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Le merle siffle sa chansonnette
Les jonquilles sont guillerettes
Les fleurs, toutes en fête
Le délicieux printemps est là !
Le Tout Petit Lutin
Les écureuils chantent en babillant
Ils sont joyeux et sautillants
Vive les chansons, vive le printemps
Quel doux, quel délicieux printemps !
Dans la forêt, jouons
Avec les lapins folichons...
Désolé, mais ce n'est pas ça
que vous allez voir.
Le film que vous allez voir
est extrêmement déplaisant.
Si vous voulez voir
"Le Petit lutin",
il reste sûrement de la place
dans la salle n° 2.
Mais si vous aimez les histoires
avec des orphelins malins
et plutôt mignons,
des incendies suspects,
des sangsues carnivores,
des recettes italiennes et des
organisations secrètes, restez...
tandis que je reconstitue
chacun des événements infortunés
de la vie des enfants Baudelaire.
Je m'appelle Lemony Snicket,
et j'ai le douloureux devoir
de rapporter ces faits.
Violette Baudelaire, l'aînée,
était, à 14 ans, l'une
des meilleures inventrices du monde.
Quiconque la connaissait la savait
en pleine fièvre inventrice
quand elle se nouait les cheveux.
Dans un monde d'objets
au rebut,
Violette savait qu'elle trouverait
toujours quelque chose.
Quelque chose à transformer illico
pour presque chaque occasion.
Et nul n'était plus apte à tester
ses inventions que son frère.
Klaus Baudelaire, le second,
adorait les livres,
ou, plutôt, ce qu'il y apprenait.
Les parents Baudelaire
avaient une immense bibliothèque.
Une pièce emplie de milliers de
livres sur presque tous les sujets.
Rien ne réjouissait davantage Klaus
que de passer un après-midi
à se remplir la tête
de leur contenu.
Et tout ce qu'il lisait,
il s'en souvenait.
Prunille, la benjamine,
avait un passe-temps différent.
Elle aimait mordre
de ses 4 dents bien tranchantes.
Il y avait fort peu de choses
que Prunille n'aimait pas mordre.
Prunille était à l'âge
où l'on s'exprime
en poussant des cris
incompréhensibles.
Par exemple...
Autrement dit :
"Regardez la silhouette mystérieuse
sortant du brouillard."
Ou peut-être :
"Que fait un banquier comme M. Poe
à crapahuter dans le sable
"pour nous retrouver
à la plage de Malamer ?"
Les enfants, j'ai le triste devoir
de vous informer
d'un événement
extrêmement malheureux.
Je suis navré, mais vos parents
ont péri dans un incendie
qui a détruit votre maison.
Si vous avez perdu quelqu'un
de très cher,
vous savez ce que l'on ressent.
Dans le cas contraire,
c'est impossible à imaginer.
Nul ne connaît
la cause de l'incendie Baudelaire.
Tout ce que nous avons découvert
après enquête,
c'est que l'incendie
a été allumé à distance
par réfraction et convergence
de la lumière.
En quelques instants,
le manoir entier flambait.
Et, tout aussi mystérieux
que l'origine de l'incendie,
d'autres mystères commencèrent
à se présenter aux yeux des enfants.
Chaque famille a ses secrets,
des portes restées fermées.
Mais à présent,
au moindre indice,
le cerveau de Klaus
bouillonnait de questions.
Que faisait cette longue-vue
dans le bureau de son père ?
Allaient-ils découvrir
d'autres secrets sur leurs parents ?
Ces questions resteraient
peut-être sans réponse.
Et ainsi, d'un seul coup,
les enfants Baudelaire
devinrent les orphelins Baudelaire.
Je vous avais prévenus.
Vous pouvez encore sortir du cinéma,
du salon ou de l'avion où
ce film est projeté.
Il n'est pas trop *** pour voir
"Le Joyeux petit lutin".
Suivez-moi.
En tant que directeur
du Comptoir d'Escompte Pal-Adsu
et exécuteur testamentaire,
je dois gérer votre argent
jusqu'à votre majorité
et vous confier à votre
plus proche parent.
Je vous emmène donc
chez votre cher comte Olaf
qui habite tout près,
à 37 rues d'ici.
Ce n'est pas ça que
"plus proche" signifie.
- On ne le connaît pas.
- Mais si.
Votre arrière-cousin ou votre
arrière-arrière-cousin.
Pas doué en généalogie.
Il est acteur de métier.
N'est-ce pas excitant ?
Vous devriez vous estimer heureux.
Une telle générosité est rare
dans cette profession.
Nous y voilà.
Votre nouveau chez-vous.
N'est-ce pas ravissant ?
Vous devez être les Baudelaire.
J'étais navrée
d'apprendre votre malheur,
mais ravie de votre venue.
Je suis le juge Abbott
de la Haute cour.
Je suis Violette, voici mon frère Klaus
et ma sœur, Prunille.
Poe, Escompte Pal-Adsu.
- Enchanté.
- Ravie.
- Votre maison est magnifique.
- Merci.
Venez me rendre visite
quand vous voulez.
Visite ?
Vous ne vivez pas avec le comte Olaf ?
Vivre avec le comte Olaf ?
C'est mon voisin.
Si on dormait dehors ?
Intrusez donc !
Ne lambinez pas, entrez.
Je suis votre bien-aimé comte Olaf.
Bienvenue
dans ma charmante demeure.
Puissiez-vous trouver le réconfort
dans la chaleur maternelle de ce...
cocon douillet.
Ou comme les Grecs
de l'Antiquité disaient,
"Orphelis refugio blabla,
blabla, blabla..."
La musique fait un crescendo.
Pivot sur le pied droit.
Et pose à la Broadway !
Pas tout à fait l'effet escompté,
mais vous voyez l'idée.
Ma chère...
VIOLETTE, KLAUSE, L'AUTRE
Violette...
Enchanté.
Comment allez-vous ?
Tu dois être Klaus.
Le jeune Klaus.
Ton profil gauche est le meilleur.
Et...
c'est quoi, ça ?
Ceci, c'est Prunille.
Navré, je ne parle pas ouistiti.
Banane.
Je suis pas un singe !
Prunille est notre sœur.
Vous avez l'air sinistres.
Pourquoi cet air lugubre ?
Nos parents sont morts.
Ah oui, bien sûr.
Quelle horrible tragédie.
Attendez, je la refais.
Redonne-moi la réplique.
Vite, tant que je l'ai en tête.
Nos parents sont... morts ?
Quel schnock !
M. Poe.
J'élèverai ces orphelins
comme s'ils étaient vraiment désirés.
Vous parlez de fardeau,
de sacrifice,
vous faites erreur, monsieur,
vous devriez avoir honte !
Cette idée !
Bon, où je signe pour la fortu...
Je veux dire, pour les mômes ?
