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L'Amérique vivait des temps inédits,
depuis la fin
de la Première Guerre mondiale.
On peine à croire la réalité d'alors.
Mais les faits sont là.
J'aimerais vous conter l'événement clé
de cette époque,
car il est un héritage majeur pour nous.
Aujourd'hui encore.
Tout débuta en 1919.
Dix années d'une lutte amère
entre la ville de Chicago,
riche et en pleine croissance,
et un criminel
aussi rusé qu'impitoyable.
Là-bas.
Merci.
Du calme.
Ce n'est que du fromage.
Un jour... tes blagues
te coûteront les deux jambes.
Bienvenue à Chicago, Al.
Comment va ta mère ?
Bien. Elle t'envoie ce fromage,
elle te croit affamé.
Bones, voici mon ami Al Capone,
des Five Points de Brooklyn.
Il sera mon garde du corps.
Va donc voir les tables de craps.
J'y vais.
- Ça te plaît ?
- Et comment.
Jamais vu autant de fric.
Dis à ta mamma que les malins
mangent à leur faim. À Chicago.
C'est une ville bien gavée.
C'est ce qu'on gagne en une nuit.
Viens, suis-moi.
16 janvier, début de la prohibition.
On ne pouvait pas rêver mieux.
À nous la fortune.
Et grâce à qui ?
À ces sauvages assoiffés.
Ils sont censés ne plus boire.
Ils paieront cher pour en avoir.
Et qui va les servir, à ton avis ?
Réponds, qui ?
Exact.
Le 16 janvier,
je deviens un homme important.
Allez, c'est pour moi !
Je suis en veine.
Je relance.
Comment va, Mack ?
Epatant.
- Les dés sont encore pipés ?
- Oui.
- J'en étais sûr.
- Mon ami Al Capone, de Brooklyn.
Mack Keely. Journaliste et futé.
Si je l'étais, j'éviterais ces tables.
Al est mon nouvel associé.
- Nouveau videur ?
- Exactement.
- L'emporium de Johnny vous plaît ?
- Son quoi ?
- Sontripot.
- Très bel endroit.
On en a dix
rien que dans le First Ward.
Tu veux mon avis ?
Alcool, jeux, filles...
Il y a de quoi mourir heureux,
dans le coin.
- Je relance.
- Attendez.
L'étranger vous portera chance...
croyez-moi.
- Tente le coup.
- J'implore ma bonne étoile.
Sept !
Par ici le fric.
Comprenons-nous bien. Jeune Capone.
Johnny vous aime bien, ça me suffit.
Mais n'oubliez pas.
Je suis le patron, dans le First Ward.
Les jours de vote...
seule ma voix compte.
Ce district m'appartient.
Le 4 Deuces
et tout ce qui s'y trouve, c'est moi.
- Pas vrai ?
- Si, oncle Jim.
Découvrez-vous devant madame.
Pardonnez-moi.
La voiture attend, M. Colosimo.
- Vous vouliez être à l'heure.
- Exact, Peter.
Particulièrement ce soir.
Rigoletto nous attend.
Rigoletto ?
Rigoletto est mon opéra préféré.
Quand Tetrazzini chante Caro nome...
Et Caruso...
Quand il chante La Donna è mobile...
Une beauté unique.
Tiens donc !
- Vous l'avez entendu au Metropolitan ?
- Non.
Je n'ai approché le Met qu'une fois,
le jour où j'ai entendu Caruso chanter
pour l'effort de guerre, à Times Square.
Regardez donc.
"À mon ami Big Jim Colosimo...
"Enrico Caruso."
- Vous le connaissez ?
- C'est un intime.
Je vous le présenterai.
- Merci.
- Je vous en prie.
Un instant.
Un garçon subtil. Et mélomane.
J'aime ça, le raffinement.
Dégage !
Si tu reviens, je te tue.
Je fis la connaissance
d'Al Capone 5 jours seulement
après son arrivée à Chicago.
Qu'allez-vous faire ?
Les voyous ne manquent pas. Ici.
Je refuse d'en accueillir de nouveaux.
Je ne faisais que mon travail.
Avec trop de zèle.
À votre sortie, je vous mènerai moi-même
au train pour Brooklyn.
Voyez-vous.
Je doute que ça plaise à M. Colosimo.
- Vous croyez ?
- Oui, monsieur.
Sergent Schaefer ?
Votre supérieur veut vous dire un mot.
Tout va bien ?
- Pardon.
- Ce n'est rien.
Merci pour le coup de main.
Je ne suis qu'un simple croisé.
Toujours au service de la justice.
Sergent, vous n'avez aucune raison
de retenir M. Capone, semble-t-il.
Dehors.
Juste un détail.
Vous avez mal écrit mon nom.
Ça s'épelle C-A-P-O-N-E.
Il y a un E, à la fin.
- Je ne l'oublierai pas.
- Veillez-y.
Suivez son conseil, soldat.
Ce garçon a de l'avenir.
16 janvier 1920.
La prohibition devient loi.
L'acheminement clandestin d'alcool
apparaît vite lucratif.
Mais on décide vite
de voir plus grand
en contrôlant production
et distribution.
Devenue illégale, la soif
n'en devient que plus impérieuse.
Et quiconque paie pour l'apaiser
enrichit les circuits du crime.
Capone, conseillé par Keely,
s'autorise à réfléchir.
Puis s'en ouvre à Torrio.
Lequel finit par réunir
les puissants parrains du North Side.
À leur tête. Dion "Dini" O'Banion,
amoureux des fleurs,
qui prospère en façade comme fleuriste.
Boiteux, il n'en a pas moins tué
25 personnes de ses mains.
George "Bugs" Moran,
l'élégance façon North Side.
Ex-taulard, ex-perceur de coffres.
Ex-dévaliseur de banques.
Earl Weiss,
aussi appelé Hymie le Polonais.
Il fréquente assidûment l'église
et est l'une des gâchettes
les plus craintes de Chicago.
Notre commerce doit répondre
aux lois conventionnelles des affaires.
Nos querelles ne nous apportent rien.
Contrôlons tout
et nous serons tous riches.
On se fédère, plus de détournements,
plus de coups de force.
La mainmise sur toute la ville ?
Et sous un seul drapeau ?
Et on dégage contrebandiers
et petits voyous.
Pas vrai ?
- Et qui sera M. Big ?
- Toi ?
Big Jim ? Qui a besoin de lui ?
C'est le patron.
Il a ses contacts,
il les place tous.
Quels contacts ?
Cette ville est ouverte à tous.
Exact, et grâce à qui ? À Big Jim.
Il a accès
au sommet de l'administration.
Il est vieux
et s'encroûte à trop dépenser.
Tu sais ce qu'il va dire à Johnny ?
Giovanni, tu me fais perdre mon temps.
Giovanni !
Tu voudrais que je m'acoquine avec
ce fleuriste irlandais du North Side ?
Ces jeunes gens du North Side
n'ont aucune classe.
Une bande de vauriens, oui !
Giovanni,
nous avons le First Ward.
C'est bien suffisant.
Restaurants, filles. Jeux.
C'est assez.
- Assez de sarcasmes !
- Qui a besoin de la bière ?
Ce sera lui, je te dis !
Crois-moi, tu n'as pas une chance.
Maudit fleuriste,
il te poignardera dans le dos.
Laisse tomber, Al.
Grande gueule, mais brave gars.
Big Jim les dressera, n'aie crainte.
N'aie crainte ?
Si tu ne te méfies pas,
ils s'empareront de la ville.
Tu vas m'écouter, Johnny !
Pour nous tous comme pour toi.
Le cerveau. C'est toi, Johnny-papa.
Organiser, ça te connaît.
Le rôle de M. Big te revient.
- Al, mon oncle...
- Trois fois, on est allés le voir.
Incapable d'organiser... de voir grand.
Un simple vendeur à la sauvette.
Surveille ton langage !
- Je progresse, mais il faut du temps.
- Trop ***. Ils te collent au train !
Écoute-moi, Johnny... je t'en supplie.
Il n'y a qu'un moyen d'arrêter O'Banion.
Débarrasse-toi de Big Jim
et devient M. Big.
Big Jim est mon oncle.
Il est comme mon père.
Je le sais, Johnny.
Essaie de comprendre.
On est dans les affaires.
Les affaires.
Et comme dans tout secteur,
celui qui ne coopère pas doit partir.
- Ma famille...
- Je comprends parfaitement, crois-moi.
Mais O'Banion a raison.
Big Jim vieillit, il s'encroûte.
Tu comprends ?
Il est une menace pour toi.
Une menace pour toi, Johnny,
et une menace pour toute l'organisation.
- Débarrasse-toi de lui.
- Ne parle pas comme ça.
Johnny, écoute-moi.
