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À L'EXCEPTION DE DEUX PERSONNAGES
DONT L'IDENTITÉ A ÉTÉ PRÉSERVÉE
POUR ASSURER LEUR SÉCURITÉ,
LES PROTAGONISTES DU FILM SONT RÉELS
ET LES ÉVÉNEMENTS AUTHENTIQUES.
INSPIRÉ DE "VIE ET MORT DE STEVE BIKO"
ET "ASKING FOR TROUBLE" DE D. WOODS.
24 NOVEMBRE 1975:
BARAQUEMENTS DE CROSSROADS
PROVINCE DU CAP,
RÉPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD
Que se passe-t-il?
Ici le service en langue anglaise
de Radio Afrique du Sud.
Voici les informations
lues par Magnus Randall.
La police a investi
tôt ce matin le township de Crossroads
après avoir demandé son évacuation
dans l'intérêt de la santé publique.
Certains occupants
n'avaient pas de permis de travail
et bon nombre d'entre eux ont été
reconduits vers leurs réserves.
Ils n'ont pas opposé de résistance
et de nombreux clandestins
se sont spontanément livrés à la police.
- Vous devriez l'ausculter.
- Passez-moi son dossier.
Vous avez écouté la radio?
S'il s'était fait prendre,
on l'aurait su.
Si la police avait arrêté Steve,
avec les affiches dans sa voiture,
vous ne croyez pas...
C'est pour moi, ma soeur?
Ça ferait la une
des infos tout de même.
Non, parce que si les gens
savent qu'il a été arrêté,
ça obligera la police
à le traiter avec plus d'égards.
- Elle croit qu'il est ici.
- J'y retourne.
Passe-moi le café.
Si la police du Cap l'avait arrêté,
ils auraient été les premiers informés.
À mon avis, il se cache. Il était avec
Peter Jones qui circule sans problèmes.
Si Steve avait été arrêté,
Peter m'aurait appelée.
Passe-moi le lait.
Vous avez fini, Monsieur Woods?
Oui, merci.
LE GOUVERNEMENT REFUSE
TOUJOURS DE LIBÉRER MANDELA
- D'où les sors-tu?
- J'ai ma filière.
- Oserais-tu les publier?
- Pour ça, je prends le risque.
- Oui?
- Dites à Tony de venir me voir.
- Je t'autorise même à les signer.
- Royal!
Si on me coffre, je balancerai
ton nom en premier. Et pour M. Biko?
Je peux le citer dans l'article?
Sa photo est affichée partout.
- Il y a eu un meeting?
- À mon avis, oui. Très récemment.
Biko n'y était pas, mais un extrémiste
en faveur de la conscience noire, si.
- J'en suis pratiquement sûr.
- Je l'ai un peu retouché.
Laisse-le en dehors de ça.
La police doit porter le chapeau.
- Je ferai un éditorial sur Biko.
- D'accord.
En plus des tarés légitimant
tout au nom de la suprématie blanche,
on n'a pas besoin d'un cinglé persuadé
que la suprématie noire sauvera le monde.
LE BANTOU STEPHEN BIKO: MENACE
INQUIÉTANTE D'UN RACISME NOIR
Je veux savoir
qui est responsable de ça.
- Vous êtes?
- Docteur Ramphele.
Le docteur Ramphele.
Je vous laisse.
J'ai assez lu votre journal
pour savoir qu'il y a pire.
Je suis donc d'autant plus surprise
que vous tentiez de faire passer
cette fiction pour un article de fond.
- Écoutez, docteur...
- Ramphele.
Ramphele.
J'ai pris le risque de dénoncer
certains préjugés des Blancs.
Mais ne me demandez pas d'adhérer
aux préjugés noirs
d'un homme avide de publicité,
car vous vous adressez
à la mauvaise personne.
Préjugés noirs?
Ce n'est pas la vision
de Steve, bien au contraire.
Votre M. Biko bâ*** un mur
de haine noire en Afrique du Sud
et je le combattrai
tant que je serai à ce poste.
Ce que vous faites à ce poste,
c'est lui attribuer certains propos.
Et il ne peut répondre
car il est assigné à résidence.
- Je devine l'objectif de M. Biko.
- Vous vous trompez.
Il ne peut pas venir vous voir.
Si vous êtes le journaliste honnête
que vous prétendez être, allez le voir.
Écoutez...
D'où êtes-vous?
D'Afrique du Sud.
Je suis l'une des deux Noires à avoir
eu une bourse pour l'école de Médecine.
Le produit du paternalisme blanc
qui tient tant aux indigènes de ce pays.
On fait un bon investissement.
Vous n'êtes pas un idiot,
mais vous êtes mal informé.
Steve Biko est l'un des rares hommes
qui puissent sauver l'Afrique du Sud.
Il est actuellement
à King William's Town.
C'est son lieu de résidence forcée.
- Bonjour.
- Bonjour.
LEOPOLD STREET, KING WILLIAM'S TOWN
- Monsieur Donald Woods?
- Oui, c'est moi.
Je suis la femme de Steve.
Entrez, il vous attend.
Merci.
On est ravis que vous ayez pu venir.
Le père Russel
nous a trouvé cet endroit.
Nous essayons
de créer une sorte de centre
où les Noirs peuvent se rencontrer,
et même suivre des cours.
- Les teintures sont enfin arrivées.
- Bien. Préviens Tsinki.
- Par ici.
- Qui est ce petit?
C'est un petit garnement,
comme son père, et même plus turbulent.
Vous le trouverez là-dehors.
Steve Biko?
- Êtes-vous Steve Biko?
- C'est moi.
Je vous aurais bien reçu
dans l'église, mais comme vous le savez,
je ne peux voir
qu'une personne à la fois.
Si un tiers se présente,
rien que pour apporter du café,
j'enfreins la sentence de bannissement.
Et le système, c'est-à-dire la police,
est juste de l'autre côté de la rue.
Mais vous devez
approuver ma proscription.
Non, je trouve vos idées dangereuses,
mais je n'approuve pas votre sanction.
Un vrai libéral!
Je n'ai pas honte de ce titre,
même si vous le considérez avec mépris.
Je pense simplement
qu'un libéral blanc,
qui jouit des avantages
du monde des Blancs,
comme le travail, le logement,
l'éducation, la Mercedes,
n'est pas le mieux placé pour dire
aux Noirs comment réagir à l'apartheid.
Je me demande quel genre
de libéral vous feriez,
si c'était vous qui aviez
un boulot, une maison et une Mercedes
et que les Blancs
vivaient dans des ghettos.
Quelle charmante idée!
Merci d'être venu, Monsieur Woods.
Je voulais vous rencontrer
depuis longtemps.
Ils vous suivent partout?
C'est ce qu'ils croient.
- C'est ça?
- Oui, c'est ça.
Une clinique pour Noirs, avec une équipe
de Noirs dirigée par un médecin noir.
C'était votre idée ou la sienne?
Venez, je vais vous faire visiter.
Une idée collective,
mais heureusement qu'elle était là.
Et un médecin blanc libéral
ne ferait pas l'affaire?
Encore étudiant, j'ai postulé pour
un emploi que les Blancs nous réservent
et j'ai constaté que les meilleurs
postes étaient toujours pour les Blancs.
L'Histoire, telle qu'on la connaît,
a été faite et écrite par l'homme blanc.
Télé, voiture, médicaments:
tous inventés par l'homme blanc.
Même le football! Dans un tel monde,
il n'est pas difficile de se croire
inférieur quand on est né Noir.
Nos potagers nourrissent
les patients et une partie du personnel.
- Et l'église?
- Elle était là bien avant nous.
Et à mon avis, ce complexe d'infériorité
était plus problématique pour nous
que le comportement des Afrikaners.
L'homme noir devait comprendre
qu'il est tout aussi capable de devenir
médecin ou dirigeant que l'homme blanc.
C'est pourquoi on a créé cet endroit.
Ma seule erreur a été
de coucher ces idées sur le papier.
Et le gouvernement vous a banni.
Et le rédacteur en chef libéral
s'est mis à m'attaquer.
J'attaquais le raciste en vous.
- Quel âge avez-vous, M. Woods?
- 41, si ça peut vous intéresser.
Un Sud-africain blanc
âgé de 41 ans et journaliste.
Avez-vous déjà pris le temps
de visiter un bidonville noir?
- Oui, plusieurs fois...
- Ne soyez pas gêné.
À part la police, je ne crois pas qu'un
Blanc sud-africain sur 10 000 l'ait fait.
Nous savons comment vous vivez.
Nous tondons vos pelouses, préparons
vos repas, ramassons vos poubelles.
Voulez-vous voir comment nous vivons?
Nous, les 90% de vos compatriotes
qui devons quitter vos rues dès 18h.
- Jane!
- Oui, maman?
- Mets les fraises dans le frigo.
- Je le fais et j'arrive.
Très bien, ma chérie.
Quand es-tu rentré?
Je ne t'attendais plus.
Il y a une demi-heure.
J'ai déjà eu le temps de me baigner.
Maman, regarde ce qu'Alice m'a donné!
C'est gentil.
Et toi, que lui as-tu donné?
- Rien.
- Vilaine fille!
- Alors?
- Tu avais raison.
Comment est-il?
- Ils ont créé une clinique sur place.
- Dillon!
C'est elle, le médecin. Tu devrais
voir ça. Les gens viennent de loin.
Comment l'ont-il financée?
Des dons faits par la communauté,
des fonds d'églises de l'étranger
et même des compagnies minières.
Des compagnies minières sud-africaines?
Oui. Un grand ponte aurait été
impressionné par l'un de ses discours.
- Merci, Evalina.