Vous n'aurez pas officiellement
la tutelle avant l'audience,
jeudi matin.
Et j'en fais quoi, en attendant ?
Pardon ?
Je veux dire...
Vous faites de la muscu ?
Vous avez l'air en forme.
Il faut que je retourne à la banque.
Je vous offre
de quoi vous humecter le gosier ?
Un verre de Porto ?
Du café ?
- Peut-être...
- Une autre fois, alors.
- Si besoin est, téléphonez-moi...
- Non, on va très bien.
Des questions ?
Mon humble logis
n'est pas aussi chic
que le manoir Baudelaire,
mais je vais bientôt hériter
d'une coquette somme.
Et je pense que ce sera...
ravissant quand tout sera fini.
Le tour du propriétaire ?
Voici la salle de séjour.
La cuisine.
Je sais ce que vous pensez.
Un peu de ménage tomberait à pic.
Vous êtes vaccinés contre le tétanos ?
Polio, variole, typhoïde, malaria ?
La salle de divertissement
ou salle de jeux.
Le plafond peut être
retapé en un éclair.
Vous n'avez pas le vertige ?
Imaginez !
Un ouistiti sujet au vertige !
Mon théâtre. Par ici.
Qu'y a-t-il, là-haut ?
La tourelle...
où vous ne devez jamais pénétrer...
sous aucun prétexte.
Pour dormir, si vous avez le temps.
Bonne nuit.
Il fait encore jour !
Vous l'avez peut-être remarqué,
les premières impressions
sont souvent fausses.
Par exemple, quand Prunille est née,
Klaus ne l'aimait pas du tout.
Mais elle n'avait pas 6 semaines
qu'ils étaient comme larrons en foire.
Ce qui signifie ici jouer à lancer,
rapporter et mordiller
des heures durant.
Mais dans le cas du comte Olaf...
Orphelins !
Ils avaient raison.
Chaque matin, le comte Olaf
donnait aux enfants
une multitude de corvées.
Ensuite, il se rendait
dans sa mystérieuse tourelle.
Et, pour aussi désastreuse
qu'elle semblait être
leur situation n'allait qu'empirer.
... et j'ai réalisé que ces coquines
m'avaient volé un rein.
Imaginez ma surprise.
Orphelins, voici
ma troupe de théâtre.
- Troupe de théâtre, les orphelins.
- Z'ont pas l'air riches.
Quels affreux microbes.
Vous ne préparez pas notre dîner ?
Dîner ?
C'est le mot français
pour le repas du soir.
Au verso, retourne.
Dans la salle à manger à 20h.
Et silence pendant notre répétition.
On n'a jamais préparé de dîner.
- Il est déjà 19 h 30.
- 20 h !
Ça sera des pâtes.
Distribuons les rôles.
Alors, qui va jouer...
le comte le plus séduisant
du monde entier ?
Vous le feriez, monsieur ?
Bon, d'accord.
"Pâtes à la puttanesca",
ça veut dire "avec 3 fois rien".
Génial.
Prunille, coup de main.
Je suis sur le coup.
- Il nous faut un faitout.
- Pas de faitout.
- Et une passoire.
- Pas de passoire.
Merci.
Je t'en prie.
Et une casserole.
Voici un petit sketch
intitulé "La chaise électrique".
Je crois qu'il faut plus de jus.
Y a quelqu'un ?
Une passoire. Génial !
Prunille, le faitout ?
Ça y est.
Prunille, c'est pas un faitout.
C'est un crachoir.
Un crachoir ? Tu veux dire...
On le lavera 2 fois.
Alors ?
C'est bon. Très bon.
L'heure ?
Remontons
à l'époque préhistorique,
quand les dinosaures
régnaient sur la terre.
On demande
les orphelins Baudelaire.
Que veux-tu ?
Le dîner est servi.
Puttanesca.
De quoi tu me traites ?
C'est des pâtes à la Puttanesca.
Où est le rosbif ?
Le rosbif ?
La viande. Le rosbif.
C'est le mot suédois
pour un rôti de bœuf.
Vous n'aviez pas dit
que vous en vouliez.
Vous savez,
le monde est très vaste.
Plein d'orphelins aux abois prêts
à traverser un océan de punaises
pour être éclipsés par l'ombre
de mes succès.
Mais je me moque d'eux.
J'ai choisi d'ouvrir mon cœur...
à vous deux, mes mignons
et à votre hideux primate.
En échange, je veux juste
que vous fassiez mes 4 volontés,
pendant que je profite de l'immense
fortune laissée par vos parents.
Sale petit...
Pas touche cacatoès !
Je vais mordre plus haut !
Ne vous moquez pas de moi !
Ah d'accord, vous êtes fou.
Il est temps que vous appreniez
un peu le respect.
Laissez-la !
Monstre !
Vous êtes témoins, il a glissé.
Vous n'aurez pas un sou
avant les 18 ans de Violette !
Vraiment ?
- Qui dit ça ?
- La loi. Vérifiez.
On va se plaindre à M. Poe.
Vraiment ?
Vous me décevez beaucoup.
Reprenons.
- Ça va ?
- Non.
Klaus, qu'est-ce que tu fais ?
- Je m'en vais.
- Où ?
Chez nous.
C'est ici chez nous, maintenant.
C'est pas chez nous.
Chez nous, c'est là
où tes parents te bordent,
t'apprennent à faire du vélo,
où ils sont émus
à ton premier jour d'école.
Ça, c'est pas chez nous.
Comment ils ont pu nous faire ça ?
Ils sont méchants.
Pas eux. Maman et papa.
Tu penses pareil.
Comment ils ont pu ?
Ils n'ont rien prévu pour nous ?
Peut-être que si.
C'est fou ce que ça se voit.
Tu te souviens quand maman et papa
sont allés en Europe ?
On se croyait abandonnés
car ils n'avaient pas écrit.
En fait, la poste
avait perdu leur lettre.
On s'est sentis coupables
d'avoir pensé du mal d'eux.
C'est pareil.
Pas vrai.
Pourquoi ?
Parce qu'ils ne sont pas en Europe.
Ils ne reviendront pas.
Tu crois qu'on se sentira
chez nous, un jour ?
"Sanctuaire" est un mot
qui signifie ici
un petit nid protégé
dans un monde incertain.
Comme une oasis dans un désert,
ou une île dans une mer déchaînée.
Les Baudelaire passèrent
une bonne nuit dans leur sanctuaire,
Je le vois, je le vois.
... mais ils savaient que le monde
incertain les attendait au dehors.
Comme ça.
Un monde qui, je le crains,
se résume en deux mots funestes...
Tutelle accordée.
Certificat de Tutelle
Merci, M. le juge.
Sympa de faire affaire avec vous.
Les enfants,
j'ai réfléchi à notre situation
et je m'aperçois que j'ai été un peu
sur mon quant-à-soi.
