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Le mois d'août 1962 fut
une époque mouvementée pour la France.
Nombreux étaient ceux
pour qui le président De Gaulle
avait trahi le pays en accordant
son indépendance à l'Algérie.
Des extrémistes provenant
surtout de l'armée,
avaientjuré de se venger en l'abattant.
Ils s'étaient regroupés
en un mouvement clandestin
du nom d'O.A.S.
Le conseil des ministres est terminé !
lls sont très en retard.
Entre le premier etle dernier coup de feu,
il s'était écoulé septsecondes.
En tout, plus de 140 coups de feu
furent tirés.
Plusieurs balles pénétrèrent
la voiture du président.
L'une d'elle passa très près de sa tête.
Mais, comme par miracle,
ni lui, ni personne ne fut blessé.
Six mois plus *** :
La plupart des conjurés
ont été arrêtés etjugés.
Leur chef, le colonel Bastien-Thiry,
a été condamné à mort.
Son avocat tente une dernière fois
de retarderl'exécution.
Le recours en grâce a été rejeté.
On ne peut plus rien faire.
Je suis désolé.
C'est inutile.
Pour l'amour de Dieu, ne voyez-vous pas
que vous allez être exécuté ?
Vous ne comprenez pas.
Aucun soldat français
ne me menacera de son arme.
Feu !
Voici lejournal de 8 h du 11 mars 1963.
Il y a une heure,
dans la cour du fort d'Ivry, près de Paris,
le lieutenant-colonel Bastien-Thiry
a été fusillé
pour avoir mené l'attentat d'août dernier
contre le général De Gaulle.
L'O.A.S. semble à présent
totalement démoralisée
parl'excellente performance
de notre sécurité nationale.
On sait déjà que le nouveau chef
des opérations de l'O.A.S.,
le colonel Marc Rodin,
ancien commandant des paras en Algérie
a pris la fuite etse cache
quelque part en Autriche.
L'exécution d'aujourd'hui signifie
certainement la fin de l'O.A.S.,
une bonne fois pour toute.
Où en sont les finances, René ?
Pas étonnant que nos hommes
abandonnent. lls n'y croient plus.
Nous les avons déçus à chaque fois.
Pas cette fois-ci !
Que faire ? Nous sommes paralysés.
Chaque flic de France nous connaît.
Nous sommes entourés d'indics.
ll faut trouver quelqu'un de l'extérieur.
Un étranger.
- Un étranger ? Pourquoi ?
- Un tueur à gages.
Quelqu'un qui n'a jamais travaillé
en France, inconnu de la police.
- Qui peut aller et venir à sa guise.
- Ce genre de personne coûte cher.
Oui.
Je trouverai l'homme qu'il nous faut.
Retrouvons-nous dans trois mois, à Vienne.
A la pension Kleist,
que vous connaissez tous deux, le 15juin.
C'est un marché limité.
J'ai monté 11 dossiers en trois mois.
Seuls ces quatre hommes
semblent convenir à peu près.
Qu'en pensez-vous ?
- Un Anglais a fait tous ces coups ?
- Je n'y crois pas.
- C'est vrai.
- C'estlui qui a tué ce type au Congo ?
Et Trujillo ?
- Oui.
- C'est notre homme, non ?
C'est mon avis.
Je suis ravi que nous soyons d'accord.
- Car il sera là sous peu.
- Quoi ?
Il arrive cet après-midi, de Londres.
Wolenski.
Juste une précaution,
vous comprenez. Entrez.
Comprenez bien :
nous sommes patriotes, pas terroristes.
C'est une obligation
envers les soldats tombés en Algérie,
et les trois millions de Français
qui y vivent.
Vous voulez vous en débarrasser ?
En tant que professionnel, est-ce possible ?
C'est possible.
Le problème est de s'en tirer.
C'est un point important
pour un professionnel.
En principe, vous dites que c'est faisable ?
Oui. Avec du temps et de la préparation.
Ce serait plus difficile que d'autres cibles.
Pourquoi cela ?
Parce que De Gaulle
a la meilleure protection du monde.
Leurs renseignements sont excellents.
Voyez-vous, vos propres efforts
ont non seulement échoué,
mais ils ont rendu la tâche
encore plus dure.
- Comment osez-vous...
- ll n'y a pas de place pour l'émotion.
De là viennent toutes vos erreurs.
- Si nous optons pour un professionnel...
- Vous n'avez pas le choix.
Votre organisation est si truffée d'indics
qu'aucune de vos décisions
ne reste secrète longtemps.
Quelqu'un d'extérieur doit faire le boulot.
La seule question est qui, et à quel prix ?
Acceptez-vous de le faire ?
- Oui.
- Combien ?
Vous comprendrez
que c'est un travail unique.
- lmpossible de continuer après.
- Combien ?
- 500 000, en liquide.
- Quoi ?
La moitié d'avance, le reste ensuite.
- 500 000 francs ?
- Dollars.
Vous êtes fou ?
Pour la France, ça me semble raisonnable.
Si vous n'en avez pas les moyens,
il n'y a plus rien à dire.
Nous acceptons.
Combien de personnes sont au courant ?
- Juste nous quatre.
- Que ça reste ainsi.
Ce boulot requiert une discrétion absolue.
Pas de notes.
Si l'un de vous est arrêté, je laisse tomber.
Vous devriez aller dans un endroit sûr
jusqu'à ce que ça soit fait. D'accord ?
D'accord.
Je m'occupe de la préparation.
Personne d'autre n'en connaîtra les détails
et je disparaîtrai.
Voici le nom et le numéro
de mon compte en Suisse.
Lorsque j'apprendrai que les premiers
250 000 $ ont été versés, j'agirai,
si je suis prêt.
En aucun cas je ne me précipiterai.
D'accord.
ll me faut juste
un numéro de téléphone à Paris
pour d'éventuels changements
à propos de De Gaulle.
Le contact ne doit rien savoir de moi,
ni du boulot.
Envoyez-le-moi par courrier.
Comment pourrions-nous trouver
cette somme si vite ?
Servez-vous de votre réseau
pour des hold-up.
Une dernière chose.
Quel sera votre nom de code ?
Pourquoi pas ''Le Chacal'' ?
Pourquoi pas ?
Vous ne voulez rien d'autre de nous ?
Vous travaillerez entièrement seul.