- Il est impressionnant.
Patron?
Il ne t'a pas persuadé
d'adhérer à la conscience noire?
Non, mais il va me faire
visiter un township. Il va m'éduquer.
Mais il est proscrit!
Comment va-t-il faire?
Je n'en sais rien.
- Tu crois que ça en vaut la chandelle?
- L'éducation d'un Blanc libéral?
Si tu te fais prendre
en dehors de ton secteur...
Lui n'aura qu'à écrire
une lettre au conseil d'administration.
Je refuse qu'ils te jettent en prison.
Dis à David qu'il a promis
de finir la table aujourd'hui.
- Ils ne m'arrêteront pas.
- Il n'aura droit à son thé qu'après.
J'ai besoin d'argent de la caisse.
Non, ils ne t'arrêteront pas...
si un indic ne te dénonce pas.
Dans le tiroir. C'est ouvert.
On va faire de toi
un homme de terrain, Steve Biko.
Comment vas-tu t'y prendre?
Dis à Thabo de venir.
J'allumerai la lampe du bureau.
Mapetla détournera
leur attention quelques instants.
Je filerai et Thabo prendra ma place.
Je n'aurais pas aimé être ta mère.
Vous savez, je suis né
dans un homeland tribal,
Transkei. Mon père était commerçant.
Je ne suis pas si mal à l'aise que ça.
Si vous arriviez à vos fins, vous
voyageriez en bus ou taxi comme nous!
Alors laissez-moi profiter de mes
derniers privilèges tant que je le peux!
Cours, petit. Cours!
C'est un miracle
qu'un enfant arrive à survivre ici.
La plupart des femmes qui ont un permis
de travail deviennent des domestiques,
alors elles ne voient leurs enfants
que quelques heures le dimanche.
Cet endroit regorge d'ivrognes
et la violence y règne.
Les gens sont si miséreux qu'ils
tabasseraient un gosse pour 5 rands.
Vous étiez comme cet enfant?
Oui. J'étais même plus effrayé.
Mais si on court assez vite
et qu'on survit, on grandit
dans ces rues, dans ces maisons.
Nos parents font des efforts,
mais on ne reçoit que l'éducation
que les Blancs veulent bien nous donner.
Un jour, on va en ville
travailler ou faire des achats,
on découvre leurs rues,
leurs voitures, leurs maisons
et on se rend compte
qu'on n'est pas tout à fait normal,
qu'on n'est pas
un humain à part entière.
C'est à cause de notre négritude.
Peu importe qu'un enfant blanc soit bête
ou intelligent, il est né dans ce monde.
Mais l'enfant noir?
Intelligent ou bête,
il naît dans ce monde-ci.
Et qu'il soit intelligent
ou pas, il y mourra.
Je croyais que les patronnes des boîtes
clandestines étaient des indics.
Elles le sont. Sinon, la police
fermerait leur boîte sur-le-champ.
Mais elles ne donnent que certaines
informations et en oublient d'autres.
On est en sécurité ici.
Celle-ci est folle de Steve.
Il sait y faire avec les femmes.
Il s'exprime très bien.
Où a-t-il fait ses études?
Il s'est toujours bien exprimé.
Son père est mort et à l'âge de 17 ans,
il a suivi des cours dans une mission.
La plupart de ces gars
n'ont qu'un lit dehors et sont seuls.
Sans permis de travail,
ni de carte de résident.
Un couple qui ne travaille pas
dans la même ville
n'est pas autorisé
à habiter dans le même township.
Vous séparez les familles noires.
Ainsi pour des milliers de couples,
arriver à se voir
une fois par an est une chance.
Arrêtez de dire "vous".
Vous parlez du gouvernement afrikaner.
Les Blancs ne sont pas
tous responsables de l'apartheid.
Combien de domestiques
à demeure avez-vous?
- Une, mais elle n'est pas...
- Ne l'agresse pas!
Il est venu passer un bon moment.
Buvons un verre ensemble. Santé!
Je ne défends pas ce qui a été fait,
mais c'est lui l'ennemi des libéraux.
On essaie
de travailler à l'intégration.
Bien sûr! Vous voulez nous donner
une éducation un peu meilleure
pour qu'on trouve
des emplois un peu meilleurs.
- Au départ, peut-être...
- Je ne veux pas de votre société.
Je veux être moi -même, alors battez-moi,
incarcérez-moi ou même tuez-moi,
mais je ne serai jamais
celui que vous voulez que je sois.
Au mieux, vous nous autoriserez
à nous asseoir à votre table
et si nous arrivons à nous servir
de votre belle vaisselle comme vous,
vous aurez l'amabilité de nous tolérer.
Nous voulons faire
table rase de tout ça.
Notre table est africaine et
on s'y assiéra, car c'est notre droit.
N'oubliez pas qu'avant votre arrivée,
nous avions déjà notre culture.
Nous avions beaucoup
de villages, des petits.
Vous connaissez notre langue, M. Woods.
Le mot que nous utilisons
pour neveu est "fils de mon frère".
Tenjy n'appelle pas ma femme
sa tante, mais "soeur de ma mère".
Nous ne faisons pas de distinction
entre les membres de la famille.
Tout commence par "frère" et "soeur".
On est solidaires.
On a résolu beaucoup de problèmes
contrairement à votre société.
Vous avez eu des guerres
tribales dans votre pays.
Et vous non,
avec vos deux guerres mondiales?
Vous utilisez les mots brillamment,
mais votre discours me fait peur.
Bien sûr, parce que dans votre monde,
tout ce qui est blanc est normal.
Le monde est censé fonctionner ainsi.
Et votre tour de force
est de nous avoir persuadés
pendant des années que c'était vrai!
Demande à Tony de venir.
Ken, voici Tenjy Mtinsto
et Mapetla Mohapi.
Ils sont de King William's Town.
- Oui?
- Venez, je vous prie.
J'ai le plaisir de t'annoncer que
la direction a approuvé leur engagement.
Briefe-les sur nos méthodes.
- Emmenez-les voir Bob.
- Suivez-moi, je vous prie.
Dites-lui de leur donner
du boulot pour demain.
Qu'ils apprennent à faire des photos.
Je... Où vont-ils travailler?
En salle de rédaction.
Ce Biko fait-il
aussi de la magie noire?
Je ne peux pas dire
mais ça vaut le coup d'essayer.
Ils vont couvrir les infos
sur les Noirs, des choses inédites.
Ça n'a rien d'illégal
et attirera des lecteurs.
Les lecteurs blancs seront ravis.
Surtout quand on va leur parler
de conscience noire... Conneries!
N'oublie pas que c'est moi
qui décide de ce qui est publié.
Oui, ça va de soi.
Ken.
T'aimes le football, je crois.
Mais ce qui est sûr
et ça ne fait aucun doute,
c'est qu'il paie des gens pour
nous monter les uns contre les autres.
Et si nous nous battons
entre nous, il pourra dire:
"Vous voyez? Ils sont
incapables de se prendre en main.
Comme ça, le Blanc peut
nous dicter où et comment on doit vivre.
Il peut nous sous-payer
et établir ses lois sans écouter notre avis.
N'oubliez pas qu'ils ont tué plus
de 400 étudiants noirs l'an dernier.
On doit se serrer les coudes.
Unissons-nous en une seule voix
et faisons savoir à l'homme blanc
que le tour de manège gratuit
sur le dos du travailleur noir
est terminé une fois pour toutes.
Attendez! Nous avons
une surprise pour vous.
C'est un homme modeste,
mais écoutez ce qu'il a à vous dire.
Écoutez-le.
C'est la plus grande réunion
illégale que j'ai jamais vue!
J'ai écouté le dernier orateur
et je suis d'accord.
Nous allons changer l'Afrique du Sud!
Il nous reste à décider
de la meilleure tactique.
Car aussi en colère
que nous ayons le droit de l'être,
n'oublions pas
que nous luttons pour tuer l'idée
qu'une race d'hommes
est supérieure à une autre.
Et tuer cette idée
ne concerne pas que le Blanc.
Nous devons cesser
d'en attendre quelque chose.
La communauté noire
doit s'emplir de sa propre fierté.
Nous devons enseigner
à nos enfants notre histoire,
leur parler de nos héros,
de notre culture,
pour qu'ils affrontent l'homme blanc
sans penser qu'ils sont inférieurs.
Et là, ce sera le face-à-face
que le Blanc aura choisi.
Conflictuel s'il le veut,
mais la main tendue aussi,
pour montrer qu'on peut bâtir ensemble
une Afrique du Sud où il fait bon vivre.
Une Afrique du Sud
d'hommes égaux, Noirs ou Blancs.
Une Afrique du Sud aussi belle
que cette terre, aussi belle que nous.
C'est lui qui a fait le discours.
Assis.
Je ne suis pas
un adepte de la violence, De Wet,
mais ne commettez pas
l'erreur de me manquer de respect.
Ne me dis pas
ce que je dois faire, négro.
T'as quitté ta résidence surveillée?
T'as prononcé un discours?
Tu ne seras pas un témoin au procès.
Tu seras au banc des accusés
avec tous tes amis.
Pour incitation à la haine raciale.
Selon qui? Quel est son nom?
Vous n'allez pas m'envoyer
devant un tribunal de Pretoria
sur le témoignage d'un indic qui m'a
identifié dans une boîte en carton?
Tout le monde sait que ces gens-là
disent ce que vous voulez entendre.
Tu es un véritable poison, Biko
et je veillerai à te faire enfermer.
Pas sur la base d'une déposition bidon.
Ne faites pas ça!
Non!
Il doit comparaître
comme témoin devant la défense.
On ne veut pas
qu'il ait l'air d'avoir été maltraité.