Un bien grand mot qui signifie...
- Maléfique.
- Dur mais juste.
Puisqu'on est une famille,
je vais me rattraper.
Je serai un fabuleux papa.
Si on s'arrêtait pour fêter ça ?
Limonade, limonade, banane.
Attention j'ai la dent dure.
Pigé.
Violette.
Il a tout verrouillé ?
HÉRITAGE : LA LOI ET VOUS
Je fais une balade innocente
avec mes enfants que j'aime.
L'horloge est à l'heure ?
Qu'est-ce que c'est ?
Un horaire de train.
"Délice Kiwi-Pastèque",
ma limonade préférée.
Filons !
Il a les clés !
Essaie tout.
Comte Olaf ? C'est Poe.
Je vous rappelle
pour votre question sur l'héritage.
Qui parle ?
Violette, dans la voiture du comte.
Bonjour. Où est le comte Olaf ?
- Pas là, mais...
- Tu es toute seule ?
On est sur la voie ferrée,
le train arrive.
Désolé, je n'entends rien.
Je roule à côté d'un train.
On va être écrasés par un train.
C'est ça, je n'entends rien
à cause du train !
Je te rappellerai de la banque.
Au revoir !
Tu as lu des livres sur les trains.
On fait quoi ?
Aiguillages
L'aiguillage.
Là !
Trop loin.
On doit pouvoir trouver
un truc pour tirer dessus.
- Y a rien !
- Y a toujours un moyen !
Prunille, coupe la tête du lutin.
Avec plaisir !
Rembobine !
Ça y est !
Je voudrais pas te presser.
- Bien visé.
- Merci, tire.
Cher M. Poe,
ne peut-on en discuter en hommes
raisonnables ?
Navré, comte Olaf.
Laisser Prunille au volant
n'est pas digne d'un bon père.
- Il voulait nous tuer.
- N'exagérons pas.
La voiture était à l'arrêt.
Puis-je parler...
aux enfants seul à seuls ?
Salut, les mômes.
On a bien rigolé.
Je vous aurai.
Où que vous alliez, quoi que vous
fassiez, je vous retrouverai !
Vous êtes méchamment morts.
Emmenez-les, M. Poe...
avant que je ne me contrôle plus.
Triompher d'un minable scélérat
peut paraître facile
pour 3 ingénieux orphelins,
mais les Baudelaire savouraient
leur victoire
sur la route de leur nouveau foyer.
Ils ignoraient ce qui les attendait,
mais gardaient l'espoir mesuré
que leur nouveau tuteur
serait mieux que le dernier.
Ou, au moins, n'essaierait pas
de les écraser avec un train.
Vous savez quel genre
de savant c'est ?
Non, j'organisais votre placement.
Pas eu le temps de bavarder.
Juste ciel !
Quelle grande fille !
Tu dois être Violette.
Tu te souviens de moi ?
Sûrement non,
tu n'étais qu'un bébé.
Klaus, on ne s'est jamais vus.
Enchanté.
Quelle poigne solide.
Comme un python birman.
Et Prunille, ma petite Prunille.
Tu ressembles tant à ta chère maman.
Merci beaucoup, M. Poe.
Je prends le relais.
- Je devrais peut-être entrer.
- Avec plaisir.
Vous nous aiderez à purger les vers
des intestins du boa visqueux.
Les enfants, souvenez-vous...
En cas de besoin, vous pouvez
me joindre par téléphone ou par fax.
Bonne journée.
On l'a vite fait fuir, hein ?
Entrez.
On a peu de temps pour faire
les bagages.
Les bagages ?
- Vous avez parlé de bagages ?
- Oui.
Il faut emballer le matériel.
Et puis nos vêtements et le reste.
Étiqueter les serpents qu'on emmène.
Qu'on emmène où ?
Je n'ai pas dit
qu'on allait au Pérou ?
Nous allons au Pérou
demain matin.
N'est-ce pas palpitant ?
Le laboratoire aux serpents.
Bienvenue dans mon humble demeure.
Vous vous y connaissez
en serpents ?
Seulement ce que j'ai lu.
Non, pas beaucoup.
On doit en avoir un ou deux
inconnus des livres.
Je mets le gros patapouf au lit
et je vous présente mes amis.
Par ici...
- Le cobra bicéphale.
- Bien vu.
Il est mâle ou femelle ?
Aucune idée.
Je trouvais impoli de lui demander.
Le crapaud tibétain au 3e œil,
il n'arrête pas de psalmodier.
À présent, venez voir
ma dernière découverte.
Je l'ai trouvée en Tanzanie.
Un spécimen unique.
La mortellement néfaste vipère.
Mon assistant Gustave et moi sommes
peut-être les seuls à l'avoir vue.
Désolé, mon ruban s'est coincé.
Je le remets en place.
Voilà.
Où en étais-je ?
Ah oui, l'attaque
de la mortellement néfaste vipère.
Ne t'en fais pas, mon lapin.
Tout va bien.
Elle ne peut pas te faire de mal.
La mortellement néfaste vipère
ne peut pas lui faire de mal ?
C'est une grosse peluche.
L'une des créatures
les plus affectueuses du règne animal.
C'est un nom trompeur.
J'ai voulu jouer un tour
aux vieux chnoques
de la société d'***étologie.
Oncle Monty,
pourquoi on va au Pérou ?
Ce matin encore, je me demandais :
"Comment filer tous ensemble ?"
Et je me suis dit "Le Pérou".
Il y a des serpents, là-bas.
Mais pourquoi doit-on filer ?
Sais-tu que les serpents ont plus peur
de toi que toi d'eux ?
Peu de gens le savent.
Menacé, un serpent se réfugiera
dans un lieu
calme, sûr, éloigné.
Un sanctuaire
où il se sentira hors de danger.
D'où le Pérou.
Cette longue-vue.
Papa en avait une...
On bavardera plus ***.
Là, j'ai besoin d'une inventrice,
d'un lecteur
et d'une mordeuse.
Vous en connaissez ?
Mes dents sont à votre service,
Monsieur...
En haut, dans les Highlands
Et dans une vallée de légende
George Campbell un beau jour
S'en fut, plein de bravoure
Son noble destrier
Sellé et bridé
Son cheval rentra à l'écurie
Lui, jamais on ne revit
Pétunia, je t'ai dit cent fois
de ne pas faire ça.
Elle me prend pour un arbre.
Je connais cette chanson.
Nos parents nous la chantaient.
Absolument. Comme je la chantais
à mes enfants.
Vous aviez des enfants ?
Et une femme, une maison.
Jusqu'à l'incendie.
L'incendie ?
Je donnerais tout pour dire
que l'histoire se termine là.
Mais tout va s'arranger.
On sera avec des gens
qui nous comprennent.