Pas tout à fait. ll me faut
la coopération de De Gaulle.
ll ne veut pas écouter son service
de sécurité et ne pas paraître en public.
Bon retour, M. Chacal.
960 000 francs ? ll faut que ça cesse !
Vous êtes le chef de la DST.
Vous avez eu 3 semaines
pour voir s'il s'agit de l'O.A.S.,
- si c'est eux, que font-ils ?
- C'est eux, général.
Ceux que nous avons pris sont des petits.
lls ont reçu des ordres,
sans en connaître le motif.
J'ai encore le ministre sur le dos.
On a interrogé tous les gens de l'O.A.S.
lls ne savent rien.
- Et les indics ?
- Rien.
Mais on a découvert ce matin que Rodin
et les deux autres sont à Rome.
lls y sont arrivés le 18 juin.
lls occupent les derniers étages
de l'hôtel Garibaldi.
- Vous les surveillez, bien entendu ?
- Nuit et jour.
Comment - Où - Quand
Bonjour, un extrait de naissance.
Paul Oliver Duggan.
Né à Sambourne Fishley, le 3 avril 1929.
Remplissez ça. L'année 1929 est en haut,
- à gauche, première galerie.
- Bien, merci.
REGlSTRE DES NAlSSANCES - Loi de 1836
Merci.
Excusez-moi.
Une livre vaut combien de couronnes ?
Le taux de change officiel est 19,34.
Bonjour, deux flacons
de teinture pour les cheveux.
Une de châtain, une de gris.
Je n'ai que du Clairol.
Ça ira. Et une bouteille de dissolvant.
- C'est là.
- Ah ?
Allô ?
Oui.
Allô, Zurich ?
M. Kola, lui-même.
C'est exact. Numéro de compte 50664.
L'argent a été déposé.
Combien ?
Votre contact est Valmy.
Tel : MOLlTOR 5901
Embarquement du vol Alitalia 127
à destination de Gênes.
Embarquementimmédiat, porte 5.
Le propriétaire de l'hôtel Garibaldi
est un Français sympathisant de l'O.A.S.
Des renforts ont été envoyés à Rome
pour les surveiller 24 h sur 24.
Rodin, Montclair et Casson
sont seuls au dernier étage.
Les gardes du corps sont
à l'étage du dessous,
des ex-paras ou des légionnaires.
- Combien sont-ils ?
- Huit.
- lls ont peur d'être kidnappés.
- Je connais Rodin. C'est pas son genre.
Les portes de l'ascenseur
sont condamnées au dernier étage,
et tout passe par les gardes du corps.
Aucun d'eux n'est sorti de l'hôtel
depuis cinq semaines.
Le seul contact avec le monde extérieur
est cet homme :
- L'adjudant Wolenski.
- Parlez-moi de lui.
Verger, passe le film.
Voici Wolenski.
ll va à la poste le matin et l'après-midi.
Voyez ?
ll faudrait lui couper la main
pour prendre le courrier.
ll attend toujours que le camion de levée
soit là avant de poster ses lettres.
Ensuite il va prendre le courrier.
Tout leur courrier arrive
à une poste restante au nom de Partrier.
Wolenski passe pour M. Partrier.
lci le colonel Rolland.
Je veux tout ce que vous avez
sur un ancien de la légion,
du nom de Viktor Wolenski.
Si l'O.A.S. prépare un gros coup,
leurs agents doivent être dessus.
Trouvez qui ils sont
et où ils se rencontrent.
Je me suis permis d'entrer.
Je vais faire du café.
Denise.
Je t'ai demandé de te débarrasser de ça.
Pour ta sécurité.
Je le ferai ce soir.
Je devrais peut-être le faire maintenant.
lls savent tout de ton fiancé.
J'ai une mission pour toi.
Ça a l'air important.
Ce n'est pas très agréable.
Vas-y.
lls veulent que tu aies une liaison
avec un officiel de l'Elysée,
quelqu'un assez proche de De Gaulle.
Ça pourrait être dangereux.
C'est sûrement déplaisant.
Qui est cet officiel ?
Je te le montrerai
dans une semaine ou deux.
Bonjour.
Oui, entrez.
Pensez-vous y arriver ?
Bien sûr.
Je peux prendre une arme
et lui apporter des modifications.
ll me faut quelque chose de très léger
avec un canon court.
Un canon court. Quel dommage.
Enfin, il me faut un silencieux
et un viseur télescopique.
Vous allez tirer à quelle distance ?
Je ne sais pas encore,
mais pas plus d'une centaine de mètres.
- Le sujet sera-t-il en mouvement ?
- Non.
Vous allez viser la tête ou la poitrine ?
La tête, je pense.
Et pour un deuxième tir ?
Je ne pense pas en avoir la possibilité.
ll me faut un silencieux afin de m'enfuir.
Dans ce cas,
il vaut mieux avoir des balles explosives.
- Je peux vous en préparer quelques-unes.
- A la glycérine ou au mercure ?
Au mercure, je pense.
C'est beaucoup plus propre.
- Vous reprenez du Campari ?
- Non, merci.
ll semble donc
que vous devrez le passer à la frontière
d'une manière discrète.
Vous reconnaissez ?
Le tout est fait de tubes
creux d'aluminium,
qui se vissent. Celui du haut
est pour le pied. Celui du bas,
contient la vis et la culasse.
La crosse de la carabine sert pour les deux
- sans être modifiée.
- Excellent.
Les deux dernières parties
sont pour le viseur et le silencieux.
Voilà.
C'est remarquable. Si simple.
J'en aurai besoin
dans une quinzaine de jours.
Si vous veniez ici
le 13 août, vous pourriez l'essayer
et discuter des derniers détails.
Très bien. Le 13 août.
Et votre prix, maintenant.
Je dois vous demander 1 000 livres
pour ce genre de travail,
voyez-vous, et
encore 100 ou 200 livres pour le matériel.
Marché conclu.
Je vous paye la moitié maintenant,
le reste à la livraison.
Alors ? C'est pas merveilleux ?
On ne vient pas à Gênes
pour un permis de conduire.
N'importe qui à Londres peut faire ça.
Mais je n'aurai pas le temps
de me maquiller.
- Ce n'est pas mon fort.
- Pas besoin de maquillage.
L'important, c'est le teint. Gris et fatigué.
