins.
Sois pratique.
Il y a des choses à faire, publier les bans...
Et si on y va vendredi,
on aura tout le week-end comme lune de miel.
C'est vrai.
C'est palpitant, non ?
Allons quelque part.
Impossible. J'ai des exercices de chimie
et de l'espagnol à faire.
Je veux m'en débarrasser, pour qu'on soit libres.
Je vais aller travailler aussi.
Je t'aime.
Tu ne veux pas me quitter, hein ?
Tu es bête. Pourquoi ?
- Tu m'appelles ?
- Dès que je pourrai.
Tu ne l'as dit à personne ? Ta sœur ou...
Non, mais je devrais, je pense.
- C'est raisonnable ?
- Ellen est sympa.
- Elle comprendra. Elle nous aidera, même.
- Tu sais, j'ai réfléchi.
On devrait peut-être garder le secret
jusqu'à ce qu'on soit mariés.
D'accord. Comme tu veux.
- Ça va ?
- Oui.
- Tu m'as fait peur.
- Ça va.
Au revoir.
Hé, Kingship.
Tu as oublié ton rendez-vous, hier soir, non ?
Désolée, Gordon. Je ne me sentais pas très bien.
Ecoutez, jeune femme,
j'ai une réputation à préserver.
Jusqu'à présent, aucun de mes élèves
n'a échoué,
je ne veux pas que tu sois la première.
Je vais être assez occupée,
mais dis-moi ce que je dois faire ?
Lis le chapitre 14
et essaie de faire les problèmes, d'accord ?
- Et je regrette. Au revoir.
- Au revoir.
TOXICOLOGIE
LES POISONS ET LEURS ANTIDOTES
PRODUITS CHIMIQUES
- Tu vas au cours d'Albertson ?
- Non.
Mais qu'est-ce qu'il a ?
Je ne sais pas. Il est comme ça, je suppose.
Il a dit aldéhydes ou cétones ?
Aldéhydes, je crois.
Il parle comme s'il avait toujours
la bouche pleine.
A plus.
Sans mon carnet, je suis perdue.
Montrez-moi vos notes.
Essayez l'éther.
C'est la bonne taille.
La même que les autres.
C'est magnifique.
Je veux tout faire pour toi.
Et je le ferai.
Finis ton hamburger, tu veux ?
Tu te souviens de la photo que je t'ai donnée ?
Tu peux me la prêter pour en faire des retirages ?
Ma mère veut l'envoyer à des parents.
Tu lui as parlé ?
Non. Ça ne serait pas juste.
Tu ne dis rien à ta famille.
Je meurs d'envie de la connaître.
Qu'est-ce que c'est ?
C'est moi, il y a deux ans.
Plutôt maigrichonne.
Voilà papa, et Ellen.
C'est son anniversaire. Elle a eu une chaîne hi-fi.
Elle adore Debussy.
Pas mal. Un peu abîmée.
Tu es très beau dessus,
et je veux que tu me la rendes.
Viens.
Il est ***.
Je voulais te demander.
Si on allait au bal de la promo ?
Mais tu ne voulais pas qu'on nous voie ensemble.
Tous les endroits éloignés où on est allés.
Je ne voulais pas que papa sache
que j'avais un petit ami sérieux.
Ça n'a plus d'importance.
- Tu veux vraiment aller au bal ?
- Je t'en prie.
Alors tu iras.
Salut.
Je galère sur l'espagnol.
Je t'aiderai après le cours.
Bonjour à tous.
La dernière fois, la cloche nous a interrompus
pendant que nous développions
plusieurs concepts majeurs.
Je pense donc qu'il serait bon
de revoir certaines notions
étudiées la dernière fois.
J'aimerais vous faire remarquer
que notre relation s'achèvera
par un programme d'examens
et que vous feriez peut-être bien
de prêter attention à mes paroles
et au schéma qui est au tableau.
Nous avons évoqué son côté trinitaire.
Et il est certain qu'on voit,
dans l'œuvre d'Edwards en particulier,
un bien triste tableau :
Un homme tentant de concilier
prédestination et libre arbitre.
Et échouant, bien sûr.
Nous avons parlé du puritanisme,
je n'y reviendrai pas en détail,
mais rappelez-vous
qu'avec son concept de la prédestination,
c'est une philosophie essentiellement pessimiste.
On pourrait même parler, en fait,
de déterminisme théologique.
Nous sommes ensuite arrivés
au "rationalisme", comme j'aime à le nommer.
Il a différents autres noms.
A son époque, on parlait d'Age de raison.
On parle du Siècle des lumières.
J'espère que tu me pardonneras
le chagrin que je te cause.
Je n'ai pas le choix.
Un jour, quelque part,
dans notre société, l'homme
l'a surmonté, et c'est cela ou périr.
Allô ?
Dory ? C'est moi.
Il faut que je te voie tout de suite.
Je ne peux pas venir.
Je viens de me laver les cheveux.
C'est important.
C'est en rapport avec demain ?
- Oui.
- Il y a un problème ?
Au contraire. Une nouvelle merveilleuse.
Dis-moi.
Je veux voir ton visage quand je te le dirai.
On peut se retrouver ?
Où ?
- A la fontaine ? Dans un quart d'heure ?
- D'accord. Au revoir.
- Salut.
- Salut, Annabelle.
- Je n'ai pas perdu mon temps, tu sais.
- On dirait.
Tu sais quoi ?
J'ai rencontré un type que je connaissais.
Devine son job ?
Directeur adjoint du Desert Palms.
Il pense pouvoir nous louer un bungalow
pas cher pour le week-end.
