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Tu es né pour prendre
ma place dans ce monde,
Me rejeter dans le néant,
Me voler ce qui m'appartient.
C'est elle
que tu me voleras en premier.
D'ailleurs,
tu me voles déjà son amour.
Elle, la femme que j'aime.
Il dort.
Tes pieds sont enflés!
On te les a attachés si fort...
Ne pleure pas...
Qu'est-ce que c'est?
Je I'ai trouvé sur le mont Cithéron.
Je I'ai trouvé là-bas.
ll pleurait, alors je I'ai pris...
Donne-le-moi, animal!
Fils de la Fortune.
Voyez, il crie comme un agneau.
Un jour, ce Fils de la Fortune
sera roi de Corinthe.
Reine!
Reine, regarde!
Le roi!
Regarde ce que je t'amène.
Un don des dieux!
Il est beau,
ses yeux sont deux étoiles.
Un don des dieux!
Pourquoi ce regard...
Si triste et si grave?
Réjouis-toi.
Remercie les dieux.
Nous avons un fils.
Donne-le-moi. Tu le tiens mal.
Tu veux le tuer?
Un peu de délicatesse, de douceur...
Viens, "petits pieds enflés"!
Œdipe...
J'ai gagné! Couronne-moi.
C'est moi qui ai gagné,
Œdipe a poussé le disque.
Regardez la marque sur le sol!
Abandonné!
Fils de la Fortune.
Abandonné par ton père et ta mère!
Mère...
J'ai fait un cauchemar
dont je ne me souviens plus.
Je me suis éveillé en pleurs,
tremblant comme un enfant.
Les dieux essayaient
de me dire quelque chose.
Pourquoi je ne m'en souviens pas?
Je suis resté éveillé
jusqu'à I'aube.
Frissonnant
dans I'ombre et le silence.
Je veux aller à Delphes
consulter I'oracle d'Apollon
Pour connaître
la signification de ce rêve.
Tout le monde fait ce pèlerinage
au sanctuaire d'Apollon.
Les riches comme les pauvres
veulent comprendre leurs rêves.
C'est merveilleux.
J'y suis allée avec ton père,
quand j'étais plus jeune.
C'était bien, n'est-ce pas?
C'est une cérémonie
plus splendide que les nôtres.
Si tu veux y aller...
Vas-y. Tu auras la plus belle escorte
qu'on puisse rêver.
Non, père, je veux y aller seul.
Notre fils a raison.
Les dieux refusent
I'éclat des richesses.
Quand pars-tu?
Demain, à I'aube.
Tout de suite? Si vite?
Pourquoi attendre?
Je ne veux plus
que ce cauchemar me hante.
Ne pleure pas, maman.
Je reviendrai vite.
Adieu, mon fils.
Adieu, "petits pieds enflés".
Il est écrit
que tu tueras ton père
Et que tu feras I'amour
avec ta mère.
As-tu bien compris?
Il est écrit dans ton destin
Que tu tueras ton père
et coucheras avec ta mère.
Ainsi parlent les dieux.
C'est inévitable.
Maintenant va-t'en.
Ne contamine pas ces gens
par ta présence.
Ote-toi de ma route, misérable!
Dis, que se passe-t-il?
Pourquoi ces braves gens quittent-ils la ville?
Pourquoi campent-ils ici
comme des nomades?
Le sais-tu?
Moi? Je suis le messager,
j'apporte les nouvelles..
Il est normal que je sache.
Viens avec moi.
Voilà Tirésias, le prophète.
Tes concitoyens souffrent et pleurent...
Luttant pour leur sauvegarde.
Et toi, aveugle et solitaire,
tu chantes.
Je souhaiterais vous servir!
Ton chant te place au-delà du destin.
La voilà, là-haut.
La plaie de notre ville...
Elle est sortie de I'abîme
pour nous faire peur.
Nous étions si heureux.
Qui aurait pu I'imaginer?