Qui nous ressemblent.
Qui apprécient les
enfants exceptionnels
qui savent lire, inventer et...
mordre.
Pourquoi faites-vous
tout ça pour nous ?
La famille, ça sert à ça.
"Ainsi, les enfants Baudelaire
allèrent au Pérou
"et eurent de fabuleuses aventures
"avec leur merveilleux
nouveau tuteur.
"Fin"
J'aimerais tant pouvoir écrire cela.
Je donnerais tout pour dire
que l'histoire se termine là.
Hélas, ma mission n'est pas d'inventer
des happy ends inexistants,
mais de relater les événements
de la vie des infortunés
enfants Baudelaire.
Et même s'il m'en coûte,
je dois dire que leurs ennuis
ne faisaient que commencer.
Ils commencèrent par
deux notes musicales.
Je cherche
le professeur Montgomery Montgomery.
Je suis Stephano.
Je suis italien.
Je viens l'assister
dans ses recherches
du mieux que je peux
lui servir d'assistant,
d'observateur.
Vous êtes le comte Olaf.
Pourquoi dis-tu une chose pareille ?
Je n'ai jamais rencontré
de comte Olaf
mais...
je suis sûr qu'il n'aurait
ni la même allure ni la même voix.
Vous êtes Olaf,
vous n'entrerez pas.
Tu devrais peut-être
revoir ton hypothèse.
Voilà pourquoi il ne faut jamais courir
en portant un couteau.
Sages paroles, M. Stephano.
Vous me surprenez
à jouer les mentors.
Merci de nous rejoindre
au pied levé.
Ce n'est rien.
Mon assistant est tombé malade
et m'a appelé il y a une heure.
Il donnerait tout pour être ici.
Dieu merci, vous étiez disponible.
Je suis un fan,
si je puis m'extasier.
Vos travaux ont profondément
influencé mes recherches
à l'aquarium de Monterey Bay...
sur le serpent de mer.
C'est un animal imprévisible.
J'ai été mordu 43... 700 fois.
Surtout au visage. J'ai subi
beaucoup de chirurgie esthétique.
Ils ont fait du bon boulot,
même si ma moustache
est un poil de travers.
Tu ne vas pas gober ça ?
Les enfants peuvent peut-être
m'aider à porter mes bagages.
Mon côté gauche a quelques
problèmes neurologiques.
- Bien sûr.
- Oncle Monty...
s'il te plaît...
Ne soyons pas discourtois
avec notre invité. Allez.
- Qu'est-ce qu'il magouille ?
- Je ne sais pas.
Il n'y a pas de moment idéal
pour qu'un scélérat fasse son entrée,
mais la réapparition d'Olaf,
au moment où le Pr Montgomery
allait révéler son secret
était plus que Klaus
ne pouvait supporter.
Violette, écoute-moi.
Sa longue-vue. J'ai vu la même
dans le bureau de papa.
C'est une coïncidence.
Il n'y a pas de hasard.
Les enfants nous aideront au Pérou.
Vous avez l'expérience des enfants ?
Les enfants sont pour moi
des êtres étranges et étrangers.
Je n'en ai jamais été un.
Je sais qu'ils sont importants
pour l'écosystème.
Il ne nous laissera pas
seuls avec Monty.
- Il faut le prévenir.
- Je m'en charge.
Je nourrissais la murène.
Bien sûr, j'ai joué les fanfarons.
Ça a suffi.
Il suffit d'une fois.
D'une seule fois.
Je lui ai présenté
le hareng fumé dans ma bouche.
Il y avait une équipe
de National Geographic ce jour-là.
Ils ont tout filmé.
On ne s'imagine pas ça
de la murène,
on ne pense pas qu'elle a
une force extraordinaire.
De la force, oui.
Mais assez pour tirer un homme
dans une grotte par le visage ?
Bref, je vous passe les détails :
accident de décompression,
chirurgie plastique...
Mais, à ce que je sache,
le Pérou est un endroit magnifique.
Les plages, les gens,
les lois de tutelle laxistes.
IMPOSTEUR
Les lois de tutelle laxistes ?
J'ai dit ça ?
Saletés de neurotoxines.
Stephano, vous êtes
un merveilleux conteur.
- N'est-ce pas, les enfants ?
- Oh, oui.
Pourriez-vous "traire"
Pétunia pour moi ?
Pétunia...
La traire ?
Pourrais-je ?
Bien sûr, avec plaisir.
On m'appelait "l'as des tétines"
au labo de traite.
Je les trayais toute la journée.
Mais les petites mamelles
sont difficiles à localiser.
Bref, vous ne voulez pas prendre ça
et commencer la fête sans moi ?
Je ne sais pas
si j'ai mon attirail de traite.
Je vais voir.
Il regarde encore ?
Oui.
Ne me regarde pas.
Fais semblant de parler à Klaus.
J'ai compris votre message.
Ne vous en faites pas, je sais.
- Vraiment ?
- Oui.
Une murène ne mange pas
de hareng fumé. Trop salé.
Et vous avez vu
comme il lorgnait ma sacoche
de venins exotiques ?
Vous aviez raison.
Stephano est un imposteur.
- Oui.
- Oui.
Un espion de la société d'***étologie.
Il veut la mortellement néfaste vipère.
Non. Oncle Monty...
Zut ! Vous avez fini.
Je mourais d'envie de la traire.
Ce n'est pas l'heure
d'aller au lit ?
Absolument.
On part tôt demain matin.
Au lit.
Bonne nuit.
Si vous avez du mal à dormir,
je suis juste au bout du couloir
et j'ai le sommeil très léger.
En fait, je ne dors
pratiquement pas.
Tu as un laissez-passer ?
J'étais sûr que non.
Pétunia, tu vas me manquer.
Tu es une si brave fille.
Une si jolie fille.
Mais oui.
Mais oui.
C'est une chose étrange,
la mort d'un être cher.
Oncle Monty ?
Comme quand on monte
l'escalier dans le noir
et qu'on s'attend
à trouver une marche de plus.
On a le pied qui chute
dans le vide
et on connaît un instant chavirant
de noire surprise.
Oncle Monty ?
Les enfants pleuraient
à la fois leur oncle,
et l'espoir qu'ils avaient eu
de trouver un foyer.
En la mémoire du
Dr MONTGOMERY MONTGOMERY
Espoir qui, à cause
d'un acteur diabolique,
s'effondrait à présent lentement.
ami très cher, ***étologue dévoué,
père aimant
Je me sens responsable
de cette tragédie.
J'aurais dû le prévenir
que la mortellement néfaste vipère
est le serpent le plus mortel
de tout l'écosystème.
Je devrais le savoir...
je l'ai découverte.
- Pardon ?
- Inspecteur ?
Fillette, la cage est ouverte.
Pas de serpent, un mort.
