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J'appelle.
Centre national des transplantations.
Manuela, de l'hôpital Ramon y Cajal.
On a un donneur.
On a fait le 1 er encéphalo.
On a l'accord de la famille.
Les données ?
Un homme de 35 ans.
Groupe sanguin ?
O positif, 70 kilos environ.
Receveurs hépatiques
Avec Dodotis,
pasla moindre goutte.
Le film commence.
J'arrive.
''Eve mise à nu''.
Cette manie de changer le titre.
Ça devrait être ''tout sur Eve''.
''Tout sur Eve'', ça sonne mal.
Qu'est-ce que tu écris ?
Rien.
Les futurs prix Pulitzer.
Rien que ça !
Mange pour engraisser un peu
au cas où tu devrais faire le trottoir
pour m'entretenir.
Ce qui compte,
c'est d'avoir une belle queue.
En voilà une façon de parler !
Tu l'as cherché.
Je blaguais.
Et toi ?
Quoi moi ?
Tu te prostituerais pour moi ?
J'ai déjà tout fait pour toi.
Mange !
Les chasseurs d'autographes
sont pas des êtreshumains.
Une vraie meute de chacals.
Ce sont tes admirateurs.
Que veux-tu qu'ils admirent ?
Des voyous, des débiles.
Un public qui n'ajamais vu une pièce
ni mis le pied dans un théâtre.
En voilà une quil'a fait.
Je te l'aiamenée.
Entrez, Eve.
-J'aicru qu'on m'oubliait.
- Pasdu tout.
Margo, Eve Harrington.
Comment allez-vous ?
T'aimerais pas être actrice ?
J'ai eu assez de mal à être infirmière.
J'écrirais des rôles pour toi.
J'ai fait du théâtre amateur autrefois.
Je m'en tirais bien.
Je dois avoir une photo.
Je voudrais bien la voir.
Je la chercherai.
Regarde, Esteban.
J'ai retrouvé une photo.
On avait monté
des textes de Boris Vian.
Du café-théâtre pour intellos.
- Bon anniversaire !
- Déjà ?
Il est minuit, mon coeur.
''Musique pour caméléons''!
Comment t'as deviné ?
Je sais que tu aimes Capote.
Lis, comme quand j'étais petit.
Préface.
''J'ai commencé à écrire à huit ans.''
Je suis pas le seul.
''C'était m'enchaîner pour la vie
à un maître noble mais implacable.
''Quand Dieu nous accorde un don,
il l'accompagne d'un fouet,
''destiné uniquement
à l'auto-flagellation.''
Ça vous ôte l'envie d'écrire.
Sois pas bête.
Cette préface est une merveille.
Que veux-tu faire
pour ton anniversaire ?
Assister à un de tes séminaires.
Pourquoi ?
J'écris une nouvelle sur toi,
pour un concours.
Pour te voir dans une de vos impros
sur le don d'organes.
Faut queje demande à Mamen,
la psy qui dirige les stages.
Très bien, demande-le-lui.
Ça m'ennuie que t'écrives sur moi.
Votre mari est mort.
C'est impossible.
On vient de le voir, il respirait.
On vous l'a expliqué.
C'est l'assistance respiratoire.
Faut-il prévenir un parent ?
Je n'en ai pas.
Je n'ai que mon fils.
Comment vais-je lui annoncer ça ?
De son vivant,
votre mari parlait du don d'organes ?
Se souciait-il de ces questions ?
De son vivant,
il se souciait de vivre.
J'imagine que la vie d'autrui
lui importait.
Je ne comprends pas.
Mon confrère veut dire
que les organes de votre mari
peuvent sauver d'autres malades.
Mais il nous faut votre accord.
Vous pourriez lui faire une greffe ?
Non, plutôt le contraire.
Passons à l'analyse de cette simulation.
Fais attention en traversant.
- A quoi pensais-tu ?
- Rien, une idée.
Donne les billets au monsieur.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Je suis affreuse ?
Non, tu es plus belle quejamais.
Ce doit être le gentleman
que tu attendais.
Vous n'êtes pas monsieur Huntleigh,
et vous non plus.
Il faudra lui couper les ongles.
La camisole, docteur.
Dites-lui de me lâcher, s'il vous plaît.
Lâchez-la.
Allons, relevez-vous.
Appuyez-vous à mon bras.
Mlle Dubois.
Qui que vous soyez, je me suis toujours
fiée à la bonté des inconnus.
Allez, le plus dur est fait.
Ne me touche pas, salaud !
Fais gaffe à ce que tu dis.
Stella, viens ici.
Je remettrai plus les pieds ici !
Jamais !
Je voudrais un autographe
de Huma Rojo.
Par ce temps ?
Quel rapport ?
Si elle sort pas ?
Attends un peu.
C'est mon anniv'.
Déjà l'automne.
Nina Cruz t'a beaucoup émue ?
Pas elle, Stella.
Il y a 20 ans, avec la troupe,
on avait monté le Tramway.
Jejouais Stella.
Ton pèrejouait Kowalsky.
Il faudra me dire tout sur mon père.
Pas seulement qu'il est mort.
C'est pas facile.
Je m'en doute,
sinon tu l'aurais déjà fait.
J'ai failli te le demander
pour mon anniversaire.
- Ce serait pas un cadeau.
- Tu te trompes.
Pour moi, c'est le plus beau.
Alors, je te dirai tout à la maison.
Le théâtre, c'est pire que le couvent.
Si tu peux pas te camerjusqu'aux yeux,
c'est le couvent !
Exactement.
30, avenue Alphonse XII.
Allons-y, laisse tomber.
Mon fils !
Demainj'aurai 17ans,
maisje faisplus vieux.
Les enfants qui viventseuls
avec leurmère ont une expression
plussérieuse que lesautres,
d'intello ou d'écrivain.
Moi, c'est normal,jesuis écrivain.
RÉANIMATION
Lola, de Ramon y Cajal.
On a un donneur, en réa,
on lui a fait le 1 er encéphalo.
On a pas encore l'accord de la mère.
Les données.
C'est le fils de Manuela.
La Manuela queje connais ?
La coordinatrice ?
Oui. C'est horrible.
Malheureusement...
L'encéphalogramme
confirme nos craintes.
Il faut décider, le temps presse.
J'autorise
la transplantation du coeur...
BLOC OPÉRATOIRE
C'est l'hôpital !
Faut y aller !
Faut appeler !
