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Mme Dee... Frank Galvin.
Un ami de la maison et un très bon avocat.
C'est très triste,
ce qui est arrivé à votre mari.
Je l'ai un peu connu à la Loge.
Un homme merveilleux.
C'est affreux ce qui est arrivé. Affreux.
Si je peux vous aider en quoi que ce soit,
n'hésitez pas à m'appeler.
NÉCROLOGIE
Si ça peut vous être utile...
Qu'est-ce que c'est?
C'est ma carte.
Mais pourquoi?
J'étais un ami de votre père.
Vous ne l'avez jamais vu.
Dehors.
- Pour qui vous prenez-vous?
- Veuillez m'excuser, Mme Cleary.
- Vous me connaissez.
- Je ne veux plus vous revoir ici. Jamais.
- Compris?
- Je lui parlais, c'est tout.
Cette famille est en deuil.
POMPES FUNÈBRES
Alors, le Pat, il dit: "Y a un nouveau bar,
tu entres, et pour 50 cents,
t'as un demi casse-croûte gratis,
et tu baises! "
Tournée générale.
Et le Mike, il fait: "Attends, attends...
Tu dis que dans ton bar,
tu entres, et pour 50 cents,
t'as un demi casse-croûte gratis,
et tu baises?"
Le Pat: "Oui, m'sieu."
Mike: "Tu y as été, toi?"
Pat: "Non, mais ma sœur, oui."
Oui, tout le monde.
Frankie?
Ça va?
Lève-toi, Frank.
Qu'est-ce que c'est que ce bordel?
Qu'est-ce que tu as foutu?
Sally Doneghy m'a appelé.
Qui c'est?
Tu les représentes dans dix jours
et tu ne les as même pas vus.
Sally Doneghy. Qui c'est?
Tu t'es fendu d'une lettre en 18 mois.
Je te branche sur un dossier et regarde-toi.
Grâce à moi, ils te font confiance.
Ils vont être là à midi et regarde
ce chantier.
Et mon expert médical veut te parler.
Tu te souviens de son nom? Dr Gruber?
Depuis 18 mois, moi,
je me crève le cul pour toi.
Tu plaides dans moins de quinze jours,
et tu n'as même pas regardé le dossier.
Tu es quoi, ma nourrice?
Écoute-moi bien, Frankie.
Parce que j'en ai marre de toi.
Là, je marche plus.
Toi, tu changeras pas.
Y a qu'à voir. Qu'est-ce qui change?
Ça va changer d'ici huit jours? Un mois?
Ce sera du pareil au même.
Je t'ai trouvé un bon dossier.
Un coup juteux.
Plaide-le bien, il paiera.
Mais je te lâche, compris?
J'en ai plein le cul de tes conneries.
La vie est trop courte, Frankie.
C'est la merde de vieillir.
LE JUGE GEARY VOUS AAPPELÉ.
DÉJEUNER DEMAIN? JE REVIENS. CLARE.
Merde.
Excusez-moi.
Mme Doneghy. Frank Galvin.
- Il fallait entrer.
- C'est fermé.
Fermé?
Excusez-moi.
J'espère que ça ne vous a pas trop
dérangée.
Je vous offrirais bien un café,
mais ma secrétaire est sortie.
Ce n'est pas un bon dossier.
C'est un très bon dossier.
Une femme, saine, va à l'hôpital pour
accoucher de son troisième enfant et...
Comprenne qui pourra.
Ils se trompent d'anesthésique.
- Nous l'aimons tant, Kevin et moi.
- J'en suis sûr.
Mais que faire?
Elle ne reconnaît plus ses visiteurs.
Je sais. J'en viens.
- Vous l'avez vue?
- Oui.
Ma sœur était belle, si vous saviez.
Son mari l'a quittée et il a pris les petits.
Ils vous laissent mourir, là-bas.
Ils s'en foutent. Tous.
Au Patriote, à la clinique d'Arlington,
ils s'occuperaient d'elle.
Soins à perpétuité.
En échange d'une dotation de 50000 $.
50000?
Je ne veux pas la laisser. Mon Kevin...
Et le Père Laughlin,
il dit que Dieu l'a voulu.
Je comprends.
Le médecin m'a conseillé l'Ouest.
Alors, on a attaqué.
- On tenait pas au procès.
- Je comprends bien.
Mais Kevin veut un contrat de 2 ans là-bas,
et ils l'attendent.
Il est droit. Ce qu'il veut, c'est la justice.
Entrez.
Mon mari.
Venez. Asseyez-vous.
Je vous reçois ici
car je passe bientôt en cour d'assises.
- Et mon cabinet... paperasses!
- Ça ne fait rien.
Je disais à Madame qu'on a un bon dossier.
Il l'a vue à l'hôpital.
J'aurai une déposition de poids
d'un certain Dr Gruber.
C'est très dur de faire dire
à un médecin qu'un autre a été négligent.
L'archevêché veut savoir
qui est notre avocat, vu qu'il y a procès.
Je doute qu'on aille jusqu'au procès.
On leur a dit
qu'on ne voulait pas en arriver là.
Je comprends.
- On ne...
- On n'en peut plus.
C'est notre seule chance de partir.
Je veillerai à ce que vous ayez
cette chance.
Combien ça coûtera?
Ça ne vous coûtera rien. C'est au prorata.
Quelle que soit la somme,
je prélève un tiers.
Mais c'est tout à fait normal.
OK.
Il s'appelle Frank Galvin. Diplômé
de Boston en 52. Deuxième de promo.
Rédacteur en chef de la Law Review.
12 ans chez Morrissey.
Au criminel et aux dommages-intérêts.
Épouse Patricia Harrington en 60.
Entre chez Stearns, Harrington,
Pierce, en 60, en tant qu'associé.
Démissionne en 69, après l'affaire
Lillibridge.
- Accusé de manipulation de jurés.
- Accusé, pas inculpé. Il quitte le cabinet.
Divorce en 1970. Retravaille
avec Morrissey jusqu'à sa retraite en 78.
Depuis, il est à son compte, quatre affaires
en trois ans, toutes perdues. Il boit.
Quatre affaires en trois ans...
C'est un suiveur d'ambulances.
- Venons-en à notre affaire.
- Une pure perfidie.
Il réclame 600000 $,
persuadé qu'on n'ira pas en justice.
- Nous ne voulons pas d'un procès.
- Lui non plus. C'est là qu'il est perdant.
Il a trop peur d'aller en justice.
Faisons du contre-bluff.
Réglez-moi cette affaire. L'archevêché
ne peut voir ternir son image, M. Alito.
Non. Et nous y veillerons.
Je veux que ça s'arrête là.
Je lui ferai une offre.
Je veux qu'elle vienne de moi.
Bien, mais abaissons le montant.
J'ai eu Ed Concannon. À son avis,
il faut faire comme s'il y avait procès.
S'il y avait procès, le gagnerions-nous?
Certes, il y a toujours un risque.
Ça, je sais. Mais gagnerions-nous?
Oui.
Dr Gruber?
Oui. Galvin, n'est-ce pas?
Je vous sais gré, vous qui êtes si pris par...
Non! Je suis assez pressé.
Peut-on parler tout en marchant?
J'ai lu la fiche hospitalière de votre cliente.
Deborah Ann Kaye.
Ils ont appelé. Ils veulent
régler ça à l'amiable. On va gonfler le prix.
- Qui a appelé?
- L'archevêché. Ils veulent transiger.
- Et vous acceptez?
- Oui.
- Règlement à l'amiable?
- Oui.
Pourquoi?
Dans l'intérêt de sa famille. Et du vôtre.
On ne sait jamais ce qu'un jury peut
décider. Ste-Catherine est très renommée.
- Ses médecins...
- Ses médecins l'ont tuée.
- Pardon?
- Ses médecins l'ont tuée.
Erreur d'anesthésie.
Elle s'est étouffée dans son vomi.
- C'est un assassinat.
- Ces médecins, qui sont-ils?
J'ai lu le dossier:
Marx et Towler. Je les connais.
- Deux praticiens très estimés.
- Je croyais que vous vouliez agir.
Je me moque des biens de cette femme.