Merveilleux !
J'y vais, pour voir s'il peut arranger ça.
Qu'est-ce que tu dis de ça ?
Ça va mieux, n'est-ce pas ?
C'est vrai, au début, j'étais inquiet.
Mais ça va marcher. Je le sais.
Tant que j'y pense,
j'ai vu Hermy aujourd'hui.
Il m'a donné ça.
- Qu'est-ce que c'est ?
- C'est pour toi.
- Je n'ai besoin de rien. Ça va.
- Ce n'est pas pour l'estomac.
Ce sont des vitamines, c'est tout nouveau.
Hermy a reçu des échantillons.
Il va nous en commander d'autres.
Tu parles d'une mère !
Tu ne suis même pas le progrès.
C'était dans les journaux de médecine
du mois dernier.
Père consciencieux.
Tu connais la composition par cœur, bien sûr !
Inutile. Je connais Hermy.
Il est trop tôt pour aller chez le docteur,
mais je veux que tu fasses attention à toi.
- C'est rien.
- Mets-les dans ton mouchoir.
La gélatine risque de fondre.
Elles se prennent après le dîner,
tu pourras le faire en rentrant.
Si tu ne te soucies pas
de la santé de ta famille, moi si.
Je dois y aller. Stanley m'attend.
Bonsoir.
- Bonsoir.
- Mon chou...
Les deux.
Allô ?
Dory ? C'est moi.
J'ai vu Stanley. C'est réglé. Ça marche.
C'est merveilleux.
J'ai déjà versé des arrhes pour confirmer.
Tu as pris les gélules ?
- Oui.
- Quand ?
A l'instant.
Ecoute, j'ai oublié de te dire.
Elles risquent de te faire un peu mal,
de te donner des brûlures.
Mais n'aie pas peur.
D'après Hermy, au début,
elles provoquent parfois des allergies.
Mais inutile d'appeler quelqu'un.
D'accord.
On se voit demain ?
Bonsoir.
Au revoir, chérie.
Merci.
Tu es géniale.
Tu veux des œufs ?
Merci. Je ne veux pas être en retard au cours.
Choisis.
Tu sais, j'ai réfléchi.
Je perds peut-être mon temps à la fac.
- Comment ça ?
- Je ne sais pas.
Je devrais peut-être arrêter,
trouver du boulot dans une entreprise.
Je ne sais pas.
J'ai une idée.
Si tu quittais ton boulot de bonne heure,
ce soir ?
On ira au restaurant et au spectacle.
Tu ne veux pas sortir avec moi.
Mais si. Tu es toujours ma petite amie, non ?
Et je t'ai un peu négligée.
Dis à M. Miller que tu veux partir tôt,
que tu as rendez-vous avec ton fils.
On verra.
Qu'y a-t-il ? Qu'est-ce que tu as ?
Chéri...
C'est le côté où j'ai été blessé.
J'y ai mal de temps en temps.
J'ai cru à une crise cardiaque.
- Je vais bien. Retourne en cours.
- Ça t'arrive souvent ?
- Le cours commence.
- Ça m'est égal. Je veux rester avec toi.
Non ! Je veux dire,
j'ai un truc important à faire.
Tout de suite. Tu retournes en cours ?
- Je ne veux pas.
- Alors, rentre. Je t'appellerai.
- Mais, chéri...
- Je ne peux pas rester là.
Hier soir vers 21 h 30.
Il me la faut ! Elle a été postée par erreur.
- Désolé, mais c'est trop ***.
- Comment ça ?
Elle sera distribuée dans une heure environ.
- Allô ?
- Dory ? C'est moi.
Tu vas bien ?
Très bien.
- Tu es prête ?
- Quoi, maintenant ?
Je ne t'ai pas dit ? Inutile d'attendre.
Rendez-vous au Congress,
devant l'horloge, à midi et quart. Tu peux ?
- Je n'ai qu'à me changer.
- Bon.
Je ferais bien d'apporter la preuve
que j'ai plus de 18 ans.
- C'est toujours un secret entre nous, hein ?
- Bien sûr.
N'oublie pas, midi et quart précises, hein ?
BUREAU DES MARIAGES
Coucou, mon époux.
Désolée d'être si en retard.
Après vous.
- Attends-moi.
- Le marié est nerveux.
Que je suis bête ! J'aurais dû téléphoner.
- Il reste 20 minutes.
- Allons prendre un Coca.
J'ai une idée. Si on allait sur le toit ?
Il fait beau. On voit à des kilomètres.
Dernière vue du monde en célibataire.
- Prenons l'escalier. Il n'y a que deux étages.
- D'accord.
C'est magnifique.
Regarde ce ciel.
Il est si lumineux.
Regarde, le campus.
Regarde, on voit presque la maison.
Les filles vont être épatées.
Elles ne savent même pas qu'on sort ensemble.
Je me sens si bien, tu ne peux pas savoir.
Tu vas écrire à ta sœur ou l'appeler ?
L'appeler. C'est trop long, les lettres.
- Ellen te plaira. Tu verras.
- J'en suis sûr.
Chéri...
Tu ne regrettes rien, hein ?
Bien sûr que non.
Tu sais, je t'ai menti.
Les pilules que tu m'as données,
je ne les ai pas prises.
Pourquoi pas ?
J'ai honte. Je ne sais pas comment le dire.
C'est juste que...
je savais ce que tu pensais, pour le bébé,
au début, du moins.
J'avais peur que tu veuilles...
Ça ne fait rien.
Enfin, j'ai vraiment honte.