- Tout de suite. Calme-toi.
-Je suis calme. Appelle !
AÉROPORT ALVEDRO. LA COROGNE
TROIS SEMAINES PLUS ***
On est dans la rue, chéri !
- On est dehors !
- Ça a pas l'air vrai.
J'arrive pas à y croire.
Je respire aussi mal.
- Tu respireras mieux.
- Avec un coeur de 1 8 ans !
Je vais te faire des beignets !
N'exagère pas, tout de même.
Hiermaman m'a montré
une photo d'elle, jeune.
Il en manquait la moitié.
Je n'ai pas voulu le luidire,
mais c'est la moitié
qui manque à ma vie.
J'étais inquiète.
J'ai cru que t'appellerais jamais.
J'ai appelé en arrivant à Madrid.
Je te parle de l'Argentine.
Je t'ai appelée cent fois,
j'ai dû mal noter le numéro de ta tante.
J'étais pas en Argentine,
j'étais à La Corogne.
Qu'allais-tu y faire ?
J'ai suivi le coeur de mon fils.
Mais qui t'a dit...
Comment sais-tu ?
J'ai fouillé les dossiers pour trouver
les coordonnées du receveur.
Tu n'auraisjamais dû !
C'est interdit, et ça te rendra folle.
Regarde-moi !
Je sais.Je vais quitter le Centre
et Madrid.
-Je dis pas ça.
- Tu le penses et tu as raison.
Je ne défais pas ma valise.
Tu n'es pas en état de voyager seule,
tu es malade.
Il faut te reposer, récupérer.
Je reste avec toi ce soir.
Alors, viens chez moi.
J'ai besoin d'être seule.
- Sois un peu raisonnable.
- Comment ?
llya 17ans,
j'aifait le même trajet.
Mais en sensinverse,
de Barcelone à Madrid.
Je fuyaisaussi,
maisje n'étaispasseule.
Jeportais Esteban en moi.
C'étaitsonpère queje fuyaisalors
et maintenant,
je vaisà sa recherche.
On continue par là ?
Oui, continuez.
Arrêtez-vous !
- Fils de pute !
- Ferme-la !
T'es dingue, pédé.
Qu'est-ce que t'as fait ?
Je l'ai cogné avec une pierre.
- Aide-moi à le relever.
- Debout !
Allez,Juan, lève-toi !
Ça va ?
Debout !
Allez, vite.
Dépêchons-nous.
T'es qu'un psychopathe de merde !
Tu vois les ''top'' autour du feu ?
Demande Ursula de la part d'Agrado.
Elle te soignera.
Agrado !
C'est toi ?
Manolita !
T'es blessée ?
Non, c'est toi qui m'as tachée.
Tu viens de me sauver
mais ce que tu m'as manqué !
1 8 ans sans un mot ni un coup de fil.
Je te croyais morte, salope.
Rentrons, tu me raconteras.
D'abord une pharmacie,
t'as l'air d'un Christ.
- Où y a des taxis ?
- Par là.
Pourvu qu'on nous agresse pas.
T'as le couteau ?
Oui et une grosse pierre dans mon sac.
Bonsoir.
Pardon de t'avoir réveillé.
Viens là.
Vous désirez ?
On va pas te manger.
Vous désirez ?
Laisse-moi faire.
De la povidone iodée,
des Stéristrip,
du trombocide, des compresses stériles.
- T'as de l'alcool ?
-J'ai tout bu hier soir.
Non, pour désinfecter.
Non, j'ai
de la vaseline, des capotes
et beaucoup de sparadrap.
Avec ça ?
De l'alcool.
Barcelonette !
Le bon temps !
Tu te rappelles ?
Oui, arrête de remuer la tête.
Tu as de ses nouvelles ?
De qui ? De Lola ?
Malheureusement.
Ah bon, pourquoi ?
Je l'ai hébergée, elle allait mal.
Avec tout ce qu'elle prend !
Un matin, je rentre du tapin, vannée,
elle m'avait dévalisée.
Les bijoux, les journaux de mode 70
dont je m'inspire.
Trois cent mille pesetas.
Le pire, c'est une statue de la Vierge
du Pino, un cadeau de ma mère.
Pourquoi, merde,
elle croit à rien !
A moins qu'elle l'ait embarquée
pour un rite satanique.
Elle n'a pas changé.
Me faire ça,
avec ce qu'elle me doit !
Depuis 20 ans, je la traite
comme une soeur.
On nous a mis nos seins ensemble,
tu le sais mieux que personne.
Tu l'as revue ?
Je veux pas.
Tu la cherches ?
Un truc à régler.
Pourquoi t'es partie comme ça ?
Tu me diras rien ?
Je ne peux pas.
Une autre fois.
Mais ne recommence pas.
J'aime dire au revoir à ceux quej'aime.
Ne serait-ce que pour le plaisir
de chialer.
C'est pas vrai.
On dirait Elephant Man.
T'exagères,
c'est un peu enflé, c'est tout.
Un peu ?
Où je vais, avec cette tête ?
Viens, à table.
Fallait pas te donner tant de mal.
Extra, la salade !
J'ai mal quand je mâche !
Je pourrai pas sucer.
Ne va pas travailler.
Et quoi ? Lola m'a mise sur la paille.
Je dois travailler.
De la confiture de lait,
des empanadas !
De la provoleta.
Cherchons du travail ensemble,
j'en ai besoin.
Oh oui !
Depuis ton départ
je mange plus comme une chrétienne.
Bien sûr, étant mannequin,
je dois me surveiller
pour rester mignonne
et être à la pointe des progrès
de la chirurgie et des cosmétiques.
Tu es magnifique.
Rien ne vaut un Chanel
pour se sentir respectable.
Tu es respectable.
Et moi ?
Ça fait pas un peu pute ?
C'est bien, les Soeurs n'aident
que les putains et les travestis.
C'est un vrai Chanel ?
J'irais pas dépenser un demi-million
avec la faim qu'il y a dans le monde.
Je n'ai de vrai que les sentiments
et des tonnes de silicone.
Je suis vieille
et c'est pas de mon âge.
C'est les coups d'hier soir.
Plutôt les 400 coups depuis 40 ans.
Qui demandez-vous ?
Celle qui nous visite près du stade,
qui est si jolie.
Soeur Rosa, elle est à l'atelier.
Rosa, t'as de la visite.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Rien.
Les risques du métier.
On peut parler ?
