Tip:
Highlight text to annotate it
X
- Jolie l'avocate, qu'est-ce que tu en dis Irma ?
- Oui, jolie.
On dit que son frère est un con,
j'espère que la sœur est bien.
- Tu en penses quoi Karchy ?
- Ouais, la sœur est bien.
Tu la connais ?
Je suis son frère.
- Quoi ?
- Ça suffit !
Allez !
- Ça va M.Laszlo ?
- Et vous Mme Kiss ?
- Bonjour Ann.
- Mme Kiss.
- Tu es fatigué grand-père ?
- Non, ça va.
Tu devrais apprendre cette danse.
Maria, apprends-lui.
- Allez.
- Je ne sais pas danser maman.
- Allez !
- Je ne sais pas.
- Ils trouvent la coke et puis ?
- On l'informe de ses droits.
Puis l'agent
avec la queue de cheval dit
"Coffre-le."
L'autre n'a jamais fini sa récitation.
C'est tout ce qu'on a.
- Il n'écopera jamais.
- On l'aura.
- Ce n'est pas la première fois.
- Ils ont deux témoins,
un est toxico
mais l'autre est clean.
On va salir les deux un petit peu.
- Comment ?
- On trouvera. À plus ***.
Et pour l'affaire B et E
de demain matin ?
- Ils ne veulent pas négocier.
- Ils négocieront. Merci.
Tu dois être très rusée.
Reste à ta place canaille.
- Bonjour Annie.
- Bonjour.
Votre secrétaire vous cherche.
- Appelez votre père.
- Mon père ?
- Papa, qu'est-ce que tu fais là ?
- Lis ça.
- Tu as vu ton pantalon ?
- On dit que j'ai tué.
Je t'avais dit de le jeter.
Rentre, il fait froid.
- Des bêtises.
- Qu'est-ce que c'est ?
Un homme l'a apporté ce matin.
Je n'ai rien à voir avec tout ça.
Je travaille à l'usine,
j'élève mes enfants.
C'est mon pays,
j'y habite depuis 37 ans.
Ils vont me retirer ma citoyenneté.
Je te montre.
- Papa. Papa.
- Je vais te montrer.
Ce Michael J.Laszlo a sûrement
menti en demandant sa citoyenneté.
Il est accusé de crimes de guerre.
- Viens, je vais faire du thé.
- Non, je le fais.
Comment ça a pu arriver ?
- J'étais agriculteur.
- Ce n'est pas toi.
Ce n'est pas toi, ils se sont trompés,
on va éclaircir cette affaire.
Mme Talbot, vous êtes
l'avocate de M.Laszlo ?
Non, je veux tirer
cette affaire au clair.
- Papa, enlève ton manteau.
- Non.
- Enlève-le.
- Non.
M.Jack Burke
du Bureau des Enquêtes Spéciales.
- Enchanté Mme Talbot.
- On entre ?
- M.Laszlo.
- Mike Laszlo.
Mon père.
Il y a une erreur.
Ce n'est pas le bon Michael Laszlo.
Oh si.
- Je vous demande pardon.
- C'est bien notre homme.
Je n'ai pas fait ce que vous dites.
Ce n'est pas moi.
Je suis un citoyen,
je suis un bon Américain.
Si vous êtes un bon Américain
ce pays est en danger.
Comment vous lui parlez ?
Vous ne vous adressez pas à lui
de cette façon.
Je ne laisserai personne
lui parler comme ça.
Je sais pourquoi vous me faites ça,
je le sais.
C'est les communistes,
ils se vengent.
Pour l'affaire des danseurs
il y a cinq ans ?
J'ai parlé à la télé, aux journaux,
j'ai fait arrêter le spectacle,
c'est tout.
Avec ces activités M.Laszlo,
vous vous êtes payé un bel alibi.
Vous l'accusez d'être anticommuniste
en plus des crimes
qu'il aurait commis il y a 40 ans ?
Pourquoi ce procès maintenant ?
L'ONU conservait les déclarations
jusqu'à l'an dernier.
- Alors on ne pouvait pas l'inculper.
- Je ne...
- Papa.
- Annie, je n'ai fait de mal à personne.
Je travaille à l'aciérie.
J'élève mes enfants,
mon fils, ma fille.
Mon fils a été un soldat américain,
il a combattu au Viêt-nam.
Ma fille j'en suis fier,
c'est une avocate américaine.
Et vous vous foutez de ma gueule
espèce d'enculé !
Mme Talbot, le gouvernement hongrois
- a déjà demandé l'extradition.
- Quoi ?
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Si on vous retire votre citoyenneté
- vous serez jugé en Hongrie.
- Je vais mourir.
Personne ne va te retirer
ta citoyenneté papa.
Papa, personne.
Je ne sais pas papa.
On va te trouver un avocat,
le meilleur avocat.
- Tu seras mon avocat.
- Non papa,
je n'y connais rien en naturalisation.
Tu auras
le meilleur avocat en immigration.
- Je m'occupe des criminels.
- Je suis un criminel,
pour eux j'ai commis
des crimes contre l'humanité.
La voiture est par ici.
La première fois que tu as embrassé
un garçon il t'a touchée,
on est venus ici.
Je ne savais pas quoi dire.
On est venus ici. Les mots
sortaient plus facilement ici.
Ta maman m'aidait.
Qu'est-ce que je savais
sur l'éducation d'une fille ?
C'est là.
Tu te souviens Annie ?
On était dans un camp de réfugiés.
Après la guerre, en Autriche.
C'est là que j'ai rencontré ta mère,
maintenant tu as le même âge qu'elle
quand elle est morte Annie.
Ils venaient dans les camps.
Des fonctionnaires communistes
de Budapest.
Ils cherchaient des opposants.
Ils disaient qu'on était
un criminel de guerre,
ils nous renvoyaient
en Hongrie,
ils nous pendaient à un arbre.
"Rapatriement",
c'est comme ça qu'ils l'appelaient.
Tout le monde savait que si on disait
qu'on était agriculteur
on allait en Amérique plus vite,
il y avait un quota pour les agriculteurs.
J'ai dit que j'étais agriculteur.
Je suis arrivé ici très vite.
Tu n'étais pas agriculteur papa ?
J'étais un agriculteur
quand j'étais jeune.
C'était quoi ton métier ?
J'étais gendarme, un policier, un flic.
Non, ne me regarde pas comme ça,
Annie, je n'ai rien fait de mal.
Ces fous de Nazis hongrois
ont pris le pouvoir.
Je leur ai dit
"Je veux être employé de bureau."
C'est ce que j'ai fait,
j'étais employé de bureau.
Approche, approche.
Donne-moi la main.
Et ce que ce papier juridique
dit sur ce que j'ai fait,
tu m'en crois capable ?
Oh non.
Oh non papa.
Oui, quel froid.
- Bonjour.
- Bonjour grand-père.
Je ne savais pas que tu étais là.
Je suis passé voir Mikey.
- Bonjour toi.
- Mischka.
- On vous a vu à la télé.
- Oui, on t'a vu à la télé.
Ils ont tout inventé.
Tu veux du pop-corn Mikey,
avec beaucoup de sel ?
Sans sel papa.
- Beaucoup de sel, paprika.
- Viens grand-père.
C'est quoi ?
J'ai demandé à papa de m'aider
à faire partir la rouille
mais il ne savait pas le faire.
Passe-moi du coca et une éponge.
Il veut que je plaide pour lui.
Harry ne le ferait pas.
Au revoir Mikey, au revoir Mischka.
S'il l'avait fait ?
Mon Dieu, Dean.
Il y aurait ton père,
les liens du sang sont plus forts.
C'est le genre de choses
que Harry dirait, pas toi.
Je te dis seulement de ne pas le défendre.
Ce n'est pas qu'une affaire en plus.
Je fais toujours mes prières
et mes pompes,
je ne sais pas si ça fait du bien.
Tu dois passer, courir,
tout faire pour marquer Mikey.
Tu fais toujours tes pompes Mikey ?
- Oui, pour avoir un corps sain.
- Un esprit sain dans un corps sain.
Comme tu es fort grand-père !
Je faiblis de jour en jour.
Non, ce n'est pas vrai.
Tu veux parler de ce que tu as vu ?
- Oui.
- Ce n'est pas de moi qu'ils parlent.
Ils se sont trompés.
Je n'ai tué ni fait de mal à personne.
- Ce n'est pas ton grand-père.
- Je sais grand-père.
Ta maman est une bonne avocate.
- Elle va te défendre ?
- Oui, on est une famille.
- Tu as un ennui, je t'aide, j'en ai un...
- Je t'aide.
Tu m'aides.
Si quelqu'un dit quelque chose
sur ton grand-père,
un de tes amis, tu réponds
"Je t'emmerde, va te faire voir !"
J'ai le droit de dire ça ?
- Bonne nuit Mikey.
- Bonne nuit grand-père.
Papa ?
- Papa, je te défendrai.
- Bien.
"Bien" ? C'est tout ?
- Très bien.
- Oh, "très bien".
Il faut que je sache tout de toi,
tout ce qu'ils doivent savoir.
Tu devrais rester
chez nous quelque temps.
Non, je rentre chez moi.
Mais on travaillera
plus efficacement d'ici papa.