Et on sait où passeront vos honoraires.
Je ne veux pas de jobards dans ma
branche.
Erreur d'anesthésie.
Ils ont tué mère et bébé, et vous les tenez.
Un cigare?
Non, merci.
L'hôpital appartient à l'archevêché.
Et alors? Ils ne m'inviteront
plus à leurs pots?
Pardon de vous presser.
J'ai rendez-vous en banlieue à Cambridge.
Quand établirons-nous votre déposition?
Disons ici, mardi soir.
Je file. Vous allez par là?
Nous devons vous planquer.
- Ne parlez de ça à personne.
- Je comprends.
Vous me retrouverez ici mardi.
Je prendrai votre déposition.
À 19 h, au vestiaire.
- Attendez.
- Merci.
- Merci.
- Je vous en prie.
Qu'est-ce qui vous motive?
Le sens de la justice. Pas vous?
Pardon! Il n'y a jamais eu personne
dans l'entrée depuis 1952!
Whisky, mais irlandais!
Qui c'est, ces pingouins?
Sale temps, bon pour le commerce.
- Un verre?
- Plutôt un deux-pièces.
Vous vous contenteriez d'un verre?
Non, merci.
J'ai eu une bonne journée.
Alors, ça vient?
Je me suis si bien coupé en me rasant,
que je n'ai plus les yeux injectés de sang.
Contente, pour votre bonne journée.
- Bonsoir.
- Merci.
Il y a des jours sans et des jours avec.
C'est bien vrai.
Oui, je vais à l'archevêché, demain.
À 14 heures.
Oui, je sais, je sais. Chacun a sa vie.
Il faut vivre sa vie. Vous, c'est l'Ouest.
Ce n'est pas bon pour vous, de rester.
Elle sent que vous l'aimez.
Elle est si vulnérable.
Aucun de nous n'est à l'abri.
Mais il faut continuer à chercher le secours.
Elle est coincée.
Elle ne sait même pas qu'on est là.
- Elle va croire qu'on l'a abandonnée?
- Oui, je sais que vous l'aimez,
que c'est un acte d'amour.
Dès que je le saurai.
- Mon mari vous dit bonsoir.
- Saluez-le de ma part.
- Merci. Désolée d'appeler si ***.
- Ne vous en faites pas.
Au revoir.
- Que Dieu vous bénisse.
- Qu'il vous protège aussi.
Au revoir.
Je lui ai dit: "Mets pas tes mains
dans tes poches s'il y a rien dedans."
Et qu'est-ce qu'il a dit?
Monsieur, vous n'avez pas le droit d'être là.
C'est interdit.
Je suis son avocat.
Il s'agit de la pérennité des valeurs.
Ste-Catherine,
qui œuvre pour la communauté,
doit maintenir la position qu'elle y détient.
C'est donc une question d'équilibre.
D'un côté, notre hôpital,
sa réputation, son efficacité,
et celle de deux de ses praticiens.
De l'autre côté, les droits de votre cliente.
Une femme en pleine jeunesse,
privée de vie, de vue, de famille.
C'est tragique. Un tragique accident.
Rien, bien sûr, ne peut,
peu ou prou, compenser cela.
Mais nous devons faire notre possible.
Tout notre possible.
Oui, nous devons tenter de compenser.
C'est une offre généreuse, M. Galvin.
Rien ne rendra à cette femme son intégrité,
mais nous pouvons tâcher de
faire un geste.
Comment arrivez-vous à cette somme?
Nous l'avons trouvée honnête.
Vous l'avez trouvée honnête.
Oui.
Moi, ce qui me frappe,
c'est la facilité
avec laquelle 210000 se divisent par 3.
Ça me laisse 70000 $.
C'est sur le conseil de nos assureurs.
Oui, sûrement.
Quoi qu'on fasse,
cette femme ne se remettra pas.
Et personne ne saura la vérité.
Quelle est la vérité?
Cette malheureuse a donne sa
confiance à...
à deux hommes qui lui ont ôté toute vie.
Elle est dans le coma.
La vie l'a fuie.
Elle n'a ni foyer, ni famille.
Elle est liée à une machine.
Elle n'a pas d'amis.
Et ceux qui devraient s'occuper d'elle,
ses médecins,
vous et moi,
ont été achetés pour détourner les yeux.
Payés pour détourner les yeux.
J'avais l'intention d'accepter votre argent.
Ces photos devaient m'y aider.
Mais je ne peux pas.
Je ne peux pas l'accepter.
Car si je prends l'argent, je suis perdu.
Je ne serai plus qu'un...
riche.
Suiveur d'ambulances.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas le prendre.
Puisqu'on parle argent, M. Galvin...
Comment vont vos affaires?
Pas très bien.
Je n'ai que cette cliente.
Mick?
Il faut que je te parle.
Mickey, viens, allons prendre un verre.
Hymie, tu me reprends?
- Tu es cinglé?
- J'ai besoin de toi.
De moi? D'être interné, oui!
Tu as refusé 210000 $?
T'es marteau ou quoi?
Tu vas la faire revivre, toi?
- Je vais l'aider.
- À quoi faire?
L'aider à quoi? Elle est morte!
- Ils l'ont tuée! Ils paient pour se blanchir.
- Mais putain, justement!
Qu'ils paient! Qu'ils achètent le dossier!
C'est pour ça que je l'ai pris.
Alors, tu te calmes, compris?
Allons dans le New Hampshire.
On cassera du cerf.
Tu m'as dit... Non, écoute-moi.
- "Si c'est pas maintenant, quand?"
- J'ai dit ça. Mais pas maintenant.
Eh bien, moi, je peux gagner.
Mais tu as gagné. Tu as gagné!
Quand on te donne du fric, c'est gagné!
Nous ne voulons pas faire de procès.
Ça entre dans ta tête, ça?
Tu sais qui est l'avocat
de l'archevêché? Ed Concannon.
Un type bien.
C'est le Prince des Ténèbres, cet enculé !
Ils produiront des témoins
qui l'ont vue au ski nautique!
- Va pas t'emmerder avec ça, hein?
- Faut que je me batte pour elle.
Je sais... tu veux redorer ton blason!
Je te comprends. Mais pas maintenant.
- Appelle l'évêque.
- Je vais plaider. Tu m'aideras?
J'aurai besoin de toi. M'aideras-tu?
"Mieux vaut prévenir que guérir."
Qui part en vacances, demain?
Friedman. À St-Bart, n'est-ce pas?
Oui, monsieur.
Envoyez une douzaine de roses
à Mme Friedman, je vous prie.
Ou plutôt... une lampe à bronzer.
Friedman, désolé, je vous séquestre.
Pas de vacances
avant le règlement de l'affaire.
Vous la connaissez tous.
Elle est à l'agenda depuis 18 mois.
Cette fois, la date d'audience est arrêtée.
Le 19 février.
L'avocat de la partie civile
est M. Galvin. Vous le connaissez.
Nous attendions qu'il nous appelle
pour négocier, ce qu'il n'a pas fait,
cinq jours avant l'ouverture du procès.
Nous lui avons donc
fait une offre, généreuse, qu'il a rejetée.
Cinq jours avant le procès.
Qu'y a-t-il derrière? A vous de le découvrir.
Réétudiez bien les dépositions...
Peu importe qu'on les ait vues
il y a un an. Revoyez-les.
Nous les repotasserons ici.
Potassez-les chez vous.
Chacun a son dossier: creusez-le.
Et tous ici pour la séance
avec les accusés. Quand, Bill?
Mercredi soir.
Je veux un article,
dès que possible, dans le Globe.
"Ste-Catherine, figure de proue,
au service de la communauté," etc...
C'est déjà dans le dossier.
Et un autre dans le Herald.
"Fine fleur médicale".
Soyez créatifs, messieurs!
Et la télévision. Il faudra avoir la télévision.
Friedman, puisque vous restez parmi nous,
voyez donc votre ami
à T.V. Boston, d'accord?
Bon, ce qui va sans dire,
va encore mieux en le disant:
nos clients sont l'archevêché de Boston,
l'hôpital Ste-Catherine
et les docteurs Marx et Towler,
tous deux praticiens de renom.
