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Tu viens ou pas ?
ENTRE DEUX RIVES
- Je vous l'envoie tout de suite.
- C'est gentil.
- Bonjour.
- Bonjour.
Dr Klyczynski est attendue
aux urgences,
Dr Klyczynski aux urgences.
- Excusez-moi.
- Un instant, je vous prie.
- Remplissez ce formulaire.
- Non, je suis… Le Dr Forster.
On m'attend.
Vous avez 22 patients répartis
entre cet étage et l'étage au-dessus.
- Vingt-deux ?
- Et c'est calme.
Si vous avez un problème,
bipez-moi, mais n'abusez pas.
Les internes vous donneront
un coup de main.
Que fait-il ici ?
Je lui ai prescrit un IRM.
- Il y a quatre heures d'attente.
- Il risque d'être mort d'ici là.
Peu importe. Dr Forster, à l'IRM.
- Droite, gauche, gauche, 2e étage.
- Bien.
Suivez les panneaux.
Revenez vite me trouver.
Dr Kly…
- Vous m'emmenez quelque part ?
- Je l'espère de tout mon cœur.
- Comment vous sentez-vous ?
- Vais-je m'en sortir ?
Oui, bien sûr.
J'ai fait une quiche aux épinards.
Viens te réchauffer dans la caravane.
Je ne peux pas.
Il fait si froid ici.
Tu vas tomber malade.
Je ne suis jamais malade.
Tout le monde sait que tu t'es acheté
une maison, sauf moi.
Je pensais te l'avoir dit.
Attends.
Où est-elle ?
Au bord du lac.
Il n'y a pas de maison…
Ne me dis pas que tu as acheté
la maison sur pilotis avec…
- Ça va ?
- Oui. Tu es fou ?
Pourquoi as-tu acheté cette maison,
Alex ?
Elle est en verre.
Tout le monde peut voir dedans.
Mona ?
Tu devrais t'acheter
une paire de bottes.
Gonzalez !
- 430.
- Vous êtes perdue ?
- Oui.
- Vous finirez par vous y faire.
- Je suis Madhvi.
- Kate Forster. Bonjour.
Vous n'êtes pas au bon étage.
Où avez-vous fait votre internat ?
Dans un petit hôpital de région
dans le North Shore.
Cher nouveau locataire,
bienvenue dans votre nouvelle maison.
En tant qu'ancienne locataire,
j'espère que vous aimerez
la maison comme je l'ai aimée.
J'ai fait mon changement d'adresse
auprès de la poste,
mais vous savez comme moi
qu'il y a des ratés.
Pourriez-vous, si nécessaire,
me faire suivre mon courrier ?
Ce serait très aimable. Vous trouverez
mon adresse ci-après.
Je vous remercie à l'avance.
P.-S. :
"Les traces de pattes près de la porte
étaient là quand je suis arrivée,
ainsi que le coffre qui
est dans le grenier."
Des traces de pattes ?
Qu'est-ce qu'elle raconte ?
Bonjour, ma grande.
Réparer la lumière.
Nourrir le chien.
Te nourrir.
Viens ici.
Quinze degrés à la Saint-Valentin.
On n'a jamais vu ça à Chicago.
La télé parle de réchauffement
de la planète.
Les icebergs vont fondre
et l'eau va recouvrir la Terre.
Dieu merci, on ne sera plus là
pour voir ça.
CRIME
ET CHÂTIMENT
Qu'est-ce que c'est ?
Rien.
C'était à ton père.
- Dostoïevski ?
- Oui.
Ça parle d'un type qui tue
une pauvre femme à coups de hache
et qui, jusque-là en tous cas,
passe son temps à le regretter.
C'est délicieux.
- Vraiment ?
- C'est très bon, oui.
A quoi penses-tu ?
A rien.
J'ai eu du mal à accepter la mort
de ton père. J'ai toujours du mal.
Quand j'ai ses livres entre les mains,
c'est comme s'il était avec moi.
Je sais qu'à un certain moment,
il a lu les mêmes mots que moi.
Mon Dieu !
Appelez une ambulance !
Ambulance pour le Daley Plaza.
Un homme a été renversé par un bus.
Envoyez-moi le SAMU.
Restez sur le trottoir.
- Eloignez-vous.
- Monsieur ?
Restez sur le trottoir !
Eloignez-vous.
J'aimerais qu'on creuse
les fondations de la 17 aujourd'hui.
Je sais que vous êtes nouveau
dans le métier.
Pardon ?
On ne pourra rien faire
avant la semaine prochaine.
Allons, Mulhern.
C'est des salades et vous le savez.
Débauchez Clemens et Rodriguez
de la toiture.
Jorge prendra l'excavateur
de la 14 qui ne sert pas
et prenez les quatre ou cinq gars
qui se tournent les pouces
sur la 7 et la 10.
Paulie, Carlos, Frank, Danny et le grand,
comment s'appelle-t-il ?
- Rafael.
- Rafael.
- Allons-y.
- D'accord.
Il me le faut pour la 10 et la 11.
Personnel d'entretien
en salle de suture, merci.
Personnel d'entretien
en salle de suture, merci.
- Bonjour.
- Bonjour.
On m'a parlé du Daley Plaza.
Le SAMU dit que vous
vous êtes bien battue pour lui.
Ça ne l'a pas sauvé pour autant.
Kate, je vais vous dire ce que
je dis à tous les jeunes docteurs.
Qui sait, vous serez peut-être
la première à m'écouter.
Quand vous êtes de congé,
partez le plus loin possible.
Allez là où vous vous sentez
le plus vous-même.
Chère Mlle Forster,
j'ai bien reçu votre mot,
mais je crains
qu'il n'y ait une erreur.
D'après mes informations,
la maison est inhabitée depuis des années.
Votre lettre était peut-être destinée
à la maison des Sandburg,
"car cette maison est inhabitée
depuis des années.
Mais les traces de pattes
m'intriguent."