Tu as de la chance, Biko.
J'attends qu'on me traite
comme vous aimeriez l'être.
Toi et tes idées généreuses.
Si ces idées vous font peur,
arrêtez tout de suite.
Jamais.
Mais enfin,
de quoi avez-vous aussi peur?
Essayez et vous verrez
qu'il n'y a rien à craindre.
On est aussi fragiles
et humains que vous.
Un jour, on te prendra sur le fait
et on verra à quel point tu es humain.
Je cite:
"Je crois en une Afrique du Sud
où Noirs et Blancs cohabiteraient."
Ce sont vos propres termes.
Que voulez-vous dire par là?
Ça veut dire que moi
et ces messieurs au banc des accusés,
nous croyons
en une Afrique du Sud pluraliste,
à laquelle tous les éléments
de la communauté contribueraient.
Êtes-vous familier
avec le jargon des documents
dont les accusés ont débattu
avec les groupuscules noirs?
Oui, car la plupart
ont été rédigés par moi.
Comme celui dénonçant avec inquiétude et
dégoût le terrorisme nu du gouvernement?
- C'est exact.
- Vous parlez de "terrorisme nu".
Croyez-vous vraiment
que cette assertion soit valable?
En tout cas, elle est plus valable que
les charges retenues contre ces hommes.
- Vous croyez?
- Oui. Je ne joue pas sur les mots.
Je parle de la violence avec
laquelle la police matraque les Noirs,
les bat à mort.
De la police qui tire
sur des personnes non armées.
De la violence indirecte
qui consiste à affamer les Noirs.
De la désespérance,
de la désolation des camps de transit.
À mon avis,
ça constitue un acte de terrorisme
plus grave que leurs paroles.
Mais c'est eux qu'on accuse
et pas la société des Blancs.
Lorsque vous ou d'autres
représentants de la conscience noire
dites: "Nos vrais leaders ont été
assignés à résidence ou emprisonnés".
À qui faites-vous référence précisément?
Je fais précisément référence
à des gens tels que Mandela, Sobukive
ou encore Govan Mbeki.
Et n'est-il pas vrai
que le point commun de ces gens
est le fait qu'ils ont prôné
la violence contre le gouvernement?
Leur point commun
est qu'ils ont, avec abnégation,
fait avancer le combat de l'homme noir.
Donc, votre réponse
à ce prétendu "terrorisme nu"
est d'attiser la violence
dans la communauté noire?
Non, notre mouvement est pacifiste.
Mais vos écrits invitent
à une confrontation directe!
Exact. Nous exigeons la confrontation.
N'est-ce pas
une incitation à la violence?
Nous nous confrontons bien
et je n'y vois aucune violence.
Mais il n'apparaît
nulle part dans vos écrits
que le gouvernement blanc
a pris des mesures concrètes.
Il en a pris si peu
que je préfère ne pas en parler.
Admettez qu'une telle approche
envenime le racisme anti-blanc.
Les Noirs ont conscience
des épreuves qu'ils endurent,
ou de ce que le gouvernement leur fait.
Nous voulons qu'ils arrêtent
de subir et les faire réagir.
Les gens ne doivent pas céder
devant les épreuves de la vie.
Il faut trouver un moyen, même dans
ce contexte, de développer l'espoir.
L'espoir pour soi,
l'espoir pour ce pays.
Je crois que c'est le fondement
de la conscience noire,
sans aucune référence à l'homme blanc.
Nous tentons de donner
un sens à notre propre humanité,
de trouver notre vraie place
dans le monde.
Coupe le fil du téléphone.
Va les aider à finir.
Que ça leur serve de leçon,
à ces bâtards.
Ce qu'il fait chaud!
Donald, va voir Kruger.
Il dit qu'il sanctionnera
les abus policiers. Prenons-le au mot.
Kruger? Il va plutôt les faire décorer.
Quels que soient ses préjugés,
il ne peut pas laisser passer ça.
Vous croyez? Je vous parie
qu'il trouvera une bonne excuse.
Vous être certain
que c'était le commissaire De Wet?
Où est Steve?
Il est allé à l'hôpital
pour détourner la surveillance.
Il ne voulait pas
qu'on vous voie parler avec Dilima.
Prends l'avion pour Pretoria.
Ici, la police
ne fera que te rire au nez.
Vous avez trouvé le chemin.
Bonjour.
J'arrive chez le ministre
de la Police et pas un vigile en vue!
Peut-être pas en vue,
mais si vous n'étiez pas attendu...
Entrez. Je prenais un verre.
Vous m'accompagnez?
- Avec plaisir. Vous buvez quoi?
- Un whisky.
Ce sera parfait. Je tiens à vous
remercier de me recevoir le week-end.
Je vous en prie.
J'aime bien aider
la presse quand je le peux.
Alors, qu'est-ce qui vous amène?
Asseyez-vous.
Merci. C'est au sujet de Steve Biko.
Biko? Mon Dieu!
Je sais tout à propos de Steve Biko.
Je ne comprends pas
pourquoi il est proscrit.
Vous avez besoin
d'un interlocuteur noir.
Il est inutile que je vous dise
que ce pays a un problème certain.
Vous pensez que je suis pour l'astreinte
à résidence et la détention sans procès?
Je suis avocat
et je le fais à contrecoeur.
Venez. Je veux
vous montrer quelque chose.
Nous, les Afrikaners,
sommes arrivés en 1652.
Soit 200 ans avant
l'invention de la photographie.
Et pourtant, regardez.
La conquête des grands espaces.
Les fermes agricoles.
Les camps où les Britanniques ont mis
nos familles durant la guerre des Boers.
L'exploitation de la terre.
La construction des villes.
Toutes les familles afrikaners
vous montreraient la même chose.
Nous n'avons pas colonisé ce pays,
nous l'avons construit.
Mon grand-père Johannes,
un buveur invétéré!
Vous croyez
qu'on va abandonner tout cela?
C'est ce que Monsieur Biko souhaite.
C'est un pays de Noirs, dit-il.
Il a été construit autant à la sueur
des Afrikaners qu'à celle des Noirs,
qui sont d'ailleurs
venus nous demander du travail.
On n'a obligé personne à travailler.
Ils n'avaient pas le choix,
car vous leur aviez pris leurs terres.
Vous n'allez pas nier que leur labeur
a contribué au succès de notre économie.
Ne croyez pas que je ne comprenne pas
leur point de vue. Au contraire.
Il y a un moyen
de travailler et vivre ensemble
et nous tâchons de le trouver.
Peut-être pas assez vite pour certains.
Mais il est inutile que votre M. Biko
leur donne de faux espoirs.
Nous n'allons pas nous allonger
et nous laisser faire.
Faites-moi confiance.
Allons à l'ombre. J'en sais
bien plus sur Steve Biko que vous.
C'est à son sujet
que vous vouliez me voir?
- À vrai dire, non. C'est...
- Mais si vous me le conseillez,
si vous croyez que c'est utile,
je veux bien envisager de le rencontrer.
- Alors, ce whisky?
- Parfait. Vous devriez le voir.
Vous le trouverez plus modéré et
plus intelligent que vous ne le pensez.
Mais je suis venu vous parler d'un
incident qui a eu lieu dans un centre
que Biko essayait de mettre en place.
Le bâtiment a été saccagé
la nuit dernière.
J'en ai entendu parler.
Ma police mène l'enquête.
C'est l'oeuvre de votre police.
Qu'est-ce qui vous fait dire ça?
Un témoin oculaire
a vu l'un de vos commissaires
et certains de ses hommes
saccager l'endroit.
Il est prêt à témoigner?
Il a peur de le faire.
Je pensais que ce serait plus efficace
si vous preniez des mesures internes.
Vous avez déclaré être contre
toute infraction commise par vos hommes.
Mon Dieu, bien sûr.
J'apprécie votre attitude.
Je vous garantis
que je mettrai ça au clair.
Je ne veux pas
de voyous dans mes services.
Ne soyez pas si étonné.
Nous ne sommes pas aussi monstrueux
qu'on le prétend parfois.
Laisse, Evalina. Je vais répondre.
Arrête, Charlie.
- Monsieur Donald Woods?
- Charlie!
C'est moi, Donald Woods.
Vous vous êtes plaint
auprès du ministre de la Police.
Oui. C'est exact.
- Viens, Charlie.
- C'est rapide. Je ne l'ai vu qu'hier.
Vous avez un témoin
de ce prétendu délit?
J'ai expliqué à M. Kruger qu'il désire
garder l'anonymat, mais il y en a bien...
Vous avez signalé un délit, or
la loi vous oblige à nommer le témoin.
- Non, vous ne comprenez pas.
- Vous devez nommer votre témoin,
sinon ce sera la prison
tant que vous ne le faites pas.
C'est la loi.
Je ne tiens pas à déranger
M. Kruger pour lui dire que deux...
Dites-le à qui vous voulez.
Nos ordres nous parviennent du sommet.
Kruger.
Je n'ai pas cité Monsieur Kruger.
J'ai seulement dit du sommet.
La prochaine fois, venez avec un mandat.
- La loi est de notre côté.
- La justice, du mien.
On verra qui l'emportera au procès.
Et dites à M. Kruger de venir
prendre un whisky chez moi un jour.
Steve!
- Reste là.
- Reste au milieu, on va te cacher.
Non. Ça va, les amis. Ça va.
T'as un jeu de voyou, Biko!
C'est un prêtre qui m'a appris à jouer.
Qu'est-ce que tu espères?
Tu es seul?
- Qui t'a dit où me trouver?
- Ta femme.
Elle ne m'a pas dit
où la police croyait où tu étais.