Mais je suis contente de te l'avoir dit.
Ce n'est pas bien,
un mariage qui commence par un mensonge.
Je te pardonne.
Ne regarde pas en bas.
Tu aurais le vertige.
Qu'as-tu fait des gélules ?
Elles sont dans mon sac.
C'est un chemisier neuf ?
Non. Vieux comme le monde.
- Tu sais quoi ?
- Quoi ?
Tu as l'air très heureuse.
Je le suis.
- Je n'ai jamais été aussi heureuse.
- Un peu à cause de moi ?
Entièrement.
Je n'avais jamais ressenti ça avant.
Je comprends ce que tu veux dire.
- Il ne faut pas y aller ?
- On a le temps.
- Tu sais autre chose ?
- Quoi ?
Tu es vraiment adorable.
Sérieusement.
Je ne connais personne
de plus adorable ni de plus gentil.
Tu es partial.
Non.
C'est vrai.
Je t'aime.
C'est vrai, tu sais.
Je te crois.
Mais tu ne sauras jamais à quel point je t'aime.
Je veux dire...
On ne comprend jamais
la façon d'aimer de l'autre.
Je ne suis pas d'accord.
C'est vrai.
Je t'assure.
"J'espère que tu me pardonneras
le chagrin que je te cause.
"Je n'ai pas le choix."
Le mot et le rapport médical
semblent tout expliquer.
C'est terrible.
Mes condoléances.
Il est trop *** pour le cacher aux journaux,
mais j'aimerais qu'ils ignorent certains détails.
Je comprends.
Certaines choses gagnent à être tues,
surtout à propos des jeunes.
Je connaissais votre fille, M. Kingship.
Une très chic fille.
- Vous la connaissiez ?
- Je lui donnais des cours particuliers.
Je l'aidais en maths.
Mon neveu poursuit ses études
tout en travaillant avec moi.
Avez-vous une...
Une idée de l'identité de l'homme ?
Non, mais vous êtes conscients
que légalement, il n'est pas en cause.
- Légalement, non.
- Nous pouvons enquêter, si vous voulez.
Si vous pensez
que cela peut servir à quelque chose,
à part encourager les racontars
que vous voulez éviter.
- Vous avez raison.
- C'est tout, je pense.
Elle avait des objets de valeur dans son sac.
- Disposez-en comme bon vous semble.
- Mais...
Vous me rendriez service.
Mlle Kingship,
si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider
de façon officielle,
n'hésitez pas à faire appel à moi.
- Je m'appelle Gordon Grant.
- Vous avez déjà fait beaucoup, M. Grant.
Ces choses-là arrivent sans explication.
- Je regrette.
- Ellen ?
Mlle Ellen, un appel de M. Corliss.
Merci.
Allô, Bud.
Je te l'ai dit, tu viens pour Thanksgiving.
Oui.
On pourrait aussi dîner ici ce soir.
Pour une fois, ne soyons pas en retard au ballet.
Très bien. Au restaurant, si ta fierté l'exige.
19 heures ? Je serai prête.
Au revoir.
"Chère Ellen, voici la ceinture
du dernier tailleur qu'ait porté Dorothy.
"Nous habitions ensemble et, le dernier jour,
"avant de sortir, elle m'a emprunté une ceinture.
"Une ceinture ordinaire.
"Elle n'allait pas du tout avec son tailleur.
"Mais elle la voulait et a laissé celle-ci à la place.
"J'espère avoir bien fait d'attendre si longtemps
avant de vous l'envoyer.
"Bien à vous, Annabelle Koch."
Qu'est-ce que c'est ?
La ceinture de Dorothy.
Une fille de sa résidence l'a envoyée.
C'est trés délicat de sa part.
Ou l'inverse,
ça dépend comment on voit les choses.
Je l'aurais jetée sans rien dire.
Je sais.
- Ça a servi à quoi ?
- Fallait-il que cela serve à quelque chose ?
Les sentiments peuvent être
une raison d'agir suffisante.
De la sensiblerie, pour toi.
Par opposition à ma rudesse ? Ma dureté ?
Je crois que tu confonds
faire étalage d'une émotion
et en ressentir une.
Je n'en ai pas plus fait étalage
que tu n'en as ressenti.
Si tu as eu un seul instant de remords,
une seconde où tu t'es demandé
si tu étais responsable, tu l'as bien caché.
Tu as toute mon admiration,
à défaut de ma sympathie.
C'est vrai.
Je n'ai pas ruminé la question
au point de déformer les faits.
Moi non plus, du moins je ne le pense pas.
J'ai dit il y a longtemps
que je trouvais son suicide incroyable.
Je n'ai pas changé d'avis.
Oui, papa ?
Cela nous ferait du bien à tous les deux, ce soir...
Les Vincent ont parlé du ballet.
J'y vais avec Bud.
Il passe me prendre à 19 heures.
Quand ce jeune homme travaille-t-il ?
Tu aurais pu me poser la même question.
En fait, c'est un trés bon étudiant.
Et je l'aime beaucoup.
C'est parfait.
J'en suis ravi.
- Résidence Kingship.
- Vous avez Lupton.
Voilà. Votre appel à Lupton, Mlle Ellen.
Merci, Mary.
AIlô ?
MIle Kingship.
Quel plaisir de vous entendre.
Vous m'avez offert de l'aide, M. Grant.
Je vous prends au mot.
Bien. Dites-moi de quoi il s'agit,
j'essaierai de le faire.
J'aimerais mieux vous en parler
de vive voix que par téléphone.
Pour tout vous dire, moi aussi.