Cher M. Wyler, je connais
la maison des Sandburg
et je vous assure que
je n'y ai jamais vécu.
Je suis vieux jeu, mais un cottage
ne devrait pas faire plus de 500 m carrés.
Donc, reprenons depuis le début.
J'ai vécu dans la maison au bord du lac,
puis j'ai déménagé.
Je vis aujourd'hui au
1620 North Racine à Chicago.
Merci de me faire suivre
mon courrier.
Au fait, nous sommes en 2006.
Ça va faire un an,
demandez autour de vous.
2006 ?
Qu'est-ce qu'elle veut dire par là,
2006 ?
Nom de Dieu.
- Bonjour, M. Wyler.
- Bonjour, M. Wyler.
- Bonjour.
- Bonjour.
Bonjour, M. Wyler.
M. Wyler.
Bonjour, monsieur.
Je me suis clairement inspiré
pour la métaphore de la fugue,
la boucle…
oui.
- Deux heures de cours avec lui, je meurs.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Il n'a pas dit un seul mot.
- C'est un vieux sadique et amer.
Je trouve que tu y vas un peu fort,
quand même.
Où vas-tu ?
Elle roule encore ?
Je n'en reviens pas.
Eh oui.
Tu as une sale tête.
Toi aussi, tu m'as manqué.
Oublie-le.
BAR À CoCKTAILS
- Un lotissement.
- Les Riviera Estates.
- Tu plaisantes.
- Je rêve !
Je reviens après quatre ans
- et je trouve ça.
- Quoi ?
Mon frère qui se prend pour
Frank Lloyd Etc.
- Arrête.
- Papa te garde en otage
dans son usine à mythes
alors que
tu n'as même pas encore bâti
ne serait-ce qu'une cage à hamster.
C'est drôle que tu dises ça.
J'ai justement un projet
de cages à hamster. Un lotissement.
Du préfabriqué, sans fondations.
Qu'en dis-tu ?
Tu vois, j'avais raison.
Tu es un visionnaire.
A ce sujet,
je tiens à ce que tu saches
que j'ai acheté une maison.
- Où ?
- Au bord du lac.
Tu dois bien gagner ta vie, alors.
Elle était en ruine
et inhabitée depuis des années.
Tu t'es acheté
une maison hantée…
Je comprends maintenant
pourquoi tu as rejoint
la guilde des promoteurs.
- J'ai même un chien.
- Tu as un chien ?
Il a débarqué un jour chez moi.
De nulle part.
- Que faisons-nous ici ?
- On dépose une lettre.
Ça devrait être ici.
1620 North Racine.
Mais…
Il n'y a rien ici.
APPARTEMENTS DE STANDING
Tu attends quelqu'un ?
Quelqu'un qui vit ici ou quoi ?
Oui.
Enfin, c'est ce que je croyais.
On sonne ?
Chère Mlle Forster,
je suis allé au 1620 North Racine
et je n'ai rien trouvé.
C'est juste un chantier.
D'après les dessins, c'est joli,
mais ça ne sera fini que dans 18 mois.
Y a-t-il quelque chose
qui m'échappe ?
L 'adresse est peut-être mauvaise,
comme la date d'ailleurs.
Eh bien, puisque vous voulez jouer
à ce petit jeu…
Si vous vivez vraiment en l'an 2004,
dans ce cas,
faites attention.
Tu te souviens de ce jour-là ?
Tu n'étais pas très contente.
Je sais.
Cher correspondant mystérieux,
je crois comprendre.
Au cas où vous seriez vraiment là
et à l'époque à laquelle vous pensez,
ce mot vous sera utile.
Il a neigé au printemps 2004
et tout le monde est tombé malade.
Alors, reposez-vous, buvez beaucoup,
parole de médecin.
De la neige. Et puis quoi encore ?
Allez, encore.
Est-ce réellement possible ?
Pourquoi pas ?
Jackie.
Jack.
Jack, viens. Viens.
Allez. Jack.
"C'est impossible, je sais.
Ce n'est pas possible,
mais c'est pourtant vrai."
Très bien.
Où suis-je ?
Très drôle.
"La maison au bord du lac."
Moi aussi, je suis
à la maison du lac,
mais ces jeux commencent à me lasser.
Je pars. Au revoir.
Merci. Au revoir.
On devrait peut-être
se présenter correctement.
Je suis docteur, je me consacre
à la guérison des malades.
En tous cas, j'essaie.
Je suis architecte.
J'aime bâtir.
Si le projet sur lequel
je travaille n'est pas idéal,
il me permet d'être ici
et cela me suffit.
Mais, dites-moi, si vous travaillez
dans un hôpital de Chicago,
où étiez-vous à mon époque ?
Il y a deux ans,
à votre époque,
je faisais mon internat à Madison.
Parlez-moi de l'avenir.
Comment vit-on en l'an 2006 ?
Comme on vivait en 2004.
Sauf qu'on porte des combinaisons
métallisées et que les voitures volent
et qu'on ne communique plus
que par télépathie.
Mais la vérité, cher ami du passé,
c'est que rien n'a vraiment changé
en 2006.
En parlant du passé, j'ai repensé
aux traces de pattes.
- Comment est-ce possible ?
- Je crois qu'on a le même chien.
Ah oui ? Comment est le vôtre ?
D'après le vétérinaire,
la mienne a huit ans, enfin, en 2006,
donc, elle avait 6 ans, en 2004.
Elle est maigre, elle a des yeux tristes
et dort comme un être humain.
Je ne sais pas pourquoi,
je l'appelle Jack.
Bonjour, Jack.
On est bien ici.
Ne sortons pas. Restons ici.
- Bonsoir.
- Il faut bien manger.
Que fais-tu ?
Tu devrais dormir à cette heure-ci.
Je ferai la cuisine.
Je croyais que tu n'aimais pas
cuisiner.
Je n'aime pas cuisiner.