Ce ne sera pas facile.
Papa ?
Ça va aller.
Ça va aller papa.
Non Annie,
rien ne sera plus jamais comme avant.
Jolies bottes.
Tu as l'air en pleine forme.
Popotin en pleine forme aussi.
- Salut.
- Salut Karchy.
- Entre donc.
- Non, je n'ai pas ma cravate.
J'ai une liste de ses collègues
prêts à témoigner.
- Je peux en trouver d'autres.
- C'est assez, c'est...
Tu vas le tirer de là, n'est-ce pas ?
- N'est-ce pas ?
- Oui !
Il y a intérêt, s'il avait besoin
de moi pour se battre dans un bar
je n'hésiterais pas à les étriper.
Il a trimé 30 ans dans cette aciérie.
- Il l'a fait pour nous, tu sais ?
- Je sais Karchy.
- Alors qu'est-ce que tu fais ?
- J'étudie l'affaire.
Ce n'est pas une affaire, c'est papa.
Il va falloir que tu en étripes.
Pourquoi tu es toujours aussi rustre ?
Quoi ? Tu ne peux pas étriper
sans être rustre.
Il faut que tu sois rustre.
Va travailler.
Comme je ne veux pas
vous faire perdre des clients
je retourne au cabinet
de mon ex-beau-père.
- Elle retourne avec Harry Talbot.
- Pour le procès.
Voilà les audiences de lundi.
- Ces procès durent des années.
- Non, pas celui-là Mackie.
Harry était dans l'OSS
pendant la guerre
et l'OSS est devenue la CIA
qui a lancé son premier petit
dispositif d'espionnage
en Europe en employant
quelques hommes de la Gestapo.
Il paraît qu'Harry buvait son bourbon
en compagnie de Klaus Barbie.
Moi j'ai entendu
qu'il le prenait avec des sénateurs.
Il a même bu du bourbon
à la Maison-Blanche deux fois.
Je ne l'ai pas entendu parler
de Klaus Barbie.
Celles de la semaine prochaine.
Laisse donc un autre avocat
le défendre.
Ce type de Cleveland...
L'affaire Dimuna...
Demjena ou Dimjolt,
qu'importe le nom.
Calmez-vous.
Il veut que ce soit moi.
Tu ne sais pas ce qui s'est passé
il y a 40 ans, tu n'y étais pas.
Qu'est-ce qu'on sait de nos parents ?
Je le connais Mackie.
il m'a élevée.
Tu connais ses fantasmes ?
- Tu sais comment il fait l'amour ?
- Oh mon Dieu.
Pourquoi tu veux travailler ailleurs ?
Elle a peut-être peur
que tu fouilles ses tiroirs.
- Dieu sait si j'ai essayé.
- Très drôle Sandy.
Non, ce n'est pas drôle,
tu vas te faire écraser
par le camion de l'oncle Sam.
- Bonjour Harry.
- Tu es enfin revenue !
Après toutes ces années
où tu refusais de travailler ici.
Mme Cooper va se charger de tout.
Un bourbon pour moi.
Dean aime les boissons branchées,
le fils ne ressemble pas au père.
On a notre juge.
- Erwin Silver.
- Silver, sans rire ?
Dommage qu'on n'ait pas de jury.
Ça l'émouvrait de voir
une fille défendre son père
mais je t'assure
que ça n'émouvra pas Erwin Silver.
- Je sais qu'il est juste.
- Ça c'est sûr.
Peu m'importe qu'il soit juif
s'il est juste,
ça m'importe qu'il soit juste.
Dans cette affaire
ça m'importe aussi qu'il soit juif.
Tu devras probablement
te démener. Pas le choix.
Tu comptes plaider le parti pris
pour faire rejeter son verdict ?
Harry, je n'y avais même pas songé.
Tu n'as pas la moindre chance,
tu sais ?
L'Holocauste est une vache sacrée.
Les survivants de l'Holocauste
sont des saints.
Tu t'en tirerais mieux en pissant
sur la tombe du soldat inconnu
qu'en les interrogeant.
- Comment va mon petit-fils ?
- Bien.
Tu ne dis que ça de lui
"Il va bien."
Il va bien.
Installe-toi.
Mes secrétaires sont à ta disposition.
Au fait, Mischka n'a pas fait ça,
n'est-ce pas ?
Ministère de la Justice
Voilà.
- À plus *** ?
- Oui.
Un scotch et une bouteille
de ce que boit Mme Talbot.
Mon prof en fac de droit disait
"Ne vous laissez jamais abattre
par une affaire, écoutez votre cœur."
Mais il n'était pas avocat.
Il distribuait des paroles de sagesse
à de jeunes étudiants idéalistes.
Vous écoutez votre cœur
et il va se briser.
Vous, vous écoutez vos ambitions ?
Ça doit être terrible de lire tout ça
sur une personne qu'on aime.
Je suis désolé.
Je ne veux pas
de votre condescendance.
Allez, prenez un verre.
Ce n'est pas celui
que vous recherchez.
J'aimerais aussi.
C'est le camouflage parfait.
Père de deux enfants américains,
pas l'ombre d'un soupçon sur lui.
- Vous êtes son alibi.
- Oui, oui.
Excusez-moi.
La violence est héréditaire.
Allez vous faire foutre.
À mon signal
on pointe ensemble à droite.
Maintenant !
- Hé porc-épic. Viens ici.
- Bonjour.
- Le dîner est prêt.
- Pointe à droite.
Je ne mange pas.
Comment tu peux regarder ça ?
C'est quoi le problème ?
Ça te dérange si on a un juge juif ?
Tu crois que c'est une bonne idée ?
C'est une drôle d'idée.
- C'est un bon juge.
- Si tu crois qu'il est bon, d'accord.
Papa, pourquoi
on n'a jamais eu d'amis juifs ?
Où et comment on les rencontrerait ?
Nos amis on les voit à l'église,
à l'ouest de la ville,
les Juifs vivent de l'autre côté.
J'ai des collègues juifs.
Pourquoi tu ne les invites jamais ?
Ils ne m'invitent pas non plus.
Tu sortais avec un juif à l'université,.
Je t'ai dit
de ne pas sortir avec un juif.
Parle-moi de la Section Spéciale.
Ces
meurtriers proches des SS,
Einsatz Kommando.
Je ne sais pas.
Je n'ai rien à voir avec eux.
Papa,
ils ont une photocopie d'une carte
de la Section Spéciale
avec ta signature et ta photo dessus.
Ce n'est pas possible.
Où ils l'ont eue ?
Par le gouvernement hongrois.
Je te dis que...
Ils ont dû mettre
ma photo de gendarme.
Mon... mon écriture...
Ils ont fait une fausse carte.
Ils ont des témoins,
des témoins qui te reconnaissent.
Ils t'accusent
de choses abominables papa.
Annie, ce sont les communistes
qui leur ont dit
"Il vaut mieux pour vous
que vous le reconnaissiez."
Tu n'as pas d'archives quelque part
prouvant que tu n'étais
qu'un simple employé ?
Ils te diront qu'ils n'en ont plus.
À cause des bombardements.
Les Américains nous ont bombardés
pendant la guerre.
C'est drôle.
Annie...
C'est à cause de moi ou de l'affaire
que tu es bouleversée ?
Ça me rend malade papa.
Ils ont pris ces gens...
Ils ont aligné les femmes
et les enfants au bord du fleuve.
C'est pour ça
que je suis venu en Amérique.
Ça m'a donné honte d'être hongroise.
Tu es américaine.
On est américains.
Tu as de la chance
d'être une jeune femme en Amérique.
Pas en Europe
pendant la guerre.
Depuis le début.
- Depuis le début.
- D'accord.
- "Un." Qui avait un chien.
- Quoi ?
- Un chien, pas une chien.
- Oublions. On devrait rentrer.
Six millions de morts !
Six millions de morts !
- Je n'ai pas peur grand-père.
- Moi non plus.
Nazi rentre chez toi !
Nazi rentre chez toi !
Tu les vois ?
Ils m'ont déjà jugé coupable.
Les Blancs comme vous gâchent
l'unité d'un quartier sympa Mike.
Vas-y tzigane, crache-moi dessus.
Ils crachent tous sur le pauvre homme.
Les Tziganes crachent aussi.
Je dois rentrer chez moi
comme un voleur.
Mikey, non !
Je n'ai pas peur, grand-père.
Nazi rentre chez toi !
Nazi rentre chez toi !
Bon.
Je vous apporte ce que vous voulez.
- C'est votre photo de mariage ?
- Oui.
Ann ressemble trait pour trait
à sa mère.
Ça n'a pas dû être facile
d'élever deux enfants seul.
Au début non mais après
Annie s'est occupée de tout.
Je vous préfère avec la moustache,
je crois.
Les papiers bancaires aussi ?
Oui, tout.
Éloigne-toi de là.
- Ça va ?
- Oui.
Allez-vous-en !
- Nazi rentre chez toi !
- Laissez-nous !
- Nazi rentre chez toi !
- Rentre à l'intérieur.
Tu dois être aux anges ce matin.
Un vieillard supporter des Bears
avec son petit-fils
menacés par une foule déchaînée.
Le jury va adorer.
On devrait le tuer
pour avoir amené Mikey là-bas.