Johnny-papa, écoute-moi bien.
Veux-tu vraiment te contenter de miettes
pour le restant de tes jours ?
Veux-tu rester
un vendeur à la sauvette,
ou veux-tu devenir M. Big ?
Tu m'entends, Johnny ?
M. Big.
L'homme qui contrôle tout.
Al, mon garçon.
Quel plaisir de te voir.
Écoute ça.
Une merveille, ce bel canto.
J'ai apporté du whisky canadien.
Magnifique.
Rien que le meilleur
pour Big Jim Colosimo.
Belles filles. Mets d'exception,
alcools dignes de l'élite...
Que demander de plus ?
Le meilleur, en toutes choses.
Tu connais cet air ?
Parlez, si vous n'avez rien à cacher.
Je préfère attendre mon avocat.
Après quoi
vous nous signerez des aveux ?
Il était comme un père.
Pourquoi l'aurais-je tué ?
Il vous empêchait
de partager la ville avec O'Banion.
Pas si vite, calmons-nous.
Vous n'avez ni témoins ni preuves.
M. Torrio et moi,
nous avons des témoins.
Dix gars qui vous diront qu'on jouait
au billard sur North State Street.
Riez si vous voulez,
et menez-nous devant le juge,
mais ne triomphez pas.
Voici un ordre signé
par le juge McGiveney.
- Libérez mes clients.
- Compris, maître.
- Vous pouvez partir.
- Merci.
Remerciez le conseil municipal...
pas moi.
Et voilà.
Que peuvent faire deux flics honnêtes ?
Simplement ce qu'il y a de plus dur.
Ne pas se salir les mains.
- Là, tu m'entends ?
- Oui.
Parfait.
Je la veux deux fois plus grande.
Big Jim mérite le meilleur.
Je te parle !
Ce que tu n'as pas,
tu le commandes. Johnny paiera.
- Compris.
- Tant mieux.
Un bel enterrement,
quel régal pour les yeux.
Chicago n'en aura
jamais vu de plus beau.
Je n'ai jamais vendu autant de fleurs.
- Comment écrit-on "paix" ?
- P-A-I-X.
Pas si vite.
Comment écrit-on "paix" ?
- P.
- P.
- A-I.
- A-I.
- X.
- X.
Pour accompagner la couronne.
"À mon ami Big Jim.
Puisses-tu reposer en paix. Al."
C'est une belle pensée, Al.
Tu te rappelles ce domestique,
Pete Flannery... qui s'est fait flinguer ?
Et alors ?
Un Irlandais comme je les aime.
- Envoie-lui une couronne.
- C'est très généreux de ta part, Al.
Voilà qui te grandit.
Sa femme et son bébé
sauront apprécier ton geste.
Vraiment ?
Envoies-en une grande.
Tu veux que je te dise ?
Il avait tout juste ton âge.
Quel malheur, mourir aussi jeune.
Tu veux mon avis ?
Il aurait dû apprendre à se planquer.
Pour la 1re fois.
Les gangs enterraient à Chicago.
Tous les amis de Colosimo y étaient.
Eminences du crime,
pontes de la politique.
Réunis autour d'un même cercueil.
Observant ces porteurs
profanant la mort,
je me posai une question.
Qui menait-on réellement au tombeau ?
La dépouille de Big Jim Colosimo
ou celle de Chicago ?
C'était un bien bel enterrement.
A-t-on jamais vu autant de fleurs ?
Quand mon heure viendra,
je n'en veux pas moins.
Tous ces gens... ce dévouement.
Des chandelles jusqu'à l'autel,
comme un 4 juillet.
Big Jim est enterré,
reprenons le travail.
Nous lui avons offert un bel hommage.
Et maintenant, général Johnny,
quels sont les projets ?
Voici.
Allons-y.
Le 4 Deuces sera le siège.
J'en prends la tête. Des objections ?
- Et mon territoire ?
- Tout le North Side.
Madison Street sera la frontière.
Vendu.
On ne franchit pas la ligne.
Vous avez le nord. Nous... le sud.
Le gang Genna et les frères Murphy
nous aideront.
Tu te gardes un joli terrain, Johnny.
Je l'ai structuré, je le gère.
Tout intrus sera liquidé.
Si tu peines à t'y tenir, le Balafré.
Appelle-moi.
Si j'ai besoin de toi, Bugs,
je rentre à Brooklyn.
Et ne m'appelle pas le Balafré.
- Alors ?
- Calme-toi, Al.
C'était une bien belle journée.
Je vous en tire mon chapeau.
À bientôt, Johnny.
Alors. Gumbare ?
Fatigué ?
Regarde ça. Johnny.
Rappelle-toi ton enfance.
Et regarde cette carte.
Je me revois, gamin, chez le boucher.
Il y avait toujours une affiche...
on y voyait un bœuf avec des lignes
qui délimitaient les bonnes pièces,
les morceaux de choix.
Aujourd'hui, les bouchers, c'est nous.
À nous le filet, à eux la culotte.
Que dire, Johnny ?
- Tu bois beaucoup...
- Et alors ?
Et alors, rien. Tu es bien nerveux.
Je ne voulais pas descendre Big Jim,
voilà ce qui me rend nerveux.
Tu n'as pas à t'inquiéter.
Il n'y a aucune...
aucune preuve, aucun...
aucun témoin, rien.
Je sais, tu as bien travaillé.
Ce Pete Flannery avait
une femme et un bébé.
J'ai fait envoyer une couronne.
Ça ne suffit pas.
L'organisation va s'occuper d'eux.
Bien sûr, Johnny-papa, absolument.
- Je vais la voir.
- Attends un peu.
Je vais y aller.
Laisse-moi faire, je m'occupe de tout.
De tout, je le sais.
Et tu le fais avec talent. Al.
Al,
j'engrange combien, cette année ?
Cette année ?
Je ne sais pas, disons...
quelque chose comme...
100 000 dollars ?
- Et je te paie combien ?
- Par semaine ?
75 dollars par semaine.
Désormais, tu es mon partenaire.
- Tu plaisantes ?
- Non, Al.
Tu deviens mon partenaire, à vie.
À 25 %... ça te fait 25 000 par an.
500 la semaine, c'est un paquet de fric.
Pourquoi cette générosité ?
Vois-tu, Al,
je suis un adepte de l'assurance-vie.
Et tu es la meilleure assurance
qui soit.
Torrio et Capone innocentés
- Oui ?
- Mme Flannery ?
C'est pour vous.
- Merci.
- Je vous en prie.
- Al qui ?
- C'est moi. Al Capone.
- Al Capone ?
- Oui, c'est mon nom.
M. Torrio et moi étions
de bons amis de Pete.
Je viens voir
si vous avez besoin d'aide.
- Vous l'avez tué ?
- Sûrement pas.
Je n'ai rien fait.
D'ailleurs, pourquoi le tuer ?
Il travaillait dur,
et M. Colosimo l'appréciait.
- Vous l'avez fait tuer. Sortez.
- Attendez un peu.
Comprenons-nous bien.
Je n'ai rien fait, rien commandité.
Je vous explique.
Quand vous tuez quelqu'un,
il vous faut une bonne raison.
Et je n'en avais aucune.
Pete était mon ami, il ne m'a
jamais rien fait. On l'aimait tous.
Pensez-y. Il a eu un bel enterrement,
vous n'avez rien payé.
Vous avez une rente à vie...
c'est un confort certain.
Et j'ai une surprise.
Une rallonge, au cas où.
Reprenez votre sale fric.
Sortez de chez moi.
Vous n'avez pas les idées claires.
Vous avez un enfant, pensez à lui.
Ne vous approchez pas d'elle.
Sortez ou j'appelle la police.
Allons, faites donc, Mme Flannery.
Appelez la police.
Vous voulez tout savoir ?
Vous me plaisez, vraiment.
Vous ne manquez pas de cran.
Mais pensez à votre enfant.
Dernière chose,
vous réagissez bizarrement.
Existe-t-il une loi qui interdit
d'être gentil, d'aider les gens ?
Vous pensez vraiment
que votre argent et vos fleurs
peuvent apaiser...
Vous croyez que ces fleurs
rendront son père à mon bébé ?
Arrêtez ça !
Comment osez-vous me frapper ?
Vous venez me rembourser mon mari ?
Que valait-il... selon vous ?
Combien ? Les prix sont définis
à l'avance, M. Capone ?
Combien ?
Certains gangsters désapprouvaient
le partage de la ville.
S'estimant lésés.
Lorsqu'ils quittaient le rang,
Al Capone et ses hommes
venaient rétablir l'ordre.
Les frères Murphy liquidés
- Bonjour, Hymie.
- Salut, Dini.
- Belle matinée, George.
- À toi aussi, Dini.