Va-t-elle l'épouser ?
- Qu'en penses-tu ?
- Je ne sais pas. Il est vieux.
- Où vas-tu ?
- Il n'est pas si vieux que ça.
Le dernier ami
de maman était chauve.
Il était gentil,
- mais elle ne l'a pas épousé.
- Pourquoi ?
"L'herbe est toujours plus verte
ailleurs."
C'est ce qu'elle dit tout le temps.
C'est peut-être ce qu'elle devrait faire.
Aller voir si l'herbe
- est plus verte ailleurs.
- Peut-être.
Mais elle risque de passer sa vie
à attendre.
Veux-tu que je rapporte quelque chose ?
Que dirais-tu d'une bonne
bouteille de vin
pour fêter ça ?
- A quelle heure dois-je revenir ?
- A sept heures.
Désolée, je n'ai pas eu
le temps d'écrire.
J'ai eu une semaine très éprouvante.
J'étais de nuit.
Je croyais que vous m'aviez quitté.
Je tiens à ce que vous sachiez
que vous êtes mon seul lien avec le futur.
Pourquoi ne parlons-nous
jamais de ce que nous aimons faire ?
Voyons… J'aime relire
les grands classiques à Jack.
- Qui est son écrivain préféré ?
- Dostoïevski.
Moi, j'aime cette ville,
quand la lumière est si claire
que je peux voir chaque détail,
chaque brique et fenêtre
des immeubles que j'aime.
Faisons quelques pas ensemble,
samedi. Je vous montrerai.
Vous êtes fou. Pourquoi
faites-vous tout ça pour moi ?
Ça me fait plaisir. L 'été est là.
A vous de me dire
ce que vous aimez.
Par où commencer ? Eh bien…
J'aime sentir le parfum des fleurs
avant de les avoir vues.
J'aime quand il se met à pleuvoir
juste à la fin d'un pique-nique.
Et j'aime l'odeur des pattes de Jack.
Vous n'auriez pas oublié
de mentionner votre mari ?
Bien sûr que j'aime mon mari
qui est aussi médecin.
Il est chirurgien esthétique
pour animaux de la ferme.
Bien. Moi aussi, je suis marié.
J'ai huit enfants et aucun d'eux
ne me ressemble.
- Je suis inquiet, Kate.
- Je le serais aussi à votre place.
Je suis célibataire.
Moi aussi.
Le numéro 27.
Elle est si belle.
Mon père me disait
que c'était la grand-mère
de toutes les maisons de la ville.
On se promenait souvent ensemble,
comme vous et moi aujourd'hui.
- Alex ?
- Kate ?
J'aurais tant aimé
faire cette promenade avec vous.
Kate, je suis là, avec vous.
Merci pour ce samedi passé ensemble
ensemble
Qu'en penses-tu ?
Il a l'air gentil.
Il a l'air gentil.
Autre chose ?
- Il a une belle écriture.
- Maman,
regarde la date, sur la lettre.
La date.
- Quoi ? L'année ?
- Oui.
- Ce n'est qu'un détail.
- Qu'un détail ?
Au sujet de…
Pour l'autre jour,
tu tombais mal.
J'étais terriblement pressé.
Bien sûr.
Tu as des disques intéressants.
Ça fait du bien, la musique,
la musique nous aide.
Comme le disait Nietzsche :
- "La vie n'aurait aucun sens…"
- "Sans musique."
J'ai dû te le dire plus
d'une fois.
Sers-toi à boire.
As-tu enfin appris à apprécier
le bon vin ?
Et comment !
Pardonne ma curiosité,
ma foi toute paternelle,
mais où étais-tu passé
ces dernières années ?
Je pensais que ta phase Kerouac
t'était passée.
- Pardon ?
- Quoi ?
Monte, si tu veux.
Sur quoi travailles-tu ?
Sur mes souvenirs.
Et c'est loin d'être facile,
crois-moi.
Et ça n'a rien d'innocent
non plus.
Ton père écrit ses mémoires.
- On y est ?
- Qu'en penses-tu ?
Tu veux que je parle de vous ?
Et toi, tu veux en parler ?
Bien sûr. Vous faites partie
de la vie de votre père.
Tu parles de toi
à la 3e personne ?
Je ne…
Ce doit être parce que j'écris ma vie.
Ça te déplaît ?
Je me suis dit que ça pouvait
t'intéresser.
Qu'est-ce que c'est ?
Un projet ?
Non, en fait, c'est à toi.
Je les ai trouvés dans la maison
que j'ai achetée sur le lac.
Ah oui. J'ai entendu dire qu'un petit
promoteur sans scrupules
l'avait achetée.
Allons. Fais plaisir à ton père.
Tu vois bien que je plaisante, non ?
Allez.
Dis-moi.
Où étais-tu passé ?
Je voudrais le savoir.
J'ai essayé de t'oublier.
Ou de te pardonner.
Tu as réussi ?
Non.
Fais-moi signe
si la mémoire te fait défaut.
Compte sur moi.
Chargez à 360. 1 milligramme d'épi.
Préparez une amio au cas où.
- C'est bon ?
- Allez-y.
Maintenez la pression.
Le pouls bat. Lentement.
- Et maintenant ?
- Il bat très légèrement.
- Il se stabilise.
- Quelles journées !
J'ai travaillé 30 heures d'affilée.
Chaque fois que je m'arrête
pour souffler,
je prends conscience
de l'isolation dans laquelle je vis.
Croyez-moi, c'est un truc
à perdre la tête.
Cette pièce ? Très bien.
Et voilà.
Bien joué. Excellent. Bravo.
Je ne me plains pas,
j'adore mon travail.
Et notre visite de Chicago
m'a fait découvrir la beauté de la ville.
Mais la maison du lac
me manque terriblement
et ses arbres aussi.
Les arbres me manquent tant.
Ne vous en faites pas, Kate.
On finira par être ensemble.