On a passé un coup de fil bidon
disant que je passerai l'après-midi
à revoir la comptabilité à la clinique.
J'ai reçu mon assignation aujourd'hui.
Ça va aller jusqu'au procès.
Six mois pour refus
d'identifier un témoin.
Ils essaient de briser notre amitié.
Quelques mois de prison,
c'est peut-être ce qu'il te faut
pour prouver ta crédibilité
d'activiste en herbe.
C'est un vieux prof de droit,
Harold Levy, qui me défendra.
- Le meilleur.
- T'en veux une?
Oui, merci. Je ne donnerai jamais
le nom de Dilima, quoi qu'il arrive.
- Mais Kruger ne plaisante pas.
- Jamais quand il s'agit de nous.
Un jour, nous serons
le satané système de ce pays.
Beaucoup d'entre nous mourront pour rien
si notre système n'est
qu'une version noire du leur.
Ça me conviendrait.
Un flic, par définition,
reste toujours un flic, Soga.
Il brisera les mêmes têtes
pour les mêmes raisons.
Et remplacer une noire par une blanche
ne mérite la mort d'aucun enfant.
Peu importent les six mois
de prison de M. Woods!
- C'est bien la bonne maison?
- J'en suis sûr.
On a lieu de croire que vous possédez
des documents de nature subversive.
Nous avons ordre de fouiller les lieux.
Vous avez un mandat?
Très bien.
Amenez-le-moi devant la fenêtre
pour que je le lise.
Rajoute aussi l'article de Mapetla.
Bien.
Pouvez-vous le tenir plus haut?
Parfait.
Tournez la page, je vous prie.
Vous pourriez lire un peu plus vite?
Il me semble en règle,
mais vous ne trouverez rien chez moi.
On verra.
D'accord. Dès que ma femme
sera présentable, je vous ouvrirai.
Là-dedans.
Allez, on s'en va.
Je vous l'avais dit.
On reviendra.
Il est temps de les sortir de là!
Bref, le procureur
termine son réquisitoire
et toute l'assemblée pensait
que j'étais bon pour la prison.
Alors tu vas aller en prison, papa?
Ça te ferait plaisir, hein?
Non, parce que l'oncle Harold
a commencé son contre-interrogatoire.
Il a fait remarquer que l'énoncé
de l'accusation n'était pas conforme,
que les dates étaient toutes erronées
et que les précédents cités faisaient
référence à de toutes autres affaires.
Tais-toi, Charlie!
Contrôle de laisser-passer.
Laissez la porte ouverte.
Donald, ils sont chez Evalina!
C'est la police.
Ils s'en prennent à Evalina.
- Où vas-tu?
- Jane, monte chez Mary.
D'accord, papa.
Charlie! Donald...
- Qu'est-ce que vous foutez ici?
- On veut voir son laisser-passer.
- Laissez, patron.
- À cette heure?
C'est l'heure où leurs amants sont là.
Vous vous adressez à une femme mariée!
Patron, je vais le chercher.
- On demande à cette femelle bantoue...
- Femme! Salopard.
C'est une femme,
pas une femelle bantoue!
On interroge les Bantous
quand on veut. C'est notre boulot!
Elle pourrait cacher un clandestin.
Vous êtes dans ma propriété!
Vous vous prenez pour un grand
journaliste qui peut tout se permettre.
Je suis plutôt un homme
qui découvre deux intrus dans sa cour.
Patron...
- On en reparlera.
- Foutez le camp!
- Ça va?
- Oui, patron. Merci.
Dis à Sipo d'amener
les petits quand tu veux.
Oui, patron.
Tu es fou, Donald.
Je tremble comme une feuille.
- Achète-t'en une à la fraise!
- Oui, mais dans ce cas,
tu n'aurais pas
pu déguster mon chocolat.
Je voulais juste être prévenant.
Tu goûtes à la mienne
et je goûte à la tienne.
Qu'y a-t-il?
Ken. Sois prudent!
Ils veulent l'effrayer
pour l'éloigner du journal.
En tout cas, ils mettent la pression.
J'ai peur qu'ils en fassent
un exemple pour qu'aucun autre Noir...
- Mon Dieu, mais tu es fou?
- Je veux des nouvelles de Mapetla.
- En venant chez les Blancs?
- C'est mon pays. Je vais où je veux.
- Il a appris pour Mapetla.
- Vous êtes venu en voiture tout seul?
Non. Peter m'a conduit.
J'ai mis Harold Levy sur l'affaire,
mais ils n'ont rien voulu lui dire.
Assieds-toi.
Si tout va bien,
j'irai au Cap d'ici quelques jours.
Si j'en reviens sain et sauf,
j'écrirai un article sur l'arrestation.
Tu pourrais le publier?
- Le Cap, Steve...
- Tu es complètement fou!
Il va y avoir un meeting
d'étudiants noirs. Un meeting important.
Et avant qu'ils ne prennent
position, je veux leur parler.
Bien, on va publier
l'arrestation de Tenjy.
Elle fera la une.
Qu'y a-t-il, patron?
Mapetla est mort.
Il se serait pendu dans sa cellule.
Je vais changer la première page.
- Donald Woods.
- Allô, Donald.
J'ai du nouveau.
La veille de la mort de Mapetla,
la police a montré à un autre prévenu
un mannequin de Maptela pendu.
Merde.
Steve, je ne sais pas quoi dire.
Dis simplement
qu'un jour justice sera faite.
Et espérons
qu'elle ne punira pas d'innocents.
Ne pars pas au Cap.
C'est trop dangereux.
C'est un pays dangereux.
Les clés et les papiers.
Impossible d'ouvrir cette saloperie.
- Qu'est-ce qu'il y a dedans?
- Rien.
Un problème?
Il y a quelque chose dans le coffre.
Sortez.
Papiers.
Comment tu t'appelles, négro?
- C'est écrit sur les papiers.
- Dis-le!
Dis ton nom!
Bantou Stephen Biko.
18 AOÛT 1977
11 SEPTEMBRE 1977
Je crois...
Il devrait voir un spécialiste.
Il pourrait simuler, non?
Le réflexe plantaire d'extension
indique une éventuelle lésion cérébrale.
Il ne simule pas?
Un réflexe ne se simule pas.
Et la ponction lombaire
que le docteur Hersch a faite
révèle un excès de globules rouges
dans le liquide céphalorachidien.
Ce qui est le symptôme...
Il est possible qu'il ait
un grave traumatisme cérébral.
A-t-il mangé, sergent?
Est-il allé aux toilettes?
Non, pas aujourd'hui.
Il doit voir un spécialiste.
On va le transférer
à l'hôpital de la police de Pretoria.
Mais c'est à plus de 1100 km!
Il pourrait s'évader de l'hôpital ici.
Je le veux dans un hôpital de la police.
Ouvrez!
Allez par étapes jusqu'à Pretoria
et laissez toujours un homme avec Biko.
PRETORIA - 12 SEPTEMBRE 1977
STEVE BIKO MEURT EN DÉTENTION
La mort de Biko me laisse froid!
Il est mort
suite à une grève de la faim.
Monsieur le Président!
Je rends hommage à l'esprit
démocratique du ministre
qui donne aux prisonniers
le droit de se laisser mourir de faim.
Je suppose qu'on devrait
se sentir affligé pour toute mort.
Je suppose que je serai
affligé de ma propre mort.
Comment avez-vous eu la permission?
Je ne l'ai pas demandée. Ils auraient
été capables de transférer le corps.
J'ai consulté les textes de loi.
Ils n'oseront pas nous l'interdire.
C'est une affaire particulière.
Il n'y a pas encore eu d'enquête.
- Je crains que ce soit impossible...
- C'est faux. La loi est très claire.
Les proches ont
le droit de voir le défunt.
La mort de M. Biko a déjà fait
assez de tapage dans la presse,
mais si vous voulez créer un autre
incident qui fasse la une, allez-y.
Steve...
Qu'est-ce qu'ils t'ont fait?
Dépêchons-nous, Ntsiki,
avant qu'il ne prévienne la police.
Ne vous laissez pas intimider par eux.
À toi.
Sous tous les angles.
Le corps entier.
Wendy et vous viendrez
à l'enterrement, n'est-ce pas?
Est-ce que ses autres amis...
Serons-nous les bienvenus?
Oui, Donald.
Vous êtes notre frère
et Wendy est notre soeur.
CONVENTION DU PEUPLE NOIR
Nous sommes ici pour pleurer
un des grands hommes d'Afrique.
Pouvoir!
J'aimais Steve Biko,
mais je hais le système qui l'a tué!
Même aujourd'hui,
jour où l'on enterre Steve Biko,
avec leur arrogance, les Blancs
ont repoussé des milliers d'entre vous
venus rendre un dernier hommage à Steve.
Mais nous sommes là!
Je hais le système, mais je souhaite
la bienvenue à tous les Sud-africains
venus pleurer l'homme
qui nous a donné foi
en la nation
que pourrait être l'Afrique du Sud.
La nation que sera l'Afrique du Sud
quand tous les hommes seront considérés
égaux au sein de la famille de Dieu.
Dans l'attente de ce grand jour
où notre isolement source d'hostilité
deviendra une proximité
permettant l'amitié et l'amour,
chantons cet hymne d'Afrique que
Steve Biko chérissait autant que nous.
Vous comprenez les paroles?
Elles disent: "Dieu bénisse l'Afrique.
Puisse-t-elle s'élever vers les cieux."
"Qu'il entende nos prières
et nous bénisse."
Pouvoir!
UNE SEULE NATION
Biko est mort des suites
d'une grève de la faim.
On a tenté de le nourrir par
perfusion, avec un tube dans le bras.