L'objectif de la défense sera de répondre
devant le tribunal,
la presse et l'opinion publique,
de répondre à l'accusation
de négligence, de telle sorte
que l'on gagne le procès,
et que le public sente bien
qu'attaquer ces hommes et cette
institution
constituait un crime de lèse-majesté.
Bon. Élaguons les toiles d'araignée. Billy?
Page 4, s'il vous plaît.
Revoyons les dépositions de l'équipe
opératoire: aide-anesthésiste,
assistante du chirurgien,
personnel salle d'op.
- Alors, qu'est-ce qu'on a?
- On a sa sœur.
Qui dit que Deborah
a dîné une heure avant son admission.
Sa fiche dit que c'était
neuf heures avant l'admission.
La sœur, c'est sujet à caution. Et le jury
sait que si elle gagne, elle empoche.
On a le Dr Gruber.
Il confirme l'erreur d'anesthésie.
Et elle s'est plainte de nausées.
- Gruber, c'est valable.
- Valable? Les jurés vont boire ses paroles.
Mais contre nous, on a Towler.
Il a écrit: Méthodologie
et Pratique en Anesthésiologie.
L'équipe opératoire ne jure que par lui.
"Les mandarins sont des dieux.
Ils marchent sur les eaux."
Ils avaient une sage-femme. Elle a déposé?
Non.
Maureen Rooney, 49 ans.
Travaille toujours à l'hôpital.
Va voir demain pourquoi elle ne parle pas.
Oui.
Maintenant, la jurisprudence!
Smith contre l'État du Michigan.
Brindisi contre Electric Boat.
Tu as une bonne mémoire.
J'ai eu un bon prof.
McClean contre l'Urbaine des Transports.
Deux whisky.
Je te paierai un verre demain.
Tu fais quoi, ce soir?
J'ai trouvé un nouveau bar,
où pour 50 cents...
Je baise.
Je serai au bureau.
Ne te défonce pas au lit.
C'est ma tournée.
Ce deux-pièces?
Je cherche toujours.
J'ai changé de vie aujourd'hui. Et vous?
Changé de chambre d'hôtel.
Pourquoi?
La télé ne marchait pas.
Quel hôtel?
Et vous, vous êtes quoi? Flic?
Non. Avocat.
- Mon ex-mari aussi.
- Chouette. Sympa pour vous.
Ouais, c'était pas mal.
Pas mal? Alors, pourquoi l'avoir plaqué?
Qui vous dit que c'est moi?
Ma main au feu que le divorce
vient de vous.
Si je gagne, vous dînez avec moi ce soir.
Je vous croirai sur parole.
Dites-moi la vérité.
À moi, on ne ment pas.
Comment vous vous appelez?
Laura.
Moi, c'est Frank.
Et vous êtes revenue pour moi, ce soir.
Et si ce n'était pas pour vous?
Vous avez de la chance, alors!
Vous avez dîné?
Vous êtes une sacrée belle femme.
Les faibles...
ont besoin de quelqu'un pour les défendre.
C'est pas la vérité?
- Encore un verre?
- Oui.
Jimmy.
C'est pour ça que le tribunal existe.
Pas pour rendre la justice.
Il est là pour leur donner
un sentiment de justice.
Ils vont l'avoir?
C'est possible...
Un jury, ça veut croire.
En son âme et conscience.
Il faut compter avec.
Demain, je dois choisir douze jurés.
Eux, toute leur vie, ils se sont dit:
"La justice,
c'est bidon. Pot de terre, pot de fer."
Mais une fois dans le box des jurés,
on peut presque lire dans leurs yeux:
"Peut-être."
Peut-être quoi?
"Que je peux faire une chose juste."
Et c'est ce que vous allez faire?
Je vais essayer.
- Un whisky?
- Oui.
- Eau plate... gazeuse?
- Non.
Ça ne fait rien.
Meilleur score!
- C'est bien l'heure?
- Oui.
- Je l'ai vu au cercle hier soir.
- Le pauvre.
- En retard, M. Galvin.
- Je sais. Désolé.
- Et pourquoi?
- J'ai été retenu.
Ed Concannon.
Frank Galvin. Nous nous connaissons.
Venons-en au fait.
On arrive toujours à un accord rapide,
quand les deux parties le veulent.
Avez-vous tenté de résoudre vos
problèmes?
Vous épargneriez à la justice
temps et contretemps.
L'affaire est très complexe,
Monsieur le Juge.
J'en suis persuadé. Mais... justement...
Si nous la trouvons aussi complexe,
comment un jury la percevra-t-il?
Vous me suivez?
Parlons-en un peu.
Si on vous dédommage maintenant,
votre cliente et vous,
marcherez-vous?
Ma cliente ne peut pas "marcher".
Je le sais trop bien, Frank.
En ressortant,
dites au père abbé que vous avez donné!
J'essaie de vous aider.
Monseigneur et l'archevêché
ont offert 210000 $ à la partie civile.
Quoi?
Mes praticiens ne voulaient
pas une transaction. Mais un non-lieu.
Ils veulent une réhabilitation.
J'y souscris.
Nous maintenons l'offre avant
qu'un procès ne rende l'affaire publique.
Mais aujourd'hui seulement.
Après, elle devient caduque.
Que ceci soit extrêmement net, M. Galvin.
C'est ça ou rien.
Nous allons plaider.
Ah bon?
Allons, allons!
La vie est bien trop courte.
Vous me la faites au bluff,
ou vous êtes sérieux?
Permettez mais on vous a offert 200000 $.
Ça fait beaucoup d'argent.
Et, sans vous vexer,
votre carrière n'est pas des plus brillantes.
La roue tourne.
Ça, c'est vrai.
Parfois dans un sens, parfois dans l'autre.
- Vous avez été radié du barreau.
- Je n'ai pas été radié. Il y a eu relaxe.
Si vous voulez refaire surface,
acceptez cette transaction.
Ce serait un bon point pour vous.
Moi-même, j'empocherais... et salut!
J'en suis sûr.
Nous avons la date du procès.
Jeudi prochain.
Bien.
Au tribunal, mes chers.
Quel con, quel con, quel con!
COURS D'ASSISES
LISTE DES JURÉS POTENTIELS
- M. Abraham?
- Abrams.
- M. Abrams, comment allez-vous?
- Ça va bien.
Avez-vous déjà été
hospitalisé à Ste-Catherine?
Moi? Je suis juif.
- Avez-vous déjà été hospitalisé?
- Oui.
Comment vous a-t-on traité?
Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Tu as perdu la main, hein?
Ça me reviendra. T'en fais pas.
- Tu as eu la sage-femme?
- Maureen Rooney?
Je suis allé à l'hôpital.
Elle n'a pas voulu me parler.
En rentrant ce soir, j'y repasserai. Lis ça.
Et alors?
Ce n'est pas tout. Lis le programme de télé.
Le Dr Towler à l'antenne vendredi.
- La main qui guérit. Un expert nous parle.
- L'affaire passe devant un jury.
- N'empêche qu'ils se font aider.
- Que veux-tu que je fasse?
Concannon va présenter sa version,
je placerai la mienne.
Je vais pas sucrer les fraises
parce qu'il fait de l'intox dans la presse!
Je le gagnerai, ce procès.
John, un cigare.
- Quel jour est-on?
- Mardi.
Je dois voir Gruber.
- C'est quoi, vos meilleurs cigares?
- Les Macanudos.
On m'attend au bar O'Rourke. Tu peux aller
la voir et m'excuser? Laura Fischer.
- 33 dollars.
- Mettez ça sur ma note.
- La même que l'autre soir?
- Oui.
À demain. Tout va bien.
Galvin !
Vous deviez me téléphoner.
Et... rien.
Pour qui vous prenez-vous?
Pour qui, hein?
Je pourrais vous faire radier!
J'aurai votre peau!
- Vous savez ce que vous avez fait?
- Du calme.
Ça va aller.
Vous avez gâché ma vie.
A moi, à ma femme.
Et moi, je vais gâcher la vôtre.
Fallait pas aller la voir!
Nous, on y va depuis quatre ans.
