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(musique indienne)
- Pas question, j'avais dit 30.
Joue surtout pas à ça avec moi. OK ?
Tu me fais une meilleure offre
ou je ne signe plus. C'est compris ?
Bon, on se voit demain.
10 h pile à mon bureau.
Sois pas en retard, j'ai rendez-vous.
Salut.
- "Une bombe dans un hôtel
sème la terreur."
- Quarante-neuf pence, s'il vous plaît.
- Hum...
Pardon, combien ça fait, vous m'avez dit ?
- Quarante-neuf pence.
Votre monnaie.
- Merci. Au revoir.
- Une livre, s'il vous plaît. Merci.
(rumeur urbaine)
- Merci.
Hum... Trop. Bien, bien trop de beurre.
Tu en mets trop.
- J'adore le beurre. Que veux-tu ?
- Ah... Denis.
Hum...
Le prix du lait a encore augmenté.
- Hum ?
- On le vend 49 pence le demi-litre.
- Dieu du ciel,
il va falloir qu'on économise.
Enfin, on peut toujours vendre la voiture.
(rire)
Ou louer une chambre à un étudiant.
Ha ! Ha ! Ha !
(femme) : Je ne comprends pas
comment c'est arrivé.
- Attention, elle rôde comme un vieux loup
en chasse.
- C'est vraiment pas le jour.
- Faudra en parler à Dixon, madame.
Il était de garde jusqu'à 7 h ce matin.
- Attendez un instant.
Elle doit être à la cuisine.
- Mange ton oeuf.
- Ah, vous voilà. Dieu soit loué.
- Eh oui, nous voilà.
La Dame de Fer
- Enfin que s'est-il passé ?
Comment est-elle parvenue à sortir ?
Il est absolument primordial que la porte
de devant soit en permanence fermée à clé.
- Oui, bien sûr.
- Auriez-vous l'obligeance de le rappeler
à celui qui viendra vous relever ?
- C'est Dixon.
- Je vais devoir en informer vos supérieurs.
Vous rendez-vous compte
de ce qui aurait pu arriver ?
- Mais elle a profité d'un instant...
- Maria, elle a commencé à trier
les effets personnels de son mari, alors...
j'aurais besoin de votre aide.
- Bien sûr.
- Soyez gentille de remonter toutes
les valises que vous pourrez trouver
au sous-sol.
- Bien, madame.
- Vous devez vous assurer...
(soupir)
- Quelle magnifique journée !
- Hum.
- Ah, vous avez commencé !
Carol sera bientôt là.
J'apporte des sacs.
Si vous avez des vêtements pour Mark,
je vous fais monter une valise.
- Hum, hum. Non, non, non, non.
Le gris.
- Tu es sûre ?
- Hum.
(Elle s'éclaircit la voix.)
Sans le moindre doute, le gris.
- Bon, d'accord.
La patronne a toujours raison.
(Denis chantonne.)
(Denis) : Ne la laisse pas prendre
mon journal.
- Oh, je n'ai pas encore eu le temps
de le lire, très chère.
- Ah, désolée.
(Denis) : Bravo, ma grande.
Hé, zut !
Je me suis coupé.
- Mets un coton, mets un coton !
- Pardon ?
- Euh... Je...
(policier) : On est payés pour assurer...
- Voilà. Regarde ce que tu as fait.
(policier) : Elle sort jamais
à cette heure-là.
- Ils défendent aux malades de rentrer
ou ils t'empêchent de sortir ? Ha ! Ha ! Ha !
(Margaret gémit.)
Bon, moi, je vais y aller.
- Prends ton écharpe.
Il y a un petit vent frais dehors.
(policier) : Que ça ne se reproduise pas
ou vous allez vous retrouver
à la circulation.
- Bonjour, Lady Thatcher.
Est-ce que je vous dérange ?
Comment vous vous sentez ?
- Vraiment bien. Merci, Susie.
- Vous avez appris
pour l'attentat à la bombe ?
- Ah oui, effroyable.
(sonnerie musicale)
(arrêt de la sonnerie)
- Désolée.
Voici les livres pour les autographes.
J'ai apporté tout ce que j'ai trouvé.
Et si nous parcourions le programme
des prochains jours ?
On avait prévu ça ce matin.
- Oui. Ce matin, oui. Je sais.
- Hum, hum.
- L'invitation de Downing Street
pour le dévoilement de votre portrait
est arrivée.
Je la poserai sur la cheminée.
Et vous êtes invitée à déjeuner
chez Lord Armstrong,
le premier vendredi du mois prochain.
J'ai dit non, parce que vous avez
un concert cet après-midi-là,
mais si vous préférez...
Ça a vraiment l'air passionnant
comme programme.
- Mais qu'est-ce qu'ils vont jouer ?
- Euh... Je... Je crois...
qu'ils ont dit...
du Rodgers et Hammerstein.
- Ah.
(orchestre)
Shall we dance
On a bright cloud of music
Shall we fly
Shall we dance
Shall we then say goodnight
and mean goodbye
Or perchance
When the last little star
has left the sky
Ah...
Non, non, non, non.
Dieu qu'il est bête.
Oh, il n'a pas mis son écharpe, le voyou.
(vibrations au loin)
(sirène d'alarme)
- L'une de vous a couvert le beurre ?
- J'y vais.
- Reviens ici.
- Margaret !
(explosions rapprochées)
C'est bien, ma grande.
Demain, qu'importe ce qu'ils font,
j'ouvre boutique comme d'habitude.
- Deux petites conserves de boeuf,
monsieur Roberts.
(Roberts) : Quel est le moteur
de toute communauté ?
Le commerce, messieurs.
Pas uniquement mondial, mais les petits
commerces comme le mien.
- Margaret, le service.
- Nous, les petits commerçants sommes forts.
(approbation)
Nous sommes autonomes.
Parfois un peu butés, certes.
Mais nous croyons aussi
au principe fondamental d'entraide.
Et je ne parle pas ici de subventions
de l'État.
- Margaret, tu viens
au cinéma avec nous ?
- Elle ne peut pas sortir !
Tu sais bien qu'elle étudie.
- Oh, mademoiselle la pimbêche !
(Roberts) : Ne te contente pas
de suivre les autres, Margaret.
Trace ta propre voie.
Ne te contente pas de suivre les autres.
- Je vais prendre une livre, monsieur.
- Je suis admise à Oxford.
Ah...
- Je suis très fier de toi, Margaret.
Ne me déçois pas.
- Mère !
- J'ai encore mes doigts tout mouillés.
- Margaret Roberts.
Oh...
- Votre thé.
- Margaret, le service.
(June) : Je ne sais pas ce qui se passe.
Elle dit qu'elle veut absolument
se rendre à la Chambre des Lords.
(Denis) : Elle parle encore de toi.
(June continue sa conversation.)
- Mais quelle heure peut-il être ?
- Pour l'instant, elle se repose...
- Le soleil n'est pas encore assez bas pour
se servir un verre. C'est l'heure du thé.
(dring !)
(soupir)
Margaret, regarde.
- Qu'est-ce que tu portes sur la tête ?
- Je viens de trouver ce couvre-chef
dans le placard.
J'ai dit : Et puis zut, c'est vendredi.
Pourquoi ne pas enfiler un déguisement ?
- Tu es ridicule avec ça !
- Pas d'accord, la patronne ?
- Non, Denis, pas d'accord du tout,
la patronne.
(June) : Elle a commencé à trier
ses affaires. Vous vous rendez compte ?
Non, non, ça se passe plutôt bien, en fait.
Mais Carol a mis huit ans
à la convaincre
de vider le placard !
- Tes chaussures !
- Ce sont ses médicaments.
On n'est jamais vraiment sûr
qu'elle les prend.
Parfois, j'ai l'impression
qu'elle les cache.
(Denis) : Ouh, te voilà démasquée.
- Ils lui donnent environ une heure
de lucidité et puis, elle replonge.
(femme) : Vous devriez enlever l'autocollant
sur la vitre arrière de votre voiture.
(homme) : Désolé, je prends que du liquide.
- Enlevez l'autocollant, alors.
J'appelle ça de la publicité mensongère.
Pas vous ?
- J'ai une autre course.
- Je dirais bien de garder la monnaie,
mais y en a pas.
- Il faut que j'y aille.
- Bonjour, June. Quelles nouvelles ?
J'ai apporté tous les sacs
que j'ai pu trouver.
J'ai pas besoin de les récupérer.
(télévision en sourdine)
Bonjour, maman.
Ce bon Dieu de chauffeur de taxi
a pas voulu de ma carte.
J'ai dit : "Faut pas coller un truc
qui dit qu'on prend Visa
quand on veut être réglé en liquide."
Tu te rends compte ?
M'obliger à fouiller dans mon sac ?
Il n'a pas eu de pourboire, ce sale type.
(soupir)
- Oui... J'aurais souhaité
que tu me mettes au courant
que tu devais passer aujourd'hui, chérie.
- C'est toi qui as dit hier
qu'on devait trier les affaires de papa.
Dans la penderie. Et qu'il fallait
te trouver une tenue.
- Non, non, non.
- Y a Michael et...
- Jacqueline.
- ...qui doivent venir dîner ce soir.
- Bien sûr. Je me souviens.
On va manger du flétan.
- L'un des plus grands atouts
de ce projet...
- Ah, quelle horreur ! Regarde ça.
- ...comme vous le voyez...
- Il doit y avoir beaucoup de morts.
Ils disent que c'est Al Qaeda.
...tous les gens présents
dans le bâtiment.
Le Premier ministre et ses collaborateurs
auraient dû se trouver
à l'intérieur de l'hôtel.
Ils avaient quitté les lieux.
(Margaret) : Denis !
- T'en fais pas.
Il est presque 2 h 50, nom de Dieu,
viens te coucher.
(Margaret) : Denis !
- À exactement 2 h 50 ce matin,
une puissante explosion a dévasté
le Grand Hôtel à Brighton.
- Brighton, où le Parti conservateur
organisait une conférence...
...Le Premier ministre...
(Denis) : Viens te coucher !
Chérie !
C'est un discours, bon sang,
pas la Grande Charte.
Viens dormir, allez.
...certains dans un état critique.
- L'IRA a revendiqué l'attentat.
- Il faut penser à rédiger un communiqué
et présenter nos condoléances.
- Je... J'imagine qu'ils ont déjà...
