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Voici l'histoire
que je préfère entre toutes.
Même si elle commence dans une cave.
La voici telle qu'elle a été écrite
par cet homme, Bellini,
qui habite sous l'étrange et
merveilleux magasin de M. Magorium.
Oui, il dort avec une poupée.
Bellini fabrique tous les livres
pour tous les enfants
qui viennent dans la boutique.
Mais son travail consiste aussi
à relater la vie de M. Magorium.
M. Magorium a fabriqué
des jouets pour Napoléon.
Il a battu Abraham Lincoln
à la marelle.
Et il détient le record
au jeu de la tête en bas.
Certains disent que c'est un génie.
Maman dit qu'il est excentrique.
Et quelqu'un de Détroit
l'a étrangement traité d'ivrogne.
L'histoire de M. Magorium
touchait bientôt à sa fin.
C'est normal.
Toutes les histoires
avec tous ceux qu'on aime ont une fin.
Quand ça arrive, ça signifie
qu'une autre histoire peut commencer.
Et le début de la fin
commence au chapitre intitulé :
Le concerto n°1 de Molly Mahoney.
Molly Mahoney
était la gérante de la boutique.
L'apprentie de M. Magorium,
et aussi ma seule amie.
Chaque matin, elle essayait d'achever
son premier concerto pour piano.
Elle ne parvenait pas
à trouver les bonnes notes.
Problème de composition
Quand elle était plus jeune,
tous disaient qu'elle était un génie,
une brillante pianiste.
Elle les a crus.
Mais maintenant, elle est grande.
Et elle n'en est plus si sûre.
J'ignore pourquoi les adultes
deviennent comme ça.
Ne sont-ils pas censés
être plus doués ?
Ce qu'il lui fallait,
c'était une chance de réaliser
qu'elle était bien plus
qu'elle ne croyait.
Cette chance allait lui être offerte.
Et c'est ainsi que débute ce chapitre.
Au moment où mon chapeau
s'est retrouvé coincé.
Eric. Bonjour, petit bonhomme.
- Te voilà de retour ?
- Oui.
- Le camp durait quatre semaines, non ?
- Non. Juste une.
- Mon chapeau est coincé.
- Tu as besoin d'une échelle.
Non, il suffit que je saute plus haut.
Eric, il y a au moins deux mètres.
- Tu crois vraiment ?
- Au moins.
- Je devrais prendre de l'élan ?
- En effet.
- Tu t'es fait des amis, au camp ?
- Oui. Jeff.
- Jeff existe vraiment ?
- Bien sûr.
- Ce ne serait pas un animal ?
- Un écureuil.
Bonjour.
Je te tiens.
Ça s'appelle rater son train.
Trains
Cerceaux
Maison
- Mahoney.
- Bonjour.
Déjà ? Sacrebleu.
Entrez donc.
- Bien dormi ?
- La tête en bas, mes pieds picotent.
Mortimer, descends de là.
- Vous aimez les navets ?
- Personne n'aime ça.
- Dans un gâteau non plus ?
- Je le crains.
Dommage, j'en ai fait un.
J'espérais poursuivre notre discussion
de la semaine dernière.
Comment le papier
peut vaincre la pierre ?
Au sujet d'un éventuel nouveau boulot.
- C'est ce que je disais.
- Quoi ?
Cette nuit,
tandis que je cuisais mon gâteau,
j'ai réalisé que je tenais la boutique
depuis plus de 113 ans.
- Ça fait un sacré bail.
- En effet.
En bientôt 114 ans,
jamais je ne me suis soucié d'un reçu
et je n'ai pas la moindre idée
de la valeur de ce magasin.
- C'est plutôt fâcheux.
- Exactement.
Mortimer, attrape.
- Stupide zèbre. J'engage un comptable.
- Un quoi ?
Sans doute un mutant
qui compte et est redoutable.
Exactement ce qu'il nous faut.
Pourtant, je suis sûre que le mot...
J'ai appelé une de ces agences.
Ils m'envoient
un de leurs meilleurs mutants.
- L'affaire est réglée.
- Comment ça ?
De manière parfaite, selon moi.
- Venez.
- Monsieur.
- Je suis sérieuse.
- Ah ?
- Je suis coincée.
- Quoi ? Dans mon plancher ?
- Non, Monsieur.
- Où donc ?
Au niveau personnel.
Vous souvenez-vous
du concerto n°2 de Rachmaninov
et des louanges qu'on m'avait faites ?
Aujourd'hui, j'ai 23 ans
et on parle encore de mon talent.
Mais demandez-moi de jouer
le morceau que je connais le mieux.
Je jouerai encore ce même concerto.
Que diriez-vous d'ébahir le monde
avec le concerto n°1 de Mahoney ?
J'aimerais bien mais je suis coincée.
Suivez-moi.
- Ceci, très chère, est pour vous.
- Merci.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Le cube de Congreve.
- On dirait un bloc de bois.
- C'est un bloc de bois.
- Mais à présent, c'est le vôtre.
- Merci.
Hier, je me disais justement
que je n'en avais pas beaucoup.
Les aventures inattendues
ont besoin d'objets inattendus.
- Une aventure nous attend ?
- Très chère, elle a déjà commencé.
Ce que je veux dire, c'est ceci.
Avec de la foi, de l'amour,
ce bloc et un mutant redoutable,
un univers s'ouvrira à vous,
qui dépasse l'imagination.
À présent, allons ouvrir la boutique.
- Attendez.
- Mortimer, pas touche au frigo.
- Monsieur.
- Très chère ?
Vous êtes en pyjama.
Diantre.
- Eric, me prêterais-tu ton chapeau ?
- Bien sûr.
Excusez-moi. Combien coûte
ce mobile avec les poissons ?
- Celui-ci ? Cinquante dollars.
- Cinquante ?
- N'est-ce pas un peu cher ?