Et, depuis quatre ans,
ma femme s'endort en pleurant.
À cause de sa pauvre sœur.
Je vous jure, je n'aurais pas
refusé leur offre si je pensais perdre.
Si "vous" pensiez?
Je suis ouvrier et j'essaie
d'emmener ma femme au calme.
Je vous ai pris et payé!
Et j'apprends qu'en face,
ils vous proposent 200000 $ ?
Je vais gagner.
J'ai un dossier en béton à présenter au jury,
un médecin réputé, comme témoin expert.
Vous toucherez... cinq,
six fois ce que vous...
Vous...
Vous êtes bien tous les mêmes.
Les médecins ou vous, c'est toujours:
"Ce que je vais faire pour vous."
Et puis, vous déconnez, et ça devient:
"Mais nous avons fait
de notre mieux. Tous nos regrets."
Et les gens comme nous
souffrent toute leur vie de vos erreurs.
Leur offre ne tient plus.
- Dr Gruber.
- Le Dr Gruber n'est pas de service.
- Non, David... David.
- Il n'est pas au planning.
Pas venu de la journée.
Annuaire?
- Oui?
- Dr Gruber.
Le Dr Gruber n'est pas là.
J'avais ren... rendez-vous à son bureau.
Et j'ai dû me tromper. On devait se voir.
- Il n'est pas là, monsieur.
- Pourriez-vous l'appeler?
Vous ne pouvez pas le joindre.
Il est dans une île des Caraïbes.
Il n'y a pas le téléphone.
Il sera de retour dans huit jours.
Le Dr Halfin prend tous ses appels.
Merci de me recevoir.
De quoi s'agit-il?
Je souhaite un délai pour mon affaire.
Vous auriez dû accepter leur offre.
Surtout si vous n'êtes pas prêt.
- Mon témoin a disparu.
- Cela arrive.
Je peux l'assigner, si j'ai une semaine.
Moi, je n'ai pas une semaine.
Il n'aurait pas dû y avoir procès.
Mais vous êtes "M. Je-Sais-Tout".
Monsieur... l'Indépendant.
Vous voulez votre indépendance?
Prenez-la et tout de suite.
Je n'ai aucune sympathie pour vous.
Stearns, Harrington.
- Vous connaissez?
- Je devrais?
Très gros cabinet d'avocats.
Bon, ils le prennent dans la société.
Il épouse la fille d'Harrington,
s'achète un chien, et c'est la vie en rose.
Mais voilà que Stearns
essaie de truquer un dossier.
- Stearns?
- Oui, une affaire sur laquelle était Frankie.
Stearns se sentait un peu faiblard,
alors il achète un juré.
Frank apprend ça,
et vient pleurer dans mon gilet.
Pour lui, un yachtman,
ça pouvait être qu'un saint.
Je lui dis: "Merde, Frankie, réveille-toi.
Ces types, c'est des requins."
"Comment ils le gagnent,
leur putain de blé? En étant nets?"
Mais... il n'a pas voulu m'écouter.
Il fonce chez Stearns et Harrington
et il leur gueule qu'il est très déçu.
Qu'il va aller chez le juge casser
le morceau.
Mais il bute sur un fédéral,
qui l'accuse de manipulation de jurés.
Ils le collent en taule et il va être radié.
Sa vie est finie.
- Assurances Cap Cod.
- M. Alito, s'il vous plaît.
- Les bureaux sont fermés, Monsieur.
- Il faut que je le joigne. D'urgence.
- Son numéro personnel?
- Je ne peux pas le communiquer.
Comment? Mais pourriez-vous l'appeler?
Qu'il me rappelle, alors.
- Je ne vous garantis rien.
- Je comprends bien.
De la part de M. Galvin.
- Ça s'écrit...?
- G-a-I-v-i-n.
Je serai au numéro suivant
dans une demi-heure.
Jimmy, une petite bière.
- Vous en voulez une?
- Oui.
Deux.
Donc, le voilà en taule,
et, enfin, il pige le truc.
Il appelle Harrington et reconnaît
qu'il a fait une boulette.
Et tac. Comme par magie,
il y a relaxe et il sort de prison.
Mais... il se fait virer du cabinet.
Sa femme demande le divorce.
Il commence à picoler.
Et il mégote pendant 3 ans et demi.
L'histoire vous a plu?
Que voulez-vous savoir d'autre sur lui?
Allô?
Oui... Merci de me rappeler.
Je suis l'avocat de Deborah Ann Kaye.
Je voudrais rediscuter
l'offre de votre firme, de 210000 $...
Eh bien, dans la mesure
où nous serions prêts à l'accepter.
J'en suis le premier stupéfait,
mais c'est le souhait de ma cliente.
Elle a changé d'avis ce soir-même.
J'ai bien sûr essayé de l'en dissuader.
À la veille du procès... bref, vous voyez.
En fait, je crois qu'elle a un trac fou.
Ah, depuis quand?
Je sais ce qu'a dit Concannon,
mais vous, vous faites une énorme bourde.
Réfléchissez bien.
Refaites le point avec les parties.
OK.
Non, je comprends.
Pardon de vous avoir dérangé chez vous.
Alors? Tu n'as pas parlé à Gruber?
Concannon l'a circonvenu.
On étouffe ici.
Ça urge. Sur cette liste,
trouve un remplaçant pour Gruber.
Le Dr Thomson pourrait faire l'affaire.
Dr Thomson?
Frank Galvin, avocat de Deborah Ann Kaye.
Nous avons correspondu.
Excusez-moi de ne pas vous avoir
recontacté, mais l'affaire a été reportée.
J'ai dû remanier mon équipe.
Pardon d'appeler si ***.
Nous avons changé notre fusil d'épaule.
Et je me demandais si vous pourriez...
Je vous prends un peu de court.
Mais enfin...
Tu veux que je m'en aille?
Non.
Je veux juste...
- Et si tu te reposais un peu?
- J'ai du travail.
Pour travailler, il faut y voir clair.
Tâche de dormir.
Je reste avec toi.
Tu restes ici?
Oui.
Je vais essayer de dormir un peu.
- Votre nom, je vous prie?
- Dr Robert Towler.
- Vous étiez le médecin de Mme Kaye?
- Non, elle m'a été adressée.
Parle Dr Hagman.
Ne tergiversez pas. Soyez formel. La vérité.
Quelle qu'elle soit, dites-la
Vous étiez son médecin.
- Oui.
- Dites-le.
J'étais son médecin.
Vous étiez son anesthésiste
lors de son accouchement, le 12 mai 1976?
J'étais de l'équipe...
Répondez par l'affirmative, et simplement.
Tentez de vous limiter à trois mots.
Vous n'étiez pas d'une équipe.
Vous étiez son anesthésiste. N'est-ce pas?
Oui.
Vous aidiez le gynécologue, le Dr Marx.
Oui.
Une particularité à signaler?
Eh bien, quand elle a été...
- "Quand Debby..." Merci.
- Merci.
- Quand Debby...
- Ne l'oubliez pas, Dr Towler.
Qui y avait-il d'autre en salle?
Mlle Nevins, aide-anesthésiste,
le Dr Marx, Maureen Rooney, sage-femme.
Qu'ont-ils fait
lorsqu'elle a eu un arrêt cardiaque?
- Nous avons appliqué le Plan bleu.
- Le Plan bleu?
Expliquez au jury ce que cela signifie.
En jargon médical courant:
plan d'urgence pour relancer un cœur.
Le Dr Marx, par trachéotomie, lui a redonné
de l'oxygène... À elle et à l'enfant.
- Mlle Nevins...
- Pourquoi manquait-elle d'oxygène?
- Pour maintes raisons.
- Citez-m'en une.
Elle a aspiré des vomissures via le masque.
Elle avait vomi dans le masque.
Assez de singeries. Dites-le:
"Elle a vomi dans son masque."
Elle a vomi dans son masque.
Donc, ne recevant plus d'oxygène
arrêt cardiaque.
- Exact.
- Qu'a alors fait l'équipe?
Vous avez mis en œuvre
30 ans d'expérience médicale, n'est-ce pas?
Une patiente à complications,
avec des points critiques sur sa fiche...