Quel jury ? Il n'y aura pas de jury.
Si, le monde sera ton jury.
Même des modèles de vertu
comme Silver sont des hommes.
- Bonjour M.Talbot.
- Bonjour Jimmy.
J'ai fait des recherches
sur ton plaignant.
Je ne te l'ai pas demandé.
Brillant procureur fédéral
à Philadelphie,
il n'a jamais perdu.
Il y a neuf mois
il débarque au ministère,
il se porte volontaire
pour les Enquêtes Spéciales.
Je vais passer des coups de fil
à Philadelphie pour me renseigner.
Je peux me débrouiller,
je n'ai pas besoin d'aide.
D'après ce qu'on m'a dit
tu auras besoin de beaucoup d'aide.
Qu'est-ce que je suis censée comprendre ?
- Qui t'a dit ?
- Qui te l'a dit.
Tu n'es pas diplômée en lettres ?
- Qui te l'a dit ?
- C'est mieux.
Tu n'as pas un fils
qui t'attend chez toi ?
Georgine, j'ai trouvé.
La même chose est déjà arrivée,
un certain Walus accusé
de crimes de guerre en Lituanie.
Ils ont un dossier détaillé,
il y a un procès.
Les témoins viennent à la barre,
ce n'était pas lui.
Pas lui, les témoins s'étaient trompés.
Ils n'avaient pas le bon homme,
le juge l'a déclaré innocent.
Alors parle-moi de mon père.
Il va à l'église, au cimetière,
il achète des strudels,
il joue aux dames au parc,
il parie sur les matchs
des Cubs et des Bears.
Faudra que je le dise à Karchy,
il interdit à Karchy de parier.
- Vous connaissez une Irma Kiss ?
- Qui ça ?
Mme Irma Kiss, une veuve.
Ah oui, Irma Kiss,
elle fait des beignets pour l'église.
- Pas seulement.
- Comment ça ?
De temps à autre depuis dix ans,
trois, quatre fois par mois.
Je n'en crois pas mes oreilles.
Il ne dépense pas beaucoup
mais il y a deux, trois ans,
il dépensait beaucoup plus.
Mais il a dû apprendre
à se limiter à des paris de 10 dollars.
- Qui est Tibor Zoldan ?
- Je ne sais pas.
Mike lui a signé un chèque de 2000 dollars
il y a trois ans,
c'est le plus gros chèque
qu'il ait jamais signé.
Ce groupe auquel il appartient,
le Cercle d'Attila,
ce n'est qu'une bande de petits vieillards
qui sortent les pancartes
quand un diplomate communiste débile
commet l'erreur de venir ici.
Je ne crois pas qu'il y ait là
de quoi se faire l'avocat du diable.
Quoi ?
Irma Kiss.
Papa, qui est Tibor Zoldan ?
Un ami du camp de réfugiés,
il est retourné au pays
avant de venir ici.
Je lui ai donné de l'argent
pour débuter,
il est mort
dans un accident de voiture,
je n'ai jamais récupéré mon argent.
Tu es prêt ?
Toute ma vie j'ai essayé d'oublier
ce que j'avais vu,
- maintenant je dois me souvenir.
- On doit le faire papa.
Commençons par Mme Kiss.
Irma Kiss ?
Mon Dieu !
Ces foutus avocats, ils trouvent tout.
Papa,
pourquoi tu ne l'as pas épousée ?
Je n'ai pu épouser personne
après ta maman.
Tu n'avais pas besoin
d'une autre mère.
Et toi ?
Tu as rencontré quelqu'un
depuis ton divorce ?
Oui, il y a eu quelques hommes.
Et Dean ?
Oui, Dean...
C'est un homme bien.
- Et il t'aime toujours Annie.
- Allez.
Comment tu es devenu gendarme ?
Papa était un agriculteur.
On était très pauvres.
Je ne suis pas allé à l'école,
pas d'argent.
J'aimais le métier de gendarme.
Ça payait bien,
ils avaient un bel uniforme
avec une plume sur le chapeau
et la musique.
- Bonjour.
- Eh bien bonjour.
Vous m'avez invité
pour décocher des coups de poing ?
Mes relations avec la partie adverse
sont bonnes.
On est partis du mauvais pied.
La veille du procès,
vous voulez améliorer nos relations.
Formidable !
Vous voulez quoi réellement ?
Mon père géreait un restaurant.
- Ah oui ?
- On n'avait pas de musique comme ça.
Ce n'était pas aussi charmant qu'ici.
Oui, je...
Je n'aimais pas l'odeur
des oignons grillés.
Alors après mon diplôme,
je suis devenu...
j'ai travaillé comme assistant
pour le procureur du comté.
Après un certain temps
oncle Sam est venu me chercher.
Voilà, je suis ici et vous aussi !
Santé !
Comment une Laszlo
devient une Talbot ?
On tombe facilement amoureux
quand on a un point commun.
Ah oui, lequel ?
Il ne voulait plus être un Talbot
et je ne voulais pas
rester une Laszlo.
Ça a l'air idyllique.
Il s'est passé quoi ensuite
avec toutes ces grandes ambitions ?
Ça a été le grand déménagement
de Damon Avenue à Lake Forest.
Je crois que ça ne m'a pas réussi.
C'est quoi ce truc ?
Inhabituel, hein ?
C'est bon mais c'est différent.
Ça s'appelle Bull's Blood.
Ça se faufile en nous, ça nous achève.
Sûrement.
- C'est hongrois.
- Vraiment ?
J'ai appris pour votre femme. Désolée.
Vous avez dû vous sentir très mal.
Oui, c'était...
Un accident terrible.
Le rapport de police dit
que vous aviez bu.
Ça n'a pas dû être facile
de le cacher.
Vous savez,
je vous aimais bien Mme Talbot
mais je crois que je vous ai mal jugée.
Vous êtes la fille de votre père.
Pardon, je ne voulais pas vous blesser.
C'est fait,
vous aimez remuer
le couteau dans la plaie.
Être assistant juridique
n'a pas soulagé votre conscience ?
Si chercher des criminels de guerre
ne la soulage pas,
vous allez faire quoi après ?
Trouver Jésus, devenir chrétien ?
Vous croyez vraiment
qu'il faut une raison personnelle
pour poursuivre
des criminels de guerre ?
Vous devriez peut-être
trouver un autre avocat ?
Un vrai avocat
pour défendre votre père
qui ne soit pas
impliqué émotionnellement.
Je peux demander un report
si vous voulez, le temps
que vous trouviez un remplaçant.
Au fait,
ils n'ont jamais porté plainte
contre moi.
J'étais innocent.
Mais ils auraient pu
porter plainte, non ?
Ils auraient pu monter un dossier.
Comme vous le faites pour mon père.
Je ne vois pas en quoi les deux
affaires se ressemblent Mme Talbot.
Je verrai peut-être au procès.
Bonsoir.
Bon appé***.
Souris papa.
Comment je pourrais sourire ?
J'ai peur, je vais me *** dessus.
Papa, sois gentil avec Georgine,
parle-lui, souris-lui.
MIKE LASZLO
EST INNOCENT
Mike Laszlo.
Six millions de mensonges !
On est derrière toi Mike !
Dieu est avec toi.
Mike est innocent.
Mike est innocent.
Une déclaration Mme Talbot ?
Bonjour Annie.
Annie, je peux m'asseoir avec vous ?
Karchy, embrasse Karchy.
- Je l'ai vu ce matin.
- Embrasse-le.
- Bien, bien.
- Va t'asseoir.
- Pourquoi ?
- Mets un costume demain.
- Je peux...?
- Va t'asseoir.
Discute avec Georgine.
Il y a du monde ici Tzigane.
Veuillez vous lever.
Silence, silence.
Pour le district nord de l'Illinois
je déclare l'audience ouverte.
L'honorable juge Erwin W.Silver
présidera cette audience,
que Dieu bénisse les États-Unis
et cette Cour.
Veuillez vous asseoir.
Affaire 89-CN-22-80,
Ministère public
contre Michael J.Laszlo.
Je ne tolérerai aucun débordement,
aucune perturbation ou interruption.
Vous pouvez commencer.
Merci Votre Honneur.
- M.Burke.
- Maître.
M.Burke.
Le problème dans cette affaire
est simple.
Les preuves montreront
que Michael J.Laszlo
a menti lors
de sa demande de naturalisation.
Sa citoyenneté lui a été accordée
sur de fausses raisons,
elle doit par donc
lui être retirée.
Il a menti pour cacher le fait
que dans les derniers mois de 1944
et les premiers mois de 1945,
il a servi comme membre
d'un escadron de la mort hongrois
appelé la Croix fléchée
ou la Section Spéciale,
une unité des gendarmes hongrois.
M.Laszlo a commis des crimes
si atroces qu'ils dépassent
l'entendement humain.
Nous ne parlons pas ici
du mal banal commis
par un simple bureaucrate
qui donne des ordres
ou par un gendarme
qui les exécute.
Nous parlons d'un homme
qui a commis ces crimes atroces
de ses mains.
Nous parlons du mal incarné.
Merci Votre Honneur.
- Votre Honneur.
- Mme Talbot.
- Maître.
- Mme Talbot.