- Eh bien, ils sont tout frais.
Sinon, vous avez aussi celui-là.
Il ne coûte que 17 dollars.
Mais ils ne sont plus frais.
Et ils ont trop de cholestérol.
- Molly ? Molly Mahoney ?
- Oui.
Je suis Dave. Dave Wolf,
on était ensemble en physique.
- Tu bosses toujours ici ?
- Oui.
Enfin... Oui.
Et toi, qu'est-ce que tu deviens ?
- Je suis ingénieur.
- Félicitations.
C'est marrant. Si je t'ai reconnue,
c'est à cause de ton doigté.
C'est utile, en tant que caissière.
- Tu joues toujours du piano ?
- Chaque jour.
- Je suis de passage. Tu joues où ?
- Dans mon appartement.
- Je croyais...
- Je t'emballe tout ça ?
Non, je te remercie.
Content de t'avoir revue.
Je me demandais.
- Je suis ravi.
- Moi aussi.
Attends. Excuse-moi.
Elles veulent toujours s'échapper.
Sortez de là.
Allez.
Toi aussi.
Et toi aussi.
Encore désolée. Porte-toi bien.
Salut. Je...
Je fais juste un peu de shopping.
Juste un peu de shopping.
Tu sais, tu peux sortir des lignes.
Pardon...
- Pourriez-vous m'aider ?
- Volontiers.
Mon petit-fils voudrait
un camion de pompiers.
Avec une échelle et des lances
qui crachent vraiment de l'eau.
- Je n'en trouve pas.
- Voyons ça dans le Grand livre.
On y trouve tous les jouets
que nous avons en stock.
C pour "camion" ?
Ou P pour "pompiers" ?
Essayons à P.
- Comment faites-vous ça ?
- Je n'ai rien fait.
Si, pourtant.
Surprenant, n'est-ce pas ?
C'est le livre.
Il est magique.
Plus haut. Là, voilà.
Mademoiselle ?
Bonjour.
Bonjour.
Salut.
Un certain M. Magorium désire me voir.
Quelle élégance,
pour un marionnettiste.
Non, je suis Henry Weston, comptable.
Je viens me présenter.
Bonjour, je suis Mahoney.
La gérante de ce magasin.
Enchanté.
J'avoue que je ne m'attendais pas
à ce que ce soit un magasin de jouets.
Ces enfants ne doivent pas le savoir,
sinon je peux vous prédire le pire.
C'est pour rire.
- Je le savais.
- Très bien.
Je vais vous chercher M. Magorium.
Veuillez patienter.
Salut.
Qu'est-ce que tu veux ?
Eh bien ?
C'est malpoli de fixer les gens.
Pourquoi n'irais-tu pas...
Classique.
Magorium, impresario
et amateur de merveilleux,
fervent porteur de souliers.
Vous êtes comptable ?
Oui. Henry Weston.
La suite de Fibonacci,
du onzième au seizième terme ?
89, 144, 233, 377, 610.
Parfait. Le nombre 4 est-il utile ?
- Oui, si vous aimez les carrés.
- Je les aime.
Bien. Quant au problème
des pains pour hot-dogs.
Pourquoi, nom d'une moutarde,
n'y en a-t-il jamais assez ?
- Les hot-dogs en plus.
- Mais pourquoi ?
- Certains tombent par terre.
- Il faut être fou pour faire ça.
Tout est possible, Monsieur.
Tout est possible.
C'est tout à fait exact.
Vous êtes le mutant que je cherche.
- Je vous engage.
- Quoi ?
- Je vous engage.
- Ah ?
Je suis satisfait. Pas vous, Mahoney ?
- Pas vraiment.
- Parfait.
On dit du bien de vous.
- Vraiment ?
- Non, mais ça ne saurait tarder.
Voilà votre boulier, c'est très bien.
Venez.
Je vous fais visiter.
Canard, canard, canard. Oie.
Nous vendons
quasi tout ce qu'on peut imaginer.
De la ferme aux zeppelins.
Je suis le patron depuis 113 ans.
Depuis mon arrivée ici.
Mais j'invente des jouets depuis 1770.
Excusez-moi, vous avez dit "1770" ?
Oui. Et pour moi,
la comptabilité est un concept neuf.
Cela signifierait
que vous avez 240 ans.
Vous êtes engagé, Mutant.
Inutile de vous vendre.
Suivez-moi.
Nous y voici.
- Je n'ai rien jeté depuis.
- En effet, c'est ce que je vois.
Ce sont tous vos registres ?
Il y a là des documents importants.
Des choses en attente, aussi.
J'ai du mal à faire la différence.
Vous n'avez jamais fait
un bilan de vos recettes ?
Une déclaration d'impôts ?
Une mise à jour de vos licences ?
- Quelle mise à jour ?
- Vous...
Laissez tomber. Réalisez-vous
que faire le bilan de ce magasin
à partir de ce... tohu-bohu
est une tâche titanesque ?
Étant donné que vous parvenez
à échapper à la faillite,
à l'expropriation
ou à la prison pour fraude fiscale...
- Pourquoi aujourd'hui ?
- Pouvez-vous garder un secret ?
Nous avons une politique
de confidentialité absolue.
Mais pouvez-vous garder un secret ?
- Oui, Monsieur.
- Je m'en vais.
- Vous quittez le magasin ?
- Ce monde.
Voyez-vous ces souliers ?
Je les ai trouvés
dans une petite boutique en Toscane.
Sur un coup de cœur, j'en ai acheté
pour le restant de ma vie.
C'est ma dernière paire.
Veuillez m'excuser.
Un tournoi de billes m'attend
et il faut que j'échauffe mes pouces.
Eric, es-tu prêt
pour le tournoi de billes ?
M. Magorium.
- Est-ce que c'est normal ?
- Quoi donc ?
Non, ça ne l'est pas du tout.