- Nous avons fait notre possible.
- Pour sauver mère et enfant.
- Vous avez plongé dans la mort.
- Nous avons tout tenté pour la sauver!
Bien! Bien!
Bon, dites-nous tout.
Cette patiente...
M. Galvin?
Dr Thompson?
C'est gentil d'être venu.
- Content que vous soyez là.
- Il n'y a pas de quoi.
J'ai des courses à faire.
Après, nous passerons la soirée à...
Ensuite, j'aimerais...
que vous alliez à l'hôpital la voir.
D'après ce que j'ai lu,
vous avez un très bon dossier.
Oui, je crois aussi.
Vous serez très bien.
- Vous logerez chez moi.
- J'ai réservé dans un hôtel.
Vous ne savez pas à qui vous avez affaire.
Ils ne veulent pas perdre.
- Ils ne m'intimident pas.
- S'il vous plaît, monsieur.
Faites-moi ce plaisir.
Voici mon adresse. Ma clé est là-dedans.
Au 341 Worth Avenue.
Vous êtes chez moi comme chez vous.
Et surtout, ne téléphonez à personne.
Encore merci d'être venu.
- Alors, notre nouveau témoin?
- Tu as la sage-femme?
Elle est de garde cette nuit.
Elle est chez elle, là. Je vais faire un saut.
Donne-moi son adresse.
J'y vais. On va avoir besoin d'elle.
Bonjour. Frank Galvin.
Je représente Deborah Ann Kaye,
contre Ste-Catherine.
- Je ne veux pas parler.
- Ça ne sera pas long.
Deborah Ann Kaye.
Vous savez de quoi il s'agit.
- Savez-vous qui sera notre témoin-clé?
- Non.
David Gruber. Anesthésiste, assistant
du médecin-chef à l'hôpital d'État.
Il dit que les docteurs Towler et Marx
ont fait de ma cliente une
hospitalisée à vie.
Ça, on peut le prouver.
Ce qu'on ignore, c'est pourquoi.
Qu'est-il arrivé en salle?
Il y a eu quelque chose. Vous savez quoi.
Une erreur d'anesthésie.
Il y a eu quelque chose!
Un instant d'inattention. Le téléphone?
Ce médecin a déposé.
Qu'attendez-vous de moi?
Vous étiez en salle d'accouchement.
Nous gagnerons le procès.
Aucun doute.
Reste à savoir le nombre de zéros.
- Je n'ai rien à dire.
- Vous savez ce qui s'est passé.
- Il n'est rien arrivé.
- Alors, témoignez donc à leur décharge.
Je peux vous faire assigner.
Vous traîner devant la barre.
Pour me demander quoi?
Qui a fait de ma cliente un légume?
- Ce n'est pas moi.
- Qui couvrez-vous?
- Pourquoi je ferais ça?
- Les médecins? Que leur devez-vous?
- Pas un clou!
- Alors, témoignez pour eux!
- Vous avez un foutu culot.
- Vous me trouvez culotté.
- Attendez d'être à la barre.
- C'est peut-être ce qu'il vous reste à faire.
Vous êtes bien tous les mêmes.
Vous vous foutez de faire du mal.
Pour vous, il n'y a que le fric.
Vous êtes des putes.
Aucun sens de la fidélité, rien!
Vraiment un tas de putes!
Merci.
Son nom: Dr Lionel Thompson.
City College de New York.
Promo 1928. Licencié en sciences.
Faculté de médecine de New York.
16ème sur 22.
En 1976, accepté sur dossier
au service d'anesthésie en obstétrique,
à Easthampton.
Ne s'est jamais marié.
Aucun titre ou diplôme significatifs.
Depuis 1975, il a témoigné
dans 28 affaires pénales.
Dont 12 de négligence thérapeutique.
En outre, il est Noir.
Le fait qu'il soit Noir... On ne l'aborde pas.
On le traite comme
tout un chacun. Ni mieux, ni pis.
Et ayons un avocat noir à nos côtés.
- OK?
- Oui, monsieur.
Qu'est-ce qu'on fait d'autre?
On se procure ses dépositions
lors des 12 cas de négligence.
Nous dînerons au Locke-Ober's.
L'anesthésique n'était pas le bon,
compte tenu du contexte.
Comment ça?
Sa sœur a dit qu'elle avait mangé
une heure avant l'admission.
Version de la sœur. Selon la fiche,
neuf heures avant l'admission.
Elle est entrée avec des nausées.
Un bon médecin aurait eu
des doutes quant à la fiche.
Un bon médecin l'aurait fait?
- Quel âge avez-vous?
- J'ai 74 ans.
Qu'est-ce qui fait de vous
un spécialiste-anesthésiste?
J'appartiens au service d'anesthésie
de l'hôpital pour femmes d'Easthampton.
L'hôpital pour femmes d'Easthampton?
C'est une blague? Écoutez-moi bien:
ces deux médecins de Ste-Catherine,
de réputation mondiale,
ont tenté de sauver la vie d'une femme.
Eux, ils étaient là.
Alors que vous, 4 ans après...
J'ai fait un examen clinique
approfondi de la patiente.
Est-elle bien soignée?
Eh bien, à vrai dire, oui.
Oui, pas mal du tout.
Alors, à quoi bon
tuer l'image de deux hommes
pour aider une femme dont la vie
ne peut en rien être améliorée?
Savez-vous ce qu'est le Plan bleu?
Le Plan bleu?
C'est du jargon médical courant.
Nous allons perdre.
Tu crois que c'est ma faute?
Non. Tu dois pouvoir faire quelque chose.
La question n'est pas là.
C'est fini.
Toi, tu crois que c'est ma faute...
Que j'aurais pu...
Non. Mais...
Je n'aurais jamais dû l'accepter.
Ce n'était pas plaidable !
Et c'est fini?
Oui, c'est fini.
Mais ce n'est fini
qu'après délibération du jury.
- Qui t'a raconté ça?
- Toi.
Tu veux que je te dise que c'est ta faute.
Bon, c'est sans doute vrai. Et alors?
- Je voulais t'en parler. J'ai pensé que...
- Tu trouverais du réconfort?
Tu t'es trompé d'adresse.
Pourquoi tu es si dure?
- Je te le dirai plus ***.
- Aurons-nous un "plus ***"?
Pas si tu ne mûris pas. Tu es un gamin.
Tu veux me faire croire que tu es malade,
fiévreux, pour ne pas aller à l'école.
Tu ne comprends pas.
Si, je comprends.
Crois-moi, je comprends.
Tu dis que tu vas perdre.
"Est-ce ma faute?"
Le procès n'a pas commencé,
et déjà, c'est fini pour toi.
- C'est fini.
- Tu veux être un raté?
Alors, sois-le ailleurs.
Je ne peux plus m'investir dans un raté.
Je ne peux pas.
Excuse-moi.
Frank?
Je t'en supplie, non!
Je t'en supplie.
Je ferai tout mon possible
pour vous et votre sœur.
Je sais combien ça vous tient à cœur.
Pour moi, c'est pareil.
- Tu tiens le coup?
- Très bien.
Dans notre camp, on n'a que ton sorcier!
- Oui.
- On peut le voir aussi comme ça:
c'est bon de ne pas voir à la barre
que des médecins juifs.
Levez-vous.
Oyez, oyez, vous tous qui avez à faire
devant cette instance
siégeant à Boston, prenez place
en cette enceinte et soyez entendus.
Dieu préserve l'État
du Massachusetts. Veuillez vous asseoir.
Deborah Ann Kaye contre
l'hôpital Ste-Catherine,
et MM. Towler et Marx,
docteurs en médecine.
La partie civile est-elle là?
- Oui, M. le Président.
- La défense?
- La défense est présente.
- Commençons.
M. le Président,
mesdames et messieurs les jurés.
Il est terrible d'avoir à juger.
Ça implique tant de choses.
Je sais que vous vous êtes dit:
"Comment puis-je être pur?"
"Comment puis-je être
impartial, sans être froid?"
"Comment puis-je être
clément, tout en étant juste?"
Je sais que certains d'entre vous ont prié
pour pouvoir juger sans faille.