Demain après-midi ? Je pourrais partir le matin
et arriver vers...
Attendez. Il y a un hic. Demain, je suis à Deming.
J'ai promis de faire un cours à l'école normale.
Et le lendemain ?
On se donne rendez-vous
dans le hall de l'hôtel San Carlos ?
Disons à 20 heures ?
- Ce soir ?
- Oui.
J'essaierai de prendre le premier vol.
Je vous promets de ne pas vous retarder.
Mais je ne veux pas perdre deux jours.
S'il vous plaît ? J'apprécierais beaucoup.
Trés bien, j'y serai.
Merci.
Merci infiniment.
Mary ?
Pouvez-vous sortir ma robe de coton rose ?
Et un sac pour une nuit.
Mais je prépare vos affaires pour ce soir.
Je suis obligée d'annuler.
Et vous transmettrez un message à M. Corliss
quand il viendra me chercher.
Je ne peux pas le joindre pour l'instant.
Dites-lui qu'il y a un élément important
au sujet de Dorothy,
du nouveau,
et que je pars tout de suite à Lupton
pour voir la police.
Qu'il me pardonne.
Dites-lui que je l'appellerai dès mon retour.
Je le lui dirai.
L'aéroport ?
Les réservations, s'il vous plaît.
Puis, juste avant de vous téléphoner,
je me suis rappelée une chose
qui a eu lieu deux jours avant sa mort.
Je lui ai envoyé ses gants.
Elle les avait depuis longtemps et y tenait.
- Mais ceux qu'elle portait à sa mort...
- Oui. Ils ont été abîmés.
Ils étaient tout neufs.
Vous commencez à comprendre ?
Voyons les choses en face. Je suis plutôt obtus.
Des gants neufs, une ceinture empruntée,
un foulard bleu, un vieux chemisier.
"Quelque chose de vieux, de neuf,
"D'emprunté et de bleu", dit le dicton.
Où est le bureau des mariages ?
A la mairie.
Dorothy est allée se marier, pas se tuer.
Allons un peu plus loin,
je ne crois pas qu'elle se soit suicidée.
- Et la lettre ?
- Parle-t-elle de suicide ?
"J'espère que tu me pardonneras
le chagrin que je te cause.
"Je n'ai pas le choix."
Son mariage aurait chagriné mon père.
Mais nous le savons maintenant,
avait-elle le choix ?
Si nous parvenons à identifier son petit ami,
vous verrez que j'ai raison.
J'ai réfléchi à ça aussi.
Dorothy m'a écrit au début du semestre.
Elle avait rencontré quelqu'un,
en littérature anglaise, je crois,
c'était l'homme de sa vie.
- Elle ne disait pas son nom, mais...
- Ellen...
Vous y avez beaucoup pensé, n'est-ce pas ?
Vous avez beaucoup réfléchi, je veux dire.
Mon père appelle ça broyer du noir.
Faites pareil. Je ne suis pas susceptible.
Quand la tragédie frappe, je le sais,
on a tendance à échafauder des idées bizarres.
Comme celle-là.
Autrement dit, vous ne me croyez pas.
- Je n'ai pas dit ça.
- Et votre oncle. Il me croirait ?
Si vous trouvez que j'apprécie l'imagination,
parlez-en avec lui.
Merci quand même infiniment, M. Grant.
Gordon.
Ecoutez,
je vais vous en dire un peu plus sur mon oncle.
Si votre sœur a été assassinée,
ça l'intéresse autant que vous, et moi aussi.
J'admets qu'on n'a pas vraiment enquêté,
mais franchement, à l'époque, ça semblait inutile.
Bon. Disons que c'est différent à présent.
- Et qu'on va au moins vérifier, d'accord ?
- Vous allez donc m'aider ?
Vous avez un rendez-vous après-demain matin.
A mon retour.
Cet étudiant a prêté à ma sœur
une somme d'argent assez importante.
Le problème est qu'on ne trouve pas
trace de remboursement.
Et évidemment, il a trouvé délicat de la réclamer.
Je comprends.
Ce qui nous gêne,
c'est que nous ne savons pas qui c'est,
seulement qu'il est grand et mince,
et qu'il était dans son cours d'anglais.
Si je pouvais consulter les dossiers...
Mais c'était il y a deux semestres.
- Il n'est peut-être même plus ici.
- Avec son nom, je pourrai le retrouver.
La responsable des inscriptions
pourra peut-être vous aider.
Harvey Levitch, 1,60 m, 74 kg.
Roy Dublin, 1,73 m, 68 kg.
M. Dublin porte des lunettes,
c'est le genre bohême, négligé.
Dwight Powell, 1,85 m, 79 kg.
Trés beau garçon, brun, élégant,
premier en rhétorique.
En rhétorique ?
Dorothy a dit qu'il avait un magnétophone.
Ils devaient m'envoyer une cassette
pour mon anniversaire.
Vous avez une adresse ? Celle-ci est rayée.
Il doit avoir déménagé.
Résidence Watkins.
Il a emménagé le semestre dernier.
Vous le trouverez peut-être à radio KBRI.
Il fait une émission de musique le soir.
- Où est-ce ?
- A la mairie, dernier étage.
Merci. Vous m'avez bien rendu service.
Dwight Powell, je vous prie.
Dwight Powell ?
Je sais ce que vous avez fait à Dory. Je sais tout.
Dory Kingship.
Vous savez trés bien de qui je parle.
Rendez-vous au club Esquire à 23 heures.
Je vous dirai ce que je veux.
Que faites-vous là ? Allez-vous-en !