Il va falloir
que tu tiennes cela à l'œil.
Ne vous bilez pas.
Je m'amuse bien, ici.
Ce chapitre s'intitule :
Non, sérieusement. Regardez.
Maison
Balles
Non, sérieusement. Regardez.
- La vache.
- Venez.
C'est trop cool.
- Viens.
- Allons-y.
Hé, aidez-moi.
Impressionnant ballon, hein ?
Impossible de l'éviter.
Ce garçon est bizarre.
Mahoney, auriez-vous vu...
Avez-vous vu M. Magorium ?
Il est à peu près de cette taille,
et il a des sourcils incroyables.
- Il est là-haut.
- Merci.
- Où est votre sens de l'humour ?
- Je ris intérieurement.
- M. Magorium ?
- Mutant.
- M. Magorium.
- Prêt pour un défi au Hula hoop ?
- Nous avons de graves problèmes.
- De graves problèmes ?
Je n'en ai aucun.
- Si.
- Je ne crois pas.
Voici une facture
d'une firme au Brésil.
Vous leur devez 300000 dollars
pour un bouton de porte magique ?
- C'est ridicule.
- Merci.
300000 dollars
pour un bouton de porte ?
Je n'ai jamais payé
plus de 200 dollars. Tenez.
Et ce Bellini ?
Le faiseur de livres, né dans la cave.
- Vous louez votre cave ?
- Il y est né.
Je ne peux pas lui demander de partir.
Dans le registre des employés,
on trouve des personnages de contes.
- Ah ?
- Le roi de la planète Yaweh.
- Il est réel.
- Monsieur...
Il n'est pas roi
et Yaweh n'existe pas.
- Mais il est bien réel.
- S'il n'y a pas de planète...
M. Weston, ce n'est pas un crime
d'avoir des aspirations.
Désolé.
Je crois que j'ai dépassé la mesure.
J'ai cru que ce serait drôle
mais visiblement... Désolé.
Qui a fait ça ?
- C'est moi.
- Non, sérieusement. Qui t'a aidé ?
Personne.
Mahoney, juste une question.
- Une petite.
- Très bien, Mutant.
Je voudrais qu'on m'explique
ces histoires créées de toutes pièces.
- Quelles histoires ?
- Comme celle-ci, par exemple.
J'ai là un billet
signé par Thomas Edison.
- Vraiment ?
- "Merci pour l'idée."
Avec une ampoule dessinée à côté.
Est-ce que c'est vrai ?
Non, ça ne l'est pas.
Un billet de Thomas Edison,
ça vous semble plausible, à vous ?
Pourtant, la signature y est.
Une minute.
Juste une minute, s'il vous plaît.
Mahoney, attendez.
Donnez-moi une simple explication.
- Bien. C'est une boutique magique.
- Ça n'existe pas.
Si, bien sûr.
Vous voulez dire "spéciale" ?
- Non, magique.
- "Unique" ?
- Magique.
- Ou alors...
"Vraiment trop cool" ?
Derrière moi, là,
c'est un magasin de jouets.
Il est grand et étrange, certes.
- Mais ce n'est qu'un magasin de jouets.
- Je le savais.
- Votre tenue en disait long.
- Quoi ?
- Vous êtes un "ce-n'est-que".
- Un quoi ?
Les types comme vous.
Mêmes coiffure, costume, chaussures.
Et quoi qu'il arrive, ils disent :
"Ce n'est qu'un magasin."
"Ce n'est qu'un banc."
"Ce n'est qu'un arbre."
Et ce n'est rien de plus.
Mais ceci n'est qu'un magasin.
Pour vous, je n'en doute pas.
Vous scintillez ?
Vous êtes à l'Edwards Planetarium
Je ne le cache pas,
vous me décevez beaucoup.
Je comprends que vous soyez tristes,
inquiets ou méfiants
mais ce n'est pas une raison
pour faire grise mine.
Je n'aurais pas été étonné
de la part d'un tout nouveau magasin.
Ou d'un magasin de quelques années.
Mais à votre âge !
Bouder ?
C'est tout simplement épouvantable.
La vérité,
c'est que je m'en vais demain.
Mahoney, bénie soit-elle,
prendra soin de vous.
Je regrette, mes amis.
Mais votre attitude n'y changera rien.
Elle vous aime, autant que moi.
Nous devons faire preuve demain
de détermination, gaieté et bravoure.
Cessez donc de tirer la tête.
Ressaisissez-vous.
Tâchez de faire bonne figure
d'ici mon départ.
Ce chapitre s'intitule :
Fun et mental, c'est fondamental.
Et il y a aussi le nouveau,
qui est un peu coincé.
Tu as passé ta journée au magasin ?
- J'ai fait un tas de choses.
- Comme ?
J'ai fait une sculpture,
j'ai empilé 20000 planchettes.
Et je sais comment gagner
au solitaire sans tricher.
- Tous ces jeux, on y joue seul.
- Il y avait des gens, tout autour.
On a convenu d'écourter le camp
à condition que tu te fasses des amis.
- Je n'y peux rien si on ne m'aime pas.
- Bien sûr que si.
- Il suffit de faire connaissance.
- Non. Ils me trouvent bizarre.
Parce que tu fais
des constructions tout seul ?
Parce que personne
ne veut jouer avec moi.
- Est-ce que tu leur as demandé ?
- Pas vraiment.
- Tu dois leur donner une chance.
- Oui mais après ?
On ne sait pas, chéri.
Mais crois-moi,
les gens sont étonnants.
Et si...
Si tu choisissais quelqu'un ?
Au hasard.
Et essaie d'être son ami,
juste pour voir.
- Je ne sais pas comment on fait.
- Il suffit de dire "Salut".
Salut
Moi, c'est Eric
Et moi, Henry
Vous jouez aux dames ?
J'y jouais quand j'étais petit
On joue ensemble ?