Personne n'a le courage
de la rejeter dans I'abîme.
Celui qui oserait
deviendrait I'époux de Jocaste.
Reine de Thèbes...
Notre ville est perdue.
Tous quittent la ville,
A quoi bon rester?
Où vas-tu?
N'y va pas,
ça ne sert à rien!
Tu mourras!
Que fais-tu?
Reviens!
Une énigme assombrit ta vie.
Quelle est-elle?
Je ne veux pas savoir.
C'est inutile!
Je ne veux pas savoir.
Je ne veux pas t'entendre.
L'abîme dans lequel tu veux
me rejeter est au plus profond de toi.
Le sphinx est mort!
Venez!
Viens voir, Créon!
Viens voir, la reine!
Qui a vaincu le Sphinx
épouse notre reine.
Tu seras roi!
La voilà.
Mon amour.
Si mes frères et moi
venons ici t'implorer,
Ce n'est pas que nous
te prenions pour un Dieu.
Dès ton arrivée dans la cité,
Tu nous as délivré du Sphinx.
Ce n'est pas que tu sois
plus érudit que nous.
Tu avais les dieux avec toi.
Œdipe, notre roi,
nous t'implorons à genoux,
Trouve un remède avec I'aide des dieux
ou de mortels comme nous.
Tu es le meilleur d'entre nous.
Redonne-nous la vie.
Fasse que nous ne gardions pas
le souvenir
D'un roi qui nous a sauvés...
pour mieux nous perdre.
Ne croyez pas
que j'ignore votre tourment,
Malheureux sujets.
Je sais combien vous souffrez.
Votre souffrance
n'égale pas la mienne.
En effet, votre chagrin
atteint chacun de vous
Ma peine, elle, est celle de tous,
la mienne et la vôtre.
Vous ne m'avez pas éveillé.
Je ne dormais pas, je pleurais.
Cherchant le moyen
d'échapper à cette plaie.
ll n'y a qu'un seul remède.
Je I'ai adopté.
J'ai envoyé Créon
au sanctuaire d'Apollon.
Pour savoir
ce qu'il convient de faire.
Créon est parti
depuis si longtemps!
Je suis inquiet.
Que fait-il?
Pourquoi reste-t-il si longtemps?
Créon est aux portes de la ville.
Dieu, si seulement
il nous apportait le salut!
Créon, frère de ma femme, mon ami.
Quelles nouvelles nous apportes-tu?
De bonnes nouvelles!
Les choses les plus terribles
peuvent se terminer bien.
Mais la réponse,
quelle est la réponse?
Dois-je la dire ici devant tous
ou à toi seul?
Devant tout le monde.
C'est pour eux que je me tourmente.
"Pour vaincre I'épidémie
qui accable Thèbes,
ll faut que I'homme qui
la contamine, quitte cette ville".
Quelle est la punition
qu'il faut lui infliger?
Il doit être exilé ou mis à mort.
C'est un meurtre
qui est à I'origine de nos malheurs.
Qui a été tué?
Laïus, celui qui fut roi avant toi.
Je sais...
bien que je ne I'aie pas connu.
Le Dieu exige
que son meurtrier soit châtié.
Comment découvrir cet assassin?
Comment retrouver les traces d'un
crime commis il y a si longtemps?
"Ici",
a dit le Dieu.
"Ici"...Et il a ajouté:
"Ce que I'on refuse de voir
n'existe pas",
"Alors que ce que I'on admet",
"Existe".
Laïus a-t-il été tué
dans son palais?
En campagne?
En un pays lointain?
Il était parti
au sanctuaire d'Apollon,
Et n'en est pas revenu.
N'y eut-il donc personne
Pour témoigner du crime?
Seul un homme en réchappa.
Et il ne donna qu'un indice.
Lequel? Tant de choses
peuvent découler d'une seule.
D'autres rumeurs
nous sont parvenues.
Lesquelles?