- Il ne faut jamais, jamais, jamais
capituler face aux terroristes.
- Il fait drôlement chaud, non ?
Tu préfères une robe longue
ou qui tombe juste au-dessus du genou ?
- Oh, plutôt au-dessous du genou, chérie.
- D'accord.
- Non, ne touche pas...
Ne touche pas aux piles.
Je n'ai pas terminé de trier ses affaires.
- June dit que tu es sortie.
Faut pas que tu sortes toute seule, maman.
On était pourtant d'accord.
- Il n'y avait plus de lait.
- Envoie Robert t'en chercher,
si June n'est pas prête.
- Je ne suis pas encore sénile, Carol.
(Denis) : Ne t'énerve pas, Margaret.
- Personne ne pense une telle chose.
- S'il m'est interdit de sortir,
même pour une pinte de lait,
dis-moi dans quel monde de fous
nous vivons.
Ne sois pas ridicule,
évite d'en faire une histoire.
Comme lorsque tu étais petite,
toujours en train de faire des histoires
pour un rien.
Ne peux-tu pas trouver de meilleures
occupations dans la vie ?
Hum ?
C'est extrêmement déplaisant
chez une femme, Carol.
Moi, quand j'avais ton âge,
il ne me serait jamais venu à l'esprit
de faire des histoires
auprès de ma mère.
- Quatre, horizontal, 11 lettres.
Un blanc, B, un blanc, T, un blanc, N.
Et puis, cinq blancs après ça :
refus tenace de changer de décision.
- Obstination.
- Ha ! Ha ! Ha !
(Carol) : Comment ?
(Denis) : J'étais sûr que tu saurais.
- Ob...
Je vais mettre les perles.
Je vais mettre les perles.
C'est bien, oui... Je mets les perles.
(respiration profonde)
Les voilà.
Mes jolies amours.
Merci, ma chérie.
- Ce sont presque tous des visages connus.
Hum... William,
Michael et son adorable épouse.
- Jacqueline.
- Et y a aussi Peter.
James R., James T.
Et cet homme tout à fait charmant
que nous avons vu l'an dernier.
- Je me souviens, ma chérie, je me souviens.
- Oui, il est venu avec sa dernière amie.
Pour varier un tout petit peu.
J'avoue qu'on manque un peu de femmes,
mais pour ce soir, ça va aller, je crois.
- Tant mieux. Moi, je préfère
la compagnie masculine.
(rires au loin)
- Maman ?
(homme) : Elle est excellente !
(conversations entremêlées)
- Ah...
- Ah, Miss Roberts.
Qui espère représenter notre
circonscription au parlement.
- Eh bien, je n'aime pas les coalitions.
J'ai jamais aimé.
- Mais ça fait 20 ans.
- Vous n'êtes pas moins vieux.
- La femme que j'ai jamais vue, hélas.
(conversations entremêlées)
- Partez de l'extérieur
pour revenir au centre.
- Attlee lorgne maintenant la sidérurgie,
j'en mettrais ma main à couper.
- Ils finiront par nationaliser
l'air que nous respirons si ça continue.
- Propriété du gouvernement anglais ;
on ne respire plus, monsieur.
- C'est affreux.
- Est-ce que votre père était aussi
féru de politique que vous, Miss Roberts ?
- Tout autant, oui.
C'était un pur et dur.
Il était maire de Grantham.
- Oh ?
- Et aussi épicier, si je ne m'abuse ?
- En effet.
- Vous arrivait-il...
parfois, d'aider un peu à la...
- Souvent, oui.
- ...boutique ?
- C'était une affaire familiale.
- Assurément, un bon début
pour un parcours durable
en politique.
- Oui, si on ajoute un diplôme d'Oxford.
(conversations en sourdine)
Non, merci. Un whisky plutôt.
- Oui, il faut se battre
pour ce genre de projet.
(femme) : Et vous, vous avez aimé ?
- Il me semble que nous savions
qui étaient nos ennemis.
(Margaret) : J'ai la conviction, monsieur,
qu'un homme doit être encouragé
à s'en sortir tout seul.
Certes, il faut aider les pauvres.
Je suis pour qu'on aide les pauvres,
mais que ceux qui en ont l'aptitude
se débrouillent tout seuls
et qu'ils ne comptent pas toujours sur nous.
Quand quelque chose ne va pas,
qu'ils cessent de se plaindre.
Qu'ils se cherchent un travail
et tentent tout ce qui est possible
afin de... changer les choses.
- Sauf votre respect, Miss Roberts,
ce qui peut avoir servi à Grantham...
- Peut s'appliquer aussi bien aux hommes
et femmes de Dartford, monsieur.
- Comme vous y allez.
- Je suis plus à même de leur parler
que ceux qui n'ont jamais eu à vivre
avec des revenus limités.
Car je suis comme monsieur
ou madame Tout-le-monde.
Quand il m'arrive d'être un peu à court
une semaine,
je dois faire plus d'économies
la semaine suivante.
- Rien de tel qu'une dose
de responsabilisation fiscale.
- Un homme appellerait peut-être ça
de la responsabilisation fiscale,
une femme, elle, parlerait de se conduire
en bonne ménagère.
- Je doute qu'une leçon
d'économie d'ordre domestique
soit vraiment ce que l'électorat
de Dartford ait le plus envie d'entendre.
Ce qui les inquiète,
c'est la nationalisation des industries,
les syndicats d'ouvriers
qui ont pris de l'ampleur,
la baisse de la livre sterling.
La personne capable
de traiter de ces sujets
est l'homme qui m'intéresse.
- Ou la femme.
(rire moqueur)
- Euh... passons à côté.
Venez, chère amie.
- Miss Roberts, si vous voulez bien
vous joindre à ces dames...
(homme) : Eh bien...
(homme) : Pour qui se prend-elle, celle-là ?
(rires des hommes)
- Alors, Margaret,
comment auriez-vous agi si vous aviez été
vous-même Premier ministre ?
- Où ça ?
- Les attentats, maman.
Aujourd'hui.
Nous étions en train de parler
des bombes.
- Oh, en effet.
Nous avons, dès l'aube des temps,
vécu en présence du mal.
Cependant, il n'a jamais fait preuve
d'une telle patience,
d'une telle soif d'effroi et de carnage,
d'un tel désir d'entraîner des innocents
avec lui dans un terrible oubli.
(approbation)
- Vous, Margaret...
- La civilisation occidentale se doit
à tout prix de débusquer et déloger
le mal où qu'il puisse se terrer,
si elle ne veut pas subir
les affres de la terreur globale
à l'ère du nucléaire.
Ce qui est inimaginable.
- Le Premier ministre a fait
une très belle allocution, je dois dire.
- Oui. Un homme brillant.
Surtout très beau parleur.
(rires)
- Madame la baronne, ce fut un grand plaisir
de vous rencontrer.
- Ah, vous permettez que je m'assoie
un instant ?
- Oui, je vous en prie.
J'ai assisté à l'une de vos conférences
à Brighton ; c'était en 84,
juste après l'attentat à la bombe
du Grand Hôtel.
- Oh, je vois.
- Vous aviez été remarquable.
Sachez que vous avez représenté
une source d'inspiration immense
pour les femmes comme moi.
- À l'époque, nous étions mus
par la volonté d'agir, ma chère.
Ce qui importe aujourd'hui,
c'est une belle célébrité. Hum.
(Un homme s'éclaircit la voix.)
- Enfin, bref... Merci.
- Bonsoir, Lady Thatcher.
- Bonsoir à vous.
- Merci. Je suis tellement content
de voir votre mère
en si grande forme.
- Elle a l'air bien, n'est-ce pas ?
- Oui, elle n'a pas changé.
- William, ce fut un plaisir.
Merci infiniment d'être venu.
- Non, merci à vous. Nous avons passé
une merveilleuse soirée.
- Puis-je vous appeler un taxi ?
- Non, je vous en prie,
je préfère rentrer à pied.
(voix en sourdine)
- Prête ? Tiens-toi à moi.
- Hum.
- Voilà, parfait.
- Oh... oh...
Ah, ça va mieux.
Détache le fermoir.
J'ai toujours... du mal à le...
- Attends.
(Margaret tousse.)
- C'est gentil.
- Oh, t'as un cil sur la joue.
- Ah.
- Fais un voeu maintenant.
(Margaret ricane.)
(rires)
Ah, j'ai parlé au Dr Michael tout à l'heure.
C'est le meilleur, à ce qu'on dit.
Sûrement le plus cher aussi.
Et je sais que tu ne devais pas le voir
avant un mois.
Mais je l'ai appelé
et il peut te recevoir dès demain matin.
Pour voir si tout va bien.
Maman, s'il te plaît.
- Et qu'en pense Mark ?
Tu lui as demandé ?
- Mark ?
- Hum.
Dis-lui de monter un moment.
J'aimerais en discuter un petit peu avec lui.
- Euh... Mark se trouve avec Sarah
et les enfants.
- Eh bien, dis-lui de monter un moment,
s'il te plaît,
après qu'il leur ait souhaité bonne nuit.
Veux-tu, Carol, chérie ?
(respiration difficile)
- Il n'est pas là, maman.
Mark vit maintenant en Afrique.
En Afrique du Sud.
Et tu n'es plus Premier ministre non plus.
Et papa est...
Il est décédé.
- Tu as l'air exténuée, chérie.
Je pense que tu as besoin
d'aller prendre un peu de repos.
Les taxis sont de moins en moins nombreux
à partir d'une certaine heure.
Hum.
- Tu as raison.
Je te laisse, maman. Dors bien.
- Oui, toi aussi, chérie.
(air d'opéra)
(journaliste) : Mlle Margaret Roberts,
24 ans, a perdu son pari
de remporter un siège au parlement
aujourd'hui.
Mais elle a apporté un souffle nouveau
dans la section du Parti conservateur
de Dartford.
Le candidat élu, M. Dodds,
a du souci à se faire.
Cette brillante jeune femme a de l'avenir.
(ricanement)
- Grignote quelque chose.
- Ah... quel désastre.
- Attends... Une seconde.
J'ai ce qu'il te faut.
Tu leur as pris des milliers de voix,
tu as fait un score prodigieux.
- Pas assez prodigieux à ce qu'il semble.
- Oh, je vois.
On s'apitoie sur son sort.
Tu as besoin d'un siège acquis d'avance,
c'est sûr.
Tu l'as totalement mérité.