Je n'y connais rien.
Je ne suis pas médecin.
C'était le ministre de la Police,
M. Kruger, interviewé à son domicile.
Oui, allô.
C'est toi, Donald?
Espèce de vendue.
Tu aimes les nègres, salope.
On sait que tu es seule, on arrive.
Maman, je n'arrive pas à dormir.
C'était papa?
Non.
Encore des menaces?
La police?
Ce sont les seuls capables de faire ça.
Quand papa rentrera de Johannesburg,
on devrait enregistrer les appels
et publier leur contenu dans le journal.
Il y aurait pas mal
de passages censurés.
Bon, je descends faire du café.
Non, reste là.
Qu'est-ce que c'est?
- Tu veux qu'on appelle quelqu'un?
- Ne bougez pas d'ici.
QUARTIER GÉNÉRAL DE BIKO
Crois-moi, après 30 ans de service,
on les reconnaît au 1er coup d'oeil.
- Dis à Donald...
- Tiens, oncle Don, une autre.
Toujours du calibre 32.
Attendez son retour. Je prouverai
que c'est l'oeuvre de mes ex-collègues.
- Ça changera quoi?
- Rien.
Au moins, ils sauront qu'on sait.
Maman! Une balle a traversé ta fenêtre.
Tu as raison.
Tes discours les rendent nerveux.
Tu devrais lire
la presse afrikaans au Cap.
Tu sèmes la zizanie à l'étranger
et ils ne vont pas te rater.
Donald, tu sais ce que j'en pense.
C'est de la folie.
Même s'ils te laissent sortir,
crois-moi,
ils t'arrêteront à ton retour.
J'aurais fait pareil.
Ici ou là-bas, on va
les obliger à mener une enquête.
J'y serai intouchable et une conférence
aux États-Unis leur mettra la pression.
Si vous étiez avocat et que vous
vous appuyiez sur la loi, là d'accord.
Mais vous allez parler de Biko
et ils ne laisseront pas passer ça.
Écoutez, Kruger a menti.
Si nous le dévoilons, ils devront avouer
la vraie cause de la mort de Steve.
Je pars.
Si l'un de vous veut rester avec
Wendy et les gosses, ça me rassurera.
Et plus on me fera de publicité,
plus je serai à l'abri.
19 OCTOBRE 1977
Je t'appelle dès que j'arrive.
Dr Steiner en partance pour Paris
est attendu au guichet de 1ère classe.
- Donald Woods?
- Oui.
Nous sommes du service de sécurité.
Vous voulez bien nous suivre?
Dernier appel d'embarquement
pour le vol British Airways...
Ne vous en faites pas.
Vous ne partirez pas sur ce vol.
- Mais mes bagages...
- Nous les avons fait enlever.
Monsieur Donald James Woods
est assigné à résidence
au titre de la loi sur la sûreté intérieure.
En conséquence,
et ce pour une durée de 5 ans,
il vous est interdit de rencontrer
plus d'une personne à la fois
ou d'être dans une pièce
avec plus d'une personne à la fois,
exception faite des membres
de votre famille proche.
Il vous est interdit d'écrire,
que ce soit à titre éditorial ou privé.
Il vous est interdit d'entrer
dans tout lieu où l'on publie des écrits.
Vous êtes assigné à résidence
pour 5 ans dans le district d'East London.
Kruger a vraiment pété les plombs.
SYMPATHISANTS DE BIKO RÉDUITS AU
SILENCE. DATE D'ENQUÊTE ANNONCÉE
Vous prétendez savoir
ce qui est arrivé à Steve Biko.
J'ai vu son cadavre.
Concernant les photos
que vous avez saisies,
14 jeux complets sont déjà parvenus
à l'agence World Press.
Alors m'arrêter et me proscrire
est une grossière erreur.
Le ministre de la Police a garanti
qu'il éluciderait la mort de Steve Biko.
J'ai deux enfants en bas âge
et je pense à leur avenir.
Dites-moi, que feriez-vous à ma place?
J'ai des enfants aussi.
Mais le temps où une poignée de Blancs
gouvernait un pays noir est révolu.
Ça va changer, qu'il y ait
entente ou bain de sang.
Pour nos enfants,
j'espère que ce sera l'entente.
Avec des gens comme Biko?
Que Dieu fasse
qu'ils soient tous comme lui.
Je vous aurais reçu dans l'église,
mais comme vous le savez,
je ne peux voir
qu'une personne à la fois.
Et le système, c'est-à-dire la police,
est juste de l'autre côté de la rue.
Vous jouez avec le feu.
La maison est sur écoute.
Au moindre lapsus,
descente surprise et...
Votre livre sur Steve
représente une trahison.
Si j'étais pris à le sortir en fraude,
on finirait comme Nelson Mandela,
ou même... vous savez, comme Steve.
- Et personne n'en saurait rien.
- J'ai donc fait tout ça pour rien?
Je pense que vous devriez
détruire ce que vous avez écrit
ou alors quittez
l'Afrique du Sud avec le manuscrit.
Non seulement pour...
mais aussi pour vos enfants.
Quitter ce pays? Définitivement?
En clair,
c'est l'un ou l'autre.
Comment ça, quitter le pays?
Bruce a contacté
un éditeur en Angleterre.
Il veut mon bouquin.
Le père Kani a raison.
Une fois publié, le gouvernement
verra ça comme une trahison.
On ne peut pas rester.
Je n'arrive pas à le croire!
Parce que tu veux publier ton livre,
tu vas arracher
tes enfants à leur école,
à leurs grands-parents, à leur vie?
Et t'es-tu demandé
ce que j'aimerais faire?
On dé*** ces salauds qui sont
au pouvoir, mais ça reste notre pays.
Alors que veux-tu faire?
Accepter la mort de Steve? Les actes
du gouvernement, actuels et futurs?
Que veux-tu faire de plus?
Tu les as forcés à te proscrire.
Tu te crois si puissant
pour tout chambouler tout seul?
Je ferai le maximum. Je refuse
de rester passif pendant 5 ans!
Et nous?
Que ferons-nous? Où irons-nous?
Nous avons 5 enfants
et on ne sortira pas un sou d'ici!
Je te connais.
T'es capable de sacrifier ta famille
rien que pour voir Woods sur un bouquin!
Et tu te sers
de la mort de Steve comme prétexte.
Merde!
- Jane, je peux y retourner?
- Non, Mary. Va te sécher.
On peut en parler?
Désolée d'avoir été si cruelle.
Non, tu as raison.
Je veux publier ce bouquin.
C'est vrai.
Mais si Steve...
..si Steve est mort pour rien,
si son nom tombe dans l'oubli...
Pour qui te prends-tu? Dieu?
Non, mais personne ne connaît Steve et
son histoire comme moi. C'est un fait.
Nous sommes sept.
Tu as 43 ans.
Un livre ne changera rien.
Tu crois
qu'ils vont nous laisser partir?
On pourrait être tués en nous enfuyant
et ton livre ne serait jamais publié.
Viens, les enfants vont s'inquiéter.
Je ne suis pas Dieu,
mais on connaît maintenant
le vrai visage de ce pays.
On ne peut pas l'accepter et attendre
que Dieu vienne changer les choses.
On doit faire ce qu'on peut.
Ce bouquin est ma façon d'agir.
- Bonjour.
- Merci. C'est pour nous.
Maman, papa, c'est un cadeau!
- On peut l'ouvrir?
- S'il est pour vous, bien sûr.
- Merci.
- C'est quoi, tout ce raffut?
Il y a une photo de Steve.
- C'est quoi? Un t-shirt?
- Tiens, Mary.
Je suis sûre qu'il me va.
Wendy.
- Il y a le nom de l'expéditeur?
- Non, papa.
- Il devient une légende.
- Maman! Papa!
Qu'est-ce qu'il y a?
Mes yeux!
Appelle le docteur James. Vite!
J'ai les mains qui grattent.
- Ça va aller. Ce n'est rien.
- Qu'est-ce qu'elle a?
- Une sorte de brûlure. Je ne sais pas.
- Enlève-lui sa robe.
- Mes mains me brûlent!
- Monte et passe-les sous l'eau.
Tu as entendu Evalina? Dépêche-toi!
C'était Don au téléphone.
Il dit qu'il a la preuve irréfutable
que c'est l'oeuvre de la police.
Comment ont-ils pu lui faire ça?
Ton livre doit être publié.
- Bruce.
- Tu m'as fait une de ces peurs!
Je t'attendais de l'autre côté.
Si je sors par là,
ils savent où je suis et avec qui.
- Bien vu.
- En tous cas, ils ne m'ont pas vu.
Tu devrais signaler
qu'ils font mal leur boulot.
Tu es bien ***.
Aurais-tu de bonnes nouvelles?
Oui, il est périmé,
mais on l'a réactualisé.
Il ne te fera pas quitter Johannesburg,
mais il sera utile dans la cambrousse.
Révérend David C. Curren? Un Irlandais.
- D'où sort-il?
- Le père Kani l'a emprunté!
Le père Curren aurait sûrement marché
mais par sécurité, on lui dira après.
Cheveux noirs. À part ça,
dans la pénombre, ça devrait passer.
Tu es sûr que nos emmerdeurs
ne nous suivent pas?
- Il n'y a rien à craindre.
- Bien.
Dans un trou pareil,
on risque de se perdre.
Consultons la carte.
Pour l'avion
jusqu'au Botswana, c'est râpé.
- Il le faut, sinon comment...?
- Impossible, on a essayé.
On n'obtiendra jamais assez
de kérosène sans éveiller de soupçons.
On va te faire sortir par le Lesotho.