Moi, je me dis :
"Qui m'a réveillé
à 9 h du matin pour ça ?"
C'est une morsure de serpent,
aucun doute !
Morsure de serpent.
Merci, doc.
Non, la mortellement néfaste vipère
ne l'a pas tué.
C'est l'une des créatures les plus
affectueuses du règne animal.
On évite la paperasserie ?
Ça serait mieux.
Ces enfants sont bouleversés.
Je me demande même s'il faut
changer leur programme.
Nous devions partir au Pérou demain
et les billets ne sont pas
remboursables.
Doc, votre avis ?
Ça leur permettrait
de faire leur deuil.
Merci.
Je m'occupe de tout.
Grâce à des témoins sur place,
j'ai appris ce qui suit sur le plan
de la benjamine des Baudelaire.
La courageuse Prunille partit d'ici
et s'approcha de la mortellement
néfaste vipère
avec une détermination farouche.
C'est Olaf et ce docteur
est son complice !
Il a voulu nous tuer avec un train.
- Où trouverait-il un train ?
- Bonne question !
Les enfants, assez de bêtises.
M. Stephano ne ressemble en rien
au comte Olaf.
Qui est cet incroyablement
séduisant comte Olaf ?
Leur ancien tuteur qui commit
une erreur de jugement.
Et le tatouage ?
Le comte Olaf avait un œil
tatoué sur la cheville.
Tout pour leur être agréable.
Nickel chrome.
C'est un acteur,
c'est du maquillage.
Docteur, vous m'aidez à accompagner
ces enfants à la voiture ?
Non, M. Poe...
Les témoins sont
d'accord sur une chose.
Le son qu'ils entendirent
était si saisissant, si étonnant
qu'il les hante encore aujourd'hui.
Zut ! C'était un si beau rôle !
Soyez-en sûrs,
les autorités sont aux trousses
de M. Stephano,
de son front sans sourcils
à sa cheville sans tatouage.
Ce monstre italien !
Quoique aux mains
d'un banquier naïf,
les Baudelaire savouraient
leur victoire
en glissant sur la surface glaciale
du lac Chaudelarmes.
Mais Klaus n'était pas du genre
à rester à la surface des choses.
Il flairait un dessein à ce voyage,
même s'il n'avait comme indices
qu'une longue-vue...
l'existence d'un autre incendie
et deux mots sur un bout de papier.
Tante Agrippine ?
Jamais entendu parler.
Tu trouves pas bizarre qu'aucun de
nos parents ne soit de la famille ?
Tante Agrippine ?
Les Baudelaire ?
- C'est bien vous ?
- Oui.
Tant mieux.
Entrez.
L'Ouragan Herman va arriver
d'un instant à l'autre.
Comme tu es grande.
Entrez vite, les enfants.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Pas si vite.
Vous pourriez trébucher
sur le paillasson
et vous décapiter.
Donc, vite...
mais pas trop vite. D'accord ?
Je suis désolée,
il fait frisquet ici.
Parfois, il fait si froid
que j'ai du mal à le supporter.
Vous voulez que je monte
le radiateur ?
Je ne l'allume jamais.
J'ai trop peur qu'il explose.
Je vous demande de ne pas toucher
aux poignées de porte.
Poussez simplement la porte
elle s'ouvrira.
Pourquoi ?
J'ai peur que la poignée
vole en éclats
et que l'un d'eux m'éborgne.
Elle s'est évadée de chez les cinglés.
"Delmo" n'est pas un mot.
Je vais devoir lui apprendre
à bien parler l'anglais.
La grammaire est la plus grande joie
de l'existence, non ?
J'adore la grammaire.
C'est l'adjudant-chef des cinglés.
Génial, une soupe chaude.
C'est une soupe
de concombres glacée.
Je ne cuisine jamais
rien de chaud.
J'ai peur que
le fourneau s'enflamme.
- Où est ton frère ?
- À la cuisine.
Que fais-tu ?
Les serviettes.
Elles sont là.
Attention au frigo.
S'il tombe, il t'écrasera.
Vous voulez voir des photos ?
Attention, le papier est coupant.
C'est Ignace ?
Il était beau, non ?
Tout ce que vous avez fait !
Dompté des lions ?
J'étais très aventureuse...
du vivant d'Ignace.
Vous connaissiez oncle Monty ?
Ce n'est pas une bonne photo de moi.
Attendez...
- Ce sont nos parents ?
- Vous faisiez partie d'un club !
Vous avez tous des longues-vues ?
Je n'aime pas la tête
que j'ai sur cette photo.
Ignace est mort dans un incendie ?
Grand bêta, non.
Il a été dévoré par les sangsues.
Venez voir.
Attention au lustre.
S'il tombe, il vous empalera.
Ignace et moi avons exploré toutes
les criques du lac Chaudelarmes,
du port LaMocheté
jusqu'à la grotte Caillebotte,
tout là-bas.
Et près de ce rocher,
les sangsues ont attaqué.
Les sangsues chaudelarmes
ont 6 rangées de dents acérées
et l'odorat sensible.
Elles sont aveugles,
mais reniflent la nourriture sur une
personne à des kilomètres.
Et alors, elles l'encerclent.
Je lui avais dit : "Ignace, attends
une heure avant d'aller te baigner".
Mais...
il n'a attendu que 45 minutes...
Je vous demande pardon.
Cette pièce est privée.
C'était le bureau d'Ignace.
Comme je dé*** cet endroit.
Tante Agrippine...
vous avez pensé à vivre ailleurs ?
Si vous quittiez le lac Chaudelarmes,
ça irait peut-être mieux.
Je ne pourrais jamais...
jamais, jamais, jamais
vendre cette maison.
Les agents immobiliers me terrifient.
Il existe deux sortes de peurs :
les rationnelles et les irrationnelles.
Craindre les agents immobiliers
est irrationnel.
Je tombe mal ?
Il faut la faire sortir d'ici.
Méfiez-vous des avocats,
leur noyau pourrait nous étouffer.
Attention à la charrette, elle
pourrait se détacher et nous écraser.
Tout va bien, tante Agrippine.
Mille tonnerres de Zeus !
C'est la peste noire ?
Non, c'est ma faute à moi.
J'suis désolé d'être rentré
dans vot' sœur comme ça.
- Ma tante, c'est...
- Deux vraies beautés, que vous êtes.
Surtout vous.
Tante Agrippine...
- Permettez que je me présente...
- On va vous présenter, moi et Klaus.
"Klaus et moi" !
- Peu importe, c'est...
- Peu importe ?
Tu me mènes en bateau ?
Ce sont p'têt que des divagations
de pêcheur chevronné,
mais c'est la grammaire
qui fait tourner l'monde.
Vraiment ?
Elle en est à ce point-là ?
C'est le fin du fin,
la crème de la crème.