Je travaille.
Après votre travail, alors ?
Je n'arrête jamais de travailler
Mahoney ?
- Mahoney Balonie.
- Monsieur.
- J'ai une devinette.
- Pas maintenant.
Qu'est-ce qui est petit,
étonnant et dit "aïe" ?
Je n'en ai aucune idée.
Aïe !
Très drôle.
Dites, que se passe-t-il ?
De toute évidence,
le magasin
n'apprécie guère mon départ.
Quoi ?
Attendez. Quel départ ?
C'était supposé être
une belle surprise
mais le magasin ne l'entend pas ainsi.
- C'est un de mes préférés.
- Comment ça, une surprise ?
Je vous confie le magasin.
- Vous me le confiez ?
- Surprise !
Excusez-moi, auriez-vous
Georges le petit curieux à l'hôpital ?
Mahoney ?
Je vais demander.
- Un excellent ouvrage. Très bon choix.
- Vous l'avez lu ?
Si je l'ai lu ? J'ai pris un brunch
avec "l'homme au chapeau jaune".
- Sérieusement, Monsieur.
- Quoi, Mahoney ?
Je ne peux pas.
Vous vouliez faire autre chose.
Composer de la musique.
Pas tenir la boutique.
Pourquoi pas ?
Vous convenez à merveille.
- M. Magorium...
- Oui ?
Merci, Bellini.
C'est pour ce jeune rouquin.
- M. Magorium.
- Oui ?
- Pourquoi n'avoir rien dit ?
- C'est le principe de la surprise.
Mais si je refuse ?
Pourquoi donc ?
- Parce que je ne peux pas.
- Pourquoi ?
- Ce magasin, c'est vous.
- Ce n'est pas un argument.
C'est "Le merveilleux magasin
de M. Magorium". Voilà pourquoi.
Sans compter que
vous êtes magique et moi non.
Et puis, que ferez-vous
si je tiens la boutique ?
- Je pars.
- Vous partez ?
Excusez-moi.
- Quelque chose cloche, dans ce livre.
- Ah, bon ?
C'est du charabia.
Le livre fait une farce.
Je vais le dire à Bellini.
- M. Magorium.
- Oui, Marc ?
Suivez-moi.
C'est étrangement étrange.
Quoi donc ?
On faisait de la peinture,
comme d'habitude.
Et Katy a levé la tête et...
Vous voyez ?
- Les couleurs ont disparu.
- Allons vérifier la porte.
Maison
Cerceaux
Des rats.
Trains
Des majorettes ?
Sacrebleu, Mahoney.
Vérifiez le Grand livre.
Je voudrais... une sucette.
- Monsieur...
- La loi de la gravité se met à agir.
J'ai demandé une sucette
et j'ai obtenu un lémur.
Nous n'avons jamais eu cela.
Qu'est-ce qu'un lémur d'ailleurs ?
Oh, ce petit primate ?
- Là n'est pas...
- Mahoney, là n'est pas la question.
Vous avez raison. Où est Eric ?
Je ferais mieux d'agir.
Eric, on a besoin de toi.
On a un problème.
Tire-toi de là.
À l'aide, quelqu'un.
On rentre.
Le magasin est confronté
à quelques difficultés.
Veuillez regagner la sortie,
calmement, sans vous bousculer.
Et essayez d'éviter la fille engluée.
- Trois, deux, un, mise à feu.
- Monsieur.
Fermez la boutique
et retrouvons-nous en haut.
C'est raté.
- Que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas.
Voulez-vous capturer le lémur ?
Et comment ? Je suis dentiste.
Comment je le saurais ? J'ai neuf ans.
Excusez-moi.
Sachez que
je suis très déçue du livre
que je viens d'ouvrir.
Le magasin est fermé.
Vous êtes là ?
- On dirait.
- C'est le mot.
Asseyez-vous, Mahoney.
Entamons cette réunion sans attendre.
Je suis navré.
Mortimer et moi avions préparé
un en-cas mais il a mangé les crêpes.
- Mortimer ?
- Le zèbre.
Quoi ?
- Le zèbre.
- Laisse.
Silence.
- Primo. Eric ?
- Monsieur ?
- Génial, le chapeau.
- Merci.
Secundo.
Le magasin fait preuve
d'une grande détresse émotionnelle.
Détresse ?
- Quoi ? Vous n'avez donc rien vu ?
- Beaucoup lui échappe.
Ce qui ne m'a pas échappé,
c'est la mise en demeure.
C'est heureux, encore un peu
et vous aviez affaire aux huissiers.
- Il était dans le bureau.
- Oh, je vois.
Je constate que le magasin
est extrêmement triste
et vous m'en voyez fort affligé.
Voyez-vous,
j'ai essayé d'imprégner ce magasin
des attitudes,
de l'imagination et de l'émotion
propres aux enfants
qui viennent y jouer.
De ce fait, il est sujet aux mêmes
débordements que ses puérils clients.
- D'où cette réaction émotionnelle.
- Tout juste.
Il a peut-être besoin d'une punition.
Excusez-moi, est-ce que
nous parlons bien d'un magasin ?
Le mutant ne sait-il pas
qu'il est magique ?
J'ai essayé de lui dire.
Il est magique, Mutant.
Il peut faire un tas de choses.
Il a commencé à s'assombrir
quand Henry est arrivé.
- Moi ?
- En effet, Eric.
- Quoi ?
- De grâce.
Si par ma faute,
votre boutique magique fait faillite,
- je signerai un formulaire.
- Vous ne faites que ça ?
- Remplir des formulaires ?
- Non, je les reçois aussi.
- Du calme.
- J'en remplis, j'en reçois.
Je ne suis en rien responsable
des événements d'aujourd'hui.
- J'étais juste au bureau.
- Juste ?
Lâchez-moi avec ce mot, voulez-vous ?