Dans l'armée, on avait un truc
pour échapper aux corvées.
- Vous pouvez trouver de la cordite ?
- J'imagine.
Vous en avalez deux petits morceaux.
Vous vous sentirez mal
et votre teint virera au gris.
Après environ une heure,
vous vous sentirez mieux,
mais votre teint restera gris longtemps.
J'essaierai.
Et les papiers français ?
La carte d'identité française, c'est facile.
L'autre, je ne sais pas
à quoi elle ressemble,
alors pour la refaire.
Je vais demander à un collègue français
d'en voler pour la copier.
ll me faut plus de temps et plus d'argent.
Combien ?
Cinq cents.
Trois cents livres ?
- La moitié maintenant, l'autre ensuite.
- Quand me contacterez-vous ?
Je serai de retour à Gênes le 14 août.
Trouvez-vous au même
endroit que ce soir à 18 h.
Ça doit être un gros coup.
Que certaines choses soient claires.
Quand vous aurez terminé,
je veux les négatifs
et tous les tirages des photos
que vous avez prises.
Vous oublierez le nom de Duggan
et le nom des papiers français
que vous allez faire.
C'est compris ?
On se repose ? Je vous envie votre travail.
Tous mes locataires sont en congé,
quelle heure est-il ?
- 17 h 30.
- ll faut que je me dépêche.
Au revoir.
C'est lui. Tu le vois ?
Le manteau clair. C'est l'officiel de l'Elysée.
ll va envoyer sa femme et ses enfants
dans la Loire pour les vacances.
Tu as peu de temps.
ll me faut Wolenski.
Débrouillez-vous
pour le ramener en France.
Quoi ? Ne vous occupez pas
du gouvernement italien.
Une fois en France,
amenez-le à Paris immédiatement.
Tu n'es pas raisonnable, Viktor.
Tu sais bien qu'ils finissent tous par parler.
Tu l'as vu de tes propres yeux
en lndochine.
Et en Algérie, bien sûr.
Dis-nous ce qu'ils attendent
dans cet hôtel !
Qu'est-ce qu'ils préparent ?
Avec qui se réunissent-ils ?
Personne ?
Alors, où étaient-ils avant d'aller à Rome ?
Dis-le-nous, Viktor.
Reviens en arrière.
Arrête.
Question :
Rome, Viktor. Pourquoi sont-ils à Rome ?
- Pas de réponse.
- Correct.
Question : pourquoi sont-ils à Rome ?
- Réponse : secret.
- Correct.
Question : Pourquoi étaient-ils à Vienne ?
- Pas de réponse.
- Correct.
C'était une maison ?
Je te demande si c'était une maison ?
Réponse :
Kleist.
Vas-y.
Question : qui est Kleist ?
Que fait-il ?
Que lui ont-ils fait à ce salaud ?
Je comprends pas un mot.
- Monte le son.
- A partir de ?
''Qui est Kleist ?'', par là.
Qui est Kleist ? Que fait-il ?
Jack ? Jackie ?
- C'est pas Jackie ? Si ?
- Jackie ?
C'est impossible.
Reviens en arrière et monte le volume.
Au pied, Rex !
Rex, ici !
Ça va ?
Je crois.
- Vous voulez que j'appelle une ambulance.
- Non.
Vous êtes sûr ?
Je vais m'en sortir.
Voilà. Vous voyez ?
Je suis désolée.
Ce n'est pas votre faute.
- Désolé de vous interrompre, colonel.
- C'est rien.
La cassette est calée
si vous voulez vérifier,
- et voici la transcription.
- Oui.
Chacal.
Je croyais que c'était une insulte
de Wolenski,
mais ce n'est pas son genre.
Blond.
Pardon, mon colonel. L'étranger...
Un étranger blond ?
Est-ce Kleist, l'étranger ?
Colonel, il est 4 h 30.
Le complot décrit ci-après constitue,
à mon avis,
le plan le plus dangereux
que les terroristes
aient pu concevoir
pour attenter à la vie
du président De Gaulle.
Si ce complot, tel qu'il est décrit, existe
et qu'un assassin étranger,
dont le nom de code serait ''le chacal''
a été recruté pour cet attentat...
- Pardon.
- A propos de la vie du président,
il est de mon devoir de vous informer,
M. le ministre,
que nous sommes face
à une catastrophe nationale.
Nouveau paragraphe.
Le rapport ci-dessus est top secret
et ne doit être lu que par vous.
Rédigé à 8 h,
le 14 août 1963.
Adresse-le au ministre de l'Intérieur.
Que le courrier officiel
attende une réponse,
et oublie tout ce que tu as entendu.
Eh bien ?
Si ce que Rolland dit est vrai,
tout notre réseau d'agents secrets
à l'O.A.S. est inutile.
ll faut informer le président.
Je vais solliciter une entrevue.
Passez-moi l'Elysée.
Le ministre. Un moment, monsieur.
Le ministre de l'lntérieur.
Voilà.
Tout y est.
Le permis de conduire de Duggan
et la carte d'identité étaient faciles,
mais cette troisième carte,
un vrai cauchemar.
C'est bien vieilli, non ?
- Vous avez oublié quelque chose ?
- Pardon ?
Le permis de conduire original.
Celui que je veux récupérer.
Je voulais vous parler de ça.
En fait, le permis de conduire
d'origine n'est pas là.
Ne vous en faites pas.
Je l'ai placé en sûreté.
Personne d'autre n'y a accès.
- Que voulez-vous ?
- J'y viens.
Ce que je vous propose
est un simple échange.
Je vous rends l'original
et tous ces négatifs
contre une certaine somme.
- Combien ?
- Mille livres.
Cela n'en vaut-il pas la peine ?
J'imagine que oui.
On peut toujours compter
sur un gentleman anglais.
Je peux avoir les premiers 500 demain
à midi, mais on se retrouve ailleurs.
Pourquoi pas ici ?
C'est un endroit tranquille.
Cet endroit n'a rien de bien.
Ne vous en faites pas.
Personne ne vient sans mon invitation.
ll faut être très discret, vous savez,
dans mon métier.
J'avais demandé de l'aluminium.
J'ai essayé, mais ça pliait
comme du papier. J'ai dû utiliser de l'inox.
Mais ça va, c'est pareil.
Où puis-je m'entraîner ?
Dans la forêt de Montemorro.