Mais tu ne l'auras pas,
à moins de jouer le jeu, Margaret.
- Comment ça ?
- Bien, t'es une fille d'épicier.
- Je suis fière de l'être.
- Du moins, à leurs yeux.
Une fille d'épicier célibataire.
Mais si tu acceptais d'épouser
un homme d'affaires moyennement prospère,
tu entrerais au parlement.
Et tu ferais de moi
l'homme le plus heureux de...
Bien, de la ville qu'ils t'accorderont.
Consens-tu à devenir ma femme ?
(respiration difficile)
- Oui, Denis !
Oui.
Mais...
- Quoi ?
- Je t'aime de tout mon coeur, mais...
Jamais je ne ressemblerai
à l'une de ces femmes, Denis,
qui se contentent d'être de jolies potiches
muettes au bras de leur mari.
Ou qui passent leurs journées seules,
dans la cuisine,
à s'occuper de lessive ou de ménage.
- Nous prendrons une domestique.
- Non...
Une vie de femme ne se limite pas
à ça, Denis.
Pas juste à la cuisine, la vaisselle
et aux enfants.
Une vie doit servir à bien plus que ça.
Il est hors de question que je meure
en lavant une soucoupe.
Je ne plaisante pas, Denis.
Dis que tu es d'accord.
- C'est pour ça que je veux t'épouser,
toi, voyons.
- Oh.
Ha ! Ha ! Ha !
- Maintenant, mange.
(introduction musicale)
Shall we dance
On a bright cloud of music
Shall we fly
Shall we dance
Shall we then say goodnight
and mean goodbye
Or perchance
When the last little star
has left the sky
Shall we still be together
With our arms around each other
And shall you be my new romance
- Ah, Le Roi et moi...
On a clear understanding
that this kind of thing can happen
Shall we dance...
Oh.
Toute la famille.
Mes jumeaux... Mes petits amours.
(cris de goélands)
Ah...
Oh, Mark.
- C'était en Cornouailles, non ?
Ah, bon Dieu, il y a longtemps.
(rires)
Regarde-moi ces petits chats.
- Ah...
- T'as jamais été très douée pour le golf.
Hein ? Ha ! Ha ! Ha !
- Tu as l'air tellement heureux.
- J'ai l'air heureux, c'est vrai.
Je te préviens, tu bois trop.
Qu'est-ce que tu fais là ?
Ça ne te ressemble pas
de brasser des vieux souvenirs.
Ne fouille pas trop, Margaret.
Tu ne sais pas ce que tu pourrais trouver.
Ah...
Tu peux rembobiner,
mais tu n'y changeras rien.
- Ils grandissent tellement vite.
N'est-ce pas ?
(rire d'enfant)
Mark.
Oh...
(fille) : Elle a gagné ! Bravo !
(garçon) : Elle a gagné !
(annonceur) : M. Eric Deakins,
Parti travailliste : 13437 voix.
M. lvan Spence, Parti libéral :
12260.
(acclamations)
- Elle a gagné !
- Oui !
- Mme Margaret Thatcher, Parti conservateur :
29697 voix.
Je peux donc officiellement annoncer
que le nouveau membre du parlement
pour la circonscription de Finchley...
- À la maison, maintenant !
- ...est Mme Margaret Thatcher.
- Non, s'il te plaît !
- S'il te plaît !
- Reste avec nous !
- Tu vas pas m'abandonner, maman ?
- On veut pas que tu repartes.
- T'as pas le droit de partir !
- S'il te plaît !
- Nous laisse pas, maman !
- Reste !
- Maman !
- Nous laisse pas !
- Maman ! Maman !!! Pars pas !
- T'avais promis ! T'avais promis !
- T'en va pas, maman !
- T'avais promis !
- Je me suis assoupi un moment.
- Ha ! Ha ! Ha !
Ah non. Pas ici.
- Ah, les femmes, c'est ici.
(conversations en sourdine)
- Mme Thatcher ? Excusez-moi.
Pardon. Mme Thatcher.
Airey Neave.
Cette maison de fous vous souhaite
la bienvenue. Suivez-moi.
Pardon.
(homme) : La parole est à l'honorable
membre du parlement pour Finchley !
(acclamation)
(conversations entremêlées)
La parole est à l'honorable membre
du parlement pour Finchley !
- Non, non, non, non !
- Silence ! Silence !
La parole est à l'honorable
secrétaire d'État à l'Éducation.
- Merci, monsieur le président.
L'honorable membre du parlement
sait parfaitement
que nous n'avions pas d'autres choix
que de fermer les écoles de tout le pays.
- C'est un scandale !
- Oui, messieurs.
- C'est honteux de votre part !
- Assumez.
(rire moqueur)
- Pour la simple raison que les trésoriers
de ses propres syndicats
ont sciemment lancé une grève générale
pour saper notre économie.
- Très juste.
- Non. C'est faux.
- Quel mensonge !
- Et il serait honteux de devoir faire un
cours sans éclairage et sans chauffage
dans les classes.
Alors, messieurs les membres de la Chambre
des Communes, à qui la faute, selon vous ?
- À vous !
- À vous !
(cris entremêlés)
- Un mot, s'il vous plaît.
Il me semble que l'honorable membre
du parlement
a la voix trop haut perchée.
(rires)
- Pas du tout.
- Et... Et si elle veut être prise
au sérieux,
à sa place, je me calmerais.
(rires)
- Je la trouve excellente !
- Si l'honorable membre du parlement
pouvait peut-être porter plus d'attention
aux paroles que je prononce ici, au lieu de
s'attacher à ma façon de les dire,
il en tirerait un enseignement
fortement instructif,
et ce, en dépit de son abêtissement.
- Pour quelle raison...
Pour quelle raison, les Conservateurs
au gouvernement ont failli à leur tâche ?
Pourquoi ont-ils forcé tant de travailleurs
du secteur public...
- "Les syndicats mettent
la Grande-Bretagne à rançon".
- ...afin de sauver leurs emplois !
(acclamations)
Madame le ministre ?
Madame le ministre ?!
L'interruption
des services publics de base,
dans les transports, dans l'électricité,
dans la gestion des ordures,
n'est pas la faute des syndicats
de travailleurs...
- Les statistiques le prouvent.
- Oui, c'est leur faute !
- ...mais celle de ce gouvernement en place,
dont vous êtes si honteusement à la solde !
- Qu'est-ce que c'est que tout ça ?
- C'est fou !
(garçon) : Demandez notre journal !
Les mineurs appellent
à une mutinerie de l'armée !
- Les coupures de courant persisteront
tant que nous ne serons pas parvenus
à un compromis.
Les mineurs exigent une augmentation
de salaire de 35 %.
Une hausse que nous ne pouvons
évidemment pas leur concéder.
Les syndicats ne sont pas nos ennemis ;
ils ne l'ont jamais été.
Nous conservons plus que jamais
la volonté d'établir un large consensus.
(tous) : Oui, absolument.
- Je pense donc
que nous sommes tous d'accord
sur le fait de ne rien tenter
qui pourrait envenimer le conflit présent.
- Oui, monsieur le Premier ministre.
- Euh...
- J'ajouterais par ailleurs
qu'il est absolument crucial
que la population continue de nous percevoir
comme des conciliateurs
et non comme des agresseurs.
- Tout à fait, monsieur le Premier ministre.
- Madame le Ministre de l'Éducation...
- Monsieur le Premier ministre,
le syndicat des mineurs,
par la voix de son chef de file,
vient d'appeler l'armée à se mutiner
en soutien au mouvement de grève.
Ce qui n'invite vraiment pas
à la conciliation.
- Pas encore !
(Premier ministre) : Soyez patients.
La lumière reviendra dans un moment.
(homme) : Quelqu'un a un shilling ?
- Ah, un Boy Scout parmi nous.
Toujours prêt, hein ?
- Merci, Margaret.
- C'est revenu, en fin de compte.
- Votre point de vue a été dûment noté.
(écho) : Compromis,
compromis, compromis.
(Roberts) : Nous, les petits commerçants
de cette île, nous sommes forts.
Nous sommes autonomes.
Une nation de boutiquiers,
voilà comment nous appelait Bonaparte.
Il le voyait comme une insulte,
moi, je le prends comme un compliment.
C'est pour ça qu'il n'a pas eu le dessus.
Et c'est pour ça qu'Hitler
n'aura pas le dessus !
Nous, les Conservateurs,
croyons qu'il faut offrir au peuple
à la fois la liberté et l'opportunité
de développer son propre potentiel.
Surtout les jeunes.
À quoi bon prétendre
que nous sommes tous égaux ?
Nous ne sommes pas tous les mêmes ;
nous ne l'avons jamais été
et ne le serons jamais.
Nous devrions encourager nos enfants
pour qu'ils aspirent à accomplir
plus que nous.
Car les enfants d'aujourd'hui formeront
les dirigeants de demain.
(applaudissements)
(radio) : C'est une opinion très différente.
- On est en 1974 et on se croirait
en pleine Deuxième Guerre mondiale.
Les pannes d'électricité, les pénuries
d'essence... la pagaille totale !
Heath devrait démissionner
et céder sa place à quelqu'un
qui n'a pas peur
de s'attaquer aux syndicats.
(Carol) : Je te jure,
je ne me souviens plus de rien.
Mon prof de conduite dit que
je devrais réussir, mais...
c'est comme si j'avais jamais pris
de leçons. Ce qui est idiot, pas vrai ?
Comme on dit : la troisième est la bonne.
- Eh bien.
La seule chose à garder en mémoire,
c'est que tous les autres sont soit
inconscients, soit incompétents.
La plupart du temps, les deux.
Il faut être fichtrement brave
pour s'installer derrière un volant.
- D'accord.
- À droite.
Décale-toi un peu sur la droite.
- Mais si je vais à droite,
je ne serai pas du bon côté
de la route.
- Carol.
- C'est lui qui est au milieu.
- Décale-toi.
Mets-toi sur la droite !
- Ah, maman !
- Hé, attention !
- Désolée !
Sincèrement désolée.
(rires)
- Ça y est, je conduis ! Regarde-moi !
Merci, maman, c'était super.
- Bonjour.
- Je me sens vraiment plus à l'aise
au volant. T'aurais dû voir ça, papa.
- C'est ton petit-déjeuner
que tu t'es mis à faire ?
- Oui.
- Denis !