Parlons juste entre adultes.
Ça suffit.
La présence de M. Weston
est une coïncidence
et non la cause de tout ceci.
Le seul but
de la présence de M. Weston,
c'est d'établir mon héritage.
Votre héritage ?
Mahoney dirigera le magasin ?
- Cool.
- Comment ça ?
C'est son testament.
Testament ?
Comment le savez-vous ?
Je vous l'ai dit, très chère.
Je pars.
Oui, en retraite ou... en vacances.
Sinon, où partirez-vous ?
Mahoney, je crois qu'il veut dire
qu'il s'en va au Ciel.
- Pas vrai ?
- Le Ciel, l'Élysée, le Shangri-La.
- Je reviendrai peut-être en bourdon.
- Vous allez mourir ?
- Tout feu meurt. Je vous quitte.
- Attendez.
- Mahoney.
- Attendez.
Êtes-vous malade ?
Non ? Quand comptiez-vous partir ?
Vers quatre heures trente.
Ce matin, il parlait en charabia.
- En charabia ?
- Il a eu de la fièvre et a sombré.
- Pas du tout.
- Pendant au moins cinq minutes.
Et depuis qu'il est revenu à lui,
il est comme ça.
- En état de délire ?
- Je ne délire pas.
- Il n'a plus toute sa tête.
- Sornettes.
- Balivernes.
- Il dit que sa boutique est magique.
- Vous y travaillez.
- Qu'il a 242 ans.
- Et qu'il est inventeur.
- Non, pas 242.
J'ai fêté mes 243 ans
et vous avez acheté des ballons.
- Je vois, il a dû prendre un coup.
- Un coup ?
Le seul coup qui me soit arrivé,
c'était un coup de génie.
- Administrez-lui un tranquillisant.
- Pourquoi mentez-vous ?
- Parce qu'il le faut.
- Mais vous irez en enfer.
Je m'en moque. Vous devez vivre.
Très chère.
J'ai vécu.
- C'est difficile.
- Oui, ça l'est.
- Sachez que je suis inquiet.
- Moi aussi.
Je ne trouve nulle trace
d'une assurance hospitalisation.
- Quoi ?
- Les soins sont exorbitants.
- Mutant.
- Oui ?
Il va mourir.
- Raison de plus pour se tenir prêt.
- Se tenir prêt ?
J'ai appris la nouvelle
il y a une heure à peine.
- J'essaie d'être aimable.
- Épouvantable, oui.
C'est juste... Non rien.
- Peut-être devriez-vous rentrer ?
- Je peux rester.
Mutant ?
Rentrez.
- Tu sais...
- Salut.
- Ne sois pas si dure avec le mutant.
- Il est venu parler assurance.
Je sais mais c'est la seule chose
qu'il trouve à dire.
- Que faire ?
- Je n'en sais rien.
- Mais on a un autre problème.
- Lequel ?
- M. Magorium...
- Oui ?
Il n'a pas de pyjama.
- Les médecins n'ont rien trouvé.
- Évidemment. Je vais très bien.
- Alors pourquoi partez-vous ?
- Mon heure est venue.
- C'est tout ?
- Naturellement.
- On fera quoi, sans vous ?
- Diriger la boutique.
- Mais j'ignore comment.
- Vous avez le cube de Congreve.
- Il ne fait rien.
- Qu'en avez-vous fait ?
- J'ignore quoi en faire.
- Essayez d'imaginer.
- Je peux imaginer un million de choses.
- Il y a un million de possibilités.
Mais que se passerait-il,
si quelqu'un,
juste une fois...
...croyait en lui ?
Je ne comprends pas.
Eric. Que fait un vigoureux
jeune homme
dans cette chambre
de malades à peine assurés ?
Bonjour, Docteur.
- J'apporte quelques affaires utiles.
- Super.
Veux-tu tenir compagnie
à M. Magorium ?
- J'ai à parler au docteur.
- Bien sûr.
Mahoney, pourquoi donc ?
Êtes-vous malade ?
- Montre-moi ça, Eric.
- Très bien.
- Prêt ?
- Prêt.
Un pyjama.
- Une brosse à dents.
- Électrique qui plus est.
- Et... ?
- Un microscope.
Un tuyau d'arrosage.
Ainsi que l'ajutage.
- Une planche de bois.
- Je te remercie.
Et ceci.
- Eric, qu'est-ce c'est ?
- Un baryton.
Magnifique, donne-moi ça.
S'il n'a rien,
nous devons le renvoyer.
Cet homme est en bonne santé.
Aussi vieux et magique
qu'il prétende être.
- Vous devez le ramener chez lui.
- Non.
Essayez de comprendre.
Il a décidé que son heure était venue.
Dans ce cas, veillez à lui donner
assez de raisons de vivre.
Que... ?
- Que faites-vous ?
- Je m'exerce au baryton.
Au quoi ?
Pour donner un concert
en psychiatrie, demain.
Il y a des gens
qui essaient de dormir.
Ne faut-il pas une signature
pour me retirer ce baryton ?
- Où diable avez-vous trouvé ça ?
- Je l'ai trouvé dans la réserve.
Nous n'avons rien de tel
dans nos réserves.
Où l'aurais-je trouvé, sinon ?
- Que fais-tu ?
- Je me tiens sur une chaise.
Ça suffit.
Sortez d'ici, tous les deux.
Vous reviendrez demain.
- Salut.
- Salut, Eric.
Au revoir, Mahoney.
- Ne partez pas avant demain.
- D'accord.
Quant à vous, jeune homme,
reposez-vous.
En effet, c'était épuisant.
Que faisait ce garçon ?
Il veillait à me donner
un espace pour dormir.
Très bien.
Puisque tu es censé m'aider...
Puisque tu es censé m'éclairer
sur le moyen de tout arranger...
S'il te plaît.
Fais-le maintenant.