Nous sommes confrontés à deux hommes,
deux médecins de grand renom,
et à un hôpital réputé.
En face, nous avons
ma cliente, Deborah Ann Kaye,
qui a perdu la vue,
la parole, l'ouïe,
la mobilité,
tout ce qui constitue la vie.
Nous allons prouver que ces handicaps
sont le résultat d'une négligence,
commise par ces hommes de renom.
Nous démontrerons, primo...
Pourquoi est-il allé voir Maureen Rooney?
C'est la seule qui n'ait pas
déposé pour nous.
- Et qu'a-t-il découvert?
- Rien.
Vos tuyaux sur lui sont fiables?
À cent pour cent.
Sur quoi repose son attaque,
à part le Dr Thompson?
Pour autant qu'on sache, sur rien.
Remerciez M. Concannon.
Je le verrai dans son bureau.
Bonjour, docteur. Je tiens à préciser
que vous n'avez jamais soigné Mme Kaye.
- Exact?
- C'est exact.
J'ai été choisi pour émettre un avis.
"Choisi pour émettre un avis"
moyennant finances. Exact?
- On vous paie pour être là?
- Tout comme vous, monsieur.
Êtes-vous spécialiste
en anesthésiologie?
Non. Dans l'État de New York,
il est courant d'exercer...
Oui, j'en suis persuadé,
mais ici, c'est le Massachusetts.
L'êtes-vous en physiopathologie?
Non.
- Neurologie?
- Non.
- Orthopédie?
- Je suis un généraliste.
Connaissez-vous le Dr Robert Towler?
- Je connais son existence.
- Comment cela?
- Par son livre.
- Quel livre?
Méthodologie et Pratique
En Anesthésiologie.
Méthodologie et Pratique
en Anesthésiologie.
Oui.
- Quel âge avez-vous, docteur?
- J'ai 74 ans.
Exercez-vous toujours beaucoup?
Je suis membre du service d'anesthésie...
Ça, nous savons.
Mais vraiment, vous témoignez
bien souvent contre d'autres médecins.
C'est exact? Vous êtes disponible,
pour ça? Si l'on vous paie?
Oui, monsieur.
Quand il y a une erreur,
comme dans ce cas, je suis disponible.
J'ai 74 ans.
Je n'ai pas de spécialité.
J'exerce la médecine depuis 46 ans
et je sais déceler une injustice.
Voyez-vous ça!
Je pense bien. C'est bien. Très bien.
Bon, le temps est précieux.
Nous accepterons le Dr Thompson
comme "témoin expert".
M. Galvin, voulez-vous poursuivre,
ou reprendre cet après-midi?
Je poursuis.
Dr Thompson,
avez-vous examiné Deborah Ann Kaye
à l'hôpital, hier soir?
- Oui.
- Objection.
Accordée. Le témoin n'a à apprécier
que les documents hospitaliers.
Docteur Thompson, après appréciation
des documents hospitaliers du 12 mai 1976,
selon vous, qu'est-il arrivé
à Deborah Ann Kaye?
Arrêt cardiaque.
Pendant l'accouchement,
son cœur s'est arrêté.
Quand le cœur s'arrête,
le cerveau est privé d'oxygène.
D'où lésion cérébrale.
C'est pour ça qu'elle est dans cet état.
Le Dr Towler dit avoir rétabli le rythme
cardiaque en trois ou quatre minutes.
Selon vous, est-ce là une estimation
précise?
Selon moi, il lui a fallu beaucoup plus.
9 ou 10 mn. Le cerveau est bien trop lésé.
Pour vous, ne pas rétablir
le rythme cardiaque en moins de 9 minutes
est en soi une erreur médicale?
- M. le Président.
- Oui, M. Galvin?
Permettez-moi de conduire
l'audition de mon témoin à ma façon.
Venez-en au fait.
J'ai le droit de poser
au témoin une question directe!
Ne perdons pas de temps!
Répondez à ma question.
Neuf minutes pour relancer un cœur,
est-ce constitutif d'une négligence?
Dans ce contexte, je dois bien dire que non.
Donc, pour vous, il n'y a pas négligence?
- Dans le cadre de votre question, non.
- Il n'y a pas eu négligence.
Merci.
Je n'ai pas fini de...
M. le Président, si vous me supplantez,
de grâce, ne perdez pas le procès.
Il suffit, pour ce matin.
Je veux voir les parties dans mon cabinet.
- Et tout de suite!
- Levez-vous.
Reprise d'audience à 13 heures.
Je vais écrire au Conseil de l'Ordre
à votre sujet, mon vieux!
Vous serez suspendu. Ils auraient dû
vous éjecter depuis longtemps.
Ça suffit, pour aujourd'hui.
Je suis avocat,
j'assiste et représente ma cliente.
Ma cliente.
Dès que vous parlez, moi, je perds.
- Écoutez-moi!
- Non, vous allez m'écouter.
Moi, je voulais une vraie chance.
Vous me faites plaider cinq jours plus tôt,
je perds mon témoin-clé,
vous me refusez un délai. Je m'en fiche.
Je vais aller au feu. Jouer le jeu.
Laisser le jury décider.
Vous êtes une tête de lard,
un juge pro-accusés!
Je m'en fous. Et puis merde. Rien à foutre!
Galvin, dans le temps, je...
Ne me faites pas chier
avec votre passé d'avocat!
Dans la panade il était, cet avocat.
Porteur de bakchichs
pour les magouilleurs de la mairie.
- C'est fini?
- Un peu, oui.
Annulez pour vice de forme. Déclarez-vous
incompétent pour juger cette affaire.
Je porterai la minute du procès
à la Magistrature
pour vous faire destituer!
Annulation refusée, mon vieux!
Nous retournons au prétoire.
Et cette fois, jusqu'au bout!
Maintenant, dehors,
ou je vous fais jeter en taule!
Qu'est-ce que ça veut dire?
Vous avez une autre tactique?
Eux présentent leur défense,
et moi, contre-interrogatoire.
On va gagner?
Vous avez une tactique de rechange?
Oui.
Merci, Dr Towler.
Pas d'autres questions, M. le Président.
Revenons en arrière.
Vous avez la trace de ce qui
s'est passé en salle d'opération.
Vous avez noté, toutes les 30 secondes,
le déroulement des actes.
Ces notes s'arrêtent 4 minutes 1/2
après l'arrêt cardiaque de Mme Kaye...
4 minutes 1/2 après son arrêt cardiaque...
Et reprennent 3 minutes plus ***.
Il y avait plus urgent
que de prendre des notes. Son cœur ne...
Que s'est-il passé pendant ces
trois minutes?
- Que s'est-il passé?
- Objection.
Pourquoi vous a-t-il fallu si longtemps?
Il vous a fallu neuf minutes
pour relancer le cœur,
d'où lésion cérébrale massive
et irréversible.
Vous ne laissez pas répondre le témoin.
Merci, M. le Président.
Je souhaiterais répondre à cela.
La lésion cérébrale aurait pu...
Il n'a pas obligatoirement
fallu neuf ou huit minutes.
Tout aurait pu arriver en deux minutes.
Un instant.
Vous dites que cette lésion aurait pu
résulter
d'une désoxygénation de deux minutes?
Oui.
Et pourquoi?
Tout est là, dans le dossier médical.
Elle avait une anémie.
Moins de sang donc moins d'oxygène.
Son cerveau recevait moins d'oxygène.
Je n'ai pas été bien efficace.
C'était très bien.
Non, hélas, ce n'est pas vrai.
Voulez-vous que je reste jusqu'à lundi?
Non, merci.
Je crois que vous pouvez rentrer.
Vous savez, M. Galvin,
parfois, les gens vous étonnent.
Parfois, ils ont la faculté
de discerner la vérité.
Oui. Oui.
- Alors, je ne reste pas?
- Non, merci.
Rentrez.
On se voit au bureau.
- Alors?
- Ça va mal.
Que vas-tu faire, maintenant?
Je suis dans le brouillard.
- Que fait-on quand on n'a pas de témoin?
- On se sert du leur.
- Oui.
- Ça, on a déjà essayé.
Le procès est fini.