Même si on est loin, je trouverai
un moyen d'être près de vous
et de prendre soin de vous.
Katerina.
Tiens.
- Tu es trop maigre.
- Je ne suis pas maigre.
Tu te souviens, petite,
comme tu aimais manger ?
- Avec les mains.
- Je me souviens.
Vous écriviez-vous ou pas ?
- Avec ton père ?
- Non, avec Clark Gable.
Bien entendu, avec papa.
Je…
Quoi, maman ?
Avant ton père…
oui ?
J'ai connu un jeune garçon.
Tu l'aimais ?
Oui.
Pourquoi ne l'as-tu pas épousé ?
Pour que tu me poses cette question,
un jour.
Elle me semble plus petite.
Quand l'a-t-il finie ?
Tu n'étais pas encore né
et j'avais 8 ans.
C'est un mélange Le Corbusier
et Frank Lloyd Wright.
Tu sais que papa a joué aux cartes
avec les deux.
- En fumant un joint.
- Enfin…
on ne peut pas nager.
Il devrait y avoir un escalier,
un porche, une terrasse.
Ici, on est…
Dans une boîte.
Une boîte en verre avec une vue
imbattable sur les environs,
mais on ne peut rien toucher.
Il n'y a aucun contact entre nous
et ce qu'on regarde.
Je ne sais pas.
Il a quand même planté un érable
- au milieu de la maison.
- Confinement.
Confinement et contrôle.
Cette maison nous parle de possession,
pas de contact.
Elle est belle. Séduisante, même.
Mais elle est incomplète.
Il ne pensait qu'à lui.
Papa savait bâtir une maison,
pas un foyer.
Mais tu sais,
il veut qu'on fasse
ce qu'il n'a pas pu faire.
Mais l'admettre ouvertement
reviendrait à reconnaître
qu'il a raté quelque chose
et qu'il aurait pu faire plus.
Et ça le torture.
Tu te souviens d'avoir été ici
avec maman ?
Elle a tout fait pour que
ça marche,
avec nous
et lui.
Et Visionary Vanguard ?
- Eh bien quoi ?
- Allez.
Ne me dis pas que tu es content
de construire des huttes à touristes.
Personne ne t'admirera pour ça.
- On m'admirerait pour quoi alors ?
- Visionary Vanguard.
C'est ton idée.
Je ne peux pas. Garde le nom.
C'est un projet
qu'on doit monter ensemble.
Henry, je suis désolé,
je ne peux pas.
Je…
- Quoi ?
- J'ai d'autres projets.
Tu as une petite amie ?
Non.
Non.
- Pourquoi as-tu hésité ?
- Je n'ai pas hésité.
Je t'assure.
Je n'ai pas de temps pour ça.
Quel est le rapport avec le temps ?
Tu vas croire que je suis devenu fou.
Mon cher M. Wyler,
êtes-vous prêt à jouer un jeu
avec moi ?
Il y a deux ans, je prenais
le train 145 pour Madison
à la gare de Riverside
et j'y ai oublié quelque chose.
C'était un cadeau de mon père.
Si vous le trouvez, pourrez-vous le mettre
dans la boîte aux lettres ?
Ça me ferait très plaisir.
Affectueusement, Kate.
Le train de 17h46 va partir.
En voiture.
Je t'appellerai.
Kate, je l'ai trouvé.
Je l'ai avec moi.
Un jour, je vous le remettrai.
Croyez-moi.
Je sais à quel point
ce livre compte pour vous.
Vous ne vous en souvenez
peut-être pas, mais on s'est vu.
Ou plus exactement, je vous ai vue.
Vous ne m'aviez pas dit
que vous étiez si belle.
Vous avez dû me confondre
avec une autre.
J'avais une coupe atroce,
cette année-là.
Une longue chevelure brune.
Des yeux doux et confiants.
Bon, d'accord.
Vous m'avez vue.
Je ne sais toujours pas
comment vous êtes.
Eh bien, donnons-nous
rendez-vous dans le futur
et vous pourrez en juger
par vous-même.
Entendu.
D'accord.
Appelez-moi le 10 juillet
à 21 h05.
Kate ?
- Oui.
- C'est Morgan.
Morgan.
Je suis à Chicago.
Mon rendez-vous a été annulé
et j'ai pensé à toi.
As-tu dîné ?
- Non, mais je n'ai…
- Moi non plus. Et je meurs de faim.
- On pourrait grignoter quelque chose.
- D'accord.
- Tu veux bien ?
- Oui.
Ça a l'air bon.
- Parfait.
- Morgan, c'est…
- Non.
- Fais-moi confiance.
Comme tu veux.
Bonsoir.
Un instant.
Ne quittez pas, je vous prie.
- Une table pour deux.
- Votre nom ?
Nous n'avons pas
de réservation.
Je suis désolée, nous sommes
complets jusqu'en octobre.
En octobre ?
Dans ce cas,
je vous rappellerai.
C'est un bon début.
Ce n'est pas grave.
Arrête !
C'est le meilleur restaurant.
C'est toujours plein.
- Ce n'est pas ça.
- Qu'est-ce que c'est, alors ?
Je m'y suis mal pris.
- Tu n'avais pas de rendez-vous.
- Pas vraiment.
- C'est…
- Un guet-apens.
Un café peut se transformer
en dîner et…
- un dîner en…
- En quoi ?
Je vais un peu trop vite parfois.
Un peu ? Tu as toujours
10 longueurs d'avance.
On sortait ensemble
depuis une semaine
que tu avais déjà planifié
tout notre avenir.
Quand je faisais mon internat,
je me souviens être venue chez toi
et tu avais invité tout le quartier
pour qu'ils me rencontrent.
Si je me souviens bien,
certains étaient à ton goût.
Quoi ?
Tu sais de quoi je parle.
- Ce type.
- Qui ?
- Celui avec qui tu es sortie.
- Je ne suis pas sortie avec lui.
On a 16 ans ou quoi ?