Allons au parloir, on sera tranquilles.
On veut lâcher le trottoir,
mais on doit travailler.
N'importe quoi, même des ménages.
Y a pas grand-chose.
Enfin, éboueuses
ou l'artisanat, ici, à l'atelier,
broderie au petit point,
fleurs séchées...
Je préfère encore éboueuse.
Et toi, tu sais faire quoi ?
J'ai été cuisinière.
Elle est presque chirurgienne,
regarde, elle m'a recousue.
Une épée, compatriote de Lola.
Vous avez de ses nouvelles ?
Je l'ai pas vue depuis 1 8 ans.
Et moi, elle m'a dévalisée.
On l'a eue ici,
il y a environ 4 mois.
On l'a aidée à se désintoxiquer.
J'ai veillé sur elle pendant son
sevrage, et puis elle a disparu.
J'aimerais la saluer
avant d'aller au Salvador.
Vous allez au Salvador ?
J'irais bien. Dans le tiers-monde,
je crois queje ferais un tabac.
Venez, je serai moins seule.
Le tapin, c'est la galère.
Les putes ça allait,
mais les drag queens nous tuent.
Je supporte pas ces drags.
Elles font du cirque,
pas du travestisme. Pire, du mime !
Une femme c'est des cheveux,
des ongles, une bouche
pour sucer ou critiquer.
A-t-on déjà vu une femme chauve ?
Je supporte pas,
c'est des épouvantails.
Au Salvador,
ils sont en pleine guérilla.
Ah bon ?Je savais pas.
Je remplace une Soeur assassinée.
J'ai pas vraiment besoin
d'une guérilla en ce moment.
Ce que tu es bête.
Vous êtes cuisinière ?
Qui ? Celle-ci ?
La meilleure.
Quelle surprise !
Bonjour, maman.
Tu travaillais ?
Pour une fois que tu viens.
Je te présente Manuela.
Entrez, ne restez pas là.
Manuela est cuisinière,
alors comme Florinda est partie...
Merci,
Vicenta et moi on se débrouille.
Comment ?
Papa occupe déjà deux personnes.
- Où est-il ?
- Dehors, avec le chien.
- Tout seuls ?
- Bien sûr.
S'ils se perdent ?
Le chien connaît le chemin.
J'avais très envie de les voir.
On ira les chercher,
mais avant il faut qu'on parle.
- Vous êtes venue pour rien.
- C'est pas grave.
Prends-la à l'essai.
Et pour papa,
elle est infirmière.
Et cuisinière ?
Ton père, j'aime m'en
occuper moi-même.
Je comprends très bien, merci.
Je m'en vais.
Attendez-moi. Ce sera pas long.
Tu m'amènes une putain à la maison ?
Aucun domestique ne vous supporte.
M'enfin, une putain !
Tu as été grossière avec elle.
Je préfère qu'on ne me voie pas
faire des faux Chagall.
Ça se comprend, non ?
Manuela n'est plus putain.
Elle a cessé.
Depuis quand la connais-tu ?
Depuis ce matin.
Ce matin ? Tu es incroyable, Rosa !
Mon travail c'est d'aider les gens,
même sans les connaître.
Pas le mien.
Fais pas cette tête,
je ne suis pas intolérante.
Je te propose un marché.
Je lui donnerai sa chance
si tu ne vas pas au Salvador.
J'ai bien assez de doutes comme ça.
C'est normal ! Ce voyage est un suicide,
et même un parricide !
Bon, je te laisse.
Manuela m'attend.
Les putains et les Salvadoriens
passent avant tes parents.
Commence pas.
Tu ferais mieux
d'aller voir un psychiatre.
Ça ne nous ferait de mal
ni à l'une ni à l'autre.
Tu voulais voir ton père et le chien.
Une autre fois.
Tu vas bien ?
- Vicenta !
- Ma chérie.
Tu as maigri ! Tu manges pas !
Tu as vu une blonde, en bas ?
Pense à manger.
Un tramwaynomméDésir
Je m'excuse pour ma mère.
Pardon.
On y va ?
Je ne la supporte pas, ma mère.
Tu as tes parents ?
Ils sont morts.
Tu es toute seule ?
Faut croire.
T'as une drôle de tête.
Je me sens pas bien.
J'ai envie de vomir.
Tu as vu un médecin ?
Tu devrais.
C'est peut-être une gastrite.
On peut aller chez toi
le temps que ça passe ?
Ben...
Tu as un logement ?
Je viens d'en louer un,
mais c'est pas encore meublé.
Fais pas attention au désordre.
Je suis là depuis 4jours.
Va t'allonger sur mon lit.
Non, je vais m'asseoir ici sur le sofa.
Ça va passer.
Je me change.
C'est qui, ce beau garçon ?
Esteban.
Mon fils.
Je croyais que tu étais seule.
Il est mort, un accident.
Je suis désolée pour toi.
Ne touche pas au cahier.
Allez, le plus dur est fait.
Ne me touche pas, salaud.
Fais gaffe à ce que tu dis.
Stella, viens ici.
Je remettrai plus les pieds ici !
Jamais !
LOGES
Entre, Nina.
C'est pas Nina, c'est Manuela.
Vous n'avez rien à faire ici.
Nina est partie.
Où est Nina ?
Je l'ai vue sortir en courant.
Elle devait m'attendre.
C'est impossible.
2 semaines seulement qu'on est ici !
Elle peut pas me faire ça !
Vous avez une voiture ?
Non. Pour aller où ?
Je ne sais pas.
Vous savez conduire ?
Gardez-le pour vous,
Nina est accro à l'héro.
Où peut-on se fournir la nuit
à Barcelone ?
On va se renseigner.
Qui que vous soyez, je me suis toujours
fiée à la bonté des inconnus.
Moi, je conduis pas.
C'est Nina qui conduit.
J'ai commencé à fumer
à cause de Bette Davis.
Pour l'imiter.
A 1 8 ans,
je fumais déjà comme un pompier.
D'où ce nom de Huma.
C'est un trèsjoli nom.
Ma vie n'a été que fumée.
Vous avez connu le succès.
Le succès n'a ni saveur ni odeur.
Avec l'habitude, il se réduit à rien.
Mais où est-elle passée ?
Je crois qu'elle est là.
Attendez ici, j'y vais.
C'est une salope,
il entube tout le monde.
Et moi, je suis pas d'ici.
Me touche pas, toi !
Ecoutez, Nina.