Je me débrouillerai.
Ce chapitre s'intitule :
Autre sentiment, autres pensées
et autre pantalon
- Bonjour.
- Comment va-t-il ?
Je viens prendre quelques affaires
et je ne reviens plus de la journée.
Je comptais juste travailler
au bureau, ou bien...
- Je peux travailler ici.
- Travaillez où vous voulez.
Je veux parler des jouets,
en cas d'urgence.
Une demande pressante.
Je pourrais aider.
- Vraiment ?
- Oui.
Si c'est l'anniversaire de Timmy,
si quelqu'un est à court de lego...
- Vous voulez tenir le magasin ?
- Puisque je suis là...
- Mutant ?
- Je veux tenir le magasin.
J'ai attendu deux heures
sur ce banc de malheur dans ce but.
- Pourquoi ?
- Parce que je suis un abruti.
Parce que vous avez l'impression
que ça m'est égal.
Mais ce n'est pas vrai. C'est juste...
Certains offrent des fleurs,
envoient une carte,
ou réconfortent.
Moi, je vérifie
si les papiers sont en règle.
Aujourd'hui,
j'aimerais que ce soit différent.
Je vous aime bien
et j'aimerais vous aider.
Mutant.
Quand vous me regardez,
que voyez-vous ?
De très jolis yeux.
Non, je veux dire...
Voyez-vous
quelque chose qui scintille ?
Comme des paillettes,
sur votre visage ?
- Non, comme un scintillement.
- Quel genre de scintillement ?
Comme le reflet de quelque chose
de grand, qui cherche à sortir.
Je n'ai rien dit.
Non, ce n'est peut-être pas
un scintillement.
- Mais plutôt une étincelle ?
- Oubliez ça.
- Ou une lueur ?
- Ce n'est rien.
- Il y a ce truc, avec vos doigts.
- C'est une marotte.
Ce n'est pas un scintillement.
- Bonjour, rossignol.
- Bonjour.
- Voyez. Un pantalon.
- Qu'est-ce qu'il a ?
Rien, c'est un pantalon.
- Moi de même.
- Merveilleux.
- En route pour la boutique ?
- Suivez-moi.
- En fait, j'ai le trac.
- Pourquoi ?
Parce que c'est terriblement puéril.
- J'en trépigne.
- Parfait.
Prêt ? Quand je dis "Partez".
Non, je vous ai dit
que je ne partirais pas.
- Bon. Alors à "triscadécaphobie".
- Excellent.
Prêt ? Attention...
Triscadécaphobie !
Trikakédaphobie !
- Puis-je parler à votre supérieur ?
- Jim, ce type veut te parler.
- Je peux vous aider ?
- Je suis honoré.
Je m'interroge
sur les pains pour hot-dogs.
C'est la dernière.
- Dans 37 secondes.
- Parfait, bien joué.
- On attend.
- Non, on respire.
On vibre et on se régénère.
Nos cœurs battent, notre esprit crée.
Notre âme éprouve.
37 secondes bien employées
sont une éternité.
Ce qui me trouble,
c'est que personne ne sait.
Un expert du hot-dog devrait pourtant
avoir un avis sur ce fait étrange.
- Voilà l'endroit.
- C'est l'endroit ?
Mahoney,
je suis extrêmement intrigué.
- Eh bien ?
- Dansez.
Brillante idée.
Quelle merveilleuse dernière journée.
- N'arrêtez pas, dansons encore.
- Ça ira comme ça.
Pourquoi tout ceci ?
Vous raterez tout cela,
si vous partez.
Je vois.
Je croyais que
nous fêtions mon dernier jour.
- Ce ne peut être votre dernier jour.
- Mais ça l'est.
Et grâce à vous, il est remarquable.
Il me faut encore un téléphone public
et ma vie sera complète.
Quoi ?
Où, là ?
Oh, tu as raison.
Tu es un génie.
- Tu devrais enseigner les maths.
- Bonjour.
Hé, bonjour.
- C'est drôlement calme.
- Oui, il n'y a personne.
- Mahoney est partie, il n'y a que moi.
- Vous êtes là depuis ce matin ?
Et le magasin ne s'est pas effondré ?
- Que faites-vous ?
- Je relève le code marchandise.
Non, avec Einstein.
- Qui ?
- Avec Einstein.
Einstein ? C'était juste comme ça.
- Je passais le temps.
- Vous "jouiez à" ?
Quoi ? Non, je ne...
J'occupais juste mon esprit.
À défaut d'autre chose.
- Tu saisis ?
- Oui.
- Bien.
- Ça s'appelle "jouer à".
Ce n'est rien.
Vous pouvez continuer à jouer, Mutant.
Je ne le dirai à personne.
- Et voici.
- Parfait. Allons-y.
La boutique de M. Magorium.
Spécialiste en jouets,
pas en automobile.
Eric, j'appelle
depuis une cabine.
Super.
J'ai deux choses à te dire.
Superbe, le chapeau.
- Merci.
- Et secundo...
Trouve-toi des amis.
- D'accord ?
- D'accord.
Je t'aime.
À présent,
passe-moi le mutant.
Henry, un appel pour vous.
- Allô ?
- Je dois vous dire
quelque chose d'important.
Veuillez introduire 35 cents.
Allô ?
Veuillez introduire 35 cents.
Veuillez introduire 35 cents.
Il finira par l'apprendre.
Bon, essaie encore.
Allez, c'est ridicule.
Il faudra bien
que tu le fasses un jour.
Essaie.
- Que fais-tu ?
- Ce ressort a le trac.
- Je crois qu'on forme une bonne équipe.
- Je le crois aussi.
Mais les jouets ont du mal.
Oui.
- On arrête là ?
- Oui, c'est l'heure.
- Bien. Les dames.
- Quoi ?
Le jeu de dames.
- Il faut que je retourne à l'agence.