- Je sais au moins me faire cuire un oeuf.
- Pas comme ça.
- Maman m'a amenée faire un tour.
J'ai pu conduire partout,
dans toute la ville.
- Ah bon ?
- J'ai pris la décision de me présenter.
- De quoi tu parles ?
- Je présente ma candidature
comme chef du parti.
- Quelle idiote.
- Bonne chance quand même !
- Moi qui croyais que j'avais droit
à une leçon de conduite. Tu parles !
C'était ma mère, le centre d'attention,
pour changer !
- Qu'est-ce qu'il lui prend ?
- Elle passe son permis de conduire ce matin.
- Oh, bien sûr, oui.
- Tu sous-entends que tu veux être
Premier ministre ?
- Oh. Non.
Tout ce que je veux dire, Denis,
c'est qu'il faut qu'une personne
passe le message et n'ait pas peur
de dire l'indicible.
Aucun de ces hommes n'en a eu le courage.
(alarme)
- Le Premier ministre s'est montré
très loyal envers toi, Margaret.
- Mais c'est un faible
et il a affaibli le parti.
Il faut savoir céder sa place aux autres.
Tu trembles ? Attends, laisse-moi faire.
- Je vais y arriver !
- Doux Jésus, calme-toi.
Puis-je savoir
ce que vous avez tous ce matin ?
- Je t'ai dit ce qui se passait.
La compagnie ne va pas fort
en ce moment
et le docteur veut que je me repose.
- Qu'est-ce que tu en penses, toi ?
Oh, Denis...
Toi et moi, nous savons
qu'il y a de grandes chances
qu'ils ne veuillent jamais m'élire
à leur tête.
Jamais, ils ne me choisiraient,
mais je vais me présenter.
Ils vont voir.
Je vais les embêter, exercer une pression
pour qu'ils réaffirment les principes
que ce parti est de toute évidence
porté à défendre.
Oh, la tâche va être rude.
- Tu es insupportable, Margaret.
T'en rends-tu compte ?
- Denis, la femme que tu as épousée
se voue au service du public.
Jamais, je ne m'en suis cachée.
Et il est de mon devoir--
- Tu oses parler de devoir ?
- Il est de mon devoir--
- C'est l'ambition qui t'a toujours guidée.
L'ambition ! Quant à ta famille,
moi et les enfants,
tu n'en as rien à faire du tout.
Ne t'inquiète pas pour moi,
tout ira très bien.
- Où étais-tu allé cette fois-là ?
- J'étais en Afrique du Sud.
- Ah oui.
- Tu as mis combien de jours
pour te rendre compte que j'étais parti ?
Il a sans doute fallu que tu demandes
à la femme de ménage où j'étais.
- Quand ai-je cessé
de faire attention à vous ?
- Tu ne pensais plus qu'à grimper
les échelons du pouvoir, ma chérie.
(journaliste) : Mme Thatcher, je crois savoir
que vous vous êtes récemment rendue
aux États-Unis.
- Oh. Oh.
- Qu'avez-vous retenu de votre visite
qui pourrait s'avérer utile
ici en Grande-Bretagne ?
- Oh, il va m'être facile de vous répondre.
Ils n'ont aucune peur de la réussite.
Nous, peuples de Grande-Bretagne
et d'Europe,
nous sommes profondément façonnés
par notre histoire.
Eux, au contraire,
sont formés par leur philosophie.
Non par les leçons du passé,
mais par ce que recèle le présent.
Oh oui, croyez-moi,
ils ont beaucoup à nous apprendre.
Beaucoup, oh oui.
- Bien...
Euh...
Euh, avant toute chose,
il va falloir dire adieu à ce chapeau.
Et aux perles.
En fait, je crois qu'il faut complètement
abandonner toute idée de chapeau.
Vous avez l'allure et le ton
d'une épouse conservatrice privilégiée
et cet électorat est forcément déjà acquis
à votre cause.
Vous avez des cheveux ravissants,
mais il faudrait donner à votre coiffure
un aspect plus...
- lmportant.
- Oui. Donnons-leur plus d'impact.
Mais le... plus grave, c'est votre voix.
Elle est trop perçante ;
elle n'a aucune autorité.
- L'honorable membre du parlement
a la voix trop haut perchée.
- Le public ne veut pas se faire sermonner
par une femme ou haranguer.
Persuader, oui.
D'ailleurs... ce "oui"
à la fin de l'entretien,
ça, c'est autoritaire ;
ça, c'est la voix d'un vrai chef.
- Je confirme.
- Vous pouvez vous amuser tant qu'il vous
plaît à changer ma voix, cher monsieur Reese,
mais pour certains de mes collègues,
m'imaginer, moi, à leur tête,
cela équivaudrait, pour eux, à imaginer
qu'ils sont, disons, menés à l'assaut
du pouvoir par leur femme de ménage.
Ils me reprocheront toujours
mes origines et mon sexe.
J'ai beau faire des efforts,
et j'en ai déjà fait assez,
pour m'intégrer,
je sais que je ne serai jamais
vraiment une des leurs.
- Si je puis me permettre,
je crois que c'est justement un atout.
Vous êtes l'antithèse de tout ce qu'ont été
les tories jusqu'à maintenant.
Je... Je trouve ça terriblement exaltant.
Il nous suffirait de...
maximiser vos points forts
et de faire ressortir
toutes vos qualités
et de vous donner l'allure et la voix
de la dirigeante que vous pourriez être.
- Vous avez ce qu'il faut
pour briguer les plus hautes fonctions.
- Absolument.
- Quoi ?
Vous parlez de...
du poste de Premier ministre ?
Oh, non.
Oh, non. Non, non.
En Grande-Bretagne ?
Nous n'aurons pas droit à une femme
comme Premier ministre.
En tout cas, pas de mon vivant.
Non.
Je disais donc à Airey,
je ne m'attends pas à être élue
à la tête des Conservateurs,
mais je vais néanmoins me présenter.
Histoire de secouer un peu le parti.
- Sauf votre respect, je suis...
d'un avis différent.
Si vous souhaitez changer
ce parti, dirigez-le.
Si vous souhaitez changer ce pays,
dirigez-le. Ce dont nous parlons
ne concerne que la surface.
Ce qui est crucial,
c'est que vous suiviez votre route
en restant fidèle à vos idées.
Soyez vous-même en toute circonstance.
- Et nous nous chargeons du reste.
- Chers amis, je m'en remets
à votre jugement.
Il est possible de me convaincre
de renoncer au couvre-chef,
mais les perles m'ont été offertes
par mon époux en souvenir de nos jumeaux.
Et donc...
elles sont absolument non négociables.
- Et encore : maaaaaa.
- Maaaaaaa.
- Bien. On va poser son sac à main,
madame Thatcher. D'accord ?
Et on descend bien les épaules.
Voilà.
Maaaaa... loin devant.
- Maaaaa.
(ensemble) : Maaaaa.
- Parce que tout n'est pas qu'affaire
de voix, mais aussi de conviction.
Redressez vos poumons.
On prend une inspiration profonde.
Poussez sur mes mains. Allez-y, voilà.
(ensemble) : Maaaaaa.
- Pour appeler M. Thatcher,
comment vous faites ?
- Denis.
- Oui... je veux de l'autorité,
de la conviction. Je veux...
- Denis.
- Très bien. Encore une fois.
lnspirez et...
(fort) : Denis !
- Oui. Qu'est-ce qui se passe ?
- Excellent.
- Non, non, non.
Vous êtes l'épine dorsale
de cette nation,
les petites entreprises
comme les crèmes glacées Lovedays.
Je suis ravie de vous rencontrer.
- Nous aussi.
- J'en prends seulement une petite.
Je commence à surveiller ma ligne. Oh !
C'est pour vous, tenez, prenez.
Je suis fermement convaincue
que c'est en tablant sur la croissance
des petites entreprises
que nous assurerons
l'avenir de la Grande-Bretagne.
Oh, une bonne glace sur un bâton.
Il n'y a que ça de vrai pour Denis.
(rires)
C'est la seule façon dont nous pourrons
produire des emplois, de vrais emplois.
Des emplois qui vont durer.
Les syndicats d'ouvriers avaient été fondés
dans le but de les protéger.
De nos jours, ils persécutent les ouvriers.
Ils les empêchent même de travailler !
Ils détruisent des emplois et ils mettent
ainsi cette nation à genoux.
Je dis : Ça suffit !
Il est temps pour nous de nous reprendre
et de nous mettre au travail !
Il est temps de rendre sa grandeur
à la Grande-Bretagne.
(annonceur) : L'incompétence
du gouvernement travailliste
qui poursuit sa désinformation
et ses dépenses excessives inconsidérées
et irresponsables...
- Madame Thatcher,
c'est à vous dans une minute.
- Merci, jeune homme.
- Allez, montrez-leur.
Vous êtes splendide, Margaret...
et bientôt Premier ministre.
- Oh, Airey.
- C'est bon, allez.
- Le prochain chef du Parti conservateur :
Margaret Thatcher.
(acclamations)
- Airey...
(reniflement)
- Bonsoir, Margaret.
- Oh. Ha ! Ha ! Ha !
- Je suis prêt à parier
que la pouliche va gagner.
Ha ! Ha ! Ha !
- Merci, Airey. Bonsoir.
(explosion)
Non...
Oh non ! Non !
Non ! Airey !
Airey !
(sans paroles)
- L'Armée de Libération
Nationale lrlandaise
a revendiqué l'assassinat
du député Airey Neave,
porte-parole du Parti conservateur
d'lrlande du Nord.
(écho) : lrlande du Nord,
lrlande du Nord...
(Airey) : Si vous souhaitez changer ce parti,
dirigez-le.
Si vous souhaitez changer ce pays,
dirigez-le.
Vous avez ce qu'il faut
pour briguer les plus hautes fonctions.
- Aujourd'hui, à la veille de ces élections,
je sollicite votre appui.
Libérons-nous tous ensemble
des entraves du socialisme
et rendons à ce pays que nous aimons tant,
la grandeur...
La seule façon de le faire est que
le Parti conservateur remporte la victoire.
(journaliste) : Peut-elle gagner ?
Suivez les résultats sur ce graphique.
- Allez, Maggie !
(acclamations)
- Ce vendredi 4 mai est un jour historique
pour la Grande-Bretagne.
Un gouvernement conservateur,
sous l'autorité de Mme Thatcher...