Huma vous attend.
Et toi, t'es qui ?
Dans la voiture.
J'ai de tout.
Merde, mon sac !
Oui, j'ai un sac...
Des X, de la C.
- Qui est là ?
- Rosa.
- Tu es seule ?
- Oui, je me lève.
Si *** ?
Je suis rentrée à pas d'heure.
Un petit déj' ? T'as pas faim ?
Tu es retournée au tapin.
J'allais te proposer
de gagner des sous sans sortir.
Propose. Des putasseries, on m'en a fait
maisje ne suis pas pute.
Pourquoi m'avoir menti ?
Une idée d'Agrado,
la tenue était à elle.
Alors, dis-moi comment
gagner des sous sans sortir,
je meurs de curiosité.
Combien tu me louerais une chambre ?
Une chambre ? Pourquoi ?
Je vais quitter mes Soeurs un moment.
Et le Salvador ?
Je ne vais pas bien.
Je ne peux pas voyager.
Pourquoi t'installer ici
si en plus tu es malade ?
Je suis enceinte.
Que comptes-tu faire ?
Le garder, évidemment.
Ici, le scandale serait moindre.
Le père peut t'aider, non ?
Le père, Dieu sait où il est.
Tu sais qui c'est, j'imagine ?
Bien sûr, pour qui tu me prends ?
Ta compatriote, Lola.
Cette salope de Lola !
Pourquoi tu te mets dans cet état ?
Quoi, pourquoi ?
De combien ?
Trois mois, je crois.
Je suis inquiète.
Inquiète, tu m'étonnes !
J'ai saigné ce matin.
T'as vu un médecin ?
Je vais à l'hôpital demain.
Tu peux m'accompagner ?
Bien sûr.
Pour la location ?
Je regrette.
C'est pas possible.
Bonsoir, je dérange ?
Je vous attendais.
Je ne savais pas où envoyer le sac.
Il est là.
Tout y est ?
Oui, tout y est.
Merci pour hier soir.
Désolée, je suis à la bourre.
-Je peux vous aider ?
- Oui, mes boutons.
Votre nom, déjà ?
Vous travailleriez pour moi ?
A faire quoi ?
Un peu tout.
Sauf coucher avec moi.
Nina me suffit amplement.
A vrai dire, je cherche du travail.
J'ai besoin d'une assistante.
D'une personne de confiance.
On ne se connaît pas.
J'en ai vu assez hier soir.
Mais Nina me dé***.
Elle dé*** tout le monde,
elle et moi comprises.
Bon.
-Je commence quand ?
- Sur-le-champ, si possible.
D'accord.
Voyez ce que Nina veut manger.
Moi, une brandade de Chez Pincho.
Autre chose ?
Un anxiolytique pour Nina,
elle est sur les nerfs.
J'ai du Lexomil.
Formidable.
Ne parle pas du père.
Pourquoi t'en veux à Lola ?
Elle a les pires défauts des hommes
et des femmes.
Je te raconte une histoire.
J'avais une amie, mariée trèsjeune.
Son mari partit pour Paris,
chercher une situation.
2 ans passèrent. Le mari économisa
et vint ouvrir un bar à Barcelone.
Elle le rejoignit ici.
Deux ans, c'est peu,
mais il avait changé.
Il l'aimait plus ?
Il avait plutôt changé physiquement.
Il avait des seins plus gros qu'elle.
Mon amie était trèsjeune,
dans un pays étranger
où elle n'avait personne.
En dehors des seins,
le mari n'avait guère changé, alors
elle finit par accepter.
Nous les femmes, on est prêtes à tout
pour pas être seules.
On est plus tolérantes, mais c'est bien.
On est surtout connes...
et un peu gouines.
Ecoute la fin de l'histoire.
Elle et son mari ouvrirent une buvette,
juste en face, à Barcelonette.
Moulé dans un bikini,
il sautait sur tout ce qui bouge,
mais lui faisait un sac quand
elle mettait un bikini ou une mini.
Pauvre mec !
Comment peut-on être machiste
avec des seins pareils ?
Asseyez-vous.
Qui est la patiente ?
Alors ?
Ma soeur est enceinte.
D'après nos calculs, d'environ 3 mois.
C'est sa 1 ère consultation.
Hier, j'ai saigné.
Allez vous allonger et enlevez le bas.
Courage.
Mettez ça.
D'après l'échographie,
le foetus se porte bien.
Vous habitez ensemble ?
Décidez-vous.
Elle habite chez notre mère,
mais elle ne lui a rien dit.
- C'est votre tension normale ?
-Je suis hypertendue.
Vous risquez une fausse couche.
Bougez le moins possible.
Je dois travailler.
Vous devez rester tranquille
et ne plus faire de bêtises.
Que votre mère surveille sa tension.
Régime sans sel.
Et repos.
Je lui dirai.
Je travaille avec des gens à risque.
J'aimerais qu'on me fasse
le test du sida.
Quel travail ?
Assistante sociale.
Quand aura-t-on les résultats ?
Dans une quinzaine.
Dis-le à ta mère.
Tu as besoin de quelqu'un.
J'ai trouvé du travail, je serai prise.
Ecoute-moi.
Tu n'as pas le droit de me demander ça.
Tu as déjà une mère.
On choisit pas ses parents.
Ne me fais pas de chantage,
s'il te plaît.
Ai-je bien fait d'appeler la clinique ?
Tu as fait ce que tu devais faire.
Si je la croyais,
je quitterais Stanley.
Ne la crois pas.
Ce qui compte, c'est toi et ton fils.
Et si elle disait vrai ?
Blanche n'est pas en état
de dire la vérité.
Même si elle le voulait, la pauvre.
Où est mon coeur ?
Sa boîte à bijoux en forme de coeur.
Par ici, je crois.
Le voilà.
Un collier.
On va en trouver un.
Comment s'appelle le gentleman
que tu attends ?
Huntleigh.
Il n'a pas appelé ?
C'est bizarre.
Pourquoi me regardes-tu ?
Je suis affreuse ?
Non, tu es plus belle que jamais.
Avec ce collier ce sera mieux.
Je t'aide ?
Alors tupars en vacances ?
Quelle chance, comme je t'envie.
Ce doit être ce gentleman
qui vient te chercher.
DEUX SEMAINES PLUS ***
En scène dans quinze minutes.
Entre.
- Toujours pas là ?
- Où sont-elles ?
J'étais à la télé,
je ne les ai pas vues.