Qu'est-ce que c'était alors ?
Un baiser.
Juste un baiser avec un type
venu de nulle part…
C'est vieux.
Tu sais quoi ?
Messieurs,
l'unité 381 de Riviera Estates
est achevée.
Félicitations.
Vous avez fait du bon boulot.
- Une de finie…
- Quarante-quatre à terminer.
On n'est pas terriblement en retard,
juste affreusement en retard.
Ça ira. Les gars connaissent
leur travail,
mais il nous faudrait
un autre excavateur.
Et il faut revoir
la plomberie de la 14.
Tais-toi.
- Quoi ?
- Tu me déçois.
- Pourquoi ?
- Tu es censé assurer.
- Et je n'assure pas ?
- Tu ne les as même pas remarquées.
Tu m'avais dit d'en acheter.
Ah oui.
Ce n'est pas ce
que je voulais dire.
- Elles te plaisent ?
- Elles me plaisent.
On devrait sortir. Ce soir.
Si tu n'as pas de…
Jack.
Reviens, Jack !
Alex, attends-moi !
- C'est le vôtre, j'imagine ?
- Oui. Excusez-moi. Merci.
Viens là, Jack.
Qu'est-ce qui t'a pris ?
Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Elle ne fugue jamais.
- On n'est jamais assez prudent.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Elle. Jack.
Jack. C'est un bon nom
pour une chienne.
Je devrais en offrir un à ma copine.
Elle aime les chiens.
- On se connaît, non ?
- Je ne crois pas.
- Morgan Price.
- Alex Wyler.
- Vous voulez un coup de main ?
- Oui.
Vous êtes du coin ?
Je viens d'acheter
une maison au bord du lac.
- Au bord du lac. Je me disais…
- Alex. Te voilà.
- Tu l'as retrouvée.
- Oui.
Mona, Morgan. Morgan, Mona.
- Bonjour.
- Bonjour.
- Enchanté.
- De même.
J'adore vos bottes.
Vous savez, je ne compte pas
boire ça tout seul.
Je fais une fête, ce soir.
Vous êtes les bienvenus, si ça vous dit.
Ma carte. Il se peut que je cherche
- à louer une maison au bord du lac.
- Bien.
Kate, ma copine,
n'a jamais vraiment aimé cette maison
et je lui ai promis de trouver autre chose
à la fin de son internat.
Si vous entendez parler
d'une maison…
- D'accord. Elle est médecin ?
- Oui.
- Ravi d'avoir fait votre connaissance.
- De même.
Morgan,
la soirée est à quelle heure ?
Vingt heures.
C'est l'anniversaire de Kate.
C'est l'anniversaire de Kate.
Allez, viens, Jack.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
- Qu'est-ce que je vous sers ?
- Un vin blanc, merci.
- Merci.
- De rien.
Selon les normes sociales établies,
une personne n'est pas censée boire
seule après 22 h
à moins d'avoir une bonne excuse.
Quelle est ton excuse, alors ?
Je n'en ai pas.
Moi si.
Ma petite dernière
est partie à l'université, ce matin.
Marie.
Hier, elle pataugeait dans la piscine
en couche-culotte
et ce matin, elle chargeait une Volvo
pour partir en Californie.
J'espère qu'elle sait ce qui l'attend.
Ne m'en parlez pas.
- Elle fait médecine ?
- Oui.
- Salut. Ça va ?
- Oui, merci.
Je vais vous présenter
des amis.
Alex, Mona, le Wootch.
- Susan, Johnny.
- Bonsoir.
Vous voulez boire quelque chose ?
Le bar est là.
Venez.
Je vous présente Marjorie.
Vous auriez dû le dire.
On vous aurait fait un gâteau.
C'est juste du temps qui passe.
Je n'aime pas trop le fêter.
Vous êtes très solitaire.
Je n'ai rien contre.
Mais je me demande ce qu'il y a
dans votre vie, à part le travail.
Vous avez de la famille ?
Un copain ?
J'en avais un. Il y a longtemps.
Il s'appelait Morgan.
Morgan ? Morgan.
C'est un nom sexy.
Surprise !
Joyeux anniversaire, Kate.
- Joyeux anniversaire.
- Joyeux anniversaire.
On t'a bien eue.
- Je vous présente Kate.
- Bonsoir, Kate.
Je te présente Alex et Mona.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
Il va nous aider
à trouver une maison.
Pas vrai ?
Vous n'avez pas eu de gâteau.
Mais j'ai cassé.
Et j'en suis contente,
j'ai bien fait.
Alors, à qui écrivez-vous ?
C'est juste… Dès que vous écrivez
une pause à l'hôpital,
- vous écrivez.
- Il y a quelqu'un dans ma vie.
C'est une sorte de romance
à distance.
- Où vous êtes-vous connus ?
- Nulle part.
- Pardon ?
- Non.
- C'est le drame de ma vie.
- Vous voulez rire.
Je garde toujours mes distances.
Avec tout le monde.
L'homme qui était devant moi,
celui qui voulait m'épouser,
je l'ai repoussé. Je l'ai fui.
Alors que…
L'homme que je ne rencontrerai jamais,
je serais prête à lui offrir
mon cœur.
Il doit sacrément bien écrire.
C'est agréable.
Il n'y a pas de danger.
- Il est en prison ?
- Non.
- Vous êtes une de ces femmes ?
- Non.
Il a une maison au bord d'un lac.
Il est architecte.
Mon Dieu.
Joyeux anniversaire.
Merci.
- Tous mes vœux.
- Merci.
Je m'appelle Alex.
La maison au bord du lac.
Ah, oui. Ça va ?
Je peux ?
Vous allez nous trouver
une maison au bord du lac ?
- J'espère.
- Oui.
Si je peux.
Vous êtes dans l'immobilier ?
Non, je… C'est juste que j'habite
dans une maison au bord d'un lac.
Elle est belle ?
Vous allez l'adorer.