Votre Honneur,
la question n'est pas de savoir
si mon père a menti
quand il a demandé
la nationalité américaine.
C'est un écran de fumée.
Oui, mon père a menti
mais il l'a fait
pour ne pas être rapatrié
dans un pays communiste qui exécutait
ou envoyait aux travaux forcés
les opposants au régime.
Mon père était gendarme
mais il n'était pas membre
de la Section Spéciale,
mon père était employé de bureau.
Il avait demandé ce poste
parce qu'il ne supportait pas
les sévices commis par ses collègues
dont il avait été témoin.
Mon père est simplement
un innocent injustement accusé.
C'est un homme puni indirectement
par un gouvernement communiste
pour un acte commis
contre des représentants
de ce gouvernement il y a cinq ans.
- Vous permettez ?
- Je vous en prie.
Si vous voulez bien.
C'est l'entrée en scène
de danseurs folkloriques hongrois,
un groupe du gouvernement communiste.
Mon père a empêché
la représentation d'avoir lieu.
La tournée a été annulée,
mon père a été arrêté.
Un non-lieu a été rendu.
Le gouvernement hongrois
a déposé une protestation
contre ce non-lieu,
le ministère des Affaires étrangères
l'a rejetée.
Mon père a protesté
contre les politiques répressives
du gouvernement communiste
qui ont causé
la mort de 15000 personnes,
lors de la révolution hongroise
de 1956.
Mon père est un homme bon,
le genre d'homme prêt à risquer sa vie
contre une injustice.
Je sais Votre Honneur
et je vous le prouverai
avant la fin de ce procès.
Merci.
Vous pouvez appeler
votre premier témoin M.Burke.
Je suis employé
par le service d'Immigration
du ministère de la Justice
au laboratoire scientifique
de McLean en Virginie.
Je suis un expert
en documents contrefaits.
Quelle est la date indiquée
sur la carte d'identité
de la Section Spéciale Croix fléchée ?
Premier novembre 1944.
Quelle est la date
sur la carte d'immigration
délivrée à l'arrivée aux États-Unis ?
Celle qu'on appelle la carte verte.
12 février 1952.
M.Nathanson,
quelle est votre conclusion
sur ces deux documents ?
J'en conclus que les photos
sont celles du même homme
et les signatures aussi,
Michael J.Laszlo.
Vous avez vérifié l'authenticité
de la pièce à conviction numéro un,
la carte d'identité de la Section ?
Objection Votre Honneur.
La pièce à conviction numéro un
n'est pas une carte d'identité,
c'est une photocopie d'une carte
de la Section Spéciale.
Objection retenue.
J'ai fait un examen complet
de la photocopie fournie
pour déterminer s'il y avait eu
retouche.
Avec quelles méthodes ?
J'ai étudié le document
au microscope stéréoscopique
pour déterminer le ton de fond,
j'ai aussi analysé la photo
et la graphologie
avec des méthodes
scientifiques reconnues.
Vous en concluez quoi M.Nathanson ?
À mon avis
le document est authentique.
Le témoin est à vous.
M.Nathanson,
quand vous dites avoir étudié la photo
vous parlez
- de la photocopie, c'est ça ?
- Oui.
Le peux m'approcher du témoin ?
Oui.
Le fait que la pièce à conviction
soit un photostat
et pas le document lui-même
ne vous a pas gêné ?
Je ne me sentais pas limité
par le photostat.
Mais vous auriez été plus sûr
de vos conclusions
si vous aviez eu la vraie carte ?
Je suis sûr de mes conclusions
sans l'avoir.
M.Nathanson,
quand on analyse un photostat
pour authentifier un document,
on peut connaître
la texture du document original ?
Un photostat examiné au microscope
révèle toute les retouches.
Vous pouvez authentifier l'âge
du papier avec un photostat ?
- Indirectement.
- Indirectement ?
- Oui.
- La seule façon de le faire
directement serait d'avoir
le document original ?
Oui.
Alors M.Nathanson, votre conclusion
d'aujourd'hui n'est pas définitive ?
À mon avis, si.
- À votre avis ?
- Oui.
M.Nathanson, vous êtes juif ?
Objection Votre Honneur,
la question n'est pas pertinente,
elle est en rapport direct
avec son objectivité de témoin.
Il a dit qu'il donnait son avis,
des conclusions
basées sur 30 ans d'expérience
- au ministère de la Justice.
- Objection rejetée.
Répondez à la question.
Je suis unitarien.
J'ai des racines juives
du côté paternel.
Plus de questions Votre Honneur.
- M.Burke ?
- Plus de questions Votre Honneur.
L'audience reprendra demain matin.
Premier témoin et elle finit par
"Vous êtes juif ?"
Georgine, trouve
où les témoins hongrois habitent,
je veux savoir de quoi ils parlent.
Ils parleront en hongrois.
Je ne comprends le hongrois,
pas vrai papa ?
Tu mets ton complet demain
et tu t'assieds avec moi et Annie.
- Il est au pressing papa.
- Va le chercher.
Bonjour grand-père.
Je t'ai encore vu à la télé.
- Bonjour mon cœur.
- Maman.
Fais-moi voir.
- Tu as quoi à l'œil ?
- Rien.
- C'est quoi ?
- Ça va.
- Une bagarre à l'école.
- Montre.
- On va mettre un truc dessus.
- Ça va.
Les salauds !
- Qu'ils aillent en enfer !
- Bonne nuit M.Laszlo.
Oh toi !
Chéri, mets ça dessus, c'est froid.
Pourquoi tu regardes ça ?
C'est violent.
- Non, c'est drôle.
- Non, c'est stupide.
Je peux t'accompagner au procès ?
Ce n'est pas pour les enfants chéri.
Je sais déjà tout sur tout ça.
- Ah oui ?
- Grand-père m'a tout raconté.
Il t'a raconté quoi ?
C'est un secret entre lui et moi.
Tu ne peux pas me le dire ?
Il a dit que c'est
une grosse exagération,
l'Holocauste et tout,
tout a été inventé.
Il a dit ça ?
Tu ne vas pas le répéter, hein ?
Laisse-le sur ton œil.
- Laisse-le sur ton œil.
- Gros malin.
Éteins Mikey.
Tu as des devoirs.
- C'était stupide de dire ça.
- J'ai dit quoi ?
Ce que tu as dit à Mikey
sur l'Holocauste.
- Je ne lui ai rien dit.
- Ne mens pas papa.
- Je ne te mens pas.
- Il me l'a dit.
Il ne m'a rien dit !
C'est grand-père Talbot.
Tu as dit
que tu ne le répéterais pas !
Veuillez vous lever.
- Assieds-toi là.
- Veuillez vous asseoir.
Tais-toi aujourd'hui.
Appelez votre témoin M.Burke.
On peut vous voir en privé ?
Oui.
Veuillez vous lever.
- Qu'est-ce qui se passe Annie ?
- Je ne sais pas.
- Qu'est-ce qui se passe papa ?
- Je ne sais pas.
Bonne nouvelle Votre Honneur,
le gouvernement hongrois a remis
la carte d'identité originale
aux labos du ministère de la Justice.
Peut-être que ça éclaircira
les choses.
C'est un problème pour vous Mme Talbot ?
Non, Votre Honneur.
C'est drôle, dès que je marque
des points avec votre témoin
Budapest met la main à la pâte.
C'est bien vous qui le poursuivez ?
Ça fait des mois qu'on travaille
avec les ambassades
pour avoir l'original.
Après votre discours sur le photostat
vous devriez être ravie.
Je vais laisser votre expert
l'examiner en premier.
- Une semaine suffira ?
- Oui Votre Honneur. Merci.
Mme Hollo, qu'est-ce qui s'est passé
l'après-midi du 11 janvier 1945 ?
Je travaillais à la teinturerie.
J'ai quitté le travail tôt,
les bombardements étant intenses.
Tu confirmes la traduction papa ?
- Les bâtiments brûlaient.
- Oui.
Il y avait de la fumée partout.
On entendait les sirènes.
J'étais sur la place Kalvin
quand je les ai vus.
Vous avez vu qui ?
J'ai vu trois hommes
en uniformes noirs,
ils étaient de la Croix fléchée.
- Elle ne sait même pas parler anglais.
- Karchy.
Karchy.
La ferme.
Ils parlaient à ma voisine, Mme Canter,
et à son fils de dix ans.
Un a crié à la femme
"Pute tzigane,
- qu'est-ce que tu fais ici ?"
- Mme Canter a dit quoi ?
Elle s'est mise à pleurer et elle a dit
"Je ne suis pas tzigane."
Il lui a dit "Si tu n'es pas juive
dis à ton fils de réciter
le 'Notre Père'".
Elle ne pouvait pas parler
tellement elle pleurait.
Et les autres se contentaient de rire.
Tout va bien, prenez votre temps.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Il lui a tiré dans la tête.
Puis le garçon s'est jeté sur elle
il lui a aussi tiré dans la tête.
Et il y en a un qui a dit ,
"Mischka, allons-nous-en."
Ils sont partis.
Il l'a appelé Mischka ?
Oui.
Mme Hollo,
c'est l'homme
qui a tué la mère et son fils ?
Oui, c'est lui.
Il est passé près de moi.