- Et Nina ?
- Elle est pas avec toi ?
Elle s'est couchée.
- Couchée ?
- Qu'est-ce qu'elle a ?
Son dîner est pas passé...
Elle est malade.
Pourquoi tu m'as rien dit ?
Pour pas t'inquiéter à la télé.
- Elle a vu un médecin ?
- Bien sûr.
C'est une gastro. Il lui a donné
un médicament, elle ira mieux demain.
On annule ?
J'aimerais parler à Huma.
Attends dehors.
5 minutes !
La vérité !
Elle est raide défoncée.
Elle est sortie après toi,
elle pensait pas me voir.
Elle me croyait avec toi.
Qu'est-ce qu'on fait ?
Si tu crains pas l'infarctus,
je peux la remplacer.
Je sais le rôle à force de l'entendre.
Tu saisjouer ?
Je mens très bien
etj'ai l'habitude d'improviser.
Ça, j'ai vu.
Mon fils me trouvait bonne actrice.
J'ignorais que tu avais un fils.
En scène dans 5 mn !
Que fait-on ? On peut plus attendre.
Bon anniversaire, Blanche.
Ton cadeau.
Merci, Stanley, il ne fallait pas.
J'espère qu'il te plaît.
Mais c'est...
Un billet de car,
un billet de retour pour mardi.
Tu insinues que je dois partir ?
D'après toi ?
Pourquoi lui as-tu fait ça ?
Marre qu'elle m'insulte,
marre que vous complotiez
sous mon nez !
Ne t'en va pas, s'il te plaît.
- Ma chemise !
- Sale brute !
Je l'étais quand on s'est connus.
Ma brutalité n'avait pas l'air
de te gêner.
Tu m'as montré une photo
de votre maison, avec ses colonnes.
Je t'en ai arrachée
pour t'apprendre le bonheur.
On riait, on était heureux ensemble
jusqu'à ce que Blanche débarque.
Qu'est-ce que tu as ?
Emmène-moi à l'hôpital, s'il te plaît.
Bravo pour hier soir.
On dit que tu étais très bien.
Dommage que tu ne sois pas venue.
J'allais trop mal.
Agrado m'a raconté.
Elle a appelé la moitié de Barcelone.
Tu fais tout ce que le médecin t'a dit ?
Je viens de le voir.
- Pour les résultats.
- C'était aujourd'hui.
Je suis séropositive.
On va refaire les analyses !
Comment t'as pu baiser avec Lola !
1 5 ans qu'elle se shoote !
Dans quel monde tu vis, quel monde ?
Je sais pas.
Tu as parlé à ta mère ?
Et aux Soeurs ?
Non plus.
Allons chercher tes affaires.
Tu t'installes ici.
Tu as été merveilleuse hier soir.
Bonsoir.
Voilà la sainte nitouche.
Qu'est-ce qu'il y a ?
T'avais tout prévu, salope !
Pas d'insultes.
T'es comme Eve Harrington !
T'as appris le rôle exprès.
C'est impossible,
le coup des haut-parleurs.
Tu me prends pour une conne !
Les haut-parleurs m'ont aidée.
Je connais ce rôle depuis des années.
Quelle coïncidence !
Plus que tu n'imagines !
Tu vois !
Tu cherchais quoi le 1 er soir ?
Encore une coïncidence ?
C'en n'était pas une.
Je ne vous ennuierai plus.
Je m'en vais.
Je crois que tu nous dois
une explication.
Le ''Tramway...'' a changé ma vie.
Voilà 20 ans,
j'ai joué Stella
dans une troupe amateur.
J'y ai connu mon mari.
Il jouait Kowalsky.
Il y a 2 mois,
je vous ai vues à Madrid.
Avec mon fils.
Le soir de son anniversaire.
On a attendu malgré la pluie, pour te
demander un autographe, Huma.
C'était une folie sous cette pluie,
mais pour son anniversaire,
j'ai pas refusé.
Vous êtes parties en taxi
et il vous a couru après.
Une voiture qui arrivait l'a renversé.
Il est mort.
La voilà, l'explication.
Laisse-moi passer.
Qu'est-ce que tu fais là ?
Je viens te payer.
Hier t'es partie trop vite.
Ma soeur, Rosa.
Je vais t'aider.
Prenons l'ascenseur.
Et Nina ?
Je l'ai confiée à Mario,
elle te dit bonjour.
Pose-les là.
Toi, va te reposer.
-Je suis pas fatiguée.
- Discute pas.
Assieds-toi.
Tu bois quelque chose ?
Une vraie gamine.
Je n'ai pas dormi,
je pensais à ton fils.
Je me rappelle son visage
sous la pluie.
Le cahier qu'il tenait.
Il me semble le voir.
Je ne veux pas parler de mon fils.
Je ne peux pas.
Nina et moi,
on te demande pardon, reviens.
Rosa est malade.
Il faut s'occuper d'elle
toute la journée.
Je ne peux pas la laisser.
Je regrette.
Je ne sais plus quoi faire.
Si tu faisais soigner Nina.
Si je romps mon contrat,
j'aurai un procès.
Trouve-lui une remplaçante
et remplis ton contrat.
Sans Nina, je ne peux pas.
Elle est accro à l'héro,
moi, à elle.
Qui c'était ?
Tu lui as ouvert ?
Fallait dire qu'on est occupées,
surtout pour toi.
Installe-toi et arrête de t'agiter.
Qu'est-ce qu'elle a ?
Un accident.
- Quel genre ?
- Comment n'y ai-je pas pensé !
Agrado pourrait me remplacer.
Celle à qui tu voulais pas ouvrir ?
Un truc entre nous.
Pour toi c'est idéal.
Quel âge a Agrado ?
Plus toutejeune, entre 30 et 50.
C'est son vrai nom ?
Un nom d'artiste, comme Huma.
Sais-tu commentj'ai choisi ?
Manuela m'a raconté.
Et quoi d'autre ?
Elle m'a tout raconté.
Toi et Nina, qu'elle est accro.
Que ça finira mal.
Quoi encore ?Je suis curieuse.
Que tu es une grande actrice...
mais que dans la vie, t'as tout faux.
Et quoi d'autre ?
De rien en dire.
C'est quoi, dans le sac ?
Des bulles et une glace.
Pourquoi ?
Pour fêter ton triomphe, saleté.
Merci, entre.
Quelle surprise !