Sans not' bonne grammaire
une chatte retrouverait pas
l'aiguille dans la botte de foin.
Vous savez joliment
tourner une phrase.
Et j'sais aussi la retourner
et l'astiquer.
Bien sûr... ça dépend entièrement
de vous, m'dame.
Capitaine Sham...
pour vous servir.
IL ment. C'est le comte Olaf.
Ce scélérat dont vous m'avez parlé ?
Devant vous.
- Où qu'il est ?
- Derrière le capitaine ?
Je lui montrerai.
J'la jouerai "lustrer, frotter" !
C'est lui, le comte Olaf.
Ça va pas recommencer !
Petit diablotin !
Pourquoi as-tu fait ça
à ce pauvre homme ?
Je suis navrée !
Ça va m'lancer, au matin.
J'y garde point rancune, va.
C'est qu'un moussaillon
à peine sorti de ses culottes courtes.
J'me coltine ce genre de problème
depuis que les sangsues
m'ont croqué la jambe.
Pourquoi j'ai pas attendu une heure
avant de nager ?
- Elles m'ont pris mon mari aussi.
- Vous m'faites marcher !
Je vous assure.
Ces fichues sangsues m'ont condamné
à aller à cloche-pied.
Sûr, j'ai des places
de parking réservées,
mais qui peut aimer un cul-de-jatte
à la face en croupion de poulet ?
J'suis tel le goéland solitaire
sur son rocher.
Viendriez-vous dîner chez moi
ce soir ?
- Non.
- Non.
Ça, j'sais point trop.
J'crains de rayer le parquet
avec mon pilon.
Je mettrai des journaux par terre.
Les enfants vont préparer
une délicieuse puttanesca.
C'que j'ai mangé avant qu'elles
me croquent la patte !
Doux Jésus ! Les enfants...
j'emmène le capitaine à la maison.
Quant à vous, achetez le nécessaire
pour un repas "députtanescé".
- Mais...
- "Mais" n'est pas une phrase.
- Tante Agrippine.
- Hé !
Vous avez pas payé !
Les gosses, de nos jours.
QUELQU'UN SAIT QUE VOUS
ALLEZ PAR LA ?
Tante Agrippine ?
Vous êtes là ?
Vous êtes là ?
Trop ***.
On arrive trop ***.
Ça dit quoi ?
C'est une lettre d'adieu.
"Violette, Klaus et Prunille...
"Quand vous lirez ceci,
je ne serai plus.
"J'ai le cœur glassé
et la vie m'est ainsupportable.
- "Ainsupportable" ?
- Continue.
"C'est dur de comprendre
la triste vie d'une veuve sollitaire..."
- "Solitaire" a un "l".
- C'est rien, continue.
"... et l'accablement
qui m'a conduite à ce gestte..."
"Geste" n'a qu'un "t".
Elle se suicide,
oublie l'orthographe !
Elle adorait la grammaire.
Pourquoi toutes ces fautes ?
Si tu voulais sauter d'une fenêtre,
tu ferais des fautes aussi.
"Je suis plus heureuse ainsi.
"Je vous laisse aux soins
du capitaine Sham,
"un homme bon et honorable."
C'était ça, son plan.
La forcer à écrire
et la défenestrer.
La Cryptographie
MESSAGES CODES
DÉCHIFFRAGES DE CODES
Ce n'est pas une lettre d'adieu,
c'est un message.
"Glassé" s'écrit avec un "c".
"Ainsupportable",
"ai" est faux.
CAILLEBOTTE
GROTTE CAILLEBOTTE
... jusqu'à la grotte Caillebotte,
tout là-bas.
Elle n'est pas morte,
elle se cache.
La grotte Caillebotte ?
INCENDIE !
Il enquêtait sur des incendies.
Il faut qu'on file.
Attention au frigo !
S'il tombe, il t'écrasera.
Je rêve !
C'est fini ?
Violette, il vaut mieux
que tu noues tes cheveux.
Des idées ?
Passe-moi l'extincteur.
Pourquoi ?
Il faut déplacer cette ancre.
Aide-moi.
À trois, on casse ce pilier.
- On le casse ?
- Oui.
- Il soutient tout.
- Justement.
- Tes cheveux sont bien noués ?
- À trois.
Un.
Deux.
Trois !
Attends.
Accroche-toi, Prunille.
Saute !
On fait quoi, maintenant ?
Elle est vivante.
On prévient les autorités.
Ils n'écouteront pas.
Ils n'écoutent jamais.
C'est Olaf. Il n'arrêtera jamais.
On doit la retrouver nous-même.
Moussaillons ! Ici le capitaine
Sham, votre nouveau tuteur.
Restez où vous êtes,
on viendra où qu'on vous dira.
T'as lu des livres sur la voile ?
Klaus avait lu exactement
15 livres sur la voile
et 2 livres de météorologie.
Mais la théorie est une chose,
la pratique en est une autre.
Rien n'aurait pu les préparer à la
traversée vers la grotte Caillebotte
aux prises avec un lac
acariâtre et furieux.
Mais la tempête passée
et les eaux se calmant,
les Baudelaire ne purent s'empêcher
d'éprouver un sentiment de réussite.
Un rare moment de joie dans leur vie
par ailleurs affligeante.
À VENDRE
Ils avaient réussi.
Et si leur tutrice
ne pouvait les sauver,
ils sauveraient leur tutrice.
Tante Agrippine ?
Vous êtes là ?
Les enfants !
Vous avez réussi !
Vous avez déchiffré
les indices dans ma lettre.
Vous allez bien !
C'était horrible.
Olaf m'a forcée à écrire ce
testament. J'ai failli mourir
d'ajouter toutes ces fautes.
- Vous avez à manger ?
- À manger ?
- On a traversé un ouragan !
- Et alors ?
Comment va-t-on vivre ici
sans nourriture ?
Vivre ici ?
Non, vous devez revenir
avec nous.
Vous êtes la seule preuve
que ce testament est faux.
Trop dangereux, navrée.
Vous êtes notre tutrice,
censée nous protéger !
Le sujet est clos.
Vous savez,
la grotte Caillebotte est à vendre.
Et alors ?
Alors, bientôt, des gens vont venir
la visiter.
Entre autres,
des agents immobiliers.
Tante Agrippine,
qu'est-ce que ça signifie ?
- Où as-tu trouvé ça ?
- Dans le bureau d'Ignace.
Les incendies...
Pourquoi enquêtait-il dessus ?
Nous enquêtions tous.
Oncle Monty, Ignace et...
Nos parents.
Ils étaient nos leaders.
Les enfants, il y a de bonnes gens
et de mauvaises gens dans le monde.
Ceux qui allument les incendies
et ceux qui les éteignent.
- Qui est responsable ?
- C'est Olaf ?
J'en ai trop dit.