Il était si près
que j'aurais pu le toucher.
Je n'ai plus de questions
Votre Honneur.
Le témoin est à vous.
Votre mémoire doit être excellente
pour reconnaître un visage aperçu
il y a 40 ans.
- Votre Honneur ?
- Oui.
Mme Hollo,
vous avez téléphoné
à Budapest hier soir ?
Objection, non pertinent,
la femme n'est pas accusée.
Rapport avec son état d'esprit.
Ça ne concerne pas notre affaire.
- J'autorise la question.
- Vous avez téléphoné à Budapest ?
Oui, j'ai parlé à mon fils.
Qu'est-ce qu'il fait en Hongrie ?
Objection, la vie de son fils
n'a rien à voir avec ce procès.
Objection rejetée.
Quelle est sa profession ?
Il travaille
pour le ministre de l'Agriculture.
- Il est communiste ?
- Objection. Discrimination.
J'interroge le témoin
sur ses motivations.
Comment vous savez
qu'elle a téléphoné ?
Maîtres, approchez s'il vous plaît.
- Comment vous le savez ?
- Je posais la question sans savoir.
Vous avez mis des micros ?
Si M.Burke m'accuse
d'un acte illégal
- qu'il le fasse officiellement.
- Vous tournez ça
- en mascarade.
- M.Burke, dans cette salle
c'est à moi que vous adressez
les arguments, pas à la partie adverse.
Mme Talbot, vous pouvez poursuivre
mais allez vite au but.
Merci.
- Je maintiens mon objection.
- Objection rejetée.
Votre fils est communiste ?
Les fonctionnaires sont
membres du parti.
Mme Hollo, quand vous avez identifié
la photo de mon père à Budapest,
vous en avez parlé à votre fils ?
Oui.
Votre fils vous a dit
que mon père
avait été arrêté pour avoir annulé
la tournée des danseurs
folkloriques hongrois ?
- Objection Votre Honneur.
- Objection rejetée.
- Il vous l'a dit ?
- Non.
Mais vous le savez maintenant.
Oui.
Mais ça n'a rien à voir
avec mon témoignage.
Non ?
Je n'ai plus de questions.
- M.Burke ?
- Non Votre Honneur.
L'audience reprendra dans une heure.
Georgine Wheeler, s'il vous plaît.
J'ai plein de bons sandwichs
au salami.
- Tu en veux ?
- Elle revient quand ?
- Harry.
- Ne vous en faites pas,
ils ne vous renverront pas.
- Salami ?
- On sera morts
- avant la fin de la procédure d'appel.
- Oui.
Tu t'en es très bien sortie.
Tu veux un sandwich au salami ?
Je ne comprends rien,
c'est le bordel ici.
Le problème actuel
avec ces clowns de Washington
c'est qu'ils sont trop occupés par le dégel
et l'argent qu'ils peuvent gagner.
Ils n'ont rien à faire
dans un tribunal.
- Pourquoi tu as dit ça à Mikey ?
- Quoi donc ?
Que l'Holocauste était une invention.
Je ne vois pas de quoi tu parles.
On ne parle pas politique.
Où tu étais ?
Avec les témoins hongrois,
je prenais des renseignements.
Jurez-vous de dire
la vérité, toute la vérité
et rien que la vérité ?
- Je le jure.
- Veuillez vous asseoir.
- M.Boday, vous parlez anglais ?
- Un peu.
Il y a un interprète
si vous voulez parler hongrois.
Je vais essayer en anglais.
M.Burke.
- M.Boday, vous habitez où ?
- À Budapest.
Et vous habitiez où
en décembre 1944 ?
Au ghetto de Budapest.
M.Boday, vous pouvez
nous décrire les événements
qui s'y sont déroulés
le 14 décembre 1944 ?
Nuit. 7 heures.
On est dans une pièce,
ma mère, mon père,
mon frère, ma femme Clara, mon fils.
- Votre fils avait quel âge ?
- Lui sept ans.
- Ils entrent.
- Qui est entré ?
La Section Spéciale.
Ils entrent, mitraillettes, uniformes.
- En noir.
- Tu dois regarder le témoin.
Sur bras...
- Comment on dit ?
- Quoi ?
- Regarde-le.
- Insigne.
Insigne.
- "Croix fléchée."
- Croix fléchée.
Vous connaissiez la Croix fléchée
avant M.Boday ?
Oui, je vois la Croix fléchée avant.
Ils étaient combien M.Boday ?
Quatre.
Deux chefs,
un avec cicatrice sur visage.
Autre, chef des chefs, Mischka.
- Il s'appelait Mischka ?
- Oui, ils l'appelaient Mischka.
Ils ont fait quoi M.Boday ?
Mischka lui parle le plus. Il dit
"Vous avez bijoux, diamants.
Tous les Juifs ont de l'or."
Mon père dit "On n'a rien."
- Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
- Mischka, il...
Il prend ma femme. Il dit
"Ouvre bouche salope."
Il regarde dents,
il dit "Plein d'or."
Et ensuite ?
Ils nous sortent du ghetto.
Très froid, neige.
On marche dans rue.
Ma mère tombe.
Un d'eux, pas Mischka,
lui avec la cicatrice
la frappe sur tête avec fusil.
On continue marcher,
je ne vois plus maman,
elle reste dans rue.
- Il vous ont emmené où ?
- Au bord de la Duna.
Danube.
Par pont. Lanchid.
Dans un champ,
beaucoup de gens là-bas. Juifs.
Mischka dit "Tous au bain,
l'eau froide tue les puces."
Et qu'est-ce qui s'est passé
au bord du Danube M.Boday ?
Ils nous disent
"Restez groupés."
On reste groupés.
Ils prennent du fil de fer,
enroulent autour de nous,
en deux groupes.
Très serré.
Ils nous déplacent
jusqu'au bord de l'eau.
Mischka dit
"Désolé, on n'a pas assez de balles."
Il prend pistolet,
va derrière ma Clara.
Il dit
"Une pour toi salope."
Il tire.
Il vient derrière nous.
Il met pistolet à la tête mon père.
Il tire.
Et il nous pousse dans Duna.
Il a tiré sur votre femme
et votre père et vous a jeté dans l'eau.
Ce n'est pas une question
mais une affirmation.
Objection retenue.
Oui, ils poussent du bord.
Nous attachés ensemble.
Duna très froide,
ils croient nous tous morts.
Comment vous avez survécu ?
Je ne sais pas, je crois je mourais.
On a été entraînés jusqu'à rive.
J'ai libéré ma main, enlevé fil.
Père mort,
garçon mort.
Je vois pas Clara dans eau.
M.Boday.
C'est l'homme qui a tué
votre femme et votre père
- et qui vous a jeté dans le fleuve ?
- Oui, c'est Mischka.
Vous avez le moindre doute
dans votre esprit M.Boday ?
Je le vois toutes les nuits
depuis 40 ans. Je ferme les yeux.
C'est Mischka.
Plus de questions Votre Honneur,
le témoin est à vous.
M.Boday, vous voulez faire une pause
avant qu'on commence ?
M.Boday,
comment vous avez identifié
mon père comme l'homme
ayant fait ça à votre famille ?
Ils viennent me voir il y a six mois,
me montrent une photo.
Une photo ?
- Le témoin s'exprime mal.
- Il fait répéter le témoin.
Laissez le témoin parler lui-même
M.Burke.
Ils me montrent plusieurs photos
de beaucoup de gens.
Qui vous a montré ces photos ?
M.Burke,
un homme de l'ambassade américaine,
un homme du ministère de l'Intérieur
et traducteur.
Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
M.Burke il dit qu'il enquête
sur criminel de guerre.
Il trouve à l'ONU ma déclaration
sur ce qui s'est passé.
Il dit
"Je crois qu'ils trouvent homme."
Ils vous ont montré combien de photos ?
- Beaucoup.
- Il bluffe.
Combien ? 10, 20 ou 100 ?
- 12 ou 15.
- Combien, 12 ou 15 ?
- Je rappelle plus.
- Vous ne vous en rappelez plus ?
- Comment elles étaient présentées ?
- Présentées ?
Ils mettent sur table.
Sur ces 12 ou 15 photos,
où était celle de mon père,
sur la table ?
- Je me souviens pas exactement.
- Non ?
Les hommes des photos
étaient du même âge ?
Oui, tous jeunes comme Mischka.
Vous avez mis combien de temps
pour le reconnaître ?
M.Boday, vous dites
l'avoir vu toutes les nuits
depuis 40 ans, ne pas l'avoir oublié.
Combien de temps ?
Donnez-nous une approximation.
Dès que je l'ai vu.
M.Boday, vous êtes membre
du parti communiste ?
Objection Votre Honneur,
ça n'a rien à voir.
Si, avec sa crédibilité de témoin.
Pas membre,
j'aime pas les communistes.
Ils savent que je les aime pas.
Qu'est-ce qu'ils peuvent faire à moi ?
Vieil homme sans famille,
plus personne ne peut me faire du mal.
Vous avez votre réponse.
Je n'ai plus de questions
Votre Honneur.
M.Burke ?
L'audience reprendra demain matin.
M.Vamos, dites-nous où vous étiez
entre décembre 1944 et janvier 1945.
À Budapest, travaux forcés.