Trois nanas toutes seules
dans un apparte vide, on dirait :
''Comment épouser un millionnaire''.
Ça va, Soeur Rosa ?
- Huma, Agrado.
- Enchantée, je suis fans.
Tu es une déesse, une légende vivante.
Je dis fans, au pluriel.
Mais alors, Manuela, l'autre soir...
j'étais pas en matinée,
mais en soirée, j'ai chialé.
Et le Salvador ?
J'y vais pas, je reste ici.
Je ne travaille plus pour Huma.
On disait justement
que tu pourrais me remplacer.
Moi, Stella ?
Je me vois plutôt en Blanche.
Me remplacer moi, pas Nina ni Huma.
Merci, je ne crois pas...
Essaye, elle est pas aussi bête
qu'elle en a l'air.
Bien sûr que si.
D'ailleurs, là, je comprends rien.
Ouvre la bouteille,
qu'on s'éclate un peu.
J'ai aussi une glace.
Buvons, ça nous détendra.
J'apporte des verres.
Je peux pas boire d'alcool.
Je boirais bien un coup.
Qu'est-ce qu'elle a Manuela ?
Je la trouve bizarre.
Le succès lui monte déjà à la tête ?
Elle veut te fourguer à Huma.
Prada, c'est idéal pour une religieuse.
Moi, un rien m'habille,
je suis très éclectique.
Barcelone me donne des engelures.
Vide.Je vais en chercher d'autres ?
J'adorerais, mais non.
- Les toilettes ?
- Tout droit.
Dites-moi ce qui se passe,
je ne suis pas une étrangère.
Demain.
Lui dis rien, elle tient pas sa langue.
Je tiens très bien ma langue.
J'ai pas joué lejeu
pour que la diva se doute de rien ?
Un modèle de discrétion,
même quand je taille une pipe.
J'en ai sucé des queues en public
sans que nul s'en aperçoive,
sauf l'intéressé.
Un bail que j'en ai pas sucé, moi.
Moi, j'adore le mot queue.
Et queutard !
Je me sauve.
Ça va ?
- Ça va ?
- Mieux quejamais !
Accompagne-la à un taxi.
J'oubliais.
C'est pour toi.
Au revoir, les filles.
Tu m'apprendras à aboyer.
J'ai peur d'avoir été grossière.
Je lui ai dit de ces trucs.
C'est pas grave.
- Pas ressemblantes pour des soeurs.
- Parce qu'elles sont soeurs ?
- Manuela me l'a dit.
- Si elle le dit.
- Vous êtes un peu tordues, hein ?
- Faut connaître, voilà.
Tu sais conduire ?
Jeune, j'étais routier.
A Paris, avant mes seins.
Puis j'ai lâché le camion
et je suis devenue pute.
- Comme c'est intéressant.
- Très.
Un chèque.
1 50 000.
Elle est généreuse.
C'est quoi ?
Un autographe de Huma pour Esteban.
CherEsteban,
Voici l'autographe
que je n'ai pu te donner
malgré tes efforts.
J'ai donné des perles aux pourceaux.
- Tu dis ça pour moi ?
- Et pour ton ami Mitchel.
Il est venu me débiter tes mensonges.
Je l'ai chassé.
Tu as chassé Mitch ?
Il est revenu me demander pardon,
avec des roses.
''Pardon,'' disait-il.
Mais il est des choses impardonnables.
La cruauté ne mérite pas le pardon.
C'est la seule chose
qu'on ne puisse pardonner.
Tu l'apprends toi aussi ?
Mais non.
Tu devrais, qui sait ?
Tu crois ?
Laisse-moi seule.
Pour fumer de l'héro ?
T'attends même plus la fin ?
Si tu le sais, demande pas.
Je dirai rien à Huma
si tu fumes dans les toilettes.
C'est pas un spectacle.
Garde la porte.
Je sais que quand on est jeune,
mais enfin, t'es plus une fillette,
ces choses-là on s'en fiche.
Mais...
tu es jolie, bien proportionnée,
petite mais jolie.
Tu as maigri, mais bon,
avec ce que tu t'envoies...
bref, ce qui compte
c'est que t'es mince,
t'as du talent, limité,
mais du talent.
Et surtout, une femme qui t'aime.
Tu bazardes tout pour l'héro !
Tu crois que ça remplace ?
Mais ça remplace pas,
pas du tout.
Je le bazarde pour un peu de paix.
Aide-moi.
Tu deviens plate.
Comparée à toi, c'est sûr.
Ce que t'es vicieuse !
T'asjamais pensé à te faire opérer ?
Les clients nous aiment
pneumatiques et bien montées.
Un peu asthmatiques,
quels tarés les mecs !
Pas asthmatique, pneumatique.
Une paire de seins bien gonflés
et une belle queue.
Montre-moi ta bite.
Ça te fait un sale effet, la dope.
Qui sait, ça me brancherait ?
Avec les goûts que t'as,
t'as assez de problèmes.
Vas-y.
Mais gerbe pas en scène.
Ils adorent, je suis enceinte,
ils croient que c'est le rôle.
T'es plus enceinte,
t'as accouché du baigneur.
C'est vrai.
J'y vais mais après tu me la montres ?
D'accord si tu manges un peu.
Cesjeunes, rien les dégoûte.
QUELQUES MOIS PLUS ***
Je l'appellerai Esteban.
Ton fils ?
Pour quelle raison ?
Comme le tien.
Il sera à nous deux.
Si seulement !
Si on était seules au monde,
sans aucun engagement.
Toi et ton fils, pour moi toute seule.
Mais tu as une famille.
Je vais te coiffer et te maquiller.
- Pourquoi ?
- Pour te faire belle.
Etj'ai appelé ta mère.
Elle va venir te voir.
Ma mère ?
Tu as une mère, tu te rappelles ?
Je lui dis quoi ?
Que tu l'aimes...Je sais pas, moi.
Entre, Huma.
C'est pas Huma, je peux ?
Bien sûr, Mario, entre.
T'arrives très tôt.
Tu fais quoi ?
Rien, je repasse.
Ça va pas ?
Ben, j'ai mal dormi.
Du coup je suis nerveux.
Tu me taillerais une pipe ?
Mettez-vous dans la tête
quej'ai pris ma retraite.
Non, c'est pas ça.
J'ai été nerveux toute la journée,
je crois qu'une pipe me détendrait.
Taille-m'en une,
moi aussi je suis nerveuse.