Le soir de la Saint Sylvestre sera idéal,
tout le monde sera cuité.
Tu te déguises en père Curren et
tu arrives ici, au nord de Queenstown.
Kani te conduira
à la mission Sainte Thérèse.
C'est un couvent près de la frontière,
alors deux prêtres, c'est parfait.
Là-bas, Kani sait
que la frontière est une rivière.
Tu peux la traverser
à gué à pleins d'endroits.
Un prêtre qui traverse
la frontière à gué?
Tu feras ça de nuit. Je t'attendrai
ici pour te conduire à Maseru.
La police n'y verra que du feu.
De là, vous vous envolez tous
pour le Botswana.
La compagnie appartient à un Canadien
et les pilotes sont néo-zélandais.
Mon seul regret est
de te procurer le scoop de ta vie.
Petit con!
Je ne t'ai pas attendu pour en avoir.
Pourquoi aller si loin
avant de retrouver le père Kani?
L'État croit que des armes
sont acheminées par ces routes.
Ne t'inquiète pas pour eux.
Toute voiture quittant le district
est systématiquement fouillée.
Il y va pour récupérer
une voiture locale.
Kani est un sacré mec.
Pour un Noir, faire ce qu'il fait...
Je suis conscient
des risques qu'il prend.
Et comment je vais arriver
jusqu'à Queenstown? Ça fait du chemin.
Faites du stop, père Curren!
C'est pas compliqué.
Et si tu te fais prendre,
tu ne feras pas tomber Wendy et Kani.
À cinq heures, tous les policiers
se prépareront à fêter le nouvel an.
Vous ferez du stop
jusqu'au point de rendez-vous.
Ce devrait être facile
si vous ne partez pas trop ***.
Et si on me téléphone
et que je ne suis pas là? Le plan...
Nous dirons que vous êtes allé
vous coucher complètement soûl.
Personne ne se méfiera.
Le lendemain, Wendy ira à la plage.
Mais en réalité,
elle ira chez ses parents à Umtata.
Si vous réussissez, vous l'appelez
dès que vous arrivez au Lesotho,
à dix heures
ou quand vous l'aurez convenu.
Elle emmène les enfants à la frontière
avant qu'ils ne puissent l'intercepter.
Si vous échouez
et que vous n'appelez pas,
elle fait demi-tour
et rentre à la maison
pour qu'on ne puisse pas
l'accuser de complicité.
Si j'y arrive,
c'est vous qu'ils vont soupçonner.
Peut-être, mais en tant qu'homme
d'église, ils n'auront pas de preuves.
Et dans mon cas, il leur en faudrait.
JOUR DE LA SAINT SYLVESTRE 1977
- On pourra rester debout ce soir?
- Demande à maman.
Viens, Mary!
On pourra rester debout
jusqu'à minuit si on est en pyjama?
- On verra. Montez dans la voiture.
- Allez, Charlie. Monte!
Duncan, ta glace est en train de fondre.
Charlie, arrête de me lécher.
Si vous êtes sages, vous pourrez
regarder des vidéos jusqu'à minuit.
Est-ce que papa
les regardera avec nous?
Je pensais que vous aimeriez
inviter Alan et Greg.
Ne comptez pas sur papa.
Vous savez bien
ce que papa pense de vos goûts.
Papa ne sait pas ce qu'est un bon film.
J'ai vu Alice et Larry à la plage.
Je vais l'appeler pour qu'on se fasse
une partie d'échecs un de ces jours.
Tu es passée prendre le projecteur?
Mince! Les enfants voulaient une glace
et j'ai pris un autre chemin.
On en a même parlé.
J'irai le prendre plus ***.
C'est malin.
Bonne année.
Donald...
Une chance qu'ils soient si prévisibles.
- C'est mon tour!
- C'est pas vrai!
Non, Duncan.
Je n'arrête pas de te le dire. Regarde.
Regardez bien, Gavin, Mary.
On se penche sur la table,
la main à plat.
S'ils te voient, ne dis pas un mot.
Où est Evalina?
Elle est dans sa chambre?
Non.
Je l'ai envoyée chercher
des petits pains. Ça l'a contrariée.
Si je dois aller chercher ce satané
projecteur, autant y aller maintenant!
Vous pouvez nous emmener?
Non. Je ne fais que le déposer
et je retourne en ville.
Pas d'au revoir, père Curren.
Filez et prenez soin de vous.
Merci de m'avoir amené, Mme Woods.
Wendy!
- N'oublie pas le projecteur.
- Le quoi?
- Le projecteur.
- Oh, mon Dieu!
Merci de me le rappeler.
J'avais complètement oublié.
À bientôt.
L'armée, la police... Bien sûr que
je prends des risques. Tout le temps.
C'est quand même bizarre
alors qu'on est dans un pays en paix.
Pendant une guerre, prendre
des risques, ça fait partie du jeu.
Donc, nous sommes en guerre.
Je peux vous emmener quelque part?
Avec plaisir, monsieur.
Jusqu'où allez-vous?
- Près de King William's Town.
- Merci beaucoup.
Je vais justement dans cette direction.
Je vais à Queenstown.
J'irai jusqu'où vous irez.
Ne craignez rien. Il aboie,
mais il n'est pas méchant.
21H25, À 579 KILOMÈTRES DE MASERU
Vous savez mon père, j'ai eu du mal
à vous voir dans vos habits noirs.
Impossible de savoir qui vous étiez.
La prochaine fois,
je me mettrai sous un lampadaire.
Vous pouvez me déposer à Sutterheim?
Si vous restez avec moi
pour traverser King William's Town.
Les jeunes Blancs
auront bu comme des trous ce soir!
Ils pourraient me créer des problèmes,
mais avec un prêtre blanc... En dehors
du nouvel an, c'est une ville sympa.
J'y ai même rencontré
des gens très bien.
Oui, moi aussi.
Les conclusions
du tribunal sont les suivantes:
Premièrement,
le défunt Bantou Stephen Biko,
un homme noir âgé de 30 ans,
est mort le 12 septembre
des suites d'un traumatisme crânien
ayant entraîné une déficience rénale.
Deuxièmement, d'après
les preuves dont nous disposons,
la mort ne serait imputable
à aucun acte ni négligence
de nature criminelle
de la part de qui que ce soit.
Je suis prêtre!
Éloignez-vous de cette camionnette!
Fichez le camp, petits salauds,
ou je vous casse la figure!
Je vais devoir faire
pénitence pour m'être emporté.
Je crois que vous devriez, mais
grâce à vous, j'ai traversé la ville.
Ça veut dire que Dieu est avec nous.
Plus qu'une minute!
Regardez les ballons rouges!
Attention aux bulles, Evalina.
Papa va descendre
se reposer dans la pièce d'à côté?
Non, il est monté se coucher et
tu feras pareil dans un quart d'heure.
7... 6... 5... 4... 3... 2...
1... Bonne année!
Te voilà!
- Bonne année, Evalina.
- Bonne année.
- Bonne année, Evalina.
- Bonne année.
STUTTERHEIM
À 523 KILOMÈTRES DE MASERU
- Montez, mon père.
- Pourquoi? J'étais juste...
On nous a dit que vous étiez
en route pour Queenstown.
On doit justement couvrir ce secteur.
Si on ne rencontre pas d'ennuis,
vous y serez dans quelques heures.
C'est parfait. Que Dieu vous bénisse.
- Vous allez à la mission?
- C'est exact.
Si ce n'est pas urgent, à votre place,
je passerais la nuit à Queenstown.
- Je tomberai bien sur quelqu'un.
- Peut-être sur des terroristes noirs.
- Par ici? À l'est du Cap?
- Bien sûr.
Charlie, tais-toi.
2H30, À 402 KILOMÈTRES DE MASERU
Monte! Poussez-vous, mon père.
Vous voulez toujours
continuer après Queenstown?
Démarre.
Pourquoi utilisez-vous
des slogans comme "fier d'être noir"?
Parce que le terme "noir"
a toujours une connotation négative.
"Le marché noir",
"le mouton noir de la famille".
Tout ce qui est censé être mal.
Alors pourquoi utiliser ce mot?
Pourquoi vous définir comme noir?
Votre peau est plus brune que noire.
Pourquoi vous vous dites blanc?
Votre peau est plus rose que blanche.
Précisément.
Ici?
Oui, c'est parfait.
Merci beaucoup.
Je vous attends depuis 3 heures.
Dépêchez-vous, montez!
Le jour va se lever.
- C'est vrai que ça vous change.
- C'est mon voyage qui m'a changé.
Quand je n'avais pas la peur au ventre,
je savais qu'elle me guettait.
Allez, démarrez!
5H20, LA RIVIÈRE TELLE
- Quand devez-vous appeler?
- À 10 heures. Sinon, elle rentre.
Vous risquez 10 ans de prison
si on vous voit avec moi, alors filez.
- Le Lesotho est en face. Je passerai.
- Du calme. Vous me rendez nerveux.
Merde, le sac s'est déchiré.
On dirait que notre plan
n'était pas tout à fait au point.
On a fait ce qu'il fallait. Je dois
trouver un endroit où traverser. Filez!
Si ça tourne mal,
allez voir l'un des nôtres.
Servez-vous du nom de Steve.
Pouvoir!
S'il ne pleut plus,
vous pourrez traverser ce soir.
Je ne peux pas attendre,
je dois y aller maintenant.
- Le pont du Telle est-il loin?
- À 15 ou 16 kilomètres.
- Vous ne passerez pas.
- Avec mon faux passeport, peut-être.
Y a-t-il une personne
de confiance qui ait une voiture?
Je me fais confiance
et j'ai une voiture.