Des roses ?
Les roses sont pour les amoureux.
Fraîchement cueillie.
Ma plante préférée.
Dini, tu as lu les titres ?
Écoutez ça.
"Al Capone, sommité de la pègre,
"interrogé au sujet du meurtre
des frères Murphy,
"a déclaré ne rien en savoir
"et a assuré que les Murphy
étaient ses amis."
Ce Capone tue comme il respire.
S'il continue, la ville sortira
Big Bill Thompson au prochain scrutin.
Ce qui nous desservira.
Dini,
tu n'as qu'un mot à dire.
Descendons-le.
Patience, mes amis, patience.
Laissons-le d'abord s'engraisser.
La cible n'en sera que plus grosse.
Tu comptes attendre longtemps ?
Le temps qu'il façonne l'organisation
à notre convenance.
Ensuite, on prend les rênes.
Magnifique, Al.
- Tu fais du gras, Al.
- Du muscle, oui.
Tu sais comment on appelle ce col ?
- Un Lord Chesterfield.
- Lord ?
Chesterfield.
Si tu veux savoir, j'emmène
Chesterfield à l'opéra, ce soir.
Je veux que ce manteau soit prêt
pour 18 heures.
- Je doute...
- Vous y arriverez.
Merci, M. Capone.
C'est très généreux.
Mon cher Alfonso,
tu en as parcouru, du chemin.
Ce soir, tu fréquentes l'élite.
- Je veux te parler.
- L'âme de la ville.
- Tu veux quoi ?
- Te parler. Quand tu auras un moment.
Tony... occupe-toi de ça.
Joe ? Brave garçon.
- On te dit homme du peuple.
- Et alors ? J'appartiens au peuple.
Il constitue ma clientèle.
Cette ville a soif. Je l'aime pour ça.
Prépare-la à une petite infidélité.
Pourquoi ?
- On déménage, Al. On s'en va.
- Pourquoi ?
Le nouveau maire.
Dever ? Comme les autres.
Il promet des réformes et ne fait rien.
Il parle... et il agit.
Il a nommé Schaefer capitaine,
à la tête d'une équipe chargée
de faire le ménage à Chicago.
Il se heurtera au conseil municipal.
Les flics. Le maire, laissez-moi rire !
- O'Banion, ça te parle ?
- Bien sûr.
Il a invité quelques élus à dîner.
Et alors ?
Pas de simples élus. Des gros bonnets.
Et ils ont accepté.
Et ?
La presse en a parlé
et le maire a vu rouge.
Dès ce soir, certains d'entre eux
vont démissionner, dirons-nous.
Il veut réformer,
et il s'en donne les moyens.
Au diable, lui et ses réformes !
Quoi, on abandonne ?
On se déplace en attendant
le retour de Big Bill Thompson.
- Pour aller où ?
- En banlieue. À 6 km à l'est.
- Cicero ?
- Oui.
Mauvaise idée.
Al,
c'est ce qu'il faut faire.
Compris, Johnny-papa.
C'est toi... le patron.
Au fait,
petite question : pourquoi Cicero ?
Mon cher Al, on s'apprête à y voter.
Respectez le code de la route
Ils investirent Cicero
à la veille des élections.
Ils achetèrent les officiels.
Choisirent leurs propres candidats
et terrorisèrent les électeurs.
Lorsqu'enfin les événements,
soigneusement dissimulés.
Furent rapportés à la capitale
et que la garde nationale
fut envoyée sur place,
il était trop ***.
Le scrutin était clos.
Cicero venait de tomber.
La ville ouvrit ses portes
au commerce de la bière
et l'argent se mit à couler à flots.
- Une splendeur... non ?
- De la peau de chat sauvage, oui.
Impossible, il coûte une fortune.
Je m'en moque comme des fortunes
que je perds aux courses.
- Règle leur compte à ces chevaux.
- À qui ?
Aux gagnants.
Je ne vais pas aux courses pour ça,
ce serait minable.
J'y vais pour me faire plaisir.
Ce que Capone fait, il le fait bien.
Parfaitement.
Je n'aime pas ce manteau.
- Moi, si.
- C'est vrai ?
- Il me va.
- Tu trouves ?
- C'est toi qui l'achètes ?
- Non !
Alors tu écrases.
- Vous avez des vrais manteaux ?
- Bien sûr, M. Capone.
Montrez-les-nous.
Le prix ne compte pas.
Allons, Daniel Boone,
lâche ce manteau.
Le vison du Labrador, s'il vous plaît.
Voici, madame.
- Al, mon chéri, il est sublime !
- Ça te plaît ?
Joe, ramène-la, tu veux ?
- Rentre.
- À la maison ?
- Parfaitement... à la maison.
- Comment ça ?
Garde-moi ça, Tony.
J'ai belle allure ?
Vous permettez ?
Comment va, Mme Flannery ?
J'ai failli ne pas vous reconnaître.
Je suis content de vous voir.
- Navrée, j'ai beaucoup de travail.
- Vraiment ?
Ne vous gênez pas pour moi.
Comment va la petite ?
Laissez-moi deviner, elle doit avoir...
quatre ans, je me trompe ?
Si elle vous ressemble,
elle doit être très jolie.
Comment osez-vous parler de ma fille.
Vous qui avez fait tuer son père ?
Écoutez.
Je n'ai fait tuer personne,
vous vous souvenez ?
J'essaie simplement d'être gentil.
Je ne demande aucune faveur, merci.
Répondez à cette question :
vous aimeriez les porter
plutôt que de les vendre ?
Je ne veux rien de vous... M. Capone.
Allons, écoutez-vous.
Ce n'est pas gentil de parler
comme vous le faites.
Comment s'adresse-t-on
à quelqu'un qui a tué votre mari ?
Une minute.
- Qui est-ce ?
- Télégramme.
Reculez.
- M. Capone...
- Dis-lui.
- Me dire quoi ?
- Écoutez. Vous.
Dis-lui, tu m'entends ?
Dis-lui.
- J'ai tué votre mari.
- Pour qui ?
- Parle.
- O'Banion.
- Qui ?
- O'Banion !
Ton nom.
- Donne-lui ton nom !
- Eddie Dinoffrio.
Dégagez-moi ça.
Pas de bruit en descendant.
Alors. Vous me croyez ?
Pourquoi
ne me laissez-vous pas tranquille ?
Pourquoi ?
Vous êtes la première femme
à m'éconduire, voilà pourquoi.
- Je n'en crois rien.
- C'est votre problème.
Votre amie, au salon...
Non, elle ne vous rejetterait pas.
Vous parlez de Gladys ?
Il y a une différence entre une poule
comme elle et une femme comme vous.
Ces filles-là, on leur dit "je t'aime"
et c'est dans la poche.
Vous n'êtes pas comme elles.
Vous avez une petite fille adorable.
Merci.
Je vous en prie.
Qui s'occupe d'elle, la journée ?
Une voisine que je paie.
Vous vivez seule ?
Oui.
Vous devez vous ennuyer.
Je m'en sors.
Une jolie femme comme vous
ne devrait pas vivre seule.
Après tout, vous avez un enfant.
Elle mérite d'avoir sa mère
à temps plein.
Je m'occupe bien d'elle.
Soyez prudente,
elle pourrait finir dans la rue.
Sûrement pas. Pas ma fille.
J'ai vécu dans la rue depuis mes 10 ans,
je sais ce que c'est.
Le berceau des gangsters.
Tout doux, je n'aime pas
qu'on me traite de gangster.
Ne croyez pas tout ce qu'on dit,
je ne suis pas un gangster.
Je suis un homme d'affaires
au service du peuple.
Je lui offre l'alcool, les filles,
le divertissement.
Servir. Voilà ce que j'aime.
Quand on ne voudra plus de moi,
je disparaîtrai.
Vous brilleriez, en politique.
Entre nous, je brillerais partout.
Je pourrais être pasteur... politicien...
Je suis né du mauvais côté
de la barrière, voilà tout.
Vous y croyez vraiment ?
- Vous voulez savoir à quoi je crois ?
- Allez-y.
Moi.
Al Capone.
Je ne crois qu'en Al Capone
car je ne peux me fier qu'à lui.
Le monde est plein de gens.
Et ils ont tous un prix.
Les élus, les taxis... tous.
Tant que je connais leur prix
et que je paie. Je reste au sommet.
- Vous ne m'achèterez pas.
- Je le sais.
C'est ce qui me plaît.
Et voilà.
Vous me renvoyez à mes vertes années.
Je vais vous laisser.
Excusez-moi, je ne voulais pas déranger.
Vous ne me dérangez pas.
Vraiment ?
J'ai un petit secret.
Vous voulez l'entendre ?
- Allez-y.
- Très bien.