Ne me touchez pas.
Lâchez-moi. La police sait que je suis ici.
- Qu'est-ce que vous racontez ?
- Lâchez-moi.
Pas avant de savoir de quoi il s'agit.
Vous m'avez téléphoné ?
Lâchez-moi !
Ecoutez, je suis Dwight Powell.
Qui êtes-vous ?
Allons dans un endroit
où nous ne serons pas seuls.
Où vous voudrez.
Dites-moi de quoi il s'agit.
Passez devant.
Vous la connaissiez.
Bien sûr, je suis sorti avec elle.
Je l'avais rencontrée en anglais.
Je l'aimais bien,
mais elle a commencé à tricoter des chaussettes.
J'ai pensé qu'il était temps de partir, et je l'ai fait.
Si j'étais un assassin,
seriez-vous sortie de cette ruelle ?
Pas si fort, s'il vous plaît.
En tous cas, vous avez mordu à l'hameçon.
Il doit y avoir une raison.
- Eh bien, vous...
- Ce n'était pas pour vérifier un appel bidon.
D'accord.
Le fait est que je croyais
que votre sœur s'était peut-être...
Qu'elle avait pu se tuer
parce que j'avais cessé de sortir avec elle.
Je sais, ça semble ridicule, prétentieux,
tout ce que vous voulez.
Mais ça me tracassait.
Je fais peut-être de la radio depuis
trop longtemps, trop de lettres d'admiratrices.
Et trop de disques passés.
Trés bien, je m'excuse.
- Vous avez parlé de la police ?
- Ils ne sont pas au courant.
Vous avez fait ça toute seule ?
J'étais obligée.
L'homme que j'aurais dû appeler
n'était pas disponible.
- Vous preniez un risque.
- Vous n'étiez pas censé me voir.
Il suffisait que vous vous montriez.
Pour moi, vous la connaissiez
et vous vous sentiez coupable.
J'aurais laissé la suite à la police.
La prochaine fois, laissez-lui le début.
Vous avez dit Dory, au téléphone.
- Un surnom familial ?
- Vous ne l'appeliez pas Dory ?
J'ai compris quand vous avez dit Kingship,
mais personne ne l'appelait Dory.
Si. Elle le disait dans sa lettre.
Peut-être après notre rupture.
Elle a rencontré quelqu'un.
Qui ? Comment s'appelle-t-il ?
Je l'ignore. Ça s'est passé à la fac.
Je ne l'ai jamais vu.
Attendez. Je peux le trouver facilement.
- J'ai son adresse chez moi.
- Oui ?
Quinze jours après notre rupture,
elle m'a invité à une fête chez son petit ami.
J'ai pris ça pour une revanche
et je n'y suis pas allé
mais son adresse est dans mon agenda.
Bon, allons la chercher.
Attendez. Qu'allez-vous en faire ?
Ne vous en faites pas. J'ai compris.
Je la porterai à la police dès demain matin.
Entrez.
C'est bon. Ils sont presque tous sortis.
A l'amphi, voir les photos de foot de l'an dernier.
J'en ai pour un instant.
Pose ça, Dwight.
Que vas-tu faire ?
Regarde sur la machine.
J'ai la mort de Dorothy sur la conscience
depuis longtemps.
Sa sœur a des soupçons, je n'ai plus le choix.
Pardonnez-moi pour tout.
- Non.
- Assieds-toi.
Je t'en prie.
- Prends l'agenda.
- Face à la machine.
Je lui dirai que je ne l'ai pas trouvé.
J'oublierai t'avoir jamais vu.
Tourne-toi.
- Je t'en prie.
- Ne bouge pas.
C'est simple.
Powell a poussé la fille Kingship du toit,
il n'a pas pu supporter la pression.
La lettre de suicide est dans la machine,
si vous voulez la voir.
Affaire réouverte et close à nouveau.
Pour de bon cette fois.
Il a réussi à me convaincre.
Dorothy l'a cru aussi.
Ça doit être de famille.
Je me demandais
si vous vouliez
que j'appelle votre père pour lui en parler ?
Merci. Je l'appellerai moi-même ce soir.
Tout ce que vous pourriez dire
sur la police locale serait justifié.
Vous avez tout fait.
Et le plus terrible
est que si j'avais su ce que vous faisiez,
je vous en aurais empêchée.
Conduisez Mlle Kingship à son hôtel.
Merci.
Merci, Brad.
Bill.
Ellen.
Bonjour, papa.
Tu vas bien ?
Mieux.
Beaucoup mieux.
Et toi ?
Si tu vas mieux, je vais trés bien.
A propos, quelqu'un t'attend.
Bud ?
Il est là.
Salut, Ellen. Ça va ?
- Trés bien.
- Bon.
- Le gagnant.
- La course est truquée.
Ce sont les chevaux Kingship. Ils t'obéissent.
Si papa leur dit de le faire.
Je crois qu'il ferait ça pour toi.
Il a changé, récemment.
Moi aussi, peut-être.
- Un peu à cause de moi ?
- Un peu ?
Non.
Entièrement.
J'ai été obligée de le dire, tu le voulais.
Ton charme diabolique.
Pas du tout.
Notre relation est une affaire de chimie.
Qui se ressemble s'assemble.
Ça vaut pour les minéraux et pour les gens.
C'est une formule de base.
Ceux qui aiment les mêmes choses s'aiment.
Je disais la même chose l'autre jour.
C'est vraiment troublant.
Les mêmes livres, la même musique...
Et n'oublie pas les plaisanteries.