Vous, le grand rédacteur en chef,
Donald Woods, vous vous évadez!
Les Boers vont faire dans leur froc!
Vous allez réussir votre coup.
Les Boers vont faire dans leur froc!
Kruger va faire dans son froc!
Vorster va faire dans son froc!
Botha va faire dans son froc!
- Voilà, on est arrivés.
- Où est la frontière?
Là, en bas.
- Ça vous aidera.
- Merci.
Ne perdez pas une seule page.
Quand tout aura changé, je reviendrai
et on se boira une bière tous les deux.
Je vous attendrai.
C'est fermé?
- Oui.
- Ça devrait être ouvert, il est 7h.
- Pas tout à fait.
- Nom de Dieu!
Désolé, mon père.
Ce n'est rien.
Vous êtes à pied, mon père?
Un de mes amis m'a amené jusqu'ici
et un autre m'attend de l'autre côté.
Je dois être à Maseru
à 10 heures pour la messe.
Ça va faire juste. Avec la pluie,
les routes sont presque impraticables.
Mettez votre sac dans le taco.
Je vais vous faire passer.
Merci. C'est gentil à vous.
Je suis le père... Curren.
- Je m'appelle Moïse.
- Moïse?
- Dis au revoir à Evalina.
- Mais pourquoi?
- Simple politesse.
- Au revoir, Evalina.
Sois sage. Et si le chien me laisse
tranquille, je vous ferai un gâteau.
- Merci.
- Gavin, je t'ai déjà dit...
- Pourquoi on n'emmène pas Charlie?
- Parce que j'ai dit non.
- Au revoir, Evalina.
- À bientôt.
Et comme disent
les Américains: "Bonne journée".
File.
Si je fais un gâteau, j'y mettrai de
la pâte d'amandes car tu n'aimes pas ça.
- Ça va, maman?
- Oui, ça va.
- T'as mis quoi dans les sandwiches?
- Du fromage et des tomates.
- Salut, Evalina.
- Au revoir.
On se verra à notre retour.
Evalina. Je ne trouve pas ma batte!
- Tu as regardé derrière la télé?
- Non!
Va embrasser Evalina et dis
à Dillon d'ouvrir la porte du garage.
- Ne prends pas de coup de soleil.
- Promis, Evalina. Viens, Charlie.
Il reste ici! Va dire
à Dillon d'ouvrir la porte du garage.
- Oui, maman.
- Merci, Evalina.
Charlie, assis!
Maman veut que tu ouvres
la porte du garage.
Mon mari dort encore.
Il a un peu trop bu hier soir.
Si quelqu'un appelle,
note le numéro. Ne le dérange pas.
Evalina, ne m'en veut pas pour Charlie.
Il est intenable à la plage.
Je ne peux pas lire, ni rien faire.
D'habitude, vous l'emmenez.
Une journée sans lui me fera du bien.
Je suis sûre qu'il sera sage.
N'est-ce pas, Charlie?
Au revoir, Evalina.
À tout à l'heure.
La mère et les enfants
ont quitté la maison en voiture.
Contrô*** d'abord le révérend.
On est pressés tous les deux.
Tu es toujours pressé, Moïse.
Remplissez ce formulaire.
Je ne comprendrai jamais
pourquoi il faut 4 jours
à une lettre pour aller
de Queenstown à Maseru.
On passe tant de temps
à poireauter devant votre barrière
que ce n'est pas étonnant.
- Le télex fonctionne à nouveau.
- Bien.
D'après la météo,
il va encore pleuvoir.
On doit contrôler nos fichiers.
Qui sait? La police recherche
peut-être un facteur du Lesotho.
Et vous dites que le courrier est long?
Votre police lit la moitié
des lettres avant de les laisser passer.
Vous croyez qu'on ne sait rien?
Mais on sait tout.
Mon père. Je vous admire
de monter avec lui. Bonne chance.
On y va.
C'est à vous, mon père?
Oui. Quelques habits,
de quoi me raser et une Bible.
Je me disais aussi
qu'il y avait un bouquin.
Que Dieu vous bénisse.
Salut, Moïse.
C'est bon!
Hé, Moïse. Arrête-toi!
Ça ne sera pas long.
Il y a des problèmes de circulation.
J'ai un message pour toi.
L'important, Donald,
c'est de refuser leurs restrictions.
C'est pourquoi les jeunes de Soweto
qui refusent l'enseignement en afrikaans
libèrent leur esprit de chaînes
que personne ne pourra leur remettre.
J'y suis arrivé!
J'ai appris ça quand j'étais petit.
- Papa a voyagé toute la nuit.
- Pourquoi on va chez mamie?
Maman, je n'ai pas mon pyjama.
Ton pyjama est dans le coffre.
Parce que s'il y arrive,
il nous téléphonera, on le rejoindra
et on s'envolera pour l'Angleterre.
Mais que va devenir Charlie?
J'ai laissé un mot à Evalina.
Elle l'emmènera chez les Briceland.
Et que va devenir Evalina?
Je n'en sais rien.
Papa lui a laissé de l'argent.
- Rien?
- Non.
Viens!
Sois béni, mon fils.
Réveille-toi, marmotte australienne!
Seigneur! Je ne t'attendais plus.
Que s'est-il passé?
- Moïse, j'ai trouvé mon ami!
- Bonne chance, mon père.
- Merci! Méfiez-vous des routes.
- Merde, il est 8h30.
- Il faut qu'on file.
- J'ai mis deux heures pour venir.
J'ai poussé la caisse au maximum.
Mais où est la poupée de la petite?
Elle ne s'endormira jamais
ce soir si elle ne l'a pas.
- On n'y arrivera jamais.
- On ne doit pas se faire arrêter.
On dirait
que ça sent le roussi, Charlie.
Il est 9h15. Je ne suis pas
venu jusqu'ici pour faire demi-tour.
Pour l'amour du ciel, dégagez la route!
Pardon. Laquelle est la plus proche,
l'ambassade britannique ou américaine?
Nous sommes un pays du Commonwealth.
Il s'agit d'une légation britannique.
Laquelle est la plus proche?
La légation britannique
est là-bas à droite...
Merci.
Excusez-moi. Je dois voir
le haut commissaire immédiatement.
Je suis Donald Woods, rédacteur en chef
du Daily Dispatch en Afrique du Sud.
Un certain révérend Donald Woods...
Non, non. Je ne suis pas révérend.
Un rédacteur en chef
souhaite voir le haut commissaire.
Oui, monsieur.
Le haut commissaire est à Londres,
mais son remplaçant va vous recevoir.
Merci.
J'ignorais que vous étiez prêtre.
Je ne le suis pas,
mais j'ai besoin du téléphone.
Je vous en prie.
Vous n'étiez pas assigné à résidence?
Si. Dois-je faire un code?
C'est une ligne directe.
Voulez-vous un peu de thé?
Je demande l'asile
politique à votre gouvernement.
Avec la plus grande joie.
Allô? Oh, Donald!
Vous tombez pile! Elle vient d'arriver.
Oui, elle vient
de se garer dans l'allée.
Wendy!
Vous ne vous êtes pas disputés?
Elle est venue avec tous les enfants.
Non, ne dites rien. Elle arrive.
Oh, chéri!
Bonjour, mamie.
C'est Donald.
Quelle coïncidence incroyable!
Vas-y, maman.
Réponds.
Allô, Donald.
Je suis arrivé à l'endroit prévu.
- Viens aussi vite que possible.
- Il est arrivé!
- Allô, Donald?
- Oui.
Nous allons aussi devoir
traverser le pont du Telle?
Oui. Tu devrais normalement
tomber sur des routes praticables.
- Fais vite avant que...
- On est partis.
Je t'aime.
Je suis un prêtre. C'est inconvenant.
Dépêche-toi.
- Je vais prendre l'avion!
- Tous aux toilettes.
- Allez, les garçons!
- Tu as des gâteaux?
Regina, vite. J'ai du mal à suivre,
mais on va avoir besoin de toi.
- Je vais te conduire, ma chérie.
- Merci.
Vous devrez forcément
survoler l'Afrique du Sud
et ils obligent les avions à se poser
sur leur territoire avant de continuer.
Ils ne peuvent pas rester ici, la police
sud-africaine pourrait les intercepter.
Nous espérions rejoindre le Botswana.
Le plus vite serait le mieux.
- C'est à plus de 2h de vol.
- Peuvent-ils nous forcer à atterrir?
Ils ne manquent pas d'avions militaires.
Ma femme et mes enfants seront
au pont du Telle dans quelques heures.
Allons au moins à leur rencontre.
- Avec ce qui tombe? Impossible.
- Ils devront passer la nuit à l'hôtel.
On va leur télégraphier
que quelqu'un les attendra au pont.
Que se passe-t-il?
J'emmène les enfants en vacances.
- Ils sont tous mineurs?
- Oui.
Inscrivez-les sur votre formulaire.
Ce n'est pas le temps idéal
pour des vacances.
Il paraît que le temps change très vite.
Il fera peut-être meilleur en face.
C'est possible.
- Ce n'est pas ma date de naissance.
- T'occupe pas de ça.
Vous n'avez pas indiqué
le prénom de votre mari.
James.
Une initiale intermédiaire?
D.
- Je vous souhaite de bonnes vacances.
- Merci. Venez, les enfants.
Ce fichu code ne marche jamais.
Ils essaient de nous passer une info.
- Je l'ai!
- Formidable.
Dis-leur de ne rien oublier
dans la voiture.
- Tiens. J'ai trouvé ça.
- Je ne n'ai rien pour la pluie.
C'est peu, mais tu ne peux pas arriver
en Angleterre avec 5 gosses sans un sou.
Oh, maman.