C'est le premier mot gentil
que vous m'adressez. Maureen.
Pardon... Mme Flannery.
Voyez-vous.
Ce qui me plaît, chez vous...
Ce qui me plaît, c'est que
vous n'accepterez d'argent de personne.
Je vous respecte.
Et croyez-moi, le respect
ne s'achète pas, pas même une fortune.
Vous le pensez vraiment ?
Vraiment.
Je suis un type marrant.
Et j'ai parfois besoin de me livrer.
De dire ce que je ressens.
Vous devriez partir.
Vous avez raison.
Compris, jeune femme.
J'essaie de franchir la barrière.
- Je devrais rester de mon côté.
- Je n'ai pas dit ça.
Vous savez ce que vous êtes ?
Un ange.
Vous comprenez ?
Vous êtes un ange.
C'est de ça que j'ai besoin.
Pas d'une tapineuse, d'une traînée,
de toutes ces poules.
Rien qui puisse s'acheter.
Vous comprenez ce que je dis, Maureen ?
J'ai besoin de vous.
Et j'ai envie de vous.
LIVRAISONS ET ENTREPO TS
Belle installation.
La meilleure de Chicago.
C'est parfait mais ça ne vaut pas
un demi-million. O'Banion t'a eu.
Oublie-le.
Je sais que j'ai été trop généreux.
- Trop généreux ? Tu veux mon avis ?
- Oui.
- Prêt ?
- Vas-y.
Il t'a arnaqué.
Quand Big Bill Thompson aura été réélu,
on vendra notre bière librement.
On prépare notre retour,
avec cette brasserie.
Tu as fait une affaire, bravo.
Où vas-tu ? J'attends les fournisseurs
de Detroit, Indianapolis et Cleveland.
Tu y arriveras seul.
Je vais voir un tigre.
- Un tigre ?
- Un tigre. J'emmène une fille au zoo.
- Au zoo.
- Sa môme adore les tigres.
Merci.
- À la voiture.
- Les flics !
Opératrice ?
Opératrice ?
Passez-moi Trinity 2497.
Je vous arrête, Johnny.
Je suis surpris
qu'un homme d'affaires avisé comme vous
ignore qu'il est interdit
de produire de la bière.
Particulièrement le dimanche.
On vous paie des tas d'or.
Je n'aime pas ça.
Moi non plus.
La liberté provisoire, c'était inespéré.
Me donner aux fédéraux... moi !
Sortez-moi de là.
Cette fois, c'est sérieux.
Des salades !
Et ces dossiers, à quoi servent-ils ?
Des milliers de noms !
Tous ceux qu'on a arrosés.
Tous... ils ont encaissé.
Du simple flic aux huiles de la ville.
Vous lisez, vous épluchez
et vous trouvez, pigé ?
Trouvez-nous
de quoi sortir Johnny de là.
- Il n'y coupera pas, cette fois.
- Pourquoi pas ?
Parce qu'on n'achète pas
le gouvernement des États-Unis.
- L'affaire est au niveau fédéral.
- Tu écris un papier ?
Je m'y mets au plus vite,
je ferai tout mon possible.
Pas si vite. Prenez ces papiers.
Je parle dans le vide ?
Compris.
C'est louche.
Quelque chose cloche, Johnny-papa.
O'Banion a fait tourner la brasserie
pendant trois ans.
Jamais une descente. Rien.
Johnny la reprend
et les flics débarquent.
Tu veux mon avis. Johnny-papa ?
C'est un piège, un coup monté.
Réfléchis un peu.
Où étaient les cadors de Cleveland,
d'lndianapolis, de Detroit ?
Au poste, on raconte qu'un fleuriste
a jugé de son devoir civique...
- L'lrlandais.
- Un fleuriste, c'est vague.
- Ça me suffit. Je m'en occupe.
- Parlons-en, Al.
Pas le temps, je veux O'Banion.
Il est protégé par de bonnes gâchettes.
Je me moque de ses joujoux.
Al, je veux d'abord en parler.
Parle, dans ce cas !
Après les mots vint l'attente.
Puis un grand nom de la pègre mourut.
Et il fallut l'enterrer dignement.
Naturellement, c'est O'Banion
qui fournirait les fleurs.
Weiss était à la messe, ce matin là.
Bonjour, Pietro. Tu viens
chercher les fleurs pour Merlo ?
Exact, Dini.
Ravi de ta visite. Tout est prêt.
Quelle joie.
Ravi de te voir, mon ami.
Tu prends tout ?
Oui.
Je n'aurai plus besoin de la voiture.
Tiens-toi prêt.
Doucement. Mon grand. C'est bien.
Du lait, comme un bébé...
Ne parle pas, garde tes forces.
J'ai mis des millions de dollars
de côté...
À quoi bon ?
Dans deux semaines,
tu seras dehors à cabrioler.
- J'ai l'impression qu'on m'a décapité.
- Tu seras vite sur pied.
Al...
quand un homme a droit,
miraculeusement,
à une deuxième chance...
il doit ouvrir...
Doucement. Johnny.
Il doit ouvrir les yeux
et comprendre la leçon ?
Écoute-moi bien. Johnny-papa.
Je te le jure,
sur la tombe de ma mère,
jelesaurai.
Non, Al.
Je ne veux plus de tueries.
Je vais quitter cette ville.
Je vais les laisser me coffrer.
Tu ne peux pas quitter l'organisation,
tu la tuerais.
Je n'en peux plus.
Allons, allons, gumbare !
Tu sais à qui tu parles ?
À Alfonso. Tu te souviens ?
L'homme censé être ton partenaire.
Partenaire à vie, tu l'avais dit.
Al,
j'ai 45 ans.
Je veux vivre.
Tu vas vivre, Johnny. Mais vois-tu,
si un rustaud comme O'Banion
t'importune. Faut le liquider.
Et après ? Weiss ? Moran ?
Qui m'importunera ?
Tu ne peux pas partir maintenant.
Imagine la fortune
à laquelle tu renoncerais.
Big Bill Thompson va revenir...
toute la ville t'appartiendra.
Tu veux posséder la ville ?
À ta guise.
Mais le soir, en te couchant,
rappelle-toi le conseil
d'un vieil imbécile.
Porte...
Porte toujours un gilet pare-balles.
Promis, gumbare.
En fait de gilet pare-balles.
Capone s'offrit une voiture blindée
d'une valeur de 30 000 dollars.
Torrio, sous une bonne étoile,
se rétablit, passa un an en prison
puis quitta Chicago en paix.
Capone était désormais le grand patron.
La police.
Qu'est-ce qu'ils veulent ?
C'est un piège !
- Tu es entier ?
- Oui.
- C'était Weiss ?
- Oui.
Je vois.
Beaucoup de moutarde.
Aucun commentaire.
- Une piste, pour Weiss ?
- Aucune.
- Capone est recherché ?
- Pas de commentaire.
Quand ces crimes vont-ils cesser ?
103 gangsters ont été abattus
en trois ans.
Capitaine... ma rédaction se demande
pourquoi vous n'arrêtez personne.
Je l'ignore, Keely.
Expliquez-lui, vous.
3 millions d'habitants contre un seul...
- Capitaine.
- Oui ?
Al Capone vous demande.
Je le prends ici.
Capitaine ?
J'ai appris, pour mon ami Weiss.
Vous voulez me voir, j'imagine.
Passez donc, si vous voulez avouer.
Comment ça, avouer ?
J'ai passé la journée ici, à Cicero.
Et puis, Weiss était un ami.
Pourquoi l'aurais-je tué ?
Nous étions...
Pourquoi aurait-il tué Weiss ?
- Il vient ?
- Non.
Allez le chercher.
Il envoie ses tueurs.
Ils font leur job et disparaissent.
- Arrêtez-le.
- Vous pourriez ?
Je perdrais mon temps.
Trop de gens aiment l'argent.
Excusez-moi, j'ai du travail.
Eh bien ?
Capitaine... en avez-vous
déjà fumé de semblables ?
Excellent bouquet.
Que voulez-vous ?
Voyez-vous... j'ai une question.
Je vous écoute.
Capitaine... imaginons un homme.
Un homme haut placé...
dans un commerce d'import.
- La bière ?
- Par exemple.
- Vous permettez que je m'asseye ?
- Faites comme chez vous.
Imaginons que cet homme souhaite
déplacer sa marchandise de nuit.
À travers ce quartier ?
Pourquoi pas ?
Cet homme pourrait vouloir payer...
3 $ le fût pour une autorisation.
Combien de fûts ?
300, 400, peut-être 500 par semaine.
Ça pourrait lui coûter...
de 1 200 à 1 500 dollars par semaine.
- Toutes les semaines ?
- Probable.
Le président gagne moins que ça.
Même Babe Ruth gagne moins.