- Mme Bandaranaike au Sri Lanka,
Mme Gandhi en Inde,
mais en Occident, il n'y avait encore
jamais eu de femme Premier ministre.
- Elle s'inscrit donc dans l'histoire
de la Grande-Bretagne
comme la première femme à avoir été invitée
à former un gouvernement
et à s'installer à l'une des adresses
les plus célèbres au monde,
le 10 Downing Street.
(Denis) : Nous y voilà.
Garde ton flegme, soldat.
- Bon après-midi,
madame le Premier ministre.
- Mme Thatcher, quelques mots.
- Je voudrais simplement dire
que je prends vraiment au sérieux
la confiance que le peuple britannique
m'a accordée.
Et je travaillerai dur sans économiser
ma peine
pour me montrer à la hauteur
de cette responsabilité.
À présent, j'aimerais partager
avec vous
cette prière admirable
de Saint François d'Assise.
"Que là où règne la discorde,
nous puissions apporter l'harmonie."
"Que là où règne l'erreur,
nous puissions apporter la vérité."
"Que là où règne le doute,
nous puissions apporter la foi.
Et que là où règne le désespoir,
nous puissions apporter l'espérance."
Rentrez le ventre, redressez-vous.
(rires)
- Une mèche de cheveux, madame.
- Ah, merci, Michael. Merci.
(photographe) :
Regardez par ici, s'il vous plaît.
Trois, deux, un...
(moteur d'aspirateur)
(June) : Robert, pourriez-vous avancer
la voiture, s'il vous plaît ?
Elle attend depuis longtemps.
- Tss !
C'est ridicule, je suis...
en parfaite... santé.
Je n'ai nul besoin de voir
tous ces médecins.
- Laisse-les jeter un petit coup
d'oeil sous le capot, Margaret.
Ils veulent juste vérifier
que tout est au poil.
- Oh, mon Dieu, ça commence vraiment
à devenir fatigant.
- Quoi, ça ?
- Toi !
J'ai tout de même vécu seule
pendant près de 24 ans,
avant de te rencontrer.
Alors, je m'en sortirai parfaitement
bien maintenant que tu as disparu.
Fais-moi le plaisir de décamper
et surtout, ne m'importune plus.
- Regardez droit devant.
Regardez-moi. Voilà.
Avez-vous des sueurs nocturnes ?
- Non.
- Des hallucinations ?
- Non.
- Vous dormez ?
- Oui, évidemment.
Quatre ou cinq heures par nuit.
- Vous vous réveillez tôt alors.
- Et je veille extrêmement ***.
Je l'ai toujours fait.
- J'essaie d'être le plus complet possible,
c'est tout.
- Oui, bien sûr.
- Il est tout à fait normal
d'avoir du chagrin.
- Mon époux est mort, cela fait des années.
D'un cancer.
- Carol dit que vous donnez
ses affaires à des oeuvres.
Probablement, une bonne chose.
- Oui, c'était mon idée.
À Oxfam.
Des affaires impeccables.
Elles peuvent encore servir
à un tas de gens.
- Hum, hum.
C'est quand même un peu déstabilisant.
Vous devez... forcément vous sentir...
- Quoi ?
Comment devrais-je "forcément"
me sentir ?
Plus personne ne pense à présent ;
on aime ressentir.
"Comment vous vous sentez ?"
"Je ne me sens pas à l'aise
de faire..."
"Le sentiment qui domine notre groupe,
on se sent..."
Savez-vous que l'un des plus grands problèmes
de notre ère,
c'est que les hommes qui nous gouvernent,
pour la plupart,
s'intéressent beaucoup plus aux sentiments
qu'aux pensées ou aux idées en général.
Et les pensées et les idées,
voilà ce qui me passionne, moi.
Demandez-moi plutôt ce que je pense.
- Qu'est-ce que vous pensez, Margaret ?
- Surveille tes pensées,
car elles deviennent des paroles.
Surveille tes paroles,
car elles finissent par devenir des actes.
Surveille tes actes, car ils deviennent
finalement des habitudes.
Surveille tes habitudes,
qui finissent par devenir ton caractère.
Et surveille ton caractère,
qui finit par devenir ta destinée.
On devient fatalement ce que l'on pense.
Mon père le répétait sans cesse.
Et je pense que je vais bien.
(intercom)
Mais j'avoue que j'apprécie
votre grande sollicitude.
(intercom insistant)
Répondez-leur.
Quelqu'un a peut-être
vraiment besoin de vous.
- Je vais appeler Carol pour l'avertir
que nous sommes de retour.
Ensuite, je brancherai
votre couverture chauffante.
(Denis) :
Tout droit, tout droit, tout droit.
Zut.
Fore !
Qu'est-ce qu'il y connaît,
ce docteur d'opérette ?
Hum... un dîner froid.
Tes standards sont en baisse, Margaret.
Tu l'as bien remis à sa place,
ce charlatan, ma chérie.
Comme au bon vieux temps !
Hallucinations, mon oeil.
De quel droit ose-t-il ?
Mais c'est vrai que tu mènes
tout le monde en bateau, avoue.
Je sais que tu m'entends, trésor.
Alors, inutile de prétendre le contraire.
- Ça suffit, Denis, ça suffit !
- À vos ordres.
Elle le tue à la fin, ce sale espion.
Je ne comprends pas
pourquoi tu es si grincheuse.
Tu n'as que moi comme interlocuteur,
de toute façon.
(Margaret) : "Quand dans l'Himalaya,
le paysan voit un ours fier et immense...
- C'est un prodige pour moi
que tu puisses encore citer
de longs extraits de Kipling.
Mais es-tu capable de me dire
le nom de la femme
qui t'a préparé ce casse-croûte infect
et froid en guise de dîner ?
Non ?
Un mois de l'année en anglais ?
Fais un petit effort.
Une syllabe.
Ça rime avec "clown".
- June.
- June. Bravo !
Je savais que tu trouverais.
"Quand dans l'Himalaya, le paysan
voit un ours fier et immense,
il hurle pour effrayer le monstre..."
(télé) : Selon les organismes
de charité, le ralentissement économique
et les coupes claires de l'État
dans l'aide sociale
augmenteront le nombre de sans-abri
dans les années à venir.
Ces ONG...
(musique classique)
(Denis) : "Quand Naga, le cobra,
se dore au soleil et entend..."
(moteur)
(musique classique)
(moteur)
(sons entremêlés)
- Si je ne peux t'entendre,
je ne te vois pas.
Si je ne te vois pas,
tu n'es pas là. Et si tu n'es pas là...
Je ne perds pas l'esprit.
Je refuse de devenir folle.
Je refuse de devenir folle.
Il n'en est pas question.
(télé) : La baronne Thatcher
a effectué une visite de routine
chez son docteur aujourd'hui.
Son mandat de Premier ministre britannique
a été le plus long du XXe siècle.
Et bien qu'elle apparaisse rarement
en public, elle reste néanmoins
une personnalité très controversée.
Affublée presque affectueusement par
les Soviétiques du surnom de Dame de Fer,
on lui attribue, avec l'appui
de son ami Ronald Reagan,
un rôle prépondérant dans la fin
de la guerre froide.
- Margaret...
- Ses partisans assurent qu'elle
a transformé l'économie britannique
et a su inverser le déclin
de l'après-guerre.
- Toutes mes excuses.
- Ses détracteurs lui reprochent
ses coupes budgétaires sauvages
et ses privatisations massives
de l'industrie.
(arrêt de la télé et de la musique)
- Je... Je ne me reconnais plus
moi-même.
(reniflement)
Hum...
(Denis) : Suis-je toujours
persona non grata ?
- Oh...
Ils vont dévoiler ce portrait
de moi au Numéro 10 le mois prochain.
L'invitation se trouve sur la cheminée.
- Oui...
- Ahem... Donc...
il y aura Churchill, Lloyd George et moi.
- Hum.
- Juste nous trois côte à côte.
- Hum.
- J'ai dit que je n'avais pas envie
d'une immense fête.
- Hum, hum.
- Mais ils ont insisté.
Il y avait un gentil article
dans le Telegraph.
"La femme qui a changé la face
de notre histoire."
- Oui, oui.
(homme) : Euh...
Il y a moins de deux ans...
le Premier ministre a cité
Saint François d'Assise !
(rires)
Oui. Et a parlé de ramener la foi,
l'espérance et l'harmonie dans ce pays.
(contestation)
(marmonnement)
- Denis ?
(cris de la foule)
(conversations entremêlées)
- L'honorable Premier ministre
peut-elle nier...
que par sa faute, le pays
connaît des taux de chômage
qu'on n'avait plus jamais revus
depuis 1934 ?
- C'est complètement fou.
- Qu'elle a provoqué la plus forte baisse
de production d'acier et de charbon
en une seule année depuis 1931 ?!
- Je ne suis pas au courant
de ces chiffres.
- Et la plus forte chute de rendement
de l'industrie manufacturière depuis 1921 !
- N'importe quoi.
- À l'ordre ! À l'ordre
- lncompétent !
- Peut-elle aussi accepter
que son économie de marché libérale
déréglementée,
instaurée pour favoriser
le développement
d'une classe moyenne, fait en sorte
que les riches deviennent plus riches
et que les pauvres n'aient aucune valeur ?
(cris des manifestants)
- Regardez-moi ! Regardez-moi !
- Vous devriez être une mère pour nous !
Vous n'êtes pas une mère,
vous êtes une vipère !
Vous êtes une vipère !
- Pouvons-nous vous parler, madame ?
- Oui, messieurs.
Mais afin d'arriver au palais à temps,
Geoffrey et moi franchirons cette porte
dans un quart d'heure.
Comme vous voyez--
- Je sais que vous êtes pressée,
Margaret,
mais nous devons faire face
à la situation
à la veille de l'offensive
mortifiante des médias demain.
Mortifiante. La guerre est ouverte.
Votre projet de budget a fuité, Geoffrey.
Ils veulent que des têtes tombent.
- Michael...
- Ne m'interrompez pas !
- Nous ne pouvons pas capituler
au tout premier signe de difficulté.
- Personne ne dit qu'il faut capituler.
- Mais est-ce vraiment le meilleur moment
pour faire des coupes budgétaires drastiques
quand le pays traverse
une des plus profondes récessions
de toute son histoire moderne ?
- Il faut un plan d'action, Margaret.
- Absolument. Une stratégie.