- Allez, Henry. Une partie.
Une prochaine fois.
Juste une ?
- Henry.
- Oui, bonhomme ?
Est-ce que...
- Oui ?
- Eh bien...
Mahoney me raccompagne d'habitude.
Et il commence à faire noir.
- Je te raccompagne chez toi ?
- Merci.
Où trouves-tu tous ces chapeaux ?
- Dans ma chambre.
- Tu en as un différent chaque jour.
- Oui, je les collectionne.
- Tu les collectionnes, hein.
M. Magorium dit qu'il n'a jamais vu
une collection aussi fabuleuse.
Je connais des gens
qui possèdent plusieurs chapeaux.
Tu es le premier
qui dit les collectionner.
Vous voulez les voir ?
- Essayez de vous contenir.
- Entendu.
Pas mal, hein ?
Quand tu disais "beaucoup",
je songeais à une vingtaine.
Non, j'en ai bien plus que ça.
- Tu les portes tous ?
- Bien sûr.
À quoi ça rimerait, sinon ?
- Vous voulez en essayer un ?
- Non merci, c'est gentil.
- Henry.
- Oui ?
Vous et moi savons
que vous en avez envie.
Mais je ne sais pas par où commencer.
Ce dragon a besoin d'une brosse
à dents, Votre Excellence.
Il a englouti la moitié du bourg,
son haleine est fétide.
- Il a mangé le bourg ?
- Le boulanger et sa femme.
Le menuisier et ses trois fils,
et comme dessert... Approchez.
- Il a avalé le cordonnier.
- Bonne idée, bouffon.
- Va et brosse les dents du dragon.
- Mais il ne m'aime pas.
- Eh bien ?
- Eh bien, il est plutôt énorme.
Et il ressemble étrangement
à un cure-dent tout pourri.
Eric ?
Tu as trouvé un...
- Qui est-ce ?
- Le mutant.
- Le quoi ?
- Henry.
Henry.
Désolé. Henry.
- Et Henry qui ?
- Weston, je travaille...
- Que faites-vous chez moi ?
- Je jouais à faire semblant.
Ne sois pas méchante avec lui,
il est mon ami.
- Je le suis ?
- Oui.
Cool.
Vous n'avez plus l'âge
de vous déguiser.
Absolument. Je suis désolé.
Il est déjà ***.
J'ai du boulot qui m'attend.
D'ailleurs, j'y cours.
- À plus ***.
- Et tes devoirs, Eric ?
- Il a travaillé toute la journée...
- Vous partiez, je crois ?
En effet. Désolé.
Au revoir.
- Mahoney.
- Ne partez pas.
Il le faut.
Je ne suis pas prête.
Je ne suis pas encore prête.
Je regrette.
Lorsque le Roi Lear meurt,
qu'a écrit Shakespeare ?
Il a écrit : "Il expire."
Tout simplement.
Sans fanfare, sans métaphore,
sans grande parole.
Le point culminant de cette éminente
œuvre dramaturgique tient en ceci :
"Il expire."
Shakespeare, un génie,
a simplement écrit : "Il expire."
Pourtant, quand je lis ces deux mots,
je me sens envahi
par une profonde affliction.
Il est naturel d'être triste.
Pas à cause des mots "Il expire".
Mais en raison de la vie
dont ces mots nous privent.
J'ai vécu plus que
mes cinq épouses réunies.
Je ne vous demande pas
de vous réjouir.
Je vous demande seulement
de tourner cette page.
Continuez à lire.
Pour que commence
la prochaine histoire.
Et si on demande
ce qu'il est advenu de moi,
racontez ma vie,
dans tout ce qu'elle a de merveilleux.
Et terminez par ces mots
simples et modestes : "Il expira."
Je vous aime.
Moi aussi.
Votre vie est une aubaine.
Saisissez-la.
Adieu, chers amis.
1764 - 2007
Impresario des jouets
Amateur de merveilleux
Fervent porteur de souliers
Ça va aller.
Tu peux arranger ça.
N'est-ce pas, Mahoney ?
Mahoney, on va ouvrir le magasin.
- On verra bien.
- Je regrette, Eric.
- Je t'aiderai, ne pars pas.
- Eric...
- Mahoney, ne pars pas.
- Je regrette.
Il suffit d'un peu de magie.
Je le sais.
Je n'en possède pas.
Ce chapitre s'intitule :
Un nouveau commencement.
À vendre
- Eric ?
- Que fais-tu ?
- Je joue Jennifer Juniper.
- Pourquoi ?
- Parce que quelqu'un l'a demandé.
- Non, pourquoi es-tu ici ?
- Je dois gagner ma vie.
- Ouvre la boutique.
C'est impossible.
Écoute.
J'aimerais beaucoup
mais je ne suis pas M. Magorium.
- C'est pour ça, l'affiche ?
- Oui.
Je suis navrée.
Je ne voulais pas te décevoir.
- C'est ce que tu veux ?
- Non.
Mais je ne peux rien faire d'autre.
Arrête de dire ça.
Eric,
je sais que c'est pénible pour toi.
Ça l'est pour moi aussi.
Mais il faut que je grandisse.
C'est pour ça
qu'il t'a donné la boutique.
Seigneur, je vois pourquoi
vous faites faillite. C'est déprimant.
- Je peux jouer là-bas ?
- Bien sûr.
- Jack, ne touche à rien.
- Ne vous tracassez pas.
Laissez-le jouer.
Je vous montre l'escalier en hélice.
Tu veux voir ?
Je te montre.
Cool, c'est géant.
C'est un aimant.
- Comment ça marche ?
- Je ne sais pas. C'est...
C'est magique ?
Eh bien...
J'en ai l'impression.
C'est une excellente source
de revenus.
Ces planètes et ces fusées...
J'avoue que cet intérieur
est inexploitable.