- Vous travailliez où ?
- Au bord de la Duna, le Danube.
Centre d'interrogatoire de Lanchid.
Quelles étaient vos tâches ?
- Nettoyer.
- M.Vamos,
vous vous rappelez d'un homme
de la Section Spéciale du nom de Mischka ?
Tout le monde connaissait Mischka,
tout le monde peur.
Mischka le pire.
Pourquoi ça M.Vamos ?
Pourquoi c'était le pire ?
Mischka et son groupe
prennent du plaisir.
M.Vamos, Mischka aimait faire quoi
au centre d'interrogation ?
Mischka aimait tuer Juifs.
Tziganes encore plus que les Juifs.
Mischka aimait jouer,
dedans ils demandent
"Tu as or, diamants ?"
Tu réponds non,
Mischka t'emmène dehors jouer jeu.
Quel était ce jeu, M.Vamos
et comment il se ?
- Il mettait baïonnette dans terre.
- On peut faire une démonstration ?
Oui.
Vous pouvez descendre nous montrer
comment on jouait à ce jeu ?
M.Vamos, supposez ou imaginez
que c'est une baïonnette.
Comment il jouait ? Montrez-nous.
Il fait trou,
il met baïonnette dans terre.
Il vous dit de vous mettre par terre.
Corps sur baïonnette,
bras et jambes par terre.
Monter et descendre,
monter et descendre.
En haut et en bas,
en haut et en bas.
- Des pompes ?
- Des pompes.
Mischka aime pompes, il en fait aussi,
avec la baïonnette aussi.
Il leur faisait faire
sur la baïonnette ?
Jusqu'à tomber.
On jette dans Duna, on nettoie.
- Je nettoie.
- Merci M.Vamos.
Merci beaucoup.
M.Vamos, vous avez déjà
parlé à Mischka ?
Personne peut parler
sinon Mischka le frappe.
Personne peut regarder
sinon Mischka frappe aussi.
Pas le droit
de le regarder dans les yeux.
Il y avait une pénurie de munitions ?
Oh oui, gros problème,
personne peut tirer.
Ils attachent les gens avec du fil,
tirent sur un, poussent dans Duna.
Vous avez vu Mischka le faire ?
Oh oui, beaucoup de fois.
Combien de fois environ M.Vamos ?
Approximativement.
20, 30.
Fleuve rouge.
Glace du fleuve rouge.
Corps au bord du fleuve bleus,
le Danube bleu était rouge.
M.Vamos,
c'est l'homme connu
sous le nom de Mischka
au centre d'interrogatoire de Lanchid ?
- Oui.
- M.Vamos,
vous pouvez regarder la photo ?
Oui.
S'il vous plaît M.Vamos,
regardez la photo.
C'est lui.
Plus de questions Votre Honneur.
Le témoin est à vous.
Désolée de devoir
vous poser ces questions.
M.Vamos,
vous connaissez Istvan Boday ?
- J'ai lu dans journal.
- Elle fait fausse route.
On va voir.
- Vous le connaissiez à Budapest ?
- Non.
Vous ne lui avez jamais parlé
à Budapest ?
Ils nous disent de pas nous parler.
Et dans l'avion pour venir ?
On a pris des avions différents.
- Vous ne lui avez pas parlé à l'hôtel ?
- Hôtels différents.
Vous n'avez jamais parlé à M.Boday ?
C'est la vérité M.Vamos ?
Je mens pas.
Racontez-nous l'entrevue d'hier soir
dans votre chambre d'hôtel
avec Istvan Boday.
Objection Votre Honneur,
il vient de dire
qu'il ne lui a pas parlé.
Objection rejetée.
Vous l'avez vu dans votre chambre
hier soir, n'est-ce pas ?
- N'est-ce pas M.Vamos ?
- Oui.
Il vient dans ma chambre.
Mon Dieu.
Donc vous mentiez quand vous disiez
- ne jamais lui avoir parlé.
- Oui, j'ai menti.
Vous mentez souvent ?
Boday vient dans ma chambre,
il a des questions sur femme et frère.
Vous avez revu ensemble
vos témoignages,
- comparé vos notes ?
- Il veut je me souviens.
- Il montre photo sa femme.
- Il est venu vous montrer
une photo de quelqu'un
que vous auriez vu il y a 40 ans ?
- Oui.
- Vous n'avez parlé de rien d'autre ?
Plus de questions Votre Honneur.
Comment osez-vous ?
Je viens dire la vérité.
Où est le mal ? Un homme
qui se renseigne sur sa femme.
Descendez monsieur.
Sortez M.Vamos.
Tout ira bien M.Vamos.
- Suivez-moi.
- C'était le dernier témoin de M.Burke.
Il y a encore un témoin,
Mme Melinda Kalman.
Un instant,
je n'ai pas de déposition de ce témoin.
Je m'oppose à ce témoin.
Un témoin de dernière minute
arrivé hier soir de Budapest,
c'est une psychiatre spécialisée
dans le traumatisme du viol.
Le juge Silver a rejeté
les objections de la défense.
Une voiture s'est arrêtée dans la rue,
il y avait deux hommes à l'intérieur,
ils portaient les uniformes
de la Croix fléchée.
Ils m'ont demandé
mes papiers d'identité.
J'avais laissé mon sac à main
à un cours de piano,
je n'avais pas de papiers.
L'un d'eux avait une longue cicatrice
sur le côté gauche du visage.
Il a dit
"Regarde la jolie salope Mischka."
- Il a appelé l'homme Mischka ?
- Oh oui.
Ils ont dit que j'étais juive,
j'ai répondu que j'étais catholique.
- Vous aviez quel âge ?
- 16 ans.
Continuez s'il vous plaît Mme Kalman.
Ils ont dit que j'étais en état
d'arrestation et ils m'ont embarquée.
La voiture est passée sur le pont,
le Lanchid, puis a tourné
aux immeubles, au fleuve.
Au moins elle a eu une chance.
Ils étaient gentils
dans la voiture.
Ils m'interrogeaient sur le piano.
Ils m'ont emmenée dans l'immeuble,
dans une petite pièce.
Il n'y avait rien d'autre dans la pièce
qu'un matelas sur le sol.
Ils m'ont dit
d'enlever mes vêtements
de me tenir contre le mur.
J'ai commencé à pleurer.
Je leur ai dit que j'étais vierge,
ils ont ri.
Mischka a dit
"On va t'apprendre à jouer avec nous
comme tu joues avec ton piano."
Mischka a sorti un revolver,
l'a mis dans ma bouche.
L'autre m'a déchiré mes vêtements.
Il a allumé une cigarette,
il l'a mise sur mon...
Ils alternaient.
Je me suis évanouie.
D'autres hommes
sont venus,
ils partaient, ils revenaient.
J'ai perdu la notion du temps.
Ils m'ont brûlée.
Quelqu'un a pris une photo,
le flash m'a réveillée.
Ensuite, je ne sais pas
combien de temps après,
c'était encore Mischka.
Il a dit "Salope,
tu as appris à très bien jouer"
et il a recommencé.
L'autre était là, il riait.
Ils m'ont relevée, portée dehors.
Il faisait tellement froid.
Par terre dans la neige
il y avait une baïonnette.
Ils m'ont dit de me mettre
au-dessus de la baïonnette.
Ils m'ont dit de faire de l'exercice.
Je les entendais rire.
Mischka disait
"Un esprit sain dans un corps sain."
La baïonnette était dans mon ventre.
Je me suis soulevée
une fois.
Et puis je suis tombée.
Je ne me rappelle
de rien d'autre.
On m'a dit qu'on m'avait retrouvée
au bord du fleuve.
Mme Kalman,
c'est l'homme que vous connaissiez
sous le nom de Mischka ?
Oui,
c'est cet homme.
Je n'ai plus de questions
Votre Honneur.
Le témoin est à vous.
- Pas de questions.
- Le Ministère public a conclu.
- Annie, qu'est-ce que tu fais ?
- Lève-toi Karchy.
Ce n'est pas moi !
Ce n'est pas moi Annie,
je n'ai pas fait ça !
- Papa.
- Ce n'est pas moi.
Je ne vous ai pas fait ça.
Je ne suis pas un animal,
je suis un père, j'étais marié,
j'aimais ma femme, ma famille.
Je n'ai pas pu vous faire ça !
Si, vous êtes un animal.
Cet homme n'a pas fait ça.
- Ce n'est pas moi ! Pas moi !
- Arrête papa.
- Viens papa.
- Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas...
- Reviens.
- Papa !
Votre père a eu ce qu'on appelle
une crise d'anxiété.
Il a dû être très stressé dernièrement.
Je ne sais pas si son corps peut supporter
encore beaucoup de pressions.
M.Laszlo, si vous me promettez
de vous reposer
je vous laisse rentrer chez vous.
Merci docteur.
- Je veux parler à Annie, Karchy.
- Pourquoi ?
Je comprends,
tu veux parler à ton avocat.
Annie,
approche.
Je sais
ce que tu penses Annie.
Plein de choses
te font croire,
te font penser
que je...
Je le vois dans tes yeux Annie
et tu dois répondre à cette question
"C'est
mon père ?
Cette bête ?"
Non papa.
Non.
Dans ton cœur Annie,
tu dois trouver la réponse.