Nous devons fourbir nos armes.
- En effet.
Margaret, il y a une perception,
vraie ou fausse, selon laquelle
nous ne sommes plus en phase
avec les réalités du Royaume-Uni.
- Vous plaisantez ?
Combien coûte une plaquette de Lurpak ?
- Lurpak ?
- Du beurre, Francis.
42 pence.
Le beurre Anchor coûte 40 pence.
Pour la margarine, Flora
reste la moins chère à 38 pence.
(soupirs)
Je peux vous assurer que moi,
je suis toujours en phase.
- La fille de l'épicier.
(rires)
- Pardon ? Qu'avez-vous dit ?
Ça m'a échappé.
- Rien du tout, madame Thatcher.
- Non, je vous en prie,
n'essayez pas de cacher vos opinions.
Bonté divine, j'aimerais mieux
que vous osiez les exposer
plus franchement et plus ouvertement,
au lieu de sans cesse,
les faire fuiter dans la presse,
au détriment de ce gouvernement !
Eh bien ?
- Eh bien... Les gens n'arrivent plus
à payer leur prêt hypothécaire.
- La production industrielle
est pratiquement agonisante.
- Des gens perdent leur maison.
Des contribuables travailleurs et honorables.
- Il y a un malaise très profond.
- À mon avis, nous devons à tout prix
modérer l'application--
- Si nous voulons avoir l'espoir
de remporter les prochaines élections !
- Ah... On s'inquiète pour sa chère carrière,
n'est-ce pas ?
- Voyons, c'est tout à fait absurde.
- Messieurs, si nous ne jugulons pas
les dépenses,
nous courons à la faillite.
Certes, la potion est saumâtre.
Mais le patient devra l'avaler
s'il a envie de survivre.
Faut-il suspendre ce traitement de choc ?
Non !
Nous n'avons pas tort.
Si nous avons gagné les élections,
ce n'est pas dans l'intention
de maîtriser le déclin
d'une grande et fière nation.
Les citoyens de ce pays nous ont choisis
parce qu'ils nous pensent compétents
pour restaurer la santé
et l'économie du Royaume-Uni,
et c'est bien ça que nous allons faire.
Sauf si certains perdent encore leur
sang-froid.
Autre chose ?
- Madame le Premier ministre...
- Madame le Premier ministre...
- Vous avez à nouveau sauvé
la situation, Crawfie.
Vous êtes un ange.
- Vous ne pouvez pas écourter
une conversation
parce que ce n'est pas
ce que vous voulez entendre.
- Oh, Geoffrey, je ne m'attends pas
à ce que tout le monde m'écoute
en étant d'accord avec moi.
Mais en tant que chef, je dois au moins
tenter d'imposer ma façon de voir
et faire ce que j'estime efficace.
- Certes. Oui, oui.
Mais, Margaret...
il ne faut pas mettre trop à l'épreuve
la loyauté de vos collègues de travail.
On a besoin d'eux.
(cris de la foule)
(homme) : Aujourd'hui, nous sommes
une nation divisée...
- Un emploi pour tous !
...par un gouffre immense
entre les travailleurs
et les chômeurs !
Le Plan Thatcher a pour but
de briser le mouvement syndical.
(Margaret) : Il faut fermer
les mines de charbon non rentables.
Nous voulons seulement
une industrie compétitive.
(femme) : On affame les mineurs
pour les remettre au travail.
Ils survivent à peine.
Leurs besoins sont désespérés.
(sifflets)
(Margaret) : D'aucuns voudraient
nous faire reculer.
D'aucuns voudraient
nous voir battre en retraite.
Mais jamais, nous ne nous soumettrons
à leurs termes.
Nous ne laisserons jamais personne
s'opposer un seul instant...
...à notre détermination
à voir ce pays prospérer à nouveau.
(slogans)
(journaliste) : Une voiture piégée
a explosé devant le magasin Harrods,
faisant six morts et 71 blessés.
- Onze soldats sont morts aujourd'hui
dans l'explosion de deux bombes
au cours de défilés militaires
à Hyde Park et Regents Park.
Sept chevaux ont aussi perdu la vie.
L'IRA a revendiqué ces attentats.
(écho) : Revendiqué ces attentats.
Revendiqué ces attentats.
- En joue ! Feu !
(verre brisé)
En joue ! Feu !
(rafales de mitraillettes)
(applaudissements)
- Les affaires...
...doivent maintenant prospérer
et fleurir à nouveau.
"Nous sommes le vrai parti de la paix."
Nous sommes...
- Allez, chérie, viens te coucher.
Je ne sais pas pourquoi tu t'imposes ça
chaque année.
C'est un discours devant le parti,
pas la Grande Charte.
- Comme Winston Churchill le disait :
"Une fois que l'on perd..."
- Il faut savoir s'arrêter, ma chérie.
Il est 2 h 50, bon sang.
- Je sais, je sais ! J'arrive, Denis.
- Allez, viens te brosser les dents.
- J'ai presque fini.
Denis ?
(toux)
Oh, te voilà.
Tu n'as rien ?
(toux)
- Mes chaussures...
(Margaret) : À cet instant,
j'ai pensé que je t'avais perdu.
(sirènes)
(dring !)
Non...
(dring !)
Mark ?
Bonjour, trésor.
Non.
Je vais bien. Je vais...
Je vais très bien. Comment ?
Comment va, euh...
Sarah ?
Oui. Et les enfants ?
Oh.
Oh, quel dommage.
Tu ne seras pas là.
Eh bien, je me faisais...
le plaisir de vous voir.
D'accord.
Oh non, non, ça ne fait rien.
Ça va aller, trésor.
Ça ne fait rien.
Oui, bien sûr.
Une autre fois.
D'accord, trésor.
Ah oui, je suis impatiente de vous voir.
D'accord.
Oui.
Mark ?
Oh.
Oh, Seigneur.
(télé) :
Whenever I feel afraid
I hold my head erect
And whistle a happy tune
So no one will suspect
I'm afraid...
C'était Mark.
Il ne pourra pas venir.
- Ce garçon manque toujours à l'appel.
- Mais ça lui coûte une petite fortune
en avion pour faire venir tout le monde.
- Tu lui trouves toujours
de bonnes excuses.
Regarde comment il te remercie.
Savais-tu que Yul Brynner
était un tzigane venu au monde à Vladivostok ?
- Oui.
Et il est parti à Paris
quand il avait 14 ans.
Il a interprété Le Roi de Siam
4620 fois,
jusqu'à quelques semaines
avant sa mort
dans les théâtres de Broadway et de Londres.
(grincement)
Pourquoi cette tenue ?
- Parfois, il faut faire un effort.
Gin fizz ?
- Tu es mort, Denis.
- Ah, eh bien, si je suis mort,
avec qui discutes-tu ?
(télé) : Shall we dance
Shall we dance
- Et si on dansait.
(musique)
(Margaret rit.)
(grondement)
(radio) : Les îles Malouines,
colonie britannique de l'Atlantique Sud
ont été envahies.
L'Argentine déclare que ses commandos
ont effectué un débarquement ce matin
pour s'emparer d'objectifs clés
tels que la capitale Port Stanley.
- Messieurs, la junte à la tête
de l'Argentine,
composée d'un ramassis de fascistes,
a envahi un de nos territoires souverains.
Cette agression ne peut être tolérée.
Permettez-moi d'être claire
sur ma position dans les négociations.
Il n'est pas question de négocier
avec des criminels ou des voyous !
Les Malouines sont
une possession britannique !
Et je vais leur reprendre.
Messieurs, j'aimerais que vous me disiez
dès maintenant si cela est possible.
- Tout juste possible.
Il ne faut pas perdre de temps.
Une force opérationnelle peut appareiller
dans les 48 heures.
- Quarante-huit heures ?
- Mais...
- Mais ?
- Le créneau météo est très court.
En hiver, on ne peut pas combattre
à ces latitudes. Personne ne le peut.
Si nous partons en guerre,
il faut se mettre en route maintenant.
- Messieurs, pourquoi n'y avait-il
plus aucune défense navale
postée dans cette zone ?
- Lors des dernières coupes dans le budget
de la Défense,
nous avions jugé qu'une invasion
n'était pas imminente.
- Vraiment ?
- D'ailleurs, madame le Premier ministre,
si vous vous souvenez, vous avez consenti
à réduire au strict minimum
la présence navale dans la région.
Margaret, le coût de l'envoi de
28000 hommes et d'une centaine de navires
à près de 20000 kilomètres
presque jusqu'en Argentine,
serait absolument astronomique.
- Je crois que l'argent n'est pas notre souci
principal à cet instant précis, Geoffrey.
- Le pays n'a pas les moyens
de faire la guerre.
- Il faut se mettre en route maintenant.
Maintenant.
(Margaret) : Le gouvernement
a décidé aujourd'hui
qu'une importante force d'intervention
appareillerait dès que les préparatifs
logistiques seraient terminés.
(conversations entremêlées)
(homme) : Madame Thatcher,
nous avons trois semaines
avant que notre flotte
n'atteigne les Malouines.
(homme) : Nous disonsjuste
qu'il faut continuer
à tenter de trouver
une solution diplomatique.
- Le ministre américain
des Affaires étrangères est arrivé,
madame le Premier ministre.
- Alors, vous avez vraiment l'intention
de déclarer une guerre pour ces îles.
Elles sont à des milliers
de milles marins,
quelques citoyens y vivent.
Alors, aux niveaux politique et économique,
elles sont plutôt insignifiantes.
Sans vouloir vous offenser.
- À l'instar d'Hawaii.
J'ose imaginer.
- Comment ça ?
- Quand en 1941...
...les forces nippones ont attaqué
Pearl Harbor,
est-ce que l'Amérique est allée quémander
à Tojo un règlement pacifique du conflit,
selon ses termes ?
Est-ce qu'elle a abandonné
à leur sort ces quelques citoyens
parce que ces îles se trouvaient
soi-disant à plusieurs milliers
de milles marins des côtes des États-Unis ?
Non ! Non, non !
Nous combattrons au nom du principe
ou plus personne ne craindra notre nation.
- Mais, Margaret, malgré tout le respect
que je vous dois,
moi, qui ai combattu dans plusieurs--
- Malgré tout le respect
que je vous dois,
j'ai livré des batailles difficiles
chaque jour que la vie a fait.
Et bien des messieurs m'ont sous-estimée
ou prise pour folle.