Ce n'est rien si on ne rit pas des mêmes choses.
Ni si on ignore ce que pense l'autre.
Je croyais que la chimie s'en occupait.
Ce à quoi je pense remonte plus loin,
à quelque chose que tu ignores.
- Un passé mystérieux ? C'est palpitant.
- Oui.
J'ai un secret honteux, sinistre.
Tu sais ce que c'est ?
C'est la première fois que j'aime vraiment.
Si cela doit t'embarrasser ou te gêner...
- Non.
- On changera de formule, on recommencera.
- Je veux te dire...
- Tu ne peux pas attendre ?
Désolée.
Parce que moi, je peux attendre.
Je crois que c'est ça que je voulais te dire.
J'attendrai.
J'attendrai jusqu'à ce que tu m'aimes.
J'attendrai même
que tu me dises de cesser d'attendre,
que c'est inutile, que cela ne sert à rien.
Je peux te le dire tout de suite.
Cela ne sert à rien d'attendre plus longtemps.
Je ne veux pas attendre.
La formule est encore bonne, tu sais ?
J'aime, moi aussi,
pour la première fois de ma vie,
je t'aime.
Trente-deux pièces, maman.
- Tu crois...
- Il la prendra.
Attends de voir la piscine.
On y annoncera les fiançailles ?
Pas dedans, mais autour,
sans doute sur la terrasse.
Ne t'en fais pas. Ils vont t'adorer. Tu verras.
Qu'y a-t-il ?
Ce chemisier, pourquoi as-tu mis ça ?
Je t'ai dit quel genre de gens il y aurait.
- Je croyais qu'il te plairait.
- C'est trop ***.
Mme Corliss, vous êtes ravissante.
Merci, Ellen.
Merci beaucoup.
J'espère que votre chambre vous plaira.
On vous a mise près de Bud.
Mlle Ellen, le fleuriste attend toujours.
- D'accord.
- Vas-y. Occupe-toi de la réception.
J'accompagnerai maman.
Excusez-moi.
Pour le caviar, c'est bon.
Assurez-vous qu'il y a assez de champagne.
- Le fleuriste voulait juste votre opinion.
- Mlle Kingship est là ?
- Oui.
- Gordon.
Bonjour, Ellen. Vous allez bien ?
Tes problèmes ne sont rien à côté des miens.
Où sont les préposés au parking ?
J'ai bien choisi mon moment, on dirait ?
La dernière minute mouvementée
d'un jour parfait.
Tout ça pour montrer ça.
C'est une jolie bague.
Félicitations.
J'ai vraiment mal choisi mon jour.
Si je vous appelais demain ou après-demain ?
Ne partez pas.
Franchement, ce qui m'amène détonne un peu
avec vos festivités. J'attendrai.
Et je passerai l'après-midi à me demander...
Il ne me manque que ça.
Vous avez une minute ?
Bien sûr. Entrez. Si j'ai une minute, vous aussi.
Il s'agit de l'ami de votre sœur.
L'animateur musical décédé, Dwight Powell.
C'était aussi un bon joueur de tennis, semble-t-il.
J'ai aidé mon oncle à clôturer l'affaire.
J'ai posé les questions habituelles
pour remplir le dossier.
Un fait intéressant est apparu
à la dernière minute.
Il semble que le jour du décès de votre sœur,
Dwight Powell
participait à un tournoi de tennis à Mexico.
Il y était depuis plusieurs jours.
Je ne le crois pas.
Vous n'avez pas le choix.
Ses coéquipiers ont retrouvé
une photo de journal.
Il y figurait.
Il y avait la date.
S'il n'était pas à Lupton,
il ne peut pas l'avoir tuée.
- S'il ne l'a pas tuée, pourquoi se suicider ?
- Exactement.
Au lieu d'un meurtre et d'un suicide,
on a donc autre chose.
Deux meurtres.
Voulez-vous continuer ?
- L'assassin de Dorothy est toujours en liberté.
- C'est exact.
La prochaine fois
que je vous annoncerai mon départ,
laissez-moi partir.
En fait, j'ai fait un pari.
J'ai pensé que tout ce bonheur
vous permettrait de surmonter presque tout.
Enfin, en ce qui me concerne,
l'affaire ne fait que commencer.
Je vous tiendrai au courant.
Vous ne partez pas.
Il le faut. Ma minute est écoulée.
Je veux te présenter quelqu'un.
- Mlle Ellen, désolé de vous déranger...
- Plus ***, Bill.
C'est lui, Gordon.
- Bud Corliss, Gordon Grant.
- Enchanté.
Enchanté. Félicitations.
J'ai beaucoup entendu parler de vous.
En détail.
On se connaît ? Vous êtes de la région ?
- Non, de Lupton.
- De Lupton ?
Et vous êtes là avant les invités locaux ?
Ça mérite une récompense.
En fait, je ne fais pas partie des invités.
Ma visite est inattendue et impromptue
et je m'en vais.
Je dois vraiment partir.
Gordon est venu m'apporter un message.
- Et vous présenter mes vœux à tous les deux.
- Merci.
Au plaisir, Bud. Je vous appelle, Ellen.
Le bureau de M. Kingship a appelé.
Il est en route.
Dieu merci.
Vous pourrez aller le voir avec vos problèmes
et me laisser me préparer.
C'est un type sympa.
- Tu le connais depuis longtemps ?
- C'est à cause de Dorothy.
- Il la connaissait à l'université.
- C'est sans doute pour ça.
Je sentais que quelque chose te tracassait.
Rien ne pourra gâcher
un jour comme aujourd'hui.