Que le roi ne fut pas tué
par des bandits mais par un voyageur.
Qui peut témoigner?
Le seul témoin vivant.
S'il prend peur, il parlera.
Voici la décision
De votre roi:
Celui qui sait
qui a tué Laïus doit parler.
Même si les mots servent à I'accuser.
Celui qui sait et se tait
Ne sera ni reçu
ni écouté par quiconque
Ici, dans mon royaume.
Cette terre qui est mienne.
Je vengerai le roi assassiné...
comme s'il s'agissait de mon père.
Puisque j'ai hérité de son pouvoir,
Que ses terres
et sa femme m'appartiennent.
Je t'ai fait venir
et par toi je saurai tout.
Qu'il est horrible de savoir!
Lorsque ce n'est d'aucune utilité
pour celui qui sait.
Je savais...
Mais j'ai préféré oublier.
Autrement, je ne serais jamais venu.
Quelle est ta crainte?
Laisse-moi repartir.
Je t'en supplie, écoute-moi.
Ce sera moins pénible pour nous.
Non, il est de ton devoir de parler.
Ces mots ne te seront
d'aucune utilité.
Reste!
Tu sais!
Nous t'implorons tous,
mes sujets et moi.
Vous êtes tous fous.
Je ne parlerai pas.
Je ne dévoilerai pas tes crimes.
Tu sais, et ne dis mot!
Tu veux la perte de notre cité?
Tu es insensible.
Tu me provoques,
Me reproches ma nature même.
Et tu ne veux pas juger
de ta propre nature.
Tes mots sont une offense,
au roi et à la ville.
Les faits parleront d'eux-mêmes.
Même si je me tais.
Pour cette raison tu dois parler!
J'en ai déjà trop dit.
Rien ne sert d'exhaler ta colère.
Je pense que tu es:
A la base de ce crime.
Et que si tu n'étais aveugle,
tu aurais tué de tes mains.
Voilà donc ta pensée...
Je vais tout dire.
Obéis au jugement
que tu as prononcé.
Et ne reste plus une minute
parmi nous.
Parce que c'est toi,
qui contamine notre pays.
Et j'ajouterai encore
que tu es I'assassin que tu recherches.
Et tu ignores avoir
une liaison scandaleuse
Avec les êtres
qui te sont les plus chers.
Tu ne veux pas voir,
le mal que tu portes en toi.
Crois-tu sortir indemne
après de telles paroles?
Je suis à I'abri.
J'ai la vérité avec moi.
Une vérité pour tous,
un mensonge pour toi.
Ton esprit est aussi aveugle
que ton regard.
Malheureux!
Tu m'insultes.
Comme tous bientôt t'insulteront.
Qui a organisé tout cela,
toi ou Créon?
Richesse, puissance...
Cette vie fait naître I'envie,
alors qu'elle n'est que lutte.
Cela à cause du pouvoir
qui m'a été confié.Je ne I'ai pas demandé.
Même Créon, ami de toujours,
veut me renverser.
Créon, oui.
Il veut prendre ma place.
Il m'envoie ce vieux charlatant
Ce mendiant
qui ne voit que I'argent.
Mais reste aveugle dans son art.
Bien que tu sois le roi...
Je pourrais te répondre
avec égale franchise
Si je le voulais
Je ne dépends pas de toi,
Mais de Dieu.
Et, puisque
Il te paraît juste
De salir mon grand âge et ma cécité.
Laisse-moi te dire ceci:
Tu as beau chercher,
Tu ne vois pas le mal
et la honte que tu portes en toi.
Sais-tu qui t'a donné la vie?
Sais-tu que les tiens,
te maudissent?
Un jour tu ne verras plus
que I'obscurité.
Alors, combien tu hurleras.
Quand tu comprendras finalement.
Comment, et avec qui, tu t'es marié.
Fils de la Fortune...
C'est ainsi que tu t'adresses à moi?
Vas t'en!
Qu'est-ce que t'attends?