Tu as enfreint la règle n° 1 que je t'ai
apprise.
Ne jamais poser de questions,
sauf si on a la réponse.
Et ton propre témoin dit
qu'il n'y a pas eu négligence.
Alors, c'est fini, point final.
- Il y aura d'autres affaires.
- Il n'y a pas d'autres affaires. C'est l'affaire.
Je sais ce que vous ressentez.
Vous ne me croyez pas, mais je le sais.
Je vais vous dire une chose
que j'ai apprise quand j'avais votre âge.
J'avais préparé un dossier, et le vieux
White m'a dit: "Comment ça se présente?"
Et j'ai répondu: "J'ai fait de mon mieux."
Alors, il m'a dit:
"On ne vous paie pas pour faire
de votre mieux. Mais pour gagner."
Et c'est cela qui finance ce cabinet.
Qui finance notre défense
bénévole des pauvres.
Qui finance l'acquisition
d'une spécialité en droit.
Ça me paie mon whisky.
Ça vous paie vos vêtements.
Ça nous permet, tout à notre aise,
de discuter philosophie, comme ce soir.
On nous paie pour gagner le procès.
Vous avez mis fin à votre mariage. Vous
vouliez revenir à la profession d'avocate.
Vous vouliez revenir au monde.
À votre retour!
Pourquoi Maureen Rooney
ne dépose-t-elle pas?
Tu m'écoutes? Tu es réveillé?
- Oui, je suis réveillé.
- Elle couvre quelqu'un.
Qui couvre-t-elle?
Des médecins?
Si elle couvrait des médecins,
elle déposerait.
Lis-moi ce qu'elle a dit.
"Vous êtes des putes.
Vous vous foutez de faire mal."
- "Aucun sens de la fidélité."
- Une des infirmières?
Qui? Tout le personnel
de la salle d'op a déposé.
Bon. Qui n'était pas en salle d'op?
L'infirmière des admissions?
- En quoi elle intervient?
- Elle a fait l'entrée et la fiche.
Et elle l'a signée.
"K.C." Kaitlin Costello.
- L'admission?
- Oui.
"Quel âge? Combien d'enfants...?"
"Quel âge? Combien d'enfants?
Heure du dernier repas?"
Mlle Rooney.
Je comprends votre attitude
et je trouve ça bien.
- De quoi vous parlez?
- De Kaitlin Costello.
Je ne vous en veux pas de la protéger.
- Je lui ai parlé aujourd'hui.
- De quoi parlez-vous?
- Je lui ai parlé aujourd'hui et elle...
- Elle me l'a dit.
- Elle vous l'a dit?
- Je viens de la voir.
À New York?
Vous l'avez vue à New York?
Ou à Boston? Elle est ici?
Merci. Je suis désolé.
Très bien. Merci.
On n'a rien sur elle
par l'Association des Infirmières?
- La vache a disparu.
- Et par l'hôpital?
Pas de traces depuis qu'elle a plaqué en 76.
Elle a plaqué 15 jours après l'affaire.
- Merci.
- Il faut que je te parle.
Pas maintenant.
Par l'association médicale? Tu es
le Dr Truc, tu recherches telle infirmière...
elle a soigné un...
Mme Costello? Pardon de vous déranger
si ***. Ici M. Goldberg, à la comptabilité.
On a de l'argent pour vous.
Mme Costello, infirmière diplômée?
Ah bon. Excusez-moi,
nos fichiers doivent être fautifs.
Vous êtes parente avec Kaitlin Costello?
- Non. Merci.
- Ici, le Dr Dorchester, à Boston.
Une infirmière a quitté mon service il y a
4 ans environ.
Une certaine Kaitlin Costello.
C'est ça.
Ici, M. Dorchester, des archives.
Je recherche Kaitlin Costello.
- Vous auriez une cigarette?
- Kaitlin Costello.
Oui, voilà.
Elle est partie il y a 4 ans
et il nous faudrait sa fiche.
Kaitlin Costello.
Laura, n'oubliez pas les cigarettes.
Ici, Ross Williams.
J'appelle de Californie.
Je sais qu'il est *** sur la côte Est.
Mais c'est urgent.
- Je voudrais parler à Kaitlin Costello.
- Personne de ce nom ici.
Je vois.
Nos fichiers doivent être fautifs, alors.
- Vous êtes de la famille?
- Vous avez vu l'heure?
TÉLÉCOMS NOUVELLE-ANGLETERRE.
- Allô?
- Bonsoir.
Je vous appelle au sujet de l'Infirmière.
- La revue?
- Oui. Ici, M. Wallace, des abonnements.
Vous êtes... Mlle Costello?
- Oui, Mme Price.
- Pardon?
Kaitlin Price.
Votre abonnement est périmé.
II l'est depuis trois ans.
C'est pour ça qu'on appelle, mademoiselle.
Madame.
Nous vous offrons un réabonnement.
On reçoit la revue au bureau.
Je sais. C'est dans le fichier.
Vous êtes au C.H.U. de Manhattan.
Non. À Chelsea Childcare.
Rappelez-moi lundi.
Je suis déjà en retard.
Pour le vol à destination de La Guardia
embarquement immédiat porte 10.
Allô? Frank, où es-tu?
Tu vas à New York?
Moi, j'ai à faire à New York.
J'ai des papiers à signer pour mon divorce.
- On peut se voir là-bas?
- Vous avez une cigarette?
On pourrait se voir à New York?
Oui.
l'hôtel Russell sur la 38ème, c'est ça? Oui.
OK. Vers quatre heures?
Moi, c'est pareil, Frank.
Je sais.
À cet après-midi.
Au revoir.
Je vais chercher des cigarettes.
OK. Un ballon.
Un autre et encore un autre,
et Duanie se retrouve avec la balle.
Tu t'es fait mal?
Qu'est-ce que tu as à la main?
Bonjour. Fais-moi voir.
Il y a longtemps que je voulais venir ici.
- Vous êtes du quartier?
- J'attends mon neveu.
- Quel âge il a?
- Quatre ans.
Voyons voir ce que c'est.
- Voyons voir.
- Non. L'enlevez pas.
Vous avez le coup avec les gosses.
Merci.
Non, sans blague.
Vous étiez infirmière, on m'a dit.
- Qui vous a dit ça?
- Je ne sais plus. Mme...
- Mme Simmons?
- Oui.
J'ai été infirmière.
Un métier merveilleux. Ma belle-fille...
Mais vous vous êtes arrêtée?
Oui.
Et pourquoi?
VOLS NEW YORK - BOSTON.
Vous m'aiderez?
Ben alors. Tu es paumé?
Il faut qu'on se parle.
Viens. Au coin, on prendra un jus.
Vous avez vu?
Ça va, mademoiselle?
- Ça va?
- Oui.
Ça va.
- Laissez-le.
- Vous allez bien?
Moi, ça va. Merci.
J'ai parlé avec le vieux White,
du Conseil de l'Ordre.
Elle travaillait pour Concannon,
à New York.
Elle voulait venir à Boston.
Elle nous a fait très mal?
Je sais pas.
Là, on a le vice de forme.
Tu m'entends?
Je ne veux pas faire annuler.
- Allô?
- Frank est là?
- Non. Il n'est pas là.
- Quand pensez-vous le voir?
Je ne sais pas.
Docteur Towler.
Page 406. "Contre-indications
à l'anesthésie générale."
"Idéalement, un patient ne devrait
pas s'alimenter neuf heures
avant une anesthésie générale."
Vous reconnaissez?
Oui, je l'ai écrit.
Méthodologie et Pratique
en Anesthésiologie.
Un traité sur le sujet, n'est-ce pas?
Oui.
- Et vous l'avez écrit?
- Oui.
Page 414.
"Si le patient s'est alimenté
une heure avant l'intervention,
l'anesthésie est à éviter
en raison du risque encouru parle patient,
d'aspirer la nourriture vomie,
parle masque."
Ça a été le cas pour Mme Kaye?
Elle a aspiré de la nourriture?
Elle a vomi dans son masque, oui.