Continuez.
Connaissez-vous un homme,
une autorité dans le secteur,
qui serait tenté ?
Keely, votre ami Al Capone
opère plus ou moins au grand air.
Il est mauvais, vicieux, mais au moins,
nous connaissons l'ennemi.
Vous... Keely, vous vous drapez
d'une cape de respectabilité.
Vous et des centaines de parasites
vivez grâce à Capone.
Vous avez la richesse, le pouvoir.
Et vous êtes pire que lui
car sans vous et vos semblables,
cette meute de politiciens véreux,
Al Capone n'existerait pas.
Capitaine... je ne suis
qu'un simple journaliste.
Ne vous décrétez pas journaliste
dans mon bureau !
Ces éditeurs qu'on a tabassés
à Burnham et à Cicero, eux. Le sont.
Ils luttent contre Capone, eux.
Quant à vous,
vous n'êtes que le messager
le mieux payé de l'histoire.
Je sais tout de vous, Keely.
Votre train de vie,
vos coûteuses voitures,
les 35 000 dollars
que vous avez gagnés l'an dernier.
Payés par qui ? Capone !
Vous êtes la honte
du journalisme intègre.
Sortez d'ici, sale...
Merci pour vos aimables paroles.
Sûr de ne pas vouloir répondre ?
Si.
Je vais vous répondre.
Je ne peux pas vous toucher,
vous êtes trop visqueux.
Mais dites à Capone
qu'on finira par l'avoir.
Délivrez-lui ce message de ma part,
messager.
Thompson remporte 2 428 voix,
et Dever. 1 292 voix.
Dans le 5e district.
Le résultat confirme ce raz-de-marée.
Le nouveau maire de Chicago
est Big Bill Thompson.
Al, la ville t'est grande ouverte.
On rentre à Chicago
et personne ne s'y opposera.
Bien dit !
Et ton Q.G. ?
L'hôtel de ville ?
Sûrement pas.
Le cœur du quartier financier.
South Clark Street, et sur deux étages !
En face de la National Bank
et à deux rues de l'hôtel de ville,
on en a les épaules.
Bravo. Al.
Suis-moi et vis dans la soie.
J'ai de grands projets.
À la vôtre !
Novembre 1927.
Le monde de la pègre
avait envahi celui des affaires.
Désormais. Black-jack et mitraillette
rimaient avec col blanc et veston.
Al Capone offrit à l'Amérique
une nouvelle définition du crime
toujours à l'œuvre de nos jours.
100 millions de dollars.
À mon arrivée... Big Jim et Johnny Torrio
m'ont initié au jeu et aux filles.
La prohibition a décuplé nos gains.
À nous d'investir, d'organiser,
de jouer dans les règles.
Il faut contrôler
tous les commerces légaux.
- Lefty, ton créneau.
- Bière et alcool.
Tu ajoutes à ta liste
sucreries, chewing-gums. Bretzels.
Louie, dans les hôtels et les restos,
en plus du linge,
ils paieront le couvert et le sucrier.
Et le linge sale sera lavé
dans nos laveries.
Et ça vaut pour tous les secteurs.
Ceux qui protestent,
vous les envoyez à Al Capone.
Qu'ils viennent voir Al Capone.
Compris.
- Bugs Moran.
- Qu'il entre.
Du calme, on se détend.
Je passe admirer tes nouveaux locaux.
C'est quelque chose !
Deux étages.
Deux étages, 50 employés,
autant de comptables, et tout est réglo.
Je préfère ça
à ton hôtel miteux de Cicero.
Il y a moins de courants d'air.
Content de te voir.
Prends place, détends-toi.
Comment va, dans le North Side ?
C'est bien calme,
depuis l'accident d'Hymie Weiss.
- Quel malheur...
- Oui.
Madison Street,
ça te dit quelque chose ?
La ligne de démarcation
entre nord et sud.
Tu n'en es qu'à une rue.
Des vues sur le nord ?
Je suis ton ami, Bugs.
Pas question de t'envahir.
Le North Side t'appartient.
J'ai fait évoluer ma vision.
J'ai ici un dossier
sur chaque commerce légal de la ville.
Transport routier, garages,
teinturerie, laiterie...
Tous paieront ma protection.
Ta protection contre quoi ?
Contre nous.
- Pas vrai ?
- Vrai !
La nouvelle conception du commerce
selon Al Capone ne plut pas à tous,
mais ses vendeurs savaient
se montrer très persuasifs.
Les habitants.
Dirigés par des élus corrompus,
durent acquitter des taxes sur ce qu'ils
mangeaient, buvaient ou portaient.
- Allez-y.
- Depuis dix ans... M. Capone,
je gère la meilleure chaîne de laveries
de la ville.
J'offre un emploi à des centaines
d'honnêtes citoyens.
J'ai refusé de payer pour ma protection
et mes magasins ont explosé.
Vous auriez dû vous assurer.
Quand j'étais un enfant, en Pologne,
M. Capone.
Les percepteurs et les soldats
venaient dans nos villages,
ils nous volaient tout
et nous frappaient.
J'ai émigré pour être libre.
Mais j'ai parfois le sentiment
de n'avoir jamais quitté mon village.
Je suis très occupé, M. Hoffman.
Après m'être battu si longtemps,
je n'ai qu'à mourir ou à...
Ou à quoi, M. Hoffman ?
Ou à...
À museler ma conscience
et à négocier.
Mais encore ?
Je me charge du linge.
Vous veillez à ce que mes magasins,
mes clients et mes employés
ne risquent rien.
Nous devenons associés, M. Capone.
50/50 sur les bénéfices.
Ça me plaît, M. Hoffman.
À un détail près.
On devient associés, c'est bien ça ?
50/50 sur les bénéfices ?
Et sur votre société.
C'est bien clair ?
Très clair.
Vous êtes malin, M. Hoffman.
Non, M. Capone.
Je ne suis pas malin.
Je ne suis qu'un lâche
parmi tant dans cette ville.
Un homme prêt à payer
pour avoir la paix.
Repose dans la paix des cieux
Repose dans la paix des cieux
À quoi tu joues... Mack ?
Enlève ça.
Quoi donc ? Montre-moi ça.
- C'est quoi ?
- Ça ?
Le petit favori des magasins
de farces et attrapes.
On l'appelle
"l'ananas d'Al Capone".
Nettoie votre salon
et éloigne les touristes de Chicago.
- Pour l'actionner, tenez...
- Tu ne m'amuses pas, Mack.
On ne plaisante pas
avec le nouveau génie de la finance.
Et encore moins
avec celui qui t'enrichit.
Touché !
Bien.
C'est Noël, l'heure est au don.
Il est temps d'offrir
nos petits cadeaux.
Pour ces messieurs les élus.
L'hôtel de ville ?
Pour toi, Mack.
- Merci, Al.
- Joyeux Noël.
Grand merci. Alphonse.
Voilà pour l'hôtel de ville
et Mack Keely.
Si tu permets,
j'ai moi aussi une enveloppe.
- On me l'a donnée pour toi.
- C'est quoi ?
Ouvre.
Tu n'aimes pas les surprises ?
Deux billets pour Los Angeles ?
Les gros bonnets t'offrent
des vacances avec Maureen.
Les palmiers, le soleil éclatant...
C'est quoi, cette histoire de vacances ?
Ils veulent que tu partes... Al.
Encore une plaisanterie ?
Non, Al... pas cette fois.
On t'éloigne provisoirement.
Qui ça... "on" ?
C'est ma ville, aucun élu
n'a le pouvoir de m'en éloigner !
On ne t'écarte que jusqu'à fin avril,
après les élections.
Quel est le rapport ?
On te dit plus important
que le maire ou le gouverneur.
C'est le cas, et alors ?
Comme ils le disent,
les autochtones s'agitent.
Je ne rigole pas.
Ils fomentent pour destituer
les laquais du maire.
Ils n'ont aucune chance.
Al, ils cherchent
à faire intervenir le gouvernement.
Le gouvernement fédéral ?
Rappelle-toi ce qui est arrivé à Torrio.
Le gouvernement fédéral...
Compris.
Imaginons, je pars.
Que devient l'organisation ?
Ce qu'elle a toujours été.
Tu ne pars que jusqu'au début de mai.
Al, c'est seulement parce que
tu es devenu trop gros.
Non, je n'aime pas ça !
Personne ne me fera fuir !
C'est bon pour tes affaires.
- Je m'en moque.
- Quelques mois, c'est tout.
Je ne quitte pas la ville !
Comprends bien l'enjeu, Al.
Si tu quittes la ville...
on remporte les élections.
N'empêche, ça me plaît pas.
Tu protèges l'organisation.
Al,
c'est bon pour tes affaires.
- Qu'as-tu, Al ?