Vos parents savaient,
regardez ce qui leur est arrivé.
Nos parents ?
Qu'ont-ils dit ?
On aurait dû rester dans la grotte.
Faisons demi-tour, je risquerai
les agents immobiliers.
Qu'ont dit nos parents ?
Nous allons mourir.
Quoi ?
Voilà les sangsues !
Heureusement que personne
ne vient de manger.
Mauvaise pioche.
La coque est fissurée !
Qu'est-ce qu'on fait ?
Elles rongent la coque !
On coule, coule, coule...
- Rame !
- Condamnés, condamnés...
Ça ne nous aide pas vraiment.
Voilà un bateau !
Par ici !
Mais aussi déplaisantes
que les sangsues puissent être,
quelque chose de bien pire
émergeait de la brume.
Vous m'avez manqué.
On dirait
que vous avez besoin d'aide.
C'est vous
qui aurez besoin d'aide !
Tante Agrippine va tout raconter.
J'irai en prison et vous vivrez heureux
avec une gentille tutrice,
ravis d'inventer, de lire
et d'aiguiser vos dents de ouistiti.
Le courage
et la noblesse prévaudront
et ce monde cruel deviendra
un lieu de joie et d'harmonie.
Tout le monde chantera, dansera
et rira comme le petit lutin.
Un happy end,
c'est ça que vous imaginiez ?
Parce que je pense
que personne ne croira une morte.
Vous ne la toucherez pas,
elle va tout raconter.
Je ne dirai rien, promis.
Ne me jetez pas aux sangsues.
Prenez la fortune, les enfants.
- Je vous en prie !
- Bienvenue à bord.
Chaud devant !
Je partirai, je changerai de nom.
- Et nous ?
- Silence, les adultes parlent.
Je ne suis peut-être
pas forcé de vous tuer.
Cela dit,
avec votre petite ruse,
vous ne vous avez pas montrée
digne de confiance.
Mais...
je pourrais me montrer clément.
"Ne vous êtes".
Quoi ?
"Ne vous avez pas montrée" est faux.
Il faut dire :
"Vous ne vous êtes pas montrée
digne de confiance".
Merci de m'avoir corrigé.
Sautez !
Pas besoin
de vous faire un dessin.
On a fait tout ce qu'on a pu.
On reste calmes.
Les enfants ?
- C'est vous ?
- M. Poe !
- On...
- ... se noie !
Je l'ai sauvé !
Je l'ai sauvé des sangsues !
Arrière, démons frétillants !
Vous ne croquerez pas sa tête
aujourd'hui.
Comte Olaf ?
Que faites-vous ici ?
M. Poe, s'il vous plaît. Comte Olaf,
mais que faites-vous ici ?
Je sais,
je n'aurais pas dû venir.
Mais sachant les enfants en danger,
il le fallait.
Même si je suis indigne
d'être leur tuteur.
Je me suis trompé
sur votre compte.
Vous vous avérez être
un tuteur exceptionnel.
Je serais négligent
de ne pas vous confier les enfants.
- Sans vous, ils...
- Ne dites rien !
Je ne supporte pas la pensée
de perdre mes trésors.
Même l'idée de ce colossal héritage
ne ferait que raviver mon chagrin.
Ne vous en faites pas pour ça.
La loi stipule
que vous n'hériteriez pas
- si quelque chose leur arrivait.
- Pardon ?
À moins d'être un parent par le sang
ou un couple marié.
Vraiment ?
M. Poe, vous ai-je parlé
de notre nouvelle pièce de théâtre ?
COMTE OLAF
Le Mariage Merveilleux
Un critique.
Un critique.
Votre cape, monsieur.
N'essayez pas de m'amadouer.
Pourquoi on joue dans la pièce ?
Il se sert de ça comme accessoire.
D'après ça, dans un couple marié,
chacun a droit à l'argent
- de l'autre.
- C'est juste une pièce.
Il ne peut pas avoir notre fortune
en m'épousant dans une pièce.
Vraiment ? Quels conspirateurs !
"César doit mourir..."
Pour être valide,
un mariage doit être célébré
par un juge de paix.
C'est écrit là.
Juge Abbott,
prête à faire vos débuts ?
Regardez-moi ça !
Violette, tu es ravissante.
Tu es la mariée, je suis le juge.
Qui est le marié ?
Vous ne comprenez pas,
la pièce est réelle.
Ça doit faire vrai,
c'est pour ça que je vous ai choisie.
Tous les autres acteurs
manquaient de...
Quel est le terme ?
- Cheveux ?
- Mains ?
Vraisemblance.
Rappelez-vous : dites le texte
comme pour un véritable mariage.
Les dénicheurs de talents
cherchent une actrice de votre âge.
Tout va se jouer ici.
Pourquoi m'avez-vous dit ça ?
- Seigneur...
- Emmenez-la au maquillage.
Amusez-vous bien !
Faites corps avec votre trac !
C'est ridicule.
Violette a 14 ans,
le mariage n'est pas légal.
Si, avec l'autorisation
de son tuteur. Et qui c'est ?
Ah oui, moi !
Relis tes classiques !
Quand tu auras dit "oui" et signé,
tu seras vraiment ma femme.
Tu t'occuperas de la cuisine,
du ménage, de mes cors au pied
et tu couperas
mes gros ongles de pied jaunes.
Le mariage n'est pas
une partie de plaisir,
faut trimer.
Je ne dirai jamais "oui" !
Je crois que si...
quand tu auras levé les yeux.
Relâchez-la !
Avec plaisir. Relâche !
Arrête !
Si tu ne dis pas "oui"...
ou si quoi que ce soit
interrompt la pièce,
je n'ai qu'un mot à dire
et tout dégringole, la petite
la cage et tout !
Comment pouvez-vous ?
C'est un bébé.
Tu as 14 ans.
Tu devrais savoir
qu'on ne peut pas tout avoir.
Tu veux une vie heureuse ?
Un toit au-dessus de ta tête ?
Un chez-toi et tout le bataclan ?
Et moi, ce que je veux ?
Je veux cette immense fortune...
et que cessent
toutes les enquêtes à mon sujet.
Tu vas m'aider à obtenir
ce que je veux...
ce soir.
Mon public m'attend.
Veuillez applaudir
des 2 mains ou des 2 crochets...
"Le Mariage merveilleux".
Tu ne vas pas faire ça.
Il le faut.
Non, il y a toujours quelque chose.
Il y a toujours un moyen.
Pas cette fois.
Chameau, en scène !
- Vas-y, Klaus.
- Violette...
Vas-y !
Bouge ta bosse, chameau,
c'est à toi.
Rien n'empêchera le comte
d'épouser sa bien-aimée...
Rien au monde
Rien !
Non, rien !
Quelle belle journée
pour un mariage.
Si seulement le beau comte était là
pour emmener sa promise.