- Viens papa, on rentre.
- Non.
Je ne veux plus me cacher Annie.
Viens.
- Grand-père !
- Oh Mikey.
- Bonjour Dean.
- Viens, on rentre chez nous.
Non, je rentre chez moi.
- Non papa.
- Ça m'est égal ce qui m'arrive.
Je rentre chez moi.
PERMIS DE CONDUIRE
Tibor Zoldan a été tué
par un chauffard qui a pris la fuite.
Ça ne m'intéresse pas.
Pendant neuf mois,
à partir du moment où il a signé
le chèque de 2000 dollars il y a trois ans...
Ça ne m'intéresse pas.
Mike dépensait en moyenne
1000 dollars de plus par mois
par rapport à d'habitude.
Ça s'est arrêté
après l'accident de voiture.
Arrête !
Ce n'est pas un monstre,
je suis sa fille, je le connais mieux
que n'importe qui.
BON ANNIVERSAIRE
- Bravo !
- Très beau !
Allez Mikey, fais un vœu.
Joyeux anniversaire.
- Il est vraiment à moi ?
- Bien sûr.
Mischka, apprenez à votre petit-fils
à conduire un train.
Vous vous y connaissez, non ?
Je n'arrive pas à croire
qu'il a déjà 12 ans.
Laisse-le aller au procès,
il me harcèle avec ça.
Non.
Ses amis et la télé en parlent,
il veut savoir.
Je lui expliquerai.
Il veut le voir par lui-même Ann,
ça s'appelle grandir.
- Laisse-le aller au procès.
- Il est trop jeune.
Tu en aurais bien besoin
surtout après le dernier témoignage.
- Il peut aller plus vite ?
- Je ne me servirai pas de lui.
Je dirais que c'est plutôt une chose
qu'il a envie de faire.
- Je ne suis pas aussi cynique.
- Oh si tu es cynique.
Tu es avocat comme moi.
Tu as bu du whisky
avec Klaus Barbie ?
Non mais j'ai bu avec plein d'autres
qui lui ressemblaient.
J'interrogeais des prisonniers
de guerre aux renseignements.
Après la guerre
les rouges c'était l'armée de Satan,
les Nazis sont donc devenus
nos alliés.
Ce sont les meilleurs
espions anticommunistes,
on s'est servis d'eux.
Grâce à ça les communistes
ne contrôlent pas le monde,
on a eu raison de les utiliser.
Alors tu as vraiment bu
avec ces monstres.
Ceux que je connaissais
n'étaient pas des monstres.
Ils étaient le sel de la terre.
Comme ton père.
Allô ?
Georgine.
Oui.
D'accord, merci.
C'était le labo,
la carte est authentique.
Je sais.
J'ai encore des amis à Washington,
riches aux valeurs vieillottes.
On est foutus Harry,
l'affaire est finie.
- Cette femme qui lui crache dessus...
- De la comédie.
Tu connais ça.
- Je ne sais pas comment lutter.
- Tu disais n'avoir besoin de personne.
Tu peux m'aider ?
Tu connais Arlequin ma chère ?
Veuillez vous lever.
D'accord.
- Veuillez vous asseoir.
- Viens, assieds-toi.
- Mme Talbot, appelez votre premier témoin.
- J'appelle Vladimir Kostav à la barre.
La défense a donné son nom
il y a seulement deux jours.
Je ne sais pas pourquoi il est là.
- On peut s'approcher ?
- Oui.
Kostav est témoin malgré lui
cité à comparaître.
On le connaît depuis deux jours.
- Qu'est-ce qu'ils font ?
- Ils vont là-bas
pour qu'on n'entende pas,
c'est une discussion privée.
Il est sous protection fédérale.
Comment vous avez trouvé
un consultant de l'ex-KGB ?
Je ne vois pas
ce qu'il a à voir avec notre affaire.
Ça concerne
la pièce à conviction numéro 1.
Pas de déposition ?
Juste retournement de situation.
- Vous pouvez appeler votre témoin.
- Merci.
M.Kostav, vous avez fui quand
pour les États-Unis ?
Il y a deux ans.
- Vous habitiez où avant ?
- À Moscou.
Vous y faisiez quoi ?
J'étais lieutenant-colonel à la section
contre-espionnage du KGB.
Au KGB, vous connaissiez
l'Opération Arlequin ?
- Oui.
- C'était quoi l'Opération Arlequin ?
Elle était conçue pour annihiler
la réputation des occidentaux
ennemis du socialisme
au moyen de documents falsifiés.
Nous y voilà.
Et comment ça se faisait ?
Un groupe de scientifiques a été constitué
en service spécial à Moscou
pour mettre au point des méthodes
de falsification des documents
rendant la falsification indétectable
à l'analyse.
- Ils ont réussi ?
- Oui.
Le KGB a utilisé
ces faux documents contre quelqu'un ?
À ma connaissance
ils ont été utilisés
contre un présentateur télé
en Allemagne de l'Ouest.
Quel était le faux document utilisé ?
Une carte d'identité
d'Einsatz Kommando.
- Ils exterminaient
- Tu vois.
les Juifs et les Tziganes.
Les tribunaux allemands ont jugé
la carte authentique.
Qu'est-ce qui est arrivé à cet homme ?
Il s'est suicidé.
M.Kostav,
vous savez si le KGB a partagé
ses compétences
en falsification de documents
avec d'autres pays communistes ?
Oui.
Les Hongrois en ont profité ?
Les Hongrois portaient
un grand intérêt à Arlequin.
Je vous remercie,
je n'ai plus de questions.
Le témoin est à vous.
Votre Honneur,
à la lumière de ce nouveau témoignage,
on peut ajourner ?
Le New York Times a appelé,
60 Minutes veut une interview
et Georgine a appelé.
- Merci Mme Cooper.
- Je vous en prie.
Le juge Silver veut vous voir
tout de suite.
Le gouvernement a découvert
un témoin qui aurait servi
comme gendarme
aux côtés de votre client.
- Une autre surprise.
- Il est à Budapest.
Il est malade et il ne peut pas voyager,
nous irons écouter son témoignage
à Budapest
aux frais du gouvernement.
Les frais de votre client
seront couverts
s'il décide de venir avec nous.
- Je ne retournerai jamais là-bas.
- Tu n'es pas obligé.
- Moi je dois y aller.
- Je ne peux pas y aller.
Si on tombe sur un type du KGB
il va dire que la carte est fausse.
Ils ont soudain un témoin.
Je te le répète tout le temps,
l'huile doit être dorée,
tu l'as appris quand tu avais 8 ans.
Si j'y vais ils vont me tuer.
Ils m'empoisonneront
ou j'aurai un accident.
- Papa, tu es paranoïaque.
- Ce n'est pas de la paranoïa,
ils font ça Annie.
Sois prudente.
Je ne peux pas gagner sans toi Annie.
Je sais.
Surtout ne t'inquiète pas,
je m'occupe de papa.
On va peut-être l'emmener
faire un tour au bar.
- Il a eu une attaque cardiaque.
- On ira au bowling alors.
Qu'est-ce que tu en dis ?
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Bonjour.
Ann, je peux te parler un instant ?
Qu'est-ce qu'il y a ?
Emporte ça et lis-le.
- C'est quoi ?
- Lis-le à bord.
La sœur de Tibor Zoldan
vit à Budapest, voilà son adresse.
Ann, attends.
Il semble que Tibor Zoldan
faisait chanter ton père.
Bonjour et bienvenue à bord du vol
American Airlines 38 à destination de Zürich.
Bonjour.
Les passagers sont priés
d'embarquer porte 3.
Merci.
VIP MME ANN TALBOT
- Mme Ann Talbot ?
- Oui.
Vous êtes déjà venue en Hongrie ?
- Non.
- Vous aimerez, c'est beau.
Vous avez une suite grande et belle,
on a vérifié.
- Vous travaillez au gouvernement ?
- Non, à l'agence de tourisme Bayar.
Personne n'aime travailler
pour le gouvernement, pas d'argent.
On va à l'hôpital Fo Kòrhàz
demain à 8 heures.
Vous parlez hongrois ?
- Pas très bien.
- Vous ferez des progrès.
- Oui ?
- Madame Laszlo ?
Talbot.
Vous aimez les massepains madame ?
Un instant.
Merci.
- Vous travaillez pour l'hôtel ?
- Non.
On est quelques-uns ici
à penser que votre père est innocent.
Ce procès est mauvais
pour tout le monde.
- Vous êtes qui ?
- Le gouvernement ne sait pas...
- Vous êtes qui ?
- Peu importe.
J'espère qu'ils sont sucrés.
- Attendez s'il vous plaît.
- Goûtez-les.
États-Unis contre Laszlo,
affaire 89-CM-22-80,
le procès reprend
à Fo Kòrhàz à Budapest.
Maître, vous avez la parole.
Je demande le renvoi de ce témoin
pour non-fiabilité.
Si vous voulez bien m'autoriser
à lui poser quatre questions.
Objection Votre Honneur,
c'est mon témoin.
- Posez vos quatre questions.
- Merci Votre Honneur.
- M.Burke.
- Merci.
Vous vous appelez comment ?
- Pal Horvath.
- C'est votre signature ?