- Rien du tout.
Dis-moi, que se passe-t-il ?
- Rien, je te dis.
- Je vois que si.
Tout va bien, crois-moi.
Il faut bien que je serve
à quelque chose !
- Ça va.
- Je n'aime pas...
Fiche-moi la paix.
Je te dis que tout va bien.
J'ai une petite surprise.
Un cadeau de Noël de la part de Kathy.
Elle l'a fait au couvent.
- C'est quoi ?
- Ouvre donc.
- C'est quoi ?
- Un sachet de haricots.
- Un sachet de haricots ?
- Pour oncle Al.
C'est très joli.
- Ça te plaît ?
- Oui.
Elle vient pour Noël ?
Je pose simplement une question.
Elle vient pour Noël ?
Je ne pense pas.
Je ferais un mauvais père Noël ?
Ce sachet de haricots,
j'aimerais l'envoyer à la face...
de ces élus à la grande gueule.
Dis-moi ce qui ne va pas.
J'aimerais bien le savoir !
Je place ces types et ils me disent
de partir pour rester en place.
Va comprendre !
C'est absurde.
Viens là.
J'ai une question pour toi.
Que dirais-tu d'une virée en Californie,
parmi les palmiers ?
Combien de temps ?
Je ne sais pas.
Quelques mois,
jusqu'en avril ou en mai.
Je ne peux pas, Al.
Pourquoi ?
On fait toujours tout ensemble.
Il y a Kathy.
Et alors ? Il suffit de l'emmener.
Je ne peux pas l'éloigner de l'école.
Ni de ses amis... je n'ai pas le droit.
Tu ne veux pas qu'elle me voie.
Tu te trompes.
Je l'ai vue deux fois, l'an dernier.
J'ai de quoi m'interroger.
Elle va à l'école, Al.
Bien sûr, elle va à l'école.
Ce qui l'éloigne du méchant Capone.
- Al, ce n'est pas...
- Al, rien du tout.
J'en ai assez d'entendre "Al".
Je sais bien qu'elle va à l'école,
je paie sa scolarité !
Je paie des tas de gens
que je ne vois jamais.
Je fonde une organisation de mes mains,
et j'y gagne quoi ?
Keely m'offre de quitter la ville
et je te demande une faveur
que tu me refuses !
Je refuse pour Kathy.
Juge-moi si tu veux mais n'oublie pas
ce que je suis avant tout.
- Quoi ?
- La mère de Kathy.
Nous avions prévenu Los Angeles
de l'arrivée de Capone.
Sa notoriété l'y avait précédé.
De vigoureux inspecteurs l'attendaient
pour le renvoyer aussitôt.
À la Nouvelle-Orléans,
à Saint Petersburg,
et dans bien d'autres villes,
on lui ferma la porte au nez.
Mais au printemps 1928, sur une île
au large de Miami. En Floride,
Capone se montra habile.
Il utilisa la loi
pour contourner la loi.
L'achat est au nom de Corelli,
qui vous a légué le bien.
Jolie maison.
Beau travail.
Les papiers sont notariés,
l'acte est enregistré légalement.
Patron, un type vous demande,
un assistant du procureur.
Il veut quoi ?
M'arrêter pour excès de vitesse ?
Allez, on se détend
et on la joue légal, compris ?
C'est bon. Georgio.
Tu te crois dans une étable ?
Pardon.
T'as pas de manières !
Mon nom est Bob Buell, M. Capone.
Le procureur m'envoie...
Pour commencer,
on ne dit pas "Caponé" mais "Capone".
M. Capone.
- Le procureur m'envoie.
- Asseyez-vous.
- Un sandwich ?
- Non.
- Un verre ? Une liqueur ?
- Non, merci.
Remballe ça.
M. Capone.
Le procureur vous juge indésirable.
Il me juge quoi ?
Indésirable. Il veut
que vous quittiez Dade County.
M. Capone est dans son droit.
Et si je refuse ?
Nous devrons vous arrêter.
Allons, ça suffit !
Ne soyons pas grossiers.
Pourquoi m'arrêterait-on ?
Vagabondage ?
Avant qu'il essaie, comptez donc ceci.
Votre fichier criminel
nous préoccupe.
Un petit instant.
Deux secondes.
Vous faites de l'humour, l'ami ?
Je n'ai jamais été condamné.
Je n'ai pas enfreint vos lois
et je ne compte pas le faire.
L'acte de propriété est en ordre.
Dites au procureur
que je ne veux pas d'ennuis.
Bien, si c'est votre position...
En effet, et s'il me provoque,
j'en appelle à la Cour suprême.
Ça vous dit quelque chose...
la Constitution des États-Unis ?
Rentrez donc la relire.
Elle protège les honnêtes contribuables
comme moi.
Compris ?
Oui, je comprends.
Capone prenait le soleil californien
et les habitants de Chicago
affrontaient la pluie.
Ils en avaient assez
d'être malmenés.
Unis, ils soutenaient leur police
pour la première fois depuis des années.
Et le scrutin fut honnête.
Les candidats de Thompson vaincus
Des groupes de citoyens
remportent une victoire
Un front se refermait.
Un autre demeurait ouvert,
et Capone subit des pertes.
Moran, bien sûr.
Je l'aurai, ce Moran.
Pourquoi s'en prendre à Bones Morelli ?
- Moi présent, il n'aurait pas osé.
- Calme-toi. Comment sais-tu...
Je sais, ne pose pas de questions.
J'ai des amis, figure-toi !
Je me tiens informé. Et qui tue
en voiture, sinon Weiss et Moran ?
Chaque jour, on me parle
de ses incursions au sud.
Qu'il se méfie, j'y retourne.
Attends, Al.
C'est Thanksgiving.
- À Chicago... il gèle, il neige...
- Thanksgiving, je connais.
Je suis censé être ici pour un article.
Il me faut un peu de matière.
- Une photo dans la piscine ?
- Pas question.
Ton image vend plus que n'importe qui,
à Chicago.
Joe, trouve-moi un calendrier.
- Quel genre ?
- Quoi, quel genre ? Peu importe !
Magne-toi !
"Quel genre..." Attends !
- Celui de l'année prochaine.
- Compris.
Lou.
Anselmo, Scalisi.
- Oui ?
- Sortez.
- Tu veux une photo ?
- Oui.
On se met en place.
Pas de photo de ma cicatrice.
Un sourire ?
- Non.
- Sincère ?
- Parfaitement.
- Voyons ça.
Magnifique, ne bouge plus. Prêt ?
Vas-y.
Merci, Al.
Tes admirateurs vont adorer.
Gare aux coups de soleil.
Anselmo, Scalisi,
j'ai un boulot pour vous.
Soyez attentifs,
c'est la mission de votre vie.
Moran.
- Moran ?
- Oui.
- Il a six gorilles.
- Si on l'approche, on grille.
C'est sans risque.
O'Banion, vous vous rappelez ?
Un malin, non ?
Il a piégé Torrio.
Où ça ? Dans un entrepôt.
On attendait des caïds.
Aucune issue, aucun témoin.
Et les caïds ne sont pas venus.
- À la place, c'était des flics.
- Exactement.
Vous pigez ?
Il reste à choisir un jour
que personne n'oubliera.
Qu'ils se souviennent
qu'on ne double pas Al Capone.
- Le jour de l'an ?
- Non, c'est trop proche.
Joe, ça vient, ce calendrier ?
Voyons un peu...
Janvier. Rien de spécial.
Février.
On a l'anniversaire de Washington,
et on a...
- La Saint-Valentin, c'est férié ?
- Oui.
C'est le jour des fleurs
et des lettres d'amour.
Il va en recevoir.
Des fleurs et des lettres.
Ma lettre d'amour,
il ne l'oubliera jamais.
Compris.
Bien, on se tient prêts.
22 heures.
Eddie ?
Ils arrivent dans dix minutes.
Je vais boire un café,
je reviens à 22 heures.
Un instant.
Al, c'est Mike qui appelle
de Cleveland.
Très bien... passe-le-moi.
Allô ? Oui, c'est moi.
Entendu, c'est bien.
Non, sûrement pas.
Pas d'appel direct, compris ?
Ils ne m'appellent pas directement.
Ils te parlent et toi, tu m'appelles.
Bien. Parfait.
Dès que tu en sais plus.
Quoi de neuf ?
C'est bon. Moran y sera à 22 h,
tout est prêt.
Voilà ce qu'on va faire.
Joe, toi,
tu restes à côté du téléphone.
Al, pourquoi tu invites des gens,
avec ce qui s'annonce ?
Simplement parce que
si la police pose des questions.
Je veux qu'on puisse répondre
qu'Al Capone
donnait une fête où se pressaient
une foule de citoyens respectables
et propres sur eux.