Que ferait Violette ?
Il y a toujours un moyen.
Toujours quelque chose.
Un soupirant chauve et taciturne
a ravi le cœur de l'épousée.
Hélas, le promis est un mufle.
Et bien moins beau que le comte.
Attendez !
Qu'est-ce donc ?
C'est le comte
dans son jet privé !
J'ignorais
qu'ils avaient un tel budget.
Oui, me voilà !
Je viens épouser ma promise.
Et vous, triste sire,
je vous prends par surprise.
Attention : cette pièce
contient des scènes de violence.
Arrière, coquin !
Casanova dégarni !
Vous me donnez du mou ?
Que le mariage commence !
Pas regarder en bas...
Pas regarder en bas.
Voulez-vous,
comte Olaf, prendre cette femme
comme épouse légitime,
jusqu'à ce que la mort
vous sépare ?
Un peu, que je veux.
Voulez-vous, Violette Baudelaire,
prendre le comte Olaf
comme époux légitime
pour le meilleur et pour le pire,
jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
Juge Abbott, je...
Oui.
Elle ne le mérite pas.
- Vous trouvez aussi ?
- Vraiment pas.
Il ne reste plus
à l'heureux couple
qu'à signer l'acte de mariage
et cette union sera...
Officielle...
et légale.
Prunille, où est la clé ?
Pour la serrure.
L'œil.
De la main droite.
Les enfants,
je dois vous informer
d'un événement
extrêmement malheureux.
Vos parents ont péri
dans un incendie
qui a détruit votre maison.
Il n'y a pas de hasard.
Allez, on active !
Derrière toi !
Regarde ce que j'ai fait
à ta jolie maison.
Finissons-en !
Patron ?
Quoi ?
Je suis un peu occupé.
- On a un problème.
- Où t'es ?
Levez les yeux.
Salut !
- Ainsi s'achève notre pièce.
- Ce n'était pas une pièce !
Le comte Olaf allait tuer Prunille
si je disais non.
Ridicule !
Écoutez-moi.
Il ne m'a épousée
que pour la fortune Baudelaire.
Là, elle a pas tort.
Violette et moi sommes
d'heureux mariés
puisque...
le mariage a eu lieu
officiellement
avec des vœux officiels
devant un authentique juge de paix.
Seigneur, qu'ai-je fait ?
Pardon, je ne savais pas.
En premier lieu :
donner les 2 autres garnements
à adopter séparément
à chaque bout de la planète.
Ces garnements sont dangereux
tous ensemble.
Odieux scélérat !
Arrêtez-le !
Pour quelle raison ?
C'est un monstre cupide !
Je suis un monstre ?
C'est moi, le monstre ?
C'est vous, les monstres.
Ils ont essayé de vous parler,
vous n'avez pas écouté.
Personne n'écoute jamais les enfants.
- Allez...
- Vous pensez être innocents ?
Vous êtes complices.
Cet acte de mariage
me donne droit à la fortune.
Allez.
Et vous ne pouvez rien y faire !
Qu'en dis-tu ?
Trop diabolique ?
Ton avis ?
Le mariage n'est pas
une partie de plaisir.
Et à propos, vous êtes trop nul
comme acteur.
Allons.
Gardons la tête froide.
Si vous me faites quoi que ce soit,
vous sombrez à mon niveau.
Et ce serait un terrible exemple
pour les enfants.
Coupable.
Je suis ravi de dire
que le comte Olaf
fut arrêté pour des crimes
trop nombreux à énumérer.
Avant qu'il purge
sa peine à perpétuité,
le juge décréta qu'Olaf
devait subir toutes les épreuves
qu'il avait imposées
aux enfants.
Arrière !
Oh, non.
Les Baudelaire avaient triomphé.
Autrement dit, ils avaient démasqué
un pyromane cruel et sans talent
et résolu le mystère
de l'incendie Baudelaire.
Si seulement la justice
avait suivi.
Le comte Olaf disparut
après qu'un jury de ses pairs eut fait
annuler sa condamnation.
Les Baudelaire ignoraient
ce que l'avenir leur réservait.
Mais ce qu'ils savaient,
en montant une fois de plus
dans la voiture de M. Poe,
c'est qu'ils allaient de l'avant.
Ne vous en faites pas.
Je suis sûr qu'on attrapera vite
le comte Olaf.
Nous n'aurons plus jamais affaire
à ce scélérat.
Avant de partir,
nous avons peut-être le temps
pour un dernier arrêt.
"Violette, Klaus et Prunille".
Elle nous est adressée.
Tous ces cachets de poste !
Elle est passée par l'Angleterre,
Rome, le Kenya et l'Islande.
- Je ne reconnais même pas ceux-là.
- De qui elle est ?
Maman et papa.
C'est la lettre.
Celle qu'on croyait perdue.
"Mes chéris,
"depuis notre départ,
vous nous manquez beaucoup.
"Certains événements nous ont obligés
à prolonger notre voyage.
"Quand vous serez plus grands,
"on vous racontera
les amitiés forgées,
"les dangers affrontés.
"Parfois, le monde semble
inhospitalier et sinistre.
"Mais croyez-nous, on y trouve
plus de bien que de mal.
"Il suffit de bien regarder...
"et ce qu'on croit être
une série de coups du sort
"est peut-être
le début d'un voyage.
"Nous espérons
vous embrasser bientôt.
"Mais si cette lettre
arrive avant nous,
"sachez que nous vous aimons.
"Nous savons que,
quoi qu'il arrive,
"vous prendrez soin les uns des autres
avec gentillesse,
courage et dévouement,
"comme vous l'avez toujours fait.
"N'oubliez jamais ceci,
mes chéris :
"où que nous soyons,
tant que vous êtes ensemble,
"vous avez une famille
et un foyer.
"Vos parents qui vous aiment."
Passer le flambeau est un rite
qui peut prendre maintes formes.
La moins connue
et la plus surprenante
est la transmission
d'une longue-vue.
Cher lecteur, certaines personnes ne
connaissent ni la misère ni le malheur.
Elles se délectent de films
Une Série d'Aventures Désastreuses.
Chapitre 1
pleins d'oiseaux
et de lutins.
Certains savent qu'il y a toujours
un mystère à résoudre.
Ils font des recherches
et notent tous les indices importants.
Cette histoire
ne parle pas de ces gens-là.
C'est l'histoire des Baudelaire,
des enfants qui savent
qu'on trouve toujours quelque chose.
Quelque chose à inventer,
quelque chose à lire,
quelque chose à mordre
et quelque chose à faire
pour créer un sanctuaire,
même petit.
Et pour cette raison,
je suis heureux de le dire,
les Baudelaire
avaient beaucoup de chance.
Fin
Les Désastreuses Aventures
Des Orphelins Baudelaire
d'après LEMONY SNICKET
French