Vous allez la louer après mon départ.
Vraiment ?
Kate, avez-vous déjà
lu Persuasion ?
Pardon ?
- De Jane Austen.
- Je sais de qui c'est.
C'est…
C'est mon livre préféré.
Pourquoi me posez-vous
cette question ?
C'est juste qu'on me l'a offert
et je me demandais…
de quoi ça parlait.
C'est… merveilleux.
- Oui.
- Oui.
Ça parle de…
D'attente.
Deux personnes se rencontrent.
Elles tombent presque amoureuses,
mais le moment est mal choisi.
Elles doivent se séparer.
Ensuite,
bien plus ***,
elles se retrouvent.
Elles ont une seconde chance.
Mais elles craignent que trop de temps
ne se soit écoulé.
Elles craignent d'avoir trop attendu
et qu'il…
qu'il soit finalement trop ***.
Pourquoi aimez-vous ce livre ?
Je ne sais pas.
Ne vous méprenez pas.
C'est très beau…
- Non, c'est terrible.
- C'est terrible.
- C'est terrible.
- C'est terrible.
C'est…
oui, c'est… terrible.
C'est un peu indiscret,
mais avez-vous vécu
quelque chose de similaire ?
- Moi ? Non.
- Non.
Quand j'avais…
Quand j'avais 16 ans,
je suis tombée folle amoureuse
d'un garçon.
Il était guitariste
et j'ai fugué
pour aller vivre avec lui
à San Francisco.
Il a réussi à me convaincre
que j'avais une belle voix
et je me suis mise à rêver
d'être chanteuse.
J'adore San Francisco.
Il a été…
Il a été mon premier amour.
Le seul, probablement.
- Ça devait être un type formidable.
- Je ne sais pas.
Je ne suis pas restée assez longtemps
avec lui pour le savoir.
La vérité, c'est que…
Je ne me souviens même pas
de son visage.
- C'est vrai ?
- Oui.
Alors, c'est dommage.
Mon père a débarqué.
- Et les ennuis.
- Il a débarqué.
Oui, j'ai eu des ennuis.
Il m'a ramenée de force à Chicago.
Oui.
Il était malade et…
Il rêvait de me voir devenir
médecin.
Et finalement,
ses rêves sont devenus les miens.
Il avait raison.
C'est gratifiant d'aider les gens.
Puis il est mort.
Kate.
Quoi ?
Je…
Vous…
Je voulais…
Quoi ?
Vous connaissez cette chanson ?
Oui.
- Vous chantez toujours ?
- Non.
Personne ne veut m'entendre chanter.
Et vous non plus.
Je ne voulais pas dire…
Mais…
Mais je peux danser.
Kate.
Alex me parlait de la maison
au bord du lac.
- Elle a l'air merveilleuse.
- Génial.
Alex, il est ***.
Oui.
Oui.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit.
C'était toi.
Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
Tu m'aurais pris pour un fou
ou un ivrogne. Ou les deux.
Oui, mais…
Tu me plaisais.
Tu aurais dû dire quelque chose.
Mais tu étais avec ton petit ami.
Ce sont des excuses bidons.
Tu es lâche, c'est tout.
Je ne suis pas lâche.
Non ? Et ta copine ?
Quoi ? Je t'ai déjà dit que
- ce n'est pas ma copine.
- Ce n'est pas mon copain non plus.
Qui c'est alors ? Ton frère ?
Très drôle. Tu as mangé du clown
au petit-déjeuner ce matin ?
Merveilleux. C'est notre première dispute.
Tu pourrais écrire une chanson
sur le sujet et la chanter à San Francisco.
Quoi ?
Salut, Henry.
Quoi ?
- Bonjour.
- Bonjour.
Je cherche mon père. Je n'ai pas
le numéro de sa chambre. Simon Wyler ?
- M. Wyler, l'architecte ?
- Oui.
Je suis Anna Klyczynski.
Je m'occupe de votre père.
Que s'est-il passé ?
Comment va-t-il ?
Ça va. Il a eu une attaque cardiaque.
Heureusement, rien de grave.
Il n'est plus en danger.
Son état s'est stabilisé,
mais il faudra l'opérer.
Il a donné son accord
pour qu'on l'opère demain.
Je vois que tu te reposes.
Il ne fallait pas te déranger.
Je vais très bien.
Je me porte comme un charme.
Tu as quand même eu une attaque.
Ce sont des choses qui arrivent.
Ce n'est pas sérieux.
Je te serais reconnaissant
de ne pas dramatiser les choses.
Eh bien, fais-moi signe
si tu as besoin de quoi que ce soit.
Du café.
Quoi ?
Tu m'as bien entendu.
Du café.
Il y a une chose
que je ne t'ai jamais dite.
C'est mon père qui a bâti
la maison du lac.
De ses propres mains.
Il y a longtemps de ça,
avant qu'il ne soit connu,
quand il avait encore une famille
et qu'il vénérait ma mère.
Elle s'appelait Mary
et il a construit la maison pour elle.
Elle était intelligente et drôle.
Elle aurait pu tout faire,
mais elle a choisi de s'occuper de ses fils
et d'aider mon père à se lancer.
Mais plus il avait de succès,
plus il était invivable.
Finalement, elle en a eu assez
de vivre avec lui.
Elle l'a quitté.
En un an, elle est tombée malade.
Elle n'a malheureusement jamais su
comment cesser d'aimer mon père.
Il n'est pas venu à son enterrement.
Quand je lui ai demandé pourquoi…
Allez, vas-y, Alex. Qu'a-t-il dit ?
Il a dit : "Elle est morte à mes yeux
le jour où elle a quitté la maison."
Et il m'a congédié avec son sourire
d"'architecte de l'année" .
J'espère que ça t'ira.
Je l'ai fait en cachette
des infirmières et du médecin.
Il est brûlant.
Ce n'est pas du déca ?
Non, mais ça devrait l'être.