M. Capone. J'espère ne pas déranger.
Certainement pas, amiral.
Entrez donc.
Entrez et mettez-vous à l'aise.
Détendez-vous.
- Un scotch ?
- Volontiers.
Quel bel enregistrement.
Comme ce scotch,
il nous vient du large.
Vous voulez mon avis ?
Je vous le dis, entre nous,
les meilleurs ténors
restent les Italiens.
Bien entendu.
- À votre santé.
- Salute.
Les flics !
Levez les mains.
- Tout doux, on sera vite libres.
- Ecrase, et face au mur.
Comme je le dis toujours,
que demander de plus ?
Bon vin, jolie filles et bonne musique.
Quelqu'un a dit... qui était-ce ?
Shakespeare. Il disait :
"Si la musique est la pâture de l'amour,
jouez encore."
Vous êtes un homme passionnant,
M. Capone.
Pour être franc...
certains me reprochent notre proximité.
Vraiment ?
Je vous trouve étonnant.
Dépourvu d'instruction, vous avez
un amour inné pour les belles choses.
- Et un sens avisé pour les affaires.
- Merci.
- M. Capone.
- Oui ?
- Votre courtier.
- Passez-le-moi.
Oui, c'est moi.
C'est parfait.
- C'est bon ?
- Oui, c'est bon.
Des bonnes nouvelles de votre agent ?
Oui.
Comme vous dites.
Je dirais même
une rafale de bonnes nouvelles.
Le massacre de la Saint-Valentin
La tuerie bouleversa le pays et
jeta l'opprobre sur la ville de Chicago.
Et comme toujours.
Capone exhiba ses mains propres.
Un mois plus ***, il reçut une première
réponse de Moran à sa lettre d'amour.
Il rentra à Chicago
pour identifier les corps
criblés de balles d'Anselmo et Scalisi.
Puis, alors qu'il rendait visite
à son amie Maureen...
Capone demanda une conférence de paix
en terrain neutre.
Moran avait tué tous ses proches,
Capone avait peur.
Johnny Torrio sortit de sa retraite
pour rejoindre Atlantic City
en qualité de conciliateur.
Trois jours durant.
On discuta, on s'affronta.
Puis enfin. Grâce à Torrio,
un accord fut trouvé.
Une poignée de main.
On se serre la main.
Serrez-vous la main.
Parfait.
- Je peux entrer. Maintenant ?
- Oui.
Alors ? Ça s'est bien passé ?
Formidable.
Vous avez signé un traité ?
Qu'en sais-tu ?
J'ai des amis.
Un traité de paix ?
C'est ça, un traité de paix.
Comme on en signe à Washington.
Bon pour la corbeille.
Comment ça ?
Aucun traité n'empêche les guerres.
Tu le sais, Al, il y a toujours
un type pour vouloir rafler la mise.
D'abord, il promet,
et puis il tire.
Arrête un peu, Mack.
Je n'ai pas besoin d'un conférencier.
Tu veux me parler ? Je t'écoute.
Comme tu veux.
Tu sais ce qu'on promet à Chicago ?
50 000 dollars à celui qui te liquidera.
Et tu sais qui paie ?
Le loyal et fidèle...
Son nom m'échappe.
George "Bugs" Moran.
- Moran ne me trahira pas !
- Pourquoi pas ?
Parce qu'on a signé un traité de paix
et qu'il m'a serré la main !
Comme le type qui a serré
celle d'O'Banion dans sa boutique ?
Tu es sûr de toi ?
Tu me paies pour ça.
Une information juste.
Al,
rappelle-toi ce que je t'ai dit
sur mon lit d'hôpital.
Suis le conseil d'un vieil imbécile.
Quand ça chauffe trop... calme le jeu.
Calmer le jeu ? Comment ?
Un homme me serre la main
puis j'apprends qu'il veut me tuer.
Justement.
Eux aussi ont besoin de se calmer.
Je vais où ?
Réfléchis-y. Tu trouveras bien.
Police de Philadelphie
Vous reconnaissez
que ces revolvers sont à vous ?
Aucun doute.
L'un est à moi... l'autre, à lui.
Je marchais avec mon garde du corps,
avec eux. Cachés sur nous.
Je confirme.
On a alors croisé ces deux messieurs.
À cause de ma réputation,
ils nous ont fouillés.
On est coupables, inspecteur.
Vous avez commis un crime,
le comprenez-vous bien ?
Vous risquez un an d'emprisonnement.
Bien sûr, je le comprends.
Mais la loi, c'est la loi.
- Vous pouvez appeler votre avocat.
- Pas la peine.
- La loi, c'est la loi, pas vrai ?
- Exact.
Circulez, messieurs.
Et notre partie ?
Laissez vos jetons.
J'ai un mot à dire à Mack.
Alors ?
Comment va ?
À merveille.
Quand Capone sort-il ?
D'ici trois semaines.
Prématuré, non ?
Bonne conduite.
C'était une cure de repos.
Il s'est fait plaisir.
Il me rappelle Big Jim Colosimo.
Il vieillit.
Il s'encroûte et il a peur.
Il est encore jeune.
Il a fait son temps.
Tu as misé sur un cheval perdant.
Vois-tu, Moran,
il faut suivre ses opinions.
Sinon. Aucun cheval ne court.
Tu es un joueur minable.
Tu risques gros à chaque coup.
Tu es mauvais aux cartes.
Nul au craps.
Tu dois 3 000 à gauche,
4 000 à droite.
20 000 à Big Mose.
Au total, un bon paquet.
Précisément, 85 000 dollars.
Qu'est-ce que c'est ?
Tes dettes.
Tu les as rachetées ?
Oui.
Au dollar près.
Comment on dit, dans la finance ?
Je consolide tes dettes.
Et maintenant,
tu me dois 85 000 dollars.
Fais-moi un procès, je ne les ai pas.
Ça ne m'intéresse pas.
Où veux-tu en venir ?
Je veux pour 85 000 dollars
de tes services.
Quel genre de services ?
Ceux que tu fournis à Capone.
Tu oublies que je suis toujours
son employé.
Plus pour longtemps.
Raconte.
Les fédéraux sont en ville.
Ils épluchent tout ce qui le concerne.
Livres comptables, comptes bancaires...
Ils utilisent un nouveau levier,
la fraude fiscale.
Pour le boss. C'est terminé.
Quel rapport avec moi ?
- Tu pourrais tomber avec lui.
- Le motif ?
Fraude fiscale.
Avec un salaire de 65 $ par semaine ?
Sois sérieux, Moran.
Pour les 85 000 $ perdus cette année
et pour tout l'argent
que Capone t'a donné depuis dix ans.
J'imagine la somme de tes arriérés.
Tu as bien travaillé.
Réfléchis à mon offre.
C'est d'accord ?
Vas-y... allez !
Tu peux gagner !
Allez !
M. Keely, quelqu'un vous demande.
- Qui ?
- Il attend derrière.
Bien, merci.
Bonjour, Mack.
Ça alors, Al !
Messieurs.
Chanceux ?
Tu sais ce que c'est.
Qui gagne petit perd petit.
Joli, ici.
Oui, ça nous plaît.
Il faut se méfier des chevaux.
Mise sur le mauvais et tu perds.
Sois gentil, va miser 1 000 dollars
sur le favori, pour Mack.
Sur le compte de Capone.
Eh bien...
Merci, Alfonso.
Ça me fait plaisir. Assieds-toi.
- Quoi de neuf ?
- Pas grand-chose.
Dis-moi une chose.
- Tu es allé à l'université, non ?
- Exact.
Qu'as-tu étudié ?
Tu es sérieux ?
Absolument. Qu'as-tu étudié ?
Voyons un peu...
J'ai suivi des cours d'histoire,
de journalisme.
De littérature anglaise...
- Littérature anglaise ?
- Parfaitement.
Pas mal de choses.
- Tu as appris à mentir ?
- À quoi ?
À mentir.
- Non.
- On t'a appris à trahir ?
- Sûrement pas, c'était une bonne école.
- Vraiment ?
On t'a appris à doubler
ton meilleur ami ?
- De quoi tu parles ?
- Bugs Moran, voilà de quoi je parle.
Je reviens en ville et on me dit
que tu t'es vendu pour 85 000 dollars.
85 000 pauvres petits billets.
Tu avais besoin de fric ?
J'étais là, moi.
Attends un peu, Al.
Est-ce que je t'ai jamais
laissé tomber ?
Que les choses soient claires,
on t'a menti.
Tu me connais depuis quand ?
Depuis quand ?
- Un sacré bail.
- Exact.
Tu préfères croire qui ?
Moi ou eux ?
Tu imagines que je te trahirais ?
Ce serait une folie.
Je le jure, je ne ferais jamais ça.