Il n'a pas été conçu
dans cette optique.
Au niveau de la superficie,
ça en vaut la peine.
- Tout ceci est compris ?
- Oui. La caisse.
Le toboggan.
Les arbres, les planètes.
- Le vaisseau spatial, la porte magique.
- Bien. C'est parfait.
Je vous ferai signe.
- Jack, trésor. On s'en va.
- Maman, viens voir.
Maman n'a pas le temps.
Elle a un tas d'immeubles à visiter.
- On vous contacte.
- Maman, c'est magique.
Je suis venu vous faire
une offre pour le magasin.
Quoi ?
Je ne puis payer la totalité
du montant et je n'ai que neuf ans.
Mais mon offre
pourrait vous intéresser.
Le document stipule que
Mahoney recevra un acompte
de 237 dollars en menue monnaie
et un chèque de Noël de ma grand-mère.
Vous toucherez mon argent de poche
et un joli pourcentage
sur nos bénéfices hebdomadaires.
Je précise que mon âge est avantageux
car il me reste plus de semaines
à vivre que tout autre acheteur,
et donc d'argent de poche.
- Pourquoi fais-tu ça ?
- Je...
Je veux me lancer dans l'immobilier.
Vendre des propriétés.
Me forger un nom dans cette ville.
Il faut investir dans l'avenir.
Bonhomme...
Eric, arrête.
Je tiens à cette boutique.
- Je ne veux pas que ça change.
- Je vois.
- Je sacrifierais même ma collection.
- Ne fais pas ça.
Il doit bien y avoir une solution.
Je vous en prie.
Elle va commettre
une terrible erreur, Mutant.
On ne peut la laisser faire.
Vous êtes mon ami.
Aidez-moi.
S'il vous plaît.
Salut
Bonjour.
Que s'est-il passé ?
Je doute que vous puissiez comprendre.
- J'ai du neuf.
- Ah ?
Quelqu'un a fait une offre.
Une bonne offre, en cash.
La femme qui est venue aujourd'hui.
Il est *** mais elle insiste.
Réfléchissez.
Vous donnerez votre réponse
demain matin.
D'accord.
- Je devrais accepter, dites-moi ?
- Eh bien...
Dites-moi si je dois accepter.
En tant que professionnel,
je dirais que c'est une offre unique.
C'est plus qu'on espérait.
Ce serait stupide de ne pas accepter.
Mais je ne suis pas venu ici
en tant que tel.
Je suis ici en tant qu'ami.
Gardez le magasin.
Vous n'y croyez même pas.
- Non mais...
- Je ne peux pas.
J'aimerais.
Mais c'est juste impossible.
Juste impossible ?
- Oui, j'en ai bien peur.
- Qu'est-ce que c'est ?
Le cube de Congreve.
Il est censé me révéler un mystère.
- On dirait un bloc de bois.
- Ça l'est.
Ce bloc est censé
vous révéler un mystère ?
C'est un bloc magique, Mutant.
Entre de bonnes mains, il libère
quelque chose de grand qui...
dépasse l'imagination.
- C'est impossible.
- C'est ce qui coince chez vous.
C'est ce qui vous a échappé.
À chaque minute, chaque jour,
dans chaque coin,
l'impossible se produisait.
Vous voulez qu'on croie ça ?
Que c'était magique ?
Vous n'avez rien vu.
- Que ce n'est pas un simple bloc ?
- Bien sûr.
Je le crois de tout mon cœur.
Mais voilà.
Seul M. Magorium pouvait créer cela.
- C'était sa boutique.
- Est-ce que...
C'est gentil d'être venu mais...
C'est fini.
Dites encore
que ce bloc n'est pas magique.
Il est magique.
- Quoi, Mutant ?
- Redites ça. C'est plus qu'un bloc.
C'est bien plus qu'un simple...
Mahoney. Il bouge, c'est certain.
Bouge.
Tu peux faire mieux que ça. Bouge.
Ne t'inquiète pas. Si tu tombes,
je serai là pour te ramasser.
Bouge.
Je rêve.
Ce chapitre s'intitule :
Il faut le croire pour le voir.
Ou : Quand le mutant s'en mêle.
Mutant ?
Mutant. Réveillez-vous,
la Belle au bois dormant.
Il y a du monde, ici.
- Quoi ?
- Debout, petite marmotte.
Bonjour.
Désolée mais vous avez assez dormi.
Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai mal, j'ai dû me cogner la tête.
- Ah, bon ?
- Sans doute en perdant connaissance.
- Comment ça ?
- J'ai tourné de l'œil.
- Je n'ai rien vu.
Si, hier soir.
- Hier, je suis rentrée chez moi.
- Non, avant que...
Je me suis évanoui.
- Je crois que vous êtes nébuleux.
- Non, j'ai perdu connaissance.
- Après avoir vu le cube voler.
- Quel cube ?
Quel cube ?
Mahoney, le cube de Congreve.
Vous l'avez fait voler dans la pièce.
Vous avez dû rêver. Vous êtes resté
pour examiner les offres.
- Vous vous êtes endormi.
- Non, je n'ai pas rêvé du tout.
Je me suis évanoui.
J'ai vu ce bloc voler.
Aucune importance.
Le magasin est vendu.
Quoi ?
La fameuse offre.
Ce sera réglé ce matin.
- Ne faites pas ça.
- Pourquoi ?
Parce qu'il est magique.
- Parce que vous le croyez vraiment ?
- Oui.
N'est-ce pas difficile à croire ?
Non, je ne pense pas.
Pas du tout. Dorénavant...
Je crois que vous avez
le pouvoir de tout réaliser.
C'est ce que vous êtes.
Un bloc de bois.
- Je suis un bloc de bois ?
- Oui, Mahoney. Vous l'êtes.
Vous ne devez pas croire
en ce bloc, ce magasin, ou moi.
Vous devez croire en vous.