Je ne veux plus te voir
Ni t'entendre.
Je suis ici
parce que tu m'as fait venir.
Je ne I'aurais jamais fait!
Si j'avais su
devoir entendre tant de folies.
C'est notre destinée.
Nous sommes fous à tes yeux.
Sages aux yeux de ceux
qui t'ont mis au monde.
Pardon? Qui m'a mis au monde?
Partons.
Guide mes pas.
Oui, va. Disparais
Avec mes tourments.
Je m'en vais.
Mais avant, il me reste à te dire
tout ce que je sais.
Ecoute...
L'homme que tu recherches,
Par des menaces et des ordres,
Tu es ici, un étranger, pour tous.
Mais originaire de Thèbes.
Ne crois pas que cette découverte le réjouira.
Parce que, aveugle et mendiant,
Il sera obligé de quitter Thèbes
et deviendra
Tout comme moi, joueur de flûte.
On découvrira
Qu'il est à la fois frère
et père de ses enfants.
Fils et mari de sa mère.
Qu'il a été uni...
A la femme qui fut celle de son père.
Et que lui seul est I'assassin de son père.
Tiens, voyez qui s'avance.
Comment oses-tu entrer
dans ma maison?
Toi qui veux m'éliminer
et me prendre mon royaume?
Es-tu venu car tu me crois
fou et méchant?
Le pouvoir et le peuple
sont de mon côté.
Tu ne possèdes rien.
Ne me dis pas que tu es innocent.
Que tu n'as que de bonnes intentions.
Tu m'as incité
à questionner Tirésias.
Combien de temps a passé...
Depuis que Laïus a disparu,
sans laisser de traces?
Très longtemps.
Et Tirésias?
N'a- t-il pas fait de prophéties?
Oui, et il avait I'estime de tous.
A-t-il jamais parlé de moi...
dans ses prédictions?
Pas en ma présence.
Bien.
Qui a tué Laïus, ton roi?
Et tu n'as jamais cherché à savoir.
Certes oui, mais en vain.
Dans ce cas, pourquoi
Tirésias n'a-t-il rien dit?
Je ne sais pas.
N'étiez-vous pas d'accord
tous les deux?
Quand il révèle
que je suis le meurtrier recherché?
- Est-ce que ta femme n'est pas ma sœur?
- Ta sœur?
Naturellement!
Et tu partages le trône avec elle?
Oui, nous le partageons.
Et moi...
Que me manque-t-il?
Je ne veux pas être roi.
Il me suffit de vivre comme un roi.
Tu me donnes tout ce que je désire,
sans effort, sans souci.
Si j'étais roi au contraire,
Je devrais agir sous la contrainte.
Une vie d'anxiété
et de responsabilité.
Je ne suis pas fou au point
de désirer une autre situation.
Va au sanctuaire d'Apollon.
Vérifie par toi-même,
si j'ai inventé cette histoire
avec Tirésias.
Si je I'ai fait,
Condamne-moi,tu seras dans ton droit.
Ta sentence ne sera pas I'exil,
mais la mort.
La mort!
Tu peux partir.
Je ne le fais pas pour lui,
mais pour vous.
En te laissant aller,
je me condamne moi-même.
Tu cèdes à contrecœur. Pourquoi?
Va-t'en!
Va-t'en!
Qu'attends- tu pour partir?
Pourquoi... Créon et toi?
Parce que ton frère m'accuse
d'être I'assassin de Laïus.
Agit-il seul? Ou d'autres
le poussent-ils à t'accuser?
Il a amené Tirésias.
Et Tirésias m'accuse.
Il dit être innocent.
Si cela t'inquiète, rassure-toi.
Aucun homme
ne peut s'ériger en prophète.
Ecoute-moi et dis-moi si j'ai tort.
Un jour,
parvint à mon mari, le roi Laïus.
...une prophétie.
Elle disait qu'il serait tué
par un de ses fils.
Dont je serais la mère.