Ce serait la 1 ère pipe
que je taille à une femme mais...
s'il le faut.
Ma bite obsède toute la troupe !
C'est pourtant pas la seule.
T'en as pas ?
Les passants te demandent de les sucer
parce que t'as une bite ?
Ah non ? Alors...
Je vais te sucer pour te montrer
mon ouverture d'esprit
et ma sensibilité à ces choses.
Saleté de téléphone !
Où est-il ?
T'inquiète.Je m'en occupe.
On va dans ma loge ?
Si Huma arrive...
Huma est à l'hôpital avec Nina.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elles ont failli s'entre-tuer.
Merde.
Tiens.
- Alors on annule.
- Dis rien.
Faudra bien dire...
Pas la vérité.
J'inventerai un truc.
Entrez.
Où est-elle ?
Dans la chambre.
Et moi qui m'inquiétais
de te savoir au Salvador.
Tu as appris à mentir.
Je savais pas comment te le dire.
Et maintenant,
tu vas quitter les ordres, te marier ?
Maman ! Quelles questions !
Avec toi, on saitjamais.
Moi en tout cas.
Même ça, je l'apprends par ton amie.
Qu'aurais-je fait sans elle ?
- Comment va papa ?
- Comme toujours.
Plus mal.
Si ça te va,
je préfère ne rien lui dire.
De toute façon, il comprendrait pas.
Et Sapic ?
Ça va.
Je ne sais pas quoi faire.
Qu'attends-tu de moi ?
Rien.
Tu n'attends rien de moi.
C'est pas ça.
Ne me rends pas les choses
plus difficiles.
Vous voulez du thé ?
Qu'a-t-elle exactement ?
Au téléphone, j'ai mal compris.
L'échographie montre
un placenta praevia.
Elle devra accoucher par césarienne.
En attendant, repos absolu.
Je la prends chez nous ?
Vous savez, son père,
il faut s'en occuper comme d'un enfant.
Vous êtes sa mère,
maisje crois qu'elle est mieux ici.
C'est bien mon impression.
S'il vous faut de l'argent, demandez
et tenez-moi au courant.
Soyez sans crainte.
-Je vous raccompagne.
- Pas la peine.
J'ignore quelle a été
mon erreur avec Rosa.
On dirait une extra-terrestre.
Vous avez des enfants ?
Oui, un.
Vous vous entendez bien ?
Il est mort.
Navrée.
Pour un cas de force majeure,
deux des actrices qui triomphent
sur cette scène
ne peuvent être ici aujourd'hui,
les pauvres.
La représentation est annulée.
Ceux qui le souhaitent
seront remboursés.
Mais si vous n'avez rien à faire,
pour une fois
que vous venez au théâtre !
Si vous restez,
je promets de vous amuser
en vous racontant ma vie.
Au revoir, dommage.
Si je vous ennuie, ronflez, comme ça.
Je comprendrai
etje me vexerai pas.
C'estjuré.
On m'appelle Agrado
parce que toute ma vie
j'ai voulu l'agrément d'autrui.
En plus d'être agréable,
je suis très authentique.
Voyez ce corps !
Du sur mesure !
Les yeux en amande, 80 000 !
Le nez, 200 000 !
Gaspillés, parce qu'un an après,
on me l'a cassé.
Ça me donne du caractère,
mais si j'avais su, j'y touchais pas.
Je continue.
Seins, deux,
parce que je suis pas un monstre,
70 pièce,
mais je les ai largement amortis.
Silicone.
Où ça ?
Lèvres, front, pommettes,
hanches et cul.
100 000 le litre, faites le compte,
moi je m'y perds.
Limage des mandibules, 75 000.
Epilation définitive au laser,
la femme aussi descend du singe,
60 000 la séance.
Ça dépend du poil.
La norme c'est de 2 à 4 séances.
Pour certaines chanteuses folkloriques
c'est bien plus long.
Voilà, ça coûte cher d'être authentique,
mes chéries.
Et pas question d'être radine
parce qu'on est le plus authentique
quand on ressemble le plus
à ce qu'on a rêvé de soi-même.
On tourne.
Doucement s'il vous plaît.
Vous inquiétez pas.
On soulève un peu.
Ça va ?
T'y arrives ?
A l'Hôpital del Mar.
On passe par la place de Medinacelli ?
Ta mère nous rejoint pas à l'hôpital ?
Je veux voir la place en passant.
Arrêtez-vous.
J'yjouais quand j'étais petite.
Sapic !
Ce chien va avec n'importe qui.
Vous avez un chien ?
Non, mais je les aime beaucoup.
Quel âge avez-vous ?
26 ans.
Votre taille ?
Pas très grande, 1 m 68.
Va avec papa.
Tu as des douleurs ?
C'est bien ! Accoucher sans douleur.
A quelle heure elle entre au bloc ?
D'ici une heure et demie.
Ça me laisse le temps
d'aller voir ton père.
T'es pas obligée de revenir.
Je veux être avec toi.
Donne un baiser à papa.
Celui-là, je me le garde.
J'espère que le 3ème Esteban
sera le bon pour toi.
Le 3ème Esteban ?
Lola a été le 1 er.
Ton fils, le second.
Tu savais que Lola
était le père de mon fils ?
Bien sûr.
C'était pas difficile.
Lola ne le sait pas.
Je ne le lui ai jamais dit.
Ton fils le savait ?
Non plus.
Soyons pas tristes,
c'est un grand jour.
On a mis Videla en prison
et ton fils va naître.
Promets-moi.
Quoi ?
- S'il arrivait...
- Il arrivera rien.
Ne lui cache rien.
J'ai rien à promettre,
tu lui diras ce que tu voudras.
Promets-le-moi.
Si ça te tranquillise.
Bon, je te le promets.
Disons adieu à notre soeur Rosa.
Quelle joie de te revoir !
Dommage que ce soit ici.
Ça ne pourrait être ailleurs.
Tu n'es pas un être humain, Lola,
tu es une épidémie.
J'ai toujours été excessive.
Je suis très fatiguée.
Je vais mourir.
Viens.
Je fais mes adieux à tout.
J'ai volé Agrado
pour aller en Argentine.
Pour voir une dernière fois la ville...
le fleuve...
notre rue.
Je suis heureuse
de pouvoir te dire adieu.
Il me reste à connaître
le fils de Soeur Rosa.
Mon fils.
J'ai toujours rêvé d'avoir un fils,
tu le sais.