Cette junte semble croire
que je suis faible.
Mais ils vont s'en mordre les doigts.
Malgré tout, j'ai de bonnes manières.
Votre thé, Al, est-ce que vous le buvez
noir ou bien avec un peu de lait ?
(homme) : Va falloir intervenir
d'une manière ou d'une autre.
- Nous sommes prêts,
madame le Premier ministre.
- On peut au moins envisager
le lancement de missiles.
- Oui, c'est important.
- Nous allons commencer, messieurs.
- Le croiseur argentin,
le Général Belgrano,
et ses deux escorteurs
font toujours cap à 273 degrés ouest
sur les côtes de l'Argentine.
Mais on suit leur position
avec notre sous-marin l'HMS Conqueror.
- Ce croiseur représente-t-il
une quelconque menace ?
- Ces deux navires transportent des
missiles Exocet, madame le Premier ministre.
Encore hier, ils ont lancé
puis suspendu une attaque
à l'intérieur de la zone d'exclusion.
On s'expose à d'autres tentatives.
- Il me semble que ce croiseur s'éloigne
actuellement des îles.
Peut-on vraiment le qualifier de menace ?
- Il passe son temps à changer de cap,
à vrai dire.
Il y a de fortes possibilités
qu'il tente une nouvelle manoeuvre
pour prendre nos porte-avions en étau.
Je conseille de prendre les devants.
Attaquons-les.
Toucher Belgrano sera un avertissement.
Les autres rentreront rapidement au port.
- Ce serait très mal vu
sur le plan international.
Nous passerions pour les agresseurs.
- Ça conduira à une escalade des événements,
c'est sûr.
- S'il faut réellement une escalade au
conflit, mieux vaut qu'on en soit la cause.
- Leurs bâtiments s'éloignent,
madame Thatcher.
- Coulez-le.
(télé) : L'HMS Sheffield,
un destroyer Type 42,
a été attaqué et touché
par un missile argentin
en fin d'après-midi.
Il s'agit sans nul doute
d'une mesure de représailles,
après la destruction
du Général Belgrano
qui a coulé en entraînant la mort
de plus de 300 marins argentins.
- Madame Thatcher ?
- Le missile Exocet a pénétré...
- Le dernier bilan
des victimes du Sheffield.
- ...l'explosion
de la salle des commandes
et l'incendie de la coque.
- Il faut que je leur écrive.
- Le carburant qui restait
dans le réservoir...
- Je vous demande pardon, madame ?
- ...a transformé le centre du navire
en véritable boule de feu.
Le navire entier a été envahi
par un nuage de fumée noire.
- Les familles...
- La chaleur est devenue si intense
qu'elle s'est propagée dans toute la coque.
- Il faut que je leur écrive.
- Une frégate de Type 21,
l'HMS Ardent,
a été touchée par plusieurs bombes.
- La frégate Antilope a subi le même sort
que les deux autres navires britanniques.
- Je vous écoute, monsieur le ministre
des Affaires Étrangères.
- J'ai pu voir brièvement
l'amiral Fieldhouse.
Selon ses propres termes,
si les Argentins sont prêts à risquer
la perte de leurs avions,
ils ont assez de missiles Exocet
pour neutraliser durablement notre flotte.
- Le président Reagan
et le président péruvien Belaùnde
ont de nouvelles propositions.
De nouvelles propositions
pour le plan de paix.
(Margaret) : Un plan de paix ?
L'apaisement ne serait pas de mise.
Il s'agit d'une guerre.
D'une guerre qu'ils ont déclenchée.
Mais Dieu m'est témoin, nous la finirons.
Laissez-moi vous dire
ce que je compte écrire
à chaque famille que ce conflit
effroyable a aussi horriblement frappée.
Je vais leur réaffirmer qu'aucun de nos
marins ou soldats ne sera sacrifié en vain...
...pour les Malouines.
(homme) :
Lieutenant Colonel Jones.
Capitaine Wood.
Capitaine James.
- En tant que seule Premier ministre
dans l'histoire de notre pays
à savoir ce que c'est qu'être mère,
et ayant moi-même un fils,
je peux imaginer votre douleur
et votre chagrin.
(homme) : Madame le Premier ministre,
nous avons sécurisé la tête...
(ministre) : Les troupes argentines
sont mal équipées et démoralisées.
(journaliste) : Les commandos
de parachutistes ont pris Goose Green.
Peu après la tombée de la nuit
hier soir,
nos forces qui encerclaient
Port Stanley ont lancé
ce que le commandant en chef
a décrit comme une attaque surprise
de premier ordre.
(rafales de mitraillettes)
- Thatcher, au lit.
(journaliste) :
Depuis leur nouvelle position,
nos forces voient un flot incessant
de soldats argentins battre en retraite
et se réfugier dans Port Stanley.
Galvanisées par leur succès,
nos troupes continuent d'avancer.
(acclamations)
(musique militaire)
- Bien joué, Margaret.
- Beau travail.
(Margaret) : Nous félicitons
les hommes et les femmes
de nos forces armées
pour leur habileté,
leur bravoure et leur loyauté
envers ce pays.
Nous faisions face à un acte d'agression
non provoqué
et nous avons répondu comme nous avons
répondu chaque fois par le passé
par l'unité, la force et le courage,
forts de la certitude,
quelle que soit la mesure du sacrifice,
que la justice et le bien auraient,
pour finir, raison du mal.
(tous) : Oui !
- Bravo.
- Et enfin, je voudrais dire
à l'honorable membre
de l'opposition qu'en ce jour de victoire,
l'heure n'est pas aux blâmes,
aux demandes d'enquête
et aux habituelles accusations.
Il y aura une commission d'enquête,
faites-moi confiance.
Car ce gouvernement n'a rien à cacher.
Non.
Messieurs, il est l'heure de mettre
différends et querelles en sourdine.
Il est l'heure de redresser la tête
et d'être fier de l'Empire britannique !
(acclamations)
- Bravo, madame le Premier ministre !
(musique)
(flûte)
- Surprise ! Bien, c'est payant,
de gagner une guerre.
Ta cote est vraiment en hausse.
T'es passée du rang de Premier ministre
le plus haïssable
à celui de sauveur de la nation !
Le monde est à tes pieds.
Et la Grande-Bretagne
a retrouvé sa grandeur.
(musique rock)
l'm in love
with Margaret Thatcher
I'm in love with Maggie too
I'm in love with Margaret Thatcher
- "Les affaires prospèrent."
- Allons de l'avant, n'est-ce pas ?
- Oui. Bien sûr.
l'm in love
with Margaret Thatcher
I'm in love with Maggie too
- "Les millionnaires de Maggie."
"Dix ans au pouvoir."
I go red when...
(journaliste) : Le mur de Berlin est tombé.
Les barrières ont été ouvertes.
La police ne fait aucune tentative
pour empêcher les gens de passer.
l'm in love
with Margaret Thatcher
I'm in love with Maggie too
- Je ne suis pas d'accord.
Je suis farouchement opposée
à un quelconque débat sur ce thème.
- La question de la monnaie européenne
unique va forcément être soulevée.
- Je ne crois pas que ce pays
soit encore prêt pour ça.
- Mais on ne peut pas jouer les autruches
et se cacher la tête dans le sable.
- De nombreux députés conservateurs
et ministres critiquent
sa manière de diriger
et pour beaucoup d'entre eux,
il serait temps que Mme Thatcher
fasse preuve de moins d'entêtement
et qu'elle concède certains points.
- Madame le Premier ministre, je ne vois pas
comment faire accepter aux citoyens
l'idée d'un impôt
qui serait le même pour tout le monde.
(Margaret) : Nos mesures
sont peut-être impopulaires,
mais ce sont les bonnes mesures.
- Madame le Premier ministre,
nous ne pouvons quand même pas demander
aux plus pauvres d'entre les pauvres
de payer le même montant d'impôt
qu'un multimillionnaire.
- Toujours la même rengaine.
Pourquoi cela ?
- Mais... Parce que...
- Parce que la plupart des gens
trouvent cet impôt
complètement injuste, madame.
- C'est ridicule.
D'une absurdité totale.
Il s'agit d'un principe
qui coule de source.
Quiconque veut vivre dans ce pays
devrait payer pour ce privilège.
N'importe quoi, c'est symbolique.
Si on ne paie aucune taxe,
on ne s'inquiète de rien.
Pourquoi s'en faire pour l'endroit
où on jette ses poubelles, hein ?
Pour les graffitis sur les murs.
Ou les logements sociaux.
Pourquoi s'en faire ?
Si ce n'est pas votre problème,
ça devient alors le problème de qui ?
Du gouvernement, immanquablement.
Votre problème...
à certains d'entre vous,
c'est que vous n'avez pas le courage
de mener cette bataille.
Vous n'avez jamais eu à vous battre.
Les choses vous ont toujours été
servies sur un plateau.
Et vous vous sentez coupables de ça.
Eh bien, puis-je dire,
et je parle au nom de ceux
qui ont été forcés de se battre
pour gagner leur place,
et qui n'en éprouvent pas
la moindre culpabilité,
nous sommes tous lassés de ces fainéants
qui prennent, prennent, prennent,
et ne contribuent pas
aux besoins de la société.
Et vous montrez la même lâcheté
la même extrême lâcheté,
pour faire face à l'Union européenne
ces jours-ci.
Cette pleutrerie.
Pour la souveraineté de... votre patrie
et l'intégrité de sa monnaie.
Nombre d'entre vous...
voudraient parvenir à un accord.
Ils voudraient pour ça
faire des concessions.
Et certains... seraient même prêts...
à adopter les propositions des Français,
d'après les rumeurs.
Eh bien, pourquoi ne pas embarquer
pour Calais ? Hum ?
Pourquoi ne pas enfiler un béret
et payer 85 % de vos émoluments
à ce bon gouvernement français ?!
Bien...
À quoi aurait-on une petite chance
de parvenir
avant la fin de la session,
Lord Président ?
Et pourquoi n'avons-nous pas davantage
progressé à ce jour ?
- Euh...
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
S'agit-il de l'emploi du temps ?
Je n'en ai pas connaissance.
- En effet, madame
- Est-ce que je pourrais le lire ?
- Oui, bien sûr, je vous le donne.
- La formulation est très maladroite.
Et ici aussi.
- C'est possible, oui.
- C'est une certitude.