Oui, c'est ma signature.
M.Horvath, le 15 avril 1952
vous avez déclaré sous serment
à la police hongroise
qu'un certain Michael Zanavi
était le Mischka
qui a commis des crimes de guerre
au centre de Lanchid.
Non.
Et le 18 novembre 1973
vous avez encore déclaré
sous serment à la police hongroise
que Michael Bato était le Mischka
qui a commis des crimes de guerre
au centre de Lanchid.
Je ne sais pas de quoi vous parlez.
Votre Honneur,
j'ai ici les copies des deux déclarations
sous serment de M.Horvath
dans lesquelles il identifie ces autres
hommes comme étant Mischka.
L'interprète peut les lire
pour la transcription ?
Oui.
"Je suis sûr et certain
que l'homme que j'ai vu commettre
ces crimes était Michael Bato."
Signé "le 18 novembre 1973.
Pal Horvath."
- Vous connaissiez ces déclarations ?
- Non.
- Comment vous avez eu ce témoin ?
- Les autorités hongroises.
Apparemment
M.Horvath avait parlé à son médecin.
Le jour suivant il a désigné
la photo de Michael Laszlo.
Si j'ai pu avoir ces documents,
le gouvernement aussi.
On n'a pas accès
aux fichiers de sécurité.
Les Hongrois coopèrent avec M.Burke,
pas avec moi.
Ils devaient avoir ces déclarations
dans leurs dossiers.
Heureusement des honnêtes gens
me les ont envoyées.
C'est absurde Votre Honneur.
Cet homme...
Il n'était pas recherché
par les autorités,
il est venu de lui-même,
ils l'ont dirigé vers nous.
Il n'y a pas de complot.
- Qu'est-ce qu'il a dit ?
- Je suis sûr et certain
que c'est Laszlo.
La requête de renvoi est accordée.
On a fait une longue route
aux frais du gouvernement,
on a perdu de l'argent et du temps.
- J'aimerais plus de temps...
- Je n'ai pas fini M.Burke.
Les preuves de la culpabilité
de Michael Laszlo
sont encore insuffisantes.
Votre Honneur, il a menti
dans sa demande, il l'admet.
- C'est pourquoi il est inculpé.
- M.Burke,
il faudra plus qu'un mensonge
sur son métier de gendarme.
Je requiers un non-lieu.
Je mets la décision en délibéré,
séance suspendue.
Je voulais vous dire...
Je voulais vous dire
que je crois que vous gagnerez
ou vous ferez traîner cette affaire
ce qui revient au même.
Mais dites-moi,
ça ne vous étonne pas
cette nouvelle preuve
- qui vous tombe comme ça dessus ?
- Vous ne savez pas vous arrêter ?
Pourquoi vous voulez le punir ?
Il n'a rien fait.
Vous croyez
que je veux punir un vieillard ?
Je ne nourris pas de vengeance
dans mon cœur mais c'est important
de se souvenir.
Il est trop *** pour changer le passé
mais pas pour s'en souvenir.
L'affaire est finie,
vous n'avez plus besoin d'argumenter.
Ne me dites pas
qu'après tout ce procès
vous ne doutez pas un peu
de votre père.
Je n'ai pas le temps.
Notre pays s'est efforcé
d'être un refuge
pour les persécutés,
on a accueilli
les victimes de la guerre.
Hélas, on a aussi
laissé entrer des bourreaux.
La guerre était presque finie,
on était en Allemagne,
les Russes à la frontière hongroise
mais les Hongrois
tuaient encore leurs Juifs.
Ce foutu Danube romantique
n'a plus jamais eu le même bleu
- à cause d'eux.
- Certains Hongrois !
Pas mon père !
Vous devriez peut-être
aller au fleuve
et regarder dans l'eau.
Vous verrez peut-être votre visage.
Vous aimez le chocolat
madame Laszlo ?
Vous aimez le chocolat
madame Laszlo, non ?
Merci.
- Ce pont s'appelle comment ?
- Lanchid.
Le "pont des chaînes" en anglais.
Vous pouvez lui demander
de s'arrêter ? J'aimerais marcher.
Zoldan, Magda ?
Chicago.
LES PRÊTS SHELDON
"Culpabilité de Laszlo non prouvée"
Nouveau témoignage
Je peux vous aider ?
Mon Dieu ma petite dame.
Vous en avez mis du temps
pour revenir.
RÉDEMPTIONS
PRÊTS
En parfaite condition.
236 dollars.
Annie, j'essaie de te joindre.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Je peux parler à Mikey ?
Mikey.
Non, je...
Je viens de rentrer.
Comment tu vas Mikey ?
Non, je viendrai
à la première heure demain.
Baisse les talons.
Baisse les mains.
Laisse-le marcher, laisse-le.
Regarde devant toi.
Oui, c'est bien.
Très bien.
Position assise bien droite.
Salut toi !
C'est bon de te revoir.
Tu l'as fait ma grande,
tu les as étripés.
- Il y a un problème ?
- Dis à Mikey de venir à l'intérieur.
- Viens.
- Va le chercher.
- Il y a des journalistes.
- Vas-y.
Dis-lui de venir, je dois lui parler.
- Viens.
- Va le chercher Karchy.
Non, c'est par ici !
Mesdames, messieurs,
merci d'être venus.
Désolé pour le temps.
Comme vous le savez
puisque vous l'avez couverte
on peut considérer
que cette affaire absurde est classée.
- Maman.
- Oh Mikey, tu m'as manqué.
C'est génial pour grand-père, hein ?
- Je t'avais dit qu'il était innocent.
- On rentre.
Harry m'a offert un poney.
- Je sais. On rentre.
- Viens le voir.
- Viens Mikey, s'il te plaît.
- Allez maman.
L'énergie et l'argent dépensés par...
Va, je te rejoins.
Dépêche-toi.
C'est légitime
que le contribuable américain
s'interroge sur la façon
dont l'argent est dépensé.
Je crois qu'il s'agit
d'un lynchage officiel
orchestré par le KGB,
ça y ressemble beaucoup
en tout cas.
Qu'est-ce qui ne va pas Annie ?
- Je sais papa.
- On a gagné, le procès est fini,
- le juge a rendu un non-lieu.
- Je sais tout.
Annie, on a gagné.
Le procès est fini, on a gagné.
- Harry veut intenter une action.
- C'était toi papa,
tu les as tous tués,
j'ai vu les photos.
C'était toi papa.
Tu as tué ce jeune homme
devant son père,
tu as violé cette femme
et jeté leurs corps dans l'eau.
Je suis allée voir cet endroit papa.
Le fils de cet homme avait sept ans.
Il avait seulement sept ans !
Il avait sept ans !
Tu lui as tiré dans la tête,
tu tirais toujours dans la tête,
tu étais cet animal.
Tu as tiré sur ce gamin
quand il pleurait sa mère morte.
Tu as fait du mal à tous ces gens.
Mon Dieu, qu'est-ce qu'on va faire ?
Dis-moi, quelles photos ?
Tibor Zoldan te faisait chanter.
- Non, c'était un ami.
- J'ai vu la cicatrice.
- Du camp de réfugiés.
- J'ai vu la cicatrice papa.
- La cicatrice ?
- La cicatrice au visage
comme ils l'ont tous décrite.
Je suis allée voir sa sœur.
Comment tu as pu faire
ces choses papa ?
Pourquoi tu nous as fais ça à nous ?
À Mikey ?
Papa...
Pourquoi ?
Réponds-moi.
J'ai besoin d'une réponse,
réponds-moi papa.
Je t'aime.
Je t'aime aussi.
Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Les communistes t'ont fait quoi ?
Je ne veux plus jamais
te revoir papa,
je veux que Mickey
ne te revoie jamais.
- Tu ne peux pas me faire ça.
- Si, je peux.
Tu n'existes pas.
Tu ne peux pas faire ça.
Papa, tu ne sais pas
à quel point tu vas me manquer.
Annie.
Annie ! C'est mon garçon, mon fils !
Tu n'as pas de petit-fils !
Tu vas raconter à Mikey
toutes ces bêtises,
empoisonner sa tête
comme ils l'ont fait avec toi ?
Tu parles comme une inconnue !
Dis-lui,
dis-lui ce que tu veux,
Mikey ne te croira pas.
Personne ne te croira,
ils diront que tu es folle.
Pourquoi tu n'essaies pas
de dire la vérité ?
La vérité ?
Quelque chose est arrivé
à ton cerveau Annie.
J'ai des amis ici
et là-bas
et crois-moi,
tu connaîtras la vérité.
Je ne suis pas cet animal.
Non.
Mikey !
Mikey !
Persécuter un honnête homme
et citoyen,
un homme de famille comme M.Laszlo,
sous prétexte de détruire le racisme.
Un, deux, trois.
Arrêtons de nous soucier
d'un groupe de pression libéral
New York-Washington
pour nous concentrer sur le futur,
pas sur le passé.
Préoccupons-nous des petits-fils,
pas des grands-pères.
Allez Mikey !
Bien !
Avance.
C'est bien.
Oui Mikey, c'est bien !
Je suis allée au bord du fleuve.
Jack Burke
Bureau des Enquêtes Spéciales
Michael Laszlo - criminel de guerre
Photos atroces