Et pourtant il fut tué
par une bande de voleurs,
Au croisement de trois routes.
Sache aussi
Que Laïus chargea quelqu'un
d'emmener notre fils,
De lui lier les pieds,
De le jeter du haut d'une montagne.
Où il mourut.
Tu vois à quel point
les prophéties sont des mensonges.
Il n'y a rien à craindre, crois-moi.
Si Dieu veut révéler ses intentions,
il le fait...
Clairement et sans intermédiaires.
Si seulement,tu savais combien
tes mots me terrifient!
De quoi as-tu peur?
Laïus a été tué à un croisement.
Oui, c'est ce qu'on a dit.
Où est cet endroit?
Sur la route du sanctuaire d'Apollon.
Quand est-ce arrivé?
L'annonce de sa mort
nous est parvenue un peu avant...
Que tu n'arrives à Thèbes.
Dieu, que veux-tu de moi!
Je ne comprends pas
pourquoi tu t'intéresses tant
...à toutes ces choses.
Ne me demande rien.
Comment était Laïus, alors?
Quel âge avait- il?
Grand. Il portait une longue barbe.
Il te ressemblait.
Alors c'est peut-être vrai.
Je me suis maudit.
Pourquoi as-tu peur
d'être I'amant de ta mère?
Tant d'hommes ont rêvé de I'être,
dans leurs songes.
Et ont vécu dans I'angoisse?
Pourtant la vérité doit surgir...
...Je crains que I'aveugle Tirésias
n'ait dit la vérité.
Dis-moi, Laïus voyageait-il seul
ou avec une escorte?
Il n'avait que cinq hommes.
Quatre soldats, un esclave,
et un seul chariot.
Qui te I'a dit?
L'esclave, seul survivant.
Vit-il encore ici?
Quand il te vit
sur le trône de Laïus,
il m'implora de I'envoyer
faire paître nos troupeaux
aussi loin de Thèbes que possible.
Je le fis.
Il était fidèle et il le méritait.
Pourquoi ces questions?
Ne me demande plus rien.
J'en ai trop dit.
Je crains d'avoir parlé
sans le vouloir.
Mon père est Polybe,
roi de Corinthe!
Ma mère est Mérope!
Un garçon que j'avais offensé
me traita d'enfant trouvé!
Je n'ai pu me taire.
J'interrogeais mes parents.
Ils furent choqués
par cette insulte.
Je voyais qu'ils étaient sincères.
Des doutes subsistaient,
pourtant, dans mon esprit.
Je décidai alors de me rendre
au sanctuaire d'Apollon.
Les dieux ne me donnèrent
pas de réponse.
Mais au contraire,
ils me dirent des choses effroyables.
lls me révélèrent que mon destin
était de faire I'amour avec ma mère.
Et d'avoir d'elle
des enfants monstrueux!
Ils me révélèrent que mon destin
...était d'assassiner mon père.
Sous le coup de telles prophéties,
comment avoir le courage
de retourner chez moi à Corinthe.
Je ne veux plus t'entendre!
Il faut que je te dise tout!
J'allais au hasard,
loin de Corinthe.
Et à un croisement,
il y avait un homme
Dans un chariot, escorté de
quatre gardes et d'un esclave.
Un combat s'engagea.
Je tuai les gardes.
Et I'homme qui m'avait insulté...
Qui m'avait insulté
avec tant d'arrogance,
Avec la détermination
De me montrer sa supériorité.
S'il existe la moindre
ressemblance entre Laïus et lui...
Alors, moi...
Mère.
Je vais prier.
Je vais prier les dieux
dans leur temple.
Œdipe est bouleversé par le chagrin
et ne raisonne plus sagement.
Il en arrive à croire
tout ce qu'on lui a dit.
Je vais prier pour nous tous.
Car nous sommes tous accablés
De voir notre guide
Devenu fou de terreur.
J'arrive dans votre ville
pour parler à Œdipe.