- Ce n'est qu'un premier jet.
- Oh, c'est réellement inadmissible.
Vous saurez qu'il n'y a qu'un seul T
à "comité".
Un seul T.
C'est une honte de faire de telles fautes.
J'ai honte de vous.
Je ne peux même plus compter sur vous
pour un travail aussi banal, apparemment.
Êtes-vous souffrant ?
Ah, c'est cela.
Vous êtes souffrant.
Donnez-moi vite votre crayon.
Donnez-le-moi.
- Euh, voilà.
- Si vous ne pouvez pas faire mieux,
je devrais plutôt vous conduire à l'hôpital.
Et assurer votre travail, en plus du mien
et de celui de vos collègues.
Chers amis, notre Lord Président ayant choisi
d'arriver ce matin
sans être préparé du tout...
...je vais devoir ajourner
ce conseil de ministres.
Ahem...
Merci, messieurs.
- Bonne journée, madame le Premier ministre.
- Oui.
(foule) :
Pas d'argent ! Pas de taxe !
Pas d'argent ! Pas de taxe !
(cris de la foule)
(musique rock)
- Geoffrey ?
- Ma lettre de démission.
Euh...
Nos divergences,
je le crains, sont devenues...
irréconciliables.
Je pense avoir fait au mieux
pour mon parti et mon pays.
L'heure est maintenant venue
de laisser à d'autres le soin...
...de trouver des réponses
à ce tragique conflit de loyauté
auquel j'ai moi-même été confronté.
- Le discours de Geoffrey
à la Chambre des Communes a été dévastateur.
- Il ne pouvait plus supporter
d'être sans cesse houspillé.
- Il a pratiquement suggéré
que quelqu'un devait la défier
à la tête du parti.
- Un vent de réforme.
- Elle s'est mal comportée.
J'aurais même pas osé parler comme ça
à mon garde-chasse.
- Madame Thatcher.
- Je doute qu'elle survive
à cette situation.
- Je suis ici pour annoncer
ma décision
de proposer ma candidature
de dirigeant au Parti conservateur.
Je suis un fervent admirateur
de notre Premier ministre
Margaret Thatcher, mais je pense
que notre parti et notre patrie
ont besoin aujourd'hui d'un nouveau chef.
(homme) : C'est tout à fait inattendu.
- C'est moi, le Premier ministre.
- ...le règlement du Parti conservateur
permet aux députés conservateurs
de destituer un Premier ministre
en fonction.
- Une pastille ?
- Certains le soutiennent déjà ouvertement.
- Tandis que les députés conservateurs
sont réunis à Westminster
pour choisir le candidat
qu'ils soutiendront,
le Premier ministre a dit
qu'elle réservait son attention
à la gestion critique
des affaires internationales.
- Ce soir, ici à Paris, Mme Thatcher
fait partie des 34 dirigeants mondiaux
rassemblés en ces lieux pour fêter
la fin de la guerre froide
et pour annoncer le début
d'une nouvelle ère
de coopération pacifique
entre l'Est et l'Ouest.
- Les gens sont convaincus
que Mme Thatcher
arrachera la victoire
dès le premier tour.
"On va calmer les esprits
demain soir",
m'a affirmé un de ses capitaines
de campagne ici.
(Denis) : Margaret, je crois
que tu devrais rentrer
pour défendre ta cause, ma vieille.
Heseltine mène une campagne féroce.
(Margaret) : Je pense qu'il vaut mieux
que je consacre mon temps
à mettre un terme à la guerre froide, non ?
Depuis le temps qu'elle dure,
les gens connaissent ma position.
- Va-t-elle garder son poste ou va-t-elle
le perdre dans les prochains jours ?
(conversations entremêlées)
- Arrêtez de parler boulot.
(journaliste) : Mme Thatcher
n'a pas recueilli assez de votes
pour gagner au premier tour
l'élection de chef du parti
et doit maintenant décider
de maintenir ou pas sa candidature
au deuxième tour.
(journaliste) : Alors que Mme Thatcher
quitte Paris pour Londres,
afin d'essayer de rassembler assez de
soutien pour rester à la tête du parti,
il est peut-être déjà trop ***.
(rires)
(Margaret) : Trahison.
- Nous ne gagnerons jamais une autre élection
si le parti est dirigé
par cette femme.
- Il nous faut quelqu'un qui sache écouter.
- Il n'est pas question d'elle.
Il est question du parti.
- Il faut savoir céder sa place.
- Oui, mais comment allons-nous
lui présenter les choses ?
- Si vous restez en lice,
il est évident que je vais voter pour vous,
madame Thatcher.
- Madame Thatcher, bien sûr
que je vais voter pour vous.
- Mais je doute que vous allez l'emporter.
Ne comptez pas sur la loyauté...
- C'est pourtant le peuple
qui m'a plébiscitée.
- Vous ne devriez pas tabler sur
la loyauté de mes collègues du parti.
- C'est aux électeurs de me dire
que mes années au pouvoir sont révolues.
- Margaret, ne les laisse
surtout pas te destituer.
S'il te plaît, patronne.
Ils vont te détruire.
Jette tout de suite l'éponge,
mon amour.
Ne laisse pas à ces salauds
le plaisir de t'humilier.
Tu ne peux pas les battre, trésor.
Pas cette fois.
- Oh, Denis.
Je suis le Premier ministre.
(homme) : Silence ! Silence !
(Margaret) : L'honorable membre
de l'opposition a peur, voilà tout !
(Welshman) : Leur stratégie délibérée
consiste à fermer les mines de charbon
pour les revendre !
(Margaret) : Eux ne croient qu'à la grève !
Moi, je crois au travail !
- Vous avez devant vous
la femme qui a regardé sans sourciller
dix prisonniers irlandais
mourir d'une grève de la faim !
(Margaret) :
Un acte ignoble et d'une lâcheté--
- ...de cynisme au sujet des Malouines.
- Plus de propriétaires,
plus d'actionnaires, plus de dividendes...
(Welshman) : Vendue aux banquiers...
(Margaret) : Ainsi la Grande-Bretagne a gagné
le droit...
(conversations entremêlées)
Oui ! Oui ! Oui !
Je présente ma démission
après 11 années et demie
absolument extraordinaires,
fière de laisser la Grande-Bretagne
en bien meilleur état
qu'au jour de notre accession au pouvoir.
(air d'opéra)
Que m'offrez-vous là ?
Une radio !
Très utile, j'avoue.
(applaudissements)
(air d'opéra)
- Garde ton flegme, ma chérie.
- Oui.
(journaliste) : Mme Thatcher...
(questions entremêlées)
(Denis) : Le meilleur Premier ministre
depuis Churchill
destitué par une bande de pygmées timorés.
(Margaret) : Toutes ces années
passées à prendre des décisions difficiles.
Qu'est-ce qu'il en reste, maintenant ?
(Denis) : Tout a été réduit à néant.
- Hum ?
- Ha, par ces idiots, ces adorateurs
de Soviets mollassons.
- Tous ces ignobles modérateurs.
- Ha, ha, pas mal, ça.
Ces vulgaires girouettes.
- Ces Judas.
Ces pilleurs d'élection !
- Ces babouins avides de notoriété !
- Toujours occupés à satisfaire
l'opinion publique !
- Des poltrons.
- Des poltrons !
(ensemble) : Des poltrons ! Des poltrons !
- Tous autant qu'ils sont.
- Des poltrons imbéciles !
Non, non, non, non.
J'ai dû prendre de terribles décisions.
Les gens m'en veulent sans doute aujourd'hui.
Mais leurs enfants, eux,
m'en remercieront.
- Ou ils oublieront que tu as existé
et ils te relégueront aux poubelles.
- Ah...
Oh.
- Tout ce que je voulais,
c'était essayer de changer les choses.
- Et tu as réussi, mon amour.
Tu as réussi.
- Ah...
Tout ce que je voulais, c'est que mes
enfants grandissent en bonne santé
et qu'ils soient heureux.
Plus heureux que je ne l'étais,
en tout cas.
Il a conservé toutes ces choses.
Ah... Oh ! Ha ! Ha ! Ha !
Oh, ça alors... Ha ! Ha ! Ha !
Et toi aussi, je voulais
que tu sois heureux, bien sûr.
As-tu été heureux, Denis ?
Dis-moi la vérité.
(musique entraînante)
(musique douce)
Hum...
Voilà...
Denis ?
Ta valise est prête.
Tout est plié, rangé.
Denis, une minute.
Où sont tes chaussures ?
Tu... Tu ne peux pas partir
sans chaussures.
Attends, Denis.
- Sois forte.
- D'accord. Je serai forte.
- Garde ton flegme.
- Garde ton flegme.
Non !
Reste encore !
Denis !
Je t'en prie...
reste encore.
J'ai dit que je ne voulais pas
que tu t'en ailles.
Denis ! S'il te plaît !
Non... T'en va pas. Non...
J'ai peur.
Attends. Ne me laisse pas.
J'ai peur d'être seule.
- Tu te débrouilleras très bien
toute seule, mon amour.
Tu y es toujours arrivée.
(longue inspiration)
- Denis...
Non, non, non, non...
(sanglots)
(toc-toc !)
(ronflements)
- Maman ? Dieu du ciel !
Maman, ça va ?
- Oui.
- Mais qu'est-ce t'as fait ?
- J'ai... J'ai tout trié.
- Oh, maman, t'aurais dû
demander de l'aide.
T'es incorrigible, vraiment.
Tu t'es couchée correctement, j'espère ?
Tu as fait tout ça ?
- Oui, j'ai fait le tri, ça y est.
C'est fini.
- T'en fais pas trop pour le reste.
June et moi, on va terminer ça.
- Oh, j'allais justement m'habiller.
- Dis, est-ce que...
je passe un coup de fil à ton coiffeur, ou...
- Quoi ? Non.
Fais-le, toi.
(Carol) : Bon, je m'en vais, June.
Susie va me reconduire.
Elle charge la voiture.
- Parfait, au revoir.
(fermeture de porte)
- Oh, laissez-moi faire, Margaret.
- Non, voyons, je vais le faire,
ce n'est rien.
- Carol m'a dit que vous iriez peut-être
à la Chambre des Lords aujourd'hui.
- Non, non.
Je n'ai pas l'intention de bouger.
(rires d'enfants)
(chants d'oiseaux)
(rires d'enfants)
Ahem...
(musique au piano)
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