Dépêchez-vous!
- Tu nous écriras?
- C'est promis.
Sois prudente. On t'aime.
Au revoir, papy.
- À bientôt, mamie.
- Ça te va bien, Janey.
Prends soin de toi, mamie.
Que Dieu vous bénisse.
J'ai plein d'eau dans le cou!
- Ça va?
- Oui, ça va.
- Ce n'est pas trop lourd?
- Ça ira.
Maman.
Bruce!
Papa!
- J'ai cru que vous n'arriveriez jamais.
- On va monter dans un avion?
Bienvenue en exil.
Occupe-toi de tes gosses.
Je vais téléphoner mon scoop.
- Je vais faire de toi un héros.
- Je te paierai plus ***!
Avec quel argent?
Voici notre bulletin de midi.
Selon un journaliste australien,
le rédacteur en chef
du Daily Dispatch, Donald Woods,
aurait regagné le Lesotho à la nage
en traversant la rivière Telle en crue.
C'est un moment
qu'il faut immortaliser. Souriez!
Et maintenant, filez.
- Monsieur Woods!
- Donald...
- Vérifie que mon sac est bien là.
- Monsieur Woods!
L'Afrique du Sud nous a prévenus
qu'elle refuse le transit de cet avion
et qu'elle l'obligera
à se poser si vous décollez.
Ils bluffent. Auprès des médias,
ça ferait mauvaise impression.
Ils n'ont que faire de la presse!
On le sait bien.
- On a une chance?
- Ritchie est un bon pilote.
Je crois que oui. Mais si vous attendez,
ils auront le temps d'élaborer un plan.
- Si Ritchie est partant, nous aussi.
- Merde!
Des ennuis.
- Bonjour.
- Bonjour.
Nous vous avons procuré
des passeports des Nations Unies.
Et le Premier ministre souhaite
que je vous accompagne. Dépêchons-nous.
- Bonne chance, Mme Woods.
- Montez dans l'avion.
- Salut, Bruce. Sois prudent.
- Envoie-nous une carte postale!
Nous espérons
que ces passeports et ma présence
dissuaderont les Sud-africains,
mais on n'en est pas sûrs.
- On n'a pas mieux.
- Ceintures bouclées?
L'ami de Steve Biko est notre ami.
Dans combien de temps...
Quand survolerons-nous l'Afrique du Sud?
Dans environ trente secondes.
Je ne prends pas la trajectoire prévue,
mais ils doivent s'y attendre.
Roger. Attends.
Ils ont repéré l'appareil.
Ils demandent qui se trouve à bord.
McElrea dit qu'on doit
absolument leur répondre.
Dites-leur: un représentant du Lesotho
et 7 détenteurs de passeports de l'ONU.
Mac.
- Tu as entendu?
- Attention, on est au téléphone.
Oui, je sais. Mais dis-moi,
que disent tes sources?
Les écoliers à Soweto sont en grève
au nom d'une certaine conscience noire.
Ils ont refusé d'apprendre l'afrikaans
et d'être formés pour devenir
les serviteurs de ce système.
Le nom de Biko a été prononcé
à de nombreuses reprises.
C'est le début de la fin.
Change les perspectives des gens
et rien n'est plus jamais pareil.
- Et la réaction du gouvernement?
- Tendue.
Ils ont envoyé
l'armée pour rétablir l'ordre.
Les salauds, ce sont des gosses.
Ils crient un peu fort,
cassent des vitres, mais...
L'AFRIKAANS EST
LA LANGUE DE L'OPPRESSEUR
Stop! Ne bougez plus.
Ceci est un rassemblement illégal.
Vous avez trois minutes
pour vous disperser. Rentrez chez vous.
Je vous aurai prévenus.
- Sergent!
- Préparez-vous à faire feu.
Je vous aurai prévenus.
DÉFIEZ LES LOIS INJUSTES
Je vous aurais prévenus. Sergent!
Feu!
PLUS DE 700 ÉCOLIERS FURENT TUÉS
LORS DES ÉMEUTES DE SOWETO
QUI DÉBUTÈRENT LE 16 JUIN 1976,
ET IL Y EUT PLUS DE 4000 BLESSÉS.
Mais toi, l'enfant noir, intelligent
ou bête, tu es né dans ce monde-ci
et intelligent ou pas, tu y mourras.
SUITE À UNE LOI VOTÉE EN 1962,
LE GOUVERNEMENT D'AFRIQUE DU SUD
LÉGALISA L'INCARCÉRATION SANS PROCÈS.
DEPUIS L'ADOPTION DE CETTE LOI,
VOICI L'EXPLICATION OFFICIELLE
DES DÉCÈS SURVENUS
À CE JOUR EN DÉTENTION:
L NGUDLE "SUICIDE PAR PENDAISON"
B MERHOPE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
J TYITYA "SUICIDE PAR PENDAISON"
S SALOOJIE "CHUTE DU 7E ÉTAGE"
N GAGA "MORT NATURELLE"
P HOYE "MORT NATURELLE"
J HAMAKWAYO "SUICIDE PAR PENDAISON"
H SHONYEKA "SUICIDE"
L LEONG PIN "SUICIDE PAR PENDAISON"
A AH YAN "SUICIDE PAR PENDAISON"
A MADIBA "SUICIDE PAR PENDAISON"
J TUBAKWE "SUICIDE PAR PENDAISON"
N KGOATHE "A GLISSÉ DANS LA ***"
S MODIPANE "A GLISSÉ DANS LA ***"
J LENKOE "SUICIDE PAR PENDAISON"
C MAYEKISO "SUICIDE"
J MONAKGOTLA "THROMBOSE"
A HARON "TOMBÉ DANS L'ESCALIER"
M CUTHSELA "MORT NATURELLE"
A TIMOL "TOMBÉ DU 10E ÉTAGE"
J MDLULI "TOMBÉ CONTRE UNE CHAISE"
M MOHAPI "SUICIDE PAR PENDAISON"
L MAZWEMBE "SUICIDE PAR PENDAISON"
D MBATHA "SUICIDE PAR PENDAISON"
E MZOLO "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
W TSHWANE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
E MAMASILA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
T MOSALA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
W TSHAZIBANE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
G BOTHA "TOMBÉ DANS LA CAGE
D'ESCALIER"
N NTSHUNTSHA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
L NDZAGA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
E MALEL "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
M MABELANE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
T JOYI "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
S MALINGA "MORT NATURELLE"
R KHOZA "SUICIDE PAR PENDAISON"
J MASHABANE "SUICIDE"
P MABIJA "TOMBÉ DU 6E ÉTAGE"
E LOZA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
H HAFFEJEE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
B EMZIZI "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
F MOGATUSI "ÉPILEPSIE"
S BIKO "GRÈVE DE LA FAIM"
B MALAZA "SUICIDE PAR PENDAISON"
M JAMES "ABATTU LORS DE SON ÉVASION"
M NOBHADULA "MORT NATURELLE"
L TABALAZA "TOMBÉ DU 5E ÉTAGE"
E MZOLO "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
S NDZUMO "MORT NATURELLE"
S MATALASI "AUTO-STRANGULATION"
M MGQWETO "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
T MUOFHE "MORT DE SES BLESSURES"
N AGGETT "SUICIDE PAR PENDAISON"
E DIPALE "SUICIDE PAR PENDAISON"
T MNDAWE "SUICIDE PAR PENDAISON"
P MALATJI "SUICIDE"
S TSHIKHUDO "MORT NATURELLE"
M SIPELE "MORT NATURELLE"
E MTHETHWA "SUICIDE PAR PENDAISON"
T KOROTSOANE "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
B MVULANE "MORT NATURELLE"
S MUTSI "ÉPILEPSIE"
A RADITSELA
"TOMBÉ D'UNE VOITURE DE POLICE"
M RAZAK "SUICIDE"
J SPOGTER "TRAUMATISME CRÂNIEN"
M MUGGELS "BLESSURES PAR BALLES"
S MOKOENA "SUICIDE PAR PENDAISON"
L BAKO "TUÉ PAR UN CODÉTENU"
M KUTUMELA "CAUSE NON RÉVÉLÉE"
P NCHABALENG "CRISE CARDIAQUE"
E NGOMANE "TUÉ LORS DE SON ÉVASION"
A SILIKA "TUÉ LORS DE SON ÉVASION"
M BOLTINI "ÉPILEPSIE"
J MAHLANGU "TUÉ LORS DE SON ÉVASION"
M SONGELWA "CRISE D'ASTHME"
X JACOBS "SUICIDE PAR PENDAISON
B OLIFANT "TUÉ LORS DE SON ÉVASION"
S MARULE "ÉPILEPSIE"
B MASHOKE "SUICIDE PAR PENDAISON"
DEPUIS QUE LES LOIS D'URGENCE
ONT ÉTÉ REMISES EN VIGUEUR
LE 11 JUIN 1987,
PLUS AUCUNE INFORMATION CONCERNANT
LES PRISONNIERS POLITIQUES
N'A ÉTÉ COMMUNIQUÉE.
"VIE ET MORT DE STEVE BIKO"
A ÉTÉ PUBLIÉ EN 1978.
SON AUTEUR, DONALD WOODS,
ET SA FEMME, WENDY,
ONT ÉTÉ LES PRINCIPAUX
CONSEILLERS DE CE FILM.
LES PRODUCTEURS
EXPRIMENT LEUR GRATITUDE
AU "CENTRAL FILM LABORATORIES"
AINSI QU'AU GOUVERNEMENT
ET AUX CITOYENS DU ZIMBABWE
POUR LEUR AIDE INESTIMABLE
LORS DU TOURNAGE DE CE FILM.