Il n'est pas mauvais, merci,
fiston.
- De rien.
- Où est ton frère ?
Je lui ai dit de rentrer.
Il se sentait mal.
- Tu sais comme il est anxieux.
- Oui, je sais.
Il tient ça de ta mère,
je le crains.
Elle s'inquiétait toujours.
Que regardes-tu ?
Tiens, prends-le.
C'est un projet de musée.
- Qui est-ce ?
- Quelqu'un de nouveau.
J'aime les couloirs baignés
de lumière.
Quels sont les matériaux ?
Granit. Aluminium.
Les panneaux blancs rappellent Meier,
mais le jeu de lumière à travers
les persiennes, c'est différent.
Ce n'est pas nouveau,
mais c'est net et aéré.
Ça me plaît.
A quand remonte ton dernier voyage
à Barcelone ?
Quand on y a été avec maman,
toi et Henry.
Tu te souviens de
la Casa de la Caritat ?
L'hospice.
Oui. Tu m'as parlé de Meier.
Son musée à Barcelone a été bâti
tout près de la Casa de la Caritat.
Il est baigné
de la même lumière.
Meier a conçu une série de fenêtres
à persiennes pour capturer la lumière
qui illumine l'art exposé,
mais toujours indirectement.
Et c'était important,
parce que si la lumière sert l'art,
elle peut aussi le dégrader.
Mais ça, tu le sais déjà, évidemment !
Ça, par contre…
Sais-tu où ça doit être construit ?
Je n'en sais rien.
- Tu as dit que tu aimais.
- Le concept.
Allons.
Tu sais que la lumière à Barcelone
est différente
de la lumière à Tokyo.
Et que la lumière à Tokyo
est différente de celle de Prague.
Une structure de qualité,
construite pour résister au dictat du temps
n'ignore jamais son environnement.
Un architecte doit s'en souvenir.
Il sait qu'il doit consulter la nature
pour imposer sa construction.
Il doit être captivé par la lumière.
Toujours la lumière. Toujours.
CERTIFICAT DE DÉCÈS
Simon L. Wyler
Anna Klyczynski, médecin.
J'ai une urgence.
Tu me remplaces ? Merci.
- M. Wyler ?
- Oui.
C'est le Dr Klyczynski
du Chicago City Hospital.
J'ai une mauvaise nouvelle
à vous annoncer.
Je suis profondément désolée, Alex.
J'aimerais tant pouvoir être avec toi,
m'asseoir à tes côtés
et regarder le lac et la lumière
dans la maison
que ton père a construite.
Je pourrais te réconforter
comme tu m'as réconfortée.
Et te dire que tout ira bien.
S'il y a une chose que je peux faire
pour toi,
à mon époque,
un tout petit geste
depuis le futur,
j'espère que c'est ça.
Il ne sera publié
que dans deux ans,
mais inutile de te faire attendre
si longtemps.
L'ŒUVRE DE SIMoN WYLER
J'espère que ça t'aidera
à savoir à quel point il t'aimait.
Simon Wyler et son fils Alex
Je veux te rencontrer
pour de vrai, cette fois.
Choisis un endroit.
Je serai là, promis.
Demain ?
Ce ne sera pas demain pour toi.
- Tu vas devoir attendre 2 ans.
- Ça m'est égal. J'attendrai.
Tu es sûr ? Je ne sais pas.
Je n'ai jamais été aussi sûr
de ma vie.
Très bien. A dans deux ans, alors.
A demain, alors.
Kate,
où aimerais-tu aller ?
Il Mare.
Pour quand souhaitez-vous
réserver ?
Deux ans, à compter de demain.
- Deux ans, à compter de demain ?
- Oui.
- Deux ans ?
- A compter de demain.
- Bonsoir.
- Bonsoir. Votre nom ?
Forster.
- Votre nom ?
- Wyler.
Ou Wyler, je ne suis pas très sûre.
Ça devrait être faisable.
- Parfait.
- Wyler ?
Wyler.
Le serveur va arriver.
Bonsoir, mademoiselle.
Le champagne est offert par la maison.
- Merci.
- Bonne chance.
Un autre verre, mademoiselle ?
Tu n'étais pas là.
Tu n'es pas venu.
Je ne comprends pas.
Quelque chose a dû se passer.
Je suis désolé.
J'ai deux ans devant moi, Kate.
On peut encore essayer.
Non, Alex, c'est trop ***.
On a eu notre chance.
Et ça n'a pas marché.
Ne m'abandonne pas, Kate.
Pense à Persuasion. C'est toi qui
me l'as dit. Ils ont attendu.
Ils ont eu une nouvelle chance.
La vie n'est pas un livre, Alex.
Et elle peut se terminer
en une seconde.
Je déjeunais avec ma mère
sur le Daley Plaza
quand un homme s'est fait renverser
devant moi.
Il est mort dans mes bras.
Et je me suis dit :
"Il ne peut pas mourir comme ça,
le jour de la Saint-Valentin. "
J'ai pensé à tous ceux
qui l'aimaient, qui l'attendaient
et qui ne le reverraient jamais.
Puis je me suis dit :
"Et si personne ne l'attendait ?"
Et s'il avait toujours vécu
sans que personne ne l'attende ?
Je suis rentrée à la maison du lac,
en quête d'une réponse.
Et je t'ai trouvé.
Et je me suis laissée emporter.
Emporter dans un rêve
où le temps n'avait plus cours.
Mais ce n'est pas la réalité, Alex.
Je dois apprendre à vivre
avec la vie que je me suis choisie.
Je t'en prie, ne m'écris plus.
N'essaie pas de me joindre.
Redonne-moi ma liberté.
Quoi ? Attends.
Je ne t'entends pas.
Allô. Attends.
Salut.
Tu es ici pour combien de temps ?
- Je suis dans un bar avec des amis.
- Viens.
Ne te réjouis pas trop.
J'ai du mal à y croire.
C'est bien.