Je ne le permettrai pas.
- Je dois faire vite maintenant.
- Chérie...
Tu sais que tout ce qui te préoccupe
me préoccupe aussi.
Ça marche dans les deux sens.
Tu devrais te dépêcher aussi
si tu veux te changer.
- Le plein, s'il vous plaît.
- D'accord.
Allô ? L'interurbain.
Un appel en P.C.V. Pour Howard Chesser,
le préfet de police de Lupton.
2-5-4-2-7.
Oui.
Je m'appelle Gordon Grant.
Vérifiez l'huile. Le niveau est un peu bas.
D'accord.
Allô, Charlie ?
Oncle Howard est là ?
Vérifiez aussi la pression des pneus
et regardez le pneu arrière gauche.
Allô, Howard ? C'est Gordon.
Je viens de la voir.
Et j'ai aussi rencontré le type qu'elle va épouser.
Ce que je voulais te dire,
c'est que je crois l'avoir déjà vu.
A la fac.
Je vais te dire ce que ça fait.
Je crois l'avoir vu avec Dorothy Kingship.
Il s'appelle Bud Corliss.
C'est ça. C-o-r-l-i-s-s.
Assurons-nous-en.
Vérifie au service des inscriptions. Oui.
Et rappelle-moi.
D'accord. J'attends la réponse.
Je serai à l'hôtel Chaplain.
Dans l'aluminium,
vous êtes aussi mal lotis que nous.
Plus pour moi, merci.
Je vois le regard de ma femme.
- Il nous faut partir aussi.
- Déjà ?
- Pouvez-vous m'excuser ?
- Bien sûr, Bud.
- Félicitations, enchanté de vous connaître.
- Merci, M. Cratchet. M. Fairburn.
- Leo, tu t'es bien débrouillé. C'est un chic type.
- Merci.
Un certain M. Grant désire vous voir.
C'est important, dit-il.
- Veuillez m'excuser.
- A plus ***, j'espère.
Oui.
- Comment allez-vous ?
- M. Kingship.
C'est pour quand ?
Dimanche, si l'église est libre.
Ils ne voulaient pas attendre. Je ne sais pas.
Les enfants sont si impatients aujourd'hui.
De mon temps...
Tu veux que je leur parle de ton temps ?
Ou, mieux encore, de toi ?
Ce n'est pas juste.
Maman a fui avec son fiancé.
Sans attendre du tout.
Vous a-t-il dit être allé à l'université de l'Etat ?
C'est juste une question.
Ces sous-entendus sont grotesques.
Il ne vous a donc rien dit.
- Pourquoi l'aurait-il fait ?
- Pourquoi ?
Le fiancé de votre fille,
ne pas dire qu'il a connu sa sœur !
Connu ?
Votre oncle a découvert ça !
Non, ça vient de moi.
Il vérifie.
Autrement dit, vous avez eu le culot
de venir ici, un jour comme aujourd'hui,
sans aucune preuve. Pourquoi ?
Voir si vous saviez
que Bud Corliss connaissait Dorothy.
C'est faux.
- Qu'en savez-vous ?
- Il me l'aurait dit.
Merci, monsieur.
C'est ce que je voulais vous entendre dire.
S'il la connaissait et qu'il ne l'a pas dit,
il doit avoir eu une raison.
A moins qu'il ne l'ait dit à Ellen
sans que vous le sachiez.
C'est facile à vérifier.
- Comment ça ?
- Demandez-le-lui.
- Non.
- Pourquoi pas ?
Tout cela est inconcevable.
- Je connais ce garçon.
- Depuis longtemps ?
- Poser cette question à ma fille serait insultant.
- La police en juge autrement.
Je ne suis pas la police, je suis son père.
Raison de plus pour l'envisager sérieusement.
M. Grant...
Jusqu'à trés récemment, Ellen et moi avons...
Elle s'imagine que je veux diriger sa vie.
Je ne peux pas le faire.
Je ne le ferai pas.
Dans ce cas,
je le ferai à votre place.
Finalement, vous avez pu rester.
J'en suis ravie.
Je cherchais papa
pour lui dire que tout le monde s'en va.
Je vois.
Vous lui avez parlé de Powell.
N'était-ce pas à moi de le faire ?
Savais-tu que Bud connaissait Dorothy ?
- Pourquoi cette question ?
- Le savais-tu ? Bud te l'avait-il dit ?
Je veux savoir pourquoi tu me le demandes.
Ça vient de moi.
J'ai reconnu Bud quand je l'ai vu ici.
Vous auriez pu nous rappeler
qu'on sortait de la même université,
vous ne l'avez pas fait car vous l'ignoriez.
- Parce que ce n'était pas vrai.
- Non.
Parce qu'il ne vous l'avait pas dit.
Si ça vient de lui,
tu as dû être ravi de te joindre à lui.
Tu devais brûler d'envie
de trouver ce genre de mensonge !
Tu as détruit la vie de Dorothy
et celle de ma mère.
Tu veux faire la même chose pour moi.
Ça ne marchera pas.
Ne m'en parle plus jamais,
jamais.
Désolé, M. Kingship,
mais nous nous reverrons.
Ou je m'excuserai humblement de mon erreur,
ou je vous prouverai que j'avais raison.
- Au revoir.
- Au revoir, et merci encore.
- Content de vous connaître.
- Merci. Au revoir.
C'étaient les derniers.
C'était une fête merveilleuse, super chouette.
Ce que peuvent faire les gens devant le bonheur.
Tu as remarqué aussi ? En partant,
ils brillaient comme des arbres de Noël.