Tu ne me trahirais pas ?
Tu ne me trahirais pas ?
Pour combien ?
Tu as raison, Al.
Tu as raison.
J'ai accepté un accord.
J'ai suivi Moran. Tu sais pourquoi ?
Parce que...
tu es fini.
- Tu es sur le déclin.
- Doucement.
Qu'on se comprenne bien.
- Tu me quittes pour Moran ?
- Tout juste.
N'oublie jamais ça.
Celui qui quitte Capone joue gros.
- Vraiment ?
- Vraiment.
Ne me menace pas, mon gros.
Tu assassines tes semblables,
mais pas les flics.
Et jamais un journaliste.
Ça... c'est jouer très gros.
C'est bon. Laissez-le partir.
Bonne chance.
Regardez donc où vous marchez.
50 000 dollars de récompense
pour les assassins de Keely
La ville révoltée
par le meurtre d'un journaliste
Ebranlé, Capone rentre de Floride
Avec les compliments d'Al Capone.
Attendez.
- Pour vous.
- Merci beaucoup.
Ce n'est rien.
Et il a manqué son train...
par sa faute !
Pour vous, capitaine Schaefer.
Vos enfants adoreront.
Merci, Herman. C'est très gentil.
- Donnez-moi l'addition.
- Joyeux anniversaire. C'est réglé.
Vraiment ? Par qui ?
Avec les compliments de M. Capone.
- À combien s'élevait-elle ?
- Je l'ignore.
Allons, dites-moi.
S'il vous plaît. Je devais juste
transmettre le message.
- Je ne veux pas...
- Dites-moi...
Merci, Herman.
Excusez-moi.
Je reviens.
Joyeux anniversaire. Capitaine.
Je paie mes repas, Capone.
Ne vous emballez pas.
Profitez de votre femme.
Anniversaire. Noël, même chose.
Ne jouez pas au père Noël avec moi.
Tenez.
Sûrement pas, non.
Vous savez quel est votre problème ?
Un, pas d'insigne.
Deux, pas d'uniforme.
Trois. Vous ne savez pas
vous détendre.
Profitez de la vie.
Que j'aie un insigne ou non,
vous restez une ordure.
- Ce n'est pas l'endroit pour ces...
- Tout doux.
Dites-moi... Capone.
Où trouvez-vous le cran
de revenir dans cette ville ?
Comment ça ? C'est ma ville,
j'y suis chez moi, et innocent.
Coups et blessures, meurtres...
Parole d'honneur,
je n'ai jamais tué personne.
Non ? Et Mack Keely ?
Le massacre de la Saint-Valentin ?
Et alors, quoi ?
J'étais en Floride, à l'époque.
Et Keely était votre ami.
Les hommes de Moran aussi.
Et vous étiez loin. Avec des témoins.
Pas des vermines
recrutées dans quelque tripot.
Désormais,
vous vous entourez de la haute société.
Vous planifiez tout
et vous envoyez vos gorilles.
Ne t'en mêle pas.
Écoutez.
Vous qui savez tout,
sortez votre insigne et arrêtez-moi.
Je donnerais ma paie pour ça.
Conseil d'ami,
ne gâchez pas votre argent.
Vous m'avez arrêté dix fois,
mais je n'ai jamais été condamné.
Pas une seule fois.
Vous avez menti, trompé, payé. Tué
pour vous en sortir.
Certains ont dû avouer pour vous.
Et vous les avez enterrés
avec leur secret.
De qui parlez-vous ?
Je parle d'Eddie Dinoffrio,
pour n'en citer qu'un.
Gardez la monnaie.
Réponds, Al.
Veux-tu me dire...
Tu as vu ça ?
Me parler comme ça
devant tout le monde !
Veux-tu bien oublier ce Schaefer
et répondre à ma question ?
Je vais lui régler son compte.
Je le jure sur mon nom, je l'aurai,
dussé-je engraisser tout l'État !
Tu as fait ça ?
Réponds à ma question.
Je l'aurai.
Je tirerai toutes les ficelles pour ça.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- As-tu tué mon mari ?
- On en a déjà parlé.
- Réponds...
- J'essaie de réfléchir, Maureen.
- L'as-tu tué ?
- Oui, je l'ai tué !
Qui es-tu vraiment ?
Toutes ces années passées avec toi...
Je t'ai aimé.
J'ai fermé les yeux,
bouché mes oreilles, je me suis tue.
Comment ai-je pu être
aussi stupide ?
Ne t'approche pas de moi.
Je te vois pour la première fois
de ma vie,
et ce que je vois me donne la nausée.
Qu'ai-je fait à ma fille ?
"Bonne chance, oncle Al" !
Ne joue pas à ça avec moi !
Je ne t'ai pas forcée à me suivre.
Et tu as accepté tous mes cadeaux.
Tout, c'est vrai,
et je vais tout te rendre.
Tout ce que tu m'as offert.
- Je te rends tout !
- Pas si vite, où vas-tu ?
- Je m'en vais.
- Pas question.
On ne quitte pas Al Capone.
Je pars.
Tu restes ici.
Personne ne quitte Al Capone !
- Moi, si.
- Sûrement pas.
Rends-moi service, je t'en supplie.
Veux-tu bien me tuer ?
Tu veux bien ?
Quelqu'un avouera pour toi, d'accord ?
Tu veux bien me tuer ?
S'il te plaît, tue-moi.
Tu ferais bien de te taire.
Tu comprends ?
Tu te tais.
Ça suffit, laisse-moi tranquille.
Silence.
L'affaire Keely embarrasse les élus
L'enquête provoque des démissions
Schaefer nommé inspecteur
Carte blanche contre Al Capone
La mort de Keely servit notre cause.
Elle marqua un tournant
dans notre lutte contre Capone.
Les membres de son organisation
parlèrent
et acceptèrent des arrangements
pour sauver leur peau.
Les fédéraux entrèrent en scène
et nous joignîmes nos forces.
Pas de sornettes.
Écoutez-moi... ce sont mes camions,
et l'activité est légale.
C'est exact, mais la police
évoque un usage illégal.
Je me moque de la police,
je suis dans mon droit.
Ces camions sont à moi,
où est le problème ?
Bonjour, inspecteur.
Bonjour, maître.
M. Capone.
Je peux vous aider, inspecteur ?
Oui, figurez-vous.
Ordre de saisie,
signé par le juge Oliver.
Allez-y, messieurs.
Mes comptes ?
Expliquez-moi.
Vos livres sont désormais
à la disposition du tribunal.
À effet immédiat.
Attendez, vous. On n'entre pas
chez les gens comme ça !
Vous n'avez pas le droit.
Maître, expliquez à votre client
le concept d'outrage.
Outrage ? Il dit vrai ?
Oui.
On a vos camions.
Et maintenant, vos livres.
Le suivant sur la liste, c'est vous.
Bien, M. le juge.
Je n'aime pas le regard du juge.
Qu'est-ce qu'on risque ?
Au pire, 10 000 dollars d'amende
et un an à l'ombre, et alors ?
Maître Brancato.
M. le juge.
Existe-t-il un obstacle
à la lecture du jugement ?
Non, M. le juge.
M. Capone. Veuillez vous lever.
Avez-vous une déclaration à faire ?
Non, monsieur.
Avant le jugement, j'aimerais préciser
qu'aucune trêve, aucun marchandage,
aucun compromis
ne peuvent arrêter la loi fédérale.
Alphonse Capone,
vous avez été jugé coupable
par vos semblables.
Je vous condamne au paiement
d'une amende
de 57 000 dollars
auxquels s'ajoutent 30 000 dollars
de frais de justice.
Je vous condamne par ailleurs
à passer onze années
dans un pénitencier fédéral.
Capone fut envoyé à Alcatraz.
Le Rocher.
Y échouaient les prisonniers
les plus coriaces. Les plus impénitents.
Il y retrouva de nombreux ennemis.
Des hommes déterminés
à venger leurs proches,
tués par Capone dans sa quête effrénée
pourlepouvoir.
Tout est prêt ?
À nous, les gars.
- C'est l'heure de la pause ?
- Oui.
C'est quoi, ça ?
À quoi vous jouez ? Arrêtez ça !
Ils sont où, tes gardes du corps ?
Prends ça !
Je suis Al Capone !
Ne me touchez pas !
Je suis Al Capone !
Il ne se relèverait jamais.
Il fut libéré sept ans plus ***.
Atteint d'une maladie incurable.
Le 25 janvier 1947, à moitié fou,
Al Capone expira.
Mais les graines malsaines
qu'il planta survécurent.
Et nous continuons de combattre
les vestiges de son organisation
qui aujourd'hui encore
affecte chacun de nous.
Adaptation : Stanislas Raguenet
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