Vous pouvez faire l'aller-retour en un jour.
- Pardon.
- Pas besoin de la boîte.
Le silencieux.
Le pied.
Le viseur.
Voilà.
La gâchette.
La gâchette, s'il vous plaît.
- Un bel objet.
- Je sais.
- C'est excellent.
- Oui.
Pour vous entraîner. J'en ai transformé six
en explosives.
Donnez-m'en une.
- Bonsoir, messieurs.
- Bonsoir.
Asseyez-vous.
Vous avez tous lu
le rapport du colonel Rolland ?
J'en ai donné une copie au président
cet après-midi.
Malheureusement,
dans l'intérêt de la dignité de la France,
il se sent obligé de nous imposer
de grandes limitations.
ll refuse de changer en quoi que ce soit
le calendrier de ses apparitions
publiques de l'été.
Grand Dieu.
La recherche du chacal
doit rester top secret.
lnutile de vous dire
que vous devez garder le silence
et ne jamais parler de cela
en dehors de cette pièce.
Mais, M. le ministre...
C'est impossible !
Le président est formel.
Quelles mesures de sécurité
supplémentaires doit-on prendre ?
Aucune.
Général Colbert.
Où en êtes-vous, à Vienne ?
Nos agents ont enquêté à la pension Kleist.
lls ont montré des photos de Rodin,
Montclair et Casson au réceptionniste.
Avec un petit coup de pouce financier,
il les a reconnus.
lls étaient arrivés le 14 juin.
Ont-ils eu des visiteurs ?
Un homme, le lendemain après-midi.
ll est reparti une heure plus ***.
La seule description qu'il ait pu leur donner
est qu'il présentait bien,
la trentaine et les cheveux clairs.
On peut certainement trouver mieux.
Grâce à qui ?
Rodin, par exemple.
Je doute qu'il accepte une invitation
de l'un de nos bureaux.
Des suggestions, commissaire Berthier ?
Ce cas nous donne du fil à retordre.
Nos agents à l'O.A.S.
ne peuvent pas l'identifier
car ils ne savent même pas de qui il s'agit.
La DST ne peut pas l'éliminer.
La douane ne peut l'arrêter à la frontière,
ils ne savent pas à quoi il ressemble.
Les 48 000 gendarmes
ne peuvent pas le poursuivre.
lls n'ont pas de suspect.
La police ne peut l'arrêter.
On ne sait pas qui arrêter.
Sans nom,
tout autre projet n'a pas de sens.
Notre premier objectif est donc le nom.
Avec un nom,
on a un passeport et un visage.
Avec un visage,
on peut procéder à une arrestation.
Mais trouver un nom,
et le faire dans le secret
est purement un travail de détective.
Commissaire, quel est le meilleur agent
dont nous disposons ?
Le meilleur agent,
c'estle commissaire Claude Lebel.
Berthier veut te voir.
- Quoi ? Maintenant ?
- ll a envoyé une voiture.
Ne rentre pas après 21 h.
Commissaire Lebel.
Bonsoir.
Souvenez-vous,
vous avez tout pouvoir pour cette enquête
et disposez des ressources
de chaque département ici représenté.
Mes instructions sont simples :
ni publicité, ni échec.
Gardez votre copie du rapport.
Des questions ?
Non, M. le ministre.
Dans ce cas, je ne vous retiens pas.
Merci, commissaire.
Rangez tous les rapports
dans mon coffre fort.
Bien, M. le ministre.
- Bonsoir.
- Merci.
ll faudra laisser tomber tout le reste.
Ne rien faire d'autre.
- Voulez-vous un nouveau bureau ?
- Non.
A partir de maintenant, c'est votre Q.G.
pour cette affaire.
Le ministre souhaite un rapport
chaque soir à compter d'aujourd'hui.
- lci. A 22 heures précises.
- Grand Dieu.
Je sais.
ll faut le trouver,
avant qu'il n'atteigne De Gaulle.
- Je me demande s'il a un agenda.
- Je suis sûr que oui.
Mais il est le seul à le connaître.
ll peut tenter son coup demain
ou pas avant un mois.
ll faut travailler sans relâche.
La DST s'en chargera ensuite, ces voyous.
ll faut faire appel à une brute
pour une chose comme celle là.
Enfin, trouvez-nous ce chacal, d'accord ?
Quoi ?
- J'aurai besoin d'aide.
- Qui ?
Le jeune Caron, il faudra lui dire.
- Je dois demander une autorisation.
- Je veux seulement Caron, c'est tout.
Vous savez ce qu'ils vous feront,
si vous ne l'attrapez pas à temps.
On m'a confié un boulot,
il faut le faire, c'est tout.
Mais aucun délit n'a encore été commis.
Où devons-nous commencer
à le rechercher, ce criminel ?
On va commencer par se dire
qu'après De Gaulle,
nous sommes les hommes
les plus influents du pays.
Prends des notes.
ll faut muter ma secrétaire
jusqu'à nouvel ordre.
Tu seras mon secrétaire
et mon assistant en même temps.
Je veux un lit de camp avec des draps
et tout le nécessaire,
quelque chose pour me laver
et de quoi me raser.
Une cafetière et beaucoup de café.
- Bien.
- Prends le standard.
Je veux un bon téléphoniste, le meilleur.
J'ai besoin de dix lignes extérieures
24 h sur 24.
Pour le moindre problème,
envoie-les à Berthier.
Ce boulot est prioritaire.
ll te faut quelque chose dans l'immédiat ?
Un contact personnel avec les chefs
des polices criminelles des pays suivants :
La Hollande, la Belgique, l'ltalie,
l'Allemagne de l'Ouest
et l'Afrique du Sud.
Le FBl aux Etats-Unis
et l'antenne spéciale Scotland Yard
en Angleterre.
- Ça fait combien ?
- Sept.
Appelle le chef chez lui ou au bureau.
Demande-leur de prendre mon appel
demain matin
et assure-toi que personne n'écoute.
En attendant,
je descends aux archives générales
pour vérifier si ce chacal
a déjà travaillé en France.
Comment savez-vous
que le chacal vient de l'un de ces pays ?
J'en sais rien.
Mais il doit bien être
sur un fichier quelque part.
- Désolé d'être en retard, chérie.
- Qu'est-ce qui t'a retenu si longtemps ?
- Une longue réunion.
- Ça fait des heures que j'attends.
Oui, désolé, mais...
Oui, Washington,
je sais qu'il est 19 h là-bas. ll est minuit ici.
Quoi ?
Pouvez-vous l'appeler au club,
s'il vous plaît ?
Je ne suis pas sortie.
J'ai attendu que tu m'appelles.
C'était impossible. Une crise à régler.
Une crise ? Quelle crise ?
Peu importe.
- Quelle crise ?
- Rien.
Quelle crise ?
M. Mallinson.
Désolé de vous déranger,
c'est un appel de Paris, l'inspecteur Caron.
Sans être impoli, ne serait-il pas préférable
de mener les enquêtes de routine
suivant la procédure habituelle ?
Quand tout le monde est éveillé ?
Je suis désolé, M. Mallinson.
C'est très urgent.
M. Lebel n'a pas voulu
faire de demande officielle.
ll espère que vous voudrez bien
coopérer officieusement.
D'accord. Je prendrai son appel à 8 h 30.
Bien. Bonne nuit.
Pour ce qu'il en reste.
- C'était qui ?
- Des compagnons.
Allô ?
- Denise.
- lci Valmy.
Ils sont au courantpourle chacal.
Tout ce que j'ai trouvé dans les dossiers
c'est que depuis dix ans, il n'y a eu
que quatre tueurs à gages en France.
On en a trois. Le quatrième
est emprisonné quelque part en Afrique.
Donc notre homme
vient forcément de l'étranger.
ll a bien dû être remarqué quelque part.
- Je commence par qui ?
- Le chef
de Scotland Yard.
Le commissaire adjoint Mallinson.
ll n'y a aucun nom. Pas de point de départ.
Tant de discrétion officieuse,
c'est peu commun, non ?
Ça ne me facilite pas la tâche.
Je sais bien.
Je n'ai jamais entendu parler
d'un tueur politique dans ce pays.
- Ce n'est pas notre genre.
- Non, ça relève plus de ta section,
- je vous laisse vous en charger.
- Oui...
Essaye de clarifier ça d'ici demain.
ll me manque déjà des hommes.
Bien.
C'est combien ?
Passez-moi les Affaires étrangères.
Poste 905.
Allô, Barrie ?
lci Brian Thomas.
Tu peux me retrouver dans une heure
à l'endroit habituel ?
On a épluché les dossiers
à s'en abîmer les yeux.
Rien qui corresponde à la description.
Mais avant de renoncer, j'ai eu une idée.
Si ce tueur à gages
n'a opéré qu'à l'étranger,
il doit être respectable en Angleterre, non ?
Alors ?
Tes hommes s'occupent de l'étranger,
tu peux avoir une piste pour ce type.
Je vais voir.
Brian, un appel pour toi.
lci Thomas.
Oui, c'est exact.
C'est une blague ou quoi ?
Quoi ? Maintenant ?
En personne ?
Oui, je...
- Le premier ministre ?
- Le premier ministre.
ll a dit : ''S'il y a la moindre chance
que la vie de De Gaulle soit menacée
''par quelqu'un de nos îles, il faut l'arrêter.''
ll m'a donné les pleins pouvoirs
et la priorité absolue.
- C'est une blague ?
- Bien sûr que non.
ll faut que je laisse tomber le reste.
J'aurai un besoin immédiat
de six de vos meilleurs hommes.
Où est la requête officielle pour ça ?
Allô ?
Oui, bien sûr monsieur.
Rien que des ragots de comptoir,
j'ai bien peur.
Tu te souviens de Trujillo ?
Tu veux parler du dictateur
d'une république d'Amérique du Sud ?
Oui. La Dominique. Tué en 1961.
On nous a dit qu'un Anglais y était mêlé.
Tu comprends bien
que ça n'est pas confirmé.
- Son nom ?
- Charles Harold Calthrop.
C'était le représentant aux Caraïïbes
d'une petite boîte d'armes.
D'après la rumeur,
c'était un tireur fantastique.
ll a disparu après l'assassinat.
Personne ne sait où il est allé.
Calthrop.
- C'est tout ce qu'on a ?
- J'en ai peur.
Juste un nom ?
Pourquoi penses-tu que c'est lui ?
Le code de votre ami est bien ''Chacal'' ?
Le mot français
''chacal''...
Tu vois ?
mais les trois premières lettres
de son nom, Charles
et les trois premières
de Calthrop, forment...
BUREAU DES PASSEPORTS
Voilà tous les Charles H. Calthrop
jusqu'en 1958.
- Ça fait combien ?
- 23.
Pouvez-vous informer le commissaire Lebel
qu'il y a une très faible chance
que le nom soit Charles Harold Calthrop.
Oui. Nous avons vérifié
avec le bureau des passeports.
23 passeports ont été délivrés
à des Charles H. Calthrop
ces cinq dernières années.
Nous en avons interrogé 12 jusqu'ici.
Rien du tout,
mais je vous tiens au courant.
Auriez-vous un garage à louer ?
Pardon.
Savez-vous où se trouve
M. Charles Calthrop ?
- M. Calthrop ?
- Oui.
Je crois qu'il est à l'étranger.
ll part souvent.
Merci.
Mieux vaut demander un mandat.
Que se passe-t-il ?
Entrez.
On a tout fouillé.
Voyons voir ce que vous avez.
- C'est quoi, ça ?
- Son passeport.
On a vérifié, c'est lui.
Regardez. Le visa dominicain.
Pas de *** de sortie.
ll a dû filer en douce.
Vous n'avez pas encore pigé, hein ?
Oui, c'est bien notre homme.
L'idée vous a-t-elle effleuré
que nous avons son passeport ?
S'il est à l'étranger, avec quoi voyage-t-il ?
- Peut-être est-il en congés dans le pays ?
- Peut-être.
Mais peut-être pas.
Son nom est Charles Harold Calthrop.
Voici sa photo de passeport.
Je ferai circuler des photos
à chacun à la fin de la réunion.
Excellent.
Merci, commissaire.
Calthrop est peut-être déjà dans le pays,
et séjourne dans un hôtel.
- Phillison.
- Oui ?
ll faut éplucher chaque registre d'hôtel
des dernières 72 heures.
Même chose pour vous, Pascal,
les formulaires de la région parisienne.
Faites circuler dans vos bureaux
le nom et la photo de cet homme.
ll doit être interpellé
et mon bureau informé immédiatement.
Je veux que chaque poste frontière
aéroport, port,
et village de pêche soit alerté.
- Général Colbert.
- M. le ministre ?
Calthrop est sûrement encore à l'étranger,
alertez vos agents.
Bien, monsieur.
En attendant, il faut garder le silence
jusqu'à confirmation
de sa présence dans le pays.
- Merci. Bonsoir.
- Bonsoir.
Le bureau du commissaire Lebel.
Oui.
Merci. Au revoir.
Personne du nom de Calthrop
n'a légalement franchi nos frontières
depuis le début de l'année.
Et aucun hôtel n'a de client sous ce nom.
ll a peut-être laissé tomber et se cache.
Si les Britanniques ont trouvé
son passeport chez lui,
c'est qu'il n'en avait plus besoin.
Ne comptons pas sur lui
pour faire des erreurs.
Ce n'est pas son genre.
Je commence à me faire
une idée de ce chacal.
ll peut être à l'étranger
avec un faux passeport.
Maintenant, vous allez vous rendre
au bureau des passeports
et demander chaque demande de passeport
pour les trois derniers mois.
- Mais...
- Je me fiche que ce soit fermé.
Réveillez-les.
Ensuite emmenez tous ces papiers
à Somerset House,
et commencez à comparer
le nom des demandeurs
aux certificats de décès, pas de naissance.
Si vous trouvez une demande
au nom de quelqu'un mort enfant,
le demandeur est peut-être notre homme.
S'il n'y a rien ces trois derniers mois,
remontez à six mois.
Et à neuf, s'il le faut.
Allez, c'est parti.
Allô ?
Alors, ça avance, Hughes ?
Combien de demandes ?
8 041 ?
Ça va vous prendre une semaine.
Et si je t'envoyais de l'aide ?
Saison de vacances à la noix.
Encore environ 4 000, M. Thomas.
En travaillant pendant le déjeuner,
on devrait avoir fini ce soir.
Commissaire Thomas,
de l'antenne spéciale.
lci Hughes.
Paul Oliver Duggan.
Né le 3 avril 1929 à Sambourne Fishley.
Passeport demandé
le 14 juillet, cette année.
Passeport posté le 17 juillet
à une adresse à Paddington.
Sûrement une adresse provisoire.
Pourquoi ?
Parce que Duggan est mort à l'âge
de deux ans et demi, le 8 novembre 1931.
Passeport, s'il vous plaît.
Un moment.
- M. Duggan ?
- Oui ?
Quel est le but de votre visite en France ?
Le tourisme.
- Vous l'avez achetée en ltalie ?
- Non, location.
Je rentre à Gênes
dans une semaine environ.
Papiers, s'il vous plaît.
Des bagages ?
- Dans le coffre.
- Amenez-les à l'intérieur.
Merci.
Une fois son faux nom découvert,
Lebel devrait l'attraper sans problème.
Ce n'est pas si simple.
ll y a plus de deux millions d'étrangers
à Paris à cette saison.
Je suis désolé, M. le ministre.
Le commissaire Lebel
a demandé cette réunion
car il a des éléments nouveaux
sur le suspect britannique.
Calthrop voyage sous un faux passeport
au nom de Paul Oliver Duggan.
Le numéro du passeport est 29491.
Nous aurons la photo
dans quelques heures.
Que faisons-nous à présent ?
Le passeport de Duggan
a été délivré le 30 juillet.
lnutile de remonter plus loin.
La police en Grande Bretagne
tente de le pister
sur les listes de passagers
aériens et maritimes.
S'ils l'arrêtent en Angleterre, ils le gardent.
Si nous le localisons en France,
nous l'arrêtons.
S'il est découvert ailleurs,
les services secrets s'en occuperont.
En attendant, je vous serai reconnaissant
de suivre mon plan.
- Bonsoir, monsieur.
- Paris, s'il vous plaît. MOLlTOR 5901.
Cabine numéro un.
Le chacal est démasqué.
Wolenski a parlé avant de mourir.
Je répète : le chacal est démasqué.
Chambre 14. Merci, M. Duggan.
Je prendrai mon café au salon.
Je peux m'asseoir ici ?
Merci.
Ennuyeux, non ?
Les magazines.
- Je les trouve fascinants.
- Quoi ?
Des articles sur les cochons
et les moissonneuses-batteuses ?
Les moissonneuses-batteuses
me fascinent.
En fait, j'en voudrais
une comme animal domestique.
Oui ?
Quand ça ? Cet après-midi ?
Répétez ça.
Un coupé Alpha Roméo deux places, blanc,
plaque d'immatriculation GE 1741.
Duggan a franchi la frontière
à Vintimille il y a quatre heures.
Appelle Londres, dis-leur qu'à présent,
on s'en charge.
- Où est-il ?
- Comment le saurais-je ?
Bon sang de secret.
Faut attendre les formulaires.
C'est de la folie. On n'y peut rien.
Bien sûr que non,
je ne vis pas dans les Alpes.
J'y suis allée en visite, c'est tout.
Pour l'escalade ?
Mon Dieu, non.
J'ai passé la journée à l'école militaire
de Barcelonnette
parmi des militaires aigris,
pour voir mon fils recevoir sa promotion.
ll a dix-neuf ans.
Je ne sais jamais si vous êtes sérieuse.
- C'est malheureusement vrai.
- Pourquoi ''malheureusement'' ?
Je ne vois rien de malheureux...
Je ne demande pas de compliments,
M. Duggan.
- Vous prenez un digestif ?
- Non, je dois me coucher.
Je pars très tôt demain matin.
- Vous êtes sûre ?
- Absolument.
Bonne nuit, M. Duggan.
Je dois partir dans deux heures.
J'ai de la route à faire.
Retourne dans ta chambre.
Tu vas retrouver ton mari ?
Non, il n'est pas là.
Bonjour.
Excusez-moi, madame.
Seulement trois nouveaux clients.
Bien. Mets-les dans le casier de Nice.
Les formulaires sont prêts ?
Allô ? Nice ?
Répétez.
Restez près du téléphone, je rappelle.
Ne faites rien.
Je ne veux pas le brusquer,
mais encerclez l'endroit.
Que personne n'entre ou sorte
et pas de coups de fil.
ll est dans un hôtel près de Grasse.
- ll a réservé pour deux jours.
- Je lance une alerte ?
Non. ll tuera toute personne
qui l'interceptera.
ll faut y aller tout de suite.
Vous avez un anglais du nom de Duggan.
- Où est-il ?
- M. Duggan est parti.
ll est parti ce matin, peu après 11 h.
Rassemblez le personnel et les clients.
Ne laissez personne partir.
Appelez le gérant.
C'est bizarre,
il avait réservé pour deux jours
et il demande la note
et part brusquement après 11 h.
ll est en avance de cinq heures.
Lance une alerte sur la voiture.
Mais deux personnes ont dormi
dans le lit de Mme Montpellier ?
Oui, absolument.
Ça se voit tout de suite.
Et vous les avez vus ensemble
dans le salon ?
C'est exact. Je leur ai servi
du café et un digestif.
lls semblaient très absorbés.
- Par quoi ?
- L'un par l'autre.
Quels étaient les bagages de M. Duggan
quand il est parti ?
- Deux sacs.
- Rien d'autre ?
Pas de paquet ?
Juste deux sacs.
Je les ai portés à sa voiture.
Ce sera tout.
- Vous avez tout photographié ?
- Oui.
Relevez les empreintes dans sa chambre
et envoyez ça à Paris.
Je vais parler à la femme.
Nouvelle info.
lls ont la description de ta voiture.
Reste invisible pendant quelques jours.
- Comment va la femme ?
- Tout ça l'a perturbée.
Tu ne lui as rien dit ?
Je ne sais pas du tout où M. Duggan
se trouve.
On s'est juste vu dans le salon de l'hôtel.
- On a bu un café.
- Que voulait-il ?
De quoi avez-vous parlé ?
Conversation mondaine.
ll cherchait à m'impressionner.
Comment le savez-vous ?
Commissaire,
nous ne sommes pas des enfants.
Non, madame.
Vous vous êtes retrouvés plus ***
uniquement dans votre chambre ?
- ''Plus ***'' ?
- Après le café.
Madame, ne doutez pas
de la gravité de votre position.
Nous nous sommes vus dans ma chambre.
C'est tout.
Je n'avais jamais vu cet homme avant hier.
ll ne connaît même pas mon nom.
J'ai le regret de vous dire
que nous l'avons perdu de vue.
J'espère que c'est provisoire.
ll a tout bonnement disparu.
ll a peut-être changé d'avis ?
On a certainement dû l'effrayer.
Aurait-il décidé d'abandonner ?
Son unique chance d'échapper
est de franchir la frontière rapidement.
Je crois qu'il est toujours en France.
ll attend peut-être.
- Quoi ?
- Je ne sais pas.
Mais je ne pense pas
qu'on puisse croire qu'il a abandonné.
Bonjour.
Madame, il y a un monsieur...
Surprise ?
Merci, Michel.
- Tu feras ça plus ***, Ernestine.
- Oui, madame.
- Oui, je suis surprise.
- Pourquoi ?
Ton mari est toujours absent, non ?
Pourquoi es-tu venu ?
Pour te voir.
ll le fallait.
Mais pourquoi ?
Peu importe.
Fouillez les collines, les fermes,
les cafés et les hôtels
dans un rayon de dix kilomètres
autour du lieu de l'accident.
On cherche un jeune étranger
aux cheveux clairs avec deux valises.
ll a peut-être été blessé
et pourrait se cacher.
La police est venue hier, ils te cherchaient.
lls ont dit qu'ils allaient revenir ?
Seulement qu'il fallait que j'appelle...
Je sais que tu as volé la voiture.
C'est une plaque de la région.
Je sais que c'est grave. Ça m'est égal.
Tu peux me dire ce que tu as fait.
Tu peux rester ici, c'est un endroit sûr.
Mais il faut me dire Paul. Je ne dirai rien.
Au revoir, M. Duggan.
Votre café, madame.
Bonjour. Un aller simple pour Paris,
s'il vous plaît.
- Quelle classe ?
- Seconde.
- Le train part quand ?
- Dans une heure.
Quai numéro un.
Vos papiers.
- Danois ?
- Pardon ?
- Du Danemark ?
- Oui.
Que faites-vous en France ?
Je suis instituteur, en vacances.
Commissaire, madame de Montpellier
a été assassinée !
- lls savent qui l'a tuée ?
- Probablement Duggan.
ll est arrivé chez elle hier soir
et a disparu à nouveau avec sa voiture.
Plus besoin de secret.
C'est un meurtrier qu'on recherche.
Alerte générale sur Duggan.
Donnez une description de la voiture.
Rapport de 18 h 30. J'ai retrouvé la voiture.
D'après les gendarmes à la gare,
seulement trois hommes
ont pris le train de midi pour Paris.
Deux sont du coin,
et le troisième est un instituteur voyageant
avec un passeport danois.
Age : environ 34 ans. 1 m 78,
cheveux bruns, yeux bleus.
ll ne sait plus le nom.
Quelle est l'heure d'arrivée du train
en gare d'Austerlitz ?
19 h 10.
Allons-y !
- Connaissez-vous des bains Turcs ?
- Bien sûr.
Conduisez-moi.
ll est évident que le chacal
est informé depuis le début.
ll a pourtant décidé de continuer.
ll nous met simplement au défi.
lnsinuez-vous qu'il y a eu
des fuites de chez nous ?
Je ne saurais dire.
Nous pensons que le chacal
se trouve à Paris sous un autre nom
en se faisant passer
pour un instituteur danois.
M. le ministre ?
Savez-vous combien de Danois
ont pu arriver à Paris cet après-midi ?
En cette saison, plusieurs centaines.
ll faut tous les contrôler.
Je vais ordonner la visite de chaque hôtel
à minuit et à 3 h.
Tous les registres seront rassemblés.
On interrogera tous les suspects.
Bien.
En attendant, j'essaierai de convaincre
le président d'annuler toute sortie.
Tes lunettes sont embuées.
Oui.
- Je ne t'ai jamais vu ici.
- Non, je suis en vacances, du Danemark.
Vraiment ? Je connais
très bien Copenhague.
C'est dommage, je viens de Silkeborg.
Une toute petite ville.
Je m'appelle Jules. Jules Bernard.
Lundquist. Perl Lundquist.
Tu veux venir prendre un verre chez moi ?
J'habite tout près.
Avec plaisir.
Ainsi ce chacal a un passeport danois,
n'est-ce pas ?
- ll l'a bien obtenu quelque part.
- Oui.
Mais s'il a dû se teindre les cheveux,
c'est qu'il l'a volé.
Continue.
Après son séjour à Paris,
il s'est établi à Londres.
ll l'a sûrement dérobé
dans l'un de ces deux endroits.
Que fais-tu si tu es danois
et que tu perds ton passeport ?
Je vais au consulat.
- Tu appelles le commissaire Thomas ?
- Oui.
- Et ensuite le consulat danois à Paris.
- Bien.
- Alors ?
- Pas terrible.
678 Danois sont arrivés hier à Paris.
Nous interrogeons tous ceux
qui font environ 1 m 75.
Mais pas un seul instituteur danois.
- Envoie la liste à mon bureau.
- D'accord.
Vous avez raison.
Un instituteur danois s'est fait voler
son passeport
à l'aéroport de Londres le 12 juillet.
Nom : Per Lundquist, de Copenhague,
âgé de 33 ans.
1 m 78, cheveux châtains, yeux bleus.
C'est ça ! C'est le bon !
Vérifie ce nom. Alors ?
- Pas un seul.
- Quoi ?
Un moment, commissaire.
Je ne comprends pas.
Pas un seul Lundquist
sur les registres d'hôtel.
La conversation suivante a été enregistrée
à 6 h 15 ce matin.
Le numéro composé est MOLlTOR 5901.
- Bonjour.
- Allô ?
- Denise.
- Ici Valmy.
Ils savent que c'est un instituteur danois.
Ils vérifient tous les hôtels de Paris.
On vient d'arrêter le contact.
Malheureusement,
les renseignements sortent de cette pièce.
C'était la voix de qui ?
J'ai le regret de vous informer,
M. le ministre
que c'était la voix d'une amie.
Elle vit avec moi en ce moment.
Excusez-moi.
- Je pense qu'on vous doit des excuses.
- Merci.
Je dois vous dire
que le président ne change pas d'avis.
Excusez-moi.
ll ne nous reste que deux jours
pour arrêter le chacal.
Quoi ? Comment ça ?
C'est idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Est-il exact que le président n'a aucune
obligation en dehors du palais,
- aujourd'hui, demain ou samedi ?
- Aucune.
Et qu'est-ce que le dimanche 25 août ?
L'anniversaire de la libération !
- C'est ce qu'il attend.
- Nous avons un peu plus de 48 h.
C'était pourtant évident !
ll ne nous manque que la photo
de passeport de Per Lundquist.
Copenhague a promis
de nous l'envoyer d'ici ce soir.
Encore une chose.
Vous saviez quel téléphone surveiller ?
Non, ils étaient tous sur écoute.
Tu es déjà rentré ?
Nous avons maintenant la photo
de Per Lundquist.
Le secret est levé.
C'est seulement une enquête
sur un meurtre.
La photo de Lundquist
sera dans les journaux demain matin.
Nous aurons des flashes télévisés
toutes les demi-heures.
Chaque policier et CRS de Paris
a pour ordre de contrôler l'identité
de toute personne
qui ressemblerait au suspect.
Chaque agent est appelé en renfort.
- Ça fait combien d'hommes ?
- Presque 100 000.
- Commissaire Lebel.
- Oui ?
Mes félicitations
pour votre travail remarquable.
Nous nous chargeons de la suite.
Nous ne vous retenons pas. Merci encore.
Tu as vu ?
- Quoi ?
- Ta photo à la télé.
- Comment ça ?
- Je suis passé devant un magasin de télés,
et j'ai vu ta photo.
- Non.
- Oui.
N'éteins pas.
- C'était pour quoi ?
- Je ne sais pas.
Mais je jure que c'était toi.
Regarde ?
Nous vous prions de nous excuser
de cette interruption.
la police est toujours à la recherche
du meurtrier de Mme de Montpellier.
Son nom est Per Lundquist, voici sa photo.
Si vous avez vu cet homme,
veuillez contacterla police.
Mais réveille-toi, bon sang !
Le ministre veut te voir !
On ne le trouve pas. ll a disparu.
Volatilisé.
Je pense que nous ne savions pas
quel type d'homme
- vous avez poursuivi.
- Et demain ?
Le président
ravive la flamme éternelle à 10 h.
La grand-messe est à 11 h.
ll y a une cérémonie publique à 16 h.
Il remettra les médailles de la Libération
aux anciens de la Résistance.
Etla protection ?
La foule sera contenue
plus loin qu'à l'accoutumée.
Des barrières serontplacées
avant chaque cérémonie.
chaque maison de ce périmètre
sera fouillée de fond en comble
même les égouts.
La police recevra des badges spéciaux
au dernier moment
pour éviter toute imposture.
Il y aura des tireurs d'élite
dans Notre Dame
y compris dans l'assistance.
Les prêtres qui dirontla messe
seront fouillés.
Il y aura des pompiers et tireurs d'élite
sur chaque toitle long du cortège.
Dumont a recruté des officiers très grands
pour entourerle président
sans qu'il s'en aperçoive.
- Je peux passer ?
- Pour quoi faire ?
J'habite ici.
J'ai une chambre au 154.
Papiers.
C'est bon.
Merci.
Pardon, madame.
Pourriez-vous me donner un verre d'eau ?
Bien sûr. Entrez, je vous en prie.
ll fait chaud, à attendre le cortège.
Vous allez recevoir une médaille ?
J'ai reçu la mienne il y a deux ans avec...
Au dernier !
Vous vous croyez où, là ?
- Qui êtes-vous ?
- Charles Calthrop.
C'est ici chez moi, bon sang.
Vous devriez nous accompagner
au poste, monsieur.
Comptez sur moi !
ll n'y a aucun doute,
jamais le gouvernement britannique
ne cacherait que ce chacal est un anglais.
ll semblerait
que pendant un temps,
on ait soupçonné un Anglais,
qui a cependant été disculpé.
Le chacal s'est bien faitpasser
pour un Anglais
mais également
pour un Danois et un Français.
Il n'y a donc aucun moyen
de prouverson identité.
Mais si le chacal n'étaitpas Calthrop,
alors bon sang, qui était-il ?