Je suis son épouse.
Qu'est-ce que tu veux?
Lui parler de quoi?
Je vous apporte de bonnes nouvelles.
Quelles nouvelles? Qui t'envoie?
J'arrive de Corinthe
avec d'heureuses nouvelles
Et peut-être aussi du chagrin.
Parle!
A Corinthe,
le peuple souhaite élire Œdipe roi.
Le vieux Polybe,
n'est-il pas leur roi?
ll I'était.
Il est mort
Et repose dans sa tombe.
- Est-ce bien lui?
- Oui.
Regarde-moi, réponds-moi.
Tu étais I'esclave de Laïus.
Que faisais-tu?
Berger.
Où les conduisais-tu?
Sur le mont Cithéron.
...près de là.
Tu I'as rencontré?
De qui parles-tu?
De lui!
Le connais- tu?
J'essaie de me souvenir.
Mais je ne pense pas I'avoir déjà vu.
C'est normal...
Il y a si longtemps...
Et pourtant...
Nous avons passé ensemble
trois saisons!
Si tu peux dire la verité
après tant d'années
Un jour j'ai trouvé un bébé
et tu y étais.
Que dis-tu?
Pourquoi me poses-tu
ces questions?
Le bébé que j'ai trouvé
était Œdipe, votre roi.
Ce ne sont que des histoires!
Des inepties!
Non, il a raison.
Ce que tu dis est faux!
Prends garde!
Pourquoi, O roi?
Que me reproches- tu?
De te taire.
De te taire au sujet de cet enfant.
Je ne sais rien.
Que faut-il que je dise?
On te forcera à parler.
Prends garde!
Je suis vieux.
Attrapez-le, attachez-le!
Mais que veux-tu savoir?
Alors,
As-tu ou non
porté I'enfant sur la montagne?
Oui.
Si seulement il avait pu y mourir.
D'où venait-il?
Etait-il ou non, ton fils?
Ce n'était pas mon fils.
Des gens me I'avaient confié.
Qui étaient ces gens?
Au nom de Dieu, non!
Parle ou tu es un homme mort!
C'était le fils de Laïus.
Etait-ce son esclave ou son fils?
C'est une question
à laquelle je ne peux répondre.
Et c'est cela
que je ne peux entendre.
Mais il le faut.
C'était son propre fils.
Personne n'est plus au courant
que Jocaste. Ta femme.
Elle te I'a confié?
Oui, elle me I'a confié.
Quels étaient ses ordres?
Le tuer.
Pourquoi cela?
Certaines prophéties la terrifiaient.
Qu'il tuerait ses parents.
Pourquoi I'as-tu laissé vivre?
Par pitié.
Désormais tout est clair. Décidé.
Et non pas imposé par le destin.
Ainsi je ne verrai plus le mal
causé par moi et dont je souffre.
Dans le noir, je ne verrai plus
ceux que je n'aurais jamais dû voir.
Je ne reconnaîtrai plus ceux
que je cherchais à connaître.
J'aurais dû me percer les tympans.
Pour mieux renfermer
mon malheureux corps en lui-même.
Et ne plus jamais rien voir
ni entendre.
Qu'il est doux
d'avoir I'esprit hors du mal.
Vite, emmenez-moi d'ici.
Emmenez cet homme
qui vous fait peur.
Il ne faut pas parler
des choses impures.
Ne pas parler, ne pas témoigner.
Se taire!
Cachez-moi,
bannissez-moi de ce pays!
Jetez-moi là où I'on ne pourra
plus jamais me voir.
Où sommes-nous?
Dans la campagne,
des arbres sont alignés.
La brume se lève,
il y a une prairie très verte.
O Lumière
que je ne peux plus voir...
Qui fut mienne, un jour.
Illumine-moi une dernière fois.
Je suis arrivé.
La vie s'achève toujours
où elle a commencé.
Adaptation - Correction - Synchro by
\ INSANA /