Mais elle n'avait pas mangé une heure
avant
Eût-elle mangé une heure
avant d'être admise à l'hôpital,
l'anesthésie, telle que vous l'avez pratiquée
aurait-elle été... une négligence?
Elle aurait été criminelle.
Mais il n'en fut rien.
Merci.
- M. Concannon?
- Pas d'autres questions, M. le Président.
Merci, Dr Towler.
M. Galvin, réfutation?
Kaitlin Costello Price.
Votre nom, je vous prie.
Kaitlin Costello Price.
Jurez-vous de dire la vérité,
toute la vérité et rien que la vérité?
- Je le jure.
- Veuillez vous asseoir.
- Kaitlin Price.
- Oui.
Vous faisiez les admissions à la maternité
Ste-Catherine, le 12 mai 1976,
le soir où est entrée Mme Kaye.
Oui.
Avez-vous signé cette fiche d'entrée?
- Oui.
- C'est votre parafe, "K.C."?
Kaitlin Costello.
Mon nom de jeune fille.
Avez-vous demandé à la patiente
l'heure de son dernier repas?
Oui.
Que vous a-t-elle dit?
Elle avait fait un vrai repas
une heure avant d'entrer à l'hôpital.
- Une heure?
- Oui.
Et avez-vous porté
le chiffre "un" sur la fiche,
ce qui signifiait une heure?
Oui.
Rien qu'une heure?
Oui.
Merci.
Le témoin est à vous.
Savez-vous de quoi est passible
le faux témoignage?
- C'est un délit.
- Un délit grave. Très grave.
- Je ne ferais pas ça.
- Ah non?
Non.
Vous avez juré de ne pas
faire de faux témoignage.
- Vous venez de prêter serment, non?
- Oui.
- À l'instant.
- Oui.
Vous avez juré devant Dieu de
dire la vérité.
Oui.
Alors, une question.
Il y a quatre ans, vous étiez infirmière.
Avez-vous conscience
que les docteurs Marx et Towler
ont traité Mme Kaye
sur la base de la fiche d'entrée
que vous avez signée?
N'était-ce pas un serment?
Ce sont vos initiales "K.C.".
Ce parafe, c'était un serment.
Qui vous engageait alors,
tout autant qu'aujourd'hui.
N'est-il pas vrai?
- N'est-il pas vrai?
- Si.
Alors, lequel est fiable?
Vous jurez aujourd'hui qu'elle avait mangé
une heure avant son admission.
Il y a quatre ans, vous juriez
que c'était neuf heures avant.
Fort bien. Où est le... mensonge?
Ils pouvaient régler ça à l'amiable.
Ils ont préféré un procès en réhabilitation.
Et vous, quatre ans après, sur une
défaillance de mémoire,
vous gâcheriez leur vie.
- Ils ont menti.
- Ils ont menti! Eux ont menti?
Quand ont-ils menti?
- Savez-vous ce qu'est un mensonge?
- Oui.
Vous avez juré que la patiente
avait mangé neuf heures...
- Ce n'est pas ce que j'ai écrit
- Mais vous l'avez signé.
Je l'ai signé, oui.
Mais je n'ai pas écrit neuf.
J'ai écrit un.
Vous n'avez pas écrit neuf,
vous avez écrit un.
Et vous vous en souvenez
si bien quatre ans après?
J'en ai un double.
- Là, sur moi.
- Objection.
On ne peut accepter de photocopie
quand l'original est au dossier.
Je statuerai ultérieurement.
Veuillez poursuivre.
Qu'est-ce qui a bien pu vous pousser
à photocopier un document banal
et à le conserver pendant quatre ans?
M. le Président...
Pourquoi? Pourquoi cette photocopie?
- Je pensais en avoir besoin.
- Et pourquoi?
Après l'intervention,
quand la pauvre est tombée dans le coma,
le Dr Towler m'a appelée.
Il m'a dit...
qu'il avait fait
cinq accouchements difficiles à la suite
et qu'il était fatigué.
Il n'avait jamais regardé la fiche.
Il m'a demandé de la modifier.
Il m'a dit de changer le un
en neuf.
Sinon... Il m'a dit qu'il me licencierait.
Que je ne trouverais plus de travail.
Pour qui ils se prenaient?
Pour qui ils se prenaient?
Moi, je voulais être infirmière!
Pas d'autres questions.
Vous pouvez disposer.
M. Galvin?
Rien à ajouter.
M. Concannon?
M. Concannon.
Merci. Nous récusons la photocopie
de la fiche d'admission.
Et nous citons McGee contre Indiana,
États-Unis, 131-2.
"L'acceptation d'un duplicata
de préférence à l'original existant
présuppose d'éventuelles modifications,
et, à ce titre, est à rebuter."
La partie civile ayant eu libre jeu,
nous souhaiterions vous voir
statuer sur-le-champ.
Nous repoussons la production
d'un double par photocopie.
Un instant, M. Concannon.
Le document est rebuté.
- Objection!
- Rejetée.
- Je récuse.
- Note en est prise.
Légalement, il a raison.
Le jury n'aura pas à considérer
la déposition
de Mlle Costello, eu égard à la photocopie.
Elle est nulle et non avenue.
Nous ne pouvons préférer
une photocopie à un original.
Merci, M. le Président.
Mlle Costello a déposé en réfutation.
Le tribunal en témoigne,
sa comparution n'était pas prévue.
Sa déclaration impromptue
ne peut donc réfuter que l'antérieur.
Sa réfutation ne faisant fond que sur la
fiche d'admission, laquelle a été rebutée,
je demande le rebut
de l'intégralité de sa déposition
et la notification au jury de ne tenir aucun
compte de la comparution du témoin.
- Je statuerai.
- Objection.
- Rejetée.
- Je récuse.
Note en est prise.
Le jury ne retiendra pas
la déposition de Mlle Costello.
Mlle Costello a témoigné en réfutation.
Sa réfutation s'appuyait
sur une pièce qui a été rebutée.
Rien de sa déposition
ne figurera à la minute.
Une audition nulle. J'ai fait une erreur.
Rayez-la de votre esprit.
Elle n'a aucun poids.
Au plan légal, c'est fini.
Concannon a été brillant.
Parlez-moi de Kaitlin Costello.
Il n'y a rien à en dire.
Elle ne figure pas à la minute.
Mais l'avez-vous crue?
M. Galvin?
M. Galvin? Récapitulation.
Le plus souvent, nous sommes égarés.
Nous disons: "Mon Dieu,
dis-nous ce qui est juste. Ce qui est vrai."
Or, il n'y a pas de justice.
Les riches gagnent,
les pauvres sont impuissants.
À la longue, nous nous fatiguons
d'entendre les gens mentir.
Et, bientôt, nous mourons.
Nous mourons un peu.
Nous nous considérons
comme des victimes.
Et nous devenons des victimes.
Nous devenons...
Nous devenons faibles.
Nous doutons de nous-mêmes,
nous doutons de notre foi.
Nous doutons de nos institutions.
Et nous doutons de la loi.
Mais aujourd'hui, vous êtes la loi.
C'est... vous... la loi.
Vous, et non un code. Non les avocats.
Et non la statue de marbre
ou l'apparat de la cour.
Car tout ceci n'est que symbole
de notre soif
de justice.
Mais c'est aussi, en fait, une prière.
Fervente, craintive, mais une prière.
Dans ma religion,
on dit: "Agis comme si tu avais la foi,
et la foi te sera donnée."
Si...
Si nous devons avoir foi dans la justice,
nous n'avons qu'à croire en nous-mêmes
et agir en toute justice.
Et je crois que la justice
est dans nos cœurs.
Rendez-vous votre verdict?
Oui, Monsieur le Président.
Nous répondons en faveur
de la partie civile, Deborah Ann Kaye,
et contre l'hôpital Ste-Catherine
et les praticiens, Dr Towler et Dr Marx.
Mais sommes-nous limités
pour la réparation du préjudice?
Je veux dire,
pouvons-nous augmenter
les dommages-intérêts réclamés?
Oui.
Vous n'êtes tenus qu'à juger
en votre âme et conscience, sur preuves.
Veuillez vous isoler,
et après accord sur le montant...
Chapeau, Frank.
Bravo.
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