Qui sait si ton père va briller
quand il recevra la facture.
- On en vaut la peine, tu crois ?
- Plus de mille fois.
Il va falloir que je te donne
quelques leçons d'économie.
- On va dîner ?
- Ne me parle pas de ça.
Et un spectacle ?
Franchement, chéri,
je suis épuisée, tout d'un coup.
Si tu veux aller aux fonderies tôt demain matin,
ce soir, laisse-moi.
Trés bien, va vite te coucher, alors.
Fais de beaux rêves. Bonsoir, ma chérie.
Les mines Kingship.
- Tu les voyais plus grandes, plus petites ?
- C'est pas mal.
Votre appel.
Bon. C'est du restaurant
de la périphérie de la ville.
J'aimerais que vous le preniez,
si vous voulez bien.
- Kingship à l'appareil.
- On a la confirmation.
Corliss était bien le petit ami de Dorothy.
La serveuse les a vus souvent,
les semaines précédant son décès.
Je vois.
Je demande à la police de Payson
de l'arrêter tout de suite.
Oui.
Merci.
Je veux voir Mlle Ellen tout de suite.
Elle n'est pas là.
Elle est partie aux fonderies avec M. Corliss.
Merci.
Monsieur.
Elle est en sécurité là-haut.
Il ne sait même pas qu'on le soupçonne.
Ellen, si.
- La voiture sera là dans un instant.
- Bon.
J'appelle la police pour leur dire où on va.
Deux millions sur pneus.
Difficile à croire, non, 50 000 dollars le camion ?
Bien sûr, ils nous font un prix de gros.
On dirait la création du monde.
A ce rythme-là, ils seront en Chine à Pâques.
Huit ans qu'ils exploitent ce gisement.
Sept.
On dirait que tu connaissais les mines Kingship
bien avant la fille Kingship.
Ce n'est pas ça.
Seulement, les travaux miniers m'intéressent
depuis toujours.
Tu l'as dit, on est pareils.
L'opéra, la musique...
Tu aurais entendu Dorothy
parler de ma passion pour Debussy !
Je traînais cette fille à tous les concerts.
J'essayais d'aller à tous aussi. On remonte ?
- Comment étaient les concerts à Lupton ?
- Pas mal pour une ville qui...
Il y a longtemps.
Ça doit être encore mieux maintenant.
Regarde-moi ça.
Je l'ai déjà vu.
On devrait rentrer.
Je ne peux pas continuer comme ça.
Il faut que je sache.
- Pour Lupton, tu veux dire ?
- Oui.
Si j'étais à la fac ? Si j'ai connu ta sœur ?
Oui.
Je suis même sorti avec elle quelquefois.
Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
Trés bien, écoute.
Quand je suis venu ici et que je t'ai rencontrée,
j'ai tout de suite vu ta souffrance.
Si je te l'avais dit, cela t'aurait-il aidée à oublier ?
- Mais après...
- Après.
Après on est tombés amoureux
et je savais que je ne devais rien dire.
Sous peine de te faire penser à ton chagrin
chaque fois que tu me verrais.
Cela aurait été une malédiction pour nous.
- J'aurais sans doute dû...
- Je ne comprends toujours pas.
- Si c'était innocent, tu...
- Qu'as-tu dit ?
Si c'était innocent ? Si ?
- Je ne voulais pas dire que...
- C'est ça, ton amour ?
C'est comme ça, que tu as confiance en moi ?
Attends, je t'en prie.
Ça vient de qui ? De Grant ?
Il doit m'avoir vu avec elle une fois.
C'est un petit malin.
Il vient jusqu'ici pour te raconter ça.
Il est venu me parler de Powell.
- Le type qui a tué ta sœur ?
- Sauf qu'il ne l'a pas fait.
Il ne s'est pas suicidé.
Il a été tué par celui qui a tué Dorothy.
Qu'en savent-ils ? Ils bluffent.
Il a laissé un mot. Tout y était.
Ils n'ont trouvé personne.
D'où tiennent-ils que ta sœur a été tuée ?
Ce sont des suppositions.
Powell allait me donner l'adresse du meurtrier.
Le meurtrier le savait.
Il nous avait entendus, dans le bar.
Il était là par hasard ?
Non, pas par hasard.
Il m'avait suivie.
Depuis que j'étais arrivée en ville.
C'est encore plus dingue. Comment aurait-il fait ?
Pour savoir que j'étais à Lupton ?
Je lui avais envoyé un message.
Tu te rappelles ?
Tu crois savoir. Je te dis que tu te trompes.
Ce ne sont que des coïncidences.
Le fait que je la connaisse, la fac.
J'étais un type entre cent.
Tu es grand et mince.
- C'était dans sa lettre.
- Quelle lettre ?
- C'était devant moi depuis le début.
- Ça veut dire quoi ? Rien.
- Dory connaissait une douzaine de...
- Dory.
Ils n'étaient pas si nombreux à l'appeler Dory.
Il n'y en avait qu'un.
Pourquoi as-tu fait ça ?
A moi, à toi ?
Ce que tu as dit, la police ne le sait même pas.
Si.
Non.
Elle ne le sait pas.
Sinon je ne serais pas ici, hein ?
Et tu n'y serais pas avec moi.
J'y ai mis toute ma vie, tout ce que je voulais.
Je ne peux pas abandonner.
Tu es fou.
Tu ne le vois pas ?
Tu ne peux pas continuer.
Ton père et moi, on pleurera ensemble.
On partagera ça aussi.
Lâche-moi !
Là.
Allons-y.
FIN