Ça m'a fait plaisir d'entendre
ta voix.
J'étais surprise du plaisir
que j'ai eu à t'entendre.
Alors, cet entretien ?
- Il s'est bien passé.
- Vraiment ?
Oui, j'ai eu le poste.
- Vraiment ?
- Oui.
- Félicitations.
- Tu te rends compte.
Une société de télécoms.
Je serai leur avocat. Ça paie bien.
Et c'est ici,
à Chicago.
C'est ce qu'on appelle
une grande nouvelle.
Quoi ?
Jack.
Tu comptes venir, ce week-end ?
Je ne te manque pas un peu ?
Juste un peu. Pas beaucoup ?
Ça va. J'ai compris.
Kate, je te rappelle, d'accord ?
Vous voulez toujours
une maison au bord du lac ?
Elle plaira à Kate.
Comment savez-vous ce qui lui plaira ?
Faites-moi confiance.
Je te connais, toi.
Qu'en dis-tu ?
Tu fais une fixation. Tu sais ?
Sur la maison du lac.
Pourquoi ne bosses-tu pas
sur tes projets ?
Parce que c'est la sienne.
Tu parles de la femme du futur.
Kate.
Toi et Kate, vous vous écrivez toujours ?
- Non.
- Pourquoi ?
Elle m'a demandé d'arrêter.
Pourquoi ?
A cause du temps.
Allez.
C'est une bonne chose.
Tu as besoin d'une vraie femme.
- Une femme…
- Henry, écoute.
Ecoute-moi.
Tout le temps que ça a duré,
elle a été plus réelle que tout ça.
Plus réelle que tout ce que
j'ai jamais connu.
Je l'ai vue.
Je l'ai embrassée.
Je l'aime.
Et maintenant, elle est partie.
Elle est partie.
Et Duckett se fraie un passage…
Avant tout…
Le matériel de fitness Ab Scissor…
…pendant que les pommes de terre
cuisent.
On est bien ici. Restons ici.
Il faut bien manger.
On peut dîner ici.
Je ferai la cuisine.
Je croyais que tu n'aimais pas
cuisiner.
Je n'aime pas cuisiner.
Mais j'ai un poulet au réfrigérateur
et tu vas le manger.
Et la vaisselle, après ?
- On mangera avec les doigts.
- Tu peux baisser ?
Et les assiettes ?
Une pour toi et une pour…
"Jamais on n'avait vu
deux cœurs aussi ouverts,
des goûts aussi conformes,
des sentiments aussi harmonieux."
Dix, neuf, huit, sept, six,
cinq, quatre, trois, deux, un.
Bonne année !
BoNNE ANNÉE 2006
Entre.
Salut.
Salut.
Qu'en dis-tu ?
J'ai sauté mon déjeuner pour ça ?
- Il y a du boulot, je sais.
- Pour les bulldozers, oui.
J'ai trouvé un architecte
spécialisé en rénovations.
J'ai pris rendez-vous avec lui demain.
C'est un guet-apens.
Allez.
On ne peut pas rester chez moi.
Ça fait un an qu'on y est.
Je veux aller de l'avant, moi.
- C'est un nouveau cabinet.
- Tu veux dire sans expérience ?
Je veux dire abordable.
Bonjour, Dr. Forster.
Un instant, je vous prie.
Merci.
Au fait,
bonne Saint-Valentin.
Oh non, Katie,
je n'ai rien pour toi.
Je suis désolé. J'ai été débordé et…
Ce n'est pas grave.
- Tu as vu ça ?
- Le réchauffement de la planète.
Dr Forster ? Pardonnez-moi
de vous avoir fait attendre.
- Ravie de vous revoir.
- Enchantée.
- Je suis Morgan.
- Bonjour, Morgan. Vanessa Vanderbeck.
Ce que vous voyez là,
c'est ce dont on a parlé, l'atrium.
C'est merveilleux.
Vous avez pu le faire
en dépit des baies en verre ?
- Oui.
- Je peux…
on se prend
un verre après ?
Lmpossible. J'emmène Vanessa
dîner pour la Saint-Valentin.
Attends.
Répète ce que tu as dit.
C'est la Saint-Valentin.
Je sors avec Vanessa, ma copine.
Champagne, huîtres,
et qui sait, un peu de chocolat.
- Quel jour sommes-nous ?
- Le 14 février.
- Le 14 février 2006.
- Oui.
- Magnifique. Merci beaucoup.
- De rien.
Merci. Henry va s'occuper de tout.
Les plans sont vraiment superbes.
Merci.
Qu'y a-t-il ?
Katie, il faut que je retourne
au bureau.
Qui a fait ce dessin ?
Mon frère.
Comment s'appelle-t-il ?
Alex Wyler.
Vous le connaissiez ?
Oui.
Je le connais.
Savez-vous où je peux le joindre ?
Est-ce que je peux le…
Je suis désolé.
Il est mort,
il y a deux ans, jour pour jour
aujourd'hui.
C'était un accident.
Où ?
Kate.
Attends. Arrête-toi.
Réponds-moi, nom de Dieu.
Que se passe-t-il ? Kate.
Saint-Valentin
Quinze degrés à la Saint-Valentin !
On n'a jamais vu ça à Chicago.
La télé parle de réchauffement
de la planète.
Je n'ai rien contre.
C'est dangereux.
Alex…
Je sais pourquoi tu n'es pas
venu au restaurant.
C'était toi, au Daley Plaza,
ce jour-là.
C'était toi.
Je t'en prie. N'y va pas.
Attends. Je t'en supplie.
Ne me cherche pas.
N'essaie pas de me trouver.
Je t'aime.
Il m'a fallu tout ce temps pour
pouvoir le dire, mais je t'aime.
Et si tu m'aimes encore,
attends-moi.
Attends avec moi.
Attends.
Attends deux ans, Alex.
Viens à la maison du lac.
J'y suis.
Tu as attendu.