En quittant Barcelone,
j'étais enceinte de toi.
Toi aussi...
Tu l'as gardé ?
Un enfant merveilleux.
Je veux le voir.
Il est avec toi ?
Il est à Madrid,
tu peux pas le voir.
Même de loin, je te promets,
sans qu'il me voie.
La dernière chose.
Tu ne peux pas le voir.
S'il te plaît !
Il y a six mois,
une voiture l'a renversé.
Il est mort.
Je ne suis venue à Barcelone
que pour te le dire.
Pardon.
Pardon !
Le petit !
D'où viens-tu à pareille heure ?
Tu n'as pas encore sorti Sapic ?
Tu n'étais pas là.
Je suis là maintenant.
Il a faim.
- Le biberon chauffe.
- Apportez-le-moi.
Occupez-vous de monsieur,
qu'il n'entre pas.
Il s'est mis en tête
que l'enfant est de vous.
Je sais.
Il est très jaloux.
J'ai dit qu'il était de toi.
J'arrive pas
à lui dire la vérité.
D'ailleurs, il comprendrait pas.
S'il pouvait être de moi !
Que veux-tu ?
Qui est cette femme ?
Manuela, la nouvelle cuisinière.
A notre service depuis 4jours.
Nous lui préparons cette chambre
pour elle et son fils.
Je te l'ai dit.
Quel âge avez-vous ?
38 ans.
Votre taille ?
1 m 70.
Va te promener.
Le biberon, madame.
On va manger.
Ne parle à personne des anticorps.
Les Soeurs le savent ?
UN MOIS PLUS ***
Prends-le.
Doucement.
Que dit le médecin ?
Qu'il va bien, tu vois, normal.
T'es avec papa.
Je peux l'embrasser ?
Bien sûr, idiote.
Mon fils, pardon de te laisser
un tel héritage.
Ne dis pas ça.
Il va bien.
Il n'aura pas forcément la maladie.
Voilà notre Esteban.
Tu l'avais appelé Esteban ?
Il voulait être écrivain.
C'est son cahier.
Il l'emportait partout.
Regarde. Il a écrit ça
lejour de sa mort.
Lis-le.
''Hier maman m'a montré une photo...''
''Il en manquait la moitié.
''Je n'ai pas voulu le lui dire mais
c'est la moitié qui manque à ma vie.''
Continue, continue.
''Ce matin, j'ai fouillé ses tiroirs
et trouvé plein de photos.
''A toutes, il manquait la moitié.
''Mon père, je suppose.
''Je veux le connaître.
''Maman doit comprendre que
peu m'importe qui ou comment il est
''ni comment il a agi avec elle.
''Elle ne peut me priver de ce droit.''
Garde la photo.
Je n'aime pas qu'on embrasse le petit.
Qui était cette femme ?
Cette femme, c'est son père.
Tu dis ?
C'est son père, il est très malade.
C'est ce monstre qui a tué ma fille ?
N'y pense pas.
Certains pensent que les enfants
se font en un jour,
mais c'est long.
Très long.
Aussi, est-ce terrible de voir
le sang d'un fils répandu.
Source qui coule une minute
et nous a coûté tant d'années.
Quand j'ai découvert mon fils,
il gisait au milieu de la rue.
J'ai trempé les mains dans le sang
etje les ai léchées
parce qu'il était mien.
Les bêtes se lèchent, n'est-ce pas ?
Je n'ai pas le dégoût de mon fils.
Tu ne peux savoir ces choses.
Dans un ostensoir
de cristal et de topaze,
je placerai la terre
imbibée de son sang...
Continue de pétrir.
Que la tristesse passe dans tes mains.
Pétris.
Il faut pétrir.
Il s'entend, mon rhume ?
Non, c'est très bien.
Sortez, c'est interdit.
J'apporte des fleurs
pour Agrado et Huma Rojo.
Signez ici, svp.
- Pour Agrado, t'es sûr ?
- C'est écrit.
Tenez.
Tu sais pourquoi je m'appelle Agrado ?
Toute ma vie j'ai voulu être
agréable aux autres.
C'est bien.
''Chères Agrado et Huma,
''Je fuis encore sans dire au revoir
et tu aimes tant les adieux, Agrado.
''Avec les parents de Rosa,
c'est devenu insupportable.
''La grand-mère a peur
que le petit la contamine.''
J'emmène Esteban là où il n'aurapas
à supporter tant d'hostilité.
Agrado, tu sais combien je t'aime.
Prends soin de toiet de Huma.
Je ne pourrai pas assister au succès
de votre hommage à Garcia Lorca.
Je vous écrirai.
Pour l'instant, mieux vaut
que vous n'en sachiez pas plus.
Déchirez ma lettre.
Votre Manuela.
DEUX ANS PLUS ***
Je reviens à Barcelone
ansplus ***,
mais pas pour fuir,
pour un congrès surle sida
à l'hôpitalCan Ruti.
Mon Esteban est devenuséro-négatif
en un temps record.
lls veulent étudierson cas.
Je suis siheureuse.
Je dérange ?
Elle est à moi aussi !
Que tu es belle !
Tes cheveux ont poussé.
Les tiens aussi.
C'est une perruque.
Ta boucle d'oreille est ouverte.
J'arrange ça.
Apprends, idiote !
Idiote, mais qui
te bichonne comme moi ?
C'est merveilleux pour ton fils.
Il est devenu négatif
du jour au lendemain.
Son cas démontre
que le virus peut disparaître.
Ils étudient son cas
mais c'est un miracle.
Je le savais.
J'ai tant prié pour ce petit.
Pourquoi tu ne t'installerais pas
chez nous ?
Bien sûr.
On va chez les grands-parents.
C'est une telle joie
pour la mère de Rosa.
C'est fou ce qu'elle a changé.
- En scène dans 5 mn.
-J'y vais.
Tu as la photo d'Esteban !
Lola me l'a donnée avant de mourir.
Je la gardais pour toi.
Je te la donne.
Et Nina ?
J'y vais.
Nina s'est mariée, dans son patelin.
Elle aussi a un enfant,
il est gros, une horreur.
Affreux, mais affreux !
A tout à l'heure.
A Bette Davis, Gena Rowlands,
Romy Schneider...
Aux actrices qui ont joué des actrices,
aux femmes qui jouent, aux hommes
qui jouent et se transforment en femme,
à toutes les personnes qui veulent